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"Lorsqu’un homme n’aura personne pour le racheter, et qu’il trouve de quoi se racheter" (Béhar 25,26)

-> Le 'Hatam Sofer commente :
"Cela signifie que celui qui s’imagine réellement qu’aucun homme ne peut le racheter et qui s’en remet entièrement à Hachem peut être certain qu’il trouvera finalement la délivrance".

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique :
Sachons que c’est précisément le fait de se sentir dépendant d'Hachem et de penser que ‘sans Ton aide aucune délivrance n’est possible’ qui apporte la bénédiction.
Lorsqu’un homme ressent réellement que personne n’est en mesure de l’aider, Hachem le délivre de toutes ses épreuves.

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[Il est écrit : "Donnez de la force à Hachem" (ténou oz lélokim - Téhilim 68,35) = d'une certaine façon, plus nous donnons de la force, de l'importance à Hachem à nos yeux (au point que rien d'autre peut nous aider/sauver que Lui), alors plus nous donnons de la force à Hachem, qui pourra ainsi nous sortir de toute difficulté et nous combler de bénédictions. ]

"Et qu'un homme n'offense pas son prochain, et tu craindras ton D. car Je suis Hachem ton D." (Béhar 25,17)

A partir de ce verset, la guémara (Baba Métsia 58b-59a) nous enseigne :

-> "Et qu'un homme n'offense pas son prochain" = "il s'agit ici de l'offense causée par la parole" ;

-> Rabbi Yo'hanan (au nom de Rabbi Chimon Bar Yo'haï) dit : "L'offense causée à autrui par la parole est plus grave qu'un dommage occasionné dans ses biens". En effet, il est écrit à son sujet [dans le même verset] : "Tu craindras ton D." ;

-> Rabbi El'azar enseigne : "Pour toutes (les fautes), Hachem se fait payer par l'intermédiaire d'un émissaire, à l'exception de l'offense". La Chita Mékoubetset nous explique cette guémara : "Car parfois l'ange (chargé d'appliquer la sentence) se trouve au loin, comme il est enseigné (guémara Béra'hot 4b) : 'Mikhaël en une (enjambée), Gavriel en deux, Eliyahou en quatre', et il ne peut pas voler en une seule fois. En revanche, en ce qui concerne l'offense [à autrui], Hachem se fait payer Lui-même, et le châtiment se hâte d'arriver".

-> Rav 'Hisda enseigne : "toutes les portes (de la prière sont fermées) sauf celles de l'offense", celui qui est blessé et humilié, au point de crier sa souffrance vers le Ciel, voit sa plainte atteindre le trône Céleste.
Selon Rachi : "Celui qui crie parce qu’il a été offensée, la porte ne se ferme pas devant lui"
Rabbénou Bé'hayé explique que du fait que la personne offensée éprouve beaucoup de peine et de désespoir, cette détresse le pousse à se soumettre au Créateur, et sa prière, qui jaillit d’un cœur chagriné, est prononcée avec ferveur et exaucée.

-> Rav Abbaou dit : il existe 3 choses devant lesquelles le rideau (la séparation entre Hachem et l'armée céleste - Rachi) n'est pas fermé : l’offense, le vol et l'idolâtrie.
Rachi explique : "(le rideau de séparation avec Hachem n'est pas fermé) pour faire disparaître les preuves (de leur bien-fondé) devant D., mais Hachem les voit constamment pour se faire payer".

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-> "Ne vous lésez point l’un l’autre" (Béhar 25,17)
Rachi commente : "Ici, on interdit le préjudice par des paroles : qu’il ne blesse pas son prochain".

-> Rabbi Eliézer de Metz (Séfer Yiréïm - 51) écrit : "Tel qu'il existe l'offense par la parole, il existe aussi l'offense par une mauvaise conduite, lorsqu'il montre à autrui un mauvais visage".

-> "Tu ne monteras pas sur mon autel avec des marches afin de ne pas dévoiler ta nudité" (Yitro 20,23)
Rachi commente : "(si tu montes avec des marches) il s'avère que tu te conduits avec dédain ; et un raisonnement a fortiori s'impose : si envers ces pierres, qui n'ont aucune intelligence pour ressentir l'affront qui leur est fait, la Torah a ordonné, parce qu’elles ont une utilité, de ne pas se conduire avec dédain, à plus forte raison
envers ton prochain qui est à l'image de ton Créateur, et qui ressent l'affront".

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 348) écrit :
"Combien nos Sages nous ont-ils mis en garde et incités à ne causer, sous aucun prétexte, de la peine aux créatures, ni à les humilier ... Et il est juste également, de veiller à ne pas insinuer un quelconque dédain (même par des gestes) envers elles.
Car la Torah est très sévère en ce qui concerne l'offense, du fait que celle-ci leur cause beaucoup de peine. Et nombre d'entre elles en seront plus blessées qu'à cause de l'argent, comme ils ont enseigné (guémara Baba Métsia 58b) : "L'offense due à la parole est plus grave que celle due à l'argent, car il est écrit à son sujet : "Tu craindras Hachem ton D."."

"Je serai sanctifié à l'intérieur des enfants d'Israël" (Emor 22,32)

-> Cette mitsva consiste à donner sa vie pour ne pas renier sa foi en Hachem. Mais pourquoi la Torah ne présente-t-elle pas ce commandement sous forme d'ordre, comme toutes les autres mitsvot, en disant : "Sanctifiez-Moi à l'intérieur des Bné Israël"? Pourquoi est-ce la forme narrative qui est employée?

Le Sfat Emet remarque aussi que la Torah ne dit pas : "Je serai sanctifié parmi les Bné Israël", comme on s'attendrait. Le Torah dit plutôt "à l'intérieur des enfants d'Israël". Qu'est-ce que cela signifie?

