Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Faire téchouva avant d’étudier la Torah

"Ils partirent de Réfidim et arrivèrent au désert du Sinaï" (Yitro 19,2)

-> Rachi cite la comparaison faite par la Mékhilta entre ces deux événements :
tout comme le départ du peuple juif de Réfidim s'est fait dans un état de repentance (après avoir subi l'attaque d'Amalek), leur arrivée au Sinaï s'est faite dans un état de repentance (téchouva).

Le Imré Emet voient dans ce repentir préalable à la révélation un modèle pour toute étude de la Torah.
En s'engageant dans une introspection avant d'étudier, une personne purifie son âme, ce qui la rend plus réceptive à l'influence de la Torah.
C'est l'une des significations de notre prière quotidienne "achivénou Hachem léToraté'ha" = aide-nous à nous repentir afin de nous permettre d'apprendre Ta Torah correctement.

"Vous ne les reverrez plus jamais (lo tossifou lir'otam od ad olam). Hachem combattra pour vous, et vous resterez silencieux" (Béchala'h 14,14-15)

-> La Mékhilta déduit de la juxtaposition de ces deux versets qu'Hachem assure les juifs qu'Il défendra leur cause contre leurs ennemis non seulement maintenant, mais aussi "ad olam", à tout jamais.

Le Imré Emet (Likouté Yéhouda) ajoute que l'on peut développer ce point avec les mots de conclusion "véatem ta'harichoun" (et vous resterez silencieux).
Même s'il y a des moments où il n'y a personne pour prier en faveur de la nation, Hachem la défendra.

"Afin que la Torah d'Hachem soit dans ta bouche" (Bo 13,9)

-> Nos Sages (Kidouchin 36a ; Mékhilta Bo) voient dans cette formule une équivalence entre les mitsvot des tefillin et de l'étude de la Torah.

Le Sfat Emet développe cette idée en proposant que, tout comme le roi juif portait un rouleau de Torah personnel, chaque homme juif est un "prince" qui porte une version condensée de la Torah sous la forme de ses tefillin.

Un parallèle entre les deux : Les 5livres de la Torah peuvent être divisés en deux groupes, les quatre premiers et le dernier livre de Michné Torah qui englobe les autres.
De même, la paire de tefillin se compose de cinq récipients : quatre dans le chel roch, et un dans le chel yad qui englobe le matériel des quatre autres.

[Cela peut être mieux apprécié à la lumière de la formulation du Maharal de Prague (Tiféret Israël -chap.43) selon laquelle la Torah est bidimensionnelle, l'une reflétant la perspective de celui qui l'a donnée, Hachem, et l'autre celle de celui qui l'a reçue, le peuple juif.
Les quatre premiers livres constituent la première dimension et le Michné Torah la seconde, qui, pour cette raison, est rédigée du point de vue de Moché.
Selon le Sfat Emet, les téfillin suivent le même modèle. Le chel roch, placé sur l'esprit, est le plus élevé des deux et reflète la dimension abstraite et intellectuelle, l'élément d'Hahcem.
Il est donc composé de quatre parchemins, tout comme Sa dimension de la Torah contient quatre livres.
Le chel yad, placé sur le siège de l'activité, est l'élément du peuple juif. Il s'apparente donc au Michné Torah, constitué d'un seul parchemin].

"C'est le décret de l'offrande de Pessa'h" (zot 'houkat haPassa'h - Bo 12,43)

-> Le terme " 'hok" est souvent utilisé pour désigner une loi qui défie la raison.
Le Imré Emet expliquent son utilisation dans ce contexte comme une allusion à la nature incompréhensible de la sortie d'Egypte. Le peuple juif s'était enlisé dans l'idolâtrie, au bord de l'abîme spirituel.
Après toutes les explications sur la façon dont ils ont mérité la délivrance, l'essentiel est qu'elle ne peut être comprise autrement que comme le reflet de l'élection essentielle et immuable d'Israël, qui transcende leur mérite ou leur démérite.

"Si c'est un fils, vous le tuerez, et si c'est une fille, elle vivra" (Chémot 1,16)

-> Puisque les sages-femmes avaient reçu l'instruction de tuer spécifiquement les garçons, pourquoi était-il nécessaire d'ajouter que les filles devaient être laissées en vie?

