Aux délices de la Torah

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"Yossef est descendu en Égypte et s'est préservé de l'immoralité, de même tout Israël [en Egypte], par son mérite, s'est préservé de l'immoralité.
Rabbi 'Hiya Bar Aba a enseigné : "Cela valait la peine qu'il se préserve de l'immoralité, car c'est par son mérite qu'Israël a été délivré"."
[midrach Vayikra rabba 32,5]

-> Le rav Pin'has Fridman commente :
Nous apprenons de ce midrach que Yossef traça la voie de la kédoucha (sainteté) pour toutes les générations d'Israël jusqu'à la fin des temps. Tous pourront maintenir leur kédoucha partout où ils se trouvent, même dans les situations les plus précaires, et pourront par ce mérite, être délivrés de leur exil.

L’Attribut Divin de Rigueur est en réalité rempli de grandes bontés

+ L'Attribut Divin de Rigueur est en réalité rempli de grandes bontés :

-> Selon le Zohar (Tikouné Zohar 103b), nos 3 Patriarches se sont attachés à 3 traits de caractère afin d'accomplir leur voie dans le Service Divin. Avraham le fit avec l'attribut de 'hessed (Attribut de Bonté/Miséricorde), Its'hak avec l'attribut de guévoura (attribut de din [Rigueur/Justice]), et Yaakov avec l'attribut de tiféret.

-> Dans son commentaire, Rachi explique que lui fut donné le nom יצחק (Its'hak) qui vient du mot צחוק (ts'hok - rire), car ceci fait référence au rire de Sarah, comme il est écrit : "Sarah rit en elle-même en disant : après être flétrie, aurais-je une peau fraîche, et mon mari est vieux?" (Vayéra 18,12).

-> Le nom d'une personne nous éclaire sur son essence et ses qualités, ainsi qu'il est expliqué dans le midrach : "Nos maîtres racontent : lorsque Rabbi Méir regardait un homme, il apprenait son nom, et de
son nom, il connaissait ses actes" (Yalkout Chimoni - siman תמט).

=> Si Its'hak incarnait la mesure de rigueur, qui est l'attribut de justice, alors pourquoi avoir appelé son nom Its'hak, un langage faisant référence au rire et à la joie, ce qui, à première vue, semble être l'antithèse complète de la rigueur et de la justice?

-> Il est écrit dans la guémara (Shabath 89a) :
"Dans le futur, Hachem dira à Avraham notre patriarche : "tes fils ont fauté envers Moi!" Avraham Lui répondra : "Maître du monde, ils étaient désespérés". Hachem dit : "Je vais me tourner vers Yaakov, lui qui a souffert pour élever tous ses enfants, peut-être sera-t-il un bon avocat pour ses enfants?"
Hachem dit à Yaakov : "Tes fils ont fauté". Yaakov lui répondit : "Maître du monde, ils étaient désespérés ..."
Hachem Se tourne alors vers Its'hak et lui dit : "Tes fils ont fauté envers Moi". Il dira devant Hachem : "Maître du monde, sont-ils mes fils et non Tes fils? Pourtant au moment où ils T'ont devancé et se sont présentés devant Toi en disant : "Nous ferons et nous comprendrons" (Michpatim 24,7), Tu les as appelés "Mon fils premier-né" (Chémot 4,22). A présent Tu dis mon fils et pas Ton fils!".

De plus, combien de fautes peuvent-ils avoir commis? Voici que les années de l'homme sont de 70 ans, ôte parmi elles 20 ans, durant lesquels l'homme n'est pas apte à la punition, il reste 50 ans. Retire également 25 ans de toutes les nuits où il a dormi, il reste 25 ans. Retire parmi elles encore 12 ans et demi de prière, de nourriture et de toilette, il reste parmi toutes les années de la vie de l'homme seulement 12 ans et demi d'années où il est susceptible de fauter, Maître du monde, Tu supportes ces années-là, c'est bien. Et sinon moitié sur moi et moitié sur Toi."

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=> La mida (un trait de caractère) de notre patriarche Avraham est la bonté, celle de Yaakov est tiféret (qui est une association entre le 'hessed et le din, où le 'hessed adoucit le din pour devenir miséricorde), tandis que la mida d'Its'hak est celle de la rigueur et du din.
Comment est-il possible qu'Avraham, dont les traits de caractère sont la bonté et la miséricorde, n'ait pas trouvé le moindre mérite futur pour le peuple juif? En outre, Its'hak notre patriarche, dont le trait de caractère est la stricte rigueur, a su, lui, trouver un mérite pour le peuple juif?

-> Le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (dans son Kédouchat Lévi) écrit :
comme nous le savons, dans ce monde ici-bas, la loi (halakha) est comme Beit Hillel, qui représente d'habitude le trait de caractère de la bonté, et non pas comme Beit Chamaï qui incarne plutôt la notion de la rigueur. Le monde n'aurait effectivement pas pu se maintenir si les lois qui le régissaient étaient selon la pleine mesure de rigueur. En fait, le monde [actuellement] ne se maintient que grâce à la pleine mesure de bonté.
En revanche, dans le futur, lorsque le monde sera réparé, et que le mauvais penchant sera complètement anéantit, il n'y aura alors aucunement besoin que la direction du monde s'accomplisse selon la mesure de bonté. Le monde-même conduit selon la mesure de rigueur pourra alors accéder à ce qui est bon, aussi la loi sera comme Beit Chamaï, qui représente la rigueur, et non comme Beit Hillel.

-> Le rav d'Apta (dans son Ohev Israël) ajoute que la mida du din n'est en fait rigoureuse qu'extérieurement (en apparence, à nos yeux et nos sens d'êtres humains).
Intérieurement, à l'intérieur de la mida du din, il y a des lumières de très grand 'hessed, bien plus qu'il ne s'en trouve dans la mida de 'hessed elle-même.

