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La vérité pendant l’exil

+ La vérité pendant l'exil :

"Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années" (Vayé'hi 47,28)

-> Le 'Hidouché Harim écrit que ce verset est une source d'encouragement pour le peuple juif alors que nous sommes coincés dans l'exil au milieu des non juifs, en nous disant que Yaakov a réussi à atteindre un niveau élevé de sainteté même dans la terre très impure d'Egypte.
Même si cette terre était pleine de dépravation, la sainteté de Yaakov a été encore plus forte que l'impureté de l'Egypte.

La Torah est éternelle et nous sommes censés tirer des leçons des Avot et les intégrer dans notre propre vie. Par conséquent, il est évident que chaque juif peut se connecter à la sainteté de Yaakov en s'accrochant à la mida du "émet" (Vérité), qui était le trait caractéristique de Yaakov, comme il est dit : "Donnez le émet à Yaakov" (Mikha 7,20).

En se connectant à Yaakov par le biais de la mida de la Vérité, on peut l'imiter et rester sur un niveau élevé de sainteté, même en endurant un exil sombre.

Le temps de la mort d’Israël approchait et il appela son fils, Yossef, et il lui dit : "S’il te plaît, ne m’enterre pas en Egypte" (Vayé'hi 47,29)

-> Rachi dit que Yaakov ne voulait pas être enterré en Egypte pour éviter la douleur de rouler dans les souterrains que toutes les personnes enterrées hors d'Israël devront traverser au moment de la résurrection des morts.

-> Le séfer Sia'h Sarfé Kodech ('helek 1, p.57) rapporte qu’un homme vint un jour voir le rabbi Mendel de Kotzk et lui dit qu’il voulait déménager en terre d'Israël.
Le rabbi lui demanda : "Pourquoi veux-tu aller en terre d'Israël?"
Il répondit : "Nous voyons que Yaakov voulait être enterré en terre d'Israël pour éviter la douleur de rouler sous terre. Je veux y aller pour la même raison."
Le rabbi lui demanda avec étonnement : "Aimes-tu tant ton corps? Tu t’inquiètes tellement pour lui que tu ne veux pas qu’il ressente la moindre douleur après la mort?"

[on ne doit pas aimer son corps au point qu'il en devienne l'essentiel par rapport à notre spiritualité, à notre âme. ]

Yaakov a souligné l’importance de l’unité

+++ Yaakov a souligné l'importance de l'unité :

"Rassemblez-vous et je vous dirai ce qui vous arrivera à la fin des jours. Regroupez-vous ... et écoutez Israël votre père" (Vayé'hi 49,1)

-> Avant que Yaakov ne commence à donner ses ulitmes bénédictions à ses fils, il leur dit de "se rassembler" et de se "regrouper", insistant sur la notion d'unité.
Les séfarim hakédochim expliquent qu'il soulignait l'importance de se rassembler dans la paix et la fraternité. Yaakov a parlé de ce concept fondamental avant de donner les bénédictions car "Hachem n'a pas trouvé de réceptacle pour contenir la bénédiction d'un juif, sauf la paix" (michna Ouktzin 13,12).
Pour recevoir une bénédiction, la paix doit venir en premier.

-> La date de la guéoula dépend de notre unité :
Le Chla Hakadoch (Déréh 'Haïm To'hakhot Moussar) affirme que Yaakov voulait révéler la date de la guéoula à ses fils (comme l'indique Rachi). C'est pourquoi il leur a demandé de se rassembler, car il n'est pas possible de réaliser la géoula si le peuple juif n'est pas uni.
La destruction du Temple a été causée par la haine gratuite, et tant que cette haine existera parmi nous, nous ne pourrons pas mériter la guéoula finale.

[d'une certaine façon, c'est comme si Hachem nous envoyait le Temple, mais nous n'avons pas de réceptacle pour le recevoir, car nous ne sommes pas assez unis les uns avec les autres.
Hachem peut nous unir en envoyant des malheurs sur le peuple, alors autant précéder cela en s'unissant de nous même, pour se dispenser de terribles malheurs. ]

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+ Yaakov les a mis en garde contre la faute de lachon ara :

-> Le Chla haKadoch ajoute que Yaakov a également réprimandé ses fils sur l'importance de ne pas dire de lachon ara.
Il dit que le mot "hé'asfou" (rassemblez-vous - הֵאָסְפוּ) est une référence au verset (II Mala'him 5,11) : "véassaf amétsora" (et guérissez le lépreux - וְאָסַף). La tsaraat est une punition pour avoir dit lachon ara, et Yaakov faisait donc allusion à cette idée.
Yaakov parlait de cela aux Shévatim (tribus) parce qu'il sentait qu'ils n'étaient pas tout à fait en paix les uns avec les autres depuis que Yossef avait dit du mal de ses frères (Vayéchev 37,2).

