Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

‘Hanoucca – mettre le feu à nos mitsvot

+ 'Hanoucca - mettre le feu à nos mitsvot :

-> L'effort principal d'une personne dans la prière, l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvot, est de remuer son âme et son cœur au sujet de D., avec un amour et un désir extraordinaire, en méditant avec une profonde concentration sur la grandeur d'Hachem.
L'âme de la personne sera alors animée d'une passion pour D., faisant l'expérience du plaisir, de la douceur et de la proximité, et ainsi de suite.
En ce qui concerne l'accomplissement dans la joie des mitsvot, la chose la plus importante est d'observer chaque mitsva avec amour, un grand désir et une passion intense. C'est le sens profond de la bénédiction "Béni sois-tu, Hachem... pour allumer..." (barou'h ata ... léadlik ner 'Hanouca), que nous récitons à Hanouca, en louant Hachem, qui nous a choisis pour être Sa nation chérie afin d'accomplir Ses commandements, tout en "allumant" nos âmes avec une passion intense, jusqu'à ce qu'elles deviennent comme une flamme qui monte d'elle-même, sans avoir besoin d'être allumée par quelque chose d'autre.
[...]

Nos Sages qui affirment que l'allumage constitue la mitsva [des nérot de 'Hanoucca], soutiennent que si les lumières de la ménora s'éteignent prématurément, la personne doit les rallumer.
En d'autres termes, lorsqu'une personne manque d'enthousiasme, elle devrait idéalement exercer son esprit et son intelligence et méditer sur la majesté d'Hachem. Ce faisant, son âme s'enthousiasmera pour la divinité, et la personne sera alors enflammée et passionnée lorsqu'elle accomplira la mitsva.

Nos Sages qui affirment que l'emplacement (ana'ha) approprié de la ménora constitue la mitsva soutiennent que si les lumières de la ménora s'éteignent prématurément, la personne n'a pas besoin de les rallumer, ce qui signifie que lorsqu'une personne tombe de son niveau élevé et se trouve dans l'impossibilité de se sentir enflammée et passionnée par l'accomplissement d'une mitsva, alors elle "n'en a pas besoin".
En d'autres termes, elle ne doit pas renoncer à accomplir la mitsva, à D. ne plaise. On doit plutôt l'accomplir sans passion.
[selon la halakha (Choul'han Aroukh OH 673:2) : "l'allumage des bougies constitue la mitsva, et ainsi si la ménora s'éteint prématurément, il n'est pas nécessaire de la rallumer".]

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - 'Hanoucca]

<--->

=> Il est essentiel d'observer les mitsvot avec enthousiasme et passion, même en l'absence de ces sentiments personnels.

Roch Hachana – une fête dissimulée

+ "Sonnez le shofar au renouvellement de la lune, à l'heure fixée (cachée - bakéssé) pour notre jour de fête. Car c'est un décret pour Israël, un jugement pour le D. de Yaakov" (tik'ou ba'hodech shofar bakéssé léyom 'haguéou ... - Téhilim 81,4-5)

-> Ce passage que nous prononçons pendant Arvit de Roch Hachana, souligne 2 aspects du Yom Tov (de Roch Hachana).
D'une part, il s'agit d'une fête apparentée aux Chaloch Régalim également appelés 'hag (חג) ; d'autre part, il s'agit d'une occasion cachée (bakéssé - בכסה).

-> En d'autres termes, la joie de Roch Hachana est atténuée, bien que présente. Contrairement aux Chaloch Régalim, occasions de joie visible, à Roch Hachana, les réjouissances d'Israël sont voilées sous un aspect de crainte et de jugement ...

Bien qu'il puisse nous sembler que la présence d'Hachem soit obscurcie en ce jour, il est certain qu'Il veille sur les juifs et les protège ...
Le changement d'ambiance de Roch Hachana appelle à l'émergence d'une émotion différente : la crainte et la peur d'Hachem, plutôt qu'une joie manifeste [comme pendant les chaloch régalim].
[à la yéchiva de Novardok, en Elloul, ils éteignaient la lumière pour développer des sentiments de craintes, de peur (Hachem, jugement stricte à venir, ...), et tout d'un coup une vague d'émotion se libère avec un désir et une joie de retourner vers papa Hachem (hachivénou Hachem Elékha vénachouva), et alors la lumière se rallumait. De même, le travail de Roch Hachana est d'abord ]