-> Le Sfat Emet explique :
C'est que chaque juif aime Hachem du plus profond de son coeur. Il lui est clairement viscéralement impossible de Le renier.
A l'intérieur de son coeur brûle cette flamme ardente d'amour pour Hachem. Mais, tout au long de la vie, le mauvais penchant s'évertue à le distraire de ce sentiment et le séduit par des plaisirs bien plus bas et grossiers.
Ainsi, cet amour pour Hachem reste trop souvent endormi. Mais dans un moment extrême, où on l'oblige à renier son Créateur et à éteindre cette flamme pour l'éternité, quand son désir ardent pour Hachem se trouve menacé, il se met alors à surgir et à se réveiller dans toute sa force. Et là, on constate qu'il est prêt à tout pour conserver cette flamme.
L'Histoire a montré que des juifs simples, et parmi eux beaucoup qui ne pratiquaient rien de leur judaïsme, ont été prêts à donner leur vie avec bravoure pour ne pas renier leur Créateur. Cela est dû à cet amour ardent pour Hachem qui brûle à l'intérieur de son
coeur et même si le penchant s'efforce à l'étouffer tout au long de sa vie. Quand il est menacé et qu'on tente de l'éteindre, il se réveille avec force et alors, le plus naturellement du monde, tout juif qui qu'il soit se trouve prêt à tous les sacrifices pour le préserver.

Ainsi, le verset dit : "Je serai sanctifié à l'intérieur des Bné Israël" = il n'est pas même nécessaire d'en formuler un ordre, car cela se fera de façon naturelle, cela ira de soi. Hachem sera sanctifié par le juif, c'est un fait, une évidence. Et cela, du fait de cet attachement viscéral et essentiel qui unit chaque juif à Hachem et dont il ne peut se défaire.
"Je serai (assurément) sanctifié à l'intérieur du peuple juif", du fait de cette flamme ardente d'amour pour Hachem qui brûle à l'intérieur, au plus profond de chaque juif. Il ne reste qu'à l'entretenir au jour le jour par la pratique de la Torah et des mitsvot et ne pas attendre ces moments extrêmes pour qu'elle se réveille et resurgisse.

"Si un homme a deux femmes, l'une qu'il aime et l'autre qu'il n'aime pas, qui lui ont donné des fils, celle qu'il aime et celle qu'il n'aime pas et il se trouve que l'aîné soit de celle qu'il n'aime pas. Le jour où il partagera entre ses fils ce qu'il possédera, il ne pourra pas traiter en aîné le fils de la femme qu'il aime au détriment du fils de la femme qu'il n'aime pas, qui lui est l'aîné. Mais l'aîné, le fils de la femme dédaignée, il le reconnaîtra en lui donnant double part" (Ki Tétsé 21,15-17)

-> Ces versets peuvent être commentés allusivement de la manière qui suit :
Nous connaissons en effet ce que Rabbénou Tam écrit dans son Sefer Hayachar au sujet des différentes périodes de l'existence : chacun dans sa vie traverse alternativement des jours "d'amour" et des jours de "haine", des jours où il trouve goût et envie au Service d'Hachem, où il ressent que toutes les portes s'ouvrent devant lui et au contraire, des jours de "haine" où tout travail spirituel lui semble insurmontable, où il n'a aucun goût ni plaisir au point d'en être dégoûté.

C'est dans cette optique que l'on peut comprendre ce verset : "Si un homme a deux femmes", à savoir deux périodes, "une qu'il aime et une qu'il n'aime pas, qui lui ont donné des fils", ce sont les bonnes actions qu'il peut accomplir (qui sont ses véritables enfants) et vers lesquelles son coeur le porte (''qu'il aime'') ou pour lesquelles au contraire il ressent une répulsion (''qu'il n'aime pas'').

On a l'habitude de penser que les périodes "d'amour" constituent l'essentiel de l'existence d'un homme puisqu'il jouit alors de lumière et qu'il accomplit les mitsvot avec ferveur. En revanche, les "jours de haine" n'ont à ses yeux pas grand intérêt puisqu’il n'y ressent pas la proximité d'Hachem et que tout y est accompli sous la contrainte en brisant son yétser.
Mais en réalité, c'est exactement le contraire : Hachem éprouve un immense plaisir à chaque fois qu'il surmonte son mauvais penchant et ses tendances naturelles. L'essentiel du progrès spirituel se situe précisément dans ces périodes.

C'est ce que vient évoquer la suite des versets : "Le jour où il partagera entre ses fils ce qu'il possédera, il ne pourra pas traiter en aîné le fils de la femme qu'il aime au détriment du fils de la femme qu'il n'aime pas", un juif ne doit pas mieux estimer les mitsvot qu'il a accomplies durant les périodes fastes, "mais l'aîné, le fils de la femme dédaignée, il le reconnaîtra en lui donnant double part", car au contraire les "jours de haine" sont les plus importants et ce sont eux qui ont la préséance.

Le Baal Chem Tov commente à ce sujet le verset : "La sagesse du pauvre est méprisée" (Kohélét 9,16) en faisant un jeu de mot avec le terme "méprisée" qui se dit en hébreu "Bézouya" (בְּזוּיָה) et qui peut se découper en 2 mots : Bézou-ya, qui veut dire "en cela, D.".
Ce découpage permet de comprendre ce verset allusivement de la manière suivante : "la sagesse du pauvre", de celui qui avance dans l'obscurité et se débat difficilement avec son mauvais penchant, est de savoir que "Bézou-ya", qu'en cela D. (est présent), qu'Il est proche de lui et qu'Il l’aime plus que jamais.

[d'après un divré Torah du rav Elimélé'h Biderman]

"S'ils meurent comme tout homme ... Hachem ne m'a pas envoyé" (Kora'h 16,29)

-> Le midrach explique que Moché dit à Hachem : "Si tu fais un miracle et que la terre s'ouvre et les engloutit, alors ce sera bien. Mais sinon, si tu les laisses mourir naturellement sur leurs lits, alors moi aussi je renierai et je dirai que Tu ne m'as pas envoyé".
=> Comment comprendre que Moché puisse dire telle chose à Hachem? D'autant que cela paraît être une sorte de chantage!

