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Yaakov dit à Lavan : "Donne-moi ma femme, car mon temps est accompli et je veux m’unir à elle" (Vayétsé 29,21)

=> Ce verset est difficile à comprendre car il parait évident qu’il est assez grossier de parler de la sorte, surtout pour Yaakov.

-> Le Ben Ich 'Haï (Vayétsé) explique :
En fait, le sens caché de cette phrase est beaucoup plus profond et il nous permet de comprendre un autre niveau d’union dans le couple.
Il est dit que lorsque un homme (ich - איש) et une femme (icha - אישה) le méritent, le Youd de ish et le Hé de isha s’unissent et forment le nom Ya’h (י’ה), ce qu’on traduit par le fait que la Présence Divine (Chékhina) réside avec eux.
S’ils ont ensuite un garçon, ils y rajoutent la lettre Vav, puis une fille et c’est pour finir la lettre Hé qui vient clôturer le nom Havaya (י-ה-ו-ה).

C’est justement l’allusion de notre verset, dans les mots : "et je veux m’unir à elle (véavoa éléa - ואבואה אליה) on peut lire en changeant les lettres de place :"j’amènerai le Vav et le Hé au Youd et au Hé" (ואבא ו’ה אל י’ה) c’est-à-dire, maintenant que mon temps de travail est finit, et qu’elle est devenue de fait ma femme (car le temps de travail était une condition aux Kidoushin - fiançailles), je veux enfin me marier et en ayant des enfants avec elle, amener l’union complète des lettres du Saint Nom Divin Havaya (י-ה-ו-ה).

La libération de Yossef, lorsqu'on le tira de sa geôle et qu'on le nomma vice-roi, ne fut rendu possible que parce qu'il s'enquit du bien-être moral du maître-échanson et du maître-panetier et leur demanda : "Pourquoi vos visages sont-ils tristes aujourd'hui?", afin de leur donner du courage.
Cela pour nous enseigner qu'un mot de bienveillance possède la force de sauver sa propre vie et celle des autres et de mériter d'accéder au trône.
[d'après nos Sages]

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+ Vayéchev : le salaire inimaginable d'un petit acte de bonté :

-> Vers la fin de la paracha, Yossef se trouve dans une situation désespérée, après 10 ans de prison ferme, sans libération en perspective. À ce moment, un épisode prend place, au cours duquel il est appelé à interpréter les rêves des ministres de Pharaon. C’est le début de son élévation soudaine au poste de vice-roi sur toute l’Égypte.

Le verset marquant le point de départ dans ce renversement de la situation de Yossef peut facilement passer inaperçu : après leurs rêves respectifs, les 2 ministres étaient bouleversés, car ils n’en comprenaient pas le sens. En voyant leur mine défaite, Yossef demanda : "Pourquoi semblez-vous abattus aujourd’hui?" (Vayéchev 40,7).

Cette question apparemment sans importance, entraîna l’interprétation des rêves puis la libération de Yossef et son ascension fulgurante au pouvoir.
=> Ainsi, si Yossef ne leur avait pas demandé la raison de leur désarroi, ils ne se seraient probablement jamais confiés à lui et cette formidable opportunité de liberté aurait été manquée.

Ce petite preuve de prévenance de la part de Yossef peut paraître insignifiante, mais elle est en réalité remarquable, vue la situation dans laquelle il se trouvait à ce moment-là : il avait vécu dans des conditions épouvantables pendant 10 ans, sans espoir réel de libération. Il aurait été compréhensible qu’il soit complètement absorbé par sa propre situation et ne remarque pas l’expression du visage des personnes qui l’entouraient.
Qui plus est, il avait pour tâche de servir les 2 ministres qui étaient des personnalités importantes en Egypte ; ceux-ci le considéraient certainement comme un subalterne et ne lui prêtaient absolument aucune attention.
Pourtant, il mit ces éléments de côté et se soucia de leurs visages déprimés.

Nous sommes tentés de vivre notre vie, absorbés par nos propres soucis, au point de ne pas remarquer les besoins des autres. L’un des moyens de devenir un véritable baal ‘hessed est de passer outre nos intérêts personnels et d’être attentif au monde qui nous entoure. Parfois, cela demande de faire des concessions, et de mettre notre bien-être de côté, en faveur de celui des autres.

L’exemple le plus remarquable se trouve un peu plus tôt, dans la paracha, lorsque Tamar est emmenée au bûcher. Elle avait toutes les chances d’avoir la vie sauve en révélant que les objets qu’elle détenait appartenaient à Yéhouda.
Néanmoins, elle se soucia davantage de la gêne que cela aurait causé à Yéhouda si elle l’avait fait et garda donc le silence (Vayéchev 38,25).
La guemara (Baba Metsia 58b) déduit de cet incident qu’il vaut mieux se laisser mourir plutôt que de mettre quelqu’un dans l’embarras.
Rabbénou Yona (commentaire sur Pirké Avot 3,15) et Tossefot (guémara Sotah 10b) affirment que telle est la halakha (loi juive)! Cela nous enseigne que nous avons parfois l’obligation de donner priorité aux sentiments d’autrui plutôt qu’aux nôtres.

Les guedolim (grandes figures en Torah) incarnent parfaitement cette capacité à réduire à néant leurs propres besoins, tout en se concentrant sur ceux des autres.

Par exemple, le rav Moché Feinstein fut conduit en voiture par un étudiant de sa yéchiva. Alors qu’il entrait dans le véhicule, celui-ci ferma la porte sur les doigts du rav, qui resta malgré tout silencieux, comme si rien ne s’était passé. Un spectateur abasourdi lui demanda pourquoi il n’avait pas hurlé de douleur. Le rav répondit que le jeune homme aurait certainement été très gêné de lui avoir fait mal ; rav Moché se contint et garda le silence.
[le rav préféra ignorer ses propres sentiments pour éviter de la peine à son frère juif! ]

Ce n’est pas seulement dans les moments difficiles que nous devons prêter attention à autrui.
Le rav Aharon Kotler alla dire aurevoir à son beau-père, le rav Isser Zalman Meltser, en compagnie de son fils, le rav Shnéor avant de quitter la terre d'Israël pour le mariage de celui-ci. Le rav Isser Zalman s’arrêta au milieu des escaliers en les raccompagnant, au lieu de les escorter jusqu’à l’extérieur de la maison.
Ils lui en demandèrent la raison et il expliqua : "Plusieurs de mes voisins ont des petits-enfants qui furent tués par les nazis. Comment puis-je sortir et enlacer mon petit-fils, affichant ma joie en public, alors que ces gens ne peuvent en faire autant!"

=> Ces démonstrations exceptionnelles d’altruisme peuvent être source d’inspiration pour nous.
Souvent, nous pouvons dominer notre égocentrisme et prendre conscience de ce dont l’autre a besoin.
Lorsque nous marchons dans la rue, nous avons tendance à être plongés dans nos pensées, mais il vaudrait la peine de prêter attention aux personnes qui nous entourent ; il se peut que quelqu’un porte une lourde charge [morale] et aimerait qu’on lui prête main-forte.

Parfois, bien que ne ressentant ni joie, ni tristesse particulière, nous avons tendance à rester dans notre "petit monde" ...
Or, nombreux sont les actes de prévenance pouvant illuminer la vie des gens.
Nous apprenons de Yossef qu’il est impossible de savoir quelles seront les conséquences d’une bonne action.
L'Alter de Slabodka disait que l’on ne peut pas non plus imaginer le salaire que nous recevrons pour un petit acte de 'hessed (bonté).

[compilation personnelle issue du rav Yehonatan Geffen]

Parvenir à accepter avec amour les difficultés

+++ Parvenir à accepter avec amour les difficultés / souffrances :

"Yaakov déchira sa tunique, se vêtit d'un cilice et prit le deuil pour son fils pendant de nombreux jours" (Vayéchev 37,34)

-> Le midrach (Béréchit rabba 84,20) commente :
Puisque Yaakov se revêtit d'un cilice, celui-ci ne quittera pas ses fils et sa descendance ...
"Mordé'haï se couvrit de cilice et de cendre" à l'époque d'Assuérus lorsque Haman le racha décréta de tuer et d'anéantir tout le peuple d'Hachem (Méguilat Esther 4,1).

