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L’importance de faire les mitsvot avec feu

+++ L'importance de faire les mitsvot avec feu :

"Ce sera un demi-shékel" (ma'hatsit ha'shékel - Ki Tissa 30,13).

-> Rachi (Ki Tissa 30,13) explique que Hachem montra une pièce de feu et dit à Moché que c'est ce que le peuple juif doit donner.
[selon nos Sages, le feu renvoie au fait que nous devons donner à la tsédaka avec le feu du coeur et de la dévotion. ]

-> Chacune des 4 lettres du nom d'Hachem (יהוה) correspond à l'un des 4 éléments : le feu, l'air, l'eau et la terre.
Le youd, la plus haute et la plus spirituelle des lettres, correspond au feu. D'où l'importance de donner les shékalim (qui correspondent au youd du nom d'Hachem) avec tout le feu de notre cœur.

Imaginez une statue imposante représentant des soldats victorieux à cheval au centre d'une place de la ville. Autour de cette statue se trouvent des personnes à l'allure beaucoup moins puissante, mais qui ont également des yeux, des oreilles, un nez et une bouche. Quelle est la différence entre les soldats de la statue et les personnes qui l'entourent?
La statue est une matière morte, terrestre, alors que les personnes vivantes ont le sang réchauffé par l'élément du feu qui pompe dans leur corps.

De même, il y a des pièces de monnaie dont le contenu est un simple métal solide et terrestre, et il y a des pièces de monnaie qui contiennent du feu ; elles sont vivantes, puissantes et dynamiques.

Pour le Michkan, Hachem a demandé à chaque juif un demi-shékel d'argent pour les adanim, les socles qui soutiennent les murs.
De plus, chaque année, chacun devait donner un demi-shékel pour les korbanot (sacrifices).

Mais une unité d'argent peut contenir plus ou moins que la quantité habituelle. Par exemple, nos Sages enseignent que si une personne donne de la tsédaka avec une générosité débordante, une bénédiction sera ajoutée à cet argent : "L'argent d'une personne qui a un bon œil sera béni lorsqu'elle donnera de son pain aux pauvres" (Michlé 22,9).
À l'inverse, la guémara (Sotah 38b) met en garde de ne faut pas accepter d'argent d'une personne avare, car son argent est vide de sainteté et n'apporte pas de bénédiction.

Le peuple juif a donné ses shekalim pour le Michkan, ils étaient animés d'un amour immense pour Hachem. Ainsi, leur argent, contrairement à une statue, était vivant.
Il portait la vitalité d'un amour ardent pour Hachem.

-> Nos Sages font remarque que "Shékel" (שקל) a la même guématria que "néfech" (נפש) soit 430, mettant en avant le composant principal que Hachem veut avec notre argent (on doit y mettre notre âme, avec un feu de joie de faire la volonté de D.).

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-> Un pauvre homme frappe à la porte et nous lui donnons une pièce, un morceau de papier (billet de 5,10, ... euros).
Même si on a donné 1 pièce d'un euro, et bien donner cet euro est une mitsva. Si l'acte est accompli avec feu, avec l'amour d'Hachem, cet euro monte au ciel.

Il s'élève d'abord au plan spirituel de l'Assiya, le plus bas des mondes spirituels d'où émerge notre monde matériel.
Il s'élève alors jusqu'au Yétsira, le plan spirituel de l'émotion, où se trouvent les anges. Il monte alors encore plus haut, jusqu'à Beria, le niveau où se trouve le Trône de Gloire d'Hachem (le Kissé HaKavod).

Si cette pièce a été donnée avec un amour d'Hachem absolument pur, alors elle s'élève encore davantage, jusqu'au plus haut des mondes spirituels : l'Atsilout, où il n'y a que la lumière d'Hachem Lui-même. [c'est trop élevé pour les Créatures Célestes, et il n'y a pas de niveau plus élevé spirituel que celui là. ]

Au fur et à mesure que cette pièce s'élève, sa valeur augmente. Dans chaque monde, l'euro est décuplé.
Lorsqu'il atteint l'Atsilout, il ne vaut ni un euro, ni 10 euros, ni même un million d'euro ; sa valeur est infinie.

[ Même si dans ce monde cela semble être uniquement qu'une "petite" pièce d'un euro, notre feu d'amour lui a donné la force de traverser tous les mondes supérieurs jusqu'au sommet, jusqu'à Hachem, qui conserve précieusement le feu de ces euros/shékalim, et nous bénéficions à jamais de leur mérite.
(selon nos Sages, l'essentiel n'est pas la mitsva que nous faisons, mais plutôt la joie, les sentiments envers Hachem que nous avons en la faisant. En ce sens, ce qui rendait magnifique/important un simple demi-shékel était le sublime feu ardent autour. ) ]

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+ Pourquoi les shékalim d'Haman ont échoué? :

-> Lorsque Mordé'haï informa Esther du décret dévastateur de destruction contre les juifs, il lui parle également du "parachat akessef" (l'interprétation de l'argent - Esther 4,7) qu'Haman a donné à A'hachvéroch.
A priori, personne n'a besoin que quelqu'un interprète pour eux le sens de l'argent. Qu'y a-t-il dans l'argent de Haman qui nécessite une explication?

Haman a distribué une énorme somme d'argent pour avoir le droit d'anéantir les juifs, 10 000 kikar d'argent.
Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach - drouch 15) précise que cet argent était destiné à la charité.
Haman voulait ainsi non seulement acheter le roi terrestre, mais aussi le roi céleste.

C'est pourquoi la guémara (Méguila 13b) nous dit : "[Puisque] Haman allait mesurer des shékalim contre Israël. Par conséquent, Hachem a fait précéder les shékalim (des juifs) aux shékalim [d'Haman]."