-> Le rav Chimchon Pinkous explique que la gravité d'une dispute ne réside pas dans le fait que l'un des deux parties soit dans l'erreur. La faute n'est pas de s'opposer à la vérité et de faire des disputes pour persévérer dans le mensonge. En fait, c'est la querelle et la dispute en elles-mêmes qui sont graves. Hachem n'aime pas qu'il y ait des querelles, tout simplement.
Et même celui qui est dans le vrai et recherche le bien, le simple fait de persévérer dans une dispute, même s'il la mène contre des réchaïm qui clament des idées fausses, cela est déjà détestable aux yeux d'Hachem. Car le Créateur affectionne encore plus la paix et l'harmonie au sein du peuple juif que la recherche pointilleuse de la vérité.
Et s'il faut renoncer à avoir raison et à prouver que l'on soit dans le vrai pour rétablir l'harmonie, alors c'est ce qu'il faudra faire. Et on ne devra surtout pas se battre pour défendre à tout prix ce que l'on clame être la vérité, au prix de colères, rancœurs et haines que cela entraîne et en se couvrant derrière l'argument que l'on mène une guerre pour le Nom d'Hachem.

=> Moché supplia Hachem de supprimer cette querelle de Kora'h au plus vite en engloutissant ses protagonistes dans la terre. Mais si Hachem n'intervient pas pour stopper cette discorde et les laisse vivre tranquillement jusqu'au jour où ils mourront naturellement sur leurs lits, alors la seule alternative que Moché voit pour stopper cette querelle est de leur donner raison et de dire comme eux, que Hachem ne l'a pas envoyé. Et effectivement, il sera prêt à faire concession à la vérité la plus essentielle pour stopper cette grande querelle.

"Intègre (tamim - תָּמִים) tu seras avec Hachem, ton D." (Choftim 18, 13)

-> Rachi commente : "Marche avec Lui avec intégrité, aie confiance en Lui, et ne scrute pas l’avenir. Mais accepte avec intégrité tout ce qui t’advient, et alors tu seras avec Lui et tu seras Sa part."

-> Le Rambam (dans son Séfer Mistvot - mitsva positive 8) écrit:
"Nous avons reçu le Commandement d’avoir un coeur intègre avec Lui, ainsi qu’il est dit: ‘Intègre tu seras avec Hachem, ton D.’. Il s’agit de consacrer notre coeur uniquement à Lui, de croire que c’est Lui seul qui a tout fait et qu’Il sait tout du vrai futur. Seul de Lui nous pouvons chercher les évènements à venir, par Ses Prophètes ou Ses hommes pieux, à savoir par les Ourim et Toumim.
On ne doit pas chercher à savoir auprès des astrologues et l’on ne doit pas croire que leurs prédictions s’accompliront. Mais, s l’on entend une de leurs paroles, l’on doit dire que tout est entre les mains du Ciel, c’est Lui qui change le cycle des étoiles et des astres, selon Sa volonté ...
Il est dit dans le dernier chapitre de la guémara (Pessa’him 113b) : D’où tirons-nous que l’on ne doit pas consulter les Chaldéens? C’est qu’il est dit : ‘Intègre tu seras avec Hachem, ton D.’ ..."

-> L’importance de ce Commandement peut s’apprécier au vu des mots du Baal haTourim. Concernant notre verset, il écrit : "(Tamim) (est écrit) avec un grand Tav (ת - Tav Rabbati) [pour dire] : Si tu te comportes avec intégrité, (cela sera considéré) comme si tu avais accompli (la Torah) de Alef jusqu’à Tav".
Dans son livre Séfer Guématriot [I, Inyanim Chonim 152], Rabbi Yéhouda ha'Hassid explique que Yaakov Avinou est qualifié d’homme intègre (comme il est dit : "Yaakov, homme intègre [tam - תָּם], résidait dans les tentes" - Toldot 25,27), car il incarne le comportement de : "Intègre (tamim - תָּמִים) tu seras avec Hachem, ton D." [voir aussi Zohar Chela’h 163a].
Ainsi, comme l’enseigne la guémara ('Houlin 91b) : "l’image de Yaakov était gravée sur le Trône de Gloire".
Rabbi Yéhouda Ha’Hassid ajoute que si le mot "tamim" (תָּמִים) est écrit avec un grand "Tav" (ת), c’est parce qu’elle est la 22e lettre de l’alphabet. Or, Yaacov correspond à la 22e génération depuis Adam Harichone, comme cela est indiqué dans la Michna (Pirké Avot 5,2) : "Il y eut 10 générations depuis Adam jusqu’à Noa’h ... Il y eut dix générations depuis Noa’h jusqu’à Avraham" [Avraham correspond donc à la 20e génération, Its’hak à la 21e et Yaakov à la 22e].

-> Afin de mieux saisir la relation entre la mitsva de Tamim (תָּמִים), Yaakov Avinou et la lettre Tav, rapportons un commentaire du Baal Chem Tov [voir Toldot Yaacov Yossef sur Béréchit] : La lettre "Alef", première de l’alphabet, évoque le plus haut niveau de révélation du divin dans la Création. Ainsi, la lettre "Alef" indique clairement l’existence et la présence du Créateur : "Aloufo Chel Olam" (le Maître du Monde).
Ainsi, plus nous nous éloignons de la première lettre, plus le niveau de dévoilement de D. diminue et forcément la dissimulation du Créateur grandit. Par conséquent, la lettre «Tav», dernière lettre de l’alphabet, indique la plus grande dissimulation de D. (éster panim).
A partir de là, le Baal Chem Tov nous révèle que notre but est que même dans la plus grande dissimulation du Créateur, celle de la lettre "Tav", nous devons continuer à croire avec une foi sincère que la lettre "Alef". Le "Aloufo Chel Olam" existe et dirige tous les évènements du monde, comme l’enseigne le rav Alchikh haKadoch sur notre verset : "Tu dois te comporter avec intégrité, que le Tout-Puissant se comporte avec toi dans la Miséricorde ou qu’Il se comporte avec toi avec Rigueur (éster panim). Tu ne dois pas remettre en question les actions du Tout-Puissant".

