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L’orgueil de la sainteté (gaava diKédoucha)

+ L'orgueil de la sainteté (gaava diKédoucha) :

-> Tous les livres de moussar discutent longuement que l'orgueil est le pire trait de caractère.
Mais souvent nous avons une mauvaise compréhension de ce qu'est l'orgueil (gaava).
Le Ram'hal (Messilat Yesharim (ch. 11) explique : connaître ses points forts et sa valeur personnelle n'est pas de l'orgueil en soi.
Il définit l'orgueil comme le sentiment que l'on mérite d'être loué pour ce que l'on est ou ce que l'on a fait. La personne orgueilleuse estime qu'elle est responsable de son succès, de son apparence, de sa sécurité financière, et ainsi de suite, et pense qu'elle devrait être félicitée pour ces choses.
[on peut être orgueilleux de ne rien être, comme on peut l'être de qualités, de ressources, dont nous sommes dotées.]

Cependant, le juif de la Torah sait que tout ce qu'il possède lui a été donné par Hachem. Il sait qu'il est le messager d'Hachem et qu'il a donc reçu tout ce dont il a besoin pour remplir sa mission.
Son apparence, son intelligence, ses bonnes midot, sa femme, sa famille, ses finances et tout le reste lui ont été donnés afin de lui permettre de mener à bien sa tâche unique.

Si l'on prend conscience de cette vérité, il devrait être impossible de devenir orgueilleux.
On ne peut pas s'enorgueillir de quelque chose que l'on a emprunté temporairement (personne n'étant immortel à part D.!) et que l'on doit rendre à son véritable propriétaire (Hachem).
Si une personne pauvre s'est vu prêter un costume très cher pour le mariage de son fils, elle peut se sentir bien de porter un si beau costume, mais elle ne peut pas en être fière. Il serait stupide de le faire, car il ne lui appartient pas.

-> Cependant, le 'Hafet 'Haïm (Chem Olam - chap.7) écrit qu'il y a une chose dont nous pouvons et devons être fiers/orgueilleux.
Nos Sages (guémara Béra'hot 33b) enseignent que "tout provient à une personne depuis le Ciel, sauf la yirat Chamayim".
La seule chose qui reste à une personne est de choisir de faire la volonté d'Hachem (de parler à Hachem, de croire en Lui, d'accomplir Ses mitsvot et d'étudier Sa Torah).
Le choix de mener une vie dévouée à Hachem est le choix individuel de chaque personne.

C'est pourquoi le prophète Yirmiyahou (9,22-23) dit : "Un sage ne doit pas s'enorgueillir de sa sagesse, ni un guerrier fort de sa force, ni un homme riche de sa richesse. Mais de quoi doit-on s'enorgueillir? D'avoir appris et d'avoir pris conscience de Moi [Hachem]."

En effet, la yirat Chamayim d'une personne est la seule chose qu'elle a réalisée elle-même grâce à son travail acharné. Elle mérite donc d'être félicité pour cet accomplissement.

Comme l'écrit le 'Hafets 'Haim : "lorsqu'on atteint ce niveau, qu'on reconnaît et comprend qu'Hachem contrôle tout dans le monde, on peut être fier de nous-même et personne ne doit mépriser cette fierté, car ce n'est pas de l'orgueil, cela fait plutôt partie de la joie sur les mitsvot ... et c'est quelque chose pour lequel il est digne de féliciter une personne."

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1,15) mentionne également cette idée :
"C'est l'orgueil désiré : se souvenir constamment de son honneur et de ses qualités et agir en conséquence, comme il convient de se sentir bien à propos de sa valeur élevée."

-> Le 'Hovot haLévavot (Chaar haAnava - chap.9) écrit qu'il existe une forme d'orgueil permis et même nécessaire : la joie et la fierté qu'une personne éprouve à l'égard de la Torah et des mitvot qu'elle a eu le mérite d'accomplir.
Loin de rendre quelqu'un vaniteux, un tel sentiment : "l'incitera à travailler encore plus dur dans sa avodat Hachem et à s'humilier devant son entourage. Il se sentira heureux à l'égard de ses amis et se souciera de leur honneur, cachera leurs erreurs, ne parlera qu'en leur faveur, les aimera tous, se portera garant d'eux et sera très attentif à leur honneur."

