Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Shabbat = une délivrance du corps et de l’âme

+ Shabbat = une délivrance du corps et de l'âme :

-> "Les Bné Israël reçurent 10 mitsvot à Mara : les 7 qu'ont acceptées les descendants de Noa'h, plus les lois monétaires, le Shabbat et l'honneur dû aux parents" (Sanhédrin 56b)

Nos Sages nous apprennent que la mitsva de Shabbat fait partie des mitsvot données aux Bné Israël à Mara, avant le Don de la Torah.
=> Pourquoi Shabbat a-t-il été enseigné au peuple juif avant même qu'il ait reçu la Torah?
Pour quelle raison Mara a-t-il été choisi comme l'endroit où les Bné Israël recevraient la mitsva de Shabbat et quel est le lien entre le Shabbat et Mara?

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-> Le Shabbath est lié à la sortie d'Egypte, et le Kidouch appelle le Shabbat "le début des convocations saintes, souvenir de la sortie d'Egypte".
Le Chem miChmouel (Bechala'h 5674) écrit : "Le Shabbat est un rappel de la sortie d'Egypte et doit certainement contenir certains éléments spirituels relatifs à la sortie d'Egypte. De même que la libération d'Egypte était à 2 niveaux, dans l'âme et dans l'intellect, le Shabbat doit aussi amener un certain degré de rédemption à l'âme et à l'intellect. Telle est la signification de zakhor et chamor : l'un se rapporte à l'intellect et l'autre à l'âme."

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
De même que les juifs ont connu une libération physique de l'esclavage par la sortie d'Egypte, le Shabbat aussi apporte un élément de rédemption physique.
Le Shabbat, nous avons la capacité de nous libérer, même physiquement, des chaines qui nous attachent au matérialisme pendant la semaine shabbat; nous pouvons nous libérer de l'asservissement à nos désirs physiques et aux traits de caractère qui manquent de raffinement. Tout cela est inclus dans l'affirmation : Shabbat est "un rappel de la sortie d'Egypte".

De plus, il semble que les 2 aspects de l'observance de Shabbat, zakhor et chamor ; correspondent à chacun des 2 aspects de la rédemption qu'apporte le Shabbat.
- Dans le verset «"zakhor èt yom haShabbat lekadécho" (Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier), la Torah nous enseigne le commandement positif de se souvenir du Shabbat et de le sanctifier. Ce précepte est lié à la rédemption de l'âme : en ressentant la sainteté de Shabbat, l'âme s'élève, "se libère" de son yétser ara et devient une nouvelle création.
- A l'inverse, "chamor èt yom haShabbat lékadécho" (Garde le jour du Shabbat pour le sanctifier) désigne la mitsva de s'abstenir de tout travail interdit le Shabbat, ce qui représente la rédemption du corps.

Lorsque les Bné Israël quittèrent l'Egypte, la rédemption toucha à la fois leur corps et leur âme. En Egypte, ils s'étaient enlisés dans l'impureté de l'idolâtrie, mais la sortie d'Egypte les éleva au statut de peuple élu et saint de D.
Observer les 2 aspects du Shabbat peut amener la même rédemption et transformer l'homme en un être nouveau, doté d'une âme infiniment plus sainte et plus élevée.

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-> Cette approche explique aussi pourquoi la mitsva de Shabbat dut donnée au peuple juif à Mara. A leur libération d'Egypte, les Bné Israël vécurent une guéoula complète : ils échappèrent à l'esclavage physique d'Egypte et à l'asservissement au yétser ara et aux mauvaises voies apprises en Egypte.
Cependant, arrivés à Mara, les Bné Israël se plaignirent à Moché (Béchala'h 15,24) et mirent D. à l'épreuve (guémara Arakhin 15a).
Leurs actes érodèrent la rédemption spirituelle qu'ils avaient connue et leur fit perdre le niveau qu'ils avaient atteint à leur sortie d'Egypte.

Comme nous l'avons vu, le Shabbat étant un "souvenir de la sortie d'Egypte", les Bné Israël reçurent à Mara l'ordre de respecter le Shabbat parce que la mitsva de Shabbat a la capacité de ramener la libération spirituelle qu'ils avaient connue en quittant l'Egypte. Cette mitsva leur fut donnée pour qu'ils puissent retrouver le niveau spirituel perdu quand ils fautèrent à Mara.

