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Heureux sont les tsadikim et malheureux sont les réchaïm dans toutes les situations

+ Heureux sont les tsadikim et malheureux sont les réchaïm dans toutes les situations :

-> Rav Na'hman fils de Rav 'Hisda a fait ce commentaire :
Comment comprendre ce verset : "Il est un fait troublant qui se produit sur Terre : il y a des Justes (tsadikim) qui sont traités comme s'ils agissaient à la manière des impies (réchaïm), et il y a des réchaïm qui sont traités comme s'ils agissaient à la manière des tsadikim" (Kohélet 8,14)?
Il faut comprendre ainsi : Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci ce que recevront les réchaïm dans le monde futur ; malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci ce que recevront les tsadikim dans le monde futur.
Rava objecte : Quel mal y a-t-il à ce que les tsadikim jouissent des 2 mondes? Donc, Rava comprend ainsi (le verset cité) : Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci les mêmes bienfaits que ceux dispensés aux réchaïm dans ce monde-ci ; malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci le mal qui arrive aux tsadikim dans ce monde-ci.
Rav Pappa et Rav Houna fils de Rav Yéhochou'a sont venus étudier auprès de Rava. Ce dernier leur dit : Avez-vous étudié en profondeur tel et tel traité (de "guémara")? Ils répondirent : Oui. Rava ajouta : êtes-vous un peu riches (pour étudier sans soucis) ? Ils répondirent : Oui, nous avons acheté un petit lopin de terre (dont nous tirons notre subsistance).
Rava s'exclama : Heureux les tsadikim qui obtiennent ici-bas ce qu'obtiennent les réchaïm ici-bas.
[guémara Horayot 10b]

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=> Comment Rav Na'hman a-t-il interprété le verset (Kohélet 8,14)?

-> Rachi commente :
Voici comment Rav Na'hman fils de Rav 'Hisda explique le début du verset de Kohélet cité : Heureux les tsadikim qui subissent des souffrances dans ce monde-ci (olam azé) de la même manière que les réchaïm souffriront dans le monde futur ('Olam Haba), car ces tsadikim expient ainsi ici-bas leurs fautes peu nombreuses, afin de recevoir la totalité de leur récompense dans le monde à venir.
Rav Na'hman explique ainsi la fin du verset : Malheur aux réchaïm qui reçoivent des bienfaits ici-bas de la même manière que les tsadikim recevront dans le futur de nombreux bienfaits dans le monde à venir, car ces réchaïm profiteront ici-bas seulement des fruits de leurs rares bonnes actions et n'auront rien dans le monde à venir.
Ce verset : "Mais qui paie ceux qui Le haïssent, à leur face, en les faisant périr" (Vaét'hanan 7,10 confirme ce comportement d'Hachem dans le domaine des récompenses et des sanctions.

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-> Ne vous tourmentez pas pour les difficultés de vos épreuves dans ce monde, car tout est vanité ici-bas ; de même vous les réchaïm ne vous réjouissez pas de votre tranquillité dans ce monde car tout est vanité ici-bas.
[Rif - EinYaakov]

-> Dans ce monde-ci, aussi bien les bienfaits dont bénéficient les réchaïm que les maux que subissent les tsadikim sont sans grande importance. Même le bonheur des tsadikim quand la vie leur réussit dans ce monde et même les sanctions des réchaïm dans ce monde sont vanité, car ce monde-ci est passager [si éphémère], et l'essentiel c'est le olam aba [éternel].
[Ets Yossef]

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=> Qu'est-ce qui a incité Rava à donner au verset Kohélet (8,14) une interprétation nouvelle, opposée à celle de Rav Na'hman?

-> Selon le Rif (Ein Yaakov), voici l'intention de Rava dans son interprétation :
- Même lorsque les tsadikim bénéficient d'une vie paisible dans ce monde, Hachem ne diminuera pas la grande récompense qui les attend dans le monde à venir, car le profit dans ce monde-ci est vanité et n'est pas considéré comme une récompense ; c'est pourquoi Rava dit : "Heureux les tsadikim".
- De même, lorsque les impies reçoivent des épreuves dans ce monde-ci, Hachem ne diminuera pas les sanctions qui les attendent dans le monde à venir, car les sanctions dans ce monde-ci sont hvanité et ne sont pas considérées comme de véritables sanctions par rapport à celles du monde à venir.

