Aux délices de la Torah

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Joie et crainte d’Hachem

+ Joie et crainte d'Hachem :

-> Nos Sages écrivent que si une personne accomplit des mitsvot dans la joie mais néglige de les faire précéder d'une conscience, d'une crainte et d'une révérence appropriées à l'égard d'Hachem, appelées yirat Hachem, non seulement la joie n'est pas une mitsva, mais elle est également considérée comme une simple folie et elle peut éloigner la personne de la Torah.
Nos Sages expliquent que cela est dû au fait que la yirat Hachem (crainte de D.) est le récipient par lequel tous les autres aspects du service divin sont accomplis. Si une personne n'a pas le récipient, elle n'est pas en mesure de soutenir un niveau plus élevé.

-> Le yétser ara incite une personne à négliger d'atteindre la yirat Hachem appropriée, en la convainquant qu'il suffit d'aimer Hachem et de se réjouir de Le servir.
Rabbi Na'hman de Breslev assimilait les mitsvot accomplies avec une joie ancrée dans l'ego ou les arrière-pensées à un "feu étranger", ce qui était la faute de Nadav et Avihu (Chémini 10,1-2).

-> Nos Sages nous rappellent qu'il faut "se réjouir en tremblant", c'est-à-dire qu'il faut associer de la crainte à nos réjouissances afin qu'elles ne se transforment pas en vaines sottises.
Une fois qu'une personne acquiert une véritable yirat Hachem, elle éprouvera une grande joie et un grand plaisir à accomplir les mitsvot.
[plus nous avons conscience devant qui nous sommes (le Roi des Rois), qui nous demande d'accomplir Sa volonté ... alors plus cette crainte va servir de tremplin vers davantage de joie, de fierté.
Par ailleurs, la crainte d'Hachem permet de diminuer la taille de notre égo, et donc de laisser davantage de place pour que Hachem réside en nous. Il en résulte davantage de joie, car le plus grand plaisir est le fait d'être plus proche de la Source de toutes les bontés Hachem. ]

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-> Le Séfer ha'Hinoukh (432) affirme que le commandement d'avoir la yirat Hachem inclut le fait de s'éveiller au sentiment qu'Hachem surveille attentivement toutes nos actions, en particulier lorsqu'une occasion de fauter se présente.
L'essentiel est de s'habituer à se rappeler à chaque instant qu'Hachem se tient à ses côtés à tout moment.
Hachem voit tout ce que nous faisons, connaît toutes nos pensées, nous observe à chaque instant, et rien de bon ou de mauvais n'arrive à une personne sans la volonté d'Hachem.

[cette réalité est incroyable : plus je développe cette crainte issue du fait qu'Hachem m'observe constamment et à conscience de la moindre de mes pensées, alors plus je peux développer une joie profonde à l'idée que Hachem est si fier et heureux de mon comportement. Il connaît mes forces et mes faiblesses, et apprécie du moindre effort fait pour Lui.
Rien de me vient sans décret d'Hachem, et chaque seconde je suis important aux yeux d'Hachem, au point qu'Il m'accorde encore la possibilité de vivre. ]

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-> Le Baal Chem Tov dit que lorsqu'une personne n'a pas de yirat Hachem, Hachem lui envoie des difficultés, telles que des problèmes financiers ou autres, afin de lui rappeler d'être conscient d'Hachem.
Il s'agit en fait d'une grande bonté de la part d'Hachem.
En fait, le Séfer Yéré'im (1:405) écrit : "Le commandement d'avoir la yirat Hachem est extrêmement précieux en ce sens qu'une personne peut l'accomplir mille fois par jour, car chaque fois que son cœur 'fait un battement' en se souvenant des mitsvot, il accomplit le commandement d'avoir de la yirat Hachem".

Cela signifie qu'avant d'accomplir l'un des commandements, une personne doit prendre du recul et ressentir un sentiment de révérence en reconnaissant qu'elle est sur le point d'accomplir un commandement explicite du Roi des rois qui se tient devant elle.
Les tsadikim ont averti qu'une personne devrait craindre davantage la barrière qui se dressera entre elle et Hachem en commettant une faute que toute répercussion douloureuse potentielle liée à la réalisation de la faute elle-même.

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-> Tous nos Sages ont écrit qu'il est approprié de fixer des moments dans la journée pour prier Hachem de nous aider à acquérir la yirat Hachem. Il faut exprimer verbalement à Hachem, avec des larmes et des supplications, à quel point il est important pour soi de progresser dans les niveaux de yirat Hachem.