C'est dans cet esprit que le Chla haKadoch explique les paroles que les Shévatim ont adressées à Yossef après la mort de Yaakov : "Ils donnèrent l'ordre de dire à Yossef : ton père a donné ordre, avant sa mort, en disant : "Ainsi direz-vous à Yossef : 'De grâce, veuille pardonner à présent l'action malveillante de tes frères et leur faute, car ils t'ont fait du mal'."" (Vayé'hi 50,16-17)
La question qui s'impose est la suivante : quand Yaakov a-t-il dit cela? Où voyons-nous que Yaakov a fait cette demande?
Rachi explique que Yaakov n'a jamais vraiment dit cela, car il savait que Yossef ne gardait pas rancune. Cependant, ils se sont permis de dire cela en son nom pour le bien de la paix.
Cela reste difficile à comprendre. Comment pourrions-nous dire que les saintes Shévatim ont pu dire quelque chose qui n'est pas vraie?
Selon les mots du Chla haKadoch, cependant, nous pouvons comprendre que Yaakov a effectivement dit cela, car c'était son intention lorsqu'il a dit à tous les frères de se rassembler comme un seul homme. Il leur disait d'être en paix et de ne pas dire de lachon ara les uns sur les autres, et certainement pas d'avoir de mauvais sentiments les uns envers les autres.

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+ Comment parvenir à l'unité :

-> Le rav Shimon de Skrenovitz, fils du rav Mena'hem Mendel de Vorka, explique que le mot "hé'asfou" (rassemblez-vous - הֵאָסְפוּ) connote "éfes vé'ayin", le néant.
Il explique que si une personne est humble et se considère comme sans importance (en mettant Hachem au centre de tout), elle peut être unie aux autres.
Une personne orgueilleuse ne peut jamais être en paix avec les autres parce qu'elle est toujours préoccupée par elle-même. Mais celui qui est humble peut s'entendre avec tout le monde.

Surveiller ce que voient nos yeux

+ Suivre l'exemple de Yossef, et surveiller ce que voient nos yeux :

"Ne crains pas de descendre en Egypte, car je t'y ferai devenir un grand peuple. Je descendrai ave toi en Egypte, et Je te ferai assurément remonter ; et Yossef mettra sa main sur tes yeux" (Vayigach 46,3-4)

Le verset dit qu’Hachem dit à Yaakov que « Yossef posera sa main sur tes yeux. »
Le Beit Avraham de Slonim explique qu'il disait à Yaakov d’accepter de suivre la voie de Yossef, qui consiste à protéger ses yeux de tout regard inapproprié.
Hachem affirme que s’il acceptait de faire cela, Il descendrait en Egypte avec lui et le ferait monter de là.
Il disait que même en Egypte (symbole de l'immoralité de l'époque), tu ne tomberas pas de ton haut niveau de sainteté.

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[en tant que ses descendant qu'Hachem a fait descendre en exil, si nous voulons qu'Hachem nous monte/élève vers Lui en sainteté, nous le pouvons par le mérite de veiller sur que nos yeux voient. ]

"Car tout berger est une abomination pour les égyptiens" (Vayigach 46,34)

-> Le 'Hidouché haRim écrit qu’il y a des gens qui veulent être respectés pour leurs actions. Ils veulent que les autres les aiment et les tiennent en haute estime. Ils veulent même que les non-juifs les admirent.
[ils sont dépendants du regard des autres]

Yossef ne s’en souciait pas. Au contraire, il faisait tout ce qu’il pouvait pour s’assurer que les égyptiens n’aiment pas ses frères. Il ne voulait pas qu’ils se mélangent aux égyptiens, donc il ne voulait pas que les égyptiens les admirent.
Il savait que les égyptiens détestaient les bergers, alors il a délibérément dit à Pharaon que ses frères étaient des bergers et qu’ils ne pourraient pas vivre avec les égyptiens.

