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"Yaakov vécut dans le pays d’Egypte pendant 17 ans." (Vayé’hi 47,28)

Le Rav Zalman Sorotzkin de noter que cette paracha, qui relata la mot de Yaakov, est intitulée Vayé’hi (il vécut).
De même, celle qui rend compte de la mort de Sarah est ‘Hayé Sarah (la vie de Sarah), comme pour marquer le fait que la vie et la mort ne constituent pas des notions opposées.

Au contraire, la mort marque le début d’une vie véritable et éternelle, lorsque ceux qui ont pratiqué la vertu pénètrent dans le palais divin après avoir vaillamment franchi le vestibule de l’existence terrestre.

 

Rabbi Arié Lévine a dit : "Lorsqu'un nouveau né vient au monde, tous les gens sont en joie, pourtant le nouveau-né lui pleure.
Lorsque l'âme quitte ce monde, les gens prennent le deuil mais peut-être que l'âme se réjouit ..."

+ "Et les fils de Binyamin : Béla et Bé’hèr et Achbel, Guéra et Na’aman, E’hi et Roch, Moupim et ‘Houpim et Ard." (Vayigach 46,21)

-> La guémara (Sota 36b) nous enseigne que les noms de ‘Houpim et Moupim rappelaient l’absence de Yossef et de Binyamin à leur mariage (‘houpa) respectif.

-> Le Rav ‘Haïm Chmoulevitz commente qu’on comprend aisément la douleur de celui qui doit se marier sans la présence d’un frère.
Celle de ne pouvoir assister au mariage de son proche semble moins évidente.
Le rav Chmoulévitz écrit : "Nous voyons ici que le fait de ne pas pouvoir participer à une sim'ha de son frère est une tragédie importante au point de nommer un de ses enfants en fonction de cela!"

-> On raconte l’anecdote suivante sur le Rav Avraham Grodzinsky, le dirigeant spirituel de la yéchiva de Slabodka.

Un jour, en visite chez la famille à Varsovie, il regarda sa montre au beau milieu de la conversation, et se mit à chanter, puis à sautiller et à danser.
Cela durant pendant une heure, sous les yeux stupéfaits de son entourage.
A la fin, il se rassit et expliqua en disant : "En ce moment même, un de mes élèves se marie à Slabodka.
Je n’ai pu, malheureusement, assister à sa fête et réjouir son cœur.
Mais je peux me réjouir moi-même pour cet heureux événement qui le concerne car, somme toute, sa fête est aussi la mienne !"

"[D. a dit : ] Moi-même Je descendrai avec toi en Egypte, et Moi Je t’en ferai sûrement aussi remonter." (Vayigach 46,4)

Le Beit haLévi se demande : Pourquoi D. a-t-Il employé la forme insistante : "et Moi Je t’en ferai sûrement aussi remonter" ?

Et de répondre que là réside la plus belle promesse qu'Il a faite au peuple juif : la gloire de D. se répandra toujours dans le monde et Son nom sera sanctifié par la délivrance du peuple juif.

Tant qu’Israël sera à un bas niveau, la gloire divine sera cachée, elle aussi.
Quand le peuple juif s’élèvera par sa délivrance, la gloire divine s’élèvera aussi.

Ainsi :
-> "Moi-même Je descendrai avec toi » = quand le peuple juif sera asservi, D. le sera aussi, si l'on peut s’exprimer ainsi, car Sa gloire sera alors dissimulée.
-> "et Moi Je t’en ferai sûrement aussi remonter", poursuit le verset : "Quand Je vous aurai relevés de votre oppression, Mon honneur aussi sera rehaussé parmi les nations."

=> Par cette promesse, la gloire divine est devenue liée au destin du peuple juif.

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+ Supplément :
La ché’hina se trouve avec chaque juif qui souffre comme il est écrit : "Je suis avec lui dans le malheur." (Téhilim 91,15)
De même : "D. est proche des cœurs brisés." (Téhilim 34,14)

Le roi Salomon de dire (Melakhim I 8,46-50) : "Lorsqu’ils péchèrent contre Toi […] et qu’irrité contre eux Tu les abandonneras à l’ennemi […] Ils se repentiront dans le pays de leur exil, ils T’imploreront en disant : "Nous avons péché, nous avons mal agi, nous sommes coupables."
Du haut du ciel, Ton auguste demeure, Tu entendras leurs prières […] et Tu inspireras la compassion à leurs vainqueurs afin qu’ils les prennent en pitié."