-> Le 'Hatam Sofer explique :
Le travail de l'homme dans ce monde est de parvenir à accepter les épreuves qu'il subit avec amour et joie en sachant que grâce elles, il se purifie et se rapproche de son Créateur.
Et c'est précisément cette joie qui le sortira finalement des souffrances et de l'obscurité vers la lumière.
De fait, Yaakov avait toujours accepté les vicissitudes de l'existence avec joie : Essav, Lavan, Dina, ... jusqu'à ce qu'advienne l'épreuve de vérité de Yossef.
Dans celle-ci, le yétser ara frappa Yaakov sans pitié. En effet, ce dernier savait que tout son monde futur dépendait de cela, comme l'enseigne Rachi (Vayéchev 37,35) : "Hachem avait transmis un signe à Yaakov selon lequel si aucun de ses fils ne mourait de son vivant, il pouvait être assuré de ne pas contempler le Guéhinam."
Il ne put alors supporter cette souffrance et versa des larmes amères en se couvrant d'un cilice.

C'est à cause de cela que sa descendance, elle non plus, ne fut pas toujours capable de surmonter la crainte face au poids des épreuves, et que les juifs au cours des générations durent se revêtir également d'un cilice et prendre le deuil face à l'adversité.
Mais en réalité, c'est cela qui est demandé à chaque juif : accepter avec amour les difficultés en sachant que la moindre épreuve supportée en silence vaut plus que plusieurs prières.

-> Le 'Hatam Sofer explique d'après cela que la raison pour laquelle Esther organisa un festin à l'intention du roi et de Haman, était d'exprimer par cela sa joie à l'égard d'Hachem et sa confiance dans le fait que la délivrance était proche.

Confiance en soi & l’orgueil de la sainteté

+++ Confiance en soi & l'orgueil de la sainteté :

"Elle le saisit par son vêtement ... Il laissa son habit dans sa main, s'enfuit et sortir au dehors" (Vayéchev 39,12)

-> Le terme "bévigdo" (son vêtement - בְּבִגְדוֹ), signifie également : une rébellion, une révolte.
Le Beit Avraham explique que la femme de Potiphar a essayé de convaincre Yossef qu'il était un rebelle envers Hachem, et qu'ainsi c'était normal d'en venir à fauter.
[elle lui disait puisque tu es un rebel et fauteur, alors pourquoi ne pas transgresser "juste" cette faute aussi? ]

-> "Ne sois pas un racha à tes yeux" (al té'i racha bifné atsmé'ha - Pirké Avot 2,13)
Le Rambam commente : "Ne te considère pas comme un racha, car si tu te considères comme étant de faible valeur, alors tu ne donneras pas d'importance au fait de fauter."
[de même que je suis un nul, alors c'est normal que je fasse des actes nuls (fautes)!]

-> "Il n'y a personne qui soit plus grand que moi dans cette maison" (Vayéchev 39,9)
Le rabbi de Kobrin explique que Yossef se disait : "Je suis la plus grande personne au monde. Il n'y a personne de plus grand que moi".
Grâce à ses pensées d'encouragement, il a été capable de surmonter son yétser ara.
[lorsque le yétser ara essaie de nous convaincre à fauter, nous devons lui déclarer : "Je suis très distant de la faute. Je fait partie des tsadikim d'Hachem (au regard des capacités que D. m'a donné). A chaque bonne action j'apporte un plaisir énorme à Hachem. Comment puis-je fauter!"
On appelle ça de l'orgueil de la sainteté (gaava déKédoucha)]

[ Yossef se disait : "Personne n'est plus grand que moi. Je suis la plus grande personne au monde. Je fais partie des tsadikim". Avec cette pensée encourageante à l'esprit, il fut en mesure de réussir l'épreuve.
"Ton peuple est [composé que] de tsadikim" (véamé'h koulam tsadikim - Yéchayahou 60,21) = en un sens, chaque juif (quoiqu'il puisse faire comme faute garde toujours une partie d'âme pure), ayant une racine de tsadik. Ainsi tout juif doit se voir comme tsadik (pouvant impacter magnifiquement le monde) = koulanou tsadikim. ]

-> "A l’époque qui précédera l’arrivée du machia’h, l’effronterie grandira" (guémara Sota 49b)
Le Sfat Emet explique qu'avant que le machia'h ne vienne, les gens seront effrontés en disant : "Je sui un tsadik! Je suis spécial!"
[Grâce à cette orgueil, cette fierté, nous pouvons conquérir notre yétser ara.]

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-> On peut citer en exemple les paroles du rav Wolbe (Alé Chour) :
"Chaque personne est obligée d'être consciente qu'elle a une valeur énorme.
Cela ne fait pas allusion à une estime de soi illusoire, qui est basée sur un sentiment d'arrogance de se sentir meilleur que les autres, mais à une réelle estime de soi qui est totalement incroyable de par son immensité.

Chaque personne est obligée de se dire : "Le monde n'a été créé que pour moi" (guémara Sanhédrin 37a).
Rachi de commenter : "J'ai l'importance du monde entier".

Chaque personne est un phénomène unique, un événement qui n'a jamais eu lieu avant et qui n'aura plus jamais lieu ensuite.
Tu es un mélange unique de traits de caractère et de personnalité.
Tu es unique dans ta constellation familiale, né à un moment spécifique de l'histoire, et dans un environnement spécifique.
Cette unicité te donne une énorme importance, car il n'y a que toi qui peut accomplir les missions uniques de ta vie."

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-> "Afin de faire savoir à l'homme Sa Puissance" (Téhilim 145,12)

Le Yessod haAvoda le commente en disant que cela se réfère à l'homme lui-même : il lui incombe de se faire savoir à lui-même que des forces extraordinaires sont enfouies en lui, et tout son travail est de les dévoiler et de les exploiter.

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-> "Yaakov aimait Yossef plus que tous ses fils ... et il lui fit une tunique de fine laine" (Vayéchev 37,3)

La guémara (Shabbath 10b) nous enseigne que le traitement de faveur que Yossef a reçu de son père Yaakov, a entraîné que ses frères deviennent jaloux de lui, ce qui les a menés à le vendre comme esclave, causant finalement la descente des juifs en Egypte et le fait qu’ils y deviennent esclaves.

=> Pourquoi Yaakov a-t-il donné la tunique à Yossef?

Nos maîtres du moussar expliquent que c'était afin d'élever l'estime de soi de Yossef.
Il est fort probable que Yossef a subi des épreuves beaucoup plus difficiles que ses frères. Il a vécu parmi les non-juifs pendant de nombreuses années, d'abord en tant qu'esclave et ensuite comme premier ministre.
Rachi écrit : "Yossef, qui était devenu roi après avoir été emmené en captivité parmi les non juifs, s’était néanmoins maintenu dans sa piété" (Vayé'hi 47,31)
Ainsi, si Yossef a pu réussir à passer de difficiles épreuves, tout en restant un tsadik, c'est grâce à l'honneur qu'il a pu recevoir avec son vêtement unique.
[si je suis si grand aux yeux de mon père, je me dois de lui faire honneur en agissant avec grandeur!]

-> Rachi (v.37,3) [ainsi que le Baal haTourim] écrit : les 4 lettres qui composent le mot passim (à rayures – פַּסִּים) préfigurent les malheurs qui atteindront Yossef : Potifar (pé), les marchands (so’harim – samé’h), les Yichmaélim (youd) et les Midyanim (mèm).
Nos maîtres du moussar expliquent que cette tunique à rayures (passim) fait allusion aux 4 fois où Yossef a été vendues, car le but de la tunique était d'augmenter la confiance en soi de Yossef afin qu'il puisse surmonter ces difficiles épreuves.

