Aux délices de la Torah

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L’acceptation de la Torah au mont Sinaï – Quelques enseignements

+ L'acceptation de la Torah au mont Sinaï - Quelques enseignements :

=> Que ce serait-il passé si les juifs n'auraient pas accepté la Torah au mont Sinaï?

-> Selon une source dans la guémara (Avoda Zara 2b), Hachem aurait enterré les juifs sous le mont Sinaï.
-> Cependant, par la suite la guémara (Avoda Zara 3a) affirme que Hachem aurait fait retourner toute la création à son état chaotique d'origine.

=> Lequel est-ce?

-> Le Maharcha (Avoda Zara 2b) reconcilie ces apparentes contradiction ainsi :
l'état naturel de la création est son état d'origine. Ce n'est que la bonté constante d'Hachem qui permet au monde de continuer à exister. Si toutes les personnes du monde refuseraient d'accepter la Torah, alors le monde reviendrait à son état initial de chaos.
Cependant, s'il y a même une seule personne qui accepte la Torah, alors le monde peut continuer à exister par son mérite.
C'est pourquoi, même si toutes les nations, dont le peuple juif (dans son ensemble), auraient refusé d'accepter la Torah, il resterait certainement quelques individus vertueux qui accepteraient de bon coeur la Torah, comme la famille de Moché et d'Aharon.
C'et pourquoi, à un niveau pratique, Hachem n'aurait pas détruit pas le monde entier, mais uniquement Il aurait enterré les juifs sous le mont Sinaï.
[le monde aurait pu continuer à exister par le mérite de tout juif qui aurait accepté la Torah ]

-> Rabbi Yéhouda ha'Hassid (Séfer ha'Hassidim 233) n'est pas d'accord.
Selon lui, même si une seule personne aurait refusé d'accepter la Torah au mont Sinaï, Hachem n'aurait pas donné la Torah au peuple juif.
Comme il est écrit dans la Mékhilta (Yitro - chap.3) : "Si une personne aurait été manquante, ils n'auraient pas été méritants [pour recevoir la Torah]."

C'est pour cette raison qu'au mont Sinaï, chaque juif a proclamé au pluriel : "nous ferons" (naassé), puisque leur engagement nécessitait une acceptation commune
[le Séfer 'Hassidim dit que les juifs ont une responsabilité commune les uns les autres, et un manquement d'un individu constitue une imperfection pour tous. ]
Il en sera de même au moment de la de la guéoula, comme il est écrit : "La gloire d'Hachem va se révéler, et toutes les créatures, ensemble, en seront témoins : c'est la bouche d'Hachem qui le déclare" (Yéchayahou 40,5). La perfection ultime de l'humanité ne peut être atteinte que si tout le monde se joint dans une unité collective reconnaissant la Présence d'Hachem.

[ainsi même si un seul juif n'aurait pas accepté la Torah, alors elle n'aurait pas pu être donnée, et le monde serait retourné au chaos.]

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=> Comment les juifs pouvaient-ils accepter la Torah avant d'écouter ce qu'il y avait d'écrit dedans?
En effet, peut-être que la Torah pouvait contenir des commandements qu'ils n'auraient pas pu accomplir.

-> Rabbi Matisyahou Salomon répond qu'ils étaient certains qu'une fois qu'ils accepteraient la Torah, tout ce qui semblait impossible deviendrait possible, car Hachem fournirait sûrement à Ses vrais serviteurs la capacité d'accomplir Ses mitsvot, même si cela requiert une force surhumaine.
Ils ont pu dire avec une émouna complète : "nous ferons et nous comprendrons", puisqu'ils avaient foi que Hachem ne leur imposerait de faire aucune chose impossible.

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-> Avant que les juifs reçoivent la Torah, Hachem a soulevé le mont Sinaï sur leur tête comme un tonneau renversé et leur a dit : "Si vous acceptez la Torah, très bien. Sinon vous serez enterré dans la montagne". [guémara Shabbath 88a ; Maharcha]
=> Pourquoi était-il nécessaire à Hachem de forcer les juifs à accepter la Torah?
En effet, ils avaient déjà exprimer leur désir de le faire en disant auparavant : "nasssé vénichma" (nous ferons et nous écouterons - Michpatim 24,7).

-> Le midrach (Tan'houma Noa'h 3) répond que lorsque les juifs ont déclaré : "nous ferons et nous écouterons", ils n'ont accepté que la Torah Ecrite, puisque ces lois sont [relativement] peu nombreuses et faciles à accomplir. Ils ont refusé d'accepter la Torah Orale, puisqu'elle a d'innombrables lois qui sont extrêmement difficiles à étudier et à observer comme il le faut. Il était donc nécessaire pour Hachem de les contraindre à accepter la Torah Orale.

La guémara (Shabbath 88a) rapporte que ce n'ait qu'à l'époque de A'hachvéroch que les juifs ont volontairement accepté la Torah Orale sur eux-mêmes.

=> Pourquoi est-ce que Hachem a contraint les juifs à accepter la Torah Orale particulièrement en élevant la montagne comme un tonneau renversé?
Egalement, pourquoi l'aversion des juifs pour la Torah Orale a-t-il finalement cessée à l'époque d'A'hachvéroch?

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Shabbath 88a) explique ce que signifie qu'Hachem a levé la montagne comme un tonneau renversé, c'est qu'Il a creusé la montagne sous la forme d'un tonneau.
C'était afin d'impressionner les juifs sur le fait que Torah Ecrite n'est qu'un réceptacle pour la Torah Orale. De même qu'un énorme tonneau vide peut être rempli d'une énorme quantité de vin cher, de même chaque lettre de la Torah Ecrite contient des tas de tas de lois de la Torah Orale.

-> Il est écrit :
- "nasssé vénichma" (nous ferons et nous écouterons - Michpatim 24,7) ;
- "chama'nou véaninou" (nous l'entendrons, et nous obéirons - Vaét'hanan 5,23).
=> Pourquoi est-ce inversé?
Le 'Hatam Sofer (Pitou'hé 'Hotam) explique que dans Michpatim l'acceptation était limitée uniquement à la Torah Ecrite.
Dans Vaét'hanan, il s'agit des enseignements de la Torah Orale qu'ils vont recevoir de Moché. A ce sujet, ils vont dire à Moché : "[d'abord] nous entendrons", [et si nous cela acceptable, alors] "nous le ferons".

Le Pné Ména'hem (guémara Shabbath 88a) apporte une autre source montrant que les juifs étaient réticents à accepter la Torah Orale.
Hachem dit à Moché avant qu'il ne monte au mont Sinaï : "Voici, moi-même je t'apparaîtrai ... afin que le peuple entende que c'est moi qui te parle et qu'en toi aussi ils aient foi constamment (végam [וְגַם] békha yaaminou léolam)" (Yitro 19,9).
La Mékhilta écrit que [le mot supplémentaire : "végam" dans] ce verset vient pour inclure que les juifs vont finalement accepter les enseignements des sages futurs. La raison [de ce "végam"] est qu'il était nécessaire pour Hachem de réassurer Moché à ce sujet car les juifs étaient initialement réticents d'accepter les enseignements de nos Sages, qui comprennent la Torah Orale.