-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot) explique :
Selon la guémara (Béra'hot 61b), le monde à venir n'a été créé que pour les tsadikim et ce monde-ci n'a été créé que pour les réchaïm.
Ainsi, un même homme ne bénéficie pas en général des 2 mondes. C'est pourquoi, s'il arrive qu'un tsadik soit favorisé dans ce monde-ci où il ne devait pas avoir de part, Rava dit de lui : "Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci les bienfaits dispensés aux réchaïm dans ce monde".
De même, s'il arrive qu'un racha ne soit pas favorisé dans ce monde (olam azé) qui a été créé pour lui, Rava dira de lui : "Malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci les maux qui frappent habituellement les tsadikim dans ce monde-ci", car ils auraient alors perdu les 2 mondes.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Pourquoi Rava dit-il : "Malheur aux réchaïm qui sont frappés d'épreuves et souffrances dans ce monde ci? Au contraire, c'est un bienfait pour eux, car ces souffrances seront une source d'expiation pour leurs fautes.
En fait, puisqu'ils risquent de se rebeller et de ne pas accepter ces souffrances comme une expiation de leurs nombreuses transgressions, leurs fautes ne seront pas expiées, et ainsi, ils auront souffert pour rien, ce qui justifie l'affirmation de Rava : "Malheur aux réchaïm".

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=> Les interprétations de Rav Na'hman et de Rava se complètent-elles ou se contredisent-elles?

-> Selon Méiri, les 2 commentaires du verset (Kohélet 8,14) faits par Rav Na'hman et Rava respectivement sont vrais et ne se contredisent pas. En effet :
- selon Rava, "Heureux les tsadikim qui bénéficient des 2 mondes : "olam azé et olam aba", donc qui ont à la fois une richesse matérielle, des honneurs, une vie paisible d'une part, et un grand bagage de Torah d'autre part, mais ce cas est peu fréquent, et en général l'homme doit mettre son énergie en priorité sur l'étude de la Tora et non sur l'accumulation de biens matériels. Mais si la Miséricorde Divine lui accorde les 2 "tables", spirituelle et matérielle, heureux est son sort ;
- selon Rav Na'hman, si le tsadikim est étriqué dans ses finances, il doit également se considérer heureux, car cette difficulté fait rémission de ses fautes peu nombreuses et il n'a donc pas à se rebeller contre l'Eternel.

-> Selon le 'Hafets 'Haim, Rava s'oppose à Rav Na'hman. En effet, le bien suprême consiste à faire la Volonté d'Hachem, mais il existe des circonstances qui induisent l'homme en erreur et l'empêchent de faire téchouva.
- selon Rav Na'hman, les bienfaits reçus par un homme dans ce monde sont un obstacle à son repentir, car il considère qu'il est digne de ces bienfaits venus du Ciel pour le récompenser de ses bonnes actions agréées par Hachem. Cet homme ne sera donc pas porté à la téchouva.
C'est pourquoi "Heureux l'homme qui fait téchouva dans une situation de souffrances", car dans son état de souffrances, son cour brisé le poussera à se repentir et à faire davantage la Volonté du Créateur ;
- selon Rava, les tsadikim qui bénéficient des bienfaits de ce monde-ci sont portés à remercier Hachem et à se rapprocher de Lui en faisant davantage Sa volonté.

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=> Dans quel but Rava a-t-il posé ses 2 questions à Rav Pappa et à Rav Houna?

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Les 2 questions posées par Rava sont liées et n'en font qu'une. En effet, après avoir posé la première question : Avez-vous intégré en profondeur telle et telle massékhet (traité de guémara), qu'il a choisie parmi les plus difficiles, et avoir reçu une réponse positive de Rav Pappa et Rav Houna, Rava s'est demandé comment ont-ils réussi à acquérir un tel niveau en si peu de temps, car les 2 talmidim étaient jeunes :

- ou bien, ils possédaient une richesse matérielle qui "élargissait" leur cœur et facilitait leur acquisition de la Torah ; ou bien, ils avaient des difficultés pour assurer leur subsistance, comme la plupart des talmidé 'hakhamim dont l'esprit troublé par la gêne financière freine la progression spirituelle ; dans ce cas, c'est par miracle qu'ils ont atteint si vite un niveau aussi élevé.
Si Rava a demandé : "Etes-vous un peu riches" et non pas : "Etes-vous riches", c'est afin d'éviter un oeil malveillant (ayin ara) sur la richesse d'autrui.

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=> Comment comprendre la réponse : "Nous possédons un petit lopin de terre"?

-> Rachi précise :
Les 2 jeunes disciples ont répondu à Rava que chacun d'eux a acquis un petit lopin de terre duquel chacun tire sa subsistance avec largesse, afin d'étudier sans être préoccupé par les soucis de parnassa.