Et au chapitre suivant (9,3) : "D. lui répondit : "J’ai entendu ta prière et la supplication que tu M’as adressée."

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-> "Hachem parla à Israël dans une vision de la nuit ... ne crains pas de descendre en Égypt e... Moi, Je descendrai avec toi en Égypte, et Moi Je t'en remonterai" (Vayigach 46,2-4)

-> Afin d'expliquer ces versets, le Rama pose la question suivante : deux personnes qui se tiennent à côté d'un puits et souhaitent descendre à l'intérieur, lequel des deux descendra en premier?
Il est logique de répondre que c'est le plus expérimenté des deux qui descendra en premier, puis le second, c'est-à-dire celui qui l'est moins.

Le Rama demande à nouveau : et pour remonter du puits, lequel remontera en premier?
Il est logique de répondre que dans ce cas, c'est le moins expérimenté des deux qui remontera en premier, puis le second qui l'est davantage, afin qu'il puisse aider le moins expérimenté à remonter.

De la même manière, Hachem dit à Yaakov notre patriarche, dans une vision nocturne : "Ne crains pas de descendre en Égypte", parce que "Moi Je descendrai avec toi". Autrement dit, Moi Je descendrai, ensuite tu descendras.
Mais, lorsque sera venu le moment de la délivrance et de la sortie d'Égypte, "Je te ferai remonter". Pour commencer, Je te remonterai, ensuite Je remonterai après toi.
=> Dans ces paroles, Hachem apparaît à Yaakov afin qu'il ne craigne pas de descendre en Égypte. Hachem l'accompagnera toujours et veillera sur lui, ainsi que sur ses enfants et sur tous les enfants d'Israël.

[d'une certaine façon, l'exil en Egypte préfigure ce qui se passera dans tous les exils suivants jusqu'à la Délivrance (guéoula), où Hachem nous fera remonter pour l'éternité.
Nous ne sommes jamais seuls/abandonnés, car Hachem nous accompagne toujours, parfois passant avant nous, et d'autre après, car Il nous aime et veut notre bien plus que tout! ]

 

+ "D. parla à Israël dans les visions de la nuit, Il dit : « Yaakov ! Yaakov !"
Il dit : "Me voici !" (Vayigach 46,2)

Selon Rachi, ce double appel par son nom atteste l’affection de D. pour notre Patriarche.

Le Pir’hei Aharon dit que cela est dû au fait que Yaakov était sur le point d’entamer sa fatidique descente en Egypte, qui marquera le début de l’obscurité de l’exil, ce pays racine de toute contamination, centre de la dépravation.
Yaakov avait besoin maintenant, plus que jamais, de proximité constante de D. pour le protéger de la contagion.

C’est ce que nous dit la Torah : D. lui est apparu dans « les visions de la nuit » ( =celles des ténèbres de la dépravation égyptienne), et Il lui a dit : « Yaakov ! Yaakov ! » ( = appels affectueux qui l'aideront à surmonter l’épreuve de l’exil).

Le Méché’h ‘Hokhma fait observer que ni Avraham, ni Yits’hak n’ont jamais eu d’inspiration prophétique pendant la nuit, tandis que Yaakov l’a eu à 2 reprises : dans ce verset (46,2) et plus haut (28,12) lors du rêve de l’échelle qui atteignait le ciel.

Comme Yaakov devait demeurer hors de la terre d’Israël, D. lui est apparu de nuit dans les premières années de l’exil, établissant ainsi que, même dans la "nuit" d’exil, Sa Présence résiderait sur les enfants d’Israël, comme l’affirme la guémara (Méguila 29a) : "Quand ils ont été exilés à Babylone, la Présence divine les y a accompagnés."

