Aux délices de la Torah

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Le 9 Av : jour de célébration de l’immense amour d’Hachem envers Ses enfants (les juifs)

+ Le 9 Av : jour de célébration de l'immense amour d'Hachem envers Ses enfants (les juifs) :

-> Le frère du Maharal de Prague, Rabbi 'Haïm (dans son Iguéret haTioul), fait remarquer que dans toute la Méguilat Eikha, il n'apparaît à aucun endroit le nom Elokim qui suggère l'attribut Divin de rigueur mais seulement celui d'Hachem, la Source de toute miséricorde.
Cela, dit-il, afin de nous faire savoir que "dans Sa colère, D. se souvient de Sa miséricorde", et qu'Il ne juge pas son peuple en déversant sur lui tout Son courroux. Car même les souffrances qui doivent être infligées ne le sont qu'avec miséricorde et non avec rigueur et colère.

-> Bien au contraire, c'est précisément au moment où Hachem inflige à un homme des épreuves qui le plongent dans une totale déchéance, que se révèlent la plus grande proximité et l'amour le plus intense.
Voici ce que le 'Ohev Israël' écrit à ce propos (Shabbat 'Hazon) :
"On m'a demandé une fois d'expliquer le midrach selon lequel il n'y eut jamais d'autre jour de Moèd (de solennité) pour Israël comme celui où le Temple fut détruit, ce qui est à priori très étonnant.
Cependant, une intuition me pousse à dire à ce sujet, qu'au moment d'une séparation, l'amour entre 2 êtres se dévoile à son paroxysme. Et, c'est pourquoi, au moment de la destruction du Temple, lorsque les Bné Israël s'apprêtèrent à partir pour un long et dur exil, Hachem se sépara (si l'on peut dire) de Ses enfants et se réveilla alors l'amour profond et intense existant entre Hachem et Ses enfants''.

-> Le Nétivot Shalom explique que l'amour d'un père pour son fils a 3 aspects différents :
- le niveau le plus ordinaire se traduit lorsque le fils se trouve à proximité de son père, que ce dernier s'amuse avec lui et lui offre un cadeau pour lui exprimer l'intensité de son amour.
- Un deuxième niveau est lorsque, le fils étant loin de son père et qu'ils ne peuvent se voir, ce dernier ne cesse de le languir.
- Il écrit : "Mais l'amour qui dépasse tout est celui d’un père, rempli de compassion, qui
doit étreindre son fils de toutes ses forces pour l’empêcher de se débattre lorsque le médecin va l’opérer pour lui sauver la vie. Ou encore lorsque le père n’a d'autre choix que d'opérer lui-même son fils et de le faire saigner abondamment.
On ne peut décrire par des mots, l'amour qui brûle alors dans le cœur du père pour son fils! Et paradoxalement, quelqu'un qui observerait cette scène de l'extérieur qualifierait un tel acte de cruel de la part du père".

Et le Nétivot Shalom conclut alors par ces mots :
"Chez notre Père céleste, la miséricorde est au-dessus de tout ce que nous sommes capables de concevoir. Et lorsqu'Il est obligé de se conduire avec rigueur envers l'individu ou envers la communauté, on ne peut imaginer l'intensité de l'amour qui s'exprime précisément à cet instant où la mesure de rigueur prend le dessus."

[il explique grâce à cela le midrach selon lequel il n'y eut jamais d'autre jour de Moèd (de solennité) pour Israël comme celui où le Temple fut détruit, à savoir au moment-même où le Maître du monde fut forcé de "les opérer" ].

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-> b'h, également de nombreux éléments dans le divré Torah : https://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi

Av = 2 mois ?

+ Av = 2 mois ?

Dès le début du mois d'Av, il faut restreindre les activités joyeuses et éviter des litiges judiciaires avec des non-juifs. [Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 551,1]
Cependant, il y a un débat parmi les décisionnaires pour savoir si ces interdictions s'étendent sur tout le mois d'Av ou se terminent avec le jeûne du 9 Av.

