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"Et le Cohen la fera fumer sur l’autel, comme odeur agréable à Hachem. Le Cohen fera ainsi expiation pour lui, et il lui sera pardonné" (Vayikra 4,31)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Le midrach (Tanhouma 96,4 et Yalkout Chimoni Vayikra 7,493) raconte que lorsqu’Hachem a donné la paracha des Korbanot (sacrifices) à Israel, les nations se sont réunies autour de Bil’am et lui ont demandé pourquoi Hachem ne leur a pas également ordonné à eux de se faire pardonner de leurs fautes à l’aide des Korbanot.
Pour comprendre la réponse, il nous faut savoir comment fonctionnent les Korbanot. Il est ridicule de croire qu’en sacrifiant une pauvre bête innocente la faute du juif va être pardonnée par magie, au contraire il rajouterai encore la mort de l’animal à ses fautes existantes.
Par contre quand le juif prend conscience de son erreur et l’abandonne, qu’il fait une réelle téshouva. Alors quand il sacrifie cet animal, il prend conscience que c’est lui-même qui méritait d’être égorgé et son sang versé sur l’autel en expiation de sa faute, et comme il vit en pensée que c’est à lui qu’on fait ce que subit l’animal, là, Hachem accepte sa pensée où il se sacrifie lui-même et accepte alors l’animal à sa place.
Or, le Talmud Yérouchalmi (Péah 1a) nous enseigne que seul aux Bné Israel, Hachem accepte leur pensée comme s’ils avaient accompli l’acte, mais pas aux nations. La raison en est que la source de l’âme du juif est du monde de la Béria, qui est le monde de la pensée, tandis que la source des âmes des nations est le monde de l’Assia, celui de l’action. C’est pour cela que les juifs peuvent s’acquitter d’une action par la pensée, mais pas les nations.

=> Il en ressort que si un juif fait un Korban il prend toute sa valeur et peut effectuer l’expiation de la faute grâce à la force de la pensée qui lui a été donné de part la nature de la racine de son âme, et ce don ne peut être fait aux nations qui doivent se limiter à l’action, et dans ce cas ce n’est pas un animal innocent qui prendra leur place.

"Ceci est la règle de l’holocauste. C’est le sacrifice qui se consume sur le brasier de l’autel, toute la nuit" (Tsav 6,2)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
On peut voir dans ce verset une allusion à propos de la faute de bitoul Torah et de sa réparation.
Il est connu que l’homme par cette faute chasse les lettres Youd et Hé du nom Elohim (אלהים), ce qui laisse les lettres du mot : "ilem" (muet), car l’essentiel de cette atteinte à ce nom est par le dénigrement de l’étude de la Torah (le bitoul Torah).
La conséquence en est que les anges qui veulent dirent du bien de nous et nous protéger dans le tribunal céleste deviennent muets (ilem), que D. nous en préserve.
Dans le nom Adnout (Ado-nay - אדני) la faute du bitoul Torah entraine la perte du Alef, car le Alef veut dire enseigner et provient du nom Ehyé qui vient de la Bina, d’où vient également la Torah. Et il reste alors les lettres du mot "Din" (le jugement).

On sait aussi que la Torah est appelée "zot" comme dans le verset : "vézot haTorah acher sam Moché".
C’est la Kavana de notre passouk:
- "zot Torat ha’Ola" = le limoud haTorah (l'étude de la Torah) remonte, c’est-à-dire répare,
- "hi ha’Ola" (הִוא הָעֹלָה) = les lettres Hé, Youd et Alef reprennent leur place dans les noms Divins.
Et cette réparation des nom Divins, qui effacent les jugements et redonne leur voix aux anges défenseurs ne peut se faire qu’à l’aide de l’étude de la Torah.

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-> Le Ben Ich 'Haï fait un autre commentaire sur ce verset :
Le mot "Ola" (l’holocauste) veut dire aussi "monter" et est de la même racine que le mot "méoulé" (supérieur).
D’autre part, il est connu que la Torah qui est étudiée "lichma" (au nom de la mitsva) sans motivation extérieure et profane, est la seule Torah qui peut monter jusqu’au trône Divin.

Ce qui nous donne une lecture plus profonde de ce verset :
- "zot Torat ha’Ola" = voici quelle est la Torah "méoula" (supérieure)?
- hi ha’Ola" = celle qui est étudiée lichma et qui va monter,
- "al mokda" = Sur le brasier, c’est-à-dire, la Torah qu’on étudie avec feu et chaleur,
- "al haMizbéa’h" = sur l’autel. C’est la Torah étudiée avec coeur, car les dimensions ajoutées de l’autel font 32 Amot, 32 la valeur numérique de "lev" (coeur),
[dimension : 4 arêtes verticales de 3 amot et 4 horizontales de 5]
- "kol halaïla" = toute la nuit, celui qui étudie la Torah selon ces critères s’y investit tellement de toutes ses forces qu’il continue d’y penser même la nuit dans son lit au moment de s’endormir.

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-> "Il appuiera sa main sur la tête du ‘Ola (holocauste) et il lui sera agréée pour le pardonner" (vessama'h yado al roch aOla, vénirtsa lo lé'haper alav - Vayikra 1,4)

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Dans ce verset on peut voir en allusion une précision sur l’idée largement répandue que l’étude de la Torah amène le pardon aux fautes de l’homme.
En effet le Ola est aussi une allusion à la Torah qui s’élève constamment sans ne jamais redescendre. Et le terme "vessama'h yado" veut dire qu’il atteindra son but "al roch aOla" dès le début de son étude de la Torah, c’est celui qui étudie la Torah "lichma" (au nom de la mitsva) et pas pour une motivation extérieure, comme pour devenir sage, rabbin ou n’importe quelle autre raison.
Car celui qui étudie pour un but autre n’atteindra ce but que quand les conditions seront requises, tandis que celui qui étudie "lichma", est déjà rendu dès la toute première seconde de son étude.
=> Et c’est le secret de ce verset, c’est cette étude "lichma" de la Torah qui amène "lé'haper alav" le pardon de ses fautes.