Les paroles de Yéhouda ont créé des anges

+ Les paroles de Yehouda ont créé des anges :

"Et Yossef ne put se contenir en présence de tous ceux qui se tenaient autour de lui" (Vayigach 45,1)

-> Le 'Hioduché haRim (cité dans le Likouté Yéhouda) demande qui étaient ces personnes qui "se tenaient autour de lui" (lé'hol anitsavim alav).
Il répond que les paroles de Yéhouda ont créé des anges. Un ange (mala'h) est appelé "nitsav" (celui qui se tient debout - voir Zé'haria 3,7 - [les anges n'évoluent pas et sont donc "omdim" (debout), à la différence des juifs qui sont des "Méalé'h" (ceux qui marchent) ).
Ainsi, ceux qui se tenaient autour de lui étaient des anges.
Yossef n'était pas en mesure de supporter tous les anges créés à partir des paroles saintes de Yéhouda.

La parnassa par le mérite du bita’hon

+++ La parnassa par le mérite du bita'hon :

"Et Yossef nourrit son père et ses frères ... du pain selon les enfants (lé'hem léfi ata'h)" (Vayigach 47,12)

-> Le séfer Divré Israël écrit au nom de son grand-père, le rav Yé'hezkel de Kouzmir, que le mot "taf" (jeunes enfants - טָּף) peut également signifier "regarder".
[comme dans la guémara Méguila 14b : "Un poulet marche la tête tournée vers le bas, mais ses yeux regardent (mitfi) au loin pour trouver de la nourriture". ]

Le Divré Israël explique que le verset nous enseigne que le meilleur moyen de gagner sa vie est de se tourner vers Hachem et de lui faire entièrement confiance. Lorsque le verset dit que Yossef a soutenu ses frères, il précise qu'il a donné à chacun d'eux "du pain selon leur "taf" (lé'hem léfi ata'h).
Cela signifie que chacun a reçu la quantité de parnassa (subsistance) qu'il méritait en fonction de son niveau d'intérêt pour Hachem. [à quel point on regarde Hachem. Le roi David dit : "Je place Hachem en face de moi à tout moment" (chiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8) ]
Ceux qui avaient le plus d'émouna et de bita'hon recevaient donc plus de nourriture.

Le Divré Israël ajoute que le mot "taf" peut également être compris comme signifiant littéralement "jeunes enfants", le verset nous enseignant qu'ils ont reçu la subsistance grâce au mérite d'avoir fait confiance à Hachem comme un (jeune) enfant (avec ses parents).
Lorsque le verset dit de "jeter son fardeau à Hachem et Il te soutiendra" (Téhilim 54,23), l'intention est que l'on devrait s'appuyer sur Hachem comme un enfant. Un petit enfant ne se préoccupe pas de l'argent. Il place plutôt le fardeau sur ses parents et compte sur eux pour le nourrir.
De même, il nous est dit de faire entièrement confiance à Hachem et qu'Il prendra soin de nous.

En conséquence, le verset peut être interprété comme disant que Yossef a donné à chaque frère de la nourriture en fonction de leur émouna enfantine. Ceux qui s'en remettaient à Hachem comme un jeune enfant avait une parnassa au plus haut niveau.

Dans le même ordre d'idées, le rabbi de Kobrin (cité dans Imrot Moché - Eré'h Emouna) explique le verset : "Hachem est mon berger, je ne manquerai de rien" (Téhilim 23,1), ce qui signifie que si quelqu'un a la émouna que "Hachem est son berger", il ne manquera de rien.

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-> Le Beit Avraham de Slonim écrit que le mot"taf" dans ce verset fait référence à la Torah étudiée par les jeunes enfants.
Ainsi, le verset dit que nous recevons la parnassa par le mérite de cette Torah pure.

En outre, le Beit Avraham écrit que le mot "taf" fait allusion à la émouna pure des enfants, et le verset dit que cette émouna crée la parnassa.
Il ajoute qu'il y a eu des moments où la parnassa a été très difficile en raison d'un manque d'émouna. C'est le sens du verset : "La émouna a été perdue et déracinée de leurs bouches" (Yirmiyahou 7,28).
Lorsque la émouna est perdue, la subsistance d'une personne est déracinée de sa bouche.

Un renouvellement constant

+ Un renouvellement constant :

"Il était un jeune homme [demeurant] avec les fils de Bilha et les fils de Zilpa ... Yossef rapportait des paroles médisantes sur eux, à leur père" (Vayéchev 37,2)

-> Le Beit Aharon de Karlin tire du fait que Yossef est appelé "un jeune homme" (nahar) une leçon importante en matière d'avodat Hachem. Il explique que Yossef a toujours été "jeune homme" dans le sens où, même s'il a vieilli, il est resté frais et jeune dans sa façon de servir Hachem.
Il se renouvelait constamment pour servir Hachem avec vigueur et enthousiasme.

