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"Il prit Kora'h, fils de Ytsar, fils de Kéhat, fils de Levi et Datan et Aviram ... Ils se rassemblèrent contre Moché et Aharon" (Kora'h 16,1-3)

-> Il est rapporté dans le midrach (Bamidbar rabba 18,16) que Kora'h, appartenant à la tribu de Lévi, n'était pas soumis à l'esclavage et fut donc nommé à un poste important dans le palais de Pharaon. Il détenait dans sa main toutes les clés de son trésor royal.
Nos Sages nous ont enseigné qu'il y avait plus de 300 pièces cachées dans le palais où devait être consignées les clés du trésor royal. Faisant partie du Palais-Royal, Kora'h mérita la grandeur et les honneurs partout où il passait.
Lorsque les enfants d'Israël sont sortis d'Égypte, il emporta tout avec lui ...

-> Il est rapporté dans le Zohar que Hachem voulait élever Kora'h au sein des Léviim tout comme Il éleva Aharon à la tête des Cohanim. Il est évident que Kora'h possédait un niveau spirituel exceptionnel. Pas un seul membre de la tribu de Lévi n'avait cette grandeur et Kora'h le ressentit dans son cœur.
Si Kora'h avait accepté sa juste place et s'il s'était annulé comme Its'hak devant son sacrifice, il ne fait aucun doute que Kora'h aurait été, dans ce monde-ci, à l'image de l'ange Gabriel dans les mondes supérieurs, tout comme Aharon incarne l'ange Mikhael dans notre monde.
Cependant, sa chute fut si grande et si brusque que l'adage précieux de nos Sages prend encore une fois tout son sens: "Ne crois pas en toi-même jusqu'au jour de ta mort!" (Pirké Avot 2,4). [guémara Béra'hot 29a] ou encore : "Quiconque conteste son maître est comme s'il contestait la Présence divine!" (guémara Sanhédrin 110a).
[d'une certaine façon, de même que Kora'h est descendu extrêmement bas dans la terre, de même il aurait pu atteindre d'extrêmes hauteurs spirituelles. ]

-> Kora'h faisait partie de ceux qui portait l'Arche d'alliance, il détenait le roua'h hakodech et fut un grand Juste : il faisait partie des anciens d'Israël et était âgé de 130 ans. Seulement, sa jalousie le domina ce qui entraîna la ma'hloket ... A courir après ce qui ne lui revenait pas, non seulement son désir lui échappa mais avec lui, tout ce qu'il possédait.
Le terme ma'hloket (מחלוקת - dispute) peut se subdiviser en deux mots : part ('hélek - חלק) et mort (mavét - מות).
Les désaccords et les disputes dans ce monde-ci causent des dommages dans l'unité suprême des mondes supérieurs, ce qui affecte l'abondance que nous recevons et augmente les rigueurs qui se traduisent par des souffrances et des pertes en vies humaines.
[Tsor ha'Haïm - Kora'h]

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-> Le Gaon de Vilna dit que la qualité de se satisfaire de ce que l'on a (histapkout) est supérieure au niveau d'avoir de la confiance en Hachem (bita'hon).
Mais, il y a une qualité qui les surpasse toutes, c'est la mida de "kol".
Au niveau matériel, il s'agit du fait d'être heureux de son sort (saméa'h bé'helko), c'est-à-dire être persuadé que l'on a absolument tout ce qu'il nous faut (D. me comble), et que l'on ne désire pas plus (sinon Hachem nous l'aurait déjà octroyé).

Avraham est appelé : "tamim" (parfait - v.17,1), car la véritable perfection ne peut être atteindre que lorsque l'on maîtrise la midda de "kol".
[Rav Aharon Kotler - Michnat Rabbi Aharon]

[on voit dans le cas de Kora'h à quel point sa jalousie le perdit. Mais sommes-nous vraiment meilleurs que lui à notre niveau, en portant un regard envieux sur autrui (ex: pourquoi il a ça, si seulement j'avais, ...).]

Lien entre Kalev et Eliézer

"Et Yéhochoua fils de Noun, et Kalev fils de Yéfouné qui faisaient partie de ceux qui avaient exploré le pays, déchirèrent leurs vêtements. Ils dirent ... le pays dans lequel nous sommes passés pour explorer est une très très bonne terre" (Chéla Lé'ha 14,6-7)

-> La guémara (Sota 34b) enseigne :
"Ils montèrent dans le sud, il vint jusqu'à 'Hévron" (Chéla'h Lé'ha 13,12)
Pourquoi la Torah s'exprime-t-telle au pluriel en début de phrase pour terminer au singulier?
Rava nous enseigne qu'il s'agit de Kalev qui se désolidarisa du complot des explorateurs en allant se prosterner sur les tombes des patriarches afin qu'ils l'aident à surmonter cette épreuve.
[ainsi, c'est par le mérite de sa prière qu'il bénéficia de l'aide des Patriarches et qu'il fut épargné. ]

=> Pour quelle raison uniquement Kalev eut la lucidité d'esprit d'aller prier à 'Hévron?

-> Le Arizal (chaar hapesoukim - Béréchit) nous enseigne que Kalev ben Yéfouné était la réincarnation (guilgoul) de Eliézer le serviteur d'Avraham. En effet, suite à la faute d'Adam Harichon, des étincelles d'âmes très élevées se mélangèrent aux klipot (forces du mal/impureté).
Chaque jour, des extractions s'opèrent pour les libérer, et Eliézer le serviteur d'Avraham faisait partie de ces âmes délivrées. Il tomba dans la klipa de Canaan. Son âme était très élevée au point qu'il est écrit à son sujet : "Eliézer était le doyen de sa maison et dirigeait tout ce qu'il avait" ('Hayé Sarah 24,2).
Le Arizal explique qu'il maîtrisait parfaitement son mauvais penchant et qu'il réussit à s'extraire en grande partie des klipot par le mérite d'Avraham son maître, et passa ainsi du clan des maudits au clan des bénis.
[nos Sages (Yoma 28b) interprètent ce verset comme une louange à Eliézer : "Ceci vient nous apprendre qu'il maîtrisait la Torah et qu'il était un érudit." ]

À présent, nous comprenons parfaitement pourquoi Kalev ben Yéfouné se dirigea en direction du caveau de Makhpéla, car il n'était autre que la réincarnation d'Eliézer le serviteur d'Avraham.
Ainsi, il alla instinctivement implorer l'aide de son maître afin de bénéficier de son soutien et d'achever sa réparation dans ce monde ici-bas.