Le Sfat Emet explique que l'intention de Pharaon était que les sages-femmes se surinvestissent délibérément dans le soin des filles afin de donner l'impression qu'elles étaient compatissantes.
Cela leur permettait de couvrir leurs actes délictueux à l'égard des bébés garçons.
Bien entendu, les sages-femmes ont désobéi à l'ordre de Pharaon, non seulement en s'abstenant d'assassiner les garçons, mais aussi en s'occupant activement d'eux.
Ainsi, l'instruction de Pharaon de s'occuper des filles était fortuite, fournissant une couverture à leurs efforts humanitaires pour s'occuper des garçons vulnérables.

Se connecter à la Chékhina par l’humilité

+ Se connecter à la Chékhina par l'humilité :

"Parce qu'ils avaient mis Hachem à l'épreuve, en disant : "Hachem est-il parmi nous ou non?" (ayech Hachem békirbénou im ayin) " (Béchala'h 17,7)

-> Le rav Mordchele de Nadvorna (dans son séfer Maamar Mordé'haï) explique ce verset comme disant : "ayéch Elokim békirbénou" = comment une personne peut-elle savoir si Hachem est au milieu d'elle?
"im ayin" = s'il n'est rien.
Si une personne est humble et se considère comme rien, Hachem sera avec elle, comme nous assure Hachem : "J'habite... avec celui qui a l'esprit bas et humble" (Yéchayahou 57,15).

Moshé et les Bné Israël chantèrent ce cantique à Hachem, et ils dirent (Béchala'h 15,1)

-> Ce Shabbat est connu sous le nom de "Shabbat Shira" parce que la shira (chant, cantique) que les Bné Israël ont chantée au bord de la mer est lue cette semaine. Cependant, le lien entre la Shira et ce Shabbath doit encore être expliqué plus en profondeur.

Le verset déclare : "Ils crurent à ses paroles, ils chantèrent ses louanges" (vaaminou bidvarav, yachirou téhilato - Téhilim 106,12).
Le midrach (Chémot rabba 22,3) déclare : "Bien qu'il ait été dit précédemment que la nation juive avait cru (vayamen aam - Chémot 4,31), elle est revenue à la non-croyance, comme il est dit : 'Nos pères, en Egypte, n’ont pas compris tes miracles, ni gardé le souvenir de tes nombreux bienfaits! Ils se révoltèrent aux bords de la mer, de la mer Rouge' (Téhilim 106,7). Mais une fois qu'ils sont arrivés à la mer et qu'ils ont vu la puissance d'Hachem et la façon dont Il a jugé les réchaïm (les égyptiens), ils ont cru en Lui. Par le mérite de cette émouna, le roua'h hakodech reposa sur eux et ils dirent la chira".

Le Yisma'h Israël déclare que nous voyons dans ce midrach que celui qui a la émouna est capable de dire une chira. Il poursuit en disant que Shabbath représente la création du monde. La sainteté du Shabbath renforce notre émouna qu'Hachem a créé le monde, comme nous le récitons dans la Kabalat Shabbath : "To'h émouné am ségoula", grâce à la émouna, nous pouvons mériter de saluer Shabbath et de bénéficier de sa sainteté.
C'est pourquoi on l'appelle "Shabbath Shira", cela doit nous permettre de davantage prendre conscience que Shabbath est un jour où se renforce la émouna, ce qui nous permet de dire un shira.
[dans l'obscurité de l'exil, dans la routine de la semaine, on doit profiter du supplément de émouna, d'âme de Shabbath, pour rallumer notre relation avec Hachem, en Lui chantant, en laissant parler notre âme. C'est le message de Shabbath Shira. ]

Se préparer avant une mitsva

"Vous avez refusé de respecter Mes lois" (Béchala'h 16,28)

-> Hachem reprocha aux Hébreux de ne pas avoir respecté l'ordre. Celui de rester dans les champs pour ne pas aller chercher la Manne le Shabbat. Mais, Hachem inclut Moché dans cette remontrance. Il ne lui a pas dit : "Ils ont refusé de respecter Mes lois", mais "vous avez refusé", afin d'associer Moché à cette faute.
Nos Sages expliquent qu'Hachem voulut lui reprocher une certaine négligence qu'il avait commise, lui aussi. En effet, lorsque Hachem lui demanda d'avertir le peuple qu'il ne devrait pas sortir dans les champs pour aller ramasser la Manne pendant Shabbat, Moché attendit le dernier moment, c'est-à-dire vendredi pour leur rapporter cet ordre. Hachem voulait lui en faire le reproche et c'est ainsi l'inclut dans la critique faite au peuple.
=> Mais pourquoi Hachem lui fit cette remarque en l'incluant dans le reproche au peuple d'avoir transgressé le Shabbat? Car ces deux fautes ne sont pas comparables.