Puis, après ces prières, on doit utiliser notre esprit pour contempler l'exaltation d'Hachem.
Selon nos Sages, Hachem répond toujours aux prières d'une personne pour qu'elle parvienne à un état supérieur de yirat Hachem.
Il est bon pour une personne de choisir des versets qui parlent positivement d'un tel état et de les utiliser régulièrement. Chaque personne peut choisir les versets qui lui plaisent et changer les versets qu'elle utilise de temps en temps.
Voici quelques exemples de versets qui parlent avec éloquence de l'atteinte de niveaux de yirat Hachem : Béréchit 42,18 ; Chémot 20,17 ; Dévarim 5,26 & 10,12 ; Méla'him II 17,25 ; Yéchayahou 33,6 ; Méla'hi 3,16 ; Téhilim 2,11 & 5,8 &19,10 & 36,2 & 66,11 & 111,10 & 112,1 & 119,63 &128,1 ; Michlé 1,7 & 14,27 & 31,30 ; Iyov 28,28 ; Kohélet 3,14 & 7,18 & 12,13 ; Né'hémia 7,2.

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+ La crainte du Ciel = une nécessité spirituelle :

-> Le Baal Chem Tov dit qu'une personne doit s'efforcer et persévérer pour atteindre un état de crainte d'Hachem plus que pour atteindre un sentiment d'amour d'Hachem.
En effet, l'amour est déjà enraciné dans un sentiment de crainte et de respect.

Le rabbi de Berditchev explique que si l'on pouvait accéder à la jouissance spirituelle avant d'acquérir un sentiment de conscience ou de révérence à l'égard d'Hachem, il n'y aurait plus de choix du libre arbitre.
Le Baal haTanya estime qu'il n'est pas trop difficile d'acquérir la crainte du Ciel, car une personne peut s'y plonger à tout moment, et Rabbi Zacharie Mendel conseille de prier pour la révérence lorsqu'on est dans un état de joie.

-> Selon le 'Hozé de Lublin, il est impossible d'atteindre un niveau spirituel quelconque sans yirat Hachem.
Le rabbi de Karlin fait remarquer que lorsqu'une personne n'a pas la crainte d'Hachem, elle comble cette lacune par d'autres craintes. Comme le disent les 'hassidim breslev : "celui qui craint l'Unique ne craint personne, et celui qui ne craint personne craint tout le monde".

De même, Rabbi Avraham Hamalach a calculé que sans crainte d'Hachem, il est impossible de connaître Hachem.

-> Selon nos Sages, la yirat Hachem d'une personne doit être pure, sans aucune tristesse. Elle doit apporter la tranquillité et l'harmonie intérieure.
Si la yirat Hachem n'apporte pas à une personne la tranquillité et l'harmonie intérieure, c'est le signe que quelque chose ne va pas et qu'il faut y remédier.

La joie de la sainteté

+ La joie de la sainteté :

Il existe 2 types de joie :
1- La joie de l'âme animale, comme le plaisir physique/matériel, la jouissance de l'esthétique, et la joie qui provient des traits négatifs.
2- La joie de l'âme Divine, que nous pouvons appeler la Joie Sainte.

Rabbi Tsadok de Lublin dit que la Joie Sainte est la nourriture de l'âme.
Selon rabbi Leibele Eiger, tous les types de joie entourent le cœur, mais restent à l'extérieur du cœur. Seule la Joie Sainte est à l'intérieur du cœur.

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-> "Le monde de la joie est plus spirituel que le monde de la sagesse".
[Maggid de Mézéritch]
[ainsi, pour entrer en relation avec Hachem, la joie est la voie la plus efficace et avantageuse. ]

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 418) affirme qu'une personne qui se concentre sur les choses matérielles de ce monde dans le seul but d'en tirer du plaisir passe à côté de la mitsva d'aimer Hachem.

Rabbi Moché de Kobrin déclare que l'âme juive provient du "monde des plaisirs", et si elle ne goûte pas au plaisir de la Joie Sainte, elle tombera dans la poursuite des plaisirs physiques de ce monde.