Ce concept est illustré dans le verset : "Ta jeunesse se renouvelle comme l'aigle" (Téhilim 103,5).
C'est également la raison pour laquelle le peuple juif est souvent comparé à la lune, qui se renouvelle chaque mois.

Ainsi, une personne doit se renouveler chaque jour. Il ne faut pas désespérer si l'on a l'impression d'avoir passé une mauvaise journée et d'avoir gaspillé un jour de sa vie, car on peut toujours repartir à zéro le lendemain et commencer à servir Hachem avec énergie et fraîcheur.

"Yossef était comme un monarque sur le pays, car il était le seul à distribuer la nourriture pour tout le peuple." (Mikets 42,6)

Il est rapporté dans les midrachim que, pendant la période de la famine en Egypte, Yossef ne mangeait pas de pain de toute la journée.
Il ne goûtait son pain que le soir, après que le dernier Égyptien ait reçu le sien.

Source (b"h) : le To'hèn Alilot rapporté dans le mayana chel Torah du rav Friedman

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-> Le Sifté Cohen commente ainsi ce verset :
"Bien que Yossef eut de nombreux officiers et serviteurs à sa disposition, il ne leur relégua pas la tâche de distribuer la récolte, mais s'en chargea lui-même, afin de s'assurer qu'il n'y ait aucune injustice et dans le but de donner l'exemple au peuple et de lui démontrer combien il faut s'efforcer de faire preuve de miséricorde pour sauver des hommes de la famine."

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-> En réalité, il avait été décrété que l'Egypte devait connaître une famine durant 14 années. Certains commentateurs disent 28 ans, et d'autres durant 42 ans.
Mais Yossef pria pour que la famine ne dure que 7 ans. Le reste fut réservé pour l'époque prévue par le prophète Yé'hezkiel (Yé'hezkiel 29,9).
[Méam Loez - Mikets 41,37-38]

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-> Quand les années de famine arrivèrent, Yossef n'approcha plus son épouse. En effet, puisque les hommes souffrent, on ne doit pas se réjouir, on doit se soucier des malheurs particulièrement difficiles de la communauté.
C'est pourquoi la Torah met en avant le fait que : "2 fils naquirent à Yossef avant que les années de famine ne surviennent" (Mikets 41,50).
[d'après le Méam Loez]

-> Le Chla haKadoch (Béréchit 41,50) explique que les relations conjugales sont interdites en période de famine.

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+ La finalité de la famine :

-> Rabbi 'Haïm Chmoulevitch (Si'ha 24) rapporte que Yossef, vice-roi d'Egypte, a amassé pour l'Egypte de très grandes sommes d'argent qu'il a placé dans 3 tours d'environ 50m de hauteur et de 50m  de diamètre chacune et entièrement remplies. Il a mis ces sommes colossales à la disposition de la maison royale de Pharaon et n'a jamais rien pris ni pour lui, ni pour ses enfants.

-> Le Sifté Cohen (ainsi que le 'Hatam Sofer) enseigne que la famine a été décrétée afin que l'Egypte devienne fabuleusement riche et que les juifs puissent quitter le pays avec de grandes richesses.
[ainsi d'une certaine façon bien que Yossef n'a absolument rien pris des énormes sommes transitant par lui, il savait qu'au final tout cela irait aux juifs, et non aux égyptiens. Cette argent était bien davantage le sien que celui des égyptiens!]

En effet, Avraham avait reçu la promesse que : "ils la quitteront avec de grandes richesses" (Lé'h Lé'ha 15,14).
Rachi commente : Avec beaucoup d’argent, ainsi qu’il est écrit : "Ils dépouillèrent les égyptiens" (Chemoth 12, 36).

Le Méam Loez (Mikets 41,37-38) écrit :
Lorsque Yossef arriva en Egypte, le pays était très pauvre, et les richesses emportées par Israël auraient été négligeables. Hachem décida donc de frapper le monde par la famine et d'obliger tous les peuples à venir acheter du blé en Egypte. Cette dernière allait s'enrichir considérablement et devenir la nation la plus puissante.
[...]
Ceci nous enseigne également que ce que les juifs prirent en Egypte était justifié. Seul Yossef fut responsable de l'enrichissement de l'Egypte. Sans lui, aucun égyptien n'aurait su comment agir, et tous seraient morts de faim.