L’erreur de Kora’h = la non appréciation de la valeur de chaque juif

+ L'erreur de Kora'h = la non appréciation de la valeur de chaque juif :

"Et il ne sera pas comme Kora'h et son assemblée" (Kora'h 17,5)

=> La Torah nous demande de ne pas suivre l'exemple de Kora'h. Mais quelle est la racine de son erreur qui la pousser à causer une telle discorde?

-> Hachem a créé un monde dans lequel il ne manque rien et qui est rempli d'êtres prodigieux. Chacun a un rôle particulier et exclusif à remplir dans ce monde et doit servir Hachem avec ses moyens et à son niveau et, grâce à cela, accomplir la mission pour laquelle il a été envoyé ici-bas.
L'homme le plus simple qui assume cette mission avec dévouement a la même valeur aux yeux d'Hachem qu'un homme important qui remplit son rôle à un poste élevé.

Rabbi David de Lalov explique d'après cela que si Kora'h avait pris conscience qu'en servant Hachem dans les tâches les plus subalternes, il était considéré par Hachem de la même manière que le Cohen Gadol qui entre dans le Saint des Saints, il n'aurait jamais entamé cette dispute.
L'unique raison qui le poussa à cette folie fut qu'il s'imaginât à tort qu'il existait une quelconque différence entre le service des personnes de haut rang et celui des simples juifs.

-> L'homme qui occupe un rang élevé n'a aucune raison de s'enorgueillir de sa situation, et cela pour plusieurs raisons : premièrement, qui dit qu'il procure plus de plaisir au Créateur du monde qu'un simple juif?
Le rav Tsvi Hirsch de Ziditchov explique qu'il est écrit : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux comme la récolte de la grange et comme le produit du vignoble. » (Kora'h 18,27).
Bien que la Trouma (prélèvement sanctifié à D.) soit la partie consacrée de la récolte, elle ne tire de cette position aucune prétention particulière face au reste des fruits demeurés profanes. Elle sait que la sainteté dont elle est empreinte n'est due à aucune filiation ni qualité intrinsèque.
Il en est de même pour nous : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux", l'homme qui occupe un rang élevé, dans la Torah ou dans son travail, doit être à ses propres yeux comme cette Trouma que la Torah met au même niveau que "la récolte de la grange et le produit du vignoble".
Car elle-même n'a été dénommée Trouma que parce qu'Hachem en a décidé ainsi et non pas grâce à un quelconque mérite personnel.

-> Le rav Elimélé'h Biderman écrit : Hachem ne retire aucune satisfaction de quelqu'un qui cherche à atteindre des niveaux qui ne correspondent en rien au rôle qui est le sien ici-bas.
[Hachem attend de nous que nous agissions chacun du mieux de nos capacités, Hachem désire que nous remplissons notre mission unique pour laquelle nous avons été envoyée dans ce monde. Chacun a les outils et les potentialités qui lui sont nécessaires, et devra rendre des comptes en conséquent. Plutôt que de sans cesse voir chez autrui, on doit se comparer à soi-même et à ce qu'on pourrait être et faire de notre vie. ]

-> Rabbi Bounim de Pshis'ha rapporte que Kora'h aspirait à prier dans le Saint des Saints comme le Cohen Gadol.
Il n’avait pas compris que l'on pouvait prier exactement de la même manière en tout endroit.
(Certes, les lieux saints conservent toute leur valeur. Cependant, une personne qui est dans l'impossibilité de quitter l'endroit où elle se trouve doit savoir qu'elle peut prier avec la même force de là où elle est).

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-> Le Arougat Habossem explique la formule qu'employa Avraham lorsqu'il fit prêter serment à son serviteur Eliézer : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre" ('Hayé Sarah 24,3) en commentant au préalable le verset : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre pour qu'ils siègent auprès de Moi" Téhilim (101,6).
Pourquoi emploie-t-on ici l’expression "fidèles de la terre" et non point "fidèles de l'esprit"?

La guémara (Roch Hachana 11a) rapporte que Rabbi Yéhochoua Ben Lévi enseigne : "Tous les êtres furent créés au moment de la Création selon leur taille définitive, avec leur connaissance et selon leur nature propre".
Rachi explique le terme de ''connaissance'' dans le sens de consentement : Hachem demanda à chaque créature si elle consentait à être créée de cette manière et toutes répondirent par l'affirmative".
Cela concerna même la terre. Elle ne s'opposa pas en disant : "Maître du monde, pourquoi les cieux et tout leur cortège sont-ils proches de leur Créateur et dois-je, moi, être forcée de demeurer une créature matérielle formé de matière grossière".
Elle accepta au contraire la décision d'Hachem de bon coeur en disant : "Si telle est la volonté du Créateur, je l'accomplirai de plein gré". Cela apparaît d'ailleurs en allusion dans le terme הארץ (la terre) qui contient les lettres רצ racine du verbe vouloir.
Elle fut ainsi dénommée, affirme le midrach (Béréchit rabba 517) "car elle voulut accomplir la Volonté Divine".