-> Le Rambam (Hilkhot Déot 2:7) établit qu'une personne doit être joyeuse.
Et rabbi Sim'ha Bounim de Pshischa dit que ce que [papa] Hachem attend de chaque juif, c'est qu'il soit dans un état de joie, car la principale joie d'un parent est de voir son enfant éprouver une joie intérieure qui se lit dans ses yeux et sur son visage.
[Hachem désire le coeur, un coeur rempli intérieurement de joie, et pour cela seule la Joie Sainte nous le permet.
Si notre coeur n'est pas rempli à l'intérieur de joie, alors Hachem est moins lié à nous. ]

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-> Rabbi Méïr, le fils du rabbi de Berditchev, dit que nous sommes récompensés dans ce monde pour la joie avec laquelle nous accomplissons les mitsvot.
Il ajoute que nous ne parlons pas ici de la récompense pour la mitsva, car la véritable récompense pour une mitsva (qui est spirituelle) ne peut être atteinte dans ce monde (qui est physique). Cette récompense concerne plutôt la joie qu'une personne a éprouvée en accomplissant la mitsva.

-> Rabbi Barou'h de Kossov enseigne que la joie avec laquelle une personne accomplit une mitsva est plus importante pour Hachem que l'accomplissement de la mitsva elle-même.
En fait, le Maggid de Mézéritch dit que l'aspect principal de l'accomplissement d'une mitsva est le plaisir qu'une personne éprouve en l'accomplissant.

[l'idée est puissante : la finalité n'est pas de faire la mitsva, mais bien de développer profondément en nous un sentiment ardent de Joie Sainte.
Etre joyeux n'est pas un simple bonus, mais une nécessité fondamentale! ]

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+ La danse Divine :

-> Le niveau de joie le plus profond mène à la danse. Le 'Hatam Sofer dit que la véritable danse inspirée par la joie ne peut provenir que de la joie qui découle de l'accomplissement d'une mitsva.

-> Rabbi Na'hman de Breslev dit que lorsqu'une personne accomplit une mitsva avec une joie telle qu'elle l'amène à danser et à applaudir au-delà de son contrôle, les souffrances qui lui étaient attribuées lui sont retirées.
D'autres Sages ont déclaré que c'était le niveau auquel se trouvait le roi David lorsque le verset dit qu'il "sautillait et dansait devant Hachem" (Shmouel I 6,16).

-> Le Beit Aharon dit que la danse est un niveau supérieur à la prière parce que la prière se fait uniquement par la bouche, alors que la danse se fait avec tous les membres, accomplissant ainsi le verset "Tous mes os [louent Hachem]".
C'est pourquoi rabbi Lévi Its'hak de Berditchev a demandé au rabbi de Sassov de prier pour lui, en particulier lorsqu'il dansait.

-> Un jour à la sortie de Yom Kippour, le Baal Shem Tov voulut provoquer un certain changement dans le monde, et il se mit à prier pour cela. Pendant ce temps, ses 'hassidim dansaient à l'extérieur (la tradition hassidique veut que l'on danse à la sortie Yom Kippour), et en raison de la grande joie et de l'agitation, la danse a débordé dans la pièce privée du Baal Shem Tov et ils l'ont attrapé dans le cercle. Immédiatement, ce pour quoi le Baal Shem Tov priait s'est réalisé. Le Baal Shem Tov a alors déclaré que danser dans la joie peut accomplir plus que des prières avec concentration.

-> On dit que quiconque voyait danser le Shpalah Zaide faisait téchouva sur-le-champ, car sa danse éveillait chez tous ceux qui la voyaient le désir et l'envie de retourner à Hachem.
On raconte également que le rabbin Réouven Horowitz n'arrivait pas à dormir la nuit de Shabbat tant sa joie était grande. À tel point qu'il chantait et dansait toute la nuit, et que les habitants de sa ville se divisaient en 4 groupes pour faire des rotations afin de danser avec lui toute la nuit.

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-> Il y a des personnes justes qui lorsqu'elle se réveille le matin et font la bénédiction pour être juif (chélo achani goy[a]), elles dansent de joie, inspirées par le fait d'avoir une capacité et une opportunité spéciales de servir et de se lier avec Hachem.

-> Le rabbi de Berditchev dansait en raison de la joie qu'il ressentait en prononçant de simples bénédictions avant de consommer de la nourriture.
D'ailleurs, il est certain qu'il éprouvait davantage de plaisir à bénir qu'à manger.

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-> Le 'Hidouché haRim dit qu'en dansant, une personne peut atteindre un état de dépassement physique appelé hispachtout hagachmiout.
Ce concept de hispachtout hagachmiout a été expliqué par le Baal Shem Tov comme signifiant un attachement avec Hachem si fort qu'une personne ne ressent pas le monde physique ou les besoins de son corps.
Selon rabbi Lévi Its'hak de Berditchev, la hispachtout hagachmiout est un grand plaisir pour l'âme parce qu'il lui donne un peu de repos par rapport à la lourdeur du corps.