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-> également à ce sujet : Confiance en soi & l'orgueil de la sainteté : http://todahm.com/2021/12/12/confiance-en-soi-lorgueil-de-la-saintete

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-> Selon le Ben Ich 'Haï (Bénayahou - guémara Béra'hot 62b) :
Dans tous les traits de caractère, choisissez la voie du milieu ...
L'exception à la règle est l'orgueil ... il faut aller à l'extrême opposé.

[au préalable, il faut avoir une bonne définition de ce qu'est l'humilité (et donc l'orgueil).
Par exemple, on pense que c'est : "je ne suis rien, je ne vaux rien" (ce qui est faux!), et du coup on en vient à s'enorgueillir de n'être rien.
A l'inverse, par moment on doit s'enorgueillir d'être un serviteur, un enfant d'Hachem. (notre yétser ara nous pousse à nous dévaloriser sous couvert d'humilité pour réduire notre ambition spirituelle (pour qui tu te prends! tu n'es pas Baba Salé!), et donc nous faire moins exploiter notre potentiel.
Par moment, on doit être arrogant/orgueilleux face à notre yétser ara (le monde a été créé pour moi), en augmentant notre joie et fierté de vivre, en appréciant d'avoir une partie d'Hachem en nous! (donc je ne suis pas un rien que rien, et mes actions/mitsvot ont un impact éternel!)

A ce sujet, on peut citer :
-> Selon le rav Ben Tsion Abba Chaoul :
- concernant le futur = nous devons être plein d'orgueil, du fait de pouvoir réaliser la volonté de Hachem.
[Ce sentiment de fierté est sain, productif, et il témoigne de notre amour pour D., de notre joie de nous consacrer à son service. Par exemple, nous devons répondre avec plein d'orgueil à notre yétser ara qui nous pousse à la faute : "Tu sais qui je suis : un prince, un fils du Roi des rois! Alors comment oses-tu me déranger pour une chose si minable, honteuse pour quelqu'un de mon rang!"]
- concernant le passé = nous devons rester humble, car "Tout cœur hautain est en horreur à Hachem" (Michlé 16,5).
[ainsi, nous devons s'enorgueillir d'avoir la chance de pouvoir servir Hachem pour dynamiser nos actions futures, mais pas d'en venir à se reposer sur nos lauriers et se vanter à outrance de notre passé.
(à petite dose cela peut servir à se valoriser pour mieux aller de l'avant, mais pas pour se vanter pour se vanter).
De même dans le domaine de la prière (il y a nécessité d'avoir de la fierté [d'être juif] qui nous pousse à nous surpasser, à donner le meilleur de nous même, et il y a orgueil [d'être juif] qui ne pousse qu'à développer notre "moi je, moi je" [or, la prière c'est laisser de la place pour Hachem dans notre vie!].)]

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[pour réussir sa vie dans ce monde, tout juif a besoin de moments où il va développer un orgueil sur la grandeur d'être juif.
Dans le Alénou léChabéa'h (et les bénédictions avant/après l'étude de la Torah), nous affirmons notre chance et fierté d'être dans les chemins d'Hachem (le Vrai) tandis que les non-juifs vont dans des chemins totalement vides et inutiles (servant des idoles mortes!). [ché'en mista'havim laévél varik, oumitmaléllim lélo yochia ...]
Le Tiféret Israël demande : on comprend la nécessité de louer nos actions, mais pourquoi déprécier ouvertement celles des non-juifs? C'est pas respectueux pour eux!
Il répond car nous avons besoin au quotidien de les dévaloriser pour mieux être orgueilleux en prenant pleinement conscience de notre chance d'être juif, de pouvoir servir Hachem.
=> La Torah étant d'ordinaire si respectueuse de l'honneur d'autrui, on en déduit que le caractère vital de constamment renforcer notre grandeur à nos yeux, pour pouvoir vivre avec un très haut niveau de responsabilité et de spiritualité. ]