-> Selon le Maharcha :
Ils ont répondu qu'ils ont acquis un petit terrain, car ils voulaient rassurer Rava qui sait que lorsqu'un homme possède beaucoup de biens, cela peut être une cause de bitoul Torah (arrêt de l'étude) en raison des soucis pour gérer ce grand patrimoine.

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Pourquoi ont-ils ajouté le mot quétina (petit)?
C'est pour éviter un œil malveillant (ayin ara). En effet, s'ils avaient déclaré posséder un terrain chacun, sans préciser "petit", Rava aurait pu interpréter qu'ils possédaient chacun un grand terrain.
De plus, un grand terrain nécessite de grands travaux agricoles qui demanderaient beaucoup de temps au détriment d'une étude assidue de la Torah.
Enfin, pourquoi ont-ils utilisé l'expression quétina déar'a au lieu de ar'a kétina? Leur intention était de dire à Rava qu'ils avaient acquis le terrain le moins coûteux (quétina) parmi les terrains à vendre.

+ Le faux serment :

-> On prévient l'accusé (avant son serment au Tribunal) en ces termes :
Le monde entier a tremblé quand Hachem a dit au mont Sinaï : "Tu n'invoqueras point le Nom d'Hachem ton D. en vain" (Yitro 20,7).
Pour toutes les transgressions mentionnées dans la Torah, il est dit : "Il pardonnera", mais ici (pour le faux serment), il est dit : "Il ne pardonnera pas" (Yitro 20,7).
De plus, toutes les transgressions mentionnées dans la Torah attirent une sanction sur le fautif seulement, mais le faux serment attire une sanction non seulement sur le pécheur, mais aussi sur les membres de sa famille, selon ce verset : "Ne permets pas à ta bouche de charger ta "chair" d'un péché" (Kohélet 5,5), où la "chair" désigne les proches parents d'après le verset : "Ne te dérobe pas à ceux qui sont comme ta propre chair" (Yéchayahou 58,7).
Pour toutes les transgressions, seul le fautif est puni, mais le faux serment fait tomber le châtiment sur le monde entier selon ce verset : "Par suite des parjures, le pays est en deuil" (Yirmiyahou 23,10) ...
La sanction de toutes les transgressions mentionnées dans la Torah peut être retardée de 2 ou 3 générations si le fautif a du mérite ; mais pour le faux serment, la sanction est immédiate (même si le fautif a des mérites).
[guémara Chvou'ot 38b-39a]

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=> Pourquoi le monde entier a-t-il tremblé lorsque le 3e Commandement sur le faux serment a été prononcé?

-> Le Iyoun Yaakov explique :
D'après cette michna : "Le monde repose sur 3 bases : sur la justice, sur la Vérité et sur la Paix (Pirké Avot 1,18), tout homme qui jure mensongèrement à son prochain ébranle ces 3 bases.
En effet, il déforme la Justice, il ment, donc il déforme la Vérité (le émet) et il se maintient un conflit avec son prochain, donc provoque l'absence de Paix (Chalom).
C'est pourquoi le monde a tremblé, car les 3 piliers du maintien du monde ont été ébranlés par ce faux serment.

-> Le Maharcha enseigne :
Ce sont les lettres du Nom d'Hachem qui maintiennent le monde, d'après ce verset : "Car en Hachem vous avez un roc immuable" (Yéchayahou 26,4).
Ainsi, celui qui prononce un serment inutile ou mensonger affaiblit la force de la "famille du Ciel" qui est le fondement (yéssod) du monde. C'est pourquoi, la Terre a tremblé dès que Hachem a dit : "Tu n'invoqueras point le Nom d'Hachem ton D. en vain" (Yitro 20,7).
De plus, du fait que la fin de ce verset précise que "Hachem ne laissera pas impuni celui qui invoque Son Nom en vain (dans un serment)", même s'il regrette et se repent (fait téchouva). Or, ce monde ne peut pas se maintenir sans téchouva, et puisque la téchouva n'a pas d'effet dans un faux serment, le monde a tressailli au moment du 3e Commandement.

-> De son côté, le Torat 'Haïm explique :
Selon le Zohar (Yitro), lorsqu'un homme prête un serment mensonger, les eaux du grand abîme (téhom) montent et menacent d'inonder le monde. Hachem invite alors un Ange à rétablir les lettres de Son Nom sur le caillou qui bouche les eaux de l'abîme (téhom).
C'est pourquoi, le monde a tremble lorsque Hachem a déclaré que le faux serment ne serait pas pardonné, et par la peur que le monde retrouve son état initial informe et désordonné (tohou vavo'ou).