Le Arougat Habossem explique que la soumission de la terre au plan Divin est pour nous une leçon. Un homme ne doit pas énoncer de plaintes telles que : "Pourquoi contrairement aux autres suis-je incapable de m'assoir étudier et de servir Hachem de cette manière? Pourquoi n'ai-je pas été doté d'un esprit vif et aiguisé? Si j'avais été ainsi créé, j'aurais pu mieux servir Hachem".
Car si le Créateur de tous les mondes a prévu de le créer avec cette nature, il est certain qu'il ne peut parvenir à se réaliser entièrement que grâce à celle-ci.
Il n'y a à cela qu'une seule condition : s'en remettre avec confiance à la volonté d'Hachem.
=> C'est pourquoi le verset des Téhilim dit : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre". Car le Créateur chérit particulièrement ceux qui se conduisent avec intégrité, à l'instar de la terre, en soumettant leur volonté à la Sienne. Ils sont satisfaits de la manière dont ils ont été créés pour remplir leur rôle dans ce monde.

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-> A partir de cela, poursuit le Arougat Habossem, on peut comprendre l'épisode de Avraham et d'Eliézer : lorsque Avraham envoya son serviteur afin qu'il trouve une épouse pour son fils Its'hak, Eliézer lui dit : "Peut-être ne viendra-telle pas?" (oulaï lo télé'h - אֻלַי לא תלך - 'Hayé Sarah 24, 39).
Nos Sages (midrach Béréchit rabba 59,9) nous enseignent que le mot "oulaï" (אֻלַי - peut-être) est écrit sans vav et peut être lu "élaï" (אֵלַי - vers moi). Il vient évoquer qu’Eliézer avait une fille qu'il désirait marier à Its'hak.
Mais Avraham lui répondit que son fils était d'une descendance bénie alors qu’Eliézer était d'une descendance maudite. Toutefois, Eliézer, même après ce refus, lui demeura entièrement fidèle, comme il l'avait toujours été.

C'est à propos d'une telle attitude qu'Avraham lui dit : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre". Car Eliézer mérita alors de comprendre que ceux qui servent Hachem au simple niveau du ''D. de la terre'' (qui est celui de la descendance de Canaan dont il est issu) ont autant de valeur aux yeux d'Hachem que ceux qui le servent au niveau élevé de "D. du Ciel'' (qui est celui d'Avraham issu d'une descendance bénie).
Eliézer apprit cet enseignement de la terre qui accepta de bon gré de remplir sa mission afin de satisfaire la volonté Divine malgré le rôle purement matériel qui lui fut imparti.
Il est d'ailleurs notable de constater que lorsqu'Eliézer fut en route pour accomplir sa mission, nos Sages nous enseignent que la terre ''sauta à sa rencontre'' (et lui raccourcit ainsi le trajet). Car Eliézer se para alors de la même vertu que cette dernière : accomplir avant tout la Volonté Divine.

Il est écrit au sujet de Kora'h : "La terre ouvrit sa bouche" (Kora'h 16,32).
Il ne comprit pas que celui qui sert Hachem à son niveau est considéré au même titre que le Cohen Gadol dans le Saint des Saints. Il s'entêta à vouloir lui-même être le Cohen Gadol.
C'est pourquoi c'est la terre elle-même qui s'ouvrit pour l'avaler afin de lui montrer son erreur : il n'y a pas de rôle supérieur à un autre pour Hachem.

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-> La guémara (Pessa'him 50a) rapporte que Rav Yossef, le fils de Rabbi Yéhochoua Ben Lévi, tomba gravement malade au point que son âme quitta son corps. Lorsqu'il reprit vie, son père lui demanda : "Qu'as-tu vu (dans l'au-delà)?
- J'ai vu un monde à l'envers, lui répondit-il, ceux qui sont en haut (ici bas), en bas, et ceux qui sont en bas, en haut.
- Mon fils, tu as vu un monde de clarté".

=> A priori, cette guémara suscite une interrogation : est-ce que Rav Yossef pensait vraiment que les gens ''de la haute société'' dans ce monde occupent également un rang élevé dans le monde d'En-haut grâce à leur richesse? Ignorait-il qui sont véritablement les grands hommes de ce monde ?
Dans ces conditions, comment put-il dire ''j'ai vu un monde à l'envers'', ce qui laisse à penser que tant qu'il était vivant, il s'était trompé?

Le Mabit (dans l'introduction à son ouvrage Beit Elokim) explique qu'il est certain que Rav Yossef ne pensait nullement aux gens d'un niveau élevé du point de vue matériel.
C'est aux personnes de haute stature spirituelle qu'il pensait en parlant de "ceux qui sont en haut".
Néanmoins, en quittant quelques instants la vie terrestre, il vit que certains d'entre eux considérés comme inférieurs à d'autres leur étaient en vérité supérieurs.

Prenons l’exemple d’un homme qui étudie 10 heures par jour alors que son ami n'étudie que 5 heures.
Dans ce monde, on donnera la préséance et les honneurs au premier parce qu'il étudie le double du deuxième. Mais, dans le monde de Vérité, on réalisera que "ceux qui étaient en haut sont en bas et ceux qui étaient en bas sont en haut".
C'est pourquoi lorsqu'il revint dans ce monde, Rav Yossef s'écria : "j'ai vu un monde à l'envers" car cela lui semblait illégitime.
"Mon fils, tu as vu un monde de clarté", lui répondit son père, car celui que tu as vu étudier dix heures était capable en fait d'en étudier douze, suivant son niveau. Il n'avait donc pas exploité entièrement toutes ses capacités dans ce monde.
En revanche, le 2e était réellement dans l'incapacité d'étudier plus que 5 heures par jour, du fait de ses possibilités intellectuelles plus réduites ou parce qu'il était affairé pour pourvoir aux besoins matériels de sa famille.
Dès lors, il est tout à fait légitime qu'il soit considéré comme plus grand que son ami, car il a rempli entièrement le rôle qui lui était imparti. En revanche, ce dernier, bien qu'ayant étudié beaucoup plus d'heures que lui, aurait pu étudier davantage d’après ses capacités.
Car Hachem ne se comporte pas de manière impartiale envers Ses créatures mais il considère les actes de chacun avec exactitude en fonction de ses réelles capacités.