-> Le 'Hatam Sofer (Pitou'hé 'Hotam) enseigne également qu'un tonneau dissimule la nature de la véritable valeur de ce qu'il contient, de même la profonde sagesse de nos Sages est souvent cachée à un observateur occasionnel.
A l'époque d'A'hachvéroch, la population juive a d'abord regardé de travers le comportement de Mordé'haï lorsqu'il a refusé de se prosterner devant Haman. Mais après que Haman a été pendu et que le roi a élevé Mordé'haï à une position très élevée, le comportement de Mordé'haï a été justifié, et à ce moment les juifs en sont venus à accepter de bon coeur et avec respect, l'autorité des Sages. [donc la Torah Orale]

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-> Le Binyan Shlomo (vol.2 - Inyanim Shonim 25) prouve que le récit de Kora'h a eu lieu à Shavouot.
=> Pourquoi Kora'h a-t-il été puni en étant avalé par la terre, et pourquoi cet événement a eu lieu précisément à Shavouot?

-> Le Hafla'a répond que lorsque les juifs ont accepté la Torah sur le mont Sinaï, ils ont volontairement pris sur eux la Torah Ecrite. Hachem les a contraints d'accepter également la Torah Orale, en élevant le mont Sinaï sur eux et en menaçant que s'ils n'acceptaient pas aussi la Torah Orale, alors ils seraient enterrés sous la montagne.
Nous voyons de là que la punition pour rejeter la Torah Orale est d'être enterré vivant.
[on comprend pourquoi la guémara (Shabbath 88a) dit que celui qui néglige de faire l'éloge d'un sage en Torah mérite d'être enterré vivant, car la grandeur d'un sage en Torah provient de sa connaissance en Torah Orale.]
Puisque la faute principale de Kora'h était son rejet de la Torah Orale (Yalkout Kora'h 752), c'était une punition appropriée pour lui d'être enterré vivant. [Panim Yafot - Kora'h]

Cet événement a eu lieu à Shavouot (don de la Torah), peut être car il permet d'élever l'honneur de la Torah, puisqu'il a démontré la véracité de l'autorité de Moché.

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-> Le midrach (Otzer haMidrachim - Michpatim 24,2) rapporte que les 70 anciens [du peuple] n'ont pas mérité de se tenir ensemble avec Moché au mont Sinaï pour recevoir la Torah du Roi des Rois, et cela mesure pour mesure, puisqu'ils n'ont pas souhaité venir avec Moché pour se tenir devant le roi humain (Pharaon) pour demander qu'il libère les juifs.
=> S'il en est ainsi, alors pourquoi Aharon ne s'est-il pas tenu avec Moché au mont Sinaï, puisqu'il est allé avec Moché devant Pharaon?

-> Le même midrach répond que Hachem a fait cela par respect pour les anciens, pour leur épargner un sentiment d'embarras, de honte.

-> Selon le Panéa'h Raza (Chémot 5,1), Aharon s'est tenu en-dessous de Moché au mont Sinaï, puisque [au regard de son très haut niveau,] il a légèrement hésité avant d'aller avec Moché.
Cela explique pourquoi la Torah écrit toujours que "Moché et Aharon se sont présentés devant Pharaon" ; Aharon n'est mentionné qu'en seconde position car il suivait toujours l'exemple de Moché.

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-> Selon la guémara (Kidouchin 39b), il y a un principe que la récompense pour l'accomplissement d'une mitsva n'est pas donnée en ce monde.
=> Pourquoi est-ce ainsi?
La Torah enjoint un employeur humain de payer le salaire de son employé sans retard, alors pourquoi Hachem n'est-Il pas lié par les mêmes lois de la Torah?
Par ailleurs, ce principe semble être contredit par le midrach (Bamidbar rabba 21,1) qui rapporte que après que Pin'has a tué Zimri [avec sa lance], Hachem a dit : "selon la loi, Pin'has doit recevoir sa récompense [en ce moment]."

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché - Pin'has) explique que la raison pour laquelle Hachem n'est pas lié par la loi à payer un employé le même jour qu'il fournit son travail est parce que cette loi ne s'applique que lorsqu'un employeur embauche un employé directement, mais pas dans le cas où il l'embauche par le biais d'un intermédiaire.
Puisque les juifs ont demandé que la Torah leur soit transmise par le biais de Moché, plutôt que de l'entendre directement d'Hachem, alors Hachem n'est pas obligé de fournir immédiatement une compensation pour l'accomplissement de la Torah, puisque que cela a été ordonné par un intermédiaire.
Une exception est faite pour les Cohanim de cette génération qui ont reçu la Torah au mont Sinaï, parmi lesquels Pin'has. Ces Cohanim se sont tenus dans une zone spéciale cloisonnée où ils leur étaient possible d'entendre l'intégralité des 10 Commandements directement d'Hachem lorsqu'Il parlait à Moché (avant qu'il ne les répète au peuple).
Puisque Pin'has a entendu les Commandements directement d'Hachem, alors Hachem était obligé de lui accorder une récompense immédiate pour la mitsva qu'il a accompli [tuer Zimri].

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-> La guémara (Pessa'him 68b) rapporte que Mar, le fils de Ravina, jeûnait chaque jour de l'année à l'exception de Shavouot, Pourim, et du jour avant Yom Kippour.
Le Gaon de Vilna ('Houmach haGra Emor 23,27) observe que le dénominateur commun de tous ces jours est qu'ils sont tous des moments où l'on reçoit la Torah. La Torah a été donnée initialement à Shavouot, les 2e Tables de la Loi ont été données à Yom Kippour (guémara Taanit 30b), et la Torah a été réacceptée par les juifs avec amour à l'époque de A'hachvéroch (guémara Shabbath 88a).

=> Comment expliquer le comportement de Mar qui jeûnait chaque jour de l'année, même à Shabbath et Yom Tov?

-> Certains (ex: Tossafot Béra'hot 49b) expliquent qu'il jeûnait pour faire téchouva lorsqu'il avait un mauvais rêve pour annuler toute accusation du Ciel contre lui.
Selon rabbi Tsadok haCohen (Pri Tsadok - Roch 'Hodech Adar I, 2), pendant ces 3 jours (Shavouot, Kippour, Pourim), son renouvellement avec la Torah mettait en lui une joie inégalée qui annulée toutes les inquiétudes qui l'assaillaient le restant de l'année, lui permettant ainsi de célébrer la fête d'une manière débridée.
[le rav Tsadok haCohen donne des exemples montrant que l'étude de la Torah augmente la joie d'une personne. Par exemple, sur le verset : "[Boaz] fut d'humeur joyeuse" (Ruth 3,7), il explique que cela était le résultat de son étude de la Torah (midrach Ruth rabba 5,15).]