Selon le Maharal (Gour Ariyé), seuls les commandements positifs de Shabbat durent transmis au peuple juif à Mara, alors que les actes interdits le Shabbat ne leur furent enseignés que plus tard, au don de la Torah.
On peut le comprendre ainsi : à Mara, le peuple juif n'avait pas besoin de rédemption physique; la guéoula physique qu'ils avaient connue à leur sortie d'Egypte n'avait été gâchée d'aucune façon. Dans le désert, ils n'avaient pas à faire face au besoin de gagner leur. Libérés de la nécessité de travailler, Hachem leur procurait tout ce dont ils avaient besoin.
Il n'était donc pas nécessaire qu'ils reçoivent les commandements négatifs du Shabbat. C'est leur âme qui avait besoin d'un certain degré de "rédemption". Ils reçurent donc les commandements positifs de Shabbat, qui ont la capacité d'élever l'âme et de la libérer de l'asservissement au mauvais penchant.
[Bien que la mitsva de chamor soit énoncée de façon positive, elle est classifiée comme un commandement négatif, ainsi que l'explique Ramban (Yitro 20,8) : "Car zakhor est un commandement positif, dans lequel il nous est ordonné de nous souvenir du Shabbat pour le sanctifier et de ne pas l'oublier. Chamor est un commandement négatif, car partout où la Torah emploie les mots "hichamèr pèn", ou "hichamèr al", il s'agit toujours d'un commandement négatif (guémara Erouvin 96a). ]

=> Il en résulte qu'observer les lois de Shabbat élève l'homme, le libère du mauvais penchant, affranchit son corps, son esprit et son âme et le recrée en tant qu'homme nouveau.
La sortie d'Egypte n'est pas simplement un événement historique du passé, mais un phénomène qui se reproduit chaque Shabbat, rendant le juif capable de connaitre un nouveau niveau de la rédemption de l'âme.

4 descentes en Egypte en préparation des 4 exils des juifs

+ Les différentes descentes en Egypte des enfants de Yaakov :

=> Nombre de descentes en Eypgte :
-> Les enfants de Yaakov sont descendus 4 fois en Egypte. S’appuyant sur l’enseignement de nos Sages : "Les actions des pères sont un signe pour les enfants" (guémara Sota 34a), l’Admour de Belz explique que les Chevatim (tribs les fils de Yaakov) effectuèrent ainsi une préparation aux 4 Exils à venir : Babel (Babylone), Madaï (Perse), Yavan (Grèce) et Édom (Rome), selon l’enseignement (midrach Vayikra rabba 13) : "Tous les Empires (des 4 exils) s’appellent Mitsraïm (Egypte) car ils ont martyrisé (Métsirine) les juifs".
[on peut noter que les 4 remontées d’Egypte préfigurèrent les 4 délivrances du joug de ces Empires : la 4e remontée (la Sortie d’Egypte), ne concerna pas les fils de Yaakov mais leurs descendants, faisant ainsi allusion à la longue durée du dernier exil].

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=> Correspondance entre les 4 descentes en Egypte des enfants de Yaakov et les 4 Exils.

- La 1ere descente en Egypte fut celle pour aller chercher de la nourriture en raison de la famine qui sévissait dans le monde. Il est dit à ce propos : "II (Yaakov) dit (à ses fils) : "J’ai ouï dire qu’il y avait vente de blé en Égypte. Allez-y, achetez-y du blé pour nous et nous resterons en vie au lieu de mourir".
Les frères de Yossef descendirent à 10, pour acheter du grain [de blé] en Égypte" (Mikets 42,3). Le mot שֶׁברֶ (Chéver - blé) signifie "casser" ; ainsi, le Ohev Israël nous enseigne que la raison profonde de la demande de Yaakov à ses fils de descendre en Egypte, était de "briser" les Klipot (écorces du Mal) retenant les "étincelles de sainteté" dissimulées dans le blé qu’avait accumulé Yossef durant les années d’abondance.
Outre le châtiment, le travail de tri des "étincelles" est la raison principale de l’exil, dont le premier (et prévu dernier s’ils avaient été méritants) fut celui de Babel.