C'est le secret des paroles de nos Sages (guémara Sota 12a) :
"Pourquoi Kalev est-il appelé dans le livre des Chroniques "אשחור" (achrour (אשחור - ce nom indique la couleur noire = שחור (cha'hor) - Divré haYamim 2,24)?
Il porte ce nom car son visage s'était noirci à cause des jeûnes qu'il pratiquait régulièrement."
En effet, étant la réincarnation d'Eliézer, il multiplia les jeûnes dans le but d'accomplir sa réparation. Ainsi, Kalev ben Yéfouné pria sur le tombeau d'Avraham pour qu'il puisse l'aider à sortir du clan des maudits et ne pas être attiré dans le piège des espions/explorateurs.
[de plus, Eliézer avait la peau noire car il était un descendant de 'Ham qui fut maudit par son père
Noa'h (midrach hagadol 19,8). Ceci explique le nom attribué à Kalev "אשחור". ]
]

Après sa réincarnation en Kalev ben Yéfouné, il restait encore à Eliézer des étincelles d'âme à réparer. Aussi, il se réincarna par la suite dans Yéhoyada à l'époque du roi Chlomo, mais aussi en Bénayahou ben Yéhoyada son fils et c'est la raison pour laquelle le père et le fils eurent le même nom.

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-> Benayahou ben Yéhoyada assassina, sous l'ordre de Chlomo Hamelekh, le chef des armées de David, Yoav, qui avait assassiné Avner.

Des générations plus tard, après le règne de le roi Chlomo, Benayahou ben Yéhoyada se réincarna dans Zekharia ben Yéhoyada (Divré haYamim II 24,20) qui était prophète et Cohen et sera tué par le roi Yoach (guilgoul de Yoav) et vengea ainsi le meurtre de Yoav, sa réincarnation antérieure.
En effet, le prophète Zekharia ben Yéhoyada médit sur les Bné Israël.
Nous savons que tout celui qui accuse la communauté même à raison, finit par être puni, comme ce fut le cas pour le prophète Yéchayahou.
[ selon la guémara (Yébamot 49b) Yéchayahou a proféré des paroles accusatrices à l'encontre du peuple d'Israël : "Je demeure au milieu d'un peuple aux lèvres impures"(Yéchayahou 6,5). voir ; https://todahm.com/2023/01/07/tsitsit-tout-juif-est-un-enfant-dhachem ]
Puis, les deux parties de l'âme de Zékharia, son roua'h et son néfech, se réincarnèrent dans deux convertis qui seront les dirigeants du peuple d'Israël en leur temps : Chemaya et Avtalion (guémara Yoma 35b).
Parce qu'il avait mal parlé sur le klal Israël, il fut réincarné dans deux
[d'après le Arizal - chaar haguilgoulim - hakdama 36]

-> Le rav Yaniv Cohen (roch Yéchiva des mékoubalim de Beit El) ajoute :
J'ai reçu de mon maître que par la suite, son roua'h se réincarna dans le Mékoubal Rabbi Moché Kordovéro (le Ramak) qui est le premier commentateur du Zohar, et son néfech en Rabbi Eliahou de Vidach, et c'est la raison pour laquelle ces deux hommes éprouvèrent une affection particulière l'un envers l'autre.
Certains disent que le Ben Ich 'Haï avait des étincelles d'âme de Benayahou ben Yéhoyada et c'est la raison pour laquelle il nomma une de ses œuvres "Ben Yéhoyada". (et Bénayahou)

"Yossef nomma son aîné Ménaché : Car D. m’a fait oublier (nachani) toute ma peine et toute la maison de mon père.
Au second, il donna le nom d'Éfraïm : car mon D. me rendit prospère dans la terre de ma souffrance."
(Mikets 41,51-52)

D’après le sens simple, Yossef nomma son premier-né Ménaché par gratitude envers Hachem qui lui a permis d’oublier les rudes épreuves qu’il subit chez son père.
=> Cette interprétation semble difficile à comprendre. On peut facilement entendre que Yossef ait été content d’oublier les tourments que ses frères lui firent endurer. Mais pourquoi se réjouit-il d’oublier son père éploré?

-> Le Malbim propose une autre façon de comprendre la nomination de Ménaché.
Il écrit que Yossef ne souhaitait pas oublier sa famille, bien au contraire ; il nomma son aîné Ménaché pour montrer qu’il se souciait de ne pas perdre le souvenir (nachani) de toutes les souffrances que les membres de sa famille lui firent subir.
Le 2e fils fut nommé Efraïm pour montrer qu’il était reconnaissant à l’égard d’Hachem qui l’avait rendu prospère dans le pays de ses épreuves, en mettant l’accent sur le fait que même dans son immense succès, il n’oublia pas les grandes difficultés auxquelles il fut confronté en Égypte.

Le Malbim explique, à ce sujet, que les noms qu’il donna à ses fils étaient, pour Yossef, comme des symboles. Il écrit ensuite que c’est une preuve de sa grandeur, parce qu’il s’efforça de se souvenir des épreuves qu’il dut affronter même à son heure de gloire. Il poursuit : "Ceci explique également pourquoi nous avons l’obligation de manger de la matsa avec du maror (herbes amères) le soir du séder de Pessa’h ; nous devons nous souvenir de l’exil quand nous sommes libres, car l’exil est la cause de la liberté et le mal conduit vers le bien."

Le Malbim n’explique toutefois pas exactement pourquoi le "mal" est la source du "bien" à venir. Une analyse plus profonde est nécessaire pour comprendre pourquoi, d’après lui, le fait de se souvenir du mal en période faste témoigne d’une grandeur particulière.

On peut répondre à ces interrogations grâce à l’explication du Sifté ‘Haïm sur la prière de "al hanissim" (à 'Hanoucca). Dans ce texte, nous remercions Hachem de nous avoir permis de vaincre les grecs : "Tu as livré les forts entre les mains des faibles, les nombreux entre les mains des peu-nombreux, les méchants entre les mains des justes, les impurs entre les mains des purs et les scélérats entre les mains de ceux qui se consacrent à Ta Torah."

Le Sifté ‘Haïm remarque que les 2 premiers éloges ne ressemblent pas aux 3 suivants.
Les deux premiers impliquent qu’Hachem a permis aux faibles de gagner bien qu’ils aient dû affronter de vaillants ennemis ; et aux peu nombreux de vaincre bien que les adversaires aient été multiples.
En revanche, les autres louanges supposent que les purs gagnèrent parce que les ennemis étaient impurs et que les vertueux vainquirent les Grecs parce que ces derniers étaient mauvais.

Il explique qu’en réalité, toutes les louanges sont semblables, car elles expliquent toutes pourquoi les ‘Hachmonaïm triomphèrent des Grecs. Quand nous disons qu’Hachem livra les puissants entre les mains des faibles et les nombreux entre les mains des peu-nombreux, c’est parce qu’ils étaient peu nombreux et faibles, et non en dépit de cela.