Le rabbi d'Apta écrit : "chez Its'hak notre patriarche, nous trouvons que sa mida était la crainte et la rigueur (mida du din), mais en vérité ... il y a dans la mida du din un très grand 'hessed. Cependant ces lumières et ce grand 'hessed ont été enfouis et cachés ... jusqu'à la venue du machia'h. Alors le Créateur retirera le rideau de l'extériorité et des klipot (forces d'impureté, touma) de tous les mondes ...
Se dévoileront alors les lumières de l'intériorité de la mida du din... et seront adoucis tous les dinim et la notion de rigueur".

=> nous saisissons la profondeur du sujet dont nous parlons. Désormais nous comprenons pourquoi dans le futur, c'est précisément Its'hak - lui qui symbolise la mida du din - qui viendra rappeler les mérites du peuple juif.
À la fin des temps se renforceront énormément les accusateurs. Ces derniers accuseront sans cesse le peuple juif afin qu'il ne puisse mériter la délivrance, que Dieu nous en préserve. L'accusation sera alors tellement forte, qu'Avraham et Yaakov qui symbolisent le 'hessed et le ra'hamim = miséricorde ne pourront trouver de mérite pour défendre le peuple d'Israël, seul Its'hak notre patriarche trouvera des mérites pour Israël. Ceci car, comme nous l'avons dit, dans le futur se dévoilera l'intériorité de l'attribut du din, là où se trouvent de grandes lumières et des grands hassadim, encore plus prodigieux que la mida du 'hessed elle-même.

=> Ainsi, nous comprenons pourquoi dans le futur, c'est précisément Its'hak, lui qui symbolise la mida du din, qui viendra rappeler les mérites du peuple juif.
À la fin des temps se renforceront énormément les accusateurs. Ces derniers accuseront sans cesse le peuple juif afin qu'il ne puisse mériter la délivrance, que D. nous en préserve.
L'accusation sera alors tellement forte, qu'Avraham et Yaakov qui symbolisent le 'hessed (bonté) et le ra'hamim (miséricorde) ne pourront trouver de mérite pour défendre le peuple d'Israël, seul Its'hak notre patriarche trouvera des mérites pour Israël. Ceci car, comme nous l'avons vu, dans le futur se dévoilera l'intériorité de l'attribut du din, là où se trouvent de grandes lumières et des grands 'hassadim (bontés), encore plus prodigieux que la mida du 'hessed elle-même.

On pourrait penser que l'humilité est l'antithèse de la réjouissance, pourtant ... la vraie joie dans l'appréciation du miracle d'Hachem ne peut être atteinte que par [des humbles], des serviteurs d'Hachem, comme il est dit : "Louez, serviteurs d'Hachem" (Hallélou avdé Hachem) ...

L'humilité en elle-même engendre la joie.
Seuls les vrais humbles qui reconnaissent la bassesse de leur situation dans la vie par rapport à la Présence infinie d'Hachem, peuvent se réjouir de leur véritable mission [présente au fond de tout juif] : celle de servir Hachem.
[Sfat Emet - 'Hanoucca 5635]

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[la joie est ce sentiment interne où l'on a conscience de faire ce qu'il y a de mieux dans notre vie, où notre intériorité (âme divine) est en parfaite équilibre avec nos actions (qui sont selon la volonté de D.) ]

+ Chaque matin, lors de la prière, nous citons le verset : "léodot léchem kodché'ha léichtabéa'h bit'ilatékha" (Pour remercier Ton saint Nom, et se glorifier de Ta louange - Téhilim 106,47),

=> Ne devrait-on pas dire "léchabéa'h" (rendre gloire [à Hachem]), plutôt que "léichtabéa'h" (לְהִשְׁתַּבֵּחַ), se glorifier [soi-même]?

Le Imré Emet répond que lorsqu'un juif fait l'éloge, il est lui-même élevé et la personne elle-même est glorifiée. Il a changé, ouvrant de nouvelles portes dans sa propre perception du monde.
En rendant grâce, on devient une personne différente.

[Hachem n'a besoin de rien, et lorsqu'Il nous demande de Le glorifier, en réalité c'est nous qui nous glorifions, devenant une meilleure version de nous-même, un être plus élevé!
Hachem désire nous combler du meilleur, mais pour nous éviter tout sentiment de honte de recevoir tout gratuitement, alors Il fait comme si c'était nous qui Lui rendions service (ex: par nos prières).]

Pourim – Omission du Hallel

+ Pourim - Omission du Hallel (selon le Sfat Emet) :

-> La guémara (Méguila 14a) note que le Hallel n'est pas récité à Pourim.
Pourtant, elle stipule également que la lecture de la Méguila équivaut à la récitation du Hallel. Cette contradiction apparente peut être résolue en rappelant que le Hallel n'est récité qu'à l'occasion de l'ouverture des portes intérieures du ciel. [voir : https://todahm.com/2022/05/18/le-hallel ]
Le miracle de Pourim, qui s'est produit dans le contexte d'événements naturels, lorsque le nom d'Hachem a été sanctifié dans ce monde, ne répond généralement pas à ces critères.
Cependant, en lisant la Méguila, nous ne célébrons pas seulement l'impact du miracle de Pourim sur terre, mais nous ressentons également son impact céleste.
[Sfat Emet - Pourim 5649]

-> Par ailleurs, le Hallel est récité dans les occasions où l'impact est principalement interne (ressenti dans les recoins de l'âme juive). À Pourim, cependant, nous ressentons la joie à l'extérieur comme à l'intérieur. Non seulement au Ciel, mais aussi sur terre, les juifs sentent que Pourim est un moment joyeux.
[Sfat Emet - Pourim 5644]

"Lorsqu'une personne reçoit avec amour les souffrances et les épreuves qu'elle endure, alors c'est cela leurs remèdes."
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Vayigach 46,7]

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-> "ils vinrent en Egypte : Yaakov et toute sa descendance avec lui. Ses fils et ses petits-fils avec lui, ses filles et ses petites-filles et toute sa descendance, il [les] emmena avec lui en Egypte." (Vayigach 46,6-7)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente : "Ses fils et ses petits-fils" :
Le verset veut nous faire savoir qu'il y a une différence entre les membres de la famille de Yaakov en ce qui concerne la descente en Égypte. En effet, parmi eux, certains sont venus de leur plein gré en ayant accepté le décret divin.
Par contre, d'autres ont hésité à descendre dans cette prison et la Torah nous indique ceux qui sont venus de leur plein gré pour payer cette dette exil.
Et le verset nous dit que les fils et les petits-fils sont venus d'eux-mêmes ("avec lui"), et ensuite la Torah nous énumère ceux qui ne sont pas venus de leur plein gré, comme le verset dit : "ses filles et ses petites-filles il [les] emmena avec lui". Cela veut dire qu'elles ne sont pas venues d'elles-mêmes.