Les Tossafot expliquent qu'Haman voulait neutraliser le mérite des shékalim donnés par la génération du désert (dor hamidbar). Chacun des 600 000 juifs avait donné un demi-shékel, soit un total pour tout le peuple juif de 100 kikar, à partir desquels les adanim (socles) du Michkan ont été formés.
Haman donna 100 fois plus, soit 10 000 kikar. Pour cela?

En effet, Haman comprit que la valeur des shékalim juifs augmentait au fur et à mesure qu'ils s'élevaient vers le Ciel. Il a supposé que dans le monde d'Assiya, chaque shékel conservait sa valeur à un chiffre, qu'à Yétsira, elle était multipliée par dix, et qu'à la Beria, elle était multipliée par cent.
Il était déterminé à les rencontrer dans la beria en donnant 100 fois la quantité de shékalim qu'ils ont fait.

Mais Haman ne pouvait pas comprendre la pureté du cœur d'un juif.
Il n'a pas réalisé qu'un juif est enraciné dans le plus élevé des niveaux spirituels, l'Atsilout, dans Elokout (la Divinité) lui-même.
[l'âme de tout juif provient de l'intériorité d'Hachem, de sous le Trône de Gloie, dans la plus haute réalité spirituelle qui existe l'Atsilout, à la différence des non-juifs qui ont une âme provenant d'un niveau plus bas, de l'extériorité d'Hachem. ]
Hachem dit à Haman : "leurs shekalim ont déjà précédé (ikdimou) les vôtres!" (voir Yérouchalmi Méguila 1:5)
Leurs shékalim sont avant les vôtres, ils s'élèvent à un monde plus élevé que les vôtres ne pourront jamais le faire. Leur valeur n'est pas multipliée par 10 ou par100, mais à l'infinie.
Vous donnez du métal froid, avec un cœur cruel, pour détruire une nation. Ils donnent des pièces de feu.

[même Moché a eu besoin qu'Hachem lui montre la pièce en feu, pour réaliser à quel point chaque juif peut par le feu qu'il met dans la mitsva accomplir quelque chose d'inimaginable, d'une valeur infinie : atteindre là où seul peut être D. et Le rendre fier de nous. ]

Réflexions sur Amalek

+++ Réflexions sur Amalek :

+ Qui est Amalek?

-> La Torah (Ki Tétsé 25,17-19) donne 3 ordres concernant Amalek :
"za'hor" = Souvenez-vous de ce qu'ils vous ont fait, racontez verbalement l'histoire de leur attaque en la lisant dans un séfer Torah casher ;
"tim'hé ét zé'her Amalek" = tuez tous les membres de la nation Amalécite jusqu'au dernier ;
et "tichka'h" = souvenez-vous dans votre cœur.

Nous n'avons jamais accompli la mitsva de tuer tous les membres d'Amalek. Yéhochoua et le roi Shaul n'ont pas totalement détruit Amalek ; ils n'ont fait que l'affaiblir. Et nous ne pouvons plus les anéantir, car ils se sont mélangés à d'autres nations et nous ne savons pas qui ils sont.
Ce qui nous amène à nous demander de quel genre de mitsva il s'agit, puisque nous n'avons jamais été capables de le faire et nous ne le pouvons toujours pas.

Tout ce qui est matériel a une essence spirituelle, une âme invisible qui lui donne vie et existence.
Les nations, elles aussi, ont une force vitale, un ange dans le ciel qui les imprègne de vitalité.
C'est pourquoi, lorsqu'Hachem veut détruire une nation, Il massacre d'abord son ange dans le ciel.
Par exemple, à la mer Rouge, l'ange égyptien a été tué avant que les égyptiens eux-mêmes ne soient noyés (voir midrach Chémot rabba 21,5).

Si Amalek doit être complètement éradiqué, son ange doit disparaître.
Mais tuer l'ange d'Amalek n'est pas possible, car l'ange d'Amalek est le Satan lui-même. Et il n'est pas simplement situé dans sa chambre au ciel, dirigeant les affaires de sa nation comme tous les autres anges, il envahit le cœurs des juifs, générant les mauvaises impulsions que nous devons traiter.

Par conséquent, alors qu'Hachem tue d'abord l'ange d'une nation que nous devons conquérir, et que nous la vainquons ensuite sur terre, avec Amalek, les choses se passent exactement à l'opposé.
Nous devons d'abord éradiquer l'ange d'Amalek en éliminant le mal en nous-mêmes et dans le monde. On doit : "éradiquer les traces d'Amalek de sous le ciel" = à la différence des autres anges des nations qu'on peut éradique au Ciel, pour Amalek c'est "sous le Ciel", et plus précisément dans nos cœurs.
Alors ensuite, Hachem accomplira sa promesse, Il "éradiquera complètement le souvenir d'Amalek". Il abattra le Satan dans le ciel.

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+ Amalek nous cache Hachem :

-> Pour comprendre comment Amalek s'y prend pour engendrer le mal, nous devons d'abord comprendre ce qu'est le mal. Mais avant de comprendre ce qu'est le mal, nous devons comprendre ce qu'est le bien.

Le bien, c'est Hachem. Partout où la Présence d'Hachem (Chékhina) est révélée, il y a du bien. Tout ce qui cache Hachem est mauvais.

La nation qui soutient la Chékhina est le peuple juif.
La nation qui manifeste le Satan, la force qui cache Hachem, est Amalek.
Comment cela se passe-t-il?

Dans son examen de l'attaque d'Amalek, la Torah énumère son premier grief contre eux comme "achèr kar'ha badéré'h" (qui a eu lieu sur le chemin - Ki Tétsé 25,18). La signification simple de "kar'ha" (קָרְךָ) vient de la racine "mikré" (מקרה - le hasard).
Rachi donne une autre signification dérive de la racine קר (kar - froid).
Une troisième interprétation vient du mot קרי (kéri), qui est une forme d'impureté (touma).