-> Selon le Magen Avraham (Ora'h 'Haïm 551,2), il faut maintenir un état de joie diminuée jusqu'à la fin du mois d'Av. La raison de cela peut être dérivée de la déclaration de la michna : "lorsque le mois de Av commence, nous réduisons notre joie" (guémara Taanit 26b).
La formulation de cette déclaration est parallèle à la déclaration opposée : "quand le mois d'Adar commence, nous augmentons notre joie" (guémra Taanit 29a).
Tout comme nous savons que la joie d'Adar se répand dans le mois entier (voir Rachi Taanit 29a), de même la joie est réduite en Av pour la durée du mois.

-> Le 'Hatam Sofer n'est pas d'accord. Selon lui, le mois d'Av est en fait composé de 2 mois.
Le mois d'Av triste, qui est un signe de mauvais augure pour les juifs, qui commence au début du mois et termine avec le 9 Av.
Celui-ci est suivi du mois de "ména'hem Av" (litt. le réconfort d'Av), qui commence le 10 Av et qui se poursuit jusqu'à roch 'Hodech Elloul. C'est une période de réconfort et de consolation Divine (Av signifiant aussi : père = papa Hachem qui nous réconforte), et aucune restriction sur les activités joyeuses ne s'applique pendant cette période.
[ainsi, selon le 'Hatam Sofer il y a un mois qui s'appelle Av, et un autre mois qui s'appelle "ména'hem Av".
On peut noter que le fils aîné du 'Hatam Sofer, le Ktav Sofer s'est renseigné pour savoir comment son père noter sur les documents légaux (comme un guét), et il a découvert que le 'Hatam Sofer écrivait "Av" tout le long du mois (et non "ména'hem Av" à partir du 10). ]

Le 'Hatam Sofer présente une source pour étayer son affirmation.
Avec la destruction du Temple, les péchés d'Israël ont été effacés.
[le midrach Eika 4,25 enseigne : "le livre d'Eikha de Yirmiyahou a profité davantage au peuple juif que les 40 années durant lesquelles il prophétisait pour que les juifs améliorent leurs voies. Car à la suite de la destruction du Temple, le compte des péchés d'Israël a été effacé, comme il est dit : "Tu as été entièrement puni pour tous tes péchés, il n'y a donc pas besoin d'un exil supplémentaire" (Eikha 4,22 - traduction basée sur le Rachi de ce même verset)."]
La guémara (Yérouchalmi Taanit 26b) écrit que cela a également activé un "bouton de réinitialisation" dans la dimension du temps, ce qui a entraîné que le lendemain de la destruction du Temple devienne un nouveau mois : un mois de réconfort et de bonheur.

De même, concernant le fait d'éviter les litiges avec les non-juifs pendant le mois d'Av, le Zohar écrit que cela ne s'applique qu'à partir du début du mois jusqu'après le 9 Av.
Le Zohar (Yitro 78b) enseigne : "Essav a pris 2 mois [de l'année sous sa domination] : Tamouz et Av. Mais concernant le mois d'Av, seuls les 9 premiers jours sont à lui".

[on voit là que le 9 Av est un jour qui nous lave de nos fautes, et qui a la force d'être un moment de réinitialisation transformant la tristesse en joie, un état de destruction morale à celui rempli d'espérances positives. Et oui, nous avons un papa Hachem dont le réconfort dépasse toute tristesse possible ... ]

Le 9 Av = un jour où l’on se rappelle de la guéoula imminente

+ Le 9 Av = un jour où l'on se rappelle de la guéoula imminente :

Dans un but de renforcer notre croyance dans la Délivrance prochaine, le jour du 9 Av nous avons de nombreuses mitsvot, coutumes et pratiques. On peut citer :

1°/ Il est de coutume de manger un repas plus copieux le matin avant le 9 Av.
L'une des raisons de cette coutume est de rappeler comment le jour du 9 Av était célébré comme une fête alors que le 2e Temple était debout, et de le prendre comme un signe que le 9 Av reviendra bientôt un jour de réjouissance. [Magen Avraham - Ora'h 'Haïm 552,11]

2°/ Il y avait une coutume (abandonnée) datant de l'époque des Richonom que les femmes se lavent les cheveux l'après-midi du 9 Av.
Le Kol Bo (62) a défendu cette coutume en déclarant : "Tout comme nous devons nous souvenir du deuil et de la destruction [du Temple], nous devons nous souvenir de notre consolation et de notre rédemption futures afin de ne pas désespérer de notre croyance en la Délivrance future ...
Ce signe (c'est-à-dire cette coutume de se laver les cheveux) n'est nécessaire que pour les femmes [analphabètes], celles qui n'ont absolument rien appris et qui ont besoin d'être renforcés dans leur foi.
Mais [cette coutume n'est] pas pour celles qui connaissent les paroles des prophètes, qui sont remplies de promesses de la future rédemption, et celles dont la foi et forte".