Nos sages (midrach Chémot rabba 1,8) nous enseignent que tout le temps que l'un de ceux qui sont descendus en Égypte étaient vivant, l'esclavage n'avait pas encore commencé.
Peut-être faut-il dire que c'était en récompense pour eux, car ils avaient accepte le décret divin de descendre en Égypte de plein gré. C'est la raison pour laquelle l'esclavage ne les a pas touchés.
Lorsqu'un homme reçoit avec amour les souffrances et les épreuves qu'il endure, c'est cela leurs remèdes.

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-> Selon le le Or ha'Haïm, Hachem attendit pour commencer l’asservissement de l’Egypte la mort de tous les fils de Yaakov, mais n’attendit pas la mort des filles. Car la guémara (Béra'hot 62a) enseigne que "le remède aux souffrances est de les accepter" [litt. "la tradition pour mettre fin à la souffrance est avec le silence (donc en l'acceptant) et la prière"], à savoir que l’acceptation des épreuves avec amour et joie est un remède qui les guérit.
Dès lors, du fait que les fils de Yaakov acceptèrent ce décret avec amour, la souffrance de la servitude leur fut épargnée, à la différence de Yo'héved (la mère de Moché) et de Séra’h (la fille de Acher) dont on n’attendit pas qu’elles meurent avant de commencer l’asservissement des Bné Israël. Celles-ci comptèrent, en effet, parmi ceux qui descendirent en Egypte contre leur gré sans accepter le joug de la servitude.

-> Ce commentaire nous apprend le devoir d’accepter dans la joie et l’amour tout ce qui nous arrive, en sachant que tout est pesé et calculé d’En-Haut. De la sorte, nous accomplissions les termes de l’enseignement de nos Sages : "Le remède aux souffrances est de les accepter" et mériterons d’en être soulagé et délivré et de voir la réussite dans toutes nos entreprises.

Le Sfat Emet exprime la même idée, à propos du verset de notre paracha : "Yéhouda s’approcha de lui (Yossef) et lui dit ‘de grâce mon seigneur’" (Vayigach 44,18).
Les commentateurs s’interrogent, en effet, sur le bien-fondé des arguments que Yéhouda avança à Yossef ("Mon serviteur demanda à ses serviteurs", et, en effet, les versets qui suivent). Ils ne contiennent, en effet, aucun élément nouveau en plus que tous ceux qui avaient déjà été exposés à la fin de paracha Mikets.
Dès lors, pourquoi Yéhouda pensa-t-il qu’il réussirait par cela à éveiller la compassion de Yossef envers ses frères?
De plus, les commentateurs demandent, qu’est-ce qui provoqua effectivement le changement d’attitude de Yossef au point qu’il ne puisse plus se retenir?

Le Sfat Emet explique qu'il est vrai que Yéhouda ne vint rien innover à Yossef. Seulement, depuis leur arrivée en Egypte, Yéhouda mit de l’ordre dans ses idées pour lui-même, afin de bien voir leur enchaînement et enraciner en son cœur que tout s’était déroulé selon la volonté d’Hachem. [il n'est pas resté prisonnier mentalement des galères qui leur arrivaient].  Il accepta avec joie Ses décisions, car si telle était Sa volonté, cela signifiait que c’était la meilleure des choses qui pouvait arriver.
Et de fait, dès qu’il intégra cette idée, la rigueur Divine disparut et put laisser place à l’éclosion de la délivrance.

Le Sfat Emet écrit : "Et cela constitue un conseil valable pour chaque juif se trouvant dans une situation où la face Divine est voilée : qu’il annule sa propre volonté devant celle de D. tout en restant convaincu que, même au milieu de l’obscurité (des difficultés/souffrances), la volonté vivante d’Hachem est encore présente."

-> Rabbi Mordé'haï de Lekhvitch explique de manière allusive à ce sujet la Michna (Béra'hot 40a) : "Sur tout, s’il a prononcé la bénédiction Chéakol Niya Bidvaro (qui a tout créé par sa parole), il est quitte" = celui qui dit à propos de tout ce qui lui arrive (même ce qui lui semble être un malheur), "tout est le fait de la parole Divine" est acquitté par cela de toutes les épreuves.
[le sens simple est que si nous ne savons pas quelle est la bénédiction, on peut s'en acquitter par défaut en faisant "chéakol".]

-> Rabbi Moché Avraham Barzovski dit : "j’ai hérité d’une coutume ancestrale selon laquelle celui qui prononce la bénédiction ‘Chéakol Niya Bidvaro’ avec une foi intègre dans le Créateur, bénéficie d’un adoucissement de la midat haDin (la mesure de rigueur d'Hachem)!"

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-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva - chap.4) nous garantit que si nous acceptons avec joie ces moments où rien ne semble aller dans notre vie, comprenant que cela nous est envoyé du Ciel et que c'est bénéfique pour nous, alors à ce moment nous déchirons les mauvais décrets et se sauvons des pires soucis qui devaient normalement nous arriver.