-> La pire chose que peut nous faire le yétser ara est de nous faire oublier que nous sommes le fils d'Hachem (ben chel Mélé'h).
[rabbi Shlomo de Karlin]

[la plus grande arme du yétser ara est de nous persuader que nous n'avons pas tant de valeur spirituelle que cela. (en ce sens, il nous dit : soit humble, ne te considère pas comme quelqu'un d'important)
Nous devons avoir une confiance en soi spirituelle afin de pouvoir avoir du répondant à notre yétser ara.
(l'orgueil de la sainteté : gaava déKédoucha)]

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-> La guémara (Baba Métsia 85a) rapporte que Rabbi Chimon bar Yo'haï avait un petit-fils appelé Yossi qui est "sorti du chemin (déré'h)" et devint un grand fauteur.
Rabbi (rabbi Yéhouda HaNassi) en entendit parler et voulut ramener le petit-fils de Rabbi Shimon à la Torah. Il engagea un professeur de Torah pour Yossi, lui donna la semi'hah (ordination rabbinique), l'habilla d'un manteau d'or, du type de ceux que portent les rabbanim, et demanda à tout le monde de l'appeler "rabbi".
Ces mesures permettent à Yossi d'avoir une meilleure opinion de lui-même et il revient progressivement au judaïsme. Chaque fois qu'il était tenté de revenir à ses anciennes habitudes, son professeur lui rappelait : "Tu as été fait 'hakham (sage, érudit), tu portes le manteau des érudits, nous t'appelons “rabbi”, et tu veux partir? ".
Finalement, il déclara : "Je jure que je ne demanderai plus à partir".

Finalement, il devint un grand érudit, un tsadik, un Tana, "Rabbi Yossi ben Rabbi Elazar ben Rabbi Shimon". La dignité qu'il a reçue l'a transformé.

Lorsque Rabbi Yossi décéda, on voulut l'enterrer près de Rabbi Elazar, son père, mais un serpent bloqua l'entrée de la grotte et on ne put l'enterrer à cet endroit.
Certains pensaient que Rabbi Yossi n'était pas digne d'être près de son père. Un bat kol (voix Divine) émana et dit : "Ce n'est pas que Rabbi Elazar soit plus grand que Rabbi Yossi. C'est plutôt parce que Rabbi Elazar a souffert d'être caché dans une grotte pendant 13 ans" (voir Shabbath 33).

-> Cette guémara dit qu'en dehors d'un seul aspect, Rabbi Yossi a atteint le niveau de son père.
C'est ainsi que Rabbi Yossi s'est élevé dans sa téchouva. Le changement décisif a commencé lorsqu'il a reçu la semi'ha, qu'on l'a appelé "rabbi" et qu'il a porté le manteau doré des rabbanim.
C'est ce que fait l'honneur aux gens. Il les fait changer d'avis. C'est ainsi que le Rabbi a transformé Rabbi Yossi en un baal téchiuva et un grand Tana.

Nous avons ici une leçon de 'hinoukh (éducation) également. Si vous voulez que votre enfant excelle, honorez-le. Croyez en lui. Considérez-le comme un grand. Cela inspirera votre enfant à grandir et à réaliser son potentiel.
En utilisant des moyens de renforcez son estime de soi, on lui permet d'avoir le carburant plus permettant d'exprimer le plus ses potentialités internes.

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-> Un ba'hour de la yéchiva de rabbi Isser Zalman Meltzer a un jour développé une pensée innovante en matière de Torah. Rabbi Isser Zalman demanda de faire une célébration, et toute la yeshiva but des lé'hayim grâce à la joie que leur procurait la découverte de ce ba'hour en matière de Torah.
Le ba'hour déclara que pendant le semestre suivant, il étudia avec diligence en raison de l'honneur qu'il avait reçu ce jour-là.

-> Il est dit : "moussar Hachem béni al tim'as" (Michlé 3,11).
Le Yessod haAvoda explique les mots "moussar Hachem" (מוסר ה), Hachem donne du moussar en disant "béni" (בני), "Tu es mon fils!".
Alors "al tim'as (אל תמאס), ne te souille pas par des actes impurs.

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-> Rabbi Yankele Galinsky zt'l a raconté que lorsqu'il était interné en Sibérie, l'un de ses compagnons de cellule se levait régulièrement au milieu de la nuit, s'habillait en uniforme militaire et marchait dans la pièce, faisant semblant de donner des ordres à ses subordonnés.
Un soir, Rabbi Galinsky lui a demandé pourquoi il faisait cela.

Le prisonnier était embarrassé. Il n'avait pas réalisé qu'il était observé. Rabbi Galinsky promit de ne rien dire à personne ; il était simplement curieux de cette étrange coutume.
Le prisonnier répondit : "J'étais un puissant général de l'armée allemande. Des centaines de soldats étaient sous mon commandement. Je ne veux pas oublier mon glorieux passé. Je mets mon uniforme militaire avec toutes mes médailles et je fais comme si j'étais à nouveau à la tête de centaines de soldats. Cela me donne la force d'endurer l'humiliation et l'affliction que nous subissons ici dans cette prison russe".

Rabbi Galinsky a raconté cette histoire pour nous rappeler que nous sommes les fils du roi et que nous ne devons jamais oublier notre glorieux passé.

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-> Le Chem miChmouël (Yitro 5675) écrit qu'un des défauts principaux de l'homme est qu'il ne reconnaît pas sa valeur et son importance, car s'il appréciait qui il est et reconnaissait ses capacités et son potentiel, il n'en viendrait jamais à fauter.
En effet, nos Sages disent : "Ne sois pas un racha à tes yeux" (Pirké Avot 2,13).

-> Le rav Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 154) enseigne : "de même qu'une personne doit croire en Hachem, de même elle doit croire en elle-même".
Le 'Hazon Ich (Séfer Emouna ouBita'hon 4,12) ajoute que des sentiments de petitesse sont comparables à une porte qui ferme l'entrée du service d'Hachem (avodat Hachem).
[l'humilité c'est d'abord avoir conscience de notre grandeur, de nos qualités/capacités, afin de les employer au mieux, et ensuite reconnaître que tout cela ne vient que grâce à Hachem.
Le yétser ara nous fait inverser les choses sous couvert d'humilité : je crois être humble en me considérant comme quelqu'un de petit, donc je n'ai pas une responsabilité importante de faire beaucoup de choses spirituelles, et donc mon service d'Hachem est au rabais par rapport à ce qu'il devrait et aurait pu être.]

-> Le rav Aharon Kotler (michnat rav Aharon - vol.1) écrit que le plus une personne reconnaît sa propre valeur, le plus facile il lui sera de surmonter son yétser ara et réaliser son potentiel.

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz (Yalkout Méchiv Néfech) enseigne que c'est problématique lorsqu'une personne ne reconnaît pas ses défauts, mais cela est encore bien pire lorsqu'une personne ne reconnaît pas ses forces/qualités.

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-> Selon la michna (Sanhédrin 4,5), chaque personne doit se dire : "l'univers tout entier a été créé pour moi".
Nos Sages (guémara Sanhédrin 100a) enseigne que la mesure de bienfaisance d'Hachem est beaucoup plus grande que Sa mesure de punition.

=> Ainsi, de même que l'on peut voir qu'en appuyant sur un bouton on peut détruire la vie de tous les habitants du monde (arme nucléaire surpuissante), de même on doit se persuader que les forces positives sont beaucoup plus puissantes que cela. Si on peut détruire, c'est qu'on peut construire bien davantage!
En ce sens, on doit imaginer l'impact, la puissance, d'une de nos prières, mot de Torah, mitsva, ... [dont l'impact reste en plus de façon éternel]

[le monde est créé pour nous, qui pouvons tant l'impacter positivement, alors comment ne pas se voir sous un angle très positif! ]

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-> Le 'Hidouché haRim rapporte à ce propos le midrach (rabba 84,5) : "Yaakov demeura ..." = Rabbi 'Hounia enseigne : cela ressemble à quelqu'un qui allait en chemin et qui aperçut une horde de chiens. Pris de frayeur, il alla s'asseoir parmi eux.
De même, lorsque Yaakov vit Essav et ses généraux, il eut peur d'eux et alla demeurer parmi eux."

=> Comment comprendre ce commentaire? S'il eut peur d'eux, pourquoi alla-t-il précisément demeurer parmi parmi eux et ne changea-t-il pas d'endroit?

Le 'Hidouché haRim explique que Yaakov savait avec une foi parfaite que l'homme ne peut aller contre Hachem car c'est Lui le Créateur qui dirige le monde entier et gouverne chaque chose.
Néanmoins, il lui restait une seule solution : se renforcer dans sa émouna ce qui aurait pour effet d'adoucir l'épreuve et même de l'annuler.
C'est pourquoi lorsque Yaakov vit tous les généraux d'armée, il ne prit pas la fuite mais alla sereinement se placer parmi eux comme quelqu'un qui irait de plein gré s'asseoir au milieu des chiens sans aucune crainte.
Grâce à ce comportement, il fut préservé de Essav et de son armée qui symbolisent le yétser ara et ses épreuves, et fonda ainsi le peuple d'Israël.