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-> issu du divré Torah : http://todahm.com/2023/08/22/connaitre-notre-grandeur-2e-partie

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-> Le Lichma pendant l'étude :

-> Une fois qu'une personne commence à étudier, elle peut être influencée par d'autres intérêts secondaires, tels que le désir d'être honorée pour ses connaissances ou de gagner une position prestigieuse ou lucrative.
Il s'agit là d'une forme d'étude chélo lichma, dont l'intention n'est pas purement d'étudier la Torah dans le seul but de la connaître.
À cet égard, le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm (4,3) définit l'étude lichma comme suit : "Tout ce que vous dites et discutez en Torah doit être pour le bien de la Torah, afin de la connaître et de la comprendre, et d'approfondir sa connaissance et sa compréhension, mais pas pour rabaisser les autres ou pour se mettre en valeur".

Ainsi, étudier lichma signifie étudier uniquement dans le but de connaître plus de Torah, avec plus de clarté, de profondeur et de détails.
À cet égard, nos Sages nous enseignent qu'il faut d'abord commencer à étudier chélo lichma, et que l'on finit par atteindre lichma. On ne peut pas s'attendre à ce qu'une personne commence à étudier avec une pureté d'esprit telle qu'elle n'a pas d'autres intérêts ou bénéfices à tirer de son étude.
Et la vérité est que la seule façon de réussir à étudier est de commencer par étudier chélo lichma.

Le rav Israël Salanter écrit : "La base de l'étude de la Torah lichma est de commencer à étudier chélo lichma, ce qui signifie que l'on doit étudier avec l'intention de devenir éminent parmi parmi les grandes personnes".
Il s'agit là d'une déclaration surprenante qui choque de nombreuses personnes lorsqu'elles l'entendent pour la première fois. Il est certain que cet idéal respire l'orgueil et la fierté, ce qui, nous dit-on, est la pire des midot (trait de caractère) et semble être l'antithèse de ce que l'on attend d'un homme qui apprend.
Le rav Shlomo Wolbe (Alé Shour) explique qu'il est impératif qu'une personne développe ses capacités d'étude et ne laisse pas d'autres considérations entraver sa croissance. Le rêve de devenir "éminent parmi les grands" est ce qui donnera à un jeune apprenant la volonté de maximiser ses capacités d'apprentissage.
Néanmoins, le risque qu'il devienne orgueilleux est extrêmement dangereux
, et nous devons donc nous engager dans 3 remèdes : premièrement, travaillez très dur sur la prière, dont toute l'essence est de s'humilier devant Hachem ; deuxièmement, développez l'humilité en étudiant avec une 'havrouta, car cela nous oblige à écouter patiemment son opinion, à admettre parfois qu'il a raison et que nous avions tort, ou à reconnaître les qualités supérieures qu'il possède ; enfin, plaçons nous en compagnie d'un véritable géant de la Torah, pour écouter ce qu'il dit et observer la façon dont il agit.
Le fait d'être constamment en contact avec une grande personnalité de la Torah permet à une personne de se rendre compte du chemin qu'il lui reste à parcourir et limite ainsi les risques qu'elle se laisse emporter par ses succès actuels.

=> En résumé, le lichma comporte 2 volets.
1°/ Le premier est l'état d'esprit : la raison pour laquelle nous étudions, à savoir apprendre à connaître Hachem par le biais de Sa Torah et, par conséquent, à devenir une personne sur laquelle il convient qu'Hachem fasse reposer Sa Chékhina.
Si nous ne développons pas consciemment cette attitude de lichma, elle ne se produira pas d'elle-même.

2°/ Le deuxième point concerne la manière dont nous étudions. Nous devons nous efforcer d'étudier uniquement dans l'intention de comprendre et de connaître davantage la Torah.
A cet égard, même si nous commençons à étudier avec d'autres intérêts secondaires, cela finira par être la seule motivation de notre esprit pendant que vous étudions.
[rav Avraham Tabor]

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