- La 2e descente en Egypte coïncide avec celle de Binyamin : "Ces hommes (les 10 fils de Yaakov) se chargèrent du présent ... et emmenèrent Binyamin. Ils se mirent en route, descendirent en Égypte et se présentèrent devant Yossef" (Mikets 43,15).
Cette descente fait allusion à l'exil de Perse dont le libérateur du décret d’extermination d’Haman fut Mordé'haï, un descendant de Binyamin (en raison du fait qu’il fut le seul à ne pas s’être prosterné devant Essav, l’ancêtre d’Haman, au retour de Yaakov de chez Lavan, car il n’était pas encore né).
Ainsi, la guémara (Méguila 16a) voit dans le verset (Mikets 45,22) : "A tous il (Yossef) donna à chacun des vêtements de rechange, mais à Binyamin il donna… cinq changements de vêtements", "une allusion au fait qu’un
descendant issu de lui (il s’agit de Mordé'haï) sortirait de devant le roi vêtu de 5 vêtements royaux".

- La 3e descente des fils de Yaakov en Egypte marqua l’installation du Patriarche et sa famille à Gochène, cette province d’Egypte octroyée par le Pharaon à Sarah Iménou (et plus tard à la famille de Yaakov).
Ainsi, il est dit : "Yaakov envoya Yéhouda en avant, vers Yossef, pour qu’il lui préparât l’entrée de Gochène (Gochna - גשְֹּׁנהָ)" et Rachi de commenter : "Pour préparer les lieux et montrer comment s’y installer".
Elle caractérise l’exil de Grèce dont la délivrance est célébrée au travers de la fête de ‘Hanoucca.
Ainsi, avons-nous la coutume de jouer à la toupie à ‘Hanouka ; celle-ci est ornée des quatre lettres du mot גשְֹּׁנהָ (Gochena), constituant les initiales de la phrase : "נס גדול היה שם" (ness gadol haya cham - Un grand miracle a eu lieu là-bas).
[on peut noter que le Bné Yissa'har enseigne que ces 4 lettres nous rappellent les 4 royaumes qui tentèrent d’annihiler le peuple d’Israël, mais qui seront finalement vaincus par le Machia’h (משיח) dont la valeur numérique (358) est celle du mot גשְֹּׁנהָ (Gochena).]

- La 4e et dernière descente en Egypte fut celle du retour de l’enterrement de Yaakov dans la caverne de Makhpela : "Yossef, après avoir enseveli son père, retourna en Égypte avec ses frères" (Vayé'hi 50,14).
[ce dernier séjour en terre d’Exil prendra fin avec la Sortie miraculeuse d’Egypte, archétype de la Délivrance finale, comme il est dit : "Comme aux jours de ta Sortie de la terre d’Égypte, Je lui ferai voir des merveilles" (Mikha 7,15)].
Cette dernière descente symbolise donc le dernier exil, le plus long et le plus douloureux, à l’image de l’effet de la disparition de Yaakov, "quand les yeux et le coeur des juifs se sont fermés en raison de la souffrance de l’asservissement" (voir Rachi sur Vayé'hi 47,28).

"Et voici la postérité d’Its’hak, fils d’Avraham: Avraham engendra Its’hak" (Toldot 25,19).

=> Comment comprendre la redondance dans ce verset : "Its’hak, fils d’Avraham : Avraham engendra Its’hak"?

On peut rapporter les explications suivantes :

1°/ Rachi commente : "Les moqueurs de la génération disaient que c’est d’Avimèlekh (roi de Guérar – voir Vayéra 20) que Sarah était devenue enceinte, puisqu’elle était demeurée si longtemps avec Avraham sans avoir eu d’enfants. Qu’a fait Hachem? Il a modelé le visage d’Its’hak à la ressemblance de celui d’Avraham, et tout le monde a pu ainsi témoigner que celui-ci était bien son père.
C’est la raison pour laquelle il est écrit ici : ’Its’hak, fils d’Avraham’, étant donné qu’il était désormais prouvé que ‘Avraham a engendré Its’hak’."

2°/ Le midrach (Tan’houma Toldot 4) commente :"Its’hak fut couronné en Avraham, et Avraham fut couronné en Its’hak".
Chacun faisait la fierté de l’autre.
[de plus cela atteste de l'humilité de chacun d'eux. Its'hak attribuait ses mérites au fait qu'il était le fils d'Avraham, et Avraham tirait tout son mérite par le fait d'avoir un fils comme Its'hak.]