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-> Le grain que les gens avaient conservé chez eux se décomposa. Yossef fit annoncer qu'il était prêt à acheter tout le blé endommagé, et le peuple s'empressa de le lui vendre à bas prix. Dès que le grain vendu entra en possession de Yossef, il devint parfait.
Hachem voulait que Yossef puisse le revendre et amasser un trésor dépassant l'imagination.
[Sifté Cohen - v.41,56]

"Ils prirent, et ils le jetèrent dans le puits. Et le puits était vide, il n'y avait pas d'eau." (Vayéchev 37,24)

Le puits ne contenait pas d'eau, mais seulement des serpents et des scorpions., nous apprend la guémara (Shabbath 22a).

Le Gaon de Vilna de dire qu'au-delà de la signification 1ere de cette explication, la guémara nous propose ici un regard approfondi sur la nature humaine.

Le prophète Yéchaya (55,1) s'exclame : "Vous qui avez soif, venez, voici de l'eau!"
La guémara (Baba Kama 82a) explique que "l'eau", c'est la Torah.

Les serpents et les scorpions symbolisent le côté le plus sombre de la nature humaine, ses tendances les plus grossières.

==> La guémara nous enseigne donc que, tout comme un puits ne peut contenir que 2 choses : soit de l'eau, soit des serpents ou des scorpions, de même une personne sans "l'eau" de la Torah pour raffiner son caractère, est rempli/fourmille "de serpents et de scorpions".

Une personne ne doit pas penser qu'elle peut être vide de Torah, tout en ayant par ailleurs d'innombrables qualités. La règle est que : s'il n’y a pas d’eau, de Torah, alors il y a naturellement des serpents et des scorpions, des défauts et des vices.

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-> Pourquoi est-ce que Réouven a proposé à ses frères de jeter Yossef dans un puits qui était à priori rempli de serpents?

Selon nos Sages, la punition pour celui qui parle du lachon ara est d'être mordu par les serpents.

Réouven voulait que ses frères constatent que bien que Yossef était dans un puits avec des serpents, les serpents ne le touchaient pas.
Il espérait qu'ainsi ses frères réaliseraient que Yossef n'avait pas commis la faute de lachon ara lorsqu'il parlait d'eux à Yaakov.

-> Pourquoi est-ce que la Torah insiste sur le fait que le puits était vide d'eau?

Il existe un serpent appelé : "arod" dont la morsure est mortelle.
Cependant, si une victime d'une morsure de ce serpent parvient à atteindre une source d'eau avant que le serpent n'y arrive, elle est sauvée et le serpent meurt instantanément.

S'il y avait de l'eau dans le puits, les frères de Yossef auraient pu se dire qu'il a été sauvé du arod grâce à l'eau présente.
Cependant, Yossef étant dans un puits sans eau, ainsi le fait d'y avoir survécu était la plus grande preuve qu'il n'avait prononcé aucun lachon ara.

[le Birkat Avraham]

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Rabbi Zalman Sorotzkin (le Oznaïm laTorah) commente :
Ce verset vient nous apprendre que le puits dans lequel a été jeté Yossef avait une qualité et un défaut :
- la qualité = il n'y avait pas d'eau dedans ;
- et le défaut = il y avait dedans des serpents et des scorpions.
On remarquer tout le respect que témoigne la Torah à de l'inerte (un puits) = en effet, la qualité est exprimée ouvertement ("il n'y avait pas d'eau"), tandis que le défaut est caché, puisque déduit de la tournure du verset.

=> Le Oznaïm laTorah en conclut :
Si cela paraît évident quand il s'agit d'un puits, à plus forte raison d'un être humain : nous devons faire son éloge clairement, et si parfois il est nécessaire de révéler un défaut, efforçons-nous de le faire par allusion.

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+ "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau"

=> Explication : Il n'y avait pas d'eau, mais il y avait des serpents et des scorpions.

-> Le Séfer 'Hassidim signale que les initiales de : én bo (il n'y a pas dedans - אֵין בּוֹ) sont : Aval Né'hachim Vékravim Yéch Bo (mais il y a dedans des serpents et des scorpions).
[rapporté dans le Torat Bné Yissa'har]

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+ "Et ils le saisirent, et le jetèrent dans le puits. Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau."

-> Selon une autre opinion, il y avait 2 puits. [C'est pourquoi les frères dirent : "Jetons-le dans un des [2] puits" (Vayéchev 37,20)].
Plus tard, le mur qui les séparait tomba, et ils ne formèrent plus qu'une et même fosse.
L'un de ces puits était pleins de pierres, et l'autre de serpents.
[...]
Le verset : "Le puits était vide, il n'y avait pas d'eau" ... = le mot "vide"] désigne les frères, car ils ne bénéficiaient pas de l'eau de la Torah. Ils ignoraient qu'un verset de la Torah énoncerait : "Celui qui aura enlevé un homme et l'aura vendu ... sera mis à mort" (Chémot 21,16).
S'ils avaient eu connaissance de cette loi, ils n'auraient jamais agi de la sorte.