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-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav MéEliahou) illustre ce qui précède par une parabole.
Un roi possédait de nombreux sujets et serviteurs. Chacun avait pour rôle de louer le roi. Imaginons que le premier d'entre eux entre chez ce dernier de bon matin la bouche remplie d'hommages envers le souverain en louant sa bonté immense, lui qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets ...
Le 2e serviteur entre après lui et loue à son tour la bonté immense du roi qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets. Puis entre le 3e serviteur qui répète les mêmes compliments que ses prédécesseurs et ainsi de suite pour le 4e, le 5e, ...
Il est clair pour tout le monde que cette procession ne constitue nullement un hommage pour le roi et que celui-ci ne retire aucun plaisir de ce cérémonial idiot.
L'honneur du roi ne s'exprimera que dans la mesure où chacun le louera par une qualité différente, l'un témoignera de sa sagesse, le 2e de sa puissance, ...
Hachem a créé un tel monde rempli d'une multitude infinie de créatures dans un but unique : afin que Son Grand Nom soit glorifié et sanctifié, comme il est dit : "Toutes les actions d'Hachem sont pour Sa Gloire" (Michlé 16,4).
Et si chacun a été créé avec un caractère différent, c'est précisément afin qu'il satisfasse son Créateur selon ses qualités personnelles et c'est de cette manière que le Nom d'Hachem est glorifié.
C'est d'ailleurs dans ce sens que certains ont expliqué la Michna (Pirké Avot 1,15) : ''si je ne suis pas pour moi-même qui sera pour moi'' (im en ani mi li) = car si je ne suis pas pour moi-même qui d'autre que moi peut remplir mon rôle et la mission qui m'a été confiée puisque chacun a été créé différemment des autres pour apporter sa part dans la glorification du Nom divin?

[commencer à vouloir être quelqu'un d'autre, à vouloir avoir d'autres outils, objectifs dans la vie, c'est d'une certaine façon ne pas accepter le rôle unique que Hachem nous a accorder (il nous connaît infiniment mieux que nous!). Plutôt que d'agir, on va passer son temps à se dire : si seulement j'avais, si seulement j'étais comme tel personne, avec telle ressources, ... alors là je donnerai mon potentiel, je serai heureux ..." C'est le yétser ara développe cette attitude pour que nous passions à côté de notre vie.
Mais aux yeux d'Hachem, si je fais 100% de ce que j'ai à faire, alors je suis équivalent au Cohen Gadol, au Gadol hador, qui fait 100% de ce qu'il a à faire. ]

"Un feu continuel (éch tamid) sera entretenu sur l’autel, il ne devra point s’éteindre" (Tsav 6,6)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
La guémara (Béra'hot 26b) nous dit que les 3 prières journalières ont été instaurées pour remplacer les sacrifices, et il est connu (guémara Taanit 2a) que l’endroit essentiel de la prière est le cœur (pour exclure la bouche qui n’est que l’organe exécutant). Il en ressort que c’est donc le cœur qui vient remplacer les sacrifices par l’intermédiaire de la prière.
On peut voir une allusion à ce concept dans les dimensions du Mizbéa’h (l’autel), si on les additionne (4 arêtes verticales de 3 amot et 4 horizontales de 5) on obtient 32 qui est la valeur du mot "lev" (le coeur), et si on écrit le mot "lev" (לב) plein, c’est à dire de chaque lettre on fait un mot, donc lév qui s’écrit lamed beit, devient lamed mèm dalet et bet youd tav. On leur enlève les lettres de "lev" (לב) pour ne garder que le "remplissage", il nous reste les lettres mem dalet youd tav qui forment le mot "Tamid" (sacrifice journalier).

=> C’est l’allusion de notre verset en disant "un feu perpétuel" (ech tamid), il parle de la prière qui viendra remplacer les korbanot (sacrifices), et quand il dit "sur l’autel" (al amizbéa’h) il faut lire "au-dessus de l’autel" pour nous dire que l’autel de pierre fait partie du règne minéral, tandis que l’autel de chair, le cœur (lev), lui fait partie du règne de l’humain, tout en haut. Et celui-là, "Il ne s’éteindra pas" (lo tichbé) même après la destruction des Temples et pendant l’exil, le feu de cet autel là ne peut pas s’éteindre tant que les juifs prennent à cœur de prier à Hachem.

"(Moché envoya) Mille par tribu, mille pour chacune des tribus" (Matot 31,4)

-> "Et les princes des tribus, Moché ne les envoya pas avec eux, afin de ne pas faire honte à la tribu de Chimon dont le prince de tribu avait été tué dans l'épisode de Zimri (et qui n'avait donc pas de prince à envoyer)." [Baal Hatourim verset 6]

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Ce commentaire du Baal haTourim vient nous enseigner une leçon de
conduite à propos du respect d'autrui. Même si, en effet, il aurait semblé plus stratégique d'envoyer les Grands de la génération accomplir la mitsva de combattre Midian, cependant, Moché s'en abstint afin de ne pas provoquer une peine et une humiliation à autrui, bien que la tribu de Chimon ne fusse pas entièrement innocente dans l'histoire de Zimri (cf. la guémara Sanhédrin 82a et Rachi sur le verset 26,13).
=> De là, nous apprenons à quel point chacun doit veiller à ne pas causer de honte ni de peine à son prochain, même si le bon droit est de son côté.

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-> La guémara (Yérouchalmi Demaï 1,2) rapporte qu'un jour, Rabbi Pin'has Ben Yaïr dut traverser le fleuve Guinaï. Il se tint sur la berge et donna l'ordre aux eaux de lui laisser le passage. Et de fait, celles-ci s'élevèrent comme lors de l’épisode de la mer Rouge, ce qui lui permit de traverser le fleuve à pieds secs. Ses disciples lui demandèrent alors s'ils étaient, eux aussi, dignes de bénéficier du même miracle et que les eaux se transforment également en murailles.
"Celui, leur répondit-il, qui peut témoigner n'avoir jamais fait de peine à un juif de sa vie, celui-là est digne que le fleuve se fende pour lui".