On peut rapporter les explications suivantes du Ohr ha'Haïm haKadoch :
-> "Avraham a donné naissance à Its'hak" = cela veut dire qu'Avraham a fait rentrer en son fils le pouvoir d'enfanter, et cela grâce à la Akédat d'Its'hak.
[Le Arizal dit que quand les anges annoncèrent la naissance d'Its'hak, ils dirent : "Il y aura un fils à Sarah ta femme". Ils attribuèrent le fils à Sarah et non à Avraham. Cela signifie qu'Its'hak aura une âme d'une dimension féminine, à l'image de sa mère. Et avec une telle âme, il ne pourra pas avoir d'enfants.
Nos Sages disent que quand Avraham s'apprêta à sacrifier Its'hak, l'âme de ce dernier quitta son corps. Et alors, Hachem lui restitua une autre âme, cette fois-ci d'une dimension masculine, qui pourra désormais enfanter. Dès lors, Its'hak, doté d'une âme d'une dimension masculine, peut être attribué à Avraham, son père.
Il est devenu ''fils pour Avraham'', et plus seulement ''pour Sarah''. Et puisqu'à présent il pourra enfanter, il est donc arrivé le moment qu'il se marie.]

-> Nos sages (guémara Yévamot 64) ont enseigné qu'on ne peut pas comparer la valeur de la prière d'un tsadik qui est le fils d'un tsadik et celle d'un tsadik fils de racha [effectivement, Its'hak priait de son côté pour avoir des enfants et Rivka de son côté. La Torah témoigne et nous dit que D. a répondu à Its'hak par le mérite d'Avraham].
Donc on apprend de là que par le fait qu'Its'hak avait un père tsadik, alors D. a écouté sa prière et lui a donné des enfants ; donc par le mérite d'Avraham, Its'hak a donné naissance.

-> Nos sages (midrach Béréchit Rabat 63,2) disent que par le mérite de Yaakov, alors Avraham a été sauvé de la fournaise [du fait que Yaakov devait descendre d'Avraham, alors D. a sauvé Avraham du feu avec l'épisode de Nimrod afin de pouvoir donner naissance à Yaakov], car si ce n'est grâce au mérite de Yaakov qui est le descendant d'Its'hak, alors Avraham aurait été brûlé avant de pouvoir donner naissance à Its'hak.

-> Le fait que les épreuves qu'aurait traversé Its'hak ne sont pas connues [ne sont pas contées dans la Torah] et que l'ampleur de sa tsidkout [son integrite] n'était pas connue, c'est la raison pour laquelle la Torah vient nous dire "voici les descendants d'Its'hak fils d'Avraham" comme pour dire, regarde celui qui a donné naissance à Its'hak et celui qui est descendu de lui est comme lui-même.
Cela veut dire que tout comme Avraham était connu pour son intégrité par rapport à toutes les épreuves qu'il a traversées; de la même manière, Its'hak était aussi grand que son père.

-> Le Ohr ha’Haïm explique qu'Avraham s'est battu toute sa vie pour reconnaitre Hachem, pour convertir et faire le bien autour de lui (la tsédaka, l'hospitalité, ...).
Et ce, alors que lui-même a vécu dans un environnement extrêmement malsain et négatif. En effet, son père Téra'h était un très grand idolâtre. Aussi, pour arriver au niveau spirituel qu'il a atteint, Avraham a dû se battre sans fin pour devenir "notre" saint patriarche Avraham.
A contrario, Its'hak a grandi dans la maison d'Avraham, une maison pure et spirituelle. Il s'est développé au sein d'un environnement acquis où son père Avraham l'éduqua et le forma à devenir un serviteur d'Hachem.
Le Ohr ha'Haïm explique que c'est pour cette raison que le verset insiste sur le fait que c'est bien Avraham qui a engendré Ist'hak, "engendrer" au sens spirituel du terme. C'est Avraham qui a façonné son fils, en le faisant devenir, lui aussi, un patriarche d'exception. En le protégeant au maximum du monde extérieur que lui-même avait réussi à surmonter dans sa jeunesse pour devenir un homme exceptionnel.