-> Une autre façon de faire de la hispachtout hagachmiout est de chanter des mélodies sacrées. C'est ce que l'on fait dans chaque foyer juif le Shabbat et les jours de fête.
Les tsadikim composaient des mélodies qui permettaient à l'auditeur consciencieux d'oublier immédiatement les absurdités auxquelles il pensait et de s'élever à un état de sainteté, de clarté et de désir de s'attacher à Hachem.
Rabbi Na'hman de Breslev dit que même une personne qui n'est pas un bon chanteur devrait s'habituer à chanter des mélodies qui amènent son cœur à un état de sainteté et de pureté.
Et le Shoul'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 98:1) établit que la hispachtout hagachmiout est un niveau approprié à atteindre lors de la prière.

- >Tout comme le niveau de hispachtout hagachmiout, le niveau de séparation et de dépassement du sentiment de notre ego, appelé bitoul hayéchout, est similaire à celui du hispachtout hagachmiout.
Le Baal Hatanya écrit qu'il est impossible de comprendre la grandeur d'Hachem sans hispachtout hagachmiout et bitoul hayéchout.
En effet, une personne doit parvenir à ne rien vouloir d'autre qu'Hachem, qu'il s'agisse de plaisirs physiques, de plaisirs spirituels, de questions de ce monde ou de questions du monde à Venir. Toute personne qui poursuit l'un de ces désirs est toujours dans un état où elle se considère comme un individu séparé d'Hachem.
[la plus grande joie est lorsque 100% de notre être (et 0% de notre égo) proclame : je ne veux qu'une chose : me lier le plus possible avec toi Hachem!! ]

Cinquante années d'étude de la Torah et de service d'Hachem ne peuvent pas lier une personne à Hachem aussi bien que le fait d'accepter la souffrance avec amour.
[rav Shnéour Zalman de Liadi - le Baal haTanya]

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-> Le Steïpler a reconnu que le fait de souffrir est difficile à supporter, mais il a souligné que les souffrances passées ont une grande valeur et deviennent une source de bénédiction.
Après la guérison, la douleur ressentie précédemment par un malade équivaut à une fortune en mérites. [Kréna déIgarta]
[en ce sens, il est écrit : "les souffrances sont précieuses" ('havivim yissourim - guémara Sanhédrin 101a)]

-> Le rav Aharon Leib Steinman enseigne :
En ce qui concerne les souffrances que nous avons déjà endurées, nous devons les considérer comme une bonne chose, car la douleur est déjà passée, et il ne vous reste plus que ses mérites. [on prie pour ne plus en avoir dans le futur. ]
[...]
Il est écrit : "Je Te remercie pour ce que Tu m'as fait souffrir" (Odé'ha, ki anitani - Téhilim 118,21).
La première phrase se situe au passé (anitani). La phrase suivante se lit : "vatéhi li lichoua", ce qui signifie littéralement : "Tu deviendras pour moi un salut" = nous remercions Hachem pour les souffrances qu'Il nous a infligées dans le passé, car elles nous apporteront le salut dans l'avenir.

Le machia'h viendra parce que le peuple juif servira Hachem avec passion, amour et joie.
[selon le maguid de Mézéritch et rabbi Bounim de Pschisha]

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-> Selon le 'Hozé de Lublin, dans les générations précédant la venue du machia'h, la relation des juifs avec Hachem sera construite principalement autour de l'amour d'Hachem, car cela tire davantage les cordes sensibles [de notre cœur] vers Hachem, plus que n'importe quelle autre chose.

-> Le rabbi Avraham 'Haïm de Zlotchov enseigne que lorsque les nations du monde verront notre passion et notre joie à accomplir les mitsvot (et en particulier, les mitsvot dont nous ne connaissons pas la raison), elles diront que si nous ne trouvions pas de douceur dans les mitsvot, nous ne pourrions jamais éprouver une telle joie à les accomplir. C'est ce qui, en fin de compte, rapprochera les nations non juives à la reconnaissance d'Hachem et de l'authenticité de la Torah.

Servir Hachem dans la joie = trouver grâce à Ses yeux

+++ Servir Hachem dans la joie = trouver grâce à Ses yeux :

"Noa'h a trouvé grâce aux yeux d'Hachem" (Noa'h 6,8)

-> La guémara (Sanhédrin 108a) nous dit que Noa'h était également inclus dans le décret selon lequel la toute vie serait détruite par le Déluge, mais qu'il a été sauvé parce qu'il a trouvé grâce aux yeux d'Hachem.
Comment trouve-t-on la grâce auprès d'Hachem?