Avec les merveilles de la sortie d'Egypte, Hachem s'est révélé. Toutes les nations du monde étaient terrifiées à l'idée d'approcher Son peuple, à l'exception d'Amalek. Il a dissimulé Hachem en expliquant que "mikré", c'est arrivé comme ça, par hasard (par exemple l'ouverture de la mer Rouge c'était en raison du fort vent qui soufflait à ce moment).
En fait, en ce qui concerne Amalek, tout se passe comme par enchantement. Il n'y a pas de Main Divine qui guide toute la réalité. Ils ne voient pas Hachem, ne Le connaissent pas et n'ont pas peur d'attaquer ceux qui se considèrent comme Sa nation.

Tout est si clair avant qu'Amalek n'entre en scène. Même sans les merveilles de la sortie d'Egypte, les merveilles de la nature ne témoignent-elles pas d'un Créateur divin et infini?
Mais Amalek a des théories qui expliquent comment tout a pu émerger.
Comme le soulignent nos Sages עמלק (Amalek) a la même guématria que ספק (safék - le doute - 240).
Amalek n'a pas pour but d'amener des preuves, d'apporter des choses qui ont un sens, mais plutôt il rationalise et obscurcit jusqu'à ce que nous soyons confus.
[il refroidit notre émouna. Si par exemple, l'on passe de 95% d'émouna en D., à plus que 85%, alors il réussit son coup, car il développe du doute en nous. (le "c'est vrai, mais peut être que ...") ]

Le résultat de la dissimulation d'Hachem est toujours une froideur spirituelle. Au lieu de la ferveur de la crainte et de l'amour du Ciel, un état spirituel comateux s'installe.

Et comment Amalek s'en sort-il avec un tel scandale ? En introduisant de l'impureté, car l'impureté isole le corps de l'âme, nous empêchant de discerner Hachem et nous refroidissant d'une connexion chaleureuse.

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+ Qui Amalek attaque-t-il?
Ceux qui se sentent en bas de l'échelle spirituelle.

-> Suite aux incroyables miracles de la sortie d'Egypte, les étaient dans le désert totalement protégés par les Nuées de Gloire (anané kavod).
Cependant, à l'arrière de la procession dans le désert, se trouvait un groupe de juifs qui avaient été expulsés des Nuées de Gloire (anané hakavod).
La plupart de ces personnes étaient membres de la tribu de Dan et portaient avec elles une idolâtrie 'avoda zara) ou avaient commis d'autres fautes graves.
Lorsqu'Amalek a attaqué, il n'a pu accéder qu'en "se jetant sur (וַיְזַנֵּב - vayézanev) ces faibles (ané'héchalim - הַנֶּחֱשָׁלִים) qui traînaient derrière vous" (vayézanev bé'ha kol ané'héchalim a'haré'ha - Ki Tétsé 25,18).
[on note que וַיְזַנֵּב est similaire à זנב (zanav), puisqu'Amalek s'est attaqué à ceux situé à la queue du peuple juif, comme exclus du corps principal de l'entité juif.]

Rachi sur "néhéchalim" commente : "les faibles", les juifs affaiblis à cause de leurs fautes, qui étaient en conséquence repoussées des Nuées [délimitant et protégeant le peuple juif].

Le Targum Onkelos traduit "né'héchalim" par "mit'akharin", les retardataires.
Hachem n'expulserait ou ne rejetterait jamais un juif.
Que se passe-t-il si une personne n'est pas digne d'être dans le camp de la sainteté avec tous les autres juifs? La personne indigne se rejette elle-même.

Lorsque la Nuée de la Présence divine s'est détaché du Michkan, les trompettes ont sonné : Il est temps pour le premier camp, celui de Yéhouda (première tribu à lever le camp), de faire ses bagages et de se préparer à voyager. Tous les juifs commencèrent à rassembler leurs affaires pour être prêts lorsque la trompette annoncerait (le tour de prendre) le départ du camp.

Mais les "né'héchalim" ne se pressèrent pas : "Pourquoi se presser? Nous sommes de la tribu de Dan, la dernière des quatre camps [du peuple juif à devoir quitter le lieu de campement actuel]".
Ils ne partagent pas l'excitation du reste du peuple juif : "ils voyagent selon les instructions d'Hachem" (al pi Hachem yisséou - Béaaloté'ha 9,18).
Ils se prélassent paresseusement jusqu'à attendre le dernier moment. Alors qu'ils se démènent encore pour se réunir, le camp part et ils sont laissés en arrière, en dehors des Nuées protectrices.
Ainsi, Amalek n'a pu obtenir que les "né'héchalim" (les retardataires), tandis que le peuple juif était "badéré'h", en train de voyager sur le chemin du prochain arrêt dans le désert.

=> Et c'est vraiment ainsi qu'Amalek procède.
Amalek, "acher kar'ha", qui nous refroidit spirituellement, il nous convainc que l'amour d'Hachem pour nous est froid (qui suis-je pour intéressé Hachem, surtout avec mon comportement pas toujours top, ...).

En s'attaquant aux juifs qui subissent une forme de désespoir spirituel, qui ne sentent pas dignes d'être aimés/importants par Hachem, , Amalek s'en prend à l'essence même de ce que signifie être un juif : un enfant d'Hachem.
Amalek refuse de reconnaître qu'un juif n'est pas simplement un serviteur d'Hachem, apprécié en fonction de sa loyauté et de ses états de service Divin, mais qu'il fait partie intégrante d'Hachem lui-même, qu'il est l'enfant d'Hachem.
Amalek est d'avis qu'Hachem oublie ses juifs qui ne sont pas très haut spirituellement.

Ainsi, Amalek nous trouble : est-ce que Hachem nous aime?
Or, un juif ne perdra jamais son statut d'enfant d'Hachem, qui quoiqu'il puisse faire restera important, précieux et aimé aux yeux d'Hachem.