[le rav 'Haï Gaon explique que Mar agissait d'une manière si extrême depuis qu'il a souffert d'une énorme tragédie personnelle, et qu'il n'arrivait pas à trouver du réconfort jusqu'à ce qu'il a pris sur lui de jeûner durant toute sa vie.
Rav 'Haï Gaon note que l'on ne doit pas imiter son comportement.]

La fête de Shavouot – Quelques enseignements

+ La fête de Shavouot - Quelques enseignements :

=> Pourquoi la Torah n'écrit-elle pas le jour du mois duquel la fête de Shavouot a lieu (par exemple : "le 6 Sivan vous devez faire Shavouot"), comme elle le fait pour les autres fêtes?

1°/ Shavouot n'est pas limitée à une date précise car elle commémore le don de la Torah, qui est au-delà de la réalité du temps (lémaala min azman).
[Divré 'Haïm - Pin'has 28,26]

2°/ A la différence de Pessa'h et de Souccot, qui commémorent un événement qui s'est passé à un moment bien précis, la Torah ne mentionne pas la date du don de la Torah, puisque le don de la Torah se renouvelle éternellement au quotidien.
[voir Arou'h haChoul'han 494,2 ; Kli Yakar - Emor 23,16]

3°/ La fête de Shavouot s'est finalement embourbée dans de la tragédie.
Peu après avoir reçus la Torah sur le mont Sinaï, les juifs ont transgressé la Torah en idolâtrant le Veau d'or, et en conséquence Moché a détruit les Lou'hot.
Bien que la fête de Shavouot n'a pas été annulée en se basant sur le principe : "dans la sainteté on augmente uniquement, et nous ne diminuons pas" (maalin bakodech véén moridim), néanmoins la Torah a annulé la date du don de la Torah. [sa mention explicite contrairement aux autres fêtes]
[Mochav Zékénim mi Baalé haTossafot - Pin'has 29,2]

4°/ La Torah spécifie que la fête de Shavouot a eu lieu 50 jours après qu'on ait apporté le Korban Omer.
Pendant la période du Temple, les mois étaient sanctifiés en se basant sur le témoignage de témoins, et ainsi il serait possible que Shavouot tombe le 5e ou le 7e jour de Sivan, et pas nécessairement le 6 Sivan (le jour où la Torah a été donnée).
[Rivach 96]

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-> La guémara (Pessa'him 68b) dit que la fête de Shavouot coïncide avec le jour où la Torah a été donnée au mont Sinaï.
Actuellement, la date de Shavouot est établit par un calendrier fixe, qui a pour conséquence que Shavouot tombe toujours le 6e jour de Sivan.
Mais cela n'a pas toujours été le cas. A l'époque du Temple, lorsque la date des fêtes étaient régulées par le beit din se basant sur un témoignage de témoins ayant vus la nouvelle lune, Shavouot pouvait tomber soit le 5e, soit le 6e, ou soit le 7e jour de Sivan.
[Shavouot tombe 50 jours après le 2e jour de Pessa'h, indépendamment de quand commencera le mois d'Iyar et de Sivan, qui peut avoir 29 ou 30 jours, en fonction du beit din sanctifiant le mois]
=> Comment ces 3 jours peuvent-ils être considérés comme le jour réel de la réception de la Torah?

-> Certains expliquent que bien que le beit din était techniquement capable de sanctifier la nouvelle lune d'une façon qui ferait tomber Shavouot le 5, le 6 ou le 7 Sivan, en réalité le beit din arrivait à s'arranger pour que Shavouot tombe toujours le 6 Sivan.
[Téchouvot haRivach 96]

-> Rabbi Yé'hezkel Landau (Tselakh - Pessa'him 68b) répond que ces 3 jours sont réellement considérés comme le temps de la réception de la Torah (kabbalat haTorah) :
- le 5 Sivan = la nation juive a accepté la Torah en ce jour en proclamant : "naassé vénichma" (Nous ferons et nous écouterons).
- le 6 Sivan = depuis le début de la Création, Hachem avait l'intention de donner la Torah en ce jour.
- le 7 Sivan = Moché a retardé le don de la Torah d'un jour en ajoutant une journée supplémentaire pour que les juifs puissent convenablement se sanctifier pour recevoir la Torah.
Cela a résulté que la Torah soit réellement donné le 7 Sivan.

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=> Pourquoi décorons-nous les synagogues et les maisons avec de la verdure à Shavouot?

-> Certains disent que c'est pour louer Hachem pour avoir sauver la vie de Moché lorsqu'il était bébé. Moché est né prématurément de 3 mois, le 7 Adar. Puisque les égyptiens attendaient que la mère de Moché donne naissance à son terme, ils n'ont commencé à le chercher que 3 mois après sa naissance, soit le 6 Sivan.
La mère de Moché, Yo'hévét, a alors placé Moché dans un panier et l'a camouflé parmi les roseaux et arbustes qui poussent le long des rives du Nil.
Puisque Yo'hévét a dissimulé Moché avec de la verdure le 6 Sivan, nous couvrons les synagogues de verdure à Shavouot pour se rappeler de la délivrance de Moché en ce jour.
[rabbi 'Haïm Moché Elazary - Nétivé 'Haïm (Chémot 2,2)]

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=> Pourquoi Hachem a-t-il fait en sorte que Moché soit placé sur le Nil spécifiquement le 6 Sivan, le même jour où il recevra par la suite la Torah au mont Sinaï?

-> Le 'Hizkouni (Chémot 2,2) répond que c'était afin que le mérite de la Torah qui sera donnée ultérieurement à cette même date, puisse servir pour le protéger.
Comme la guémara le rapporte (guémara Sota 12b), lorsque Moché a été placé sur le Nil et qu'il était en danger de noyade, les anges de service ont dit devant Hachem : "Celui qui est destiné à recevoir la Torah au mont Sinaï à cette date va être atteint en ce jour?"

-> Rabbénou Bé'hayé (Chémot 2,2) souligne une signification supplémentaire à cet événement particulier.
Moché bébé a été très affecté par le fait d'être placé sur le Nil, et le 6 Sivan était potentiellement un jour de grand malheur et de calamité pour lui. [il était sur un panier sur le terrible fleuve du Nil, avec les égyptiens qui le recherchaient au alentour pour le noyer]
Au final c'est exactement le contraire qui s'est passé. Le 6 Sivan est devenu ensuite le jour durant lequel il est monté au Ciel pour recevoir la Torah.
A propose de cela, le roi David applique le verset : " Le jour où j'ai crié [bébé dans le panier sur le Nil], tu me répondis, tu me donnas du courage en fortifiant mon âme" (Téhilim 138,3).

Le livre de Ruth – Quelques enseignements

+ Le livre de Ruth - Quelques enseignements :

=> Pourquoi lisons-nous la Méguilat Ruth pendant la fête de Shavouot?