Ce changement d'émotion s'accompagne d'un changement vers un précepteur entièrement différent - écouter la voix divine plutôt que de La percevoir. Le juif attentif qui écoute le son du shofar (lichmoa kol Shofar) entend également la voix d'Hachem qui le sort de sa torpeur annuelle.
De même, alors que lors des 3 fêtes, Hachem voit Israël (yéraé kol zé'hourékha), à Roch Hachana, Il écoute également le son de nos coups de shofar et cela évoque Sa miséricorde.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5644]

-> En y réfléchissant bien, on peut établir un parallèle encore plus étroit entre Roch Hachana et les Chaloch Régalim. Dans chaque cas, le juif perçoit Hachem. Alors que lors de Yom Tow, Israël perçoit son Créateur d'un point de vue particulièrement proche (en se rendant au Temple, à Roch Hachana, bien qu'éloigné de Jérusalem, il est capable de s'approcher d'Hachem.
Le shofar nous permet de percevoir Hachem et de nous sentir comme si nous étions présents sur le site du Temple. Il transporte l'âme juive sur le site du Saint des Saints ...

Alors que l'on pourrait penser que percevoir Hachem de loin est une position moins exaltée que de sentir Sa présence [en étant réellement] à Jérusalem, à l'époque contemporaine, c'est l'inverse qui est vrai.
Bien que nous ne puissions plus nous embarquer pour le pèlerinage annuel à Jérusalem afin de percevoir Hachem de près [le Temple étant détruit], nous pouvons tout aussi efficacement que jamais être conscients d'Hachem à distance grâce au puissant intermédiaire qu'est le shofar.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5651]

<--->

-> Il s'agit du jugement essentiel de Roch Hachana, qui consiste à insuffler de la spiritualité dans l'aspect physique du juif. Cette tâche est renforcée par le shofar.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5662]

<--->

-> Comme abordé précédemment, Roch Hachana mérite une place parmi les fêtes juives en tant que période de joie voilée, sans trop de réjouissance. En y réfléchissant bien, on constate qu'il existe un lien plus profond entre Roch Hachana et les fêtes (chaloch régalim).
Cette relation peut être déduite du terme Yom Tov, littéralement "un bon jour", un jour où (selon les kabbalistes) les rayons de la première lumière de la Création, décrite par la Torah comme étant "bonne" (cf. Béréchit 1,4), pénètrent la terre. Bien que l'humanité ne mérite pas de s'imprégner de cette lumière divine (cf. Rachi qui y affirme qu'Hachem a réservé la lumière de la Création aux tsadikim et au monde à Venir), quelques rayons de cette lumière raréfiée descendent chaque Yom Tov.
Ces rayons de lumière céleste s'infiltrent sur la terre, mais seul les juifs, décrit comme une nation totalement juste (cf. Yéchayahou 60,21 - véamé'h koulam tsadikim) peut bénéficier d'une spiritualité aussi intense.

A Roch Hachana, ainsi qu'à chaque Yom Tov, cette lumière imprègne l'âme juive, provoquant la joie d'Israël.

Mais où vient résider cette lumière?
Pas de manière visible ; on ne peut pas lire sur le visage d'un juif et y déceler cette lumière. Au contraire, comme le chante le roi David : "une lumière est implantée dans (l'âme) du juste" (ohr zaroua latsadik - Téhilim 97,11).
C'est comme une étincelle intérieure, un "pintele Yid" (nékouda apénimit) qui brûle dans l'âme juive et permet à chaque juif, quel que soit son éloignement, de revenir et de s'attacher de nouveau à Hachem.
C'est cette étincelle de "bonne lumière", garantissant la réussite de la téchouva du juif, qui génère une telle joie chaque Roch Hachana, assurant son inscription dans le Livre des Justes.
Cependant, c'est cette même étincelle qui doit être cachée (bakéssé - בכסה) à l'humanité dans son ensemble. Bien qu'il existe une relation spéciale entre les juifs et Hachem (cf. Devarim 14:1 : "vous êtes des enfants pour Hachem, votre D."), il est absolument essentiel que cela ne soit pas rendu public.
Dans ce contexte, nous pouvons mieux comprendre pourquoi les anges souhaitaient qu'Israël récite le Hallel à Roch Hachana. Un tel moment d'illumination intérieur nécessite certainement une reconnaissance sous la forme du Hallel.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5634]