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[ainsi, le meilleur remède à nos épreuves réside dans notre acceptation, dans notre joie (par bita'hon en Hachem), malgré les difficultés, nos incompréhensions sur ce qui se passe dans notre vie.
Moins on essaie de tout comprendre, en étant simple (tamim) dans notre certitude que cela ne provient que d'Hachem pour notre bien ultime (on le comprendra dans le monde à Venir de vérité), alors le plus on s'évite bien des galères dans la vie. ]

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-> "Si le fauteur se voit sur le point de subir une épreuve, qu'il la légitime et accepte le châtiment avec amour. Cela constituera une protection contre les nombreuses souffrances qui auraient dues s'abattre sur lui".
[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva - chap.4 ]

-> Si une personne proclame en se le répétant : "J'ai confiance dans le fait que Hachem accomplit cela pour mon bien", ce sera une raison en soi d'être préservé de toute épreuve et d'annuler tous les décrets".
[...]

Lorsqu’un juif se renforce dans sa foi que tout est entre les mains du Ciel et accepte le décret Divin, il est capable de provoquer des bouleversements dans tous les mondes par la force de sa émouna.

C’est d’ailleurs un principe fondamental connu rapporté dans le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar 3, chap.12) :
"Et véritablement, c’est un moyen miraculeux et une recette extraordinaire pour repousser de soi-même tous les décrets rigoureux et les volontés extérieures, de sorte qu’elles ne puissent nous dominer ni avoir aucune influence sur nous. Lorsqu’un homme enracine dans son cœur que "Hachem est le vrai D. et qu’il n’y a, en dehors de Lui, aucune force dans ce monde ni dans aucun monde, que tout est rempli de son unicité évidente, et qu’il annule entièrement de son cœur, sans leur attribuer la moindre valeur, toute force et toute volonté autres, qu’il soumet et attache la pureté de sa pensée uniquement au Maître unique, Béni-Soit-Il", alors Lui, que son Nom soit béni, fera en sorte, de fait, que toutes les forces et les volontés disparaissent d’elles-mêmes et ne puissent absolument rien lui faire."
[ rav Elimélé'h Biderman ]

Unité & miracle de Pourim

+ Unité & miracle de Pourim (selon le Sfat Emet) :

-> Lorsqu'Esther est informée du plan d'Haman, elle insiste [à Mordé'haï] : "va, rassemble tous les juifs" (knos ét kol aYéhoudim Esther 4,16). Elle ne demande pas seulement qu'ils jeûnent en son nom, mais qu'ils le fassent dans une atmosphère d'unité totale.

Lors de la bataille contre Amalek, le 13 Adar, le peuple juif s'est rassemblé "pour s'organiser et se défendre (léhikaél vélaamod al nafcham - Esther 8,11), en tant que peuple uni.
En fait, si le rassemblement dans un but sacré n'était pas nouveau pour le peuple juif, il l'avait déjà fait à l'époque du don de la Torah, ce rassemblement était unique à un égard. Il s'est fait totalement de leur propre initiative. Alors qu'au moment du don de la Torah, Moché avait reçu l'ordre de "rassembler le peuple" (hakhel ét aam - Vaét'hanan 4,10), ici [à Pourim] ils ont assumé cette charge par eux-mêmes, comme il est dit : "ils se sont organisés eux-mêmes" (nik'alou - Esther 9,2).

La manière dont nos ancêtres ont accepté la Torah témoigne à nouveau de leur volonté d'unité.
Dans la forme écrite de la Méguila, on a : קימו וקבל (Esther 9,27 - bien que lisons וקבל comme s'il y avait : וקבלו - vékibélou), on peut lire : "ils ont accompli (קימו - kiyémou) et il a accepté" (écrit comme le singulier קבל - kibél) la Torah, et cela démontre que les juifs [à Pourim] sont devenus une nation, unie par la Torah.

L'importance primordiale de l'unité dans la lutte contre Amalek peut être appréciée si l'on considère l'argument d'ouverture d'Haman dans son plaidoyer pour éliminer les juifs : "Il y a un certain peuple dispersé (מְפֻזָּר - méfouzar) et disséminé (מְפֹרָד - méforad) parmi les peuples" (Esther 3,8).
Alors que מְפֻזָּר,le fait d'être physiquement dispersé dans les territoires éloignés d'A'hachvéroch, n'était pas nécessairement mauvais (et a même pu être bénéfique en tant que moyen de répandre le Nom d'Hachem dans la Diaspora et en tant que moyen de susciter des étincelles de sainteté et de les attirer vers la Torah), מְפֹרָד qui implique la dissension et la fragmentation est définitivement néfaste.
Même si nous sommes dispersés (מְפֻזָּר), nous n'osons pas devenir מְפֹרָד.

En exil, plus que partout ailleurs, il est impératif que le peuple juif soit uni.
En exil, nous ferions bien d'imiter l'exemple de notre ancêtre Yaakov qui s'est embarqué pour le 1er exil (Égypte) en tant que "chiv'im néféch" (70 âmes), et non pas "chiv'im néfachot" (70 âmes) (cf. Béréchit 46,27). [néféch est au singulier malgré un nombre de 70, pour souligner l'unité entre les âmes des juifs allant en Egypte]
[...]

Non seulement ce premier Pourim, mais chaque Pourim, nous accentuons le thème de l'unité en participant à la mitsva de michloa'h manot, l'envoi de cadeau à notre prochain, un moyen particulièrement efficace d'encourager l'amour de son prochain juif (aavat Israël).
Par extension, michloa'h manot ne se réfère pas seulement à l'octroi de cadeaux matériels, mais aussi au partage de nos connaissances de la Torah avec autrui.
[...]

Le second Temple, dont la construction avait commencé avant l'histoire de Pourim, mais n'a été reprise qu'après, reposait sur l'existence de l'unité (a'hdout). Il n'est donc pas surprenant que le Temple ait finalement été détruit à cause de la haine gratuite (sin'at 'hinam), l'antithèse même du message de Pourim.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

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-> Pour corroborer la relation entre l'unité juive (a'hdout) et le second Temple, considérons la raison principale de sa destruction finale : la haine gratuite (aavat 'hinam). Le second Temple a été fondé sur les piliers de la "aavat Israël" (amour entre les juifs) et ne pouvait exister que tant que cette vertu restait en vigueur.