Le Sifté ‘Haïm précise ensuite que les ‘Hachmonaïm se savaient physiquement faibles et peu-nombreux ; par conséquent, ils savaient que selon les lois de la nature, ils n’avaient aucune chance de vaincre les puissants Grecs. Ils combattirent donc avec un bita’hon (confiance en D.) très fort, réalisant qu’ils ne pouvaient gagner que grâce à une aide Divine immense. Étant donné qu’ils ne se fièrent pas à leur force personnelle, Hachem les aida et leur permit d’en arriver à cette victoire miraculeuse.

Selon cette explication, nous pouvons comprendre pourquoi le Malbim affirme que les épreuves qu’un individu traverse sont la raison même du bonheur qu’il expérimentera ultérieurement.
Quand quelqu’un se trouve dans une situation difficile, voire désespérée, il lui est bien plus facile de réaliser qu’il n’est pas capable de réussir. Par conséquent, il se tourne vers Hachem en Lui demandant de le sortir de cette situation inextricable. Grâce à son bita’hon, Hachem l’exaucera certainement en lui prodiguant un immense bienfait qui améliorera grandement la situation en question. Ainsi, les "mauvais moments" que la personne passe sont la source même de futurs "bons moments".
Ce sentiment d’impuissance fut la clé du succès des ‘Hachmonaïm.

Nous pouvons également comprendre à présent pourquoi le Malbim estime que le fait de se souvenir de certaines épreuves passées pendant les moments de tranquillité est une preuve de grandeur. Quand une personne a tout ce dont elle a besoin, elle est bien plus susceptible de se sentir confiante et de penser qu’elle pourra s’en sortir toute seule. Elle risque de ne plus voir la nécessité de compter sur Hachem, mais plutôt de se sentir autonome.

C’est ce qui est écrit dans le 2e paragraphe du Chéma : la Torah promet que si nous respectons les mitsvot, nous connaîtrons la prospérité. Immédiatement après, la Torah nous met en garde contre le fait de s’éloigner d’Hachem ; ceci nous enseigne que le succès qu’Hachem nous attribue peut provoquer un relâchement.
Cette attitude peut avoir pour fâcheuse conséquence qu’Hachem agisse mesure pour mesure et ne fournisse plus à l’individu Son aide Divine
(siyata diChemaya), ce qui implique qu’il sera à la merci des lois de la nature.

Un tsadik, même quand l’abondance règne, continue de réaliser que tout ce qu’il a provient d’Hachem et que sa seule et unique source de réussite est l’Aide Divine continue.
La grandeur de Yossef fut de ne jamais oublier sa situation passée d’impuissance absolue, même quand il était presque au sommet de la pyramide. Il s’efforça de continuer de réaliser que de la même manière qu’il était, alors, entre les mains d’Hachem, il était tout aussi dépendant de Ses bienfaits à son heure de gloire.
[c'est en ce sens qu'il appela ainsi ses enfants. A chaque fois qu'il pensait à eux, il pensait également à quel point il était dépendant à 100% d'Hachem, même si extérieurement en apparence il était au sommet de la 1ere puissance de l'époque, l'Egypte. ]

En ressentant la même impuissance durant les bons moments que pendant les temps durs, Yossef mérita une aide Divine permanente.
Il est bien plus facile de sentir le besoin de se tourner vers Hachem dans la difficulté. Nous apprenons du comportement de Yossef que même en période d’opulence, nous devons nous souvenir des périodes plus difficiles de notre vie afin de garder à l’esprit que nous sommes, encore et toujours, totalement dépendants d’Hachem, dans tous les domaines de notre vie.
[grâce à cela on mérite de garder une aide Divine constante, d'avoir un maximum de biens, de bénédictions. ]
[rav Yéhonathan Gefen]

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-> Après avoir été promu vice-roi, Yossef eut deux fils. Il nomma le second Efraïm : "Car mon D. me rendit prospère dans la terre de ma souffrance" (Mikets 41,52).

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam vaDaat) note que Yossef appela l’Égypte "terre de ma souffrance" (béérets on'yi) bien qu’il y était gouverneur. Il admit son succès et remercia pour sa prospérité, mais refusa de se sentir à l’aise dans ce pays, malgré sa gloire.

[ainsi malgré le fait que Yossef était au sommet du royaume de la 1ere puissance de l'époque, que matériellement il pouvait avoir tout ce qu'il voulait, ... malgré cela, pour lui sa situation était d'être dans la "terre de ma souffrance".
De même pour nous de nos jours, où Hachem nous accorde un exil extrêmement confortable (par rapport au passé, nous avons plus de moyens, nous profitons d'un luxe d'inventions incroyable, nous ne sommes pas persécutés, ...).
Mais à l'image de Yossef, même si matériellement on a tout ce que l'on veut à portée de main, nous ne devons pas oublier que le Temple n'est pas reconstruit, que nous sommes toujours en exil (de notre état de grande proximité avec la Présence Divine).
Cette notion que nous sommes en "terre de ma souffrance", nous permet d'éviter de se laisser influencer par l'environnement extérieur, de garder notre attachement avec les valeurs juives pures et intactes.
A l'image du cochon, la façon de vivre/penser non-juive : certes elle peut être très bonne, mais ce n'est pas ce que Hachem attend de moi!]

-> Selon rav Yéhochoua Hartman, on trouve plusieurs éléments dans le comportement de Yossef qui prouvent son attachement incroyable à Hachem. Après avoir été emprisonné durant 12 ans, il eut l’opportunité inespérée d’être libéré. S’il réussissait à apaiser Pharaon, il pouvait prendre un nouveau départ. Il savait que le roi d’Égypte ne croyait pas en D. (il se prenait lui-même pour un dieu) et que son arrogance était inégalée. Pourtant Yossef n’hésita pas à attribuer ses talents à Hachem.

-> Le rav Yéhonathan Gefen commente :
C’est une leçon remarquable quant à la façon dont nous devons agir dans un environnement étranger, voire hostile ; il s’agit d’une épreuve que toutes les générations durent affronter à travers les exils.
Certains tentent de cacher leur judaïsme, de camoufler les différences entre les non-juifs et eux. Malheureusement, l’histoire a prouvé que cette attitude menait généralement vers une vague d’assimilation. Quand on retire les barrières qui nous séparent des non-juifs, on ouvre une porte à l’affadissement du judaïsme, à la perte de notre identité.
La confiance en soi de Yossef qui affirma ses croyances est une clé (pour lui ainsi que pour les générations futures) de la réussite, elle permet d’éviter l’assimilation dans l'exil (galout) ...