C’est d’ailleurs particulièrement dans les situations les plus obscures (symbolisées par la lettre "Tav") que l’on prouvera devant notre Créateur notre force d’intégrité dans notre foi envers Hachem. L’uniformité de notre intégrité (dans le "Tav" comme dans le "Alef") est la marque de Yaakov Avinou, celui qui incarne l’Attribut de Miséricorde reliant la «Lumière» de la Bonté (la lettre "Alef") à l’"Obscurité" de la Rigueur (la lettre "Tav").

"C’est la justice, la justice (Tsédek Tsédek - צֶדֶק צֶדֶק) que tu poursuivras, afin que tu vives et que tu prennes possession du pays que l’Éternel, ton D., te donne" (Choftim 16,20)

On peut citer les explications suivantes à la répétition du mot צֶדֶק (Tsédek – justice) :
1°/ Rachi commente : "Pars à la recherche d’un bon tribunal" [même si n’importe quel tribunal peut juger un accusé contre son gré, c’est néanmoins une mitsva pour le demandeur de s’adresser à un tribunal excellent – Sifté ‘Hakhamim].

2°/ Dans le même ordre d’idée, le Ohr ha'Haïm commente : "Ceci est un avertissement pour vous que si dans une ville se trouvent deux hommes extrêmement sages et deux autres également certifiés mais pas aussi brillants que les deux premiers, vous ne devrez pas dire que puisque les deux (derniers) sont (suffisamment) compétents, il ne faut pas déranger les plus brillants… Vous devrez (au contraire) toujours rechercher le juge le plus renommé pour qu’il agisse en tant que juge dans tout litige dans lequel vous êtes impliqué."

3°/ Le Ramban rapporte plusieurs commentaires :
a) "La raison de la répétition [du mot Tsédek] est d’indiquer que les juges doivent juger le peuple avec un jugement juste, et vous devez aussi rechercher constamment la justice en allant de chez vous à l’endroit des grands Sages"
b) "La justice (Tsédek) - c’est Son Attribut de Justice dans le monde ... Si vous vous jugez vous-même [sachant d’où vous venez, et où vous allez, et devant qui vous allez rendre compte et rendre compte] vous vivrez. Sinon, Il vous jugera (Tsédek) et confirmera [Son jugement sur vous] contre votre volonté."
c) "La première justice se réfère à la justice réelle [Emet], celle de la Gloire Divine ... Et quelle est la seconde justice? C’est cela qui effraie les justes [les faisant craindre qu’ils ne méritent peut-être pas le Monde à Venir]."
d) "Vous devez juger dans votre cour [pour obtenir] la justice, y poursuivre la justice et [essayer de] l’obtenir, afin que vous puissiez vivre dans le Monde à venir avec la seconde justice [correspondant] à la grande lumière cachée pour les justes pour les Temps à Venir."

4°/ Le Ibn Ezra commente: "Moché répète le mot justice pour indiquer qu’il faut rechercher la justice, que l’on gagne ou que l’on perde."

5°/ Le Ben Ich ‘Haï commente d'une façon allégorique :
"Après l’Exil d’Egypte, il y a eu 4 autres Exils [Babel, Perse, Grèce et Edom]. Pour chacun d’entre eux, il y a eu un "קץ - Kéts" (une fin d’exil). Celui-ci s’est produit grâce au mérite de [l’étude et de l’accomplissement de] la Torah. Nos Sages enseignent que la Torah est appelée Tsédek (justice) [voir guémara ‘Houlin 89a].
C’est l’allusion contenue dans la phrase "צֶדֶק צֶדֶק" (Tsédek Tsédek tu poursuivras) : Les 4 ( ד – Dalet de valeur numérique 4) fin d’exil (קץ – Kets) [ces 3 lettres forment le mot צֶדֶק Tsédek] s’acquièrent grâce au mérite de la Torah appelée צֶדֶק (Tsédek) "que tu poursuivras" (durant ton exil).

"Kora'h a pris" (Kora'h 16,1)

-> Le Midrach explique que Kora'h a vu par inspiration divine qu'il allait avoir une illustre descendance. Le prophète Chmouël, qui équivalait en grandeur à Moché et Aharon, allait sortir de lui.
Il en déduisit qu'il n'était pas normal qu'il ne soit pas honoré comme il le méritait. C'est ce qui l'a poussé à la révolte.
=> Mais pourquoi Hachem lui dévoila-t-Il sa grandeur sachant que cela allait le conduire à sa perte?

-> Le Tiferet Chlomo explique qu'Hachem a l'habitude de mettre les hommes Justes (tsadikim) à l'épreuve, pour leur donner une grande récompense lorsqu'ils surmonteront l'épreuve. Ainsi, la pauvreté, la richesse, les tentations, les mauvaises nouvelles, ... peuvent être des épreuves, pour vérifier la foi et la fidélité du Juste par rapport à Hachem.
Hachem peut aussi parfois montrer à l'homme sa grandeur, l'homme vient alors parfois à être convaincu qu'il est droit et pieux, qu'il sert Hachem comme il se doit, qu'il est un homme Juste et proche d'Hachem. Le but est alors de tester s'il va croire cette idée et se prendre réellement pour un homme Juste, ce qui risquerait alors de le mener à l'orgueil et à un excès de confiance lui faisant perdre la mesure des choses.
Ou s'il va savoir rester humble, conscient malgré tout de ses imperfections et ne méritant pas réellement toute cette grandeur.

