Aux délices de la Torah

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Prier sous la forme d’un cri de détresse

"Et Yaakov dit : "D. de mon père Avraham et D. de mon père Its'hak, Hachem qui m'a dit ..." (Vayichla'h 32,10)

-> Les commentateurs (comme Abarbanel) observent que la prière de Yaakov est précédée du générique "et Yaakov dit" (vayomer Yaakov), au lieu du plus adapté à la situation : "et Yaakov pria" (pour être sauvé d'Essav). Pourquoi un tel choix de terme?

Le Imré Emet explique qu'étant donné que Yaakov était saisi par la peur (ex: pensant aux mérites spirituels d'Essav comme le respect des parents), il lui était techniquement interdit de prier, car la prière n'est permise que lorsque l'on est dans un état d'esprit serein (Erouvin 65a).
La "prière" de Yaakov n'était pas formelle ; c'était selon le langage du Sfat Emet (Béchala'h 5635) : la prière = la réaction naturelle d'un juif confronté à une crise.
Ainsi, même si les mots ne peuvent être formulés correctement, toute expression de détresse (d'un juif mettant ses espoirs en Hachem) est intrinsèquement un acte de prière.
[Imré Emet 5670]

L’impatience de Kora’h

+++ L'impatience de Kora'h :

"Yits'ar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit ... ainsi que Datan et Aviram" (Kora'h 16,1)

-> Rachi explique que Kora'h était motivé par la jalousie qu'il éprouvait à l'égard de la nomination d'Elitsafan, fils d'Ouziel, en tant que prince du clan de Kéhat.
Cette remarque laisse perplexe. Pourquoi Kora'h ne s'est-il pas rebellé immédiatement après que Moché l'ait nommé, plusieurs mois auparavant?

Avant que le peuple juif ne soit condamné, à cause de la faute des espions, à errer 40 ans dans le désert et à y mourir, il était digne d'entrer immédiatement en terre d'Israël. Par conséquent, Kora'h pensait que la nomination d'Elitsafan ne durerait que peu de temps, car ils allaient de toute façon entrer en terre d'Israël très prochainement.
Cependant, après le décret, émis par Hachem à cause de la faute des espions, il réalisa qu'ils seraient dans le désert pendant 40 ans, et à ce moment-là, il envia la nomination d'Elitsafan comme prince pendant 40 ans.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> Kora'h a supposé que, de la même manière qu'en entrant dans la terre d'Israël, la direction du peuple juif passerait de Moché à Yéhochoua, la fonction de prince des tribus individuelles et des clans des Lévi'im changerait également.
C'est pourquoi ce n'est qu'après que D. eut informé le peuple juif qu'il resterait dans le désert pendant 40 ans que Kora'h protesta contre la nomination de quelqu'un qu'il considérait comme étant de statut inférieur au sien.

"Kora'h ... a pris" (Kora'h 16,1)

-> Certains tsadikim ne servent Hachem que pour Lui plaire. Pour un tel tsadik, il importe peu que ce soit lui qui plaise à D. ou bien que ce soit un autre tsadik. Cependant, ceux qui souhaitent recevoir une récompense pour leur service divin désirent être ceux qui plaisent à D.

C'est le sens profond de l'expression "Kora'h a pris". Il voulait être le seul à recevoir le crédit et à récolter la récompense (le "moi je"), et non pas quelqu'un d'autre.

Dans cette optique, nous pouvons comprendre les remarques de Rachi (guémara Sanhédrin 109b) qui explique l'affirmation de la guémara selon laquelle "il (Kora'h) a fait un mauvais achat pour lui-même" comme signifiant qu' "il a décidé de discuter" et d'entrer en conflit avec Moché, et qu'il voulait être le Cohen Gadol. S'il n'avait servi Hachem que pour Lui donner du plaisir, il n'aurait certainement pas contesté la nomination du Cohen Gadol.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

Avant de commettre une erreur, tout homme a le libre arbitre.
Mais après les faits, nous devons nous souvenir que Hachem a souhaité cette erreur.
Une personne dotée de foi ne perd pas son temps à tenter de modifier ce qu'elle ne peut changer et n'éprouve pas d'angoisse à propos de ce que lui réserve l'avenir.
Elle ne fonde tous ses espoirs en aucun être humain, ni ne se met en colère lorsque les autres contrecarrent ses plans. [rien ne peut se passer sans que Hachem n'en émette un décret le permettant. ]
[Pélé Yoéts]

Nécessité de prier pour avoir la guéoula

Le verset nous dit que le travail écrasant a rendu le peuple juif à bout de souffle, à tel point qu'il ne pouvait même pas penser à la délivrance (Vaéra 6,9).
Rabbénou Bé'hayé (Chémos 2,23) écrit qu'en réalité le temps de la Délivrance était déjà arrivé pour le peuple juif, mais parce qu'il n'avait pas appelé Hachem du plus profond de son cœur, leur exil s'est prolongé.
Il note qu'à la fin des temps aussi, même si nous nous sommes pleinement repentis et que nous sommes dignes de la Délivrance, celle-ci ne viendra pas tant qu'Hachem n'aura pas entendu nos prières sincères.