Yossef montra l’exemple du juif qui garde ses valeurs et son identité. Il inculqua ainsi à son peuple la capacité de suivre sa voie et de refuser l’assimilation.
Le fait que la Paracha de Mikets jouxte la fête de ’Hanoucca n’est pas une coïncidence. Le lien est évident ; l’exil grec fut le premier qui menaça la pérennité du peuple juif en souhaitant l’assimiler. Malheureusement, un grand nombre de Juifs ne prirent pas leçon de Yossef et effacèrent volontiers les vestiges de leur judaïsme.
Mais les ’Hachmonaïm et d’autres Juifs courageux résistèrent à la tentation du mode de vie grec et risquèrent leur vie pour préserver leur identité juive.

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-> "Hachem m'a fait oublié tout mon effort et toute la maison de mon père" (Mikets 41,51)

-> Yossef appela son premier fils Menaché pour la raison rapportée dans ce verset. Mais on peut s'interroger. De quel effort parle-t-il ici? De plus pourquoi se réjouit-il tant d'avoir oublié la maison de son père?

En fait, Yossef était un homme Juste. Il a fait preuve d'une force intérieure et d'une crainte d'Hachem remarquable, pour surmonter toutes les épreuves qu'il vécut en Egypte. A sa place, un autre aurait pu en concevoir un certain orgueil.
Finalement, il s'est quand même montré remarquable. Et même si par mesure d'humilité, il préférerait ne pas se vanter de son mérite, malgré tout, il aurait pu louer l'éducation que son père lui a transmise et qui lui a donnée les forces pour surmonter ces épreuves.
Mais Yossef n'en fit rien. Il n'attribua le mérite et l'éloge qu'à Hachem. C'est Lui qui, dans Son Infinie Bonté, l'a sauvé et lui a permis de devenir un Juste (tsadik). Aussi, il déclara : "Hachem m'a fait oublié tout mon effort", pour ne pas que je ne ressente le moindre sentiment d'orgueil d'avoir tant lutté et avoir investi tant d'effort pour avoir surmonté toutes les épreuves.
Mais aussi, Il m'a fait oublié "toute la maison de mon père", pour ne pas que je ne ressente de fierté et d'orgueil, même du fait d'appartenir à une famille si illustre dont le père m'a donné une si bonne éducation. Le Seul Etre que je souhaite remercié c'est Hachem.

C'est là qu'intervient le nom qu'il donna à son deuxième fils : Efraïm. Car "Il m'a fait fructifié dans le pays de ma misère". Ce que Yossef voulait affirmé, c'est sa reconnaissance à Hachem, qui dans Sa Bonté, lui a permis d'en arriver là. Et pourquoi Hachem l'a tant gratifié de la sorte?
C'est parce qu'Il a vu que je me trouvais "dans le pays de ma misère". Il a vu ma misère et a eu pitié de moi. Et c'est pour cela qu'Il m'a fait tant grandir, Lui qui élève les misérables.

=> Yossef nous apprend là une remarquable leçon de modestie. Même si on a fait de grands efforts pour servir Hachem et pour résister au mauvais penchant, même si on pourrait avoir de quoi se vanter de l'éducation que nous a donné nos parents. Mais plus que tout, n'oublions pas de remercier Hachem qui nous a donné les forces de réussir et, dans Sa grande Miséricorde envers nous, nous a gratifié de pouvoir Le servir. Quant à son mérite personnel et celui de ceux qui nous ont aidé à grandir, même si bien sûr il y a lieu de leur témoigner toute notre reconnaissance, malgré tout, au moment où on s'apprête à remercier Hachem, il convient de tout oublier pour ne remercier que notre Créateur qui est Celui qui a permis tout cela.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

"Ils mettront par dessus une couverture de peau de Ta'hach, et y étendront un tissu tout en bleu azur par dessus" (Bamidbar 4,6)

-> Pendant les déplacements, l'arche sainte devait être couverte d'une couverture en peau de Ta'hach (animal multicolore), et par dessus, avec un tissu en bleu azur. Cela vient nous apprendre une leçon concernant l'étude de la Torah symbolisée par l'arche sainte.
La Thora contient de nombreux sujets difficiles et complexes, qui nous paraissent cachés et loin de notre compréhension. C'est à cela que fait allusion la couverture de Ta'hach qui recouvre et cache l'arche sainte. Mais, cette couverture était elle-même recouverte d'un tissu bleu azur. En effet, nos Sages disent que le bleu azur évoque le ciel et le Trône Divin. Cette couleur représente donc la foi en Hachem. Car, même si la Torah nous semble parfois cachée et inaccessible, celui qui s'arme d'une foi pure en Hachem, Qui nous a donné la Torah, méritera d'arriver à comprendre tous ses enseignements.
Peu importe la couverture qui cache la Torah. Il doit y avoir par dessus le bleu azur, cette foi pure, grâce à laquelle tous les mystères de la Torah pourront être éclaircis.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

"Lève la tête (compte) des enfants de Guerchon eux aussi" (Nasso 4,22)

-> L'expression "Lève la tête" employé pour désigner le fait de compter connote la notion d'encouragement.
Les enfants de Kehat ont bénéficié en premier lieu de cette expression. Mais pourquoi pour Guerchon, la Torah ajoute les termes : "eux aussi"?

En fait, le travail de Kehat, qui était de porter l'arche sainte et les ustensiles du Michkan était plus noble que le travail de Guerchon de porter les rideaux, couvertures, toiles ... du Michkan.
On aurait pu penser que Kehat est donc plus grand que Guerchon.
La Torah veut nous apprendre ici que l'essentiel est de faire ce qu'Hachem nous demande. Il n'y a aucune différence entre celui qui a un grand rôle et celui dont le travail est plus simple. Tant qu'ils font leur mission comme il se doit, pour l'Honneur d'Hachem et le respect de Ses Ordres, ils sont alors égaux.
Ce qu'Hachem attend de l'homme c'est qu'il fasse ce qu'il doit faire, lui. Quand c'est le cas, il obtient sa perfection, au même titre que celui qui remplit une mission plus haute.
C'est pourquoi, la Torah dit : "Lève la tête des enfants de Guerchon eux aussi" = pour dire qu'ils sont égaux à Kéhat. Ne pensons surtout pas que la grandeur d'une personne dépend du niveau
du travail. Tout dépend du fait de faire son ''job'' comme il se doit, pour réaliser la Volonté Divine et pour Sa Gloire.
[rabbi Moché Feinstein - Darach Moché]

[c'est notre vision humaine qui nous pousse à envier ce que font d'autres personnes en pensant à tord qu'ils réalisent des choses plus appréciées par D.
C'est dommage de se gâcher la vie, car en vérité aux yeux d'Hachem, nous sommes tous autant aimés (les grands rabbanim et les "simples" juifs), pour peu que nous fassions du mieux que nous pouvons.]