[d'une certaine façon alors que toute l'humanité s'apprête à être juger avec Rigueur à Roch Hachana, les juifs doivent s'habillaient en apparence avec de la crainte (réalisation qu'on passe en jugement stricte et impitoyable de le Maître du monde), mais au fond d'eux ils sont remplis de joie, recevant cette illumination des fêtes juives, symbole de la grande proximité et amour entre Hachem et Ses enfatns adorés (les juifs).]

<--->

-> Tout comme la nation juive se réjouit du renouvellement de l'univers, chaque juif se réjouit de son renouvellement personnel à Roch Hachana.
La demande de vie d'Israël ne doit pas être confondue avec un appel à l'abondance matérielle, mais plutôt nous demandons sincèrement la restauration de "l'âme de vie" insufflée par Hachem au premier homme, le néchama (cf. Béréchit 2,7 : "Il a soufflé dans ses narines l'âme de la vie (nichmat 'haïm)").
Il ne peut y avoir de meilleure raison de se réjouir à Roch Hachana que la restauration du noyau intérieur de chaque juif, sa néchama.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5661]

<--->

-> Alors que le Yom Tov de Roch Hachana est consacré à l'acceptation [sur soi] de la souveraineté d'Hachem, en réalité, un tel engagement envers la souveraineté de D. est un thème central de la vie juive tout au long de l'année (ex: Shéma Israël).
Cependant, la manière dont nous acceptons cet engagement le jour de Roch Hachana est cruciale. En proclamant joyeusement le royaume de D. au début de l'année, nous sommes assurés de remplir joyeusement cet engagement tout au long de l'année.
Comme le rapporte la guémara (Shabbath 130a) : Toutes les mitsvot joyeusement acceptées par Israël sont également joyeusement accomplies [par la suite].
[Sfat Emet - Roch Hachana 5661]

<--->

-> "Car c'est un décret pour Israël, un jugement pour le D. de Yaakov" (Téhilim 81,5)
Cela indique qu'il s'agit d'un jour (Roch Hachana) où Hachem accorde à ceux qui le méritent l'intuition et la compréhension de Ses voies. Il est certain qu'obtenir ne serait-ce qu'un aperçu de l'insondable volonté divine est une occasion de se réjouir.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5648]

"Il repassa par ses étapes" (Lé'h Lé'ha 13,3)

-> Rachi et le midrach (Béréchit rabba 41,3) explique l'intention de ce verset : "À son retour de son séjour en Égypte, Avraham remboursa les dettes qu'il avait contractées à l'aller."
[Ils expliquent également que ce verset implique qu'Avraham a séjourné dans les mêmes auberges lors de son trajet de retour que lors de son trajet initial à l'aller. Lors de son premier voyage en Egypte, Avraham n'avait pas l'argent nécessaire pour payer sa chambre et sa pension, et il devait donc verser de l'argent aux aubergistes. Cependant, après son séjour de trois mois en Égypte, Avraham possédait de grandes richesses et était donc en mesure de rembourser toutes ses dettes lors de son voyage de retour vers la terre d'Israël. Le verset est donc interprété dans le sens suivant : "il reprit le même chemin que celui qu'il avait emprunté à l'origine". ]

-> Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi - Lé'h Lé'ha 13,3) enseigne :
Le sens profond de ce commentaire est le suivant : lorsqu'un tsadik traverse un lieu, il fait une impression sur ce lieu en y introduisant un niveau supplémentaire de sainteté.
Cependant, cette impression, bien que présente, n'est pas palpable au départ. Mais lorsque le tsadik revient à cet endroit une seconde fois, il fait apparaître l'impression de sainteté qu'il a produite précédemment.

C'est l'explication mystique de l'explication du midrach ci-dessus : à son retour, c'est-à-dire lorsqu'Avraham visita une seconde fois les lieux qu'il avait traversés à l'origine, il paya, c'est-à-dire qu'il révéla, "ses dettes", c'est-à-dire la sainteté dont il avait entouré ces lieux et qu'il avait ainsi attachée à eux lors de sa première visite. La deuxième fois, il l'a révélée.