1°/ Shavouot est le moment du don de la Torah.
Le midach (Yalkout Chimoni Ruth 596) dit que nous lisons la Méguilat Ruth à Shavouot afin de démontrer que de même que Ruth a connu de l'affliction et de la pauvreté lors de sa conversion, de même la Torah s'acquiert uniquement par la souffrance et la pauvreté.

Bien que le récit de Ruth enseigne que la Torah s'acquiert uniquement par la difficulté, il transmet également un message d'espoir et de consolation.
Ruth est allé dans les champs chaque jour pour amener de la nourriture à Naomi afin d'épargner à sa belle-mère autrefois prospère la honte de devoir quitter sa maison pour recueillir l'aumône.
En agissant ainsi, Ruth a repoussé tout prétendant à vouloir se marier avec elle, puisque (à juste titre) si elle devait se marier son mari n'accepterait pas qu'elle passe ses journées à ramasser des tiges de blé afin de subvenir aux besoins de son ancienne belle-mère (Naomi).
Bien qu'à première vue son sacrifice semblait lui éliminer tout prétendant au mariage, au final c'est cela qui a conduit à se marier avec Boaz et à devenir la mère de la royauté d’Israël.
=> Il en est de même pour tout celui qui se dédit à la Torah, au début il fait face à des difficultés et des obstacles, mais ces déboires vont l'amener finalement au succès et au bonheur.
[Séfer 'Hassidim (619) ; Torat ha'Hida]

2°/ Le livre de Ruth a été écrit pour enregistrer la descendance du roi David.
Puisque le roi David est né et mort à Shavouot, nous lisons la Méguilat Ruth en ce jour en son honneur.
[la guémara (Yérouchalmi 'Haguigua 2,3) dit que le roi est mort à Shavouot. Or, selon la guémara (Roch Hachana 11a) : "Hachem complète les années des tsadikim au jour près", ce qui implique que le roi David est né à Shavouot]
[Chaaré Téchouva - Ora'h 'Haïm 494,7]

3°/ Boaz n'a pu se marier avec Ruth uniquement en conséquent de l'interprétation des rabbins de l'interdiction de la Torah pour un juif de marier une Moabite, puisque s'appliquant exclusivement aux Moabites hommes et non aux Moabites femmes.
Le livre de Ruth est ainsi lu à Shavouot pour démontrer à quel point la Torah Ecrite et la Torah Orale sont inséparables et également obligatoires.
['Hidouché haRim al haTorah (Shavouot)]

4°/ La Torah juxtapose l'offrande de farine de blé qui est offerte à Shavouot, avec la loi de laisser les glanages de la récolte aux pauvres et aux convertis.
La Méguilat Ruth relate la très belle réalisation de cette mitsva par Boaz, au point même de demander aux moissonneurs d'être polis et généreux avec Ruth, qui était à la fois pauvre et convertie.
Ainsi, il est approprié de lire la Méguilat Ruth à Shavouot puisqu'elle aborde l'application pratique de lois dont la Torah insiste à ce moment.
[Shavouot étant à la période des récoltes]
[Lévouch - Ora'h 'Haïm 494,5]

5°/ Les juifs ont subi tous les aspects de la conversion (circoncision, immersion dans un mikvé, et offrir un sacrifice) avant de recevoir la Torah au mont Sinaï.
Il est ainsi approprié de lire à Shavouot le récit de Ruth, une convertie vertueuse.
[Aboudraham]

6°/ La Méguilat Ruth est remplie d'actes de bonté, et la Torah est entièrement composée de bonté
[Nos Sages (guémara Sota 14a) enseigne : "La Torah débute par un acte de bonté (lorsque Hachem donna des peaux à Adam et ‘Hava pour se couvrir) et se termine par un acte de bonté (lorsqu’Hachem Lui-même procéda à l’enterrement de Moché).]
Puisque la Torah a été donné à Shavouot, nous lisons le livre de Ruth en ce jour.
[Birké Yossef - Ora'h 'Haïm 494,11]

7°/ Nous lisons le livre de Ruth à Shavouot pour faire pénétrer en nous la foi et l'espérance en l'arrivée imminente du machia'h.
Car de même que Hachem a réalisé sa promesse à Moché de délivrer les juifs de leur esclavage en Egypte et de les amener au mont Sinaï pour servir Hachem (voir Chémot 3,12), de même Il gardera Sa promesse d'amener le machia'h, qui est un descendant de Ruth, l'ancêtre du roi David.
[Maté Moché - 693]

8°/ Ruth n'a atteint la perfection que par la force d'efforts et d'un travail difficile pour devenir une juive vertueuse.
Nous lisons le récit de Ruth à Shavouot pour nous enseigner la leçon que le seul chemin pour atteindre des grandeurs spirituelles, c'est par un travail difficile et par la persévérance, et non simplement en se basant sur des qualités naturelles ou une lignée distinguée.
['Hayé Avraham - citant rabbi Moché Albelida (Bamidbar 56b)]

9°/ Le livre de Ruth est lu à Shavouot pour montrer l'énorme récompense qui est donnée à ceux qui servent Hachem avec une intention pure.
Après la destruction de la ville de Sodome, les filles de Loth ont agi avec beaucoup d'impureté. Cependant, puisque leurs motivations étaient pour l'honneur d'Hachem, elles ont toutes les deux été récompensées en mettant au monde des descendants qui vont être les rois d'Israël (guémara Baba Batra 38b).
Ruth, qui était une descendante d'une des filles de Loth, s'est également comportée d'une manière peu orthodoxe, lorsqu'elle s'est ornée et qu'elle est venue furtivement devant Boaz dans l'obscurité de la nuit. Mais comme elle a également agi avec des intentions pures, elle a été récompensée en donnant naissance à la dynastie de David (aboutissant avec la naissance du machia'h).
=> Nous apprenons de là que ceux qui étudient la Torah et réalisent les mitsvot en l'honneur d'Hachem vont certainement recevoir une récompense infiniment importante. [d'où la lecture de Ruth à Shavouot pour nous renforcer la valeur de la Torah et mitsvot]
[Torat ha'Hida]

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-> "il y mit 6 mesures d'orge" (Ruth 3,15)
=> Pourquoi Boaz qui était très riche, a-t-il offert [entre autre] un cadeau si maigre à Ruth?

-> Boaz faisait allusion à Ruth qu'elle serait bénie par 6 descendants particulièrement vertueux : David, Daniel, 'Hananiya, Michaël, Azaria et le machia'h, et chacun auront 6 vertus exceptionnelles. [voir guémara Sanhédrin 93b]

-> Certains expliquent que ces 6 vertus exceptionnelles correspondent aux 6 qualités que Adam a perdu en raison de sa faute, puisqu'avant qu'Adam ne faute :
- son visage brillait avec les rayons de la Chékhina ;
- il aurait pu vivre éternellement ;
- la taille d'origine d'Adam atteignait le Ciel, ce qui reflétait son niveau spirituel très élevé. Après la faute, sa taille a diminuée ;
- il n'existait uniquement des plantes bénéfiques ;
- tous les arbres portaient des fruits ;
- à l'origine, Hachem a créé une belle lumière éblouissante, qui a été cachée après la faute d'Adam.