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique que pour qu'une mitsva soit accomplie comme il se doit, elle nécessite une préparation. Un certain temps doit être pris au préalable pour s'y préparer, pour étudier les lois de cette Mitsva, sa signification, son importance, afin de pouvoir s'en imprégner.
Mais aussi pour se préparer intérieurement. Cela consiste à réfléchir à ce qu'on s'apprête à faire : servir Hachem, le Créateur et le Roi du monde et réaliser Sa Volonté, ce qui nous permettrait de nous lier à Lui et d'étancher la soif de notre âme qui aspire plus que tout à ressentir une proximité avec Lui.

Une mitsva réalisée dans cet état d'esprit serait bien plus profonde, imprégnée de crainte et d'amour d'Hachem. Nos Sages nous apprennent qu'il convient d'éviter à tout prix "d'entrer" dans une mitsva de façon soudaine et précipitée, sans s'y être préparé. Elle risquerait d'être vide de sens et superficielle, de manquer de ferveur et de profondeur. Prenons l'exemple des prières quotidiennes.
Il faut éviter d'attendre la dernière minute pour se dépêcher de s'en acquitter, dans la hâte, car elles perdront toute leur ferveur. Il est bien plus recommandé de prendre un petit moment pour se préparer intérieurement. Penser devant Qui on s'apprête à parler et prendre conscience qu'Il peut nous accorder TOUT ce qu'on lui demande. Même une ou deux minutes seulement pour penser à cela avant de prier, pourront changer radicalement notre ressenti et toute la valeur de notre prière.
De même, souvent quand une Mitsva est quelque peu difficile, le fait de s'y préparer permet de se familiariser et se faire à l'idée de devoir l'accomplir. Ce qui la rendrait plus accessible. Alors que si on s'y confronte d'emblée, sans préparation, on ne serait pas prêt à devoir la faire.
Parfois on risquerait de ne pas réussir à la respecter, car on se rendrait compte des difficultés que l'on n'aurait pas prévues.

C'est ainsi que si Moché avait averti le peuple du respect du Shabbat à l'avance, les Hébreux auraient eu le temps de s'y préparer intérieurement. Mais comme il a attendu la veille de Shabbat pour les informer, ils n'ont pas pu s'y préparer. Cette mitsva s'imposa à eux de façon soudaine, ce qui les confronta trop brusquement à sa difficulté. C'est pour cela que certains sont venus à transgresser.
Aussi, Hachem inclut Moché dans le reproche qu'il fit au peuple, car il en portait une certaine responsabilité.

<--->

-> le rav Nissim Yaguen (v.16,23) voit différemment cette attitude de Moché : https://todahm.com/2021/09/10/33053

En Egypte, les juifs ont fait de l’idolâtrie contre leur réelle volonté

+ En Egypte, les juifs ont fait de l'idolâtrie contre leur réelle volonté :

-> Le Zéra Shimshon (Vaéra 6,2-5) précise que, bien que les juifs aient effectivement atteint le 49e niveau d'impureté et qu'ils aient servi l'idolatrie (avoda zara), le verset les décrit comme "nus et dépouillés" (Yé'hezkel 16,7). Cette description décrit clairement la situation des peuples juifs en Égypte.
De la même manière qu'une personne normale qui est nue souhaite qu'on lui donne des vêtements, le peuple juif souhaitait servir Hachem. Ce n'est qu'à cause de l'impureté de l'Egypte qu'ils sont tombés si bas.

De même, le Yalkout Chimoni (Béchala'h 240) dit que les juifs ont été délivrés par le mérite de leur émouna.
Ainsi, les juifs possédaient effectivement des mérites : à la fois leur désir de servir Hachem et celui de leur émouna en Lui.