"Plus encore, il faut être bienveillant avec son savoir et sa Torah, pour enseigner à chaque personne l'intellect et attirer son cœur vers le Ciel. C'est la plus grande bienveillance de toutes les formes de bienveillance : celui qui, par sa générosité, fait entrer les autres dans le Monde à Venir".
[Or'hot Tsadikim - chaar haNédivout]

+ "achré aam yo'é téroua" (אשרי העם יודעי תרועה - Téhilim 89,16)
Le Noam Mégadim explique que le mot : תרועה (téroua) vient du mot : רעה (raa - mauvais)
Le verset nous dit : "Heureuse est la nation qui "yod'é téroua" = qui sait que même le mauvais est à son avantage.

"Le riche ne donnera pas plus, et le pauvre pas moins, qu'un demi-Shékel" (Ki Tissa 30,15)

-> Le Noam Elimélé'h explique que le riche en Torah et mitsvot considérera ne s'être acquitté que de la moitié de son devoir, pour ne pas tomber dans l'orgueil et toujours poursuivre ses efforts. Tandis que le pauvre en Torah et mitsvots, considérera avoir déjà accompli la moitié de son devoir, pour ne pas se décourager et pour tirer courage de continuer ses efforts.

-> Quand il était enfant, le Rabbi de Loubavitch s'amusait avec des camarades à grimper au sommet d'une planche inclinée. Alors que ses amis ne réussirent pas à atteindre le sommet de la planche et tombèrent à mi chemin ; le Rabbi, lui, réussit!
Ses camarades lui demandèrent comment il s'y était pris pour monter jusqu'en haut sans tomber. Il répondit : "Les autres enfants ont pensé à leur exploit, quand ils avaient parcouru une certaine distance sur la planche. Ils ont regardé tout ce qu'ils avaient déjà accompli, impressionnés par leur exploit, et c'est ce qui les fit tomber. Contrairement à eux, moi je regardais sans cesse vers le haut, tout ce qui me restait encore à parcourir. Je ne cessais de me dire combien je suis petit, combien il me reste encore à faire, et c'est pour cela que j'ai réussi".

Rabba a dit: "... Entre le Service du Temple et la lecture de la Méguila, la lecture de la Méguila a la priorité ... Entre l’étude de la Torah et la lecture de la Méguila, la lecture de la Méguila est prioritaire".
[guémara Méguila 3a]

Lorsqu'une personne fait une bonne action, en agissant avec l'attribut de bonté ('hessed), elle ravive l'attribut de bonté dans le monde entier, et incite tout le monde à vouloir faire preuve de bonté.
[ rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - 'Hayé Sarah]

<--->

-> Imaginons cela : pas besoin de milliards, mais juste un petit acte de bonté (ex: un sourire, une écoute, un mot, une pièce, ...) accompli en privé et dont parfois personne n'en saura jamais rien. Notre nom ne figurera pas à la une des journaux, mais pourtant nous avons changé le monde d'une manière importante, en lui insufflant de la brillance, davantage de bonté d'Hachem.

-> La société prétend que pour changer le monde, il faut une révolution (quelque chose de grand, de visible, ...).
Le rabbi de Berditchev enseigne que ce n'est pas vrai ; chacun d'entre nous change le monde chaque jour. Chacune de nos actions a un effet réel, à la fois spirituel et physique, sur l'ensemble de l'humanité, amenant les gens du monde entier à commencer à agir comme nous l'avons fait (enclenchant une dynamique positive de bonté!).
Nous pouvons changer le monde!

[le libre arbitre, yétser ara, empêche que nous ayons conscience pleinement de cela, mais les paroles du rabbi de Berditchev sont la réalité du fonctionnement du monde. ]

<--->

-> Ainsi, par notre attitude de 'hessed tournée vers l'extérieur, nous permettons aux forces positives de 'hessed d'en-Haut de nous inonder.
L'inverse est également vrai. Lorsqu'une personne s'engage dans un comportement égoïste, elle attise la négativité, qui se propage dans le monde entier, empêchant le flux d'amour, de miséricorde d'Hachem de se déverser sur l'humanité.
[rabbanit Feldbrand]

-> Le 'Hafets 'Haïm suppliait les gens de poursuivre le 'hessed et d'éviter son contraire.
Il disait : "A une époque où l'attribut de Rigueur (mida hadin) prédomine de jour en jour, le seul salut possible réside dans l'adoption de l'attribut de bonté (mida ha'hessed), qui reste le meilleur instrument pour parvenir à la rédemption".