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-> "Lève la tête" (nasso ét roch - 4,22)

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°369) enseigne :
"Une fois que nous avons reçu la Torah à Shavouot, c’est le moment où chacun doit étudier plus encore.
C’est pourquoi cette parachah est [la plus] longue : pour nous enseigner que si l’on se consacre à la Torah, il ne faut pas choisir le chemin le plus court, mais justement le chemin le plus long.
Et quand nous parlons d’un chemin long, cela signifie prolonger le temps d’étude et ne pas chercher à le raccourcir
en regardant continuellement sa montre ... pour savoir quand il va enfin se terminer.

Nous apprenons cette leçon de la parachat Nasso, qui est la parachah la plus longue de toute la Torah. Elle s’appelle Nasso : c’est un mot qui évoque l’élévation (hitnassout).
En effet, le but de la Torah est d’enseigner à l’homme comment s’élever ...
Nasso désigne l’élévation.
Non pas pour se sentir supérieur aux autres et se dire qu’on est meilleur qu’eux, mais s’élever soi-même, être quelqu’un de moral, savoir se conduire dans la vie, et travailler sur soi-même pour grandir dans le service
de Hachem.
Malheur à l’homme qui lève la tête sans être rempli de qualités pour le service de D.!

Dans la parachat Nasso, la Torah parle à quiconque veut s’élever dans l’étude de la Torah, arriver à des niveaux supérieurs et être enflammé par l’étude. Il doit aspirer à s’élever encore et encore, car la progression dans le service de Hachem n’a aucune limite.
C’est pourquoi la Torah vient nous dire d'élever la tête (nasso ét roch) : l’essentiel de l’aspiration doit commencer par la tête."

"Que Hachem lève Son visage vers toi" (Nasso 6,26)

-> Les anges du service ont demandé à Hachem : Pourquoi manifestes-Tu de la partialité [littéralement: lèves-Tu Ton visage] envers les bnei Israël, alors qu’il est écrit dans Ta Torah de ne pas être partial?
Hachem leur a répondu : "Comment est-ce que Je ne serais pas partial envers eux, alors que J’ai écrit dans Ma Torah "tu mangeras, tu seras rassasié et tu béniras", et eux font déjà attention à partir d’un kazayit" (guémara Béra'hot 20 & Midrach).

=> La question se pose de savoir en quoi le fait de faire attention à partir d’un kazayit est une partialité envers Hachem.
En général, quand quelqu’un reçoit un cadeau d’une personne importante, même si c’est un petit cadeau de peu de valeur, il lui attribue tout de même une grande valeur à cause de l’importance de celui qui l’a donné.
Les juifs sont partiaux envers Hachem en cela que même si ce qu’Il leur a donné est peu, c’est à leurs yeux un cadeau important au point de dire une bénédiction dessus, parce que celui qui donne leur est cher.
C’est pourquoi Hachem Lui aussi est partial envers eux et accepte leur service minime en lui accordant une grande importance, car il a été exécuté par des hommes en dépit de leur peu de possibilité et de leur compréhension limitée. C’est une mesure pour mesure.
[Kol Sim’ha]

[d'une certaine façon en acceptant et en étant heureux de ce que Hachem nous donne (même si c'est peu par rapport à ce que l'on voudrait), alors on donne la possibilité à D. d'accepter nos petites actions en y accordant une importance énorme.]

"Et la tribu de Gad, et le chef des enfants de Gad est Elyassaf fils de Réouel" (Bamidbar 2,14)

-> Le ‘Hida (‘Homat Anakh) rapporte les paroles du Imré Noam selon lesquelles Gad mérita que Moché soit enterré dans son territoire, du fait que, lorsque ce dernier désigna Dan comme chef des 3 bannières dont il faisait partie, Gad aurait pu rétorquer : "Je suis l’aîné de Zilpa et Dan est l’aîné de Bilha, aussi, pourquoi ne serais-je pas chef comme lui?"
[Rachi (Badmidbar 2,2) rapporte qu'il y avait un drapeau pour chaque tribu, mais également une bannière pour 3 tribus. (donc le camp avait 12 drapeaux et 4 bannières différents)]

Or, il se tut et ne protesta pas. C’est pourquoi le chef (nassi) de la tribu de Gad est ici appelé "Elyassaf fils de Réouel", bien que son vrai nom fût "fils de Déouel" (cf. Bamidbar 1,14), afin de souligner allusivement qu’il mérita d’être élevé en cela que "réa El", l’ami de D., en l’occurrence Moché, fut enterré dans son territoire.

Le 'Hida ajoute que le nom Réouel figure justement concernant les bannières, alors qu’auparavant, au sujet des sacrifices des princes, il était écrit Déouel, afin de nous enseigner que son renoncement concernant la direction des 3 drapeaux (symbolisé par le fait d'avoir une bannière), lui valut un tel mérite.

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[reformulation du dvar Torah ci-dessus]

-> Dans le passage qui traite de l'emplacement des tribus sous les drapeaux, le chef de la tribu de Gad est appelé Elyassaf fils de Réouël. Mais au début de la Paracha, quand on parle du décompte du peuple, par rapport à la tribu de Gad, la Torah appelle son chef Elyassaf fils de Déouël. Comment comprendre ce changement?

-> Le 'Hida rapporte que les quatre tribus qui étaient chefs de drapeaux, étaient majoritairement les aînées des tribus. Ainsi, Réouven était l'aîné de Léa, Dan l'aîné de Bilhaa, et Efraïm représentait la tribu de Yossef l'aîné de Ra'hel. Par contre, Gad qui était l'aîné de Zilpa n'était pas chef de drapeau. C'était Yéhouda le quatrième et non lui.
Ainsi, Gad aurait humainement pu se sentir lésé au point d'exprimer son mécontentement devant Moché. Mais, par respect pour ce dernier, le maître de tout Israël, il a gardé le silence et a supporté son sentiment désagréable sans rien dire.

Hachem a apprécié ce comportement et a souhaité l'en récompenser.
- Tout d'abord, pour avoir préservé le respect de Moché, la tribu de Gad mérita que celui-ci fut enterré dans son territoire.
- Et pour s'être contenu et ne pas avoir fait de querelles, il mérita le qualificatif de Réouël, l'ami de D., bien que son véritable nom était ''(Elyassaf fils de) Déouël''.