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3°/ Il est connu qu’Avraham symbolise le Service divin bâti sur l’amour et la bonté, tandis qu'Its'hak est l’exemple de la crainte et de la rigueur.
Le Tséma’h Tsédek (dans son Ohr haTorah) explique que chacun de ces pôles du Service divin a 2 niveaux. Il y a la "crainte inférieure", qui est l’adhésion par crainte du châtiment qu’encourt le péché, ou tout mal résultant du péché.
Tandis que la "crainte supérieure" est un sentiment de respect profond et d’annulation devant la Majesté de D.
L’"amour inférieur" est un attachement à D. motivé par la récompense, qu’elle soit matérielle ou spirituelle. Alors que l’"amour supérieur" est étranger à tout désir de profit personnel ; c’est simplement un attachement à D. par amour pour Lui.

Le verset, dans son apparente répétition, nous enseigne le chemin approprié qui conduit à l’attachement indéfectible avec Hachem. Ainsi, l’ordre des noms dans notre verset (Its’hak, Avraham, Avraham, Its’hak) nous indique que le Service divin commence avec la crainte inférieure (Its’hak), monte vers l’amour inférieur (Avraham), puis vers l’amour supérieur (Avraham), pour enfin atteindre son point culminant avec la crainte supérieure (Its’hak).

4°/ Le Zohar explique qu’Avraham représente symboliquement l’âme tandis que Sarah représente le corps. Its’hak, dont le nom signifie "rire" (ts’hok), représente les plaisirs que connaîtra l’âme dans le Monde futur.
Traduit ainsi, le verset énonce : "Le plaisir sera la récompense de l’âme" ("Its’hak, fils d’Avraham") dans le monde futur, si "l’âme engendre des plaisirs à D." ("Avraham engendra Its’hak") par son Service divin ici-bas.

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=> Quel est donc le rapport entre ces 4 explications précédentes?

-> Selon le Zohar, l’amour et la crainte de D. sont appelés les "ailes" du Service divin, car ils permettent à l’homme se s’élever dans les hauteurs de la sainteté. Si son Service divin est pur et désintéressé, l’élévation procurée peut potentiellement lui permettre de transcender les limitations de la loi naturelle, non seulement dans les choses spirituelles, mais aussi dans les choses matérielles.

Ainsi en fut-il pour Avraham Avinou. Selon les seules règles de la nature, Avraham n’aurait pas pu avoir d’enfant. Lui et sa femme étaient âgés et stériles. Avraham n’aurait pas été "couronné" en Its’hak, car ce dernier en réalité paracheva et compléta le Service de son père, apportant un élément qui manquait à Avraham même.
Cependant, avant d’avoir Its’hak, Avraham avait déjà eu une "progéniture" spirituelle, car "la progéniture des justes, ce sont leurs bonnes actions" (voir Rachi - Noa'h 6,9) ; mais la naissance d’Its’hak prouva que même dans le domaine physique, des événements miraculeux l’accompagnaient, réfutant ainsi les "moqueurs de la génération".

L’élévation procurée par les "ailes" du Service divin résulte des efforts accomplis par un juif en ce monde pour permettre à son âme de surmonter les limites de l’existence terrestre. Aussi, lui vaudra-t-elle d’être récompensé par les délices spirituels de la vie future.
[basé en partie sur un dvat Torah du Collel de Sarcelles - 5783]

"Voici les années la vie de Sarah" ('Hayé Sarah 23,1) = un homme qualifié de "vivant" est un homme qui ne s'inquiète d'aucune situation et est heureux en toute circonstance!" [grâce à sa confiance en Hachem]
C'est à ce propos que la Torah dit : "Et tu choisiras la vie" (Nitsavim 30,19).
[Beit Avraham - 'Hayé Sarah]

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-> b'h, issu du divré Torah : J'ai confiance, donc je vis! : https://todahm.com/2022/11/24/37949

Il n'y a pas de plus grande joie que la révélation de l'âme, pas de plus grand bonheur que le triomphe de la spiritualité sur le monde matériel.
[Sfat Emet - 5660]

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-> Le Sfat Emet y illustre cela :
le midrach (Yalkout Chimoni 725) interprète : "le jour de ta joie" (béyom sim'hatkhem - ביום שמחתכם - Béaaloté'ha 10,10) comme une allusion au Shabbath.
Avec l'arrivée de notre âme supplémentaire, nous recevons un ajout de spiritualité, et par conséquent nous avons une augmentation de notre joie [au point où Shabbath est appelé : "le jour de ta joie"].