Quand Hachem s'emporta sur le peuple juif après la faute du veau d'or et annonça à Moché Sa Volonté d'anéantir le peuple et de faire de lui et ses descendants une grande nation, Moché implora Hachem de toutes ses forces pour annuler ce décret. En fait, c'est cela qu'Hachem recherchait. Il mit Moché à l'épreuve pour voir s'il allait accepter cette proposition de constituer cette grande nation. Il aurait alors échoué et aurait été lui aussi anéanti avec le peuple. Mais il s'opposa et supplia Hachem d'épargner le peuple.
Il en fut également de même par rapport à Kora'h. Hachem lui montra sa grandeur et celle de sa descendance pour tester s'il va se laisser entraîner dans l'orgueil, conscient de son importance et de sa grande piété, ou s'il allait malgré tout rester humble et se soumettre à Moché.
Mais malheureusement, il a échoué.

=> Nous aussi, nous pouvons parfois nous sentir porté spirituellement et avoir l'impression de nous élever et d'être en grande proximité avec Hachem. Mais il faut se méfier et ne pas laisser cette impression nous remplir de confiance, assurance et orgueil. Peut-être que tout cela n'est qu'une épreuve et qu'en réalité Hachem attend de nous que nous restions humbles et sur nos gardes.

L’étude de la Torah permet de nous épargner des souffrances

+ L’étude de la Torah permet de nous épargner des souffrances :

-> "Ils te prendront une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire" (Tétsavé 27, 20)

-> "Seule la première goutte extraite de l’olive était apte pour l’huile du candélabre." (Rachi, guémara Ména’hote 86a).

-> L’Admour rabbi Yissa'har de Belz enseigne :
La Ménora suggère la Torah (guémara Baba Batra 28b), c’est pourquoi on ne pressait que la première goutte pour les besoins de l’allumage (celle-ci est extraite facilement sans effort). Car celui qui étudie la Torah n’a pas besoin d’être "concassé" sans arrêt et de subir maintes et maintes souffrances, comme l’enseignent nos Sages (guémara Béra'hot 5a) : "Celui qui s’adonne à l’étude de la Torah, les souffrances s’éloignent de lui".
Grâce à celle-ci, l’homme est épargné de toutes sortes de peines et de tourments.

-> D’après ce qui précède, le ‘Hidouché haRim explique l’enseignement de la guémara (Béra'hot 6b) : "La récompense du rassemblement de la Torah, c’est le do’hak (terme qui signifie à la fois contiguïté, mais aussi la pauvreté").
Rachi d’expliquer : "Le Shabbat d’avant chaque fête, tous venaient se rassembler pour écouter les lois relatives à celle-ci".
D’après cela, commente le ‘Hidouché haRim, cet enseignement vient suggérer en allusion que la récompense reçue pour se rassembler afin d’étudier la Torah est le
"do’hak" = que toutes sortes de difficultés et d’épreuves disparaissent.

-> Le midrach (Béréchit rabba 92,1) enseigne : "Il n’est pas un homme sans épreuve, heureux l’homme dont les épreuves viennent
de la Torah".
L’explication en est que l’homme est né pour l’effort. Cependant, heureux celui dont les efforts et la peine sont dans le but de comprendre la Torah, car ceux-ci l’exemptent de toutes les autres souffrances.

-> Le Yichma'h Moché dit que l'on y trouve une allusion dans le verset : "C’est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain (Béréchit 3,19) : le mot "pain" peut avoir, en effet, deux significations : son sens propre, et aussi celui de "Torah", comme on le voit dans le verset : "Venez manger de Mon pain" (Michlé 9,5).
Or, si tout homme est soumis à ce décret, néanmoins, il peut choisir pour quel "pain" investir ses efforts. Car s’il les tourne tous vers la Torah (pour l’étude de laquelle il peine), il méritera de recevoir sa subsistance facilement, sans devoir beaucoup se fatiguer.

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-> La souffrance purifie les péchés de l'homme (guémara Béra'hot 5a).
Un homme sage n'attendra pas qu'Hachem lui envoie de la souffrance. Au contraire, il acceptera sur lui l'inconfort de l'étude de la Torah : l'absence de plaisirs, l'effort constant et le joug de la Torah qui affaiblit l'homme.
L'avantage est que la souffrance elle-même est une mitsva. En outre, elle remplace d'autres formes de souffrance et expie ses péchés.
[rav 'Haïm de Volozhin - Roua'h 'Haïm - Avot 6,6]

[le Pirké Avot, compte le fait d'accepter la souffrance parmi les 48 voies pour acquérir la Torah ]

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-> b'h, voir également : L'étude de la Torah expie les fautes comme les sacrifices : https://todahm.com/2022/04/24/letude-de-la-torah-expie-les-fautes-comme-les-sacrifices

[plus on met d'efforts dans notre étude de la Torah, plus on expie nos fautes, et donc le moins nous aurons besoin de souffrances en réparation des dégâts spirituels de nos fautes (c'est bon la Torah a déjà fait le travail nécessaire! ).]

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-> voir également : Torah & les souffrances pendant 'hevlé machia'h : https://todahm.com/2017/07/11/torah-les-souffrances-pendant-hevle-machiah

Pessa’h Chéni

+ Pessa'h Chéni :

-> Pessa’h Chéni signifie le "Second [sacrifice de] Pessa’h". Il marque le jour où quelqu’un qui n’avait pas pu participer au sacrifice de Pessa’h en temps voulu (le 14 Nissan) pouvait accomplir la mitsva exactement un mois plus tard (le 14 Iyar - qui est aussi le 29e jour du Omer).

=> Quelle est l’origine de Pessa’h Chéni?