-> Les 6 descendants vertueux de Ruth ont aidé à rectifier la faute d'Adam.
Ce processus va arriver à son terme avec le machia'h, le dernier de ces 6 personnes vertueuses. A ce moment, les 6 cadeaux d'origine d'Hachem à l'humanité vont complétement être restaurés, comme lorsque Adam vivait au gan Eden.
[rapporté par le rabbi Binyamin Wurzburger]

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-> La haftara qui est lue le matin de Shavouot est à propos du "maassé merkava" : la prophétie mystérieuse et mystique de Yé'hezkiel dans laquelle il décrit vivement le "Chariot" céleste d'Hachem.
=> Quel est le lien entre Shavouot et le Char Céleste Divin (Merkava)?

-> Le Lévouch explique que lorsque les juifs ont reçu la Torah au mont Sinaï, ils ont atteint le niveau des grands prophètes, tous ceux présents, du plus jeune enfant au plus grand sage, et ainsi à ce moment ils percevaient tous sans aucun doute le Char Céleste Divin.
C'est pour cela que nous lisons la vision de Yé'hezkel du "massé Merkava" en ce jour.
[la preuve du Lévouch est : "tout le peuple vit le tonnerre" (Yitro 20,15), ce qui est un concept kabbaliste pour faire référence au "massé Merkava".]

-> Le Zohar écrit que Yé'hezkel a reçu sa prophétie du "massé Merkava" un jour de Shavouot.
C'est pourquoi nous la lisons en ce jour.
[Birké Yossef 493,3 ; 'Hida (Makhzik Béra'ha)]

La période du Omer – Quelques enseignements

+ La période du Omer - Quelques enseignements :

-> A la différence des autres fêtes de la Torah qui ont une date précise du mois, le commencement de la fête de Shavouot est fixé sur le compte d'un nombre précis de jours depuis Pessa'h (voir "Emor 23,15-16 : "Vous compterez pour vous 7 semaines entières ...").
=> Pourquoi cela?

1°/ Le midrach dit qu'avant que les juifs n’aient quitté l'Egypte, ils étaient semblables à un homme croupissant en prison qui va crier au roi pour qu'il le libère.
Le roi l'informe que non seulement ils sera libéré immédiatement de prison, mais il lui donnera la main de sa fille en mariage à une certaine date.
A sa libération, l'homme va compter avec impatience chaque jour jusqu'au moment fixé pour le mariage.

Il en est de même pour le peuple juif qui attend avec envie le jour où ils vont recevoir la Torah et ils comptent avec impatience chaque jour qui passe.
Puisque les juifs ont démontré leur grand amour pour la Torah en comptant chaque jour, Hachem a institué la mitsva de compter les jours menant à Shavouot pour toutes les générations.
[Aboudraham ; Shibolé haLéket (Shavouot 336)]

[d'une certaine façon imaginons un mariage prévu dans 50 jours, et dont chaque jour le futur marié témoigne d'à quel point il est impatient d'être au mariage, d'à quel point il n'envisage pas de vivre sans elle, ... Et à l'inverse, si la futur mariée ressent que cela n'est pas si important pour lui, qu'il a mieux à faire ...
Imaginons le plaisir qu'a Hachem de nous marier à Sa Torah à Shavouot, et à quel point Il apprécie notre désir et impatience de nous lier à elle, au point qu'Il a institué la mitsva du Omer pour toutes les générations.
Nous avons tous un apport unique à la Torah, et en ce sens nous devons individuellement se travailler à vivre ces moments du Omer dans un état d'esprit où l'on va vraiment se marier avec la Torah, imaginons la joie et la proximité avec papa Hachem tout particulièrement à ce moment!
Et pendant ce temps les non-juifs vivent une vie comme si de rien n'était ... Quelle chance nous avons d'être fils/fille adoré(e) d'Hachem, le Roi des rois! ]

2°/ La fête de Shavouot a lieu lorsque les agriculteurs sont occupés à travailler dans les champs, loin de la ville. Puisqu'ils pourraient être mal informés du moment où est tombé le Roch 'Hodech Sivan (dépendant des 2 témoins observant la lune), ils seraient alors incapables de calculer la date de Shavouot (qui tombe déjà le 6 Sivan, et non vers le 15 [ou après] comme les autres fêtes).
La Torah a ainsi fait que Shavouot soit indépendant d'une date fixe dans le mois, mais plutôt qu'elle soit déterminée en comptant un nombre spécifique de jours. [ainsi les agriculteurs pouvaient être loin des villes et connaître la date de Shavouot en comptant le Omer]
[Shibolé haLéket (Shavouot 336)]

3°/ La période entre Pessa'h et Shavouot est un moment où l'Attribut [Divin] de stricte justice opère dans une mesure forte. C'est pourquoi les élèves de Rabbi Akiva sont morts spécialement durant cette période.
Afin d'empêcher l'Accusateur de nous poursuivre [pour nous faire du mal], nous comptons les jours du Omer pour démontrer notre désir d'accepter la Torah, et par ce mérite de bénéficier de la protection Divine.
[le Rama - rapporté dans le Yalkout Its'hak (mitsva 307)]

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=> Pourquoi Shavouot a lieu 50 jours après le début de Pessa'h?

-> Rabbénou Bé'hayé (Béréchit 4,3) commente que Caïn et Hevel ont apporté un sacrifice Min'ha le 50e jour de leur vie. Afin de commémorer cet épisode de Caïn et Hevel, qui démontre les principes importants de providence Divine de récompense et de punition et que Hachem communique avec l'homme via la prophétie, la Torah nous ordonne qu'un sacrifice Min'ha soit offert à Shavouot, qui tombe 50 jours après Pessa'h.

Un autre lien entre le récit de Caïn et Hevel et Shavouot, est que Moché était la réincarnation de Hevel.
Hevel a été tué le 50e jour de sa vie, mais il a été par la suite récompensé pour sa droiture lorsque Moché est monté sur le mont Sinaï, le 50e jour après Pessa'h.
Caïn, qui représente le mauvais penchant (yétser ara), a été maudit le 50e jour de sa vie.
Le 50e jour, on offre un sacrifice Min'ha à Shavouot, qui comporte du 'hamets, ce qui est une métaphore pour le mauvais penchant, afin de faire allusion à l'arrêt de l'influence du mauvais penchant, qui va avoir lieu au "Grand Jubilé" (c'est-à-dire à la Délivrance finale).
[le yovèl (jubilé) est l'aboutissement de 7 cycles de 7 années, de même que Shavouot est l'aboutissement de 7 semaines de 7 jours]

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=> Quelle est la signification de compter 7 semaines entre Pessa'h et Shavouot?