-> Ailleurs, le Sfat Emet (5657) prend l'exemple de la fête de Souccot qui est appelée : "zman sim'haténou" (le temps de notre joie).
Il écrit :
Chaque juif a une mission spéciale dans la vie et reçoit des capacités uniques pour lui permettre de remplir cette mission. Il est doté d'une âme (néchama) pour l'aider à atteindre ses objectifs spirituels.
Ainsi, nous avons tous un grand potentiel de grandeur, et pourtant nous sommes souvent loin de réaliser notre potentiel. Cet échec est causé par la faute, qui souille notre âme et érode sa capacité de croissance spirituelle. Chaque fois qu'un juif faute, une partie de son âme est affaiblie.
Chaque année à Yom Kippour, le juif retourne à Hachem. Puis à Souccot, Hachem rend au juif son âme rejetée par la faute ...
A Souccot, le juif sensible sent que son âme, sa capacité de croissance spirituelle, est redevenue la sienne [toute pure et éclatante].

[selon le Sfat Emet, Hachem nous dit : "Revenez à Moi [c'est Yom Kippour] et Je reviendrai à vous [c'est Souccot]" (Mala'hi 3,7).
(ainsi, Souccot est un "moment de notre joie" car suite à notre téchouva nous recevons toute la spiritualité et la présence d'Hachem que nos fautes ont pu réduire, et cela provoque de la joie authentique!) ]

"Parmi les juifs, il n'y a pas de force unificatrice plus grande que la Torah.
Malgré toutes les différences, les juifs partagent tous un héritage commun, la Torah.
Chaque juif, même le moins sachant [en Torah], a une part dans la Torah ... un aspect de la Torah dans lequel il excelle ...

Le plus la Torah est étudiée, le plus l'unité l'emporte. "
[Sfat Emet - 5651]

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-> A Sim'hat Torah, nous célébrons l'unité parmi les juifs. Alors que nous terminons la Torah, nous nous rappelons que le véritable but de l'étude de la Torah est de créer une communauté juive unie ...
En fêtant notre finalisation de la Torah, nous faisons allusion que l'effet final de l'étude de la Torah sur les juifs est de parvenir à l'émergence d'une nation unie par la Torah.
[Sfat Emet - 5654]

La sainteté des actes préparatifs au Shabbath

+++ La sainteté des actes préparatifs au Shabbath :

+ "Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" (Yitro 20,7)

-> Le Ramban explique ce commandement ainsi :
"Après nous avoir ordonné de croire en le Nom unique de D. ... Il nous a ordonné de faire un signe et un souvenir permanent montrant qu'Il a tout créé. Ce [signe] est la mitsva de Shabbat.
A un niveau simple, il est dit que c'est une mitsva de nous souvenir du Shabbat chaque jour afin que nous ne l'oublions pas ou ne le confondions pas avec les autres jours, car, en nous souvenant de lui constamment, nous nous souviendrons sans cesse de la création du monde et reconnaitrons en permanence que le monde a un Créateur."

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-> "Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier" (zakhor léyom haShabbath lékadécho)

-> Rachi commente : le mot zakhor signifie : Appliquez-vous à vous souvenir toujours du jour du Shabbath, de telle manière que s’il vous advient un bel objet, vous le mettrez de côté pour Shabbath.

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) explique :
Selon Rachi, il semble que le mot "lékadécho" (pour sanctifier le Shabbat) évoque le but de ce précepte. Nous devons "nous souvenir" de Shabbat pendant la semaine afin de le "sanctifier" et de l'honorer. En réservant des aliments de choix pour le Shabbat, nous montrons que le Shabbat est un jour saint au statut et au sens particuliers.
[l'univers physique tout entier devait être créé avant le Shabbath ; car sans l'existence d'un monde physique, Shabbath n'aurait rien eu à élever et à sanctifier. ]
[...]
Lorsqu'un homme fait de la préparation de tous ses besoins physiques un acte de préparation au Shabbat, il démontre qu'il accomplit ses activités physiques dans le but de créer de la sainteté.
Il élève ainsi ces activités et les imprègne de sainteté.
Lorsque les pensées d'un homme sont constamment dirigées vers la sainteté du Shabbat, il introduit la force spirituelle du Shabbat dans le reste des jours de la semaine. Il peut ainsi réaliser l'essence même du Shabbat, son statut en tant que but de toute la création, même pendant la semaine.