[dans notre vie, tout peut nous pousser à désespérer. C'est là que nous devons faire preuve d'orgueil, et proclamer fortement notre émouna. (ex: tu sais qui je suis, mon papa Hachem peut tout, Il gère absolument tout pour mon bien, Il est remplie de bontés à mon égard et Il m'aime plus que tout! Certes l'avions de ma vie passe des turbulences, mais c'est mon papa, le meilleur, qui est au commande, alors je n'ai pas peur!
La joie s'obtient en s'élevant de notre état présent, en étant fier de mettre Hachem devant nos difficultés.
Notre yétser ara veut réduire la lumière de notre vie pour nous pousser à fauter, nous devons l'allumer en s'enorgueillant de notre sainteté par le fait que nous avons une partie Divine (l'âme) en nous!]

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-> Le Sfat Emet (petit-fils du 'Hidouché haRim) enseigne :
"Il me semble que grâce au fait que Yossef accepta l'humiliation que lui firent subir ses frères lorsqu'ils le dévêtirent de sa tunique, sans émettre le moindre soupçon sur la conduite d'Hachem, confiant qu’il s’agissait d’un bienfait, il mérita ensuite l’aide Divine qui lui donna la force de subir l'affront entraîné par sa fuite de devant la femme de Potiphar (en laissant son habit entre ses mains), tout cela en l'honneur d'Hachem.
Tous ces détails mentionnés par la Torah nous enseignent à accepter avec joie et amour la manière dont Hachem dirige les évènements, en sachant que Ses voies sont insondables."

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-> Les souffrances, que ce soit sur notre corps ou bien avec de l'argent, expient toutes les fautes, et grâce à elles nous ne serons pas punis dans le monde à venir, où les punitions sont beaucoup plus importantes.
[Michna Broura]

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-> Il est intéressant de noter que la non appréciation de la valeur de chaque juif a été l'erreur tragique de Kora'h : https://todahm.com/2022/08/07/lerreur-de-korah-la-non-appreciation-de-la-valeur-de-chaque-juif

-> b'h, également : Savoir donner toute sa valeur à notre Service d'Hachem : https://todahm.com/2022/08/07/savoir-donner-toute-sa-valeur-a-notre-service-dhachem

-> mais aussi : l'estime de soi et la guéoula : le 3°/ des divré Torah : https://todahm.com/2022/08/10/quelques-enseignements-lies-a-la-destruction-du-temple

+ Notre matriarche Sarah descendit en Egypte et s'est préservée de l'immoralité. Ainsi, par son mérite, toutes les femmes se sont préservées [par la suite en Egypte].
Yossef descendit en Egypte et s'est préservé de l'immoralité, ainsi tout Israël, par son mérite, s'est préservé de l'immoralité.
Rabbi 'Haya bar Aba a enseigné : "Cela valait la peine qu'il se préserve de l'immoralité, car c'est par son mérite qu'Israël a été délivré".
[midrach Vayikra rabba 32,5]

-> Le rabbi Pin'has Friedman commente :
Grâce à l'épreuve avec la femme de Potiphar, Yossef a vaincu son mauvais penchant, et a préparé la voie à toutes les générations.
Il a permis aux Bné Israël de se préserver en Egypte dans la pureté et de ne pas se mélanger avec les égyptiens.
Grâce à cela, les Bné Israël se protégeront de toute immoralité afin de mériter la difficile délivrance d'Egypte.
Yossef a transmis cette capacité de se préserver, non seulement aux générations qui se trouvaient en Egypte, mais à toutes les générations jusqu'à la fin des temps, tout comme Avraham nous a légué l'attribut de bonté, jusqu'à aujourd'hui.

-> Selon le Zohar (Vayikra 4,14) : "Rabbi Its'hak a enseigné : il est écrit : "Le premier-né de son taureau, à lui revient la majesté!"
Parce que Yossef a protégé la brit de l'alliance kadoch et n'a pas fauté avec la femme de son maître, l'attribut du taureau a mérité d'être sur le Char Céleste Divin (Merkava)".

Yossef – l’homme le plus joyeux selon le Tana’h

+++ Yossef - l'homme le plus joyeux selon le Tana'h :

"Hachem était avec Yossef, et il fut un homme de réussite, et il demeura dans la maison de son maître égyptien" (Vayéchev 39,2)

-> "La Présence Divine ne réside que dans la joie"
[guémara Shabbath 30b]

-> Le Ktav Sofer (Téchouva Ora'h 'Haïm 27) explique que si quelqu'un est [intérieurement] triste, cela signifie qu'il ne croit pas que tout est pour le bien [puisque rien ne peut arriver sans l'accord de Hachem].
Et par le fait de ne pas croire à cela, alors nous ne méritons pas que Hachem reste avec nous.
[en n'acceptant pas avec joie ce qui nous arrive, c'est que nous pensons que D. ne fait pas parfaitement les choses, qu'Il ne maîtrise pas tout, et on en vient à vouloir l'aider par nos conseils (Hachem tu devrais me donner ça, faire plutôt ceci).
Hachem réside en nous là où on lui laisse de la place. Or, par nature nous avons un égo qui prend beaucoup de place. Ainsi, plus nous faisons preuve d'un bita'hon, qui génère de la joie, plus nous permettons à Hachem de résider en nous.]

Yossef était toujours joyeux. En effet, puisque le verset affirme que : "Hachem était avec Yossef", et que la Présence Divine ne serait pas avec Yossef s'il n'était pas joyeux.
=> Comment a-t-il pu rester constamment heureux alors qu'il était loin de sa famille, esclave isolé parmi les égyptiens?

Le Ktav Sofer répond que la réponse se trouve dans notre verset : "il fut un homme de réussite" (vayéhi ich matslia'h) = Yossef était heureux car pour lui sa vie était constamment au top, puisque selon la volonté de D.
Yossef est la seule personne dans le Tana'h, qui est appelée : "ich matslia'h" (un homme qui réussissait).

Le midrach traduit : "ich matslia'h" (איש מצליח) par : "une personne qui danse" (גבר קפוז).
Yossef était toujours en train de danser et il était rempli de joie.
Selon le Ktav Sofer, Yossef a atteint cette attitude positive car en toute circonstance, il considérait qu'il vivait une vie où tout ce qui lui arrivait n'était que du positif, que de la réussite.
[par exemple, toutes les épreuves qu’il endurait provenaient d'Hachem et eu final elles ne peuvent être que bénéfiques, il les accepta avec amour et joie. ]

Ainsi la vie est une question de perspective. Pour une même situation, une personne verra tout en noir, et une autre n'y verra que du bien.
Yossef aurait très bien pu s'apitoyer sur son sort (ne manquant pas de raisons pour cela!), mais il a plutôt décidé de se focaliser sur tout le positif que peut lui apporter la vie.
Il appréciait tout ce qu'il avait (la vie, la santé, des biens, ...), se considérant combler de bontés par Hachem.
Même esclave en Egypte, à ses yeux pleins de émouna, tout n'était que réussite, que du pur kif!

-> "Quel est le riche? C’est celui qui est heureux de ce qu’il possède" (Pirké Avot 4,1)
Pour un juif, le classement des personnes les plus riches du monde se fait en fonction de l’intensité de joie que l’on ressent avec ce que l’on a.
Yossef en était l'homme le plus riche, au point que c'est le seul à être appelé : "une personne qui danse [de joie]".

Selon le Sfat Emet : "heureux de ce qu’il possède" s'applique également dans le domaine de la spiritualité.
Bien que nous luttons pour atteindre des niveaux élevés, nous devons nous réjouir et considérer positivement ce que nous avons déjà pu atteindre.
[plutôt que d'être immobile à s'apitoyer sur son sort, sur ce qui nous manque, nous sommes heureux et fier de ce que nous avons déjà, et cela constitue l'énergie pour aller de l'avant!]