[en ce sens si nous avions conscience d'à quel point nous sommes constamment appréciés, aimés de D., alors nous n'en viendrons jamais à fauter, nous aurions de la joie, de la fierté et du zèle à faire les mitsvot.
Amalek endort cette réalité, et donc anesthésie notre relation de proximité avec papa Hachem.
La meilleure réponse à Amalek est : Hachem aime et est constamment avec chaque juif, pour lui octroyer le bien ultime. [chaque mitsva n'est pas une "punition", mais c'est un moyen à notre disposition d'être encore plus proche, encore plus lié avec D. pour l'éternité du monde à Venir, car Hachem désire que nous soyons le plus proche de Lui. Il nous aime! ]
A partir du moment où l'on sent que l'on a la chance de faire partie du cercle de proximité du Maître du monde, de la famille très proche du Roi des rois, alors on n'est plus en dehors des Nuées de Gloire du campement familial juif, et Amalek ne peut pas nous attaquer.
Nous devons être vigilants à cela, surtout dans nos périodes plus difficiles/basses spirituellement.]

[d'après le rav Moché Wolfson]

Notre vie = une succession de déplacements, à l’image des juifs dans le désert

+++ Notre vie = une succession de déplacements, à l'image des juifs dans le désert :

"Moché consigna leurs départs selon leurs déplacements sur l'ordre de Hachem, et voici leurs déplacements selon leurs départs" (Massé 33,2)

-> Nous devons nous concentrer sur le changement d'expression. La première fois, il est écrit : "leurs départs" (motsaé'ém) et ensuite "selon leurs déplacements" (lémas'éém), alors que la seconde fois : "leurs déplacements" est écrit avant "selon leurs départs".
Pourquoi les deux sont-ils inversés dans les deux parties du verset?

Il semble que la réponse soit la suivante : comme on le sait (Zohar 2,157a) tous les déplacements du peuple juif dans le grand et redoutable désert ont été ordonnés par Hachem pour extraire les étincelles saintes qui y étaient tombées dans les klipot (forces impures du mal).
C'est pourquoi le peuple juif campait à certains endroits pour une longue période, et à d'autres pour une courte durée. La durée d'un campement était déterminée par la quantité de travail nécessaire pour extraire les étincelles divines qui étaient incrustées dans ce lieu particulier.
[...]

[Dans le désert, les juifs] devaient élever toutes les étincelles qui tombaient dans ces régions [où ils passaient], en les ramenant à leurs racines respectives, au royaume de la sainteté. Tel était l'objectif principal de leur trajet dans le désert.

C'est pourquoi le verset commence par dire : "Moché consigna leurs départs".
Comme le mot pour "leurs départs" (motsaé'ém) peut également être lu comme "leurs actes de retrait", il fait allusion à l'élévation des étincelles qu'ils ont retirées du domaine du klipot (forces d'impureté).
Le verset continue ainsi : "selon leurs déplacements sur l'ordre de Hachem", ce qui signifie que ce processus a été dirigé par Hachem, et accompli par leurs voyages vers les lieux spécifiques où se trouvaient ces étincelles, en y restant jusqu'à ce que Hachem détermine que toutes ces étincelles ont été élevées.

Le verset conclut : "leurs déplacements selon leurs départs", ce qui signifie que ces déplacements du peuple juif dans le désert étaient, nous dit la Torah, principalement destinés à "leurs départs", c'est-à-dire à retirer les étincelles de l'endroit où elles étaient piégées afin de les ramener à leur source sacrée.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Massé 33,2 ]

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-> Le Baal Chem Tov affirme que chaque juif fait l'expérience dans sa propre vie, depuis le moment de sa naissance jusqu'à ce qu'il entre dans la "Terre de la Vie", des 42 déplacements que le peuple juif a effectués dans le désert. Et tout comme ces déplacements avaient pour but d'extraire les étincelles sacrées, il en va de même dans nos vies. Lorsque nous nous efforçons de le faire, toute la matérialité cède et se laisse conquérir pour entrer dans le royaume de la sainteté.
[le Déguel Ma'hané Efraïm - début Massé]

"Car D. est venu pour vous mettre à l'épreuve" (Yitro 20,17)

-> Lorsque Hachem lui-même nous déclare : "Je suis Hachem, ton D. ... Tu n'en auras pas d'autre", ces paroles Divines ont laissé une empreinte indélébile dans le cœur de chaque juif, de sorte que même le juif le moins méritant fait volontiers preuve d'abnégation pour sanctifier le nom d'Hachem.

C'est ce à quoi font allusion les mots "Car D. est venu pour vous mettre à l'épreuve", ce qui implique que Hachem lui-même a déclaré "Je suis D." afin de nous donner les moyens de résister aux épreuves de la foi.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Yitro 20,17 ]

Pourquoi Moav craignait les juifs?

+ Pourquoi Moav craignait les juifs :

"Moav fut terrifié par le peuple ... et Moav fut dégoûté par les Bné Israël" (Balak 22,3)

=> Pourquoi le verset désigne-t-il d'abord le peuple juif comme "le peuple", puis comme "les enfants d'Israël (Bné Israël)"?

-> Comme on le sait, le midrach (Chémot rabba 42,6) et le Zohar (2,191a) affirment que chaque fois que la Torah emploie le terme "peuple", elle fait allusion au érev rav.
C'est pourquoi il est dit ici que Moav fut très effrayé par le peuple, ce qui signifie qu'il fut effrayé par "le peuple", c'est-à-dire le érev rav. Moav avait peur parce qu'il voyait que partout où le peuple juif séjournait, la population locale se convertissait, comme l'avait fait le érev rav, qui s'était convertie et avait rejoint le peuple juif en Égypte.
C'est pourquoi Moav craignait que, si le peuple juif arrivait à sa frontière, certains de ses habitants se convertissent eux aussi au judaïsme.