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis Hachem" (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ אֲנִי יְהוָה - Kédochim 19,18).

-> Le rabbi de Belz commente :
ce verset nous apprend comment retirer la Rigueur de notre vie.
Lorsqu'il y a de l'unité parmi les juifs (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ) alors le mot כָּמוֹךָ, qui a la même guématria que Elokim (le Nom d'Hachem représentant le Jugement, la Rigueur), devient alors אֲנִי יְהוָה (qui est le Nom Divin de compassion, de la miséricorde).
De même, la guématria de "aava" (amour - אהבה) est de 13, et lorsque 2 juifs ont de l'amour l'un pour l'autre, alors nous avons 2 fois 13 soit 26, la valeur numérique du Chem Havaya (יהוה).

-> "Lorsque 2 juifs se rapprochent dans un amour et une attention réciproques, alors la Présence Divine descend sur eux.
Lorsque "Tu aimeras ton prochain comme toi-même ..." alors "... Je suis Hachem [Je me joins à eux]" (Kédochim 19,18)"
[rabbi Ména’hem Mendel de Kossov]

-> Si un juif aime l’autre, alors Hachem dit : "Je suis le 3e!"
[rabbi Avraham de Slonim - Kédochim 19,18]

La kavana

+ La kavana :

-> "de Le servir de tout votre cœur et de toute votre âme" (Ekev 11,13)

-> La guémara (Taanit 2a) commente que la prière est appelée le "service du cœur".
De son côté, rabbi Moché Cordovéro ajoute que la prière est également le "service de l'âme".

-> En effet, rabbi Moché Cordovéro (Pardes Rimonim - chaar 32, chap.3) écrit :
"Le souffle d'une personne peut former des lettres qui contiennent de la spiritualité, mais cette spiritualité doit être alimentée, afin que les lettres de ses prières puissent s'envoler vers les Cieux.
C'est le rôle de la kavana, de puiser la force nécessaire pour injecter de l'esprit dans les lettres et les mots qu'il prononce dans sa prière et les envoyer vers les mondes supérieurs.
A travers la pensée et la kavana de la personne, il pousse la prière à s'élever vers les cieux afin que les paroles de la bénédiction et de la prière puissent accomplir leur tâche et faire descendre la nourriture et les bénédictions appropriées.

Lors de la prière ou de la récitation d'une bénédiction, pour que l'âme (néfech) d'une personne s'accroche à ces paroles et s'élève avec la prière, on doit d'abord dépouiller son néfech du corps qui l'habille et se débarrasser de toutes les pensées matérielles qui occupent son coeur, qui sont comme un vêtement souillé sur l'âme.
Ensuite, son néfech peut s'élever seul et sans entrave. C'et pourquoi les mots : "de Le servir ... de toute votre âme" (oul'ovdo bé'hol ... nafché'hem - Ekev 11,13) font référence à la prière car la prière est appelée : "néfech"."

+ Un jour, Raban Gamliel, Rabbi El'azar ben Azaria, Rabi Yéhochoua et Rabi Akiva étaient en voyage. Ils entendirent le bruit de la foule (qui fêtait la puissance de Rome qui avait détruit le 2e Temple) depuis la place de Rome, à une distance de cent vingt mille (120 kilomètres).

Les trois premiers Sages se mirent à pleurer, mais Rabi Akiva riait. Ils dirent à Rabi Akiva : "Pourquoi ris-tu?". Il répondit : "Et vous, pourquoi pleurez-vous?"

Ils lui dirent : "Ces hérétiques, qui se prosternent devant les idoles et brûlent de l'encens pour les idoles, vivent en sécurité et dans le calme, alors que le Temple, qui était le piédestal de notre D., a été brûlé dans le feu ; n'y a-t-il pas de quoi pleurer?"

Rabi 'Akiva répondit : C'est justement pour cela que je ris : Si tel est le sort de ceux qui transgressent Sa volonté, a fortiori un meilleur sort sera accordé (à l'avenir) à ceux qui respectent Sa volonté.
[guémara Makot 24a-24b]

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=> Comment les 4 Sages ont-ils pu entendre le bruit de la foule à une distance de 120 kilomètres?