Les Shéva Bra’hot

+++ Les Shéva Bra'hot :

+ Yotser ha'adam (bénédiction n°3) :

-> On nous enseigne que celui qui n'est pas marié n'est qu'une moitié (palga dégoufa).
En ce sens, le mot kalla partage la même racine que "kila" (finir), comme dans "kaacher kila" (quand Il eut fini - Vayéra 18,33). C'est parce qu'elle complète l'homme.
Ceci est en accord avec ce qu'Adam a dit : "étsem méatsamaï" (c'est un os de mes os - Béréchit 2,23), ce qui signifie qu'elle est son autre moitié. Un mari et une femme ne font qu'un.
C'est ainsi que 'Hava est littéralement issue du corps d'Adam.
D'une façon identique, la guémara (Béra'hot 24a) dit : "ichto kégoufo" (la femme est comme lui-même [litt. comme son corps (kouf - à l'image d'Adam et 'Hava)]).
Par conséquent, cette unité n'est atteinte que lorsque le mari et la femme se marient.

Ceci permet d'expliquer pourquoi nous disons dans les Shéva Bra'hot : "yotser ha'adam" (qui a formé l'homme). En effet, ce n'est qu'après s'être marié qu'une personne devient une personne complète. [d'ailleurs dans le langage courant on dit : "trouver sa moitié!". Ce n'est qu'avec le mariage qu'on est pleinement créé. D'où cette bénédiction à ce moment pour remercier Hachem, ainsi que notre conjoint, ses parents, ... car grâce à eux nous avons pu terminer notre processus de création dans ce monde, nous amenant à être complet (passant de moitié d'être à une totalité).
Chacun dans un couple doit avoir conscience qu'à leur source/racine d'âme ils ne sont qu'un, que la matérialité de ce monde semble diviser.]

-> Dans la Torah, la première fois que l'homme est appelé "ich" et non plus sous la forme générique "Adam", est lorsqu'Adam rencontre 'Hava.
Il est écrit : "celle-ci sera nommée Icha [femme], car c'est de Ich [homme] que celle-ci a été prise" (Béréchit 2,23).
Ich est une expression d'importance. Elle fait référence à l'aspect le plus élevé de l'homme.
Ainsi, c'est uniquement par le fait de rencontrer sa femme qu'il peut devenir un Ich. Il a la capacité de rencontrer son moi supérieur à travers elle.

-> Le mot kalla (une mariée) a pour racine : kol (tout). C'est parce qu'un homme possède tout après s'être marié, comme l'affirment nos Sages (guémara Yébamot 62b) qu'un homme qui n'est pas marié vit sans bonheur, sans bénédiction, ...

<--->

+ Saméa'h téssama'h (bénédiction n°6) :

-> Il y a ceux qui rencontre quelqu'un et ensuite se marient, puis ils ont des doutes quant à savoir si c'était le bon conjoint pour eux.
Ils peuvent penser : "Peut-être aurais-je dû épouser quelqu'un qui a de meilleurs traits de caractère, ou qui accomplit plus d'actes de 'hessed, ..."
[on a tendance à penser que l'herbe est plus verte ailleurs, mais certains conseillent plutôt : "l'herbe est plus verte là où on l'arrose" (si tu fais l'effort de faire en sorte que ton conjoint(e) soit épanoui(e), alors il sera à l'image de cette herbe qui deviendra resplendissant de verdure. ) ]

Rabbi Aryeh Levine explique que nous donnons donc la bénédiction à un 'hatan et à une kalla (dans la bénédiction de Saméa'h téssama'h) : "qu'Hachem réjouisse ce 'hatan et cette kalla tout comme Adam et 'Hava dans le Gan Eden, puisque Adam et 'Hava savaient tous deux qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, car personne d'autre n'existait alors.