Afin que vous ne vous demandiez pas pourquoi Moav s'en soucie, la Torah répond : "Moav a été dégoûté par les Bné Israël", ce qui signifie que Moav haïssait intensément le peuple juif.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Balak 22,3 ]

=> Les Moavites craignaient le peuple juif non pas à cause de ce qu'il pouvait leur faire, mais parce que certains des leurs pouvaient se convertir au judaïsme. La haine intense qu'ils éprouvaient à l'égard des juifs ne leur permettait pas d'envisager une telle éventualité.

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-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Balak 22,4) écrit :
Les âmes des pénitents, qui sont une sorte de "convertis", peuvent plus facilement élever les étincelles qu'une personne qui a été juste depuis sa jeunesse.
[lorsqu'une personne se repent (fait téchouva), elle élève les étincelles divines intégrées dans les aspects matériels de la vie avec lesquels elle a fauté auparavant.
De même, lorsqu'un non-juif se convertit, il élève les étincelles divines qui se trouvent dans les activités auxquelles il participait auparavant et qui sont interdites aux juifs. Une personne qui a été un juif vertueux depuis sa jeunesse n'a pas la possibilité d'élever ces étincelles.
(Néanmoins, cela ne signifie pas qu'une personne devrait délibérément choisir de fauter afin de se repentir par la suite et d'élever ainsi les étincelles qu'elle a rencontrées. Seul Hachem peut déterminer quelles étincelles ont besoin d'être élevées de cette manière, et s'Il détermine que c'est nécessaire, Il "arrangera" les circonstances nécessaires pour que cela se produise.)

Le racha Balak était effrayé par le peuple juif, parce qu'en voyageant, le peuple juif élevait des étincelles divines, et ce malfaiteur haïssait intensément tout ce qui était saint (Zohar 2,157a).
C'est l'allusion au verset "Et Moav fut dégoûté à cause du peuple juif" (v.22,3). Être juif était dégoûtant pour ce racha.

C'est l'allusion à la phrase "Moav fut terrifié par le peuple" car chaque fois que les mots "le peuple" (a'am) sont écrits, il s'agit du érev rav, des convertis au sein du peuple juif.
C'est l'allusion dans la suite de ce verset "car il était 'redoutable' [ki rav ou]" (lien entre érev rav et rav) = cela fait allusion au érev rav, les convertis. Il craignait que le erev rav ne les élève, car il était plus apte à élever les étincelles que les Bné Israël nés naturellement.

[ainsi, Balak craignait que certains membres de son peuple ne se convertissent au judaïsme, élevant ainsi les étincelles divines latentes en eux vers le monde de Beria, tout comme un animal, en mangeant de l'herbe, passe du monde de Yétsira au monde de Beria.
Une fois que ces étincelles se trouvaient dans le monde (plus élevé) de Beria, elles pouvaient alors être élevées par les juifs nés dans le monde de l'Atsilout, tout comme une personne peut élever les étincelles de yétsira dans l'herbe en mangeant l'animal qui l'a mangée.]

=> Il n'y a rien de plus terrifiant pour un dirigeant racha que la perspective de voir son peuple transformé en son antithèse, la bonté et la sainteté.
C'est pourquoi le roi de Moav était pétrifié à l'approche du peuple juif, d'autant plus qu'il était accompagné de la multitude mixte, particulièrement apte à transformer le mal en sainteté.

"Hachem est lent à la colère" (Hachem éré'h apayim - Chéla'h Lé'ha 14,18)

-> Lorsque le peuple juif a fauté en fabriquant le Veau d'or, il a transgressé D.
Ici, lorsque Moché a envoyé les espions, la faute des espions a violé la stature même du peuple juif, car elle a montré un manque de croyance qu'ils avaient le pouvoir de tout renverser, même l'affaire la plus difficile, grâce à leurs prières.

En réalité, l'attribut de compassion/miséricorde d'Hachem est basé sur Son empathie avec les mondes inférieurs, de la même manière qu'une personne riche, lorsqu'elle fait preuve de compassion envers une personne pauvre, doit d'abord compatir à la détresse de la personne pauvre afin de pouvoir ensuite lui témoigner de la compassion. Il en va de même pour l'attribut de compassion de D.

De même, l'attribut de bonté de D. consiste à nous faire trouver la faveur, la grâce, aux yeux de D.

La faute des espions reflétait un manque de croyance en cet attribut de la compassion, selon lequel D. compatit à la situation critique/difficile du peuple juif.
Il exprime également une incroyance à l'égard de Son attribut de bonté, puisque leurs actions ont été motivées par leur non croyance à l'égard du fait que nous trouvons grâce aux yeux d'Hachem.
C'est pourquoi, dans ce verset, Moché n'a pas essayé d'évoquer le trait Divin de la compassion ou celui de la bonté.

Lorsque D. a proclamé ses 13 attributs de miséricorde (Ki Tissa 34,6), il a énuméré les attributs de la compassion et de la bonté avant l'attribut de la lenteur à la colère.
A la place, Moché commença par l'attribut "lent à la colère".
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> L'empathie d'Hachem à l'égard de la situation difficile des juifs l'amène à faire preuve de compassion et de grâce à notre égard. Les espions ne croyaient pas à l'empathie d'Hachem.
C'est pourquoi, lorsque Moché plaide pour le pardon de D., il saute ces 2 attributs et commence plutôt par le suivant : "lent à la colère" (éré'h apayim).