3°/ Certains avaient la coutume de reciter des versets réconfortants dans le Tana'h après Min'ha du 9 Av.[Birké Yossef - Ora'h 'Haïm 559,7]
[Le Birké Yossef cite le Arizal qui a donné 2 raisons pour cette coutume :
1°/ nos Sages (midrach Eikha rabba 4,14) disent que lorsque les juifs ont vu le Temple en train d'être consumé par le feu, ils se sont réjouis et ont chanté des louanges à Hachem pour avoir déversé Sa colère sur le bois et les pierres et d'ainsi épargner la nation juive de l'anéantissement.
2°/ Puisque le machia'h est né après min'ha du 9 Av (midrach Eikha rabba 1,51, c'est un moment de réconfort.
Le Birké Yossef cite également des opinions dissidentes qui sont opposées à cette coutume, comme le fait que l'étude de la Torah est interdite toute la journée du 9 Av, mais le permet à ceux dont la foi est faible, afin qu'ils ne perdent pas espoir dans la future rédemption.)]
Rabbi 'Haïm Vittal (chaar hakavanot 89) explique que nous pouvons nous asseoir sur des bancs après la moitié de la journée du 9 Av, car le machia'h ben David va naître le jour du 9 Av.

4°/ Les rabbanim ne se sont pas opposés aux femmes qui nettoyaient avec énergie leur maison après 'hatsot du 9 Av, puisque cela était fait pour renforcer fermement leur croyance en la guéoula future.
[Birké Yossef - OH 559,7 ; 'Hida (Moré béEtsba 237)]

5°/ Les ta'hanoun ne sont pas lues le 9 Av car c'est un jour qui est dénommé : "moéd" (une fête [juive]). [Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 552,12 - basé sur Eikha 1,15]
Le Maamar Mordé'haï (557,4) souligne : "le 9 Av n'est pas considéré comme une fête [juive] dans tous les domaines, comme nous récitons : "anénou" (la prière propre à un jour de jeûne), ce jour-là. C'est plutôt une allusion ; et [nous omettons les ta'hanoun] en tant que petite mesure symbolique, afin que nous n'en venions pas à perdre espoir dans la Délivrance".

6°/ Les 7 haftarot de réconfort qui sont lues à partir du Shabbath suivant le 9 Av jusqu'à la fin de l'année [juive], ont été instituées pour soulager la nation de sa douleur de la destruction du Temple. [Lévouch - Ora'h 'Haïm 993]
[le rabbin Yossef Youzpha, un contemporain du Chla haKadoch, écrit dans le Séfer Yossef Omets (993) :
"Après que soient passés le 9 et le 10 Av, il faut détourner son esprit de la destruction du Temple et se rappeler des consolations [d'Hachem]. Pour cette raison, le Shabbath suivant le 9 Av s'appelle "Shabbath Na'hamou", et il convient que l’on chante des chants de louange et que l'on éprouve ce jour-là plus de plaisirs que tout autre Shabbath de l'année C'est une mitsva de se conduire soi-même le Shabbath Na'hamou comme on le fait à vrai Yom Tov".]

7°/ Certains communautés prennent soin de lire la haftara hebdomadaire sur un parchemin, mais lisent le livre d'Eikha le 9 Av sur un livre imprimé.
La raison à cela est que les juifs anticipent leur guéoula imminente, quand le livre d'Eikha ne sera plus nécessaire.
Si le livre d'Eikha était lu à partir d'un rouleau manuscrit similaire à la méguilat Esther, cela créerait une impression de permanence, et ferait ainsi perdre aux gens l'espoir de la rédemption.
[Lévouch - Orah 'Haïm 559,1]

8°/ Rabbi Chmouël Kellin, l'auteur du Ma'hatsit haShékel, ne rapportait pas chez lui son livre de Kinot qu'il a pu utiliser le 9 Av à la fin du jeûne.
Au lieu de cela, il le rendait sans propriétaire, le laissant à la synagogue, et il achetait un nouveau livre de Kinot chaque année.
Il sentait que s'il le ramenait chez lui et qu'il le remettait sur son étagère, alors cela semblait qu'il avait abandonné tout espoir dans l'arrivée immédiate de la guéoula [puisque ce livre ne sera alors plus nécessaire].
[rabbi Yaakov Sofer (Torat 'Haïm - OH 559,2)]

"Et sachez de votre faute, qu'elle vous trouvera" (Matot 32,23)

-> Le rav Eliyahou Dessler donne une explication très forte : "Après la mort, nous nous trouverons comme au milieu de notre passé."