En allant plus loin, nous suggérons que les dissensions entre les juifs ne sont pas simplement dues à des différences internes, mais qu'elles sont le résultat final de notre écart par rapport aux normes de la Torah.
La participation au banquet d'A'hachvéroch, un milieu certainement inapproprié pour le peuple juif, peut avoir engendré des discordes internes. En fait, le terme "aavat 'hinam" peut se référer non seulement à la maladie de la haine gratuite, mais aussi à sa cause sous-jacente, le désir de vivre une vie "libre", libre de tout engagement envers la Torah et les mitsvot (cf. Rachi, Béaaloté'ha 11,5 - 'hinam min amitsvot)
[Sfat Emet - Pourim 5649,5652,5661]

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-> La cause de la discorde qui régnait au sein du peuple juif au moment de l'attaque verbale d'Haman ("il y a un certain peuple dispersé et disséminé parmi les peuples" - Esther 3,8) est peut-être en raison une faute majeure qui s'est produite, comme le raconte la Meguila.
En participant et en appréciant le banquet d'A'hachvéroch, qui impliquait une association avec des réchaïm et un mauvais type d'unité, les juif n'ont pas été en mesure de s'unir entre eux.

Le meilleur antidote au fait de collaborer/s'associer avec Amalek (et d'autres réchaïm) [comme au festin] est la haine que nous adressent nos anciens amis. Lorsque Haman et ses acolytes ont tenté de nous exterminer, nous nous sommes rendu compte que, malgré leur participation avec nous au banquet d'A'hachvéroch, ils n'étaient guère nos amis.
Une fois qu'Israël a rompu toute association avec le mal, il est devenu possible de s'unir à nouveau. La relation entre la faute et la discorde est implicite dans le terme "sin'at 'hinam" (שנאת חנם), la haine qui découle d'une vie vide, dépourvue de mitsvot.

Pour illustrer notre nouvel engagement en faveur de l'unité, nous lisons la Méguila, chaque fois que possible en groupe (en minyan), comme le dit la Méguila (9,28) "michpa'ha oumichpa'ha, plutôt que seuls.
[Sfat Emet - Pourim 5653]

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-> En toute équité pour le peuple juif, il est également possible d'interpréter le verset : "méfouzar ouméforad" d'une manière plus salutaire.
Bien qu'ils soient dispersés dans de nombreuses provinces, et fortement tentés de s'assimiler, ils refusent de céder à ces pressions et restent distincts de la population non-juive.
[Sfat Emet - Pourim 5652]

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-> Considérons les nombreuses récompenses qui découlent de l'unité juive.
Tout d'abord, le renouvellement de la relation à la Torah. Au mont Sinaï et à toutes les autres occasions où les juifs se sont rassemblés autour de la Torah, l'unité était une condition préalable essentielle. Comme Hachem le dit à Moshé : "rassemble le peuple auprès de Moi et Je lui ferai entendre Mes paroles" (Vaét'hanan 4,10).
Tout comme l'unité était essentielle pour le don de la Torah (cf. Rachi - Yitro 19,2), l'unité est également une condition préalable au renouvellement de la Torah au moment du miracle de Pourim.

Le célèbre dicton rabbinique : "véaavta léréa'ha kamokha zé klal gadol baTorah" peut être interprété de la manière suivante = le fait que tu aimeras ton prochain comme toi-même est une importante condition préalable pour acquérir une compréhension de la Torah.

Une autre récompense étroitement liée à l'unité juive est la croissance spirituelle.
Si nous nous rappelons que le terme "néfech" (נפש) fait toujours référence aux pulsions instinctives animales de l'homme, tandis que "roua'h"(רוח) représente un niveau plus élevé, nous pouvons déduire la récompense de l'unité des mots "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16).
Ainsi, [les juifs à Pourim] en se rassemblant et en s'unifiant (נִקְהֲלוּ), ils se sont élevés au-dessus du נפש et ont atteint [en récompense de leur unité] le niveau du רוח.
[Sfat Emet - Pourim 5649]

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-> Si l'unité juive est essentielle pour l'acquisition de la loi écrite (Torah chébi'htav), elle l'est encore plus pour la maîtrise de la loi orale (Torah chébéal pé).
Le pouvoir de nos Sages de proposer et d'interpréter la loi orale dépend directement de l'acquisition de traits de caractère exemplaires (midot tovot) par le peuple juif.
L'existence même du second Temple, durant lequel l'étude de la loi orale s'est épanouie, dépendait de l'unité juive.

La relation entre la Torah (en particulier la loi orale) et l'unité (a'hdout) peut être mieux appréciée si nous nous rappelons que différents érudits jouissent de différents domaines d'expertise. Ce n'est qu'en coopérant et en fusionnant les différents domaines de connaissance, et ceci est conditionné par l'unité, que la Loi orale peut être véritablement maîtrisée.
[Sfat Emet - Pourim 5638, 5661]

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-> Dans le même ordre d'idées, nous pouvons interpréter le verset: "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16), à savoir qu'à la suite du rassemblement, le peuple juif a acquis une nouvelle âme collective (néfech akollel).
Une fois en possession de cette identité commune, le peuple juif était prêt pour sa rédemption.
Le roi David note : "Hachem sauve l'âme de ses serviteurs" (podé Hachem néfech [נֶפֶשׁ] avadav - Téhilim 34,23). Si les serviteurs d'Hachem peuvent s'unir pour former une âme collective (נֶפֶשׁ), alors Hachem les sauvera.
[Sfat Emet - Pourim 5642]

-> -> "laamod al nafchan" - Esther 8,11
En se rassemblant et en s'unifiant, le peuple juif a pu découvrir (amod) son âme collective (nafchan), connue sous le nom de : néfech akollel.
Contrairement aux non-juifs qui sont décrits comme possédant de nombreuses âmes divergentes (cf. Vayichla'h 36,6 - nafchot béto - décrivant la famille d'Esav avec néfech [âme] au pluriel), l'âme juive est une âme collective.
En décrivant notre entrée en Égypte, la Torah déclare "béchiv'im néfech" (avec 70 âme(s) - Ekev 10,22), en utilisant le mot singulier néfech comme preuve de notre unité (alors qu'ils étaient 70 personnes physiquement, il n'y avait qu'une seule âme! ).