Le Maor vaChémèch (Vayélé'h 35,1) dit que la sainteté du Shabbat repose sur la personne pendant qu'elle prépare le Shabbat.
Superficiellement, cela semble difficile à comprendre, car ces préparations ne semblent être pas plus qu'un acte constituant une condition préalable à la mitsva sans signification intrinsèque (un hekhchèr mitsva). Pourquoi la sainteté de Shabbat serait-elle présente quand un acte profane est accompli?
D'après nos propos, la réponse est très claire. Le but de Shabbat est de sanctifier le monde physique. Telle est l'essence du Shabbat, et c'est ce qui fait du Shabbat "le but de la création du ciel et de la terre".
Les préparatifs matériels du Shabbat représentent la réalisation de ce but, car ils sont empreints de sainteté du fait de leur but. Il est tout à fait logique qu'eux aussi s'imprègnent de la sainteté du Shabbat.

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-> "Za'hor ét yom haShabbath lékadécho" (Pense au jour du Shabbath pour le sanctifier - Yitro 20,7).
Selon le Baal haTourim, les 5 mots de ce verset suggère que l'observation du Shabbath est équivalente aux 5 livres de la Torah.

-> "souvenez-vous du jour de chabbat pour le sanctifier" = cela peut être compris en conjonction avec les actions de Shamaï. Si Shamaï rencontrait un animal supérieur à tout moment de la semaine, il dirait que cela devrait être mis de côté pour Shabbat. S’il rencontrait plus tard un meilleur animal, il désignait alors celui-ci plutôt pour chabbat (guémara Bétsa 16a ; voir Michna Broura 250:2).
=> Ainsi, לקדשו (lékadécho - pour le sanctifier) est une contraction de לקדש ו (lékadéch vav) = pour sanctifier Shabbat avec les 6 jours de la semaine, car ו a une guématria de 6.

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-> "Elazar, fils de 'Hanania, fils de Hizkiya, fils de 'Hanania, fils de Garon, dit : 'Souviens-toi du jour du Shabbat pour le sanctifier' [signifie que] tu dois t'en souvenir depuis le premier jour de la semaine : si tu trouves un aliment de choix, tu dois le préparer pour Shabbat.
Rabbi Its'hak dit : il ne faut pas compter [les jours de la semaine] comme les autres comptent, mais compter d'après le Shabbat."
[Mékhilta - Yitro - Massèkhta déBa'hodèch ch.7].

-> Selon la guémara (Beitsa 16a) :
"On dit que Chamaï l'Ancien a mangé toute sa vie en l'honneur du Shabbat. S'il trouvait un animal de choix, il disait : 'C'est pour Shabbat'. S'il en trouvait ensuite un meilleur, il mettait le deuxième de côté et mangeait le premier [qui avait été réservé pour Shabbat]".
Rachi (Beitsa 16a) explique : "Ainsi, il mangeait [le premier] afin de pouvoir manger le meilleur le Shabbat, et de ce fait, la consommation du premier était [considérée] en l'honneur du Shabbat".

D'après ce qu'on a vu précédemment, une autre explication est possible de cette guémara : comme Chamaï l'Ancien réservait chaque mets de choix pour Shabbat, et allait jusqu'à mettre de côté toute chose qu'il considérait meilleure que celle qu'il avait déjà réservée, il sanctifiait chaque consommation d'aliments même pendant la semaine. Sa conduite montrait que toutes ses activités étaient guidées par des considérations spirituelles dans le but d'atteindre la sainteté.

Le juif d'aujourd'hui survit non seulement grâce au mérite de sa propre prière, mais aussi grâce aux prières des générations précédentes pour notre bien-être spirituel ...
Chaque génération reçoit du passé : nous sommes nourris par l'héritage de nos ancêtres et nous tirons notre force de nos parents, et à notre tour nous laissons un héritage pour le futur.
[Sfat Emet - 5665]