Si, lors de notre séjour dans ce monde du libre arbitre et de l'action, nous sommes restés attachés à la Torah et aux mitsvot, notre être se maintiendra alors fermement lié à elles et à Celui qui nous en a fait dont [D.].
Cet état subsistera non pas comme ayant appartenu au passé révolu, mais il demeurera au présent.

Il en sera de même pour nos fautes : Nous aurons alors le sentiment de les perpétrer activement, tout en sachant le plus clairement possible ce que sont les mitsvot et les transgressions.
Il n'y a pas de châtiment plus terrible que celui-ci, et il n'existe pas de repentir plus douloureux.

Voilà ce que signifie : "Et sachez de votre faute qu'il vous trouvera."

Toutes les mesures de rigueur ne peuvent pas s'éveiller le jour du Shabbath, et sont automatiquement adoucies.
[Zohar - Yitro 88b]

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-> "Toute l'emprise des forces extérieures à la sainteté ('hitsonim) qui proviennent du côté de la colère et les accusateurs qui proviennent de la rigueur se retirent et s'enfuient le jour du Shabbath, ils n'ont aucune emprise dans les mondes"
[Agra déPirka - 252a]

-> Lorsque le Shabbath commence, celui-ci proclame l'unité et les forces du mal (sitra a'hra) et toutes les forces de rigueur n'ont aucune emprise.
[Zohar - Térouma 135b]

-> Le Zohar (Pin'has 231b) rapporte que les 2 jours de Roch Hachana, Hachem juge toutes les créatures de l'univers avec 2 beit din. Le premier jour de Roch Hachana, Il juge le monde avec la pleine mesure de rigueur (dina kachia), tandis que le second jour, Il juge par la mesure de rigueur atténuée (dina rafia).

Selon le Arizal, nous sonnons le Shofar en ces 2 jours afin d'atténuer l'attribut de la rigueur Divin.
Le Bné Yissa'har explique que nous ne sonnons pas du Shofar lorsque Roch Hachana tombe le jour du Shabbath, car il a en lui-même la capacité d'adoucir les rigueurs qui sont sur nous (rendant inutile de sonner le Shofar).
Quelle chance nous avons d'avoir le Shabbath chaque semaine!

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-> "Et D. bénit le 7e jour" (Béréchit 2,3)
Selon le Zohar (Yitro 88b), c'est de ce jour que provient la bénédiction de tous les autres jours de la semaine.

Le véritable bonheur réside dans l'acceptation de ce que D. nous envoie.
[Tséma'h Tsédek]

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-> Certains ont la sagesse, d'autres la force, d'autres la richesse et d'autres la pauvreté.
Tout cela parce qu'Hachem voit ce dont chacun a besoin, et chaque personne a besoin spécifiquement de sa situation pour se rapprocher de Lui.
[Méor Enayim]

Le plus nous prenons conscience que notre aide ne peut venir que d'Hachem, qu'Il peut et veut tout nous donner, et plus nous disons à Hachem combien nous comptons sur Lui, alors le plus Il nous montrera à quel point Il se soucie de nous et nous assurera de Ses plus grandes bénédictions.
[rabbi 'Haïm Chmoulevitz]

 Lorsqu'une personne faute, qu'elle se rend compte qu'elle a transgressé et qu'elle demande à Hachem de lui pardonner, ses sentiments du coeur brisé sont eux-mêmes le plus grand mérite qu'elle puisse avoir.
Se considérer comme "rien" à cause du mal que l'on a fait, cela en soi nous élève!
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

"L'homme a 2 sortes de yeux : les yeux qui lui permettent d'observer et de définir la matérialité.
Tout celui qui ouvre ses "yeux matériels" ferme automatiquement ses "yeux spirituels" qui donnent accès à la sagesse.
Inversement, tout celui qui ferme ses yeux sur la matérialité, ouvre les yeux de la sagesse."
['Hatam Sofer - drachot חב דף שז]
ainsi, il nous apprend que la vue matérielle fait écran à la vue spirituelle qui provient de la pureté de l'intellect.