=> Cela montre combien grand est le mérite de celui qui sait garder le silence même quand il sent une injustice.
Si Gad avait parlé, même s'il aurait peut-être obtenu gain de cause et aurait eu dans ce monde l'honneur de voir son nom sur un drapeau. Mais, grâce à son silence et son humilité, combien plus a-t-il gagné!
Moché, le plus grand prophète de toute l'histoire a été enterré dans son territoire et il mérita le qualificatif éternel de Réouël, l'ami de D.
Qu'y a-t-il plus grand que cela ? L'homme qui sait supporter la vexation sans faire de querelle gagne toujours plus que ce qu'il aurait pu peut-être gagné en protestant pour son honneur!

"Et pourtant, même alors, quand ils se trouveront relégués dans le pays de leurs ennemis, Je ne les aurai pas dédaignés" (Béhar 26,44)

-> Rabbi Elazar a interprété ainsi l’expression : "Et pourtant, même alors" :
Israël est le plus heureux des peuples!
En effet, même s’ils ont irrité leur Créateur, D. ne délaisse pas les juifs. Où qu’ils aillent en exil, Il les accompagne.
Tel est le sens du verset : "Et pourtant, même alors, quand ils se trouveront relégués dans le pays de leurs ennemis, Je ne les aurai pas dédaignés".

Rabbi Abba a déclaré : Vois combien est grand l’amour de D. pour les juifs. Bien qu’Il ait été contraint de les disperser parmi les nations, la présence Divine ne s’est jamais éloignée d’eux et ne les quittera jamais.
On ne peut pas dire qu’ils sont seuls en exil, car "même Elle" les accompagne.
[Zohar - Haazinou 297b]

"La terre aura une année de repos" (Béhar 25,4)

-> Le 'Hatam Sofer (Séfer haZikaron - discours veille de Kippour), enseigne que le mot chemita (שמיטה) a une valeur numérique de 364, pour nous enseigner que celui qui pratique la chemita a pendant toute l’année un statut de Yom Kippour, qui s’appelle chabbaton.
En effet, nos Sages (guémara Yoma 20a) disent que pendant 364 jours de l’année le Satan a la permission d’accuser, alors qu’à Yom Kippour il n’a pas cette permission.
=> Par conséquent cet homme qui observe la 7e année est à un niveau très élevé, car le Satan n’a pas le droit de l’accuser pendant toute l’année.
L’année entière constitue pour lui une sorte de Yom Kippour qui s’appelle chabbaton.

"[Moché] réunit 70 Anciens du peuple et les fit se tenir autour de la tente. [Hachem] fit émaner l'esprit prophétique octroyé à [Moché] et le reporta sur les 70 Anciens ...
2 hommes étaient restés dans le camp et l'esprit [saint] se posa [aussi] sur eux.
L'un s'appelait Eldad, le second Médad. Bien qu'ils fussent sur la liste [des Anciens], ils ne s'étaient pas rendus à la Tente d'audience mais prophétisèrent dans le camp." (Béaaloté'ha 11,24-26)

-> Moché tira au sort 70 Anciens d'Israël en écrivant le mot "ancien" sur 70 morceaux de papier et en laissant 2 bulletins vides.
Parmi les 72 Anciens (6 pour chacune des 12 tribus : 6*12=72) que Moché avait assemblés, Eldad et Médad fuyaient les hautes fonctions. Ainsi, lorsque Moché demanda à tous d'entrer dans la Tente d'audience pour procéder au tirage au sort, ces 2 anciens restèrent dans le camp.
Ils dirent : "Nous ne méritons pas d'accéder à une fonction si éminente".

Lors du tirage au sot, 68 anciens prirent un morceau de papier portant le mot "ancien" et 2 tirèrent un papier vierge.
Il resta donc dans l'urne 2 morceaux de papier portant le mot "ancien", destinés aux 2 anciens [Eldad et Médad] qui n'avaient pas quitté le camp.
Tel est le sens de l'expression : "bien qu'ils fussent sur la liste", littéralement : "bien qu'ils fussent inscrits", c'est-à-dire bien que leur bulletin portât le mot "ancien".
Hachem leur dit plus tard : "Vous vous êtes faits petits, aussi Je vous grandirai davantage que tous les autres".

La supériorité de Eldad et Médad sur les autres Anciens prit 4 formes :
1°/ Les anciens n'étaient capables de prophétiser que les événements du lendemain, comme il est écrit : "Quand au peuple, dis-lui ainsi : "Sanctifiez-vous pour demain"".
Par contre, Eldad et Médad prophétisèrent les événements des 40 années à venir, notamment que Moché allait mourir et que Yéhochoua conduirait les juifs en Terre sainte.

2°/ Les noms Eldad et Médad sont mentionnés dans la Torah alors que celui des autres anciens ne l'est pas.

3°/ La prophétie des anciens cessa par la suite car elle provenait d'un être humain, Moché ("Je ferai émaner sur eux une partie de l'esprit qui et sur toi").
Par contre, la prophétie de ces 2 Anciens venait directement de Hachem ("l'esprit se posa sur eux") et ne les quitta pas jusqu'à leur mort.

4°/ Contrairement aux Anciens, Eldad et Médad entrèrent en terre d'Israël.
Eldad est "Elidad fils de Kislone", le chef de la tribu de Binyamin, l'un de ceux qui allaient partager la terre (v.34,21), et Médad est "Kémouel fils de Chiftane", le chef d'Efraïm.

[Méam Loez - Béaaloté'ha 11,26]

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"Eldad et Medad prophétisent dans le camp" (Béaaloté'ha 11,27)

-> Que disaient-ils?
Moché va mourir, et Yéhochoua va faire entrer les bnei Israël dans le pays (guémara Sanhédrin 17a).

-> Le 'Hanoukat haTorah enseigne :
Dans la parachat Chémot, il est écrit : "Elle l’appela Moché, ‘car je l’ai tiré de l’eau (min hamayim - מן המים)’".
Apparemment, elle aurait pu dire simplement "mimayim" (de l'eau - ממים), les lettres "noun" (נ) et "hé" (ה) paraissent superflues.

C’est parce que les lettres de "mimayim" sont les initiales de "Moché met Yéhochoua makhnis" (Moché est mort et Yéhochoua fait entrer), or Batya fille de Pharaon n’était pas d’accord avec cela, c’est pourquoi elle a délibérément ajouté deux lettres et a dit "min hamayim".
Eldad et Medad ont prophétisé "bama’hané" (dans le camp - בַּמַּחֲנֶה), c’est-à-dire "moa’h" (למחות - lim'not = effacer), en effaçant les lettres "noun hé" que Batya avait ajoutées, pour qu’il ne reste que "mimayim", initiales de "Moché met Yéhochoua makhniss".
Car c’était un décret du Ciel, c’est pourquoi "le garçon courut le dire à Moché".

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-> "Eldad et Meidad prophétisent dans le camp"

Les Sages ont expliqué qu’ils disaient : Moché va mourir et c’est Yéhochoua qui fera entrer le peuple dans le pays.