-> Le Maharal (Nétsa'h Israël, chap.26) explique :
La distance de cent vingt mille (environ 120 km) correspond à la distance que peut parcourir un homme durant trois jours, à raison d'environ 40 km (ou 10 parsaot) de marche par jour. On retrouve cette distance de 120 km à propos de Lavan qui mit une distance de trois journées entre lui et Yaakov (voir Vayétsé 30,36), ou bien à propos de la demande de Moché à Pharaon roi d'Egypte : "Nous voudrions aller à trois journées de chemin, dans le désert, pour offrir des sacrifices à Hachem notre D." (Chémot 3,18).

Cette distance de 120 km ou plus définit une zone éloignée. Comment les 4 Sages Raban Gamliel, Rabi El'azar, Rabi Yéhochoua et Rabi Akiva ont-ils pu entendre le bruit de la foule romaine à 120 km, alors qu'il est impossible à une oreille humaine d'entendre des sons à une distance aussi éloignée?
En fait, ils ont "entendu" les rumeurs de réjouissance des Romains qui avaient détruit le second Temple, avec leur intuition prophétique (roua'h hakodech), grâce à leur sagesse.

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=> Comment comprendre la tranquillité des idolâtres dans ce monde et la détresse de ceux qui accomplissent la volonté d'Hachem?

-> La réussite et la tranquillité des idolâtres, dans ce monde-ci (olam azé), qui font le contraire de la volonté d'Hachem, peut surprendre. En fait, à propos de ce verset : "Hachempaie ceux qui Le haïssent à leur face, en les faisant périr" (Vaet'hanan 7,10), Rachi fait ce commentaire : "Durant leur vie sur terre, Il leur paie les récompenses qu'Il leur doit pour les éliminer du monde futur où ils ne recevront aucune récompense"

[le roi David développe la même idée : "si les réchaïm croissent comme l'herbe ... c'est pour finir ruinés à jamais" (Téhilim 92,8)]

-> Selon le Arou'h Laner :
Hachem sanctionne les Bné Israël dans ce monde-ci (olam azé), bien qu'ils fassent Sa volonté, afin de leur faire payer les quelques fautes commises, de façon à ce qu'ils obtiennent dans le monde futur (olam aba) leur récompense totale.
Rabi Akiva a vu la récompense des idolâtres dans ce monde-ci et il a vu simultanément avec son regard rou'hani (spirituel) la récompense cachée qui attend les Bné Israël dans le monde futur.

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=> Comment Rabi Akiva peut-il se réjouir à un moment où il devrait se lamenter sur la destruction du Temple?

-> Selon le Maharcha
Certes, Rabi Akiva reconnaît qu'il y a lieu de se lamenter de la destruction du Temple, d'autant plus que nos Sages (guémara Taanit 30b) disent : "Quiconque prend le deuil sur Jérusalem aura le mérite de la voir dans sa joie".
Cependant, sur le fait que les idolâtres qui ont détruit le Temple vivent en sérénité et en toute tranquillité, Rabi Akiva dit à ses compagnons qu'il y a lieu de se réjouir sur la récompense future des Bné Israël.

-> Le Iyoun Yaakov explique :
Rabi Akiva était à la fois attristé par la destruction du Temple devant lequel il a déchiré ses vêtements en signe de deuil et joyeux (traduit par son rire) sur l'avenir de son Peuple.
Il a ainsi appliqué ce verset de Téhilim : "Réjouissez-vous avec tremblement" (Téhilim 2,11), comme dit Rav Adda ben Matana (guémara Béra'hot 30b) : "Là même où vous vous réjouissez, c'est là qu'il faut trembler devant Hachem".

-> Le Arou'h Laner enseigne :
Les 3 Sages Rabi Gamliel, Rabi Yéhochou'a et Rabi El' azar ont pleuré essentiellement pour la grande peine de ne plus pouvoir servir Hachem au Temple, comme il se doit, alors que ces idolâtres, qui ont fauté encore plus que n'a fauté le peuple d'Israël, vivent en toute sérénité et continuent leurs actes hérétiques dans leurs maisons d'idolâtrie non détruites.
A cela, Rabi Akiva répond par un sourire optimiste : la destruction du Temple est pour le bien d'Israël, afin de sauver ce Peuple et de le favoriser dans l'avenir, tandis que ces nations se maintiennent provisoirement dans la tranquillité et leurs temples idolâtres ne sont pas détruits, car ils vont à leur perte.

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-> Dans la suite, la guémara (Makot 24b) il est également écrit :
Une autre fois, (les 4 Sages cités précédemment) montèrent à Jérusalem. Arrivés au Har Hatsofim (Mont Scopus), ils déchirèrent leurs vêtements. Arrivés au Har Habait (Mont du Temple), ils virent un renard sortir du Sanctuaire.
(Trois des quatre Sages) éclatèrent en sanglot tandis que Rabi Akiva se mit à rire. Ils lui dirent : "Pour quelle raison ris-tu?". Rabi Akiva répondit : "Et vous, pour quelle raison pleurez-vous?".