=> On peut apprendre de là que celui qui fait attention à ses paroles et qui veille à ne vexer personne, en paroles ou en actes, est comparé aux 600 000 Bné Israël par le mérite desquels la mer Rouge se fendit, et qu'il est digne, dans le Ciel, de bénéficier de grands miracles.

La force de la prière

+ La force de la prière :

"J’apaiserai les plaintes que les enfants d'Israël émettent sur vous" (Kora'h 17,20)

=> Une question se pose à la lecture de la révolte de Kora'h. Lui et une grande partie du peuple se sont mis à contester l'authenticité de Moché, le suspectant d'avoir nommé Aharon comme Cohen Gadol de son propre chef et que ce n'était pas la décision d'Hachem. Mais comment une telle chose a pu être possible alors que la Torah ait dit clairement lors du don de la Torah qu'Hachem parla à Moché devant tout le peuple afin qu' "ils croient en toi à tout jamais "? Comment tant de personnes ont-ils pu donc douter de Moché?

-> Le Rav 'Haïm Kanievski explique qu'en fait, il est évident que tout le peuple avait foi en Moché et personne n'a osé penser qu'il n'ait fait quoi que ce soit de lui-même, sans la Décision Divine, conformément à ce qui a été promis au moment du don de la Torah.
Malgré tout, ils avaient aussi conscience de la force et de la puissance de la prière, qui a le pouvoir d'influer sur la Volonté d'Hachem.
Par la prière, un juif peut annuler un mauvais décret et il peut même obtenir qu'Hachem prenne une décision en conformité avec ce qu'il a demandé dans sa prière.

=> Ainsi, ce que le peuple a suspecté, c'est que Moché a imploré et a prié Hachem pour qu'Il nomme Aharon comme Cohen et que Hachem ait accepté sa demande et que de ce fait, il ait enjoint que Aharon soit le Cohen.
Aussi, Kora'h a reproché à Moché de ne pas avoir prié et imploré Hachem pour qu'Il le nomme lui en tant que Cohen. Mais en réalité, il n'en était rien. Ce n'était pas la prière de Moché qui a déterminé qu'Aharon soit le Cohen Gadol, mais c'était le fait que celui-ci était le plus apte à ce poste, du fait de ses qualités et mérites personnels.

==> Malgré tout, nous voyons de là combien le peuple était conscient de la force de la prière. Elle a la force de tout déterminer et d'obtenir la réalisation de toutes nos demandes.

La force de la prière

+ La force de la prière :

"Pour la tribu de Ephraïm, Hochéa Bin Noune ... pour la tribu de Yossef formant celle de Ménaché, Gadi Ben Soussi" (Chéla'h Lé'ha 13,8-11)

-> Le Arizal (Chaar haPsoukim) fait remarquer qu'au sujet de Ménaché, est mentionnée également la tribu de Yossef (comme pour toutes les autres tribus qui sont toutes affiliées aux fils de Yaakov), alors que ce n'est pas le cas d'Efraïm.
Il explique que Hachem désirait protéger les explorateurs de la faute et les préserver de la mort ; à cette fin, il associa à chacun d'entre eux le chef de la tribu (grâce à ce qui est nommé dans la kabbale "ibour néchama" (עיבור נשמה) : "la transplantation d'une âme").
Par exemple, au prince de la tribu de Réouven, Chamoua Ben Zakhour, il associa l'âme de Réouven, fils de Yaakov ; à Chafat Ben 'Hori, prince de la tribu de Chimon, l'âme de Chimon, fils de Yaakov, et de même pour chaque tribu.
Or, lorsqu'Il arriva à la tribu de Yossef, qui, étant scindée en deux, envoya deux explorateurs, Il associa l'âme de Yossef à celle de Ménaché, fils de Yaakov, à celle de l'explorateur de cette tribu.
Mais, il n’associa aucune âme à l'explorateur de la tribu d'Efraïm.
Constatant la dangereuse situation dans laquelle se trouvait son disciple Yéochoua, Moché pria afin qu'il n'échoue pas dans sa mission. Et par le mérite de cette prière, il lui fut associé l'âme de Lévi (puisque la tribu de Lévi n'envoya aucun explorateur).

Finalement, ajoute le Arizal, tous les princes de tribu fautèrent, à l'exception de Kalev et de Yéochoua qui furent, seuls, sauvés par le mérite de la prière :
- au sujet de Kalev, la guémara (Sota 34b) rapporte au nom de Rava : "Kalev fuit les mauvaises intentions des explorateurs et alla se répandre en prières sur le tombeau des Patriarches ; il leur dit : "Mes pères intercédez pour moi afin que je sois préservé des funestes desseins des explorateurs!"" (cf également dans le
Zohar 158b).
- Yéochoua, grâce au fait que Moché pria pour lui fut préservé de leurs mauvais conseils (ce qui lui fit mériter d'être associé à l'âme de Lévi).

-> Le rav Elimélé'h Biderman conclut :
Ce qui précède nous montre la valeur de la prière. Le péril qui guettait les explorateurs était, en effet, tellement grand que même leur associer l'âme sainte du chef de la tribu ne suffit pas à les protéger de leurs funestes desseins.
Et néanmoins, Yéochoua et Kalev furent sauvés grâce à la prière.
=> Cela nous enseigne que la prière est encore plus efficace que le mérites des Pères.