Le Roch enseigne :
Le mot "mitnabim" (prophétisent - מִתְנַבְּאִים) est un acrostiche de "Moché Tanoua’h Nafcho BaEden Az Yéhochoua Makhnis" (l’âme de Moché se reposera dans le gan Eden, alors Yéhochoua fera entrer).
C’était cela leur prophétie.

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-> A propos de notre verset (Béaaloté'ha 11,26) qui relate la prophétie de Eldad et Médad dans le camp d'Israël, le Targoum Yonathan dit que Eldad et Médad étaient les enfants de Yo'hévét, donc les demi-frères de Moché, car après qu'Amram ait divorcé de Yo'hévét, cette dernière épousa Elitsafane fils d'Ouziel, et petit-fils de Kéhat, donc neveu de d'Amram.
Yo'hévét et Elitsafane ont donné naissance à Eldad et Médad.

-> Selon le commentateur Adéret Eliyahou, après que Yo'hévét quitta Elitsafane, elle se remaria avec Amram avec une cérémonie très discrète, afin que les égyptiens ne le sachent pas et ne les surveillent pas sur une éventuelle naissance.
Mais Amram a constaté que tous les autres n'avaient pas repris leur repris leurs épouses, car ils ignoraient le remariage discret d'Amram avec Yo'hévét.
Ainsi, après avoir conçu Moché, après leur remariage, Amram et Yo'hévét firent une nouvelle cérémonie, 3 mois après leur remariage, mais cette fois avec faste et publicité, afin que chacun des Bné Israël reprenne sa divorcée.
C'est pourquoi, ce mariage fastueux a eu lieu alors que Yo'hévét était déjà enceinte de 3 mois de son fils Moché.

[à cette époque, avant le don de la Torah, un homme pouvait épouser une seconde fois la femme qu'il avait divorcée même si elle avait épousé un autre homme entre temps ce qui est un interdit de la Torah aujourd'hui (voir Ki Tétsé 24,4). Ainsi, Eldad et Médad sont les demi-frères de Moché, Aharon et Myriam du côté de leur mère. ]

-> Tossefot apporte une autre version des faits : après le don de la Torah, lorsque tout le peuple dut arrêter les relations interdites, Amram se sépara de sa femme, Yok'évet. Il se remaria et de cette union naquirent Eldad et Médad.
D'après cet avis, Eldad et Médad sont les demi-frères de Moché, Aharon et Myriam du côté de leur père.

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-> "Deux de ces hommes étaient restés dans le camp, l’un nommé Eldad, le second Médad. L’esprit se posa également sur eux, car ils étaient sur la liste, mais ne s’étaient pas rendus à la tente; et ils prophétisèrent dans le camp" (Béaaloté'ha 11,26)

-> Parmi les 72 hommes que Moché choisit pour désigner parmi eux les [70] Anciens, Eldad et Médad, 2 tsdadikim exceptionnels, ne se présentèrent pas devant la "tente d’Assignation". Ils se cachèrent dans le camp, disant : "Nous ne méritons pas le grand honneur de devenir chef". [Sifri]

-> Alors Hachem a dit : "Parce que vous vous êtes faits vous-mêmes si petits, Je vous accorde un honneur encore plus grand que l’honneur qui vous était fait". Et quel est l’honneur que D. leur a ajouté?
C’est que tous (les autres) avaient reçus l’Esprit prophétique pour ce moment-là et pas davantage, tandis qu’Eldad et Médad ont continué à jouir sans arrêt de l’Esprit prophétique [guémara Sanhédrin 17a].
Par ailleurs, Eldad et Médad entrèrent dans le Pays et survécurent à Yéhochoua ; leurs noms sont mentionnés dans la Torah (ce qui constitue un mérite éternel) contrairement aux autres Anciens ; ils restèrent Prophètes jusqu’à la fin de leur vie, ce qui ne fut pas le cas des autres Anciens ; ils reçurent leur Prophétie directement d’Hachem, et non pas par l’intermédiaire de Moché, comme ce fut le cas des autres Anciens. [midrach Bamidbar Rabba 15,15 – Tif Tsion]

-> Tandis que les Anciens étaient encore dans la tente d’Assignation, l’Esprit d’Hachem reposa sur Eldad et Médad, et ils se mirent à prophétiser. Eldad prédit : "Moché va mourir, et c’est Yéhochoua Bin Noun qui sera son successeur comme chef du Peuple ; il conduira les Bné Israël au Pays de Canaan, et ils en prendront possession".
Médad prophétisa : "Bientôt, des cailles viendront de la mer, couvriront le camp et seront un piège pour les Bné Israël".
Tous deux déclarèrent prophétiquement : "A la fin des Temps, ce roi (Gog) sortira de la terre de Magog et se rassembleront autour de lui des rois couronnés, des princes, et des soldats avec des boucliers. Tous les peuples l’écouteront [Gog et Magog (גוג ומגוג) a pour valeur numérique 70, ce qui correspond aux 70 Nations du Monde – Arizal] et viendront livrer bataille en Terre d’Israël, à ceux qui reviendront d’Exil. Cependant, Hachem leur préparera l’instant de leur malheur, et les fera tous périr en brûlant leurs âmes à l’aide d’une flamme ardente sortie du dessous de Son Trône de Gloire. Leurs cadavres tomberont sur les montagnes de la Terre d’Israël et tous les animaux de la forêt et les oiseaux du ciel viendront dévorer leurs chairs. Après cela, tous les morts d’Israël revivront et connaîtront ce dont on leur aura préparé et ils recevront la récompense de leurs bonnes actions" [Yonathan Ben Ouziel – guémara Sanhédrin 17a].

=> Quelle relation existe-t-il entre ces 3 Prophéties?
Moché pensait que les Bné Israël allaient continuer à manger exclusivement la Manne, le pain du Ciel aux vertus spirituelles, jusqu’à atteindre le niveau qui était le sien, celui de la Réparation (Tikoun) [qui ouvre à l’ère messianique], afin que leur entrée au Pays provoque l’élévation de la Terre d’Israël, nécessaire pour qu’il puisse lui-même y entrer. Malheureusement, ils succombèrent à la convoitise des cailles, provoquant du coup, le décret de mort de Moché (du fait qu’il ne pouvait entrer en Terre Sainte) et l’annonce de la venue de Gog et Magog en Israël pour achever le Tikoun. [Chem Michmouel]

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-> Il faut expliquer que la prophétie sur la mort de Moché ne fut révélée qu'à Eldad et Médad et non aux 70 Anciens, car ces derniers recevaient leurs prophéties de Moché lui-même et ne pouvaient donc pas révéler une prophétie encore inconnue de Moché. De plus, comment pouvaient-ils transmettre une prophétie qui annonçait la disparition de celui qui était à la source de leur force spirituelle, comme nous l'évoque adage : "On ne jette pas de pierre dans un puits dans lequel on a bu" (guémara Baba Kama 92b).
Quant à Eldad et Médad, ils reçurent la prophétie par leurs propres mérites et c'est le sens de la réponse de Moché à Yéhochoua lorsqu'il demanda de les enfermer. Moché confirma qu'ils reçurent cette prophétie d'Hachem Lui-même.
[Tsor ha'Haïm]

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=> Comment Eldad et Médad ont-il mérité de recevoir l'Esprit de prophétie directement par Hachem sans passer par Moché?