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-> "Tu aimeras Hachem, ton D." (véaavta ét Hachem Eloké'ha - Vaét'hanan 6,5)
Nos Sages (Sifri 32) explique que cela signifie : afin que votre coeur ne soit pas en désaccord avec Hachem (chélo yéé libé'ha 'halouk al aMakom), cela signifie que nous ne devons jamais sentir que Hachem nous maltraite. Il nous a mis dans notre situation actuelle pour notre bénéfice, et nous devons l'aimer pour cela.

-> Le midrach (Chir haChirim rabba 1,1) commente que Yossef méritait d'être libéré de la prison égyptienne parce qu'il a servi Potiphar correctement pendant tout le temps où il a été son esclave.
La question se pose : était-ce le seul mérite que Yossef avait grâce auquel il a obtenu sa liberté? Après tout, il était "Yossef haTsadik", un homme juste qui a résisté à l'épreuve de la femme de Potiphar. Qu'y avait-il de si spécial dans le service à Potiphar?

Le Sfat Emet (cité par le Sifté Tsadik - maamaré Pessa'h 35) explique que le midrach se réfère à l'état de bonheur de Yossef alors qu'il servait Potiphar, à quel point il accepté son sort sans se plaindre à Hachem.
Pour faire son travail avec bonheur/joie, il faut beaucoup de émouna. En agissant ainsi, Yossef est devenu digne d'être libéré de la prison et d'être nommé vice-roi d'Egypte.

Selon le rav Ashear, nous apprenons également de ce midrach que nous ne voyons pas toujours les résultats de nos actions immédiatement, mais Hachem récompense chacun pour ses actions au bon moment.
Yossef a été récompensé pour sa foi, mais cette récompense est venue 12 ans après avoir servi dans la maison de Potiphar.
Nous devons nous entraîner à croire que tout est pour le mieux, et cet état d'esprit nous apportera le bonheur et nous rendra dignes d'avoir la Présence Divine avec nous, ce qui nous apportera alors encore plus de réussite/bénédictions.

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-> "Hachem était avec Yossef et il fut un homme qui réussit" (Vayéchev 39,2)

-> Le Chaaré Sim'ha commente :
Le sens simple est que la réussite de Yossef lui vint du fait qu'Hachem était avec lui. Mais, on peut apporter une autre explication à ce verset. En effet, en général, c'est surtout quand une personne rencontre des épreuves et des difficultés, qu'il se met à se tourner vers Hachem et Le prie pour qu'Il le sorte de sa détresse.
Mais quand tout va bien et qu'il récolte des réussites, alors souvent, on oublie le Créateur et on se laisse séduire par l'erreur de penser que sa réussite vient de son intelligence et de sa force.
Mais les tsadikim ne se comportent pas ainsi. "Hachem était avec Yossef" = celui-ci pensait à Hachem et se tournait continuellement vers Lui, même quand "il fut un homme qui réussit".
Sa réussite ne lui fit pas oublier Hachem.
[Yossef mettait toujours Hachem dans sa vie, en face de lui, et c'est pour cela qu'il était heureux, qu'il "fut un homme qui réussit".]

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+ "Le maître de Yossef le prit et le mit dans la prison, l'endroit où sont détenus les prisonniers du roi, et il resta là-bas, dans la prison" (Vayéchev 39,20)

-> "l'endroit où sont détenus les prisonniers du roi, et il resta là-bas, dans la prison"
Les mots : "là-bas" semblent superflus.
Les commentateurs expliquent que "il resta là-bas dans la prison", signifie : Yossef était là-bas de tout son cœur et de toute son âme. Il a accepté le décret d'Hachem avec joie.
Il était persuadé que c'était pour son bien ultime.
[rav Elimélé'h Biderman]

-> Le Kédouchat Lévi enseigne :
"Yossef aurait pu faire quelque chose pour se sortir de la prison, mais il n'a rien fait.
En effet, il avait confiance en Hachem que tout est pour le bien."
[puisque tout ne vient qu'avec l'accord d'Hachem, alors tout n'est que bien pour moi]

-> Le Sfat Emet écrit :
Yossef était extrêmement intelligent et également riche, puisqu'il disposait des biens de Potiphar ("Tout ce qu'il a, il l'a placé dans ma main" - v.39,8).
S'il le voulait, il aurait pu trouver un moyen de s'échapper de la prison. Cependant, il était persuadé que son emprisonnement était la volonté d'Hachem, et c'est pourquoi il y est resté et n'a pas essayé d'en sortir ...
Partout où Hachem désire envoyer un homme, c’est pour qu’il y accomplisse une certaine mission et Sa volonté ...
Il est écrit : "Il demeura là-bas dans la prison" (v.39,20) à savoir qu'il y resta de son plein gré.
Yossef accepta tout avec amour, convaincu que telle était la volonté d'Hachem. Et c’est le mérite de cette émouna qui le fit sortir de prison avant terme.

-> Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin (Pri Tsadik Mikets, 5) explique que la dernière nuit qu'il passa en prison, Yossef fit un examen de conscience et en conclut que ses actions étaient à l'origine de son emprisonnement (selon son niveau). Il en fut tellement peiné qu'il s'en trouva presque découragé. Sur le champ, il se reprit, renforça sa confiance en Hachem et retrouva espoir.
Grâce à cela, il mérita de sortir de prison et d'être promu vice-roi.

"Si tu prêtes (talvé) de l'argent à l'un de mes peuples, au pauvre qui est avec toi" (Michpatim 22,25)

-> Selon (Tana déBé rabba 18) : "Une personne n'est accompagnée [mélavin] vers son lieu de repos éternel ni par de l'argent, ni par de l'or, mais seulement par des paroles de Torah et de bonnes actions".

-> Par conséquent, si vous voulez que votre argent vous accompagne dans le monde de la Vérité, sachez que "le pauvre", seulement ce que vous donnez aux pauvres, seront "avec vous" (éternellement), après une longue vie dans ce monde (éphémère).
[rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

"J'ai acquis bœufs et ânes, menu bétail, serviteurs et servantes et j'envoie dire à mon seigneur [Essav], pour trouver grâce à tes yeux" (Vayichla'h 32,6)

-> Rabbénou Bé'hayé fait remarquer que le verset aurait dû faire précéder les bœufs et les ânes du menu bétail, celui-ci ayant plus de valeur.
Il prouve cela aux travers de plusieurs versets, où systématiquement le menu bétail y est cité en premier avant toute autre espèce.
Il explique qu'ici la raison est que Yaakov désirait éviter de provoquer son frère.
La colère de ce dernier à son égard avait pour origine les bénédictions que Yaakov avait prises, et cela avait été rendu possible grâce au menu bétail, lorsque Rivka ordonna à son fils : "De grâce, va dans le menu bétail et prends-moi de là-bas 2 bons chevreaux" (Toldot 27,9).
C'est pour cela que Yaakov différa la mention du menu bétail (après celle des bœufs et des ânes) afin de ne pas rappeler ce mauvais souvenir à son frère.

=> Comment alors comprendre que lorsque Yaakov offrit des présents à Essav, il lui envoya d'abord le menu bétail, comme il est dit : "200 chèvres et 20 boucs" (Vayichla'h 32,15)?

Rabbénou Bé'hayé répond qu'il existe une différence entre avant la prière et après celle-ci.
Il explique : "Avant d'avoir prié, Yaakov ne voulut pas mentionner en premier lieu le menu bétail de crainte de réveiller la haine d'Essav en lui rappelant le passé.
Mais à présent, après avoir prié, il n'avait plus peur de lui du tout.
Au contraire, il désirait l'intimider en lui insinuant que s'il désirait l'affrontement, il ne pourrait pas le vaincre puisqu'il avait reçu, à l'aide de 2 chevaux, la bénédiction "que tu sois le seigneur de ton frère (v.27,29). Alors qu'à lui, Its'hak avait dit : "Tu serviras ton frère" (v.27,40).

=> Ceci nous montre concrètement la force et l'impact de la prière.

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-> "Yaakov envoya des messagers devant lui, vers Essav son frère ... il leur donna un ordre, disant : 'Ainsi direz-vous : 'A mon seigneur, à Essav, ainsi a dit ton serviteur Yaakov : j'ai fait un séjour auprès de Lavan et je me suis attardé jusqu'à présent. J'ai acquis boeufs et ânes, menu bétails, serviteurs et servantes et j'envoie dire à mon seigneur, pour trouver grâce à tes yeux'' " (Vayichla'h 32,4-6)

-> Le séfer M'Zékénim Etbonen demande pourquoi Yaakov a mentionné à Essav qu'il avait observé les 613 mitsvot. Il demande également pourquoi il lui a dit qu'il avait des bœufs et des ânes. Quel était l'intérêt de lui dire ces choses?