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-> Le midrach (Tan'houma Toldot 5) compare l'existence du peuple juif en temps d'exil à une brebis solitaire qui se retrouve entourée de 70 loups.
[ainsi, nous ne pouvons compter que sur Hachem pour être sauvés!
Cependant notre yétser ara nous pousse à prendre notre temps (ça va cool cool!), à se dire que les loups n'ont peut être pas si faim que ça, qu'on arrivera à les embrouiller, à vivre à leur côté en paix, mais en réalité nous devons crier à 100% de tout cœur à Hachem (qui peut tout), en ayant 0 plan B. ]

-> Selon le midrach (Esther Rabba 10,11) :
- l'empereur Adrien a dit à Rabbi Yéhochoua : "Grand est l'agneau qui survit parmi 70 loups"
- Rabbi Yéhouchoua lui a répondu : "Plus grand est le Berger (D.) qui sauve l'agneau (Israël), et repousse les attaques du loup (les autres nations)"

Les tsadikim louent et honorent les gens pour tous les bons traits de caractère qu'ils ont en eux.  (ils se focalisent sur ce qui est lumineux, ce qui va en autrui, pour mieux leur donner de l'estime/valorisation, pour davantage leur permettre de s'épanouir positivement/briller dans la vie. )
A l'inverse les réchaïm, sont profondément enfermés dans la négativité, ils recherchent les fautes et les faiblesses des autres (pour mieux flatter leur égo). Ils sont remplis de récriminations et concentrent leur attention sur ce qui manque.
[d'après Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva 1,18 ]

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-> Le Maguid de Mézéritch dit : "Il ne faut pas grand-chose pour voir ce qui ne va pas chez un autre juif (c'est notre tendance naturelle/animale) ; pour voir ce qui va bien, il faut un véritable effort et de la sainteté".

La haine universelle du peuple juif a traversé toutes les générations, et c'est un phénomène qui ne peut pas être expliqué, bien que de nombreux historiens aient essayé. Cette haine est aussi illogique qu'intense et continue.
La seule raison pour laquelle l'antisémitisme se manifeste, explique le Rav Avigdor Miller, est de rappeler au peuple juif qu'il est différent. Par conséquent, si le peuple juif le reconnaît et agit en conséquence, l'antisémitisme n'aura pas lieu d'être.
Ainsi, le rav Miller explique que le niveau d'antisémitisme auquel le peuple juif est confronté à chaque génération est proportionnel à la reconnaissance qu'il a de son caractère unique.

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[en réalité quand on nous fait comprendre que nous sommes des "sales juifs", c'est comme un électrochoc pour qu'on réveille l'appréciation et la fierté de notre beauté intérieure incroyable, inégalement dans l'univers. (simplement parce que nous sommes juifs, avec une âme très élevée, et le statut "d'enfant adoré" de papa Hachem, le Roi des rois, le boss des boss.)]

-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2021/09/10/sale-juif

Guéoula & nostalgie pour la terre d’Israël

+ La nostalgie ressentie par un seul juif à l'égard de la terre d'Israël exerce une influence sur la Délivrance du peuple tout entier :

-> "L'aspiration sainte à l'amour de Sion ... lorsqu'elle s'intensifie dans une âme, même une seule, agit comme une source débordante pour l'ensemble du Klal (Israël) ... et la lumière du Salut et de la Délivrance se répand comme l'aube qui se déploie au-dessus des montagnes."
[rav Avraham Kook - Orot - Orot Israël - chap.6]

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-> Le processus de repentance (téchouva) a commencé dès le premier homme. La faute d'Adam avait suscité la chute dans l'exil des étincelles de sainteté tombées hors du gan Eden. Les étincelles se sont enfoncées dans les profondeurs et l'obscurité du monde physique. Pour restaurer l'humanité et le monde dans leur pureté originelle et leur connexion à Hachem, les étincelles exilées doivent être récupérées. [Arizal - chaar haGuilgoulim - intro 3]
Adam et les générations qui suivirent entamèrent ce processus de réparation. Par la suite, la tâche de parfaire le monde incomba à Avraham et à ses descendants. Si la lignée royale de David avait réussi à maintenir un Royaume de Torah en terre d'Israël, la Création serait revenue à la perfection. (rav Tsadok haCohen - Ma'hchévet 'harouts 93b)
Mais lorsque le peuple d'Israël a fauté, les étincelles qu'il avait déjà rassemblées furent dispersées et exilées avec lui aux 4 coins de la terre.