-> Le Torat Moché (Bamidbar 8) explique la raison pour laquelle nous avons l'habitude de fermer nos yeux lorsque nous récitons le premier verset du Shéma Israël :
"Si l'homme souhaite unir sa pensée avec le Ciel lors de la récitation du premier verset du Shéma Israël, il doit fermer ses yeux car chaque homme possède dans son cerveau des yeux spirituels qui lui permettent d'accéder à des visions élevées, spirituelles et saintes.
Cependant nos yeux conçus de matière font séparation et empêchent l'accès à la sainteté.
J'ai déjà évoqué une allusion qui va dans ce sens d'après le verset : "La nuit est lumineuse comme le jour, l'obscurité est clarté" (Téhilim 139,12) = c'est-à-dire qu'à chaque fois que l'homme ferme ses yeux matériels pour être dans l'obscurité, il ajoute de la vision à ses yeux spirituels car les yeux matériels font écran à l'attachement de l'homme à son Créateur."

-> Le Réchit 'Hokhma (chaar hakédoucha 8,46) enseigne au nom de son maître rabbi Moché Kordovéro le concept que nous venons de soulever et précise que la fermeture des yeux physiques permet d'augmenter notre kavana grâce (intention) à nos yeux spirituels :
"Mon maître a écrit au sujet du verset : "Vous ne vous égarerez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux" (Chéla'h Lé'ha 15,39) = tout ce qui pénètre notre regard est matériel. Ainsi, l'homme devra fermer ses yeux au moment de la prière car lorsque la vue ferme l'accès à la matérialité, l'homme visualise par sa pensée et accède ainsi à la spiritualité.
Ce verset parle donc du cœur et des yeux spirituels.

Nous comprenons mieux dès lors le passage de la prière du matin de Shabbat, Nichmat kol 'Haï : "vé'hol ayin lé'ha titspé" = "tout oeil doit espérer en Toi".
L'œil n'a pas été créé pour espérer dans des choses matérielles mais pour être comme l'œil des prophètes qui espéraient toujours avoir une vision du Char Céleste et accéder à des visions des mondes supérieurs.
Et ceci ne peut être accessible seulement lorsque nous fermons nos yeux à la matérialité. Ainsi, nous protégeons nos yeux de toute chose qui pourrait les endommager et c'est la raison pour laquelle on surnommait les premiers 'hassidim: "פקיחי עיינין" que je pourrais traduire par "les visionnaires".
Nous les retrouvons désignés à plusieurs reprises dans le Zohar car ils purifiaient leur regard convenablement au point il n'y avait plus aucun écran entre eux et la sainteté."

"ki ayin bé'ayin yir'ou béchouv Hachem tsion" (ils voient, de leurs propres yeux, Hachem rentrer dans Sion - Yéchayahou 52,8)

-> [A la différence du monde non-juif environnant,] nous n'avons pas uniquement 2 yeux, mais nous avons aussi : "ayin bé'ayin" = un œil qui est dans l'œil = nous pouvons voir les choses de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur.

Le terme : "Shéma" (שמע) est l'acronyme de : "séou marom éné'hem" (שְׂאוּ מָרוֹם עֵינֵיכֶם - Yéchayahou 40,26) = levez vos yeux au Ciel.
Le Shéma est ce moment central de la journée de tout juif, où l'on se couvre les yeux de voir le monde avec nos yeux extérieurs, et où l'on se concentre sur notre vision intérieure du monde (Hachem é’had).
[d'après le rav Moché Weinberger]

[Plutôt que de descendre nos yeux vers notre nombril (notre égo), nous les levons vers le Ciel, vers la fierté d'être juif(ve) et d'avoir l'honneur de faire de grandes choses dans notre vie.]

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[en hébreu, le mot "vie" est au pluriel = 'haïm = car un juif, à chaque instant, réalise des actions dans ce monde, qui ont aussi un impact dans l'autre monde.
Parfois, un moment de douleur ici, permet de construire une éternité sublime. ]