Il répond en citant le dernier verset où Essav dit : "J'ai beaucoup" (33,9). Yaakov lui répond : "J'ai tout" (33,11). Tous deux possédaient de nombreux biens. Mais il y a une grande différence entre eux. Essav a acquis tout ce qu'il possédait par le vol, le meurtre et d'autres fautes. Yaakov a acquis tout ce qu'il avait par des moyens justes et équitables.

Yaakov disait à Essav qu'il est possible de gagner beaucoup d'argent et d'acquérir beaucoup de biens même sans s'engager dans des tactiques injustes et criminelles.
Il lui dit qu'il avait observé toutes les mitsvot de la Torah, mais qu'il avait encore des bœufs, des ânes et toutes les bonnes choses que l'on peut désirer. Il lui dit tout cela pour lui apprendre que l'on peut réussir sans faire de mauvaises choses.

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-> Le rabbi de Radomsk (séfer 'Hessed lé'Avraham) explique la déclaration de Yaakov : "J'avais des bœufs et des ânes ... et j'ai envoyé le dire à mon maître ...".
Il explique que Yaakov a dit à Hachem qu'il donnerait du maasser de tout ce qu'il avait (Vayétsé 28,22).
Il voulait dire que si Hachem lui donnait la richesse, il ne dirait pas qu'il l'avait gagnée lui-même, grâce à son intelligence et à son talent. Au contraire, il admettra que tout lui a été donné par Hachem et qu'il ne sert que d'agent, d'intermédiaire d'Hachem pour garder et faire de bonnes choses avec l'argent.

Yaakov disait maintenant qu'il avait des bœufs et des ânes et beaucoup de richesses et "j'ai envoyé le dire à mon maître". Il disait que cette richesse ne lui appartenait pas vraiment. Au contraire, elle ne lui a été envoyée que par "son maître", Hachem.

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-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) explique également pourquoi Yaakov a dit à Essav qu'il avait vécu avec Lavan et qu'il avait des bœufs et des ânes. Quel est l'intérêt de lui dire ces choses?

Il explique que l'argent que quelqu'un gagne par lui-même est spécial pour lui. Quand on travaille dur pour gagner son salaire, on n'a pas envie de le donner ou de le gaspiller. Même si on n'a qu'un peu d'argent, si on l'a gagné par nous-même, on y attache de l'importance.
En revanche, si quelqu'un trouve un tas d'argent ou hérite d'une fortune, cet argent n'est pas si précieux à ses yeux et il a tendance à le gaspiller.

Comment une personne avare a-t-elle pu soudainement envoyer un cadeau de très nombreux animaux?
C'est qu'il a acquis une grande richesse sans avoir travaillé dur pour l'obtenir. Il doit l'avoir trouvée ou l'avoir reçue en cadeau, et par conséquent, il n'y accorde pas de valeur et est prêt à la donner. Il pense que tous ces animaux valent moins qu'un bol de lentilles pour lui.

Pour contrer cette affirmation, avant d'envoyer le cadeau, Yaakov envoie un message pour faire savoir à Essav qu'il n'a obtenu aucun de ses biens gratuitement. Il lui raconta qu'il avait vécu avec Lavan, qui ne l'avait pas traité comme un proche parent aurait dû le faire.
Au contraire, Lavan l'avait traité comme un étranger et ne lui avait rien donné gratuitement.

Il explique qu'il a travaillé dur pour obtenir tout ce qu'il possède. Il lui avait fallu des années pour accumuler autant de bœufs, d'ânes et de moutons.

Il savait qu'en entendant tout cela, Essav comprendrait que Yaakov lui envoyait quelque chose de vraiment précieux. Il lui donnait des choses pour lesquelles il avait travaillé dur et qui lui étaient précieuses. C'est pourquoi il apprécierait ce cadeau.

Hachem se tient toujours aux côtés de l’affligé, du poursuivi

+++ Hachem se tient toujours aux côtés de l'affligé, du poursuivi :

"Il [Yaakov] mit les servantes et leurs enfants en premier, Léa et ses enfants ensuite, et Ra'hél et Yossef en dernier" (Vayichla'h 33,2)

-> Une personne doit toujours être parmi ceux qui sont poursuivis (persécutés), et non parmi ceux qui poursuivent (persécutent).
[Rabbi Abahou - guémara Baba Kama 93a]

Cette règle est tellement forte que nos Sages (midrach Vayikra rabba 27,5) affirment que même si un tsadik pourchasse un racha, Hachem portera assistance au racha, par le fait que c’est lui qui est persécuté.

[même si on a de très bonnes raisons d'agir ainsi, mais telle est la règle : le fait de persécuter quelqu'un va mettre Hachem du côté opposé!]

Le rav El'hanan Wasserman dit que c'est pour cela que les juifs ont constamment des ennemis, car ainsi ils peuvent se tenir debout devant Hachem, malgré toutes les accusations qui risquent de les faire tomber.

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-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2018/06/13/6604-2

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-> Rachi (v.33,2) commente le verset ci-dessus : "Au plus chéri le dernier rang" (a'haron a'haron 'haviv).

Ainsi, il semble que Rachi dit que Yaakov voulait protéger ceux qu'il aimait le plus.
Par ordre d'amour, il a mis "les servantes et leurs enfants en premier, Léa et ses enfants ensuite, et Ra'hél et Yossef en dernier".

=> Comment cela est-il possible, puisque selon la loi juive (cf. Choul'han Aroukh Yoré Déa 156), lorsqu'il est question de vie ou de mort (pikoua'h néfech), les intérêts personnels ne doivent pas rentrer en compte dans les décisions prises.
Ainsi, l'amour de Yaakov ne doit pas déterminer l'emplacement, et qui doit être plus davantage protégé.
Comment comprendra alors son attitude?

-> Le Divré Yé'hezkel (de Shinov) répond qu'en réalité Yaakov a protégé tout le monde également.
Comme on l'a vu ci-dessus, Hachem est du côté de ceux qui subissent une humiliation, en prenant davantage soin d'eux. [Hachem mévakech ét anirdaf - Rachi Kohélet 3,15]

A propos de Léa : "elle déclara : Parce que Hachem a entendu que je ne suis pas aimée, Il m'a donné celui-là aussi" (Vayétsé 29,33)
[selon nos Sages, Hachem a vu la détresse d'épouse reléguée au second plan et lui a accordé le premier des enfants de Yaakov, afin que son époux éprouve plus d'amour pour elle.
On voit que Hachem est davantage au côté de ceux qui sont dégradés par autrui.]

Les servantes ressentaient surement la même chose : d'être inférieure à Ra'hél et Léa dans le cœur de Yaakov.
Et puisque cette situation leur provoquait une souffrance, une humiliation (plus ou moins consciente), la règle est que Hachem prenait davantage soin d'elles.

=> Ainsi, les servantes et leurs enfants qui se sentaient le moins aimées aux yeux de Yaakov (même les autres enfants les dénigraient comme "fils de servantes"), on était placés en premiers car ils bénéficiaient d'une plus grande protection par Hachem.

Ensuite, vient Léa et ses enfants car elle était inférieur à Ra'hél aux yeux de Yaakov (mais supérieur aux servantes), ce qui fait qu'elle avait plus de protection d'Hachem que Ra'hél.
Tout à l'arrière, il y avait Ra'hél et Yossef, qui avait besoin de davantage de protection, puisqu'Hachem était le moins à leur côté.

[c'est le sens des paroles de Rachi : "Au plus chéri le dernier rang" = puisqu'ils sont le moins dénigrés, alors Hachem sera moins là pour les aider, et ils ont donc plus besoin d'aide en étant à l'arrière.]

Il en découle que Yaakov a protégé tout le monde de façon équitable.