Vayakel – L’éclat du Shabbat

+ Vayakel - L'éclat du Shabbat :

-> A la fin de la paracha précédente (Ki Tissa), les bné Israël ont vu le visage radieux de Moché Rabbénou après sa descente du mont Sinaï.
Le Kol Bo (37) note que nous nous référons à cette idée dans la Amida de Shabbath : "klil tiféret bérocho natata" (Tu as placé une couronne de gloire sur la tête [de Moché]).
Le Baal haTourim (Vayakel35,1) explique la juxtaposition de cet épisode avec le début de la paracha Vayakel, qui traite du fait de s'abstenir de travailler le Shabbath. Il cite le midrach (Béréchit rabba 11,2) : "le visage de chaque juif est radieux le Shabbath".

Le Midrach commente le verset "Vayévaré'h Elokim et yom hachévi'i vayékadéch oto" (Et D. bénit le 7e jour et le sanctifia - Béréchit 2,3) en disant que la bénédiction était le don de la manne et que la sanctification ("le sanctifia") était le don d'un visage lumineux.

-> Plusieurs anecdotes ont été rapportées à propos de rabbins des dernières générations dont le visage était visiblement différent le Shabbath.
Par exemple, le rav Isser Zalman Meltzer (1870-1953) a raconté que le visage du Nétsiv (1816-1893) dégageait une aura particulière le Shabbath. Dès qu'il faisait Havdala, cette aura disparaissait.
Le rav Shlomo Wolbe (Alé Chour II) notait que le visage du machgia'h de la yéchivah Mir, le rav Yérou'ham Lévovitz (1873-1936), était tellement transformé le Shabbath qu'en le voyant entrer dans la yéchiva le vendredi soir, un nouvel étudiant pensait que Mir avait un machgia'h spécial pour le Shabbath.

-> Le Choul'han Aroukh stipule que pour réciter les Shéva Bra'hot pour un marié et une mariée pendant les 7 jours suivant leur mariage, une personne qui n'a pas assisté à la cérémonie de mariage doit être présente. Cette personne est appelée "panim 'hadacho" (littéralement, un "nouveau visage").
Shabbath, cependant, est une exception ; un nouvel invité n'est pas nécessaire.
Le Sfat Emet explique qu'étant donné que le Shabbath, chaque juif reçoit un nouvel éclat, toutes les personnes présentes remplissent l'obligation de panim 'hadachot.

Les Tossafot (Kétoubot 7b), cité dans Choul'han Aroukh (Even haEzer 62:8), expliquent que les panim 'hadachot augmentent la joie du 'hatan et du kalla, puisque la nouvelle personne n'a pas encore fait la fête avec eux.
Le Shabbath, les jeunes mariés augmentent leur joie grâce à la nourriture supplémentaire servie en l'honneur du jour, de sorte que les Shéva Bra'hot peuvent être récitées même en l'absence d'un nouvel invité.
Pour cette raison, explique le Gaon de Vilna (Biour haGra 24), le Choul'han Aroukh ajoute que les panim 'hadachot ne sont pas requis à Yom Tov non plus.

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+ La lumière de la création

-> A première vue, la juxtaposition notée par le Baal haTourim semble purement technique : le visage de Moché s'est illuminé après avoir parlé à Hachem, et le visage de chaque personne s'illumine [automatiquement] le Shabbath.
Cependant, le rav David Goldberg (Chirat David) décèle un lien plus profond.

Nos Sages ('Haguiga 12a) nous disent qu'Hachem a créé une lumière spéciale le premier jour de la création et l'a ensuite réservée aux tsadikim dans le monde à Venir.
Néanmoins, Moché a reçu une partie de cette lumière lorsqu'il est né, c'est pourquoi toute la maison s'est remplie de lumière à sa naissance (Rachi - Chémot 2,2).
Une fois que Moché est entré dans le palais de Pharaon, l'aura a disparu, ne revenant que lorsqu'il a reçu la Torah au mont Sinaï. Pour dissimuler cette lumière céleste, nous dit le Zohar, Moché portait un masque.

[cette lumière qu'il a reçu, peut provenir de l'étude de Moché directement auprès d'Hachem ou d'un étude très approfondi de la Torah (lorsque Moché était au Ciel il a étudié constamment la Torah).
Le Ramban (fin de Chaar haGemoul), citant le Séfer haBahir, écrit qu'Hachem a mis de côté 6/7e de la lumière originelle, de la création pour le monde à Venir, plaçant le 7e restant dans la Torah.
Comme le dit le verset : "Car une mitsva est une bougie et la Torah est une lumière" (ki ner mitsa véTorah or - Michlé 6,23).
De même, le Baal haTourim (Béréchit 1,4) note que la guématria de "את האור" (ét a'or - la lumière) est égale à celle de "בתורה" (baTorah - dans la Torah), ce qui implique que la lumière réside dans la Torah.
De même, le Zohar 'hadach (Ruth 103b) affirme que la guématrie de "את האור" est de 613, le nombre de mitsvot dans la Torah.
Nous comprenons maintenant pourquoi, le Shabbath, nous disons "Yisma'h Moché bématnat 'helko", en référence à la réception de la Torah par Moché au mont Sinaï, et ensuite nous disons "klil tiféret bérocho natata", en référence à la lumière qu'il a reçue en conséquence. ]

Chaque juif peut accéder à cette même lumière le Chabbath.
[bien qu'Hachem ait réservé cette lumière aux justes (tsadikim) dans le monde à venir, tous les juifs font partie de cette catégorie. Comme nous le dit la michna (Sanhédrin 11:1) : "Tout Israël a une part dans le monde à venir. Comme il est dit : "Ton peuple est composé de justes" (vé'ameé'h koulam tsadikim - Yéchayahou 60,21)." ]
15. Comme le dit la Guemara (Berachos 57b), le Chabbath représente un soixantième du monde à venir.

Puisque Shabbath est mé'én olam haba, un semblant du monde à Venir (Shabbath représente 1/60e du monde à Venir - Béra'hot 57b), alors le rav Goldberg explique que chacun mérite une forme de cette lumière spéciale qui a été désignée pour monde à Venir et que Moshé a méritée au mont Sinaï.