Dans la Torah, le terme "vayiKa'houhou" (et ils le saisirent - וַיִּקָּחֻהוּ) est écrit sans la lettre "vav". [Comme la Torah ne comporte pas de voyelles, on peut également lire : "vayika'héhou" = et ils le prit]. Ceci sous-entend que seul un des frères jeta Yossef dans le puits, agissant au nom de tous les autres. Il s'agissait de Chimon.
[Plus tard, Yossef demandera que Chimon reste comme gage, alors que ses frères iront chercher Binyamin - cf. Mikets 42,24]
[Méam Loez - Vayéchev 37,24]

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"Les pères des tribus étaient occupés à la vente de Yossef, Yossef était affairé à son cilice et à son jeûne, Réouven était affairé à son cilice et à son jeûne, Yaakov était affairé à son cilice et à son jeûne, et Yéhouda était affairé à trouver une épouse.
Et [pendant ce temps], Hachem s’affairait à créer la lumière du machia’h."
[midrach Béréchit rabba 85,1]

-> Après que les tribus aient jeté Yossef dans un puits, ils l'en ressortirent pour le vendre.
Suite à cela, Réouven, qui était alors absent lors de la vente, revint pour sortir Yossef du puits et le ramener à son père, mais, il ne l'y trouva plus. Alors, il s'écria : "L'enfant n'est plus là, et moi où irai-je?" (Vayéchev 37,30).
Rachi (v.37,29) commente sur : "Réouven revint à au puits et voyant que Yossef n'y était plus, il déchira ses vêtements" : Il n’avait pas assisté à la vente, car c’était à son tour, ce jour-là, d’aller servir son père. Autre explication : Il était occupé, couvert d’un sac, à jeûner pour avoir mis le désordre dans la couche de son père.

Le midrach explique : "Où irai-je à cause de ma faute avec Bil'a?" = Réouven relia la disparition de Yossef avec sa faute avec Bil'a.
[Suite à la mort de Ra'hél, Yaakov a mis sa couche dans la tente de Bil'a. Réouven dont la mère est Léa, a pris parti pour sa mère en disant : "Si la sœur de ma mère a été la rivale de ma mère, faut-il que la servante de la sœur de ma mère soit aussi la rivale de ma mère? C’est alors qu’il s’est levé et a déplacé sa couche [celle de Yaakov, dans la tente de sa mère]" (guémara Shabbath 55b)]

=> Mais quel est le rapport entre la disparition de Yossef du puits et sa faute avec Bil'a?

-> Le midrach explique que Réouven sauva Yossef parce que quand il entendit que Yossef rêva de 11 étoiles qui se
prosternèrent devant lui, il en déduisit que lui aussi fait partie des étoiles. Malgré sa faute, il n'a donc pas été écarté des tribus. En gratitude vis à vis de Yossef qui lui fit réaliser une telle chose, il décida de le sauver.
Mais, à présent qu'il revint près du puits et que Yossef avait disparu, il pensa qu'il était mort et donc que le rêve de Yossef n'était pas un vrai rêve prophétique. Or, si ce rêve n'est pas authentique, si c'est un rêve futile, alors toute la preuve qu'il fait encore partie des tribus, des 11 étoiles, n'est plus valable.
=> C'est pourquoi, la disparition de Yossef lui raviva son inquiétude de ne pas avoir été pardonné de sa faute, et d'être écarté des tribus.

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-> Le Sfat Emet explique que quand quelqu'un commet une faute, il doit s'attacher à un tsadik qui est irréprochable au niveau de cette faute, et cela contribuera à sa réparation.
En effet, quand quelqu'un s'attache et même s'efface devant un tsadik, il bénéficie par cela de la perfection et du travail de ce tsadik.

Or, la faute de Réouven concernait la sainteté de la vie conjugale, puisqu'il se mêla de l'intimité de son père.
Pour réparer sa faute, Réouven décida de s'attacher à Yossef, qui était déjà réputé pour se sanctifier à ce niveau-là. C'est d'ailleurs pour cela qu'il fut justement éprouvé, plus tard, avec la femme de Potifar, pour mettre à jour sa sainteté et son éloignement de cette faute.
=> Ainsi, en s'attachant à Yossef, Réouven espérait bénéficier de sa sainteté et ainsi, cela contribuera à réparer sa faute. Cependant, quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu, il comprit qu'il ne pourrait pas profiter de sa perfection et craignit donc ne plus pouvoir réellement se nettoyer de sa faute.