Si une personne accomplit les mitsvot à contrecœur, en pensant qu'elle perd de l'argent ou qu'elle se prive de plaisirs, elle n'observe pas la Torah avec grâce et n'obtiendra pas la grâce d'Hachem.
En revanche, lorsque nous accomplissons la Torah avec grâce = avec joie et en reconnaissant [fièrement] que c'est le but de notre vie, nous obtenons la grâce divine et le pardon de nos fautes.
[rav Moché Feinstein - Kol Ram]

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-> Lorsqu'une personne trouve grâce aux yeux de D., elle est appelée Noa'h, qui est apparenté au mot "tranquillité" (ménou'ha).
En trouvant grâce aux yeux de D., une personne trouve la tranquillité.

[ainsi, le verset : "Noa'h trouva grâce aux yeux d'Hachem" (Béréchit 6,8) peut être lu : "la tranquillité [Noa'h] [est vécue par celui] qui a trouvé grâce aux yeux de D.]
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béréchit 6,8]

Tou biChevat

+ Tou biChevat :

-> Nous sommes comparés à un arbre comme il est dit : "car l'homme est un arbre des champs" (ki adam ets assadé - Choftim 20,19).
Le Maharal ('Hidouché Aggadot - Nida 25) explique ainsi ce verset comparant l’homme à un arbre. La tête correspond aux racines, les pieds et les mains aux branches. L’homme est donc un arbre à l‘envers, sa racine étant dans le monde céleste, son esprit, connecté aux cieux, relevant des sphères suprêmes. Si les racines terrestres assurent la croissance de l’arbre, il en va de même pour celles célestes de l'hommes.

Au milieu de l’hiver, les arbres semblent sans vie. Nous savons tous que c’est durant cette saison qu’une nouvelle vie se profile dans les arbres qui se révèlera à partir de Chevat.
Il en va de même pour nous. Notre Avodat Hachem traverse parfois un "hiver" difficile, mais cette période recèle un potentiel de régénérescence.

-> Tou biChevat, marque le renouveau des arbres, c'est le Roch Hachana la'Ilanot (guémara Roch Hachana 2a).
Par ailleurs, la Torah "est un arbre de vie" (éts 'haïm hi - Michlé 3,18).
[de fait, c’est au mois de Chevat que Moché commença à expliciter la Torah à la fin des 40 ans (Début de Dévarim 1:3,5).]

Le Avné Nézer explique que les fruits de l'homme sont ses 'hidouché Torah, ses idées et enseignements originaux de Torah.
De même qu’à Tou biChevat, la sève monte à l’intérieur de l’arbre, permettant une nouvelle production de fruits, de même, il y a un renouveau de 'hidouché Torah en chaque juif.
En fait, le Avné Nézer était capable de percevoir une différence dans sa Torah avant et après Tou biChevat, sentant une amélioration dans ses 'hidouché Torah, à un niveau plus élevé que le reste de l’année.

Le Erets Tsvi ajoute que puisque l’arbre est une métaphore de l’homme (ki adam ets assadé) le principal Roch Hachana (le renouveau essentiel) de Tou biChevat porte sur les ’hidouché Torah et non sur les fruits matériels des arbres réels.
[en ce sens : on doit davantage s'y délecter de belles paroles de la Torah que de beaux fruits. ]

-> Rachi (Bé'houkotaï 26,4) commentant : "l'arbre du champ donnera son fruit" (vé'éts assadé yiten pir'yo), dit que cela se réfère aux אילני סרק (ilané cérak) = Des arbres non fruitiers (arbres stériles), mais qui un jour à l'avenir donneront des fruits.
C'est aussi une allusion aux hommes comparés aux arbres : les juifs qui sont tels des אילני סרק porteront à terme des beaux fruits, des beaux 'hidouché Torah.
Rabbi Moché Wolfson souligne que ועץ השדה יתן פריו (vé'éts assadé yiten pir'yo) a une valeur numérique de 1 236, la même que חמשה עשר בשבט (le 15 Chevat - Tou biChevat).