L'un des moyens les plus efficaces de trouver l'âme unifiée du peuple juif est de suivre le dirigeant de la Torah de cette génération qui, grâce à son approche unique, a su créer un environnement propice à l'épanouissement de l'individu et de la communauté.
Sous la direction et le leadership de Mordé'haï qui était connu comme "ich yéhoudi" (le midrach interprète "ich yéhoudi" comme "ich yé'hidi" - homme unique), il était l'unique juif qui personnifiait leur âme collective, le peuple juif a redécouvert son âme.

Dans cette optique, nous pouvons tirer une signification supplémentaire au verset : "Hachem sauve l'âme (la vie) de ses serviteurs, et tous ceux qui se réfugient en Lui ne seront pas condamnés" (Tehillim 34:23) = Hachem rachète l'âme de Son serviteur (par exemple, Mordé'haï, le leader de chaque génération), et ceux qui se confient en lui = qui suivent cette âme inspirée qui incarne l'unité, ne commettront pas de péché.
[Sfat Emet - Pourim 5642]

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-> La manière la plus efficace d'atteindre l'objectif insaisissable de l'unité juive est peut-être de commencer par se confronter à soi-même.
[Il faut prendre conscience] de l'étincelle divine intérieure (nékouda apénimit) latente dans chaque âme juive. En suscitant d'abord cette étincelle, puis en réalisant que tous les juifs partagent cette étincelle sacrée, on arrive facilement à la conclusion que nous sommes tous semblables et qu'il ne nous reste plus qu'à nous unir.
Avec cette perspective, nous pourrons peut-être mieux comprendre : "véaavta léréa'ha kamokha" (tu aimeras ton prochain comme toi-même) = parce qu'il est comme toi, partageant la même étincelle divine.
[...]
Dans cet esprit, nous pouvons tirer une signification supplémentaire du verset : נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם
Ils [les juifs] se sont rassemblés pour combattre Amalek en retrouvant leurs âmes, et par ce processus sont devenus unifiés.
[Sfat Emet - Pourim 5631]

[les juifs sont infiniment plus forts lorsqu'ils sont unis, qu'une addition cumulée/isolée des forces de chaque juif. En plus de cela, papa Hachem apprécie tellement que Ses enfants soient unis qu'Il nous aide alors avec largesse indépendamment de nos mérites.]

S’enivrer à Pourim

+ S'enivrer à Pourim (selon le Sfat Emet) :

-> Une personne est obligée de s'enivrer à Pourim jusqu'à ne pas connaître la différence entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordé'haï" (guémara Meguila 7b).

-> Sur la seule base d'un raisonnement rationnel et logique, Israël n'aurait pas été sauvé du décret d'Haman. [on avait un manque total de mérite! ]
Pourtant, Hachem nous a [finalement] épargnés parce que nous sommes son peuple (cf. Haazinou 32,9 : "car la portion de Hachem est son peuple" - ki 'hélek Hachem amo), et en raison de son amour intrinsèque pour nous.

En utilisant les termes de la Meguila (qui semblent se référer à A'hachvéroch mais qui, d'un point de vue homilétique, peuvent se référer à Hachem) : "que le roi désire honorer (acher amélé'h 'hafets bikaro - Esther 6,9), nous interprétons cette phrase comme suit : Hachem veut qu'Israël survive et réussisse en dépit de notre manque de mérite.
Pour démontrer que le miracle de Pourim s'est produit dans une atmosphère d'amour "irrationnel", nous affaiblissons notre capacité de raisonnement en devenant ivres, et nous nous laissons aller à une réalité au-dessus et au-delà de la raison.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

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-> Le terme "libassoumé" (לבסומי), bien que traditionnellement traduit par "s'enivrer " (cf. Rachi Méguila 7), peut en fait être lié au concept plus familier de בשמים (béssamim - les épices).
Pourim est un jour de sanctification si rare que même ce monde, avec tous ses plaisirs matériels, se nie lui-même et se rapproche le plus possible du monde à venir. Ce jour-là, le juif peut respirer ce sens éthéré de la sainteté qui descend du ciel et imprègne la terre. À Pourim, même ce monde obtient une "bouffée", une teinte distincte, de la sainteté du monde à venir.

Sur la base de cette nouvelle interprétation de לבסומי, nous pouvons comprendre l'exigence d'inclure une épice nauséabonde dans l'encens du Temple (kétorét). Lorsque le mal, symbolisé par le parfum nauséabond (ou le côté matériel de ce monde), est subsumé par le bien (les autres parfums), une odeur sacrée émerge.
[Sfat Emet - Pourim 5644]

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-> Le 'Hidouché haRim note que l'intention de nos Sages (de nous enivrer à Pourim) est afin d'atteindre un niveau plus élevé que celui de l'"arbre de vie".

Le 'Hidouché haRim a peut-être voulu dire ce qui suit :
En mangeant de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (éts adaat), Adam a condamné l'homme à un mode de vie dans lequel les paramètres entre le bien et le mal sont souvent flous. Cette confusion des valeurs est démontrée de la manière la plus frappante par l'existence des 49 portes d'impureté côtoient les 49 portes de la sainteté.
C'est comme si le mal, l'impact d'Amalek et de tous ceux qui génèrent le mal, avait infiltré tous les aspects de ce monde.
Il n'y a qu'un seul bastion de bien pur et immaculé, la 50e porte, pour lequel il n'existe pas d'équivalent.