Un an après la sortie d’Égypte, Hachem ordonna aux Bné Israël d’offrir le Korban Pessa’h l’après-midi du 14 Nissan et de le consommer ce soir-là, grillé au feu et accompagné de matsa et du maror, comme ils l’avaient fait un an auparavant juste avant de quitter l’Égypte.
La Torah relate : "Il y eut cependant des hommes qui s’étaient rendus impurs au contact d’un cadavre et qui ne purent donc pas préparer l’offrande de Pessa’h ce jour-là. Ils se présentèrent devant Moché et Aaron ... et ils dirent: “Pourquoi serions-nous privés d’apporter l’offrande de D. en son temps, seuls parmi les Bné Israël?” (Béaaloté'ha 9,6-7).
En réponse à leur requête, Hachem fit du 14e jour de Iyar un "second Pessa’h" (Pessa’h Chéni) pour quiconque avait été dans l’incapacité d’apporter le Korban Pessa’h en son temps, le 14 Nissan.

-> "Tout homme qui est souillé par un cadavre ou qui est sur une route éloignée, que ce soit pour vous ou pour vos générations, il fera le sacrifice de Pessa'h pour Hachem, c'est au deuxième mois durant le 14e jour" (Béaaloté'ha 9,10-11)

Contexte :
Hachem parla à Moché dans le désert du Sinaï la seconde année de leur sortie du pays d'Egypte en disant : les enfants d'Israël feront le Korban Pessah en son temps le 14ème jour ... Ils firent le sacrifice de Pessa'h le 14eme jour du premier mois comme Hachem l'avait demandé ... Au même moment, il y eut 2 décès au sein du peuple d'Israël. Moché ordonna à 2 hommes d'enterrer les deux défunts le plus rapidement possible afin de limiter leurs souffrances. Les hommes s'exécutèrent mais réalisèrent ensuite qu'ils resteraient souillés par leur proximité avec les défunts jusqu'au jour du Korban Pessa'h.

Ces hommes allèrent voir Moché et s'épanchèrent sincèrement, désespérés de ne pas pouvoir offrir le Korban Pessa'h comme le reste du peuple du fait de leur impureté, comme il est écrit : "Les hommes qui se trouvaient souillés par des cadavres humains ne purent faire le sacrifice de Pessa'h.... Ils se présentèrent devant Moché et Aharon ce même jour et dirent : nous avons écouté ton ordonnance et à présent, nous sommes souillés par des cadavres. Pourquoi serions-nous privés d'offrir le sacrifice de l'Eternel en son temps ? Moché leur répondit: restez debout et j'écouterai ce que Hachem ordonnera à votre sujet" (Béaaloté'ha 9,7-9).

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=> A cette époque, qui étaient ces hommes devenus impurs?
-> Différents points de vue sont rapportés par le Talmud (voir Soucca 25a-25b). On peut citer :
1°/ les porteurs du cercueil de Yossef.
2°/ Michaël et Elitsafane, les cousins d’Aaron, qui furent charger d’inhumer Nadav et Avihou (voir Chémini 10,4).
3°/ Ceux qui s’occupèrent d’un "mét mitsva" (un mort qui n’a personne d’autre disponible pour l’enterrer).
[la guémara (Soucca 25a) rapporte que si des gens trouvent un cadavre abandonné d'un inconnu, ils ont la mitsva de l'ensevelir].
=> C'est pourquoi, le Sforno rapporte que ces personnes ont dit à Moché, qu'une mitsva doit entraîner une autre mitsva, et non priver celui qui l'a accomplie de l'opportunité d'en observer une autre.

=> Qui était concerné par Pessa’h Chéni?
La Torah écrit : "Parle ainsi aux Bné Israël : Si quelqu’un se trouve souillé par un cadavre, ou sur une route éloignée, parmi vous ou vos descendants … c’est au deuxième mois, le quatorzième jour, vers le soir, qu’ils le feront (le Korban Pessa’h)" (Béaaloté'ha 9,10).

La Michna [Pessa’him 9, 1] enseigne : "Celui qui était rituellement impur ou sur une route éloignée (du seuil de la cour du Temple et au-delà) et n’a pas observé le premier Pessa’h doit observer le 2e Pessa’h. Si quelqu’un a involontairement oublié ou a été empêché en raison de circonstances indépendantes de sa volonté et n’a pas observé le premier Pessa’h, lui aussi doit observer le deuxième Pessa’h".

=> Quelle est la différence entre le premier Pessa’h et le second Pessa’h?

-> Le 2e Pessa'h diffère du premier dans la mesure où il ne comporte aucun jour de fête, pas même pour ceux qui apportent alors le sacrifice pascal.
D'autre part, bien qu'ils n'aient pas le droit de consommer des produits fermentés ('hamets) en même temps que l'offrande (v.9,11), ils ont le droit de posséder et de manger du 'hamets le jour même où ils l'apportent (Rachi ; guémara Pessa'him 95a).

Une autre différence est que le sacrifice offert le premier (Pessa’h) nécessite la récitation du Hallel lorsqu’il est mangé tandis que le second (Pessa’h) ne nécessite pas la récitation du Hallel lorsqu’il est mangé…

=> Quel est le statut de Pessa’h Chéni?
Les Sages de la guémara évoquent 3 statuts possibles de Pessa’h Chéni :
1°/ il s’agit d’une fête à part entière (réguel mipné atsmo) ;
2°/ il s’agit d’un rattrapage du premier Pessa’h (tachloumim) ;
3°/ il s’agit d’une réparation du premier Pessa’h (tikoun).
Chacun de ces points de vue conduit à conséquences halakhiques différentes [voir guémara Pessa’him 93a].

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=> Quelles leçons nous apprend Pessa’h Chéni?