Ils lui dirent : "Cet endroit dont il est écrit : "L'étranger qui en approchera mourra" (Bamidbar 1,51), et à présent, les renards le foulent et nous ne pleurerions pas?".
Rabi Akiva répondit : C'est justement pour cela que je ris ... fait dépendre la prophétie de Zékharia' de celle d'Ouria.
Dans (la prophétie d') Ouria, il est écrit : "C'est pourquoi, à cause de vous, Tsion sera labourée comme un champ" (Mikha 3,12) et dans la prophétie de Zéhharia, il est écrit : "De nouveau, des vieux et des vieilles s'assiéront dans les rues de Jérusaem" (Zéhharia 8,4).
Tant que la prophétie d'Ouria ne s'était pas accomplie, je craignais que celle de Zékharia ne s'accomplisse pas non plus. A présent que la première prophétie (d'Ouria) est réalisée, je sais que la seconde prophétie (de Zékharia) se réalisera".
Les (trois) compagnons de Rabi Akiva lui dirent alors : "Akiva, tu nous as consolés! Akiva, tu nous as consolés!"

Les épreuves sont là pour nous rapprocher d’Hachem

+ Les épreuves sont là pour nous rapprocher d'Hachem :

-> A chaque fois qu'un juif trouve son chemin barré devant lui, ce n'est que pour qu'il regarde En-Haut et qu'il soumette son coeur à son Père Céleste.
[Sfat Emet - Massé 5661]

-> En vérité, toutes les épreuves qui accablent les Bné Israël n'ont pour seul but que de les rapprocher d'Hachem, et pas seulement de les punir, comme il est dit : לא אלוקים קרובים (lo Elokim kérovim - litt. "c'est pour lui (pour ce peuple : les Bné Israël) qu'il (y a) Elokim (la rigueur Divine), pour qu'ils soient proches" - Vaét'hanan 4,7).
Et comme il est dit également (Isaïe 63, 9) : בכל צרתם לו צר (bé'hol tsaré'ém lo tsar - litt. "Dans toutes leurs épreuves, c'est pour Lui (pour nous rapprocher de Lui) qu'il (le peuple juif) subit l'épreuve").
Et l'épreuve elle-même est une délivrance pour les Bné Israël.
[Sfat Emet - Vaét'hanan 5666]

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-> Le Nétsiv (Méromé Sadé sur 'Haguiga 5b) explique ce que la guémara enseigne sur le verset : "Et Moi, Je voilerai Ma face en ce jour" (Vayélé'h 31,18) : Rav Yossef dit : "Sa main s'est levée sur nous, comme il est dit : ‘De l'ombre de Ma main Je t'ai recouvert’ (Yéchayahou 51,16)".
Le Nétsiv commente que l'intention de Rav Yossef est d’expliquer que Hachem ne voile pas Sa face devant Israël sans ne plus les regarder. Il est certain que dans toutes les circonstances, Hachem nous dirige.
Mais le thème du voilement de la face Divine consiste dans le fait que "Sa main s'est levée sur nous" = D. a placé Sa main comme séparation afin de nous cacher la manière dont Il nous dirige.
C’est ce thème qui est exprimé dans le verset rapporté par Rav Yossef : "De l'ombre de ma main Je t'ai recouvert", comme quelque chose qui est caché du regard. Mais il est certain que Hachem continue à nous regarder et à nous diriger avec miséricorde.

Tout le but de ce voilement est uniquement de nous éprouver afin de nous éveiller au repentir (téchouva - tachouv hé = revenir vers Hachem).

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-> Celui qui possède la émouna n'a aucune question, et celui qui ne la possède pas, toutes les réponses ne lui serviront à rien, car D. qui est le Maître de tout ce qui se passe dans le monde, est la réponse à toutes les questions.
['Hafets 'Haïm]

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Personne ne comprend rien à la manière dont Hachem dirige le monde car celle-ci est insondable. Dès lors, comment l'homme pourrait-il avoir des questions sur Sa manière de diriger les événements puisqu'il ne peut en saisir la véritable finalité?
Il ne lui incombe que de placer sa confiance dans son Créateur.