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-> Le Birkat Pérets explique que quand quelqu'un commet une faute, son repentir consiste à prendre justement le contre-pied de cette faute. Ainsi par exemple, celui qui a profané le Nom d'Hachem, pour se repentir, il devra multiplier les actes où il sanctifiera Son Nom.

Quand Réouven troubla l'intimité et s’immisça dans la vie conjugale de son père, cela provoqua une grande peine et une grande contrariété à Yaacov. Réouven qui en avait conscience, pensa que sa réparation devait être d'entraîner à contrario une grande joie et une satisfaction importante à celui-ci.
Et quand on jeta Yossef dans le puits, Réouven imagina la douleur que son père ressentira en pensant que son cher fils est mort. En parallèle, Réouven savait quelle joie ressentirait son père s'il lui restitue Yossef : il en sera immensément heureux.
=> Par cette joie qu'il lui permettra de ressentir, Réouven pensa réparer la peine qu'il lui provoqua par sa faute.
Mais quand Réouven réalisa que Yossef avait disparu et qu'il ne pourrait donc plus le rapporter à son père, cela réactiva son inquiétude par rapport à sa faute, car il avait raté une excellente occasion de réparer son acte, en restituant Yossef à son père, avec toute la joie qui en aurait suivi.

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-> Le Panim Yafot fait remarquer que Réouven avait moins de 20 ans quand il commit sa faute. Or, nos Sages enseignent que le Tribunal Céleste ne punit pas quelqu'un qui a moins de 20 ans, ce qui rassura Réouven.
Malgré tout, celui-ci avait quand même un doute, car il se dit que peut-être que les hommes pieux et servant Hachem peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans. Et que ce sont les gens simples qui ne sont punis qu'à partir de 20 ans.

Quand Yossef fut jeté dans la fosse qui contenait, selon nos Sages des serpents et des scorpions, Réouven pensait que Yossef sera épargné. En effet, même si lui aussi avait fauté en rapportant des médisances sur ses frères à leur père, malgré tout il n'avait alors que 17 ans.
Ainsi, puisqu'il avait moins de 20 ans, Réouven pensait que Yossef allait être épargné par le Ciel.
En effet, ses grands mérites justifiaient qu'il bénéficie d'un miracle. De plus, Hachem ne lui tiendrait pas rigueur pour sa faute, car il avait moins de 20 ans.

Mais quand à son retour près du puits, Réouven ne trouva pas Yossef, il pensa que les serpents l'avaient dévoré. Il en conclut que Yossef avait été puni pour sa faute même s'il avait moins de 20 ans. C'est donc bien que les tsadikim peuvent être punis par le Ciel même avant 20 ans.
=> Cela réveilla son inquiétude par rapport à sa propre faute avec Bil'a, car même s'il avait lui aussi moins de 20 ans, il serait quand même considéré comme fautif par le Ciel.

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-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37,21)

Quand Réouven vit que ses frères allaient tuer Yossef, il s'interposa et proposa de le jeter dans un puits plutôt que de le tuer. Son intention était de revenir par la suite le sortir du puits et le ramener à son père. Sur ce verset, le midrach enseigne que si Réouven savait que la Torah allait écrire à son propos : "Il le sauva de leurs mains", il l'aurait accompagné à son père sur ses épaules.
=> Ce midrach paraît étonnant. Réouven cherchait-il à obtenir les éloges de la Torah? Est-ce pour cela qu'il se serait encore plus empressé de sauver son frère? Mais cela manque d'authenticité!

-> Le Divré Yé'hezkel explique qu'en fait, suite à ce qui s'est passé avec Bil'a, Yaakov avait un peu repoussé Réouven et ne se comportait plus avec lui aussi chaleureusement qu'avant. Or, à présent, si Réouven restitue Yossef, le fils bien-aimé de son père, il est clair que Yaakov se montrera extrêmement reconnaissant vis-à-vis de
lui et recommencera de nouveau à le rapprocher et lui témoigner de la bienveillance comme avant. C'est justement cela que Réouven craignait.
En effet, ce qu'il cherchait à présent à faire, c'est de sauver Yossef. Il s'agissait là d'accomplir cette très grande mitsva. Et il voulait la réaliser avec le plus d'authenticité et avec l'intention la plus pure et la plus désintéressée possible. Et il craignait qu'au fond de lui, dans son subconscient, il ne cherche aussi un peu à récupérer l'amour et la considération de son père. Mais alors, sa mitsva de sauver Yossef ne serait pas la plus pure, car se mélangerait dans cet acte son intérêt personnel.