Le rassemblement des exilés en Israël s'effectue parallèlement au retour à leur source des étincelles tombées. La nation exilée doit libérer la sainteté emprisonnée dans l'impureté des nations. (rav Tsadok haCohen - Takanat haChavim 31a)
L'esprit Divin qui brille en permanence au plus profond de l'âme du peuple juif agit comme un aimant, attirant les fragments exilés de l'inspiration Divine et de la sainteté. Lorsque les exilés reviennent en Israël, les étincelles de sainteté reviennent avec eux.
Nos Sages (Meguila 29a - Rachi Nitsavim 30,3) enseignent que, lorsque Israël est en exil, la Chékhina est également en exil. De même, lorsque le peuple juif revient en Israël, la Chékhina revient avec eux.
En effet, la Délivrance d'Israël ramène Hachem vers le monde.
Ainsi, la nostalgie du peuple juif pour la terre d'Israël catalyse non seulement la Délivrance d'Israël, mais également la repentance (téchouva) et le perfectionnement du monde entier. (rav Avraham Kook - Orot haTéchouva 5,8)

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-> Pour que la Souveraineté Divine soit complète, dans le monde, dans les esprits et les cœurs de l'humanité tout entière, toute la nation d'Israël doit vivre en Israël, dominant l'ensemble de sa terre.
[rabbi Avraham Azoulay - 'Hessed léAvraham 3,7]

-> Le Kol Tahor (fin chap.5), un élève du Gaon de Vilna, écrit :
"Notre maître le Gaon de Vilna, recommandait à ses élèves de faire leur aliya en Israël et de poursuivre le rassemblement des exilés. Il encourageait en outre ses élèves à précipiter la Fin révélée et la réalisation de la Délivrance en s'installant en terre d'Israël."

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-> Le juif qui est parvenu à établir une relation intime vivifiante avec Israël la porte avec lui, même lorsqu'il doit voyager hors du pays.
L'étrangeté qu'il ressent en galout agit comme une protection contre la pollution qu'il y trouve, préservant son salubre attachement à la terre d'Israël.
Tout juif, où qu'il vive, possède cette aptitude à établir un lien de vie avec Israël. S'il parvient à se purifier, à cheminer honnêtement en lui-même pour se découvrir, pour ôter chaque klipa l'une après l'autre, chaque diaspora, chaque culture étrangère, à remonter plusieurs générations dans le temps dans l'histoire de sa famille pour découvrir sa patrie d'origine et ses racines - s'il est courageux, déterminé et assez chanceux pour établir cette relation, il en arrivera à se sentir étranger dans sa vie de diaspora et à ressentir une fervente nostalgie pour Sion.

S'éveiller de la galout à une nouvelle vie en Israël ressemble au cheminement du repentir d'un juif qui se tourne vers une nouvelle vie de Torah. Au début, il se sent étranger à son ancien mode de vie. Il ressent son impureté et aspire à se détacher de son ancien style de vie et de son ancien environnement. Il ne se reconnaît plus dans la vie qu'il menait autrefois. De nombreuses choses qu'il appréciait auparavant lui semblent désormais ne revêtir aucune importance. Il recherche un nouveau milieu, de nouvelles valeurs, de nouveaux objectifs et de nouveaux idéaux ...

Si un juif n'aspire pas activement à la terre d'Israël, c'est que quelque chose ne va pas dans sa vie spirituelle. S'il a conscience d'être juif et en est fier, le fait qu'il soit satisfait de la galout indique qu'il est toujours détaché de l'idéal juif.
Car les expressions les plus authentiques du judaïsme et de l'identité juive sont une dévotion pour Hachem, la Torah, le Peuple d'Israël et la terre d'Israël. Aucune de ces dimensions ne peut être complète sans les autres (Sidour Beit Yaakov - Introduction).