Ainsi, nous voyons une raison encore plus profonde pour la juxtaposition des deux parchiyot (Ki Tissa & Vayakel) : le visage de Moché était illuminé du même éclat que celui que chacun d'entre nous reçoit chaque Chabbath.
Le Shabbath, chacun d'entre nous peut faire l'expérience du monde à Venir. Le potentiel est là ; il suffit de le saisir.

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-> Le Bné Yissa'har (maamaré haShabbatot 3:7) citent le midrach (Béréchit rabba 11,2) selon lequel Hachem était prêt à "éteindre" la lumière le premier vendredi soir de la création (suite à la faute originelle), mais en l'honneur du Shabbath, Il a attendu jusqu'à la fin du jour.
Comme le dit le verset : Hachem "bénit le 7e jour" (Béréchit 2,3). Le Bné Yissa'har suggère que cette bénédiction reste ancrée à chaque Shabbath, et que ceux qui observent le jour correctement bénéficient de cette lumière sacrée.

-> L'explication du rav Goldberg (Shirat David) met en lumière une coutume intéressante dans le Temple.
La guémara (Roch Hachanah 31a) indique que tandis que les Lévi'im accompagnaient le korban tamid (sacrifice quotidien) avec des chants tirés des Téhilim, le chant pour l'offrande de Moussaf du Shabbath était tiré de la paracha Haazinou.
Le Maharcha explique qu'étant donné que Shabbath est plus saint que les jours de la semaine, son chant provient de la Torah, qui est plus sainte que les Téhilim.

La guémara ajoute que le chant de Haazinou était divisé en 6 parties, représentées par l'abréviation : הזי"ו ל"ך.
Le Maharcha explique que cette abréviation était un "siman tov" (bon signe), puisqu'elle forme les mots hébreux signifiant "l'éclat est à toi" (aziv la'h). Cette phrase souligne le fait que la chanson chantée le Shabbath a été écrite par Moché, dont le visage rayonnait lorsqu'il est descendu du mont Sinaï.
Au vu de l'explication du Shirat David, nous pouvons ajouter que nous divisons Haazinou spécifiquement de cette manière pour montrer que le Shabbath, chacun d'entre nous peut faire l'expérience du même "ziv" (l'éclat, rayonnement) que Moché a eu.
[la guémara poursuit en disant que nous devrions diviser les montées (aliyot) de la paracha Haazinou comme elles l'ont été dans le Temple. ]

"Moché rassembla toute l'assemblée des bné Israël et leur dit : "... le 7e jour sera saint pour vous ... le jour du Shabbath".
Moché parla à toute l'assemblée des bné Israël en disant : "... prenez de chez vous un prélèvement pour Hachem, ... [la Torah liste les contributions pour le Michkan, puis sa construction]" (Vayakel 35,1-5)

-> Le Kli Yakar souligne que Moché a donné les instructions aux bné Israël en s'écartant apparemment de l'ordre avec lequel les instructions lui ont été données par Hachem.
Paracha Térouma et paracha Tétsavé, ainsi que la première section de Ki Tissa, détaillent la manière et l'objet de la construction du Michkan. Dans ces chapitres (25-31,11), Hachem a donné à Moché les instructions qu'il devait transmettre aux bné Israël.
Le compte rendu de l'action de Moché de ces instructions d'Hachem, et de leur exécution des par les juifs se trouve dans les parachiyot de Vayakel et Pékoudé (chapitres 35-40).

Cependant, vers la fin du chapitre 31 (versets 12-17), Hachem a donné à Moché une instruction supplémentaire pour les juifs : les lois du Shabbath. Moché avait reçu l'ordre d'Hachem de parler aux juifs d'abord du Michkan, puis du Shabbath.
=> Alors pourquoi Moché a-t-il inversé l'ordre dans Vayakel, en transmettant d'abord les lois du Shabbath (35,1-3), puis en donnant les détails de la construction du Michkan?

Le Kli Yakar (Vayakel 35,2) explique que les objectifs du Shabbath et du Michkan sont très différents.
Le Shabbath n'honore rien d'autre qu'Hachem. Il montre qu'Il a créé le monde. Il ne met pas en valeur ou ne promeut pas la gloire ou l'honneur des bné Israël.
D'un autre côté, l'existence même du Michkan a prouvé qu'Hachem voulait résider parmi les juifs. Il leur a pardonné le faute du Veau d'or et a voulu avoir une maison avec eux ; pour Hachem, les juifs sont importants!

==> Le Michkan montre comment les juifs sont honorés par Hachem, tandis que le Shabbath montre comment Hachem est honoré par eux.

Hachem, dans Son amour pour les juifs, plaça le Michkan en premier. Il ordonna à Moché de parler aux bné Israël d'abord des lois du Michkan, puis de celles du Shabbath.
Moché s'y opposa. Les pensées d'un juif doivent avant tout être tournées vers l'honneur et la gloire d'Hachem. Tout d'abord, il a parlé aux juifs (au début de Vayakel) du Shabbath. Ils doivent toujours être conscients du Créateur. Ce n'est qu'ensuite qu'ils peuvent envisager de se concentrer sur le Michkan, qui reflète l'honneur d'Israël (à quel point tout juif est important et aimé par papa Hachem), avec qui Hachem a choisi de résider.

Le haKtav véhaKabbala (Mikets 44:5) note que les mots 'hochen et na'hach (serpent) ont les mêmes lettres, peut-être pour souligner le contraste entre les deux : le na'hach a été la première créature à donner de mauvais conseils ; purement égoïste (voir Rachi - Béréchit 3,1), le serpent a introduit l'impureté dans le monde.
Le 'hochen, qui abritait les Ourim véToumim, dispensait des conseils purs et désintéressés qui favorisaient la sainteté dans le monde.