Nos étapes et tribulations font l’objet d’un calcul précis d’Hachem

+ Les étapes de l’existence et les tribulations d’un homme font l’objet d’un calcul précis d'Hachem :

"Voici l’itinéraire des Bné Israël ... Moché inscrivit leurs départs et leurs stations sur l’ordre d’Hachem ; voici donc leurs stations et leurs départs" (Massé 33,1-2)

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La Torah est éternelle. Aucun récit d’événements ne s’y trouve gratuitement, mais tout ce qui y est consigné l’est pour toutes les générations, afin de nous enseigner les voies de la vie.
Il en est de même de cette paracha (Massé) qui vient nous apprendre le thème des tribulations de l’existence. Quels que soient les événements qu’il traverse dans sa vie, quels que soient ses pérégrinations et les changements qu’il subit, un juif peut parfois être assailli de doutes et de mauvaises pensées : "Voici ce qui m’est arrivé pour avoir voyagé à tel endroit, pour avoir rencontré un tel, pour avoir ainsi parlé! Malheur à moi! Si je ne m’étais pas déplacé jusqu’à là-bas (et de même pour les autres cas), j’aurais évité tous ces déboires!"
Il se couvre alors de reproches : "A quoi ai-je donc pensé pour faire la bêtise de me rendre à cet endroit?"

Il pourra trouver la réponse à cette question dans notre paracha de Massé (l’itinéraire).

Cher frère juif, tu te trompes, c’est l’inverse qui est vrai : parce que le Créateur désirait qu’il t’arrive telle ou telle chose, Il t’a conduit dans cette voie pour que tu te trouves à l’endroit où cette chose devait t’arriver. Ce n’est pas toi qui y es allé, mais c’est le Ciel qui t’y a conduit!

Ce qui précède nous permet d’expliquer la répétition inversée dont notre verset fait état : "Moché inscrivit leurs départs et leurs stations ... voici donc leurs stations et leurs départs".

Les Bné Israël traversèrent 42 étapes au cours desquelles ils subirent toutes sortes de tribulations plus étranges les unes que les autres.
Par exemple : à Mara, ils découvrirent des eaux amères, tandis qu’à Elime, ils trouvèrent 70 palmiers dattiers et de l’eau douce.
Au cours d’une autre étape, ils ne trouvèrent pas d’eau du tout.

Celui qui ne croit pas que la Providence Divine dirige chacun de nous pensera que c’est justement parce qu’ils allèrent dans ces endroits qu’ils se retrouvèrent dans de telles situations : parce qu’ils vinrent à Mara, ils y trouvèrent de l’eau amère, et s’ils avaient évité de s’y rendre, ils en auraient été préservés.
De même, il pensera que c’est parce qu’ils arrivèrent à Elime qu’ils méritèrent des eaux douces. Mais en réalité, il n’en est rien. Au contraire, c’est parce qu’ils devaient être confrontés à une telle situation dans un certain lieu qu’Hachem les y conduisit.

C'est le sens du verset : "Moché inscrivit".
Ici, Moché enseigna aux Bné Israël que "leurs départs", à savoir leurs tribulations (en hébreu le terme : מוציאהם peut avoir 2 sens, comme dans Yéhochoua (2,23) כל המוצאות אותם : , toutes leurs tribulations) n’étaient pas la conséquence de leurs déplacements, mais (au contraire) "leurs stations", à savoir les lieux où ils se rendirent, étaient tous "sur l’ordre d’Hachem", ce fut Hachem qui ordonna qu’ils se rendent dans de tels lieux afin qu’il leur arrive tel ou tel événement.
Et loin de nous de penser que (fin du verset) "leurs stations", les lieux, entraînèrent "leurs départs", leurs tribulations (pour cette raison, ces 2 termes sont inversés à la fin du verset).

=> Cela nous enseigne un grand principe : Hachem suscite toutes sortes de raisons, parfois étranges, afin qu’un homme se rende dans un certain lieu.
Car c’est précisément là-bas qu’il pourra accomplir la mission qu’Il lui a confiée, et remplir ainsi son rôle dans le monde.

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-> Le Sfat Emet (Massé 5646) enseigne :
"Toutes ces pérégrinations sont énumérées pour faire savoir au Peuple de D., qu’un serviteur d'Hachem ne doit pas désespérer face aux nombreux échecs qu’il peut rencontrer dans sa vie. Il devra savoir que les choses sont ainsi : tout homme a des hauts et des bas ... et cette réalité se retrouve chez chaque individu, quel qu’il soit".

"Hachem dit à Moché et à Aharon : parce que vous n'avez pas eu foi en Moi afin de Me sanctifier" ('Houkat 20,12)

-> Il est nécessaire de préciser que nous n'avons aucune notion de ce qu’était le niveau de Moché. D'ailleurs, le Ramban écrit que la faute n'est pas explicite dans les versets, ce qui nous suggère la finesse de ce qui lui a été reproché.

-> Le Divré Chmouël explique la raison pour laquelle Moché frappa le rocher au lieu de lui parler, en disant qu'Il fit un raisonnement a fortiori : "Après la sortie d'Egypte et la traversée de la Mer Rouge, alors que les Bné Israël étaient parvenus à un niveau très élevé, Hachem ordonna de frapper le rocher (et il ne demanda pas de lui parler pour en faire sortir de l'eau ce qui aurait été un miracle plus grand). A présent, après avoir chuté par la faute du veau d'or et celle des explorateurs, à plus forte raison est-il nécessaire de le frapper et je ne peux me contenter de lui parler car les Bné Israël ne sont plus dignes d'un tel miracle et d'un tel dévoilement de la Présence Divine!"

Mais en réalité, ce raisonnement est réfutable à sa source car lorsqu'un homme se renforce après avoir chuté, il est alors en mesure d'atteindre un niveau plus haut que celui qu'il possédait avant.
Dès lors, même si les Bné Israël méritaient au début de recevoir de l'eau seulement après avoir frappé le rocher, ils étaient à présent dignes d'assister à un plus grand miracle, celui de voir l'eau sortir grâce à la seule parole de Moché.