-> Le chiffre 7 fait référence au monde à Venir, qui va avoir lieu au 7e millénaire, lorsque le monde va atteindre un état de Shabbath (repos éternel - yom chékoulo Shabbath). [Shabbath étant actuellement le 7e jour de la semaine]
[Rabbénou Yérou'ham (5,4)]

-> Le chiffre 7 correspond aux 7 divisions de la Torah : la Torah ; Névi'im ; Kétouvim ; Michnayot ; Tossefta ; Talmud ; Aggada.
[Rabbénou Yérou'ham (5,4)]

-> Les juifs en Egypte étaient dans un état d'impureté spirituelle. Ils avaient ainsi besoin d'un processus de 7 semaines de purification, similaire à la nidda qui a besoin de compter 7 jours afin d'atteindre la pureté.
[le Tsor haMor - rapporté dans le Yalkout Its'hak (mitsva 307)]

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-> "Vous compterez pour vous 7 semaines entières à partir du lendemain du Shabbath [1er jour de Pessa'h]" (Emor 23,15)
=> Pourquoi le compte du Omer ne commence que le 2e jour de Pessa'h? N'aurait-il pas été plus logique de commencer à compter le Omer à partir du 1er jour?

1°/ Le début du compte du Omer consiste à amener un sacrifice d'une quantité d'un omer d'orge.
Nous ne pouvons pas couper les tiges d'orge du champ le 1er jour de Pessa'h, puisqu'il est interdit de faire ce "travail" à Yom Tov.
C'est pourquoi dans le verset ci-dessus la Torah appelle le 1er jour de Pessa'h : "Shabbath", puisque c'est similaire à Shabbath où le travail dans le champ est interdit ces 2 jours.
Le compte du Omer commence donc le 2e jour de Pessa'h, où récolter est permis (en terre d'Israël, où il n'y a qu'un jour de Yom Tov).
[Malbim - Emor 23,15]

2°/ Les juifs en Egypte étaient dans un état d'impureté, comparable à l'impureté de la nidda.
Une nidda doit compter '7 jours de propreté' avant d'être capable de se purifier elle-même pour être permise à son mari. L'impureté spirituelle des juifs en Egypte (qui était bien supérieure à celle d'une nidda) nécessitait qu'ils devaient compter 7 semaines propres/pures avant leur mariage à Hachem au mont Sinaï.
De même qu'une nidda doit compter une période pleine de '7 jours de propreté' avant son immersion [dans le mikvé], de même nous devons compter une période pleine exempte d'impureté de 7 semaines.
Ainsi, nous ne pouvons pas commencer à compter le 1er jour de Pessa'h, puisque les juifs étaient dans un état d'impureté une partie de la journée, puisqu'ils étaient encore en Egypte la 1ere nuit de Pessa'h.
[Zohar vol.3 p.97a ; Ménorat haMaor chap.2 ; Ohr ha'Haïm haKadoch Emor 23,15]

3°/ Le premier jour de Pessa'h doit être totalement dédié à se rappeler de notre libération miraculeuse d'Egypte, qui démontre la grande Vérité d'Hachem comme Créateur du monde, et qu'Il dirige [constamment] le monde avec Sa providence Divine.
C'est pourquoi la Torah n'a pas souhaité présenter toute autre mitsva en ce jour, pour ne pas porter atteinte au message essentiel du jour.
[Séfer ha'Hinoukh - 306]

4°/ Yom Tov diffère de Shabbath dans la mesure où la sainteté céleste de Shabbath descend sur l'homme sans aucun effort de sa part.
En revanche, la sainteté de Yom Tov requiert que l'homme sanctifie d'abord la fête par le beit din qui va sanctifier le nouveau mois avant la fête.
[la date de Yom Tov est libre selon la décision des hommes, tandis que la date du Shabbath est fixe sur celle du 1er Shabbath de la Création par Hachem]
Le 1er jour de Pessa'h est dénommé "Shabbath" uniquement dans le verset (Emor 23,15), car il est similaire à Shabbath dans le sens où Hachem a sanctifié initialement les juifs en les sortant d'Egypte. [la date a été initialement imposée par l'intervention d'Hachem]
Puisque la mitsva de compter le Omer nécessite que les juifs s'élèvent par la force de leurs propres efforts, cette mitsva ne peut commencer qu'après le 1er jour de Pessa'h.
[rabbi Tsadok haCohen - Makhchavot 'Harouts 10 ; Pri Tsadik (Béhar 4)]

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-> La guémara (Yébamot 62b) rapporte que Rabbi Akiva avait 24 000 élèves, qui sont tous morts pendant la période du Omer, car ils ne se traitaient pas les uns les autres avec un respect approprié.
=> Il est difficile de comprendre cela : comment ces élèves au niveau spirituel très très élevés n'ont-ils pas absorbé comme il faut le fameux dicton de leur maître Rabbi Akiva : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même : c'est un grand principe de la Torah" (midrach Béréchit rabba 24,7).

On peut citer les explications suivantes :
1°/ "Il y avait de la paix parmi les disciples de Rabbi Akiva, et il n'y avait pas de dispute (makhlokét).
Ils n'ont été punis que pour ne pas avoir positivement témoignés de l'honneur les uns envers les autres, ce qui est aussi chose importante".
[ainsi, la période du Omer doit nous renforcer dans la nécessité d'avoir des marques de respect, d'amour envers notre prochain (ex: un mot agréable, un sourire, ...).]
[rabbi Ménaché Klein - Michné Halakhot - vol.11,321]

2°/ Rabbi Akiva considérait initialement que Bar Kochba était le machia'h, et il a appelé ses élèves pour combattre aux côtés de Bar Kochba pour une indépendance de la domination romaine.
Pendant la chute de Beitar, les romains ont tué 24 000 élèves de Rabbi Akiva pendant la période de Pessa'h à Shavouot.
[selon rabbi Eliézer Dunner - Zikhron Yossef Tsvi 493]

Bien que les élèves de Rabbi Akiva se témoignaient d'un respect exemplaire dans le beit midrach, ils leur manquaient de l'unité nécessaire lorsqu'il s'agissait d'aller combattre et d'élaborer des stratégies militaires contre les romains.
[voir rabbi Yossef Stern - Zékher Yehossef - vol.4 chap.33]

Ainsi, selon cette approche les élèves de Rabbi Akiva ont été tués par les romains.
Comment concilier cela avec la guémara (Yébamot 62b) affirmant que les élèves de Rabbi Akvia sont morts de "Askara" (diphtérie)?
Rabbi Eliyahou 'Henkin explique les mots de la guémara sont un euphémisme pour dire : "les romains les ont tués". Nos Sages ne voulaient pas mentionner explicitement le massacre cruel des romains afin de ne pas soulever de la colère chez leurs souverains romains.