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-> Selon le Maharal (Nesiv Lev Tov) pour mériter le roua'h hakodesh nécessaire à l'utilisation des Ourim véToumim, il faut avoir un bon coeur.

Notre confiance en D. réveille Sa bonté à notre égard

+ Notre confiance en D. réveille Sa bonté à notre égard :

"Moché et le peuple juif chantèrent (litt. chanteront - "yachir" = verbe au futur) ce chant à Hachem, et ils parlèrent en disant" (Béchala'h 15,1)

-> Le midrach (Chémot rabba 23,1) dit à propos de ce verset :
Il est écrit : "Tu es éternel ; Ton trône est établi depuis toujours [méaz, littéralement, "depuis toujours"].
Rabbi Bérékhia dit au nom de Rabbi Abahou : "Bien que Tu sois éternel, Ton trône n'était pas fermement établi, et Tu n'étais pas connu dans Ton monde avant que Tes enfants ne récitent le chant [à la mer Rouge]." C'est la signification de "Ton trône a été établi à partir de ce moment-là" (na'hon kissé'ha méaz).
[ en d'autres termes, "Ton trône est établi depuis (mé'az)" = depuis le chant entonné lors de l'ouverture de la mer Rouge, qui commence par le mot "alors" (az yachir). ]

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-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) enseigne :

Si une personne est certaine que Hachem pourvoira à tous ses besoins, alors toutes ses demandes seront satisfaites par le Ciel.
Mais si une personne se préoccupe continuellement de ses moyens de subsistance et de la subsistance (parnassa) de sa famille, alors ses moyens de subsistance seront réduits par le Ciel.
Hachem agit alors comme l' "ombre" de la personne, prenant exemple sur son comportement, et lui fournit ses moyens de subsistance. De même que la personne s'en remet à D. pour qu'Il réponde à tous ses besoins, de même D. lui fournit tous ses besoins.

Lorsque la mer Rouge s'est ouverte, il y a eu un éveil préalable par le bas. Le peuple juif a amélioré son comportement en raison de sa grande foi (émouna) et de sa confiance (bita'hon dans le fait que D. les sauverait, ce qui a suscité la miséricorde d'Hachem à leur égard.
Puisqu'ils avaient la foi que D. les sauverait, il leur vint à l'esprit de chanter ses louanges avant même leur salut effectif.
["Moché et le peuple juif chanteront (az yachir) ce chant à Hachem". Le rabbi de Berditchev explique l'emploi du futur (chanteront, plus que chantèrent ce chant) ainsi : la tribu de Yéhouda (menée par leur nassi Nahchon ben Aminadav) est entrée dans la mer avec la certitude que D. accomplirait un miracle pour le peuple juif et qu'ils allaient ensuite chanter (az yachir) en réponse à ce miracle.
de même, juste avant le chant il est écrit : "ils ont eu confiance en Hachem et en Moché Son serviteur" (vayaaminou b'Hachem ...) = selon le rabbi de Berditchev, cela signifie qu'avant d'être sauvé (à la mer Rouge), les juifs sont parvenus à une certitude que Hachem allait réaliser des miracles et des merveilles.
(on fait au mieux notre hichtalout, avec la certitude que Hachem fait et peut tout!) ]

... lorsqu'il y a un éveil de notre part en bas (ex: par une émouna/bita'hon accrue), notre effusion émotionnelle incite Hachem à traiter le peuple juif avec Ses caractéristiques de bonté, de compassion et d'amour bienveillant.

De même, le mot "alors" (az [yachir]) indique que nous étions convaincus que Dieu séparerait la mer avant qu'elle ne se sépare, et qu'ensuite nous chanterions un chant accompagné de tambourins, comme expliqué plus haut. C'est ce qu'implique le mot "alors" (az).
Cette confiance a servi de "réveil d'en bas", de "Trône" de l'Attribut d'en haut, afin que Hachem accomplisse à son tour le miracle de la séparation de la mer Rouge.
... Cette confiance a servi de "trône", c'est-à-dire de support, sur lequel Hachem a accompli le miracle.

C'est la signification sous-jacente du verset : "Ton Trône a été établi dès lors, Tu es d'éternité" (na'hon kiss'akha mé'az - Téhilim 93,2) = que le trône a été établi depuis "alors" (mé'az), c'est-à-dire depuis l'époque où nous avons eu foi dans le salut de D., comme nous l'avons expliqué.
Nous pouvons maintenant comprendre la signification profonde de la clause qui conclut ce Téhilim : "Tu es d'éternité" (méolam ata). Lorsque Hachem accorde Sa grande bonté aux mondes inférieurs sans être incité à le faire par un éveil préalable venant d'en bas, cette bonté est désignée comme existant "depuis les jours d'autrefois" (mimé kédem - Mikha 7,20).
Mais lorsque le peuple juif, par ses bonnes actions, éveille Sa bonté, Sa compassion et Sa générosité céleste, cette générosité est appelée "bonté du monde" ('hassdé olam - voir téhilim 89,2).
Il s'agit d'une bonté que D. accorde en raison de nos actes accomplis dans ce monde. Les actes des résidents de ce bas monde engendrent cette bonté. [voir Zohar 3:134b].
C'est ce que signifie la phrase "Tu es d'éternité" (méolam ata), qui se lit littéralement : "Tu es du monde". "Tu" = Ta bonté, est "du monde".
Le peuple juif, habitant du monde inférieur, suscite le flux de la bonté de D.

Cela explique mieux le verset "Ton trône fut établi à partir de ce moment-là".
En faisant confiance à Hachem pour qu'il accomplisse un miracle, le peuple juif a engendré cette bonté, qui s'est ensuite répandue dans le monde.
C'est ainsi que le verset continue : "Tu es du monde", ce qui traduit l'idée que la bonté de D. est suscitée par les actes des habitants de ce monde.