Cela explique également la phraséologie de cette bénédiction : "saméa'h téssama'h" (se réjouir intensément), puisque "il n'y a pas de plus grand bonheur que la résolution d'une incertitude" (én sim'ha kéatarat hasfékot), du fait de l'absence de comparaisons et de concurrents.
[avant le mariage on peut s'interroger (est-ce la bonne), mais une fois le mariage (aré at mékoudéchet) alors on a la certitude que Hachem nous a destiné cette femme, et alors il n'y a plus de doute : c'est elle, et aucune autre au monde. ]

-> "Qu'elles sont belles tes tentes, ô Yaakov!" (ma tovou ohalékha Yaakov - Balak 24,5)
Rachi : Parce qu’il a vu que les entrées [de leurs tentes] ne se faisaient pas face.
Selon le rav Yéhochoua Alt, à un niveau plus profond cela peut être compris comme le fait qu'ils vivaient chacun en sachant que "j'ai le bon conjoint".
[j'ai le/la meilleur(e) conjoint, alors pas la peine de regarder chez le voisin]

-> Puisque 'Hava était la seule au monde, il était évident qu'elle était pour Adam.
Pourtant, il y a eu contestation car Adam a dit que la femme que Tu m'as donnée, m’a donné de l'arbre et j'ai mangé (Béréchit 3,12).
["La femme que tu m’as donnée avec moi, c'est elle qui m'a donné de l'arbre et j'ai mangé" - Rachi = Il marque ici de l’ingratitude envers la bonté de D. (j'ai fauté à cause d'elle!). ]
Selon le rav Yéhochoua Alt, c'est pourquoi depuis lors, le mariage demande du travail, même si nous sommes certains qu'elle est la bonne personne pour nous.
[en ce sens, pour réparer cette faute, nous devons avoir de la gratitude, avoir un regard où l'on apprécie et remarque les qualités de l'autre, ... Cela ne suffit pas qu'elle soit l'unique femme au monde, elle doit devenir unique par la façon dont on l'apprécie au quotidien. (on doit nourrir cette unicité, cette valeur supérieure qu'elle a).
En effet, ensuite Adam a compris son erreur et il a eu une telle démarche de la voir positivement en la caractérisant de "mère de tous les vivants", plutôt que de responsable d'avoir amenée la mort dans le monde (suite à la faute).]

<--->

+ Yatsar ét ha'adam bétsalmo ( qui a créé l'Homme à son image - bénédiction n°4) :

Il est écrit : "L'homme a été créé à l'image d'Hachem" (tsélem Elokim - Béréchit 1,27).
On peut citer à ce sujet :
-> Une des 10 étapes du rav Avigdor Miller pour atteindre la grandeur est : "Regardez le visage de quelqu'un et penser : Je vois l'image de D. (tsélem Elokim)".
-> Rabbi Moché Cordovéro explique que le mot : image (tsélem – צלם) est dérivé du mot : ombre (tsél – צל). Ainsi, dire que l’homme a été créé à "l’image de D." signifie que l’homme représente "l’ombre" d’Hachem projetée sur cette terre ; on comprend mieux alors le lien entre D. et l’homme.
-> Selon le rav Yéhouda Zev Segal (Kédochim 19,18) : "Le fait d'honorer un être humain revient à honorer Hachem Lui-même, puisque chaque personne est créée à l'image de D. (tsélem Elokim).
Si quelqu'un possède un véritable respect de Hachem, alors naturellement il ne fera aucun mal à ceux qui sont créés à Son image."

-> "Tous les juifs sont des princes ‘’ (kol Israël bné méla'him hén - guémara Baba Métsia 113b)

=> Nous devons garder à l'esprit, surtout lorsque notre conjoint fait une erreur (personne n'est parfait, tout le monde à des hauts et des bas, des qualités et des défauts), qu'il est créé à l'image d'Hachem, et nous devons donc le traiter en conséquent, avec tout le respect et la considération que cela implique.
Nous disons donc dans les Shéva Bra'hot : "yatsar ét ha'adam bétsalmo" (Il a façonné l'homme à Son image).