3°/ Même avant la mort des élèves de Rabbi Akiva, la période du compte du Omer était un moment difficile, puisque le monde est alors sous la conduite de l'Attribut [Divin] de la stricte justice. [selon rabbi 'Haïm Vital - Pri Ets 'Haïm (Séfirat haOmer - chap.7) ]
Pour cette raison, beaucoup de personnes avaient la coutume (même avant la mort des élèves de Rabbi Akiva), de ne pas se faire couper les cheveux pendant cette période, puisqu'il est approprié d'agir d'une manière contrite durant une période de Rigueur/Justice (din).
Ainsi, la raison principale pour laquelle nous ne nous coupons pas les cheveux et nous limitons le plaisir pendant les jours du Omer est parce que c'est des jours de jugement (yémé din). Après la mort des élèves de Rabbi Akiva, nos Sages ont institué que ces jours soient universellement adoptés comme une période de deuil, et ont attribué la raison à la mort tragique des élèves de Rabbi Akiva. [d'après rabbi Yéchya Tzala'h (Péoulat Tsadik 2,76)]

Puisque l'Attribut [Divin] de stricte justice est opérationnel durant le compte du Omer, les élèves de Rabbi Akiva ont été frappés pour ne pas avoir témoigner de l'honneur l'un l'autre, malgré le fait que cela soit mineur à ce moment. [en période de Rigueur, la justice Divine va être très stricte, et ce qui est un défaut minime va être traité sérieusement (comme si on zoomait davantage, remarquant ce qui ne l'est pas en temps normal)]
[selon rabbi 'Haïm Vital - Pri Ets 'Haïm (Séfirat haOmer - chap.7)]

4°/ Les élèves de Rabbi Akiva ont compris le dicton de leur maître (Tu aimeras ton prochain comme toi-même : c'est un grand principe de la Torah), comme signifiant qu'on n'a qu'à accorder de l'honneur à son ami dans la mesure où l'on s'accorde personnellement de la valeur, de l'honneur.
Puisque ces élèves pieux dédaignaient l'honneur et le fuyaient dans leur vie personnel, ils ont fait la tragique erreur de penser que puisqu'ils n'avaient aucun besoin d'honneur pour eux-mêmes, alors ils n'avaient aucune obligation d'en proposer à leurs amis.
[rabbi Nathan Watchfogel]

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-> b'h, à ce sujet voir également : https://todahm.com/2018/05/30/6489-2

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+ Petit bonus sur la mort des élèves de Rabbi Akiva :

-> Les kabbalistes écrivent que les 24 000 élèves de Rabbi Akiva étaient les réincarnations des 24 000 juifs de la tribu de Chimon qui ont été tués à Chittim, lors de l'épisode avec les filles de Moav dans le désert.
Puisque les élèves de Rabbi Akiva n'ont pas suffisamment rectifié leur défaillance morale de leur vie antérieure, cela est venu s'ajouter avec leur manque de respect envers leurs pairs, pour les rendre passibles de la mort.
Les 24 000 élèves avaient Rabbi Akiva comme enseignant (maître), car Rabbi Akiva était la réincarnation de Zimri ben Salou, le prince (nassi) de la tribu de Chimon. [Emek haMelekh - chap.69]
Cependant, Rabbi Akiva a pu rectifier la faute de Zimri. [selon rabbi Moché Wolfson (Emunat Itekha)]

Selon d'autres sources kabbalistiques, Rabbi Akiva était la réincarnation de Chimon, le fils de Yaakov.
Rabbi Akiva a perdu ses 24 000 élèves pour expier la faute de Chimon d'avoir tué à tord les 24 000 habitants mâles de Chekhem qui s'étaient circoncis. [Emek haMelekh 40b]

Le voyage existentiel spirituel d’un juif

+ Le voyage existentiel spirituel d’un juif :

-> L’homme entre dans un nouvel état d’existence à chaque instant de ce monde. Chaque instant offre une autre opportunité de développement spirituel. La véritable teneur spirituelle de chaque moment de vie ne sera révélée qu’a posteriori, à titre posthume, après avoir quitté ce monde. La mort scelle la situation spirituelle à laquelle la personne est parvenue, et cet état final existera pour l’éternité dans l’autre monde.

Le terme "métsiout" (מציאות - existence, réalité), est dérivé de "yétsia" (יציאה - une sortie), faisant allusion à la transformation continue de la vie, du potentiel au réel.
Le voyage existentiel, qui implique de voyager d’un endroit ou d’un niveau à l’autre, consiste à vivre sa vie dans un état continu de révélation. Cela transparaît dans les 42 étapes au cours des 40 années de pérégrinations du peuple juif, du désert à la terre d'Israel.
Ce cheminement dans la révélation de soi de la nation est spécifiquement décrit en utilisant le terme "motsaé'ém" (מוצאיהם - leurs sorties - Massé 33,1-49), de la même racine que le mot "yétsia" (יציאה - Massé 33,2).
Tout comme nous avons entrepris des voyages dans le désert jusqu’à ce que nous atteignions la Terre sainte, de même, nous sommes destinés à entreprendre de nombreux voyages dans le "désert des nations", exil après des exil, jusqu’au retour final dans notre patrie.

Le voyage vers notre patrie est en fait une profonde métaphore du passage de la friche stérile que représente ce bas-monde, vers le monde futur. La fin de la vie marque en quelque sorte l’arrivée de la personne en terre céleste et dans la Jérusalem d’en Haut (Yérouchalaïm chel maala), vis-à-vis spirituel du Jérusalem terrestre (Yérouchalaïm chem mata). [selon le Rama de Pano (Assara Maamarot)]

Les 42 stations du désert trouvent leur parallèle dans les 42 voyages d’une personne, depuis sa naissance (l’exode est symbolique de la naissance de la nation juive) jusqu’à son arrivée à sa destination finale et à son héritage éternel, symbolisé par l’entrée en Terre Sainte. [selon le Déguel Ma'hané Efraïm (Massé)]
[Il y a la révélation d’Hachem dans l’univers à travers le Nom divin de 42 lettres. Chaque étape du voyage sert à répandre l’unité divine tout au long de la Création. Il y a ainsi la révélation de l’homme telle qu’elle se manifeste à travers ses 42 étapes de vie, depuis la sortie d'Egypte, en passant par la traversée du désert, jusqu’à l’entrée en terre d'Israël et le passage de ce monde à l’autre.
Ces révélations sont interconnectées car la véritable révélation de "qu’est l’homme" va de concert avec la révélation de "qu’est Hachem" si l’on peut dire. L’homme a été créé pour utiliser son libre arbitre pour révéler Hachem et en le révélant, il révèle la véritable essence de son être, à savoir la sainteté de son âme Divine.]