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-> La Torah "est un arbre de vie" (éts 'haïm hi - Michlé 3,18).
Le frère du Gaon de Vilna, Rabbénou Avraham (au début de son séfer Maalot HaTorah) écrit :
un arbre est une seule entité se ramifiant en de nombreuses branches qui elles-mêmes fructifient, les fruits étant à leur tour composés de diverses parties avec de nombreux pépins. Chacun, une fois semé, peut reproduire un arbre entier. Cela signifie que chaque graine porte en elle un potentiel de tout un nouvel arbre.
La même chose est vraie pour les mitsvot, fruits de l’arbre de la Torah. Chaque mitsva est une entité distincte mais chacune contient l’essence de toute la Torah, le "code" spirituel de l’Arbre de vie.
Ainsi, toutes les mitsvot sont inextricablement interconnectées au point qu’un aspect d’une certaine mitsva peut être lié et représentatif d’une autre.
On peut comprendre cela avec la comparaison au corps humain formé de plusieurs membres et organes avec chacun leur fonction spécifique. Néanmoins, chaque partie du corps partagent le même ADN.
Idem pour chaque mitsva qui renferme l’ "ADN" de la Torah qui unifie tous les commandements.

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-> On trouve une allusion au 15 Chevat dans le verset : chiveté-Ya édout lé'Israël, léodot léchem Hachem (שִׁבְטֵי-יָהּ עֵדוּת לְיִשְׂרָאֵל לְהֹדוֹת לְשֵׁם יְהוָה - Téhilim 122,4) = les tribus d’Hachem sont une témoignage pour Israël qui loue le Nom d’Hachem.
Le terme שִׁבְטֵי est une allusion à : שבט (chévet - tribu), et יָהּ a une guématria de 15, allusion au 15 Chevat. En ce jour, nous remercions Hachem en disant une bénédiction sur les fruits. [voir le Toldot Its'hak]

=> le verset peut se lire ainsi : le 15 Chevat est un témoignage pour que les juifs louent le Nom d'Hachem [ex: par les bénédictions et l'appréciation des beautés des fruits en goût, visuellement, par l'odorat, ... de la nature, témoins d'à quel point Hachem nous chouchoute constamment! ].

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-> Le Birkat Shalom explique que la tête doit être interprétée comme la racine. Les branches poussent à partir de la racine, mais chaque branche pousse en fonction de la racine d’où elle provient : d’une racine de pommier, il ne poussera pas une branche d’oranger …
De même pour l’homme : son service divin - la racine - est ce qui fixe les résultats. Tou Bichvat est un jour où il est souhaitable d’explorer le but pour lequel Hachem nous a créés dans Son monde, méditer pour voir si nous sommes dans la bonne voie pour réaliser ce but, et prier pour réussir à mener à bien la finalité pour laquelle nous avons été créés.

[on doit avoir sa tête dans le monde à Venir, et s'imaginer quels fruits, arbres, nous souhaitons avoir pour l'éternité. Et en fonction, nous devons avoir un travail spirituel et des racines adéquates dans ce monde. On récoltera ce qu'on aura semé dans l'effort selon la volonté d'Hachem. ]

-> L’arbre ne pousse pas en un jour. Au départ, c’est une petite pousse, puis il se développe de plus en plus. Après de nombreux labeurs, les fruits poussent. Même principe pour l’homme : observe tes petits progrès, vérifie que le mauvais penchant ne te pousse pas au désespoir, cela prend du temps.

-> Tou biChevat est le jour où la terre Israël renouvelle ses forces pour produire de bonnes cultures est un jour joyeux pour le peuple juif qui l’attend avec impatience. [Séfer Hatodaa]
Réfléchissons brièvement à quel pays merveilleux et excellent nous avons eu droit! Retenons combien de mitsvot sacrées dépendent de la terre d’Israël, réjouissons-nous et remercions pour le merveilleux cadeau offert par Hachem.

-> Tout comme l’arbre qui donne des fruits sans contrepartie, il en va de même du juif : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" sans recevoir de profit, c’est un don désintéressé. Observons comment nous donnons. Recherchons et mettons en valeur les beaux fruits de nos actions.

-> Le Imré ‘Haïm écrit dans son ouvrage que, le 15 Cehvat, il faut prier pour les fruits, et les "fruits" est une allusion aux enfants.
Prions pour avoir de bons enfants, dotés d’amour, de crainte divine, de bonté et de compassion …

Vaéra – Nécessité de contempler sa vie

+ Vaéra - Nécessité de contempler sa vie :

-> Au début de la paracha Vaéra, Moshé informe les Bné Israël qu'Hachem va les faire sortir de d'Egypte et les amener en terre d'Israël. La Torah raconte que les Bné Israël sont alors incapables d'entendre ce que Moché leur dit "à cause d'un manque d'esprit et d'un dur labeur" (mikotser roua'h oumé'avoda kacha - Vaéra 6,9).
Pourquoi le travail acharné empêcherait-il les Bné Israël d'entendre parler de leur Délivrance à venir?