[d'une certaine façon, il y a à minima une double mitsva de la Torah :
- une d'aimer Hachem, ton D. = puisqu'il y a une partie d'Hachem en ton conjoint, tu dois donc la chouchouter (ce n'est pas n'importe qui!) ;
- une d'aimer son prochain comme soi-même = cela commence par notre moitié. A chaque fois qu'on la rend plus heureuse, plus épanouie, ... nous accomplissons cette mitsva de la Torah! ]

<--->

+ binyan adé ad (construction éternelle - bénédiction n°4) :

-> Les shéva bra'hot (les 7 bénédictions) sont aussi appelées : birkot nissouïm (les bénédictions du mariage).
Le mot "nissouïm" (נישואים) vient du terme : "nasso" (soulever, élever).
Cela fait allusion à la notion que l'un des buts du mariage est de nous élever au niveau supérieur.
Une autre raison à cela est que chaque conjoint est censé élever et faire grandir/épanouir l'autre en se complétant l'un l'autre.
L'adage dit : "les hommes peuvent venir de Mars et les femmes de Venus, mais le but est de faire en sorte que ça marche sur terre".
[selon nos Sages : "les femmes sont un peuple à part entière" (guémara Shabbath 62a)]

-> Le mot "nissouïm" a également pour racine "nassa" (supporter, tolérer) [comme dans : "nossé béol im 'havéro - Pirké Avot 6,6], car nous devons tolérer notre conjoint dans les choses qui nous différencient.
Il existe un axiome : "N'essayez pas de transformer votre conjoint. Transformez plutôt le regard que vous portez sur votre conjoint".

Nos Sages disent : "kol hagadol mé'havéro, yitsro gadol éménou" (guémara Soucca 52a) = celui qui est plus grand [spitiruellement] que son ami a également un plus grand yétser ara que lui.
Mais cela peut également être compris de la manière suivante : si quelqu'un est plus grand (kol hagadol), c'est grâce à son ami (mé'havéro), c'est-à-dire parce qu'il travaille ses traits de caractère au contact avec les différentes personnalités des autres.
"yitsro gadol" = si quelqu'un a un yétser ara plus fort, c'est à cause de lui-même (éménou), ce qui signifie qu'il doit s'améliorer davantage lui-même.
[même si cela ne nous fait pas toujours plaisir sur le moment, le mariage est là pour nous élever par ce face à face constant avec "mé'havéro" (notre conjoint est notre "meilleur ami"), qui nous voit constamment et nous connait parfaitement (ce qu'on a beau, et de moins beau en nous [donc à améliorer]).]

Le mariage ne se construit pas en un court laps de temps. Il nécessite de nombreuses années d'efforts. C'est pourquoi on parle d'un binyan, d'une construction, comme nous disons dans les shéva bra'hot : "biyan adé ad".
Tout comme la construction d'un bâtiment prend beaucoup de temps, la construction d'un mariage prend également beaucoup de temps.
[d'une certaine, le mariage est comme obtenir le terrain sur lequel on va pouvoir construire le plus bel édifice : fruit d'efforts, de temps, de moyen (un sourire, un encouragement, une intention, ...), de compromis, ... et qui nous accompagnera dans l'éternité du monde à Venir, où l'on profitera et sera fier de s'être investi pour ce si beau binyan.
Le mariage marque la validation de ce couple au ciel, et le commencement de notre travail conjointement dans la réalité terrestre.]
[rav Yéhochoua Alt]

Mitsva & ADN de la Torah

La Torah "est un arbre de vie" (éts 'haïm hi - Michlé 3,18).

Le frère du Gaon de Vilna, Rabbénou Avraham (au début de son séfer Maalot HaTorah) écrit :
un arbre est une seule entité se ramifiant en de nombreuses branches qui elles-mêmes fructifient, les fruits étant à leur tour composés de diverses parties avec de nombreux pépins. Chacun, une fois semé, peut reproduire un arbre entier. Cela signifie que chaque graine porte en elle un potentiel de tout un nouvel arbre.
La même chose est vraie pour les mitsvot, fruits de l’arbre de la Torah. Chaque mitsva est une entité distincte mais chacune contient l’essence de toute la Torah, le "code" spirituel de l’Arbre de vie.
Ainsi, toutes les mitsvot sont inextricablement interconnectées au point qu’un aspect d’une certaine mitsva peut être lié et représentatif d’une autre.
On peut comprendre cela avec la comparaison au corps humain formé de plusieurs membres et organes avec chacun leur fonction spécifique. Néanmoins, chaque partie du corps partagent le même ADN.
Idem pour chaque mitsva qui renferme l’ "ADN" de la Torah qui unifie tous les commandements.