=> Il existe un règle : dès que quelqu'un a le cœur brisé par autrui (même inconsciemment), dès que quelqu'un subi une humiliation, qu'il est dénigré, ..., alors Hachem vient à son secours.
Ainsi, lorsque quelqu'un nous embête, nous avons alors Hachem qui vient nous protéger, nous défendre.
Par contre, si nous lui répondons (même si nous le froissons émotionnellement), alors nous inversons la situation, et nous faisons partir Hachem pour qu'Il vienne aider l'autre personne.

==> Ainsi, si nous voulons garder la bénédiction d'Hachem, nous devons faire attention à ne jamais agir de façon à briser le cœur (même légèrement) d'autrui.

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+ "Ra'hél jalousa sa sœur et elle dit à Yaakov : Donne-moi des enfants, sinon je suis morte." (Vayétsé 30,1)

-> Le rabbi Bounim de Pshischa (Kol Sim'ha) s'interroge : à priori son attitude n'a pas de sens et ressemble à un caprice d'enfant.

Il explique : en réalité, Ra'hél vit que sa sœur qui était repoussée par Yaakov avait enfanté alors qu'elle qui était désirée demeurait stérile.
En effet, même mariée Léa subissait une grande souffrance d'être placée toujours derrière Rah'el et d'être mal aimée par Yaakov, comparativement à sa sœur.
Hachem a alors décidé de l'aider et de panser ses maux, "Il a ouvert sa matrice" et lui a donné 6 garçons.
Rah'el qui était favorisée et aimée par Yaakov n'a pas eu le même mérite et est donc "restée stérile".

Rah'el comprit que l'un dépendait de l'autre car Hachem aime celui qui est mis à l'écart et qui en a le cœur brisé.
C'est précisément sur cela que le verset dit : "Ra'hél jalousa sa sœur", sur le fait qu'elle était repoussée alors qu'elle même était désirée.

Sur le champ elle dit alors à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (v.30,1), car elle savait que rien au monde n'irriterait Yaakov qu'une telle phrase.
Ce qui s'avéra juste puisqu'il la repoussa alors en la réprimandant, comme il est écrit : "Yaakov s'irrita sur Ra'hél" (v.30,2) et juste après, elle fut exaucée et donna naissance à Yossef.

=> Cela vient nous enseigner que Hachem se tient toujours aux côtés de l'affligé pour panser ses blessures.

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-> Le Béer Mayim 'Haïm enseigne que Ra'hél était embarrassée que ses servantes : Bil'a et Zilpa avaient des enfants, tandis qu'elle restait stérile.
Or, le sentiment de honte est la plus dure des souffrances, et en raison de cette honte, ses fautes lui ont été expiées et elle a pu mériter d'avoir des enfants.

Le Béer Mayim 'Haïm dit que nous voyons cela en allusion : "Elle [Ra'hél] dit : Elokim a mis fin à ma honte" (Vayétsé 30,23)

Le nom Elokim désigne l'attribut Divin de rigueur.
Ainsi, Ra'hél exprime en allusion dans cette phrase que grâce à la honte qu'elle a pu subir, Hachem fit cesser les décrets rigoureux qui pesaient sur elle.

=> Il en résulte que nous devrions se réjouir lorsque nous subissons un affront, à l'idée qu'il a le pouvoir d'annuler de mauvais décrets et des souffrances qui auraient dû nous frapper.

-> Le 'Hida enseigne que Hachem a mis dans les règles de la nature que tout celui qui subit une humiliation va recevoir une aide du Ciel.

-> Un jour quelqu'un a humilité fortement le rabbi Méïr de Prémichlan.
Ce dernier a fait une séouda pour fêter cela.
Le rabbi de Prémichlan a expliqué : "Il y a une règle de la nature que la honte sauve une personne de la maladie. Si je n'avais pas été humilié, peut-être que je serais devenu malade.
Après plusieurs semaines d'inquiétudes et de douleurs, j'aurai récupéré et fait une séouda de remerciement pour célébrer cela.
Maintenant, que j'ai été sauvé de l'épreuve [d'une dure maladie] grâce à un peu de honte, ne dois-je pas le fêter et faire une séouda?"

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-> Yaakov a fait un rêve dans lequel il a vu une échelle avec pour base la terre et qui arrivée au Ciel.
Le Baal haTourim (Vayétsé 28,12) écrit : "Cela est une allusion au fait que lorsque quelqu’un est jeté au sol pendant un moment, alors il va atteindre le Ciel."

[c’est de notre chute au sol que va germer notre élévation future et donc notre rapprochement vers Hachem!
A l’image d’une graine qui va se décomposer dans le sol, et ensuite va beaucoup se développer vers le Ciel]

L’idée est également qu’au final Hachem va nous dédommager pour tous nos moments de malheur/souffrances (nos chutes au sol), et il est évident que nous y gagneront énormément plus que ce que nous avons pu perdre.
[Hachem est tellement rempli de bontés, que pour une difficulté minuscule arrivant au bas de l’échelle (au sol), il nous récompensera par quelque chose d’aussi phénoménale que ça en arrivera au Ciel (haut de l’échelle).]

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-> Ra'hél dit à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (v.30,1)

"Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (v.30,2)

Malgré les intentions parfaitement pures de Yaakov nos Sages critiquent son attitude.
Ce n'est pas une façon de répondre à une personne en détresse.
Si l'on veut aider quelqu'un à prier avec plus d'intensité, il faut trouver un moyen de le faire sans le blesser.

Rav 'Haïm Chmoulévitch (5730,24) souligne que lorsqu'on afflige quelqu'un, on ne peut se justifier en disant que nos intentions étaient bonnes et qu'on a agi pour l'amour du Ciel, car c'est mettre la main au feu : les meilleurs intentions du monde ne pourront empêcher qu'on se brûle.
Il est aussi dangereux de blesser quelqu'un que de mettre la main au feu.

Comme l'enseigne nos Sages (guémara Baba Batra 16a), Penina, la seconde épouse d'Elkana, ne cessait de se moquer de 'Hanna parce que celle-ci n'avait pas d'enfants. Penina a néanmoins été sévèrement punie (cf. Chmouël I 2,25) et elle a perdu 8 de ses 10 enfants.

Penina, qui était l'épouse d'Elkana, était sûrement une femme juste et vertueuse. Il ne lui était sans doute pas facile d'agir avec cruauté vis-à-vis de la pauvre 'Hanna mais elle a fait taire ses propres sentiments dans l'espoir d'amener 'Hanna à prier avec assez de ferveur pour que sa prière soit exaucée, et pourtant elle a été punie.

Faut prier, pour être livré de nos bénédictions

+ Faut prier, pour être livré de nos bénédictions :

-> Rachi (Vayichla'h 32,9) commente : Yaakov s’est préparé de 3 manières à sa rencontre avec Essav : par des cadeaux, par la prière et par la préparation au combat.

=> Comment comprendre que Rachi a changé son ordre par rapport à celui d'apparition dans la Torah?
En effet, la Torah aborde :
v.8-9 = d'abord le fait qu'il se soit préparé au combat en séparant le camp en deux ;
v.12 = puis ensuite apparaît la prière ("Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère") ;
v14-17 = et pour finir Yaakov va donner des cadeaux ("un cadeau pour Esasv son frère : 200 chèvres ... 200 brebis ...").

=> Pourquoi un tel changement?

En réalité, Rachi nous fait passer un message fondamental.
Le fait d'envoyer des cadeaux pour trouver faveur aux yeux de quelqu'un est une hichtadlout. [effort naturel nécessaire]
De même, se préparer à la guerre est également une approche naturelle.
Rachi a positionné entre ces 2 préparations naturelles (les cadeaux, le combat) la prière, afin de nous enseigner que la prière est également une hichtadlout.
En effet, Hachem a mis dans les règles naturelles de fonctionnement de ce monde que si quelqu'un prie alors Hachem va répondre à sa prière.

Un miracle est lorsque se produit une chose qui défie et dépasse les lois de la nature.
Par exemple, les miracles de 'Hanoucca : une petite fiole qui doit se consommer en un jour va durer 8 jours, ou bien une poignée d'hommes qui battent une énorme armée.
Cependant, au sujet de la prière, c'est quelque chose d'entièrement naturelle.
Hachem a mis dans les lois de la nature que si l'on prie, alors forcément Il nous écoute.
[c'est cela que nous enseigne Rachi en modifiant l'ordre des 3 manières dont Yaakov s'est préparé.]