-> Commençons par introduire l'histoire racontée par nos Sages (guémara 'Haguiga 3a) au sujet de deux muets qui habitaient dans le quartier de Rabbi Yéhouda Hanassi. Chaque fois que Rabbi entrait dans le Bet Hamidrach pour étudier la Torah, ils entraient également et s'asseyaient près de lui. Ils inclinaient la tête et bougeaient leurs lèvres pour lui indiquer qu'ils comprenaient ses enseignements. En voyant combien d'efforts ils déployaient dans l'étude de la Torah, Rabbi implora la Miséricorde divine en leur nom.
Ils furent guéris et commencèrent à parler. Il était clair aux vues de leurs réflexions et de leurs débats avec les autres étudiants qu'ils connaissaient bien toute la Torah, toute la Michna, tout le Talmud et tout le Midrach.

-> Rabbi Ména'hem Azaria de Pano enseigne au nom de son maître Rabbi Israël Saroug élève du Ari Zal, que ces deux muets étaient la réincarnation de Eldad et Médad. Ce handicap constituait leur réparation pour avoir fait connaître leur prophétie sans y avoir été autorisés.
En effet, s'ils y avaient été autorisés, la Torah aurait employé le terme "en disant" (לאמר - lémor) pour nous faire comprendre que leurs paroles étaient destinées à être transmises au peuple.
Or, la Torah emploie le terme "prophétisent" (mitnabé'im - מִתְנַבְּאִים).
Ainsi, n'ayant pas été autorisés à transmettre cette prophétie, ils durent se réincarner en muets, incapables de prononcer le moindre mot, afin de réparer cette transgression.
En mettant toutes leurs forces dans l'étude de la Torah malgré leur handicap, ils méritèrent d'être guéris grâce à la prière de Rabbi Hakadoch.

-> Le Shvilé Pin'has commente cela :
L'acte de profaner le Nom de D. ('hilloul Hachem) dépend du niveau spirituel de chacun. Plus une personne s'élève dans la spiritualité par l'étude de la Torah, plus elle doit veiller à ce que ses enseignements et ses actions ne profanent pas le Nom d'Hachem.
Cet érudit doit absolument éviter que les gens disent : "voyez comment un grand érudit de la Torah se comporte!"
Voici plusieurs exemples donnés par la guémara (Yoma 86a) : "Qu'est-ce que la profanation du Nom de D.? Rav dit : si quelqu'un comme moi prenait de la viande chez un boucher et ne le payait pas rapidement, cela constituerait une profanation du Nom de D. car le boucher pourrait penser qu'un érudit en Torah n'a pas l'intention de le payer ...
Rabbi Yo'hanan dit : si quelqu'un comme moi marchait quatre coudées sans étudier la Torah ou sans porter les téfiline, cela serait considéré comme une profanation du Nom de D."

Eldad et Médad durent accomplir une réparation, car bien que la raison de leur refus de faire partie des 70 Anciens était louable, pour ne pas embarrasser deux autres Anciens, ils induirent en erreur Yéhochoua et beaucoup d'autres en les amenant à penser qu'ils étaient de faux prophètes car personne ne songea un seul instant que la prophétie pouvait émaner directement du Créateur.

À leur niveau, ce soupçon est considéré comme une profanation involontaire.
Or, la Michna (Pirké Avot 4,4) enseigne : " Celui qui profane le Nom Céleste en secret en sera puni en public, que la profanation du Nom ait été commise par inadvertance ou sciemment".
Ils durent donc expier cette faute en se réincarnant dans deux muets. En effet, "le Maître de l'univers est pointilleux avec ses proches comme le fil d'un cheveu" (guémara Yébamot 121b).

À présent, observons comment Hachem orchestra tous ces événements de manière magistrale :
Il envoya les âmes de ces 2 justes se réincarner en é muets qui apprenaient la Torah de Rabbi. Cependant, ils n'étaient pas destinés à être muets durant toute leur vie. Rabbi pria pour leur guérison et ils recouvrèrent la parole rapidement. Or, Rabbénou Yona (Chaar téchouva 47) explique que la réparation de la profanation du Nom de D. est la sanctification du Nom de D.

Il est écrit dans la guémara (Taanit 7a) : "Rabbi Bana avait l'habitude de dire : quiconque étudie la Torah de façon désintéressée, son étude devient pour lui un élixir de vie, comme il est écrit : "C'est un arbre de vie pour ceux qui le saisissent" (Michlé 3,18) ... Mais quiconque étudie la Torah de façon intéressée, cette étude devient un poison mortel".

Ainsi, nous comprenons pourquoi Rabbi pria pour leur guérison. En effet, après avoir réalisé la profondeur de leur compréhension, il comprit qu'ils étudiaient la Torah de façon totalement désintéressée.
En effet, un homme qui a la capacité de parler et de transmettre ses vastes connaissances en Torah peut le faire dans le but d'impressionner les autres. Ces deux muets ne pouvaient révéler quoi que ce soit à quiconque, néanmoins ils assistèrent assidument à chaque cours de Torah. Il était donc évident qu'ils étudiaient la Torah au nom du Ciel uniquement.

Tous ceux qui n'étaient pas conscients de leurs véritables intentions pensèrent qu'il s'agissait de faux prophètes. Cette pensée partagée par des membres du peuple constituait à leur niveau une profanation du nom de D.
Par conséquent, ils durent réparer cette faute involontaire en étudiant la Torah toute entière chez Rabbi avec un handicap majeur.
Au final, tout le monde comprit qu'ils avaient étudié la Torah de manière désintéressée durant de longues années ce qui constitua une véritable sanctification du Nom de D.
Une réparation de longue haleine, motivée par un amour inconditionnel du Créateur et de Sa Sainte Torah, qu'Eldad et Médad accomplirent pour avoir profané involontairement le Nom de D. dans le but de ne pas faire honte à d'autres Anciens. Un niveau d'élévation spirituelle hors norme qui nous fait prendre conscience de la valeur inestimable du peuple juif.