[ainsi, dans nos périodes de troubles où l'on est tenté de tout voir en noir, il ne nous reste plus qu'à se jeter dans les bras de notre papa Hachem, confiant à 100% qu'Il gère tout pour le mieux ultime. ]

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-> b'h, voir également : 3Tu seras intègre avec Hachem ton D." : https://todahm.com/2022/09/28/37256

"Tu te souviendras d'Hachem ton D. car c'est Lui qui te donne la force de réussir" (Ekev 8,18)

-> Le Yessod haAvod (2,8) commente :
"On nous enjoint par là à avoir la foi que tous les gains réalisés par un homme et l’obtention de sa subsistance, tout est dirigé par Hachem et n’existe que grâce à Son aide. Ce commandement constitue une des 613 mitsvot.
Grâce à cela, Hachem lui viendra en aide même dans les situations les plus difficiles.
Mais s’il pense : "C'est à la force de mon poignet que j'ai réussi", il ne bénéficiera pas de l'aide du Ciel et par conséquent, il ne pourra réussir dans ses entreprises."

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-> Le rav Pin'has Koritz enseigne que celui qui vit avec une confiance entière en D., Hachem le délivrera par des voies auxquelles il n'aurait jamais songé auparavant.

"Et tu sauras dans ton coeur que, tel un père qui châtie son fils, Hachem ton D. te châtie" (Ekev 8,5)

-> Le Smag (סמ"ג - mitsva 17) écrit à ce sujet :
"C'est un commandement positif d'accepter le jugement Divin pour tout ce qui arrive, comme il est dit : "Et tu sauras dans ton coeur que, tel un père qui châtie son fils, Hachem ton D. te châtie."
J'ai expliqué ce commandement à de nombreuses personnes ... : si les vicissitudes de l'existence accablent un homme, c'est un commandement positif de penser en son coeur que sa situation a été bouleversée pour son bien".

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz a enseigné cela dans un cours :
"Quand les choses ne vont pas bien ... c'est un commandement positif de croire que la souffrance est dans notre intérêt ... Accepter la souffrance avec amour est la principale source de réussite d'une personne dans ce monde".

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-> "Un homme est tenu de bénir sur le mal de la même manière qu'il bénit sur le bien" (Béra'hot 54a)

-> Rabbi Barou'h de Mézibou'h explique que les mots " 'hassadim tovim" à la fin du Birkat hamazon, sont une demande à Hachem de nous accorder des bontés qui nous soient douces.
[d'une façon identique, nous disons : "chana tova oumétouka" = donne nous de bonnes choses, mais en plus qui soient douces.
En effet, ce qui nous paraît bien ou mal, tout est en réalité une bonne choses. Nous demandons à Hachem de nous envoyer une bonne chose qui nous apparaisse clairement agréable sur le moment.]

Le Baal Chem Tov se tournait vers Hachem et disait : "Je sais que le mal est pour mon bien. Si seulement tu pouvais convertir le mal en bien visible et lui permettre d'effacer nos péchés."

-> La rabbanite Feldbrand enseigne : il y a la bonté qui est visible, lorsque Hachem nous bénit avec une bonne santé, de la prospérité, et de la satisfaction dans la vie.
Mais il y a un autre type de bonté, qui n'en est pas moins pour notre bien. C'est comparable à un traitement désagréable pour soigner une maladie ou à une intervention chirurgicale douloureuse mais salvatrice. Connaissant son but, le patient est reconnaissant envers le chirurgien, bien que l'expérience ait été tortueuse.

-> Le rav Rubinstein rapporte que lorsqu'un Mr Falk est arrivé à Buchenwald, il s'est dit : "Je ne sais pas pourquoi Hachem m'a mis ici, mais c'est mon travail de continuer à être juif ici, de la même façon que cela pourrait l'être partout ailleurs".
Avec cette attitude, il a pu aider de nombreuses personnes.

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-> Le rav Ben Tsion Abba Chaoul a enduré de grandes douleurs lors de ses traitements médicaux, son visage a toujours reflété le contentement et l'harmonie intérieure. Les médecins ne pouvaient pas comprendre comment leur patient ne réagissait pas à sa douleur atroce.
Rav Ben Tsion a expliqué : "Selon divers opinions (Smag, Samak, Yéréïm), c'est une mitsva d'accepter les souffrances avec amour, sachant qu'elles sont pour notre bénéfice.
De plus, la mitsva d'aimer Hachem "bé'hol méodé'ha" (avec toutes tes ressources), c'est l'aimer en toutes circonstances, y compris celles-ci.