Pourquoi la tribu de Lévi n’a pas été esclave en Egypte

+ Pourquoi la tribu de Lévi n'a pas été esclave en Egypte? :

"Le roi d'Egypte leur dit : "Moché et Aharon, pourquoi détournez-vous le peuple de son travail? Allez à vos tâches personnelles!" (Chémot 5,4)

-> Rachi explique que l'intention de Pharaon en disant "Allez à vos tâches personnelles" était que, puisque les Léviim n'étaient pas tenus de participer au travail physique (l'esclavage), Pharaon a spécifiquement dit "Allez à vos propres tâches", ce qui signifie, allez vous occuper de ce que vous avez à faire dans votre maison, mais pas du travail physique que tous les autres juifs sont tenus de faire.

Le Zéra Shimshon demande : pourquoi la tribu de Lévi n'a-t-elle pas été inclus dans le décret sur le travail physique (l'esclavage), alors que le verset qui décrit le décret sur l'exil égyptien et la servitude ne fait pas de différence entre les tribus?
Le verset dit : "ta descendance sera des étrangers dans un pays qui n'est pas le leur, où elle sera asservie et opprimée, durant 400 ans" (Lé'h Lé'ha 15,13). D'après ce verset, il semblerait que tout le monde fera partie du décret d'esclavage. Si c'est le cas, pourquoi la tribu de Lévi est-elle exclue?

Le Zéra Shimshon répond que le midrach (Chémot rabba 1,10) dit que lorsque Yossef est décédé, le peuple juif a cessé d'observer la mitsva de la Brit Mila. Ils ont agi ainsi parce qu'ils voulaient ressembler aux égyptiens. Lorsque cela s'est produit, Hachem a fait en sorte que les égyptiens les détestent.

Le Zéra Shimshon souligne qu'il semble que si le peuple juif avait respecté la mitsva de la Mila, il n'aurait pas été soumis à l'esclavage et au travail harassant de l'exil égyptien. Comment cela coïncide-t-il avec le verset qui semble dire que le peuple juif aurait été soumis à ce décret de toute façon?

Le Zera Shimshon suggère qu'il y avait deux parties au décret de la descente en Égypte. À l'origine, le décret prévoyait seulement que le peuple juif serait étranger dans le pays. Cependant, s'ils ne respectaient pas le symbole du peuple juif, la mitsva de la circoncision (mila), ils seraient alors soumis au décret supplémentaire du travail d'esclave.
Étant donné que la tribu de Lévi a respecté la mitsva de Mila, ils sont restés des étrangers, mais n'ont pas été soumis au travail physique. Tous les autres juifs qui ont renoncé à la mitsva de la circoncision ont ensuite été soumis à la deuxième partie du décret, à savoir le travail d'esclave éreintant.

Le Zéra Shimshon tire cela de la formulation du verset susmentionné. Le passuk dit : "ta descendance sera des étrangers dans un pays qui n'est pas le leur, où elle sera asservie et opprimée".
Le verset aurait pu dire : "ta descendance sera opprimée dans un pays qui n'est pas le leur." De même, une fois que le verset a dit qu'ils seront des étrangers, il n'est pas nécessaire d'ajouter "dans un pays qui n'est pas le leur"?

Le Zéra Shimshon dit que si le décret était en fait un décret en deux parties, ce verset est très bien compris.
La première partie du décret était que le peuple juif serait un étranger dans un pays étranger. S'ils se font remarquer et vivent comme s'il ne s'agissait pas de leur propre pays, en conservant leur identité juive (symbolisée) par le biais de la mitsva de la circoncision, alors le décret s'arrête là.
C'est pourquoi le verset ajoute "dans un pays qui n'est pas le leur", pour souligner que s'ils vivaient comme si ce n'était pas leur pays et n'essayaient pas de s'assimiler, tout le décret s'arrêterait là. Dans ce cas, tout ce que le décret impliquerait serait de vivre comme des étrangers en Égypte.

Cependant, s'ils ne respectent pas cette ségrégation, le verset continue à dire quelle sera la seconde partie du décret "où elle sera asservie et opprimée".
C'est la raison pour laquelle le verset énonce le décret en deux parties et ne se contente pas de dire : "Vos enfants seront opprimés dans un pays qui n'est pas le leur."

<--->

[l'exil égyptien comporte une part de tous les exils qui ont suivi (dans le nôtre). On peut éventuellement apprendre que certes nous avons un décret d'être en exil (étranger parmi les nations), mais plus nous abandonnons nos valeurs et symboles juifs en voulant se fondre dans la masse du pays environnant, alors plus nous risquons d'avoir une 2e partie à ce décret : le fait d'y être opprimés! ]