Juste après ce verset, D. dit à Yaakov : « Yossef mettra sa main sur tes yeux. » (Vayigach 46,4),
Cela signifie que : le fait qu’on te raconte à présent l’histoire de Yossef, sa position de vice-roi en Egypte et son désir de te revoir, te fera fermer les yeux et rendre la descente en exil plus agréable.

Nos Sages disent de même (guémara Shabbath 89) : "Yaakov aurait dû descendre en Egypte enchaîné dans des fers mais son mérite a fait qu’il descende autrement."

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+ "Yaakov aurait dû descendre en Egypte enchaîné dans des fers mais son mérite a fait qu’il descende autrement." [guémara Shabbath 89]

-> "Yossef parla ainsi aux serviteurs de Pharaon : "De grâce, si j'ai trouvé faveur à vos yeux, veuillez porter aux oreilles de Pharaon ces paroles" (Vayé'hi 50,4)

Pourquoi Yossef, vice-roi d'Egypte, demande-t-il le droit d’aller enterrer son père en Canaan en passant par les serviteurs, et non directement par Pharaon?

Le Emét léYaakov répond qu'on trouve ici la preuve que si Hachem éleva Yossef au rang de vice-roi, c’était dans l’intérêt de Yaakov son père, et ce afin qu'il puisse entrer en Egypte avec tous les honneurs et facilités.

Mais à présent qu'il était mort, Yossef commença à descendre dans la hiérarchie politique égyptienne, au point qu'il devait maintenant passer par des intermédiaires pour pouvoir échanger avec Pharaon.

+ "Il nous est impossible de juger la conduite de nos patriarches car ils sont, spirituellement, aussi éloignés de nous que nous le sont les étoiles de la terre."

[Rav Aharon Kotler]

La Torah fait le récit de la vie de nos pères non pas pour que nous portions un jugement sur l'un ou l'autre mais pour que nous puissions tirer un enseignement de leur exemple.

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-> "Si les gens avaient compris la grandeur de Yaakov quand Hachem lui a dit : "Je te ferai véritablement remonter", ils auraient parcouru le pays sur une distance de 3 heures de marche vers sa tombe."
[rabbi 'Hiya - Zohar - Chémot]

"Israël vit la grande main que Hachem avait déployée contre l'Egypte et le peuple révéra Hachem, ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur" (Béchala'h 14,31)

=> Que signifie le fait que le peuple a eu foi en Moché à la suite de ce qui s'est passé?
Ce que signifie ce verset, c'est qu'au bord de la mer Rouge, le peuple juif lui-même avait atteint une compréhension profonde de la Divinité. Comme l'affirment les Sages, "une servante à l'ouverture de la mer [Rouge] a vu ce que le prophète Yé'hezkel n'a pas vu" (Mékhilta Béchala'h 2).
Les juifs croyaient maintenant qu'il était possible pour un homme mortel d'atteindre la stature exaltée que Moché avait atteinte.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béchala'h 14,31]

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=> L'ouverture de la mer Rouge nous a appris que nous pouvons tous (chaque juif) atteindre le niveau de conscience de la divinité de Moché.

"Aharon et ses enfants viendront ... et recouvriront l'arche" (Bamidbar 4,5)

=> La Torah confie aux Cohanim le rôle de couvrir les ustensiles du Michkan, et non aux simples Lévi'im. Ce qui paraît étonnant. Qu'y avait-il de si important dans ce travail qui ne le rendait possible que par les Cohanim?
Même le rôle de transporter l'arche sainte, qui semble être une tâche plus noble, revenait aux Lévi'im de la famille de Kehat, et non obligatoirement à des Cohanim !