-> Le Sfat Emet rapporte quelque chose de terrible en faisant au préalable remarquer que le nom de Moché n'apparaît pas dans la Chirat Habéer (chant du puits). Celle-ci débute uniquement par les mots : "Et Israël entonna alors un Cantique" alors que pour le Cantique de la Mer Rouge, il est écrit : « Et Moché et les Bné Israël entonnèrent un Cantique".
Il explique que cette différence est due au fait qu'avant la faute du veau d'or, Israël était au même niveau que Moché et celui-ci pouvait donc dire un Cantique avec eux.
En revanche, la Chirat Habéer fut entonnée après la réparation de cette faute et lorsqu'ils se furent repentis de leur conduite.
C'est pourquoi le nom de Moché n'y apparaît pas car ils parvinrent alors à un niveau plus élevé que lui, à l'instar de ce que nous enseignent nos Sages : "Là où se tiennent les repentants, même les justes parfaits ne peuvent se tenir!"

=> Cela doit constituer pour toute personne sensée une source de réconfort puisque c'est précisément grâce à ses chutes qu'elle peut se hisser encore plus haut que quelqu'un qui n'aurait pas fauté.
[la guémara (Béra'hot 34b) rapporte : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir".]

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-> Le Bat Ayin explique que Moché fit le raisonnement suivant :
Puisqu'il avait failli par sa parole en traitant les Bné Israël, le peuple saint, de "rebelles", désormais sa parole ne possédait plus la force de faire sortir l'eau du rocher ; c'est la raison pour laquelle il ne parla pas au rocher, mais le frappa.
Il y avait néanmoins une faille dans son raisonnement : c'est qu'il ne crut pas que, grâce à une pensée de repentir, il était possible d'effacer entièrement le défaut qui avait été entraîné.
Hachem le réprimanda alors en lui disant : "Tu aurais dû Me sanctifier et avoir confiance que J'accepte les repentants. Or, tu t'es repenti et, immédiatement après cette faute par la parole, tu es revenu à Moi d'un coeur contrit et brisé. J'ai sur le champ accepté ton repentir. Tu aurais donc dû te renforcer dans l'attribut de bonté, comprendre que ce défaut a été complètement réparé et continuer à penser que l'eau (qui évoque au sens ésotérique l'attribut de bonté) pouvait jaillir par ta simple parole".

-> Le rav Elmélé'h Biderman poursuit :
Certes, nous n'avons aucune notion de ce que sont des niveaux aussi élevés ; cependant, cela nous enseigne que même dans la situation la plus misérable où un homme peut se trouver, la porte est encore toujours ouverte et que s'il se repent, il est immédiatement accueilli avec amour et miséricorde par le Créateur.

C'est suivant cette idée que certains Tsadikim résolvent une contradiction apparente :
En effet, Rachi explique :
- au début de notre paracha ('Houkat), la raison pour laquelle la Torah qualifie la mitsva de la vache rouge de 'hok (חוק - commandement sans raison accessible par l'esprit de l'homme) : "Parce que le Satan et les nations harcèlent les Bné Israël en leur disant : "En quoi consiste cette mitsva et quel est son sens?" C'est pourquoi la Torah écrit : c'est Mon décret (חוק), et tu n'as pas le droit de le contester".
- à priori cela semble contredire ce que Rachi rapporte par la suite : la raison de cette mitsva : "La vache rouge vient expier la faute du veau d'or".

L'explication est la suivante : le yétser ara trompe l'homme et le pousse à réfléchir à cette mitsva et à sa raison : l'expiation de la faute du veau d'or. Car le fait que l’homme réfléchisse à ses échecs le décourage totalement de revenir vers Hachem.
C'est pourquoi Hachem ordonne : c'est Mon décret, et tu n'as pas le droit de le contester = Il ne t'incombe que d'une chose : d’utiliser la force du repentir (téchouva), sans te demander si elle te sera profitable ou non.
L'homme doit oublier (à ce stade) toutes ses fautes et tous ses échecs et doit être convaincu que son repentir sera agréé par Hachem en toute circonstance et pour n'importe quelle faute.

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-> On peut apporter une autre explication sur cette contradiction apparente : la mitsva de la vache rousse est un décret sans raison, et à la fois la raison est "que vienne la mère (vache rousse) essuyer les excréments de son fils (le veau d'or) :
Le Yichma'h Israël rapporte l'explication de Rabbi Its'hak : la faute du veau d'or émanait en réalité d'un manque de émouna.
Les Bné Israël à ce moment (du veau d'or) cherchèrent en effet à comprendre rationnellement ce qui se passait, comme ils s'exprimèrent alors : "Car Moché, cet homme qui nous a fait monter d'Egypte, nous ne savons pas ce qu'il est devenu". (Ki Tissa 32,1)

En effet, quelle différence cela faisait-il, en effet, de savoir ou non ce qui était advenu de Moché? Ils auraient dû à ce moment continuer à suivre Hachem avec intégrité et sans calcul.
C'est pourquoi la réparation de cette faute consista justement à se renforcer dans leur foi sans chercher à comprendre et c'est à cette fin qu'Hachem leur ordonna une loi sans raison apparente (vache rousse) afin qu'ils l'accomplissent uniquement grâce à la force de leur émouna. Grâce à cela, ils expieraient le manque de émouna qui les avait conduits à la faute du veau d'or.

D'après cela, il n'y a aucune contradiction (entre le fait de dire que la mitsva de la vache rousse est sans raison et l'explication qu’en donne Rachi (rapportant rabbi Moché haDarchane) selon laquelle la mère vient nettoyer les excréments de son fils), car cela signifie que la raison de la vache rousse est justement qu'il n'y a pas de raison (afin que l'homme qui l'accomplit se renforce dans sa émouna).