... Le Kouzari (5,27) écrit que Jérusalem ne pourra être reconstruite que lorsque les juifs y aspireront au point d'embrasser ses pierres et sa poussière, comme le dit le verset : "Tu te lèveras, Tu prendras Sion en pitié, car il est temps de lui faire grâce : l'heure est venue. Car Tes serviteurs affectionnent ses pierres et ils chérissent jusqu'à sa poussière" (Téhilim 102,14-15).
[...]

Selon le rav Avraham Kook : "L'aspiration sainte à l'amour de Sion (terre d'Israël), au souvenir de la terre à laquelle sont liées toutes les bonnes choses de la vie, lorsqu'elle s'intensifie dans une âme, même une seule, agit comme une source débordante pour l'ensemble du Klal, les âmes innombrables qui lui sont liées ..."

Le rav Avraham Kook dévoile ici un secret très profond de la Délivrance. Le réveil de la nostalgie pour Sion n'influence pas seulement la vie de la personne qui aspire à la terre qu'elle chérit, il influence également son environnement et le peuple juif dans son ensemble.
La nostalgie d'une personne pour Sion réveille la nostalgie d'autres juifs.
Comme chaque âme juive est liée à chacune des autres âmes du Klal Israël, l'aspiration d'une seule à la Délivrance exerce une influence positive sur toutes.
[...]

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - 1ere partie) explique que tout ce qui existe dans notre "monde d'en bas", sur terre, a son équivalent spirituel dans les "mondes supérieurs". Un mouvement dans le monde d'en bas provoque un mouvement parallèle dans les mondes d'en-Haut.
Les mondes supérieurs réagissent en envoyant leur influence céleste vers la création d'en bas.
Toute âme juive sur la terre a son équivalent sublime dans le monde céleste supérieur. Comme l'âme céleste supérieure d'une personne est unie à toutes les âmes du Klal Israël, ses actions sur terre influencent l'ensemble du Klal. Lorsqu'un juif fait une mitsva, l'ensemble du Klal s'en trouve amélioré.
De même, une transgression sur terre dégrade l'ensemble de la nation.

C'est pourquoi, la nostalgie d'une âme juive pour la terre d'Israël déclenche une réaction en chaîne dans toute la nation juive. Un invisible bombardement de nostalgie est déclenché dans l'âme collective du Klal Israël où se trouvent rassemblées toutes les âmes, sans séparation, en une unité spirituelle.
Du fait de l'unité intérieure du Klal, la nostalgie d'une seule personne pour la terre d'Israël affecte tous les juifs.
Tous les juifs ne vont pas se précipiter en Israël, mais la réaction en chaîne suscitée par la nostalgie pour Israël pave la voie de la Délivrance (guéoula).
[rav Tsvi Fishman commentant le rav Kook ]

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[ b'h, issu du dvar Torah : https://todahm.com/2024/11/12/israel-se-sentir-mal-den-etre-eloigne-notre-nostalgie-a-son-egard-amene-la-gueoula ]

"améat mim'ha rav Etslo" (Rabbénou Bé'hayé - dans le 'Hovot haLévavot) = ce qui nous semble être un petit acte, une petite mitsva à tes yeux, est en réalité très apprécié par Hachem, et a un impact énorme au Ciel, et par ricochet dans le monde entier.

[pour limiter nos ambitions, notre yétser ara fait croire à chaque juif que ce qu'il fait est "méat" (tout petit), mais en réalité chaque petit pas d'un juif vers Hachem influence énormément le monde.  Un juif a une part Divine en lui, et peut donc agir à l'image de D., avec une grandeur phénoménale.
Et si cela te semble petit (méat) c'est seulement "min'ha" (de ton point de vue d'humain limité, dans le mensonge), car dans le monde de Vérité c'est "rav" (beaucoup) aux yeux d'Hachem (Etslo). Ainsi, tâchons de voir notre vie selon la Vérité, pour tenter d'exploiter au mieux nos potentialités internes, dans la joie et la fierté (un juif semble "méat" aux yeux des gens, mais en réalité il est éternellement "rav" aux yeux d'Hachem), b'h. ]

Avant qu'une personne ne dise quelque chose, elle devrait d'abord considérer l'exaltation et la grandeur d'Hachem. Cela l'amènera à aimer et à craindre le nom de D., puis à vivre une expérience pleine de passion du Divin.
C'est ainsi qu'elle suscite la bienveillance de D. dans le monde.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Noa'h 6,15]

=> En imprégnant nos paroles de la conscience d'Hachem, nous pouvons susciter la bienveillance de D.