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[nos prières sont faites au pluriel afin de s'inclure parmi tous les juifs vivants actuellement (la collectivité d'Israël), mais d'une certaine façon nous y incluons également tous les juifs à venir. Il y a une réelle relation entre les générations : chacune bénéficiant de celles passées!
Chaque prière que nous faisant à forcément un impact (que ce soit sur un juif actuellement quelque part dans le monde, ou bien qui va naître ultérieurement). Par exemple, si j'ai davantage d'envie de spiritualité, que j'ai eu une réfoua chéléma, ... c'est peut-être grâce à un juif "ordinaire" qui a prié pour cela il y a des centaines d'année.
De plus, on remarque que les prières permettent d'unir les juifs entre eux, au travers toutes les générations.
Le peuple juif est à tout moment, considéré comme une seule entité (kol Israël arévim ét zé lazé - guémara Shvouot 39a). Ainsi, après notre mort on nous montrera toutes les prières qu'on aurait pu faire et qu'on n'a pas faites, et tout le bien qui à cause de cela n'a pas été fait pour les juifs à travers les générations (ex: tel juif aurait pu faire téchouva grâce à ma prière, et lui et sa descendance vivre selon la Torah générant à leur tour plein de positivités spirituelles). C'est cela les vraies souffrances du monde à Venir : prendre conscience des conséquences du fait de n'avoir pas exploité nos potentialités comme il le fallait (libre arbitre oblige). ]

+ Avant de lire les Pirké Avot, nous avons l'habitude de lire : "kol Israël yéch lahem 'hélék laolam aba" ( = tout Israël a une part dans le monde à venir - michna Sanhédrin 10,1).
Cette michna emploie le présent "a" plutôt que le futur "aura". Cela suggère que les 2 mondes peuvent converger.
Dans la mesure où un juif mène une vie centrée sur la Torah, il peut profiter des trésors spirituels du monde à Venir même dans ce monde.
Par la Torah, un juif peut transformer chaque jour de sa vie en une expérience bénie et pleine de sens.
[Sfat Emet - 5632 ; 5660]

"Et la Terre n'était que chaos et les ténèbres régnaient sur l'abîme ... D. dit que la lumière soit et la lumière fut" (Béréchit 1,2-3)

-> Rabbi Mordé'haï de Lekhvitch expliquait ainsi ce verset :
lorsque l'homme se trouve dans les ténèbres et qu'il ne perçoit aucune lueur d'espoir, il dira : Hachem que la lumière soit, éclaire-moi de Ta lumière!
Et D. répondra alors à ses suppliques : "Et la lumière fut", et les jours de lumière reviendront alors éclairer son existence.

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Il est inutile de préciser en quoi cela nous concerne : chaque homme dans sa vie traverse maintes circonstances où il a l'impression que son monde est plongé dans les ténèbres. Il se désespère alors en pensant qu'à cause de ses fautes, son avenir est définitivement voué à l'échec. Il se lamente en s'imaginant que sa vie est anéantie.
Qu'il sache alors que ''tel est l'ordre naturel du monde" et qu'il s’arme de patience en ayant confiance en Hachem, car l'aube est sur le point d'éclairer à nouveau son existence.

Le problème est que le yétser ara tente de nous rappeler sans cesse les mauvais souvenirs : "Souviens toi ce que tu as fait. Et surtout n'oublie pas que déjà plusieurs fois, tu as commencé à bien faire et tu as abandonné à chaque fois en cours de route. A quoi cela t'avancera-t-il de recommencer encore une fois?"

L'attitude à adopter face à l'agresseur est avant tout de ne pas regarder en arrière, de ne pas s'appesantir sur ses échecs. La Torah débute par la lettre "bét" (ב) du mot Béréchit et non par la lettre "aléph", la première lettre de l'alphabet, pour nous enseigner que lorsque nous commençons à servir Hachem et à étudier Ses préceptes, il faut imiter la lettre "bét" (ב) qui est fermée de tous les côtés hormis à l'avant et ne regarder que vers l'avenir et non vers les fautes et les échecs passés.
La lettre "bét" (ב) possède en outre une petite excroissance en arrière évoquant la nécessité de ne pas reléguer ces revers entièrement aux oubliettes, mais de les utiliser pour se préserver à l'avenir.
Cette attitude devra toutefois être modérée à l'instar de la taille minuscule de cette excroissance.

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-> Le Sforno (Béréchit 6,7) explique que lorsque Hachem repoussa l'offrande de Caïn, Il lui dit : "Pourquoi ton visage est-il abattu, si tu t'améliores, tu y arriveras" voulant lui signifier que lorsqu'il existe une réparation possible au dommage provoqué, il n'y a pas lieu de se lamenter sur ce qui s'est passé. Mais il faut s'efforcer au contraire d'être tourné vers l'avenir afin d'obtenir cette réparation.