On peut citer :

-> d'après le Sifré :
Un certain nombre de personnes n'avait pas pu apporter le sacrifice de Pessa'h parce qu'elles étaient impures. Ces hommes, animés du désir ardent de vivre ce moment exceptionnel, firent appel à Moché. D. approuva leurs nobles intentions et les récompensa en révélant à leur propos le nouveau commandement de Pessa'h Chéni, la seconde possibilité d'apporter le sacrifice de Pessa'h, un mois après la date fixe de Pessa'h.
En effet, bien que ce fût d'ordinaire par l'intermédiaire de Moché que D. faisait connaître Ses commandements, Il distingua ces hommes afin de rendre hommage à leur désir sincère de s'élever au niveau spirituel, et c'est par leur entremise qu'Il promulgua ce nouveau commandement.

-> dans un divré Torah, le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La capacité d'apporter un korban Pessa'h à Pessa'h Chéni est une nouvelle hala'ha, qui a été entièrement créée par le fort désir de juifs qui ne voulaient pas manquer [la possibilité d'offrir] le korban Pessa'h (même s'ils avaient de bonnes excuses pour ne pas le faire).
Cela nous apprend sur la force du désir. Il ne faut jamais dire que quelque chose est impossible, car si tu le veux vraiment alors Hachem peut faire que cela se réalise.
[selon nos Sages si une personne désire se purifier alors du Ciel on l'aide. (ainsi, si nous témoignons d'un désir fort, alors cela permet ensuite d'avoir Hachem qui vient nous aider, et tout devient possible! [comme avec Pessa'h Chéni] )]

Le rav de Shinov dit que Moché était la personne la plus humble. Il n'était jamais sûr que Hachem parlera avec lui.
Cependant, Moché était certain qu'en l'honneur de ces personnes qui désiraient tellement apporter le korban Pessa'h, alors Hachem se présentera à lui (lui indiquant la nouvelle halakha).

[selon nos Sages, le désir est quelque chose de très puissant. On peut citer :
- si quelqu'un a des désirs spirituels qu'il ne peut malheureusement pas accomplir (ex: donner davantage à la tsédaka mais il n'en a pas les moyens, étudier davantage mais il faut travailler), alors Hachem va compter comme s'il avait réalisé cela de la meilleure des manières possibles.
(ainsi, plus on désire donner, s'investir dans des choses spirituelles, plus on sera récompensé pour cela)
- une fois que le machia'h est là, la présence d'Hachem est tellement claire qu'il n'y a plus de libre arbitre, et donc de vraies récompenses pour nos mitsvot. On restera au niveau qu'on aura attend lors de la venue du machia'h.
Cependant, le Maharal enseigne que si une personne a des désirs spirituels énormes et qu'il n'a pas eu le temps ou les capacités de les accomplir, alors même une fois que le machia'h sera arrivé, il pourra ensuite continuer de monter jusqu'à atteindre ces niveaux.
(ainsi plus on a sincèrement des désirs spirituels élevés (ex: je veux être comme Avraham, donc avant le machia'h je fais tout pour suivre son exemple selon mes capacités et situation personnelle), alors plus on pourra après la venue du machia'h tendre vers son niveau)
- "Tout homme dont le cœur est inspiré viendra " (Vayakel 35,21)
Le Ramban écrit que la Torah se réfère à ceux qui vinrent tisser, coudre et construire le michkan. Où ces personnes avaient-elles appris à effectuer des tâches si habiles?
Le Ramban répond qu’elles découvrirent ce talent caché, grâce à leur profond désir d’accomplir la volonté d’Hachem, d’aider à construire le Michkan. En voyant une telle ardeur, Hachem leur donna la possibilité de faire des choses qu’elles n’avaient jamais apprises.
[ainsi, les gens dont le cœur fut inspiré pour accomplir la volonté d’Hachem et construire le michkan découvrirent des forces et des talents complètement insoupçonnés. Nous avons tous également la capacité de dépasser nos limites et de réaliser ce qui nous parait impossible, mais la condition préalable est : d'avoir un profond désir d’accomplir la volonté d’Hachem. ] ]

-> Rachi (Béaaloté'ha 9,1) écrit : "pourquoi [le livre de Bamidbar] ne commence-t-il pas par le présent chapitre (sur Pessa'h Chéni)? Parce qu’il jette un discrédit sur Israël, lequel, au long de tous les 40 ans de son séjour dans le désert, n’a présenté que cette fois-là le korban Pessa'h.
[la Torah ne voulait pas commencer le livre de Bamidbar par un récit ne mettant pas les Bné Israël sous leur meilleur jour.]

Dans le désert on ne faisait pas de brit mila sur les nouveau-nés car cela était dangereux dans un milieu si hostile, et ainsi il leur était interdit d'apporter un korban Pessa'h (puisque non circoncis).
[les parents d'enfants incirconcis ne sont pas autorisés à apporter l'offrande de Pessa'h ; or, pour des raisons de santé, il était dangereux de circoncire des nouveau-nés dans le désert (guémara Yébamot 71b).
A cause de la faute des explorateurs, les Bné Israël n'ont pas pu rentrer en terre d'Israël la 2e année du désert, et alors pouvoir y offrir ce korban (au lieu de cela ils y sont restés 40 ans)]
=> Ainsi, pourquoi cela est-il considéré comme une disgrâce le fait qu'ils n'ont pu amener un korban Pessa'h qu'au bout de la 1ere année dans le désert?
Le Imré Emet répond : si les juifs dans le désert auraient désiré de tout leur coeur pouvoir apporter un korban Pessa'h, Hachem aurait alors fait que cela puisse devenir possible.
De même que Hachem a trouvé un moyen pour que les personnes impures à Pessa'h puissent amener un korban à Pessa'h Chéni, de même Hachem aurait pu trouver une solution pour permettre à la génération du désert d'apporter un korban Pessa'h [de la 2e à la 40e année].
=> Leur disgrâce a été qu'ils n'ont pas assez désiré.
[cela nous apprend que nous devons travailler à renforcer nos désirs de spiritualité, et s'ils ne deviennent pas encore réalité nous devons avoir conscience que rien qu'à l'état de désir ils ont une valeur énorme aux yeux d'Hachem! ]