-> La guémara (Kidouchin 29b) rapporte que la vie de rav A'ha était en danger, et il a été sauvé par ses prières.
Il existe une règle : lorsqu'un miracle se produit pour quelqu'un, il va perdre une partie de ses mérites [éternels du monde à venir]. Ses bonnes actions venant en échange du miracle qui vient d'avoir lieu.
Le Maharcha écrit : ce n'est pas ce qui s'est passé avec rav A'ha. En effet, il n'a perdu aucun mérite, car rav A'ha a été sauvé par le mérite de ses prières, ce qui n'est pas considéré comme un miracle.

[avec les prières on peut obtenir des cadeaux gratuits de D. sans avoir besoin de mérite.
C'est avoir un résultat identique aux miracles mais sans perdre de mérites futurs.]

-> Hachem désire nous combler de belles choses, mais tant que nous ne prions pas, alors il ne peut pas nous les octroyer, car c'est ainsi que fonctionne notre monde.
Le rav Elimélé'h Biderman rapporte que cela ressemble à quelqu'un qui va dans un super hôtel 5 étoiles. Il y arrive et apprécie le luxe, mais il a été surpris de constater que le personnel ne lui a pas servi de repas.
De retour chez lui, il dit à l'ami qui lui a conseillé cet hôtel : "C'était horrible : Personne ne m'a servi de quoi manger!"
Son ami l'a questionné : "Est-ce que tu as demandé un repas? Est-ce que tu as appelé le room service?
Il a répondu : "non"
"Est-ce que tu es allé à la salle à manger?"
Il a répondu : "non".
"Alors, si tu n'as pas demandé de repas, comment peux-tu t'attendre à en avoir un?"

Il en est de même dans ce monde.
Hachem nous fournit absolument tous nos besoins, mais cependant tout n'est pas livré à notre porte (bien que par bonté de D. beaucoup de choses le soient quand même).
[on a le droit à plein de bénédictions, mais puisqu'on prie pas alors elles ne nous sont pas livrées!]
La procédure qu'Hachem a créée dans le monde, est qu'on peut obtenir tous nos besoins, mais pour cela il faut le demander.
Quoiqu'il puisse manquer dans notre vie, peut être obtenu si nous le demandons de tout notre cœur à notre papa Hachem.

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-> Le Maguid de Mézéritich enseigne que le bita'hon est également une hichtadlout dans la naturalité.
A l'image de la prière, Hachem a également placé dans les lois de la nature que lorsque l'on a confiance en Lui, alors Hachem va nous aider.
C'est totalement naturel!

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-> "Yaakov eut très peur et fut angoissé. Il divisa les gens qui étaient avec lui, ainsi que le menu bétail, le gros bétail et les chameaux, en 2 camps. Il dit : Si Essav marche sur un camp et le défait, le camp restant survivra" (Vayichla'h 32,8-9)

-> Le 'Hozé de Lublin dit qu'il y a 2 camps dans un homme : ses pensées et ses paroles.

Le verset nous enseigne :
- "Si Essav marche sur un camp et le défait" = si le yétser ara frappe un camp : le camp de tes pensées, ce qui implique que tu ne peux plus prier avec kavana.
- "le camp restant survivra" = néanmoins l'autre camp : celui de la parole, reste.

=> Ainsi, même si l'on arrive pas à avoir de la kavana, nous devons quand même prier uniquement avec nos mots, car cela également amène notre délivrance.

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-> "Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (Vayétsé 30,2)

Le Ramban écrit que suite à ces paroles : "Ra'hél a pris conscience qu'elle ne pouvait pas compter sur Yaakov, et elle a prié [du plus profond d'elle-même, en ne s'en remettant qu'à Hachem] ... et Hachem a écouté ses prières."

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-> Ra'hél dit à Yaakov : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" (Vayétsé 30,1)
-> "Yaakov s'irrita sur Ra'hél et il dit : Suis-je à la place de D. qui t'a refusé le fruit des entrailles?" (Vayétsé 30,2)

Le rabbi Yéhochoua de Belz donne l'explication suivante :
Il existe une différence fondamentale lorsqu'une personne prie pour elle-même et lorsqu'elle demande à un tsadik de prier pour elle.
Lorsque nous prions Hachem pour un besoin personnel, même si notre croyance en Hachem n'est pas parfaite, notre prière est suffisante et Hachem va quand même y répondre et réaliser des miracles pour nous.
Cependant lorsque nous demandons à un tsadik de prier pour nous, la délivrance va dépendre d'à quel point nous avons de la confiance dans le tsadik.
Si nous ne croyons pas dans le tsadik à 100%, alors le tsadik ne peut pas pleinement prier pour nous.

En ce sens, Yaakov a dit à Ra'hél : "Suis-je à la place de D." = une personne peut prier Hachem, même en n'ayant pas une émouna parfaite.
Or, je constate que tu as dit : "donne-moi des enfants, sinon je suis morte" = tu n'es pas certaine que je peux t'aider, et si tu ne crois pas pleinement en moi, alors je ne suis capable de t'aider.

[elle s'est alors tournée vers Hachem, et Hachem a écouté ses prières.]

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-> "Hachem se souvint de Ra'hél ; D. l'exauça et ouvrit sa matrice" (Vayétsé 30,22)

Le Ohr ha'Haïm commente : "Le verset dit que malgré le fait que Hachem se souvint des bonnes actions de Ra'hél, elle avait quand même besoin de prières.
Comme il est écrit : D. l'exauça."

[c'est une loi naturelle de ce monde : on a beau mériter plein de super bénédictions, mais si nous ne prions pas de tout notre cœur à Hachem, elles n'ont pas la possibilité de venir sur nous. Même Ra'hél n'a pas échappé à la règle, alors prions!

D'ailleurs, Léa a tellement prié en larmes pour annuler le décret de devoir se marier à Essav, qu'au final elle a réussi à annuler le décret et elle s'est même mariée avant sa sœur avec Yaakov.
Avec autant de belles prières à son actif, elle a eu rapidement des enfants, tandis que Ra'hél d'une certaine façon a dû "rattraper" son retard de prières, en devant alors prier pour mériter d'avoir des enfants.]

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-> C'est seulement une fois que Ra'hél a compris qu'elle seule pouvait implorer D. pour son propre compte avec l'intensité nécessaire, que D. l'a entendue.

Nous trouvons un autre exemple de cette démarche dans la méguilat Esther.
Selon rabbi Né'hémia (guémara Méguila 15b), Esther voulait pousser ses frères juifs à prier D. avec plus de ferveur.
Sachant qu'Esther était reine, les juifs se disaient : "Nous avons une sœur dans la maison du roi", et ils pensaient qu'Esther, saurait sans aucun doute manœuvrer et faire habilement pression sur le roi pour annuler les décret de Haman.

Pour dissiper de telles pensées, Esther a invité Haman. Elle se montrait ainsi à eux comme une renégate qui avait lâchement abandonné son peuple à son triste sort, mais peu lui importait : ce qui comptait c'est que les juifs de Chouchan, lorsqu'ils apprendraient la nouvelle, réalisent qu'ils n'avaient absolument aucun soutien au palais royal.

=> Le seul espoir qui leur restait était d'implorer D. de toutes leurs forces. A ce moment leurs prières montreraient droit au Ciel.

-> Le Darké Moussar enseigne que de son côté, Esther a jeûné 3 jours d'affilé avant de se présenter devant Assuérus, pour également se pénétrer de l'idée, sans que cela ne fasse l'ombre d'un doute à ses yeux, que le salut de l'homme vient uniquement de D. et qu'elle-même n'y aurait aucune part.
Le jeûne qu'elle s'imposait déparerait sa beauté naturelle, en sorte qu'elle ne pourrait pas la mettre à profit pour séduire Assuérus.

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-> "Lorsque mon frère Essav te rencontrera ... tu diras : ... c'est un cadeau, envoyé à mon seigneur, à Essav" (Vayichla'h 32,18-19)

Le Kédouchat Lévi enseigne qu'une stratégie pour lutter contre notre yétser ara est de lui dire que c'est également un cadeau pour lui, que c'est également à son profit, et alors il nous laissera tranquille.
[ex: plutôt que de lui dire je me lève prier/étudier, on peut lui dire : laisse-moi me lever pour prendre un café]