Quand quelqu'un est venu rendre visite au rav Ben Tsion Abba Shaoul à l'hôpital, à un moment où la souffrance lui était particulièrement aiguë, il lui a demandé : "Comment se sent le rav?"
Il a répondu : "Barou'h Hachem, bien!"
Le visiteur a été surpris : "Vraiment?"
Le rav a dit : "Bien sûr! Le verset dit clairement : "Rendez grâce à Hachem, car Il est bon". Lorsque vous savez que tout dans ce monde est une expression de sa compassion/miséricorde, alors vous comprenez que tout est bon".

" 'Habakouk réduisit réduisit toutes les [613 mitsvot de la Torah] à une seule, d'après le verset : "le Juste vivra par sa foi [émouna]" ('Habakouk 2,4)."
[guémara Makot 24a]

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-> Selon le Zohar (2,44), le prophète 'Habakouk était le fils de la Sunnamite, cette femme qui avait hébergé le prophète Elicha et en faveur de qui Elicha, en reconnaissance de son accueil, avait prié pour que le Ciel lui donne un enfant. Cet enfant tomba malade et mourut ; Elicha put le ressusciter miraculeusement (voir Méla'him II, chapitre 4) par le mérite de sa mère la Sunnamite qui a fait confiance en Hachem et en Elicha'.
Ainsi, 'Habakouk est une preuve vivante de la force de la émouna en Hachem, ce qui explique que c'est lui qui a eu le mérite de résumer les 613 Commandements en un seul : le Juste vivra de sa émouna.

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=> Quelle était l'intention de 'Habakouk qui a ramené les Commandements à un seul?

-> Selon le Méïri :
Lorsque Habakouk a résumé tous les Commandements en un seul : "le tsdik vivra de sa émouna", son intention était d'utiliser le mot "émouna" (confiance en D.) à sa racine néemanout (loyauté ou fidélité), afin de demander à l'homme de réaliser les mitsvot avec le seul but d'accomplir la volonté d'Hachem léChem Chamayim, sans aucune autre intention et sans aucun autre but intéressé.

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'hot Moussar, si'ha 6) enseigne :
Ce seul Commandement résumé par 'Habakouk est, selon lui, la source de tous les autres Commandements : celui qui accepte le joug de cette mitsva de confiance en Hachem, c'est comme s'il avait accepté le joug de toutes les mitsvot de la Torah, car en développant notre émouna, la racine de tous les Commandements, il sera possible d'accéder à la réalisation des autres mitsvot.

-> Selon le rav Eliyahou Desseler (Mikhtav méEliyahou - tome 5, p.343) :
Dans la guémara (Shabbath 31a), Raba a dit qu'à l'heure où l'homme comparaît en jugement dans le Ciel, après sa mort, la première question qui lui est posée est : "T'es-tu conduit honnêtement ("bé'émouna") dans tes affaires ?".
C'est l'importance de cette émouna (honnêteté ou loyauté) dans la relation financière avec autrui que voulait signaler le prophète. 'Habakouk, car elle est le fondement de la confiance en Hachem et de toute la Torah.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
La valeur numérique du mot אמונה (émouna) est 1+40+6+50+5 =102, tandis que la valeur numérique du mot צדיק (tsadik) est 90+4+10+100 = 204, soit le double de la guématria du mot émouna.
Ainsi, l'intention de 'Habakouk était de dire que le véritable tsadik, qui vit de sa foi, doit avoir une double émouna : une foi intérieurement et une foi extérieurement, ou bien une double émouna, l'une sur le plan matériel et l'autre sur le plan spirituel.

Rav Houna dit au nom de Rabbi Elazar : "Dans la voie qu'un homme veut suivre, le Ciel l'y conduit".
[guémara Makot 10b]

-> Le Maharcha nous explique :
Il aurait été plus normal que Rav Houna affirme : "Sur le chemin qu'un homme veut prendre, Hachem l'y conduit!" avec le singulier "moli'h oto", puisque c'est Hachem (ou le Ciel) qui conduit cet homme sur le chemin qu'il désire. Pourquoi alors Rav Houna a-t-il utilisé le pluriel : "moli'hin oto" (ils l'y conduisent)?

Rav Houna a voulu faire allusion au fait qu'une bonne pensée ou une bonne parole ou une bonne action, crée un Ange (mala'h) du côté du bien, et inversement, une mauvaise pensée, une mauvaise parole ou une mauvaise action crée un Ange du côté du mal.
Ainsi, après que l'homme, doté d'un libre-arbitre, ait choisi le bien ou le mal, Hachem donne ordre à ces Anges, créés par cet homme, de le conduire dans le chemin qu'il a choisi. C'est pourquoi, il est écrit : ils l'y conduisent (moli'hin oto) au pluriel.