[on voit ici que lorsque l'on cherche à tout comprendre rationnellement, lorsque l'on s'inquiète du futur, alors on ouvre la porte à des fautes (sur le schéma du veau d'or), mais lorsque nous avons des choses qui dépassent notre compréhension, plutôt que de paniquer (comment moi JE peux ne pas maîtriser, comprendre!), alors c'est là que nous devons mettre en pratique notre émouna (c'est un décret d'Hachem pour notre bien, à l'image du décret de la vache rousse).]

Le voyage existentiel spirituel d’un juif

+ Le voyage existentiel spirituel d’un juif :

-> L’homme entre dans un nouvel état d’existence à chaque instant de ce monde. Chaque instant offre une autre opportunité de développement spirituel. La véritable teneur spirituelle de chaque moment de vie ne sera révélée qu’a posteriori, à titre posthume, après avoir quitté ce monde. La mort scelle la situation spirituelle à laquelle la personne est parvenue, et cet état final existera pour l’éternité dans l’autre monde.

Le terme "métsiout" (מציאות - existence, réalité), est dérivé de "yétsia" (יציאה - une sortie), faisant allusion à la transformation continue de la vie, du potentiel au réel.
Le voyage existentiel, qui implique de voyager d’un endroit ou d’un niveau à l’autre, consiste à vivre sa vie dans un état continu de révélation. Cela transparaît dans les 42 étapes au cours des 40 années de pérégrinations du peuple juif, du désert à la terre d'Israel.
Ce cheminement dans la révélation de soi de la nation est spécifiquement décrit en utilisant le terme "motsaé'ém" (מוצאיהם - leurs sorties - Massé 33,1-49), de la même racine que le mot "yétsia" (יציאה - Massé 33,2).
Tout comme nous avons entrepris des voyages dans le désert jusqu’à ce que nous atteignions la Terre sainte, de même, nous sommes destinés à entreprendre de nombreux voyages dans le "désert des nations", exil après des exil, jusqu’au retour final dans notre patrie.

Le voyage vers notre patrie est en fait une profonde métaphore du passage de la friche stérile que représente ce bas-monde, vers le monde futur. La fin de la vie marque en quelque sorte l’arrivée de la personne en terre céleste et dans la Jérusalem d’en Haut (Yérouchalaïm chel maala), vis-à-vis spirituel du Jérusalem terrestre (Yérouchalaïm chem mata). [selon le Rama de Pano (Assara Maamarot)]

Les 42 stations du désert trouvent leur parallèle dans les 42 voyages d’une personne, depuis sa naissance (l’exode est symbolique de la naissance de la nation juive) jusqu’à son arrivée à sa destination finale et à son héritage éternel, symbolisé par l’entrée en Terre Sainte. [selon le Déguel Ma'hané Efraïm (Massé)]
[Il y a la révélation d’Hachem dans l’univers à travers le Nom divin de 42 lettres. Chaque étape du voyage sert à répandre l’unité divine tout au long de la Création. Il y a ainsi la révélation de l’homme telle qu’elle se manifeste à travers ses 42 étapes de vie, depuis la sortie d'Egypte, en passant par la traversée du désert, jusqu’à l’entrée en terre d'Israël et le passage de ce monde à l’autre.
Ces révélations sont interconnectées car la véritable révélation de "qu’est l’homme" va de concert avec la révélation de "qu’est Hachem" si l’on peut dire. L’homme a été créé pour utiliser son libre arbitre pour révéler Hachem et en le révélant, il révèle la véritable essence de son être, à savoir la sainteté de son âme Divine.]

Le Nom mystique d’Hachem de 42 lettres est le "chem mém-beit" (שם מ"ב - avec מ"ב qui a une guématria de 42).
Ce Nom est lié à la Création, qui est une expression de l’unité Divine. La genèse de l’univers s’est déroulée pendant les 6 jours de la Création, culminant avec le saint Shabbat, le 7e jour.
[le מ"ב est un acronyme pour "maassé béréchit" (מעשה בראשית). En outre, Hachem a créé le monde avec la Torah. La Torah écrite commence par "béréchit" (בראשית), tandis que la Torah orale commence elle par le mot "méémataï" (מאימתי) [Béra'hot 2a). Les initiales de ces deux mots sont מ"ב.]
Le 6 est symbolique du monde physique achevé qui, à son tour, est orienté vers la sainteté du 7. Leur interaction est liée à la révélation complète de 42, comme le laisse entendre le produit de 6 fois 7 qui est 42.
Les 6 jours de la Création, tel le voyage hebdomadaire pour atteindre le Shabbat, le 7ème jour, correspondent aux 6 millénaires d’existence de ce monde, antichambre menant au monde à venir, dont le jour du Shabbat est un avant-goût.

Les 42 voyages dans le désert sont parallèles au Nom divin de 42 lettres et à l’ascension de niveau en niveau, de la préparation des 6 jours de la semaine jusqu’au chabbat. Chaque station correspond à une autre lettre du Nom de 42 lettres.
Le but est de nous élever au niveau de l’énergie spirituelle de cette lettre spécifique.

La révélation de la création en tant que voyage vers un idéal supérieur trouve son expression dans la formulation des 42 mots du Shema. La déclaration de l’unité d’Hachem se poursuit dans les 6 premiers mots du Shéma. L’unité du saint Nom divin doit s’étendre pour imprégner toute la création, liée au Nom de 42 lettres. Ainsi, le 1er paragraphe du Shéma compte 42 mots.
Cela traduit son engagement à cheminer dans ces 42 stations dans le monde physique, au service d’Hachem, dans une ascension continue.

[traduction d'un dvar Torah rav Yéhochoua Alt]