C'est pourquoi, il se méfia de trop s'empresser, soupçonnant que le zèle supplémentaire proviendrait de cet intérêt. Mais s'il savait que la Torah témoignerait sur lui qu'il le sauva des mains de ses frères, puisque la Torah est une Torah de vérité, cela signifierait donc qu'en vérité, sa seule intention était bien de le sauver. Et dans ce cas, il aurait était assuré qu'après avoir scruté son coeur, Hachem avait bien perçu la pureté totale de son acte. Il ne cherchait en rien son intérêt. Et de ce fait, il n'aurait plus hésité à se dépêcher et aurait porté son frère sur ses épaules pour le ramener à son père.

=> Nous apprenons de là qu'un homme doit constamment s'efforcer d'être le plus honnête avec soi-même. Et même, il convient de se suspecter de peut-être chercher un intérêt personnel dans notre comportement, ce qui l'entacherait de l'intérieur. Même quand on accomplit une mitsva, ne soyons pas trop emballé et convaincu de la perfection de notre acte. Car peut-être qu'au fond, plus que la mitsva, c'est notre intérêt que l'on cherche.
Aussi, l'homme doit tendre le plus possible à la pureté de son intention, de se concentrer essentiellement sur la réalisation de la Volonté d'Hachem.

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+ Lien entre Réouven et les lumières de 'Hanoucca :

-> "Réouven entendit et le sauva de leurs mains" (Vayéchev 37, 21).
Cela est étonnant car celui-ci conseilla à ses frères de jeter Yossef dans un puits rempli tout de même de serpents et de scorpions. Même si l’on suppose que Réouven ignorait la présence des serpents et des scorpions, pourquoi la Torah attribue-t-elle malgré tout le sauvetage de Yossef à Réouven plutôt qu’à Yéhouda, car en définitive c’est le conseil de Yéhouda qui a maintenu Yossef en vie?

En réalité, le conseil de Réouven de jeter Yossef au puits, était porteur d’une certitude d’un point de vue spirituel, car aucun danger spirituel n’existait dans le puits. Même s’il y avait tout de même un danger d’un point de vue physique, ce danger restait incertain.
De plus, ce danger n’était que temporaire puisque Réouven avait envisagé cette solution seulement afin de calmer les esprits et de revenir plus tard au puits pour sauver définitivement son frère, et le ramener à son père. Par contre, Yéhouda a réellement exposé Yossef à un danger certain d’un point de vue spirituel, car il conseilla de le vendre à des Yichmaëlim qui voyageaient en Egypte, qui était le pays le plus imprégné de débauche.
C’est pour cette raison que la Torah attribue le sauvetage de Yossef à Réouven qui le sauva d’un danger spirituel certain et concret, et non à Yéhouda qui le sauva physiquement, mais qui l’exposa de façon certaine au pire des dangers.

A ‘Hanoucca, les ‘Hachmonaïm se sont battus avec don de soi (messirout néfech) pour défendre leur spiritualité (la Torah), menacée d’anéantissement par les Grecs, et non leur identité physique. Leur identité spirituelle avait beaucoup plus de signification pour eux que leur identité physique, tout comme Réouven.
C'est pourquoi sur le verset : "Les mandragores (doudaïm) répandent leur parfum, et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices" (Chir haChirim 7,14), le midrach (Yalkout Réouvéni Vayetsé) enseigne : "Les mandragores ont donné leur parfum = il s’agit de Réouven ; et à nos portes se trouvent toutes sortes de délices = Il s’agit des bougies de ‘Hanoucca". [les mandragores citées ici désignent Réouven, car il en avait un jour cueilli pour sa mère Léa (voir Vayétsé 30,14-16)]
Ainsi, le midrach met en rapport Réouven (qui sauva Yossef du danger spirituel) avec les bougies de ‘Hanoucca, symbole de la victoire spirituelle de la Torah sur l’obscurantisme des Grecs.
On peut noter que les mandragores que donna Réouven à sa mère Léa furent cédées à Ra’hel en échange d’une nuit passée avec Yaakov (voir Béréchit 30, 14-18). L’union qui s’en suivit donna naissance à Yissa'har, "le pilier de Torah", symbolisé par la Ménora du Temple, objet du miracle de ‘Hanoucca.
[Kol Yéhouda]