-> Le 'Hidouché haRim explique que force est de dire que ces gens ne 'demandèrent' pas : "Pourquoi serions-nous privés?", mais ils supplièrent du fond du cœur : "Pourquoi ... pourquoi? Nous savons que nous sommes impurs, mais nous voulons faire partie de ceux qui apportent le sacrifice d'Hachem".
C'est pourquoi ce désir brûlant conduisit à ce qu'une nouvelle Loi soit énoncée.
=> C'est l'enseignement que Pessa'h Chéni transmet à chaque juif, quels que soient sa situation et l'endroit où il se trouve : s'il se tourne vers Hachem en suppliant avec conviction : "pourquoi serais-je privé", alors, même plongé dans les vanités de ce monde, s’il désire de tout son cœur "voir le Roi", Hachem lui ouvrira les portes du Ciel.
Il méritera ainsi de se sanctifier et de pénétrer dans Son Saint palais.

Voyons combien le désir possède une force considérable : nos Sages nous enseignent (Midrach Chmouël Rabeta §3) qu'avant la naissance du prophète Chmouël, une voix céleste retentit et annonça : "Un enfant va naître du nom de Chmouël, qui méritera la prophétie d'Hachem".
Que firent les Bné Israël?
Comme ils désiraient ardemment que leur fils soit prophète,
chacun appela le sien de ce prénom.
Dans les faits, seul le fils de 'Hanna mérita d'être prophète ; cependant, le désir si intense de tous ces parents leur valut que leur fils prophétise une fois au moins dans sa vie.

-> Le rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch avait l’habitude de dire :
"Pessa’h Chéni enseigne qu’une situation n’est jamais désespérée", il n’est jamais trop tard car il est toujours possible de rectifier les choses.

-> D'après le Séfer HaSi’hot :
L’exil ressemble à un état d’impureté ou à un éloignement de la source de la sainteté, les situations où s’applique Pessa’h Chéni.
Le commandement de Pessa’h Chéni ne fut dévoilé qu’à la suite de l’exigence prononcée "des hommes qui s’étaient rendus impurs au contact d’un cadavre…: “Pourquoi serions-nous privés”"
=> De même, Hachem attend de nous que nous réclamions avec insistance la guéoula du Peuple Juif pour nous envoyer le machia’h.

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-> Le Zohar (III, 152b) enseigne à propos de Pessa'h Chéni :
"En ce jour, une proclamation est faite qui annonce : ''Celui qui n'a pas encore contemplé la Présence Divine, qu'il vienne durant ces jours-ci contempler la face du Seigneur Hachem, avant que les portes ne se ferment.''
Quel jour cette proclamation est-elle faite ? Le quatorze du deuxième mois (le 14 Iyar), car à partir de ce jour et durant sept jours, les portes restent ouvertes et se ferment ensuite."

=> Selon le Zohar en ce jour Hachem ouvre les Portes du Ciel.

[plus encore, ce même Zohar (Béaaloté'ha 152) nous enseigne que : "depuis Pessa'h Chéni (le 14 Iyar), les cieux sont ouverts pendant une semaine, puis ils se referment".
=> Combien nous devons profiter de cette opportunité de 7 jours pour abonder en prières et maximiser ainsi leur impact! ]

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-> On a vu précédemment que selon la guémara (Soucca 25a), Rabbi Akiva qu'il s'agissaient de Michaël et Elitsafan qui s'étaient occupés de la sépulture de Nadav et Avihou. (occupés à les enterrer, et le 7e jour et dernier jour de leur état d'impureté tombait la veille de Pessa'h, leur empêchant de faire le sacrifice Pessa'h ce jou-là)

=> Pourquoi Michaël et Elitsafan furent-ils choisis par Moché pour enterrer Nadav et Avihou?

-> Le Shvilé Pi'nhas nous explique :
Pour répondre à cette question, commençons par rapporter la guémara ('Houlin 7b) : "Les Justes sont plus grands après leur mort que durant leur vivant, comme il est écrit : "Les gens aperçurent une de ces bandes, des réchaïm, un jour qu'ils enterraient quelqu'un, ils jetèrent le corps dans le sépulcre d'Elicha. Au contact des ossements d'Elicha, le défunt ressuscita et se remit debout" (Méla'him II 13,21)."

Rachi explique qu'il s'agissait d'un racha qui n'était pas destiné à être enterré auprès des Justes. De son vivant, lorsqu'Elicha chercha à ressusciter le fils de la Shounamite, il dut placer ses lèvres sur les siennes, ses yeux sur les siens et implorer la Miséricorde divine. Après sa mort, un simple contact avec ses ossements fit ressusciter ce racha.

D'après cet enseignement, nous pouvons affirmer que [les Justes] Nadav et Avihou étaient plus élevés après leur mort que durant leur vivant. En effet, lorsque Michaël et Elitsafan s'occupèrent de leurs dépouilles, ils furent en contact avec la grandeur de ces derniers. Ils ressentirent le même élan que connurent Nadav et Avihou pour accomplir le service divin mais qui précipita leur mort du fait de leur empressement.
Michaël et Elitsafan furent alors épris d'un désir ardent d'accomplir le commandement du Korban Pessa'h alors qu'ils en étaient exemptés du fait de l'impureté qu'ils contactèrent au contact des dépouilles.
Toutefois, contrairement à Nadav et Avihou qui furent punis de mort pour avoir prononcé une loi devant leur maître Moché motivés par un amour sincère pour le Créateur, Michaël et Elitsafan furent attentifs d'accomplir ce commandement uniquement après en avoir reçu l'ordre de Moché.
Ils exprimèrent leur profond désarroi sans pour autant transgresser cet interdit et méritèrent de recevoir cette une nouvelle mitsva qui n'avait pas encore été énoncée, celle de Pessa'h chéni.