Selon le Rachbam et le 'Hizkouni, étant donné que la première tentative de Moché de libérer les Bné Israël de l'oppression des égyptiens s'est traduite par des conditions de travail encore plus dures, ils n'ont même pas cru aux paroles de Moché cette fois-ci.
Le Ramban et le Sforno, en revanche, expliquent que les Bné Israël croyaient en ce que Moché disait, mais qu'ils étaient tellement surchargés de travail qu'ils étaient incapables de se concentrer sur ses paroles ou de les contempler.

Le Ram'hal (Mesillat Yécharim - chap.2) enseigne que l'objectif de Pharaon en asservissant les Bné Israël était de les empêcher de penser à se révolter contre lui. Parce qu'ils étaient tellement occupés par leur travail, ils n'avaient pas l'énergie nécessaire pour penser ou faire des plans.
Cela s'applique pour chacun d'entre nous, car [à l'image de Pharaon] c'est aussi l'objectif de notre yétser ara. En nous donnant constamment de quoi nous occuper, il tente de nous empêcher de réfléchir à nos actions et d'analyser si elles en valent la peine.
Le yétser ara se rend compte que si nous avions le temps de réfléchir à nos actions, nous nous concentrerions sur elles et essaierions de nous améliorer.
Le Ram'hal nous demande donc de réserver du temps chaque jour pour réfléchir à nos actions, afin de ne pas tomber dans ce piège. C'est ainsi que nous perfectionnerons notre avodat Hachem et que nous nous rapprocherons de notre Créateur.

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[nos Sages disent qu'on doit étudier la Torah en se considérant comme si on était mort. Une explication est que rien ne doit nous déconcentrer (tu es comme mort!), mais d'autres expliquent qu'on doit s'imaginer comme étant déjà dans le monde à Venir et qu'on doit avoir conscience des valeurs qui y prévalent (on se rend compte d'à quel point on a besoin de la monnaie locale : la Torah, les mitsvot, et à l'inverse à quel point nos biens matériels nous serons d'aucune utilité!).
De même, nous devons prendre un moment chaque jour pour s'extraire du train-train quotidien, de la façon non juive d'aborder le monde, et en profiter pour repartir avec de nouvelles priorités dans la Vérité. ]

Chémot – Se développer spirituellement avec progressivité et régularité

+ Chémot - Se développer spirituellement avec progressivité et régularité :

-> La vision dont Moché a fait l'expérience au buisson ardent a constitué son initiation à son rôle de navi (prophète).
Rabbénou Bé'hayé (Chémot 3,1) souligne qu'Hachem est apparu à Moché lentement, en 3 étapes, pour le préparer à recevoir la prophétie.
Tout d'abord, Hachem a montré à Moshé un buisson ardent. Une fois que les pensées de Moshé se sont concentrées sur cette vision miraculeuse, il a vu un ange. En percevant l'ange, il était enfin prêt à recevoir la prophétie.

Rabbénou Bé'hayé commente qu'Hachem a utilisé une tactique similaire lorsqu'il a préparé le peuple juif à recevoir la Torah.
Le Klal Israël a d'abord reçu quelques mitsvot à Mara (Béchala'h 15:25 - Rachi : les passages de la Torah concernant le Shabath, la vache rousse et les tribunaux). Ensuite, ils ont reçu les 10 Commandements présents en temps qu'unité sur les Tables de la Loi, et enfin ils ont reçu le reste de la Torah.

Nous apprenons de là que notre approche de l'étude de la Torah doit également être lente et progressive. Nous devons nous assurer que notre étude repose sur des bases solides afin de pouvoir passer à l'étape suivante.
Parfois, nous voulons tout comprendre immédiatement, mais une telle approche de l'étude de la Torah est contre-productive. Nous devons nous souvenir des paroles de nos Sages (guémara Yoma 80a) : "tafasta mérouba lo tafasta" (si tu saisis beaucoup, tu ne saisiras pas grand-chose).

Cette idée ne s'applique pas seulement à une personne qui débute dans l'étude de la Torah, mais à tout le monde. Même ceux qui sont habitués à l'étude de la Torah tireront profit d'une approche progressive de chaque nouveau sujet ou de chaque sujet peu familier.
En commençant à étudier lentement un nouveau matériel (sans nourrir de la fausse paresse), nous surmonterons également les sentiments initiaux de nervosité et d'incertitude à l'idée d'assimiler de nouvelles idées.