Tel est notre objectif chaque fois que nous nous battons contre Amalek. Plutôt que de l'affronter sur son terrain, quelque part le long des 49 portes où le mal cherche à coexister avec le bien, nous sautons jusqu'à la 50e porte de pureté, dans une zone où Amalek et son idéologie n'ont pas leur place.

Lorsque Moché se bat contre Amalek, il lève la main (cf. Béchala'h 17,11, kaacher yarim Moché yado), tendant la main vers le ciel, jusqu'à ce qu'il atteigne le niveau ultime de pureté, la 50e porte.
Cet objectif élevé a été atteint une fois, lors du don de la Torah. À ce moment-là, le mal s'était totalement dissipé et l'arbre de vie (auquel la Torah est comparée - éts 'haïm), et non l'arbre de la connaissance, constituait la norme, et il n'existait alors que le bien béni.
À Pourim, le moment où le peuple juif a accepté à nouveau la Torah, nous nous permettons de "sauter" de ce monde et de ses 49 portes vers le monde de la bonté parfaite, vers l'Arbre de vie.
[...]
Ainsi, à Pourim, nous "revisitons" (atteignons le niveau spirituel du Sinaï - nous sentons les épices (בשמים lié à בסומי) qui remplissaient l'univers lors du don de la Torah (cf. guémara Shabbath 88b).
Par conséquence, [à Pourim] nous entrons dans un univers raréfié dans lequel nous ne pouvons plus discerner entre Haman et Morde'haï, simplement parce que Haman, et toutes les forces du mal, n'existent pas à côté de la 50e porte, à côté de l'Arbre de Vie.
[Sfat Emet - Pourim 5640]

Pourim – un Yom Tov éternel

+ Pourim - un Yom Tov éternel : (selon le Sfat Emet)

-> Le midrach (Yalkout Michlé 944) note que toutes les fêtes seront abolies (c'est-à-dire qu'elles deviendront insignifiantes par rapport aux miracles associés à l'arrivée de Machia'h) à l'exception de Pourim et, selon une version, de Yom Kippour.
=> Quelle est la nature éternelle de Pourim (et peut-être de Yom Kippour), et en particulier, quel est le parallèle entre Pourim et la Rédemption finale?

-> Alors que toutes les autres fêtes juives célèbrent la libération méritée d'Israël, Pourim est un hommage à son repentir.
Dans l'esprit de : "à l'endroit où se tiennent les baalé téchouva, [même] les totalement justes ne se tiennent pas" (guémara Béra'hot 34b), la fête associée à la téchouva (Yom Kippour) et le jour célébrant la téchouva (Pourim) resteront, tandis que ceux liés aux justes auront été diminués [tellement quelles seront comme si elles étaient abolies en comparaison.
Ce message de Pourim vient nous enseigner que plutôt que de désespérer de nos fautes, on doit se renforcer et avoir confiance qu'en faisant téchouva et en allant de l'avant vers Hachem, alors on atteint par cela un très haut niveau! ].
[Sfat Emet - Pourim 5636]

-> Confronté au décret d'Haman, le peuple juif est sans aucun doute revenu à Hachem, atteignant peut-être même le statut de "tsadikil guémourim, du juif totalement juste. Cependant, une telle téchouva, motivée par la peur d'une mort imminente, n'est rien en comparaison de la phase suivante, le retour à Hachem par pur amour (téchouva méaava), qui a été atteint par le peuple juif lorsqu'il s'est réjoui après le miracle de Pourim. À ce moment-là, en tant que baalé téchouva, ils ont atteint un niveau d'intimité avec Hachem hors de portée même des parfaits justes.

Le statut atteint par nos ancêtres après le miracle de Pourim est mieux décrit dans le verset : "nik'alou véamod al nafchan" ([les juifs] s'étaient rassemblés pour se défendre - נִקְהֲלוּ וְעָמֹד עַל נַפְשָׁם - Esther 9,16).
Les juifs se sont élevés (עָמֹד) à un niveau supérieur (עַל) auquel toute âme (נַפְשָׁם) pourrait jamais aspirer.
[Sfat Emet - cf.Pourim 5646]

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-> Pour comprendre l'association entre Pourim et la rédemption finale, il faut considérer une distinction majeure entre Shabbat et Yom Tov.
Alors que le Shabbath est immuable (sa détermination n'implique pas la participation d'Israël. La date de chaque Shabbath étant fonction du premier Shabbath suivant la Création), le calendrier des fêtes est déterminé par les représentants d'Israël, réunis au sein du Sanhédrin [en fonction de 2 témoins affirmant avoir vus la lune, le mois est déclaré et les fêtes tombent en fonction de cela. Ainsi, par exemple pour Kippour s'il y a une erreur sur terre sur la date du début du mois, et bien au Ciel on devra suivre le jour fixé par le Sanhédrin en bas. ]
Les fêtes sont un véritable hommage au pouvoir d'Israël de maîtriser et de sanctifier le temps, de déterminer lui-même le calendrier des fêtes.
Pendant la période du monde à venir, qui est comparée à un jour entièrement Shabbatique (yom chékoulo Shabbath - Tamid 7,4), un monde qui est au-dessus des contraintes naturelles du temps, nos fêtes perdront une partie de leur signification.
Cependant, le Yom Tov de Pourim, qui n'implique en aucun cas la contribution d'Israël (puisque le miracle de Pourim s'est produit malgré notre manque total de mérite), sera toujours pertinent dans ce monde intemporel.
[Sfat Emet - Pourim5656]

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-> Toutes les autres fêtes juives célèbrent le sommet de la compréhension humaine [rationnelle d'Hachem] (daat Hachem) atteint par le peuple juif. La guémara (Roch Hachana 21b) note que Moché a atteint une compréhension presque totale de la Torah, un niveau comparable à la 49e des 50 portes de la compréhension.
Le peuple juif lui-même, nourri par les 48 prophètes, bien qu'il ne soit pas tout à fait au niveau de Moché, a atteint 48 niveaux de compréhension (cf. Zohar 'Hayé Sarah établissant un parallèle entre les 48 prophètes et les 48 sources de sagesse émanant du gan Eden).