-> Le rav Moché Feinstein explique :
C'est que normalement les ustensiles de sainteté doivent être découverts. On ne doit pas cacher la vérité de la Torah ni en omettre certains détails. Cela porte atteinte à l'entièreté de la Torah. On a le devoir d'appliquer la Torah dans toute son entièreté. On n'est pas habileté à manipuler les paroles de Torah avec une sorte de légèreté pour se permettre certaines choses qui pourraient nous arranger, dans un cas où la Torah se montre rigoureuse.
On ne fait pas ce qu'on veut des lois pour les adapter à nos intérêts. La Torah est Divine et absolue et on ne s'amuse pas avec ses lois. Malgré tout, dans certains cas extrêmes, il existe quand même une possibilité de "couvrir" les saints ustensiles. Hachem ne demande pas l'impossible et si la situation l'oblige, il peut parfois y avoir une attitude exceptionnelle à adopter, qui pourrait sortir de la ligne habituelle, pour rendre la Parole Divine accessible à la réalité. Mais seuls les plus grands de la génération, reconnus par leur Sagesse et leur crainte du Ciel, sont habiletés de prendre sur eux cette responsabilité. Seul le Cohen, représentant l'élite, l'autorité suprême, est apte à prendre sur lui cette charge et personne d'autre, pas même d'autres grands érudits comparés aux autres Lévi'im.
Absolue mais en même temps accessible, ce sont les deux aspects de la perfection de la Thora.

Faire téchouva avant d’étudier la Torah

"Ils partirent de Réfidim et arrivèrent au désert du Sinaï" (Yitro 19,2)

-> Rachi cite la comparaison faite par la Mékhilta entre ces deux événements :
tout comme le départ du peuple juif de Réfidim s'est fait dans un état de repentance (après avoir subi l'attaque d'Amalek), leur arrivée au Sinaï s'est faite dans un état de repentance (téchouva).

Le Imré Emet voient dans ce repentir préalable à la révélation un modèle pour toute étude de la Torah.
En s'engageant dans une introspection avant d'étudier, une personne purifie son âme, ce qui la rend plus réceptive à l'influence de la Torah.
C'est l'une des significations de notre prière quotidienne "achivénou Hachem léToraté'ha" = aide-nous à nous repentir afin de nous permettre d'apprendre Ta Torah correctement.

"Vous ne les reverrez plus jamais (lo tossifou lir'otam od ad olam). Hachem combattra pour vous, et vous resterez silencieux" (Béchala'h 14,14-15)

-> La Mékhilta déduit de la juxtaposition de ces deux versets qu'Hachem assure les juifs qu'Il défendra leur cause contre leurs ennemis non seulement maintenant, mais aussi "ad olam", à tout jamais.

Le Imré Emet (Likouté Yéhouda) ajoute que l'on peut développer ce point avec les mots de conclusion "véatem ta'harichoun" (et vous resterez silencieux).
Même s'il y a des moments où il n'y a personne pour prier en faveur de la nation, Hachem la défendra.

"Afin que la Torah d'Hachem soit dans ta bouche" (Bo 13,9)

-> Nos Sages (Kidouchin 36a ; Mékhilta Bo) voient dans cette formule une équivalence entre les mitsvot des tefillin et de l'étude de la Torah.

Le Sfat Emet développe cette idée en proposant que, tout comme le roi juif portait un rouleau de Torah personnel, chaque homme juif est un "prince" qui porte une version condensée de la Torah sous la forme de ses tefillin.

Un parallèle entre les deux : Les 5livres de la Torah peuvent être divisés en deux groupes, les quatre premiers et le dernier livre de Michné Torah qui englobe les autres.
De même, la paire de tefillin se compose de cinq récipients : quatre dans le chel roch, et un dans le chel yad qui englobe le matériel des quatre autres.

[Cela peut être mieux apprécié à la lumière de la formulation du Maharal de Prague (Tiféret Israël -chap.43) selon laquelle la Torah est bidimensionnelle, l'une reflétant la perspective de celui qui l'a donnée, Hachem, et l'autre celle de celui qui l'a reçue, le peuple juif.
Les quatre premiers livres constituent la première dimension et le Michné Torah la seconde, qui, pour cette raison, est rédigée du point de vue de Moché.
Selon le Sfat Emet, les téfillin suivent le même modèle. Le chel roch, placé sur l'esprit, est le plus élevé des deux et reflète la dimension abstraite et intellectuelle, l'élément d'Hahcem.
Il est donc composé de quatre parchemins, tout comme Sa dimension de la Torah contient quatre livres.
Le chel yad, placé sur le siège de l'activité, est l'élément du peuple juif. Il s'apparente donc au Michné Torah, constitué d'un seul parchemin].