Nous constatons souvent l'importance d'une telle méthode lorsque nous essayons d'enseigner aux autres. Nous construisons naturellement le matériel étape par étape afin que l'autre personne soit capable de comprendre ce que nous essayons d'expliquer.
Malheureusement, nous oublions souvent cette tactique lorsqu'il s'agit de notre propre étude. En nous rappelant l'importance d'une telle approche et en l'utilisant, nous serons en mesure d'atteindre une compréhension approfondie de chaque sujet de Torah que nous apprenons.
[rav Arié Brueckheimer]

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-> Dans la paracha Bo, comme dans les deux parachiyot précédentes (Chémot et Vaéra), Moché demande à Pharaon de permettre aux Bné Israël de quitter l'Egypte. En examinant attentivement la demande de Moché (Chémot 3,18 ; 5,3, et 8,23), nous remarquons quelque chose d'assez frappant. Alors que nous savons que lorsque les Bné Israel ont finalement quitté l'Egypte, ils sont partis définitivement, à ce stade, la seule demande de Moché est que Pharaon accorde aux Bné Israel un simple voyage de 3 jours hors d'Égypte, après quoi ils reviendront.
Comme nous le savons, ce voyage temporaire n'a jamais eu lieu. Si tel est le cas, pourquoi Moché semble-t-il mentir à Pharaon? S'agit-il d'une ruse destinée à amener Pharaon à autoriser les Bné Israel à partir, puisqu'il était plus susceptible d'accepter un court pèlerinage dans le désert qu'un exode permanent ?

Rabbénou 'Hananel (Chémot 3,18) explique que, bien au contraire, la demande de Moché n'a pas été faite de cette manière dans le but de tromper Pharaon, mais plutôt dans le but de calmer Bné Israël. Si les Bné Israël avaient appris qu'ils allaient quitter l'Egypte de façon permanente et qu'ils recevraient par la suite 613 mitzvos, cela aurait été trop difficile à gérer pour eux.
Afin de les familiariser progressivement avec ce qui les attendait, Hachem a demandé à Moché de n'effectuer qu'un voyage de 3 jours.

Rabbénou 'Hananel compare cela à la manière dont Hachem a testé Avraham avec la akéda. Plutôt que de lui dire qu'il devait offrir Its'hak en sacrifice, Hachem a d'abord dit à Avraham d'offrir "son fils", puis a précisé qu'il devait s'agir de "son fils unique, qu'il aimait", et enfin qu'il s'agissait d'Its'hak (voir Vayéra 22,2).

Ce message est tout à fait surprenant. Les Bné Israel auraient-ils préféré être des esclaves en Egypte plutôt que d'être des hommes libres devant respecter 613 mitsvot?
Nous apprenons ici une idée fondamentale de la croissance dans la avodat Hachem. Prendre trop de choses en même temps, c'est s'exposer à l'échec. La meilleure façon d'avancer avec succès dans notre avodat Hachem est de le faire progressivement.
[rav Arié Brueckheimer]

Si une personne est certaine que Hachem pourvoira à tous ses besoins, alors toutes ses demandes seront satisfaites par le Ciel.
Mais si une personne se préoccupe continuellement de ses moyens de subsistance et de la subsistance (parnassa) de sa famille, alors ses moyens de subsistance seront réduits par le Ciel.
Hachem agit alors comme l' "ombre" de la personne, prenant exemple sur son comportement, et lui fournit ses moyens de subsistance. De même que la personne s'en remet à D. pour qu'Il réponde à tous ses besoins, de même D. lui fournit tous ses besoins.
[...]
lorsqu'il y a un éveil de notre part en bas (ex: par une émouna/bita'hon accrue), notre effusion émotionnelle incite Hachem à traiter le peuple juif (individuellement et collectivement) avec Ses caractéristiques de bonté, de compassion et d'amour bienveillant.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Béchala'h 15,1]

"La avoda du 9 Av vient nous enseigner sur ce qui vaut [vraiment] la peine de se lamenter et de pleurer (et ce qui ne vaut pas la peine), ce qui conduit finalement à se rapprocher de la Chékhina et à amener la géoula elle-même".
[rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou 2,47]

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-> La nuit du 9 Av, les Bné Israël se sont mis à pleurer dans leurs tentes [à la suite du compte rendu alarmant des explorateurs dans le désert.]
Hachem leur a dit : "Aujourd'hui, vous pleurez sans raison mais Je vous fais le serment que cette nuit-ci vous pleurerez pour la destruction du 1er et du 2e Temple!"

[ainsi de même que nous avons pleuré pour rien, de même aujourd'hui pour réparer cela nous pleurons sur ce qui compte vraiment de le faire. ]