Nous pouvons comprendre pourquoi Israël est limité à 48 niveaux de compréhension en considérant la similitude structurelle entre מ"ח (valeur = 48) et מח (moa'h - le cerveau, l'intelligence).
Le מוח (moa'h), le noyau de l'intellect humain, ne peut saisir que מ"ח (soit 48) niveaux de compréhension d'Hachem.

Cependant, le crâne, qui protège et enveloppe le cerveau, renferme le מוח (moa'h), mais ne possède en lui-même aucune fonction cognitive. [cette limitation de notre compréhension d'Hachem s'appelle : kéter mélou'ha (la couronne d'Hachem). ]

Au moment du miracle de Pourim, toutes les raisons rationnelles de sauver Israël avaient été rejetées.
Le מוח moa'h, l'intellect, le pouvoir de compréhension avaient scellé le destin d'Israël. Mais au-dessus du מוח (le cerveau), dans le domaine qui dépasse l'entendement humain, l'espoir subsistait.
Toutes les 48 portes de compréhension ont conduit à la perte d'Israël, mais la 50e porte, qui dépasse l'entendement humain et n'est connue que d'Hachem, a épargné Israël.
[Haman aussi, sentant la nature unique des juifs par rapport aux paramètres naturels, a érigé une potence de 50 coudées de haut. ]

De ce point de vue, nous pouvons apprécier la permanence de Pourim.
Tous les autres Yamim Tovim célèbrent la libération d'Israël de la souillure de l'Égypte (où nous avons failli sombrer jusqu'à la 50e porte d'impureté), et au final notre croissance spirituelle, culminant avec l'atteinte du plus haut niveau possible de "daat Hachem", de compréhension rationnelle d'Hachem.
Cependant, cette réalisation pâlira en comparaison de notre "daat Hachem" qui sera atteint à l'arrivée de machia'h.

Le Yom Tov de Pourim, rendu possible par un renversement de ce que la rationalité aurait ordonné, émanant de la 50e porte au-delà de la compréhension rationnelle, sera toujours pertinent, même à l'ère messianique, lorsqu'Israël atteindra des niveaux inégalés d'intimité avec Hachem.
Pourim et la Rédemption finale sont des Yamim Tovim qui sont "lémala min adaat", basés sur l'incompréhensible, provenant de zones de proximité et d'intimité avec Hachem que l'esprit rationnel ne pourra jamais atteindre.
[Sfat Emet - Pourim5661]

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-> Alors que toutes les autres fêtes juives impliquent un changement radical de l'ordre du monde, comme les 10 plaies, et sont au-dessus du temps (lémaala min azman), au-dessus des limites naturelles fixées par un monde limité, aucun bouleversement physique de ce type ne s'est produit au cours du miracle de Pourim.
Hachem a plutôt transformé le cœur d'un roi mortel (et de son peuple) d'ennemi en ami.

Alors que la transformation radicale de l'ordre mondial des fêtes pâlira en comparaison des miracles associés à l'arrivée du machia'h (et seront donc comme annulée en comparaison), l'histoire de Pourim - dans laquelle l'opinion de l'humanité sur le peuple juif et sur Hachem a été radicalement transformée, se reproduira à l'époque du machia'h.
De même que le mois d'Adar, à l'époque du miracle de Pourim, a été associé à des changements naturels, de même les temps de machia'h seront une ère dans laquelle Hachem transformera les cœurs et les esprits de l'humanité loin de leurs dieux païenspour appeler en Son Nom.
Tséfania (3,9) décrit cette époque en ces termes : "Car alors je donnerai aux peuples une langue pure, afin que tous puissent invoquer le nom d'Hachem".
Tout comme de nombreux non-juifs se sont convertis à l'époque des miracles de Pourim (cf. Esther 8,17), de même [avec l'arrivée du machia'h] l'humanité affluera vers Hachem.
A Yom Kippour également, l'accent est mis sur le changement. Le verset de Yéchayahou (1,18) décrit la transmutation de nos péchés de : "rougis comme le cramoisi" à un blanc pur "comme la laine", fait le parallèle avec le changement qui s'est produit au moment du miracle de Pourim et qui se produira à l'époque de machia'h.
[...]
Une autre similitude peut être établie entre le miracle de Pourim et les événements entourant l'arrivée de machia'h. Tout comme au moment du miracle de Pourim, nous avons réalisé que tout ce qui s'était produit : la chute de Vachti, l'ascension d'Esther au pouvoir et même le décret d'Haman, était le prélude à la libération, et que même ce qui semblait mauvais était en réalité une bonne chose.
De même, lorsque machia'h arrivera, nous comprendrons que toutes les morts qui se sont produites au cours du long et amer exil étaient toutes des facteurs menant à notre guéoula.
[Sfat Emet - Pourim 5662]

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-> Au mont Sinaï, Israël n'a pas seulement reçu la Torah, mais il a senti que la Torah était son essence, qu'elle faisait intrinsèquement partie de lui.
Comme nous le récitons dans la bénédiction après avoir lu la Torah : "vé'hayé olam nata béto'hénou" (et a implanté la vie éternelle en nous). La vie éternelle, la vie de la Torah, a été implantée parmi nous.
Malheureusement, à cause de la présence d'Amalek, nous avons perdu ce sentiment d'attachement à la Torah (dvekout). Après la chute d'Haman, nous sommes revenus à cet attachement atteint au mont Sinaï.
[Sfat Emet - Pourim 5661]

Les événements de Pourim ont considérablement remonté le moral du peuple juif, lui donnant l'inspiration et la force morale de construire le 2e Temple.
Peut-être qu'un miracle similaire se produira et inspirera Israël avant la Rédemption finale et l'arrivée de machia'h.
Comme le disent nos Sages, Hachem permettra à Israël de vaincre un roi aussi difficile que Haman à cette époque.

[Sfat Emet - Pourim 5634]