Le Nom mystique d’Hachem de 42 lettres est le "chem mém-beit" (שם מ"ב - avec מ"ב qui a une guématria de 42).
Ce Nom est lié à la Création, qui est une expression de l’unité Divine. La genèse de l’univers s’est déroulée pendant les 6 jours de la Création, culminant avec le saint Shabbat, le 7e jour.
[le מ"ב est un acronyme pour "maassé béréchit" (מעשה בראשית). En outre, Hachem a créé le monde avec la Torah. La Torah écrite commence par "béréchit" (בראשית), tandis que la Torah orale commence elle par le mot "méémataï" (מאימתי) [Béra'hot 2a). Les initiales de ces deux mots sont מ"ב.]
Le 6 est symbolique du monde physique achevé qui, à son tour, est orienté vers la sainteté du 7. Leur interaction est liée à la révélation complète de 42, comme le laisse entendre le produit de 6 fois 7 qui est 42.
Les 6 jours de la Création, tel le voyage hebdomadaire pour atteindre le Shabbat, le 7ème jour, correspondent aux 6 millénaires d’existence de ce monde, antichambre menant au monde à venir, dont le jour du Shabbat est un avant-goût.

Les 42 voyages dans le désert sont parallèles au Nom divin de 42 lettres et à l’ascension de niveau en niveau, de la préparation des 6 jours de la semaine jusqu’au chabbat. Chaque station correspond à une autre lettre du Nom de 42 lettres.
Le but est de nous élever au niveau de l’énergie spirituelle de cette lettre spécifique.

La révélation de la création en tant que voyage vers un idéal supérieur trouve son expression dans la formulation des 42 mots du Shema. La déclaration de l’unité d’Hachem se poursuit dans les 6 premiers mots du Shéma. L’unité du saint Nom divin doit s’étendre pour imprégner toute la création, liée au Nom de 42 lettres. Ainsi, le 1er paragraphe du Shéma compte 42 mots.
Cela traduit son engagement à cheminer dans ces 42 stations dans le monde physique, au service d’Hachem, dans une ascension continue.

[traduction d'un dvar Torah rav Yéhochoua Alt]

"Ils trébucheront, un homme par son frère" (Bé'houkotaï 26,37)

Selon la guémara (Shavouot 39a) cela signifie : "une personne [trébuchera] sur les fautes de son frère. Cela nous apprend que tous les juifs sont responsables les uns des autres" (kol Israël arévim zé bazé).

-> Le Maharcha (guémara Sanhédrin 27b) précise :
Il est écrit : "ils trébucheront", un langage au pluriel, et non pas la nation juive [comme une unité].
Plutôt, [cela fait référence] uniquement à ceux qui ont l'opportunité de protester. A propos d'eux, il est écrit qu'une personne va trébucher sur les fautes de son frère, si elle ne proteste pas.

-> Selon le Maharal (Nétivot Olam - Nétiv haTo'hakha) :
"Tous les juifs sont responsables les uns des autres" puisqu'ils sont une seule nation ...
C'est semblable à une personne qui est blessée à l'un de ses membres, tous les autres vont le ressentir, puisqu'ils font partie d'un même corps.
De même, lorsqu'une personne faute, toute la nation juive le ressent".

[ Le Maharal (Nétiv Hatokh’ha 2) écrit : Cette règle ("les juifs sont garants les uns des autres") est fondée sur le fait que, contrairement aux autres Nations, les juifs sont unis les uns aux autres par un lien "organique" ; de même que le dérèglement d’un organe vital a des répercussions sur l’ensemble du corps, tous les Bné Israël sont affectés par la transgression de l’un des leurs. ]

-> Le Ritva explique : "Car ils sont comme un seul corps et comme un garant payant la dette d’un autre".

-> Selon le Arou'h haChoul'han (Yoré Déa III,14) :
Le concept [de la responsabilité conjointe] est similaire à une personne qui est composée de nombreux membres du corps, chacun ayant sa propre vitalité. Cependant le sang de chaque membre dépend d'un seul organe, le coeur.
Il en est de même pour la nation juive à travers les âges. Même si chaque personne maintient sa propre vie, puisque nous provenons de la même source, nos âmes sont taillées de sous le Trône Divin et notre racine est dans la sainte Torah, ce qui fait qu'en définitive nous sommes comme une personne qui est divisée en plusieurs membres.

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-> Le rav 'Haïm Vital (Ets 'Haïm - chaar asli'hot) rapporte :
"Mon maître [le Arizal] était habitué à dire tous les détails de la confession des fautes (vidouï) ...
Il expliquait que même si toutes les choses qui sont mentionnées [dans la confession (vidouï)] ne peuvent être trouvées chez une seule personne, on doit quand même dire la confession ... et c'est pourquoi la structure est à la forme plurielle (ex: nous avons fauté ['hatanou]), plutôt qu'au singulier : "j'ai fauté" ('hatati).
L'explication est que tous les juifs sont un seul corps et chaque juif est un membre.
Ceci est la clé de la responsabilité que l'on entretient envers son prochain [juif] qui pèche. Par conséquent, même si une personne n'a pas commis un péché précis, il doit quand même le confesser puisque lorsque son collège [juif] l'a violé, c'est comme s'il l'avait transgressé lui-même."

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-> La guémara (Roch Hachana 29a) aborde le concept qu'on peut acquitter autrui d'une bénédiction, même si on est soi-même déjà quitte. [voir le texte pour avoir les précisions halakhiques]

-> Le Ran (Dafé haRif - guémara Roch Hachana 8a) explique :
La raison à cela est parce que tous les juifs sont responsables les uns les autres de [l'accomplissement] des mitsvot.
En ce sens, si son prochain [juif] ne s'est pas encore acquitté [de son obligation], il ne l'a également pas fait.

-> Selon le 'Hafets 'Haïm (Nitsavim 29,28) :
Le principe est que chaque juif peut décharger un autre de son obligation d'observer les mitsvot, même s'il a lui-même déjà accompli cette mitsva, comme la [récitation] du kiddouch et écouter le Shofar, ... [c'est parce que] si son ami est manquant dans la réalisation d'une mitsva, c'est comme si lui aussi est manquant.
De même, l'obligation de chaque personne d'empêcher autrui de transgresser un commandement négatif est parce que s'il ne parvient pas à le retenir de fauter lorsqu'il en a les capacités, alors il sera lui aussi puni.

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-> "Il est fondamentalement faux de dire : [Je n'ai pas besoin de veiller à ce que les autres fassent les mitsvot puisque] cela est suffisant que je sois un bon juif et que je marche dans les chemins de mes ancêtres".
['Hafets 'Haïm]

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-> "Celui que les créatures apprécient, est apprécié de D. ; mais celui que les créatures n’apprécient pas, n’est pas apprécié de D." (Pirké Avot 3,10)

-> Le rav Avraham Azoulai ('Hessed léAvraham - Avot 3,10), le grand-père du 'Hida, écrit :
"Celui que les créatures apprécient" = peut être expliqué comme signifiant que les autres obtiennent le plaisir du monde à Venir car il aura facilité le fait qu'Hachem aura du plaisir d'eux.
"celui que les créatures n’apprécient pas, n’est pas apprécié de D." = cela fait référence à celui qui dit : "Ma famille et moi-même servent Hachem. pourquoi devrais-je me déranger à guider les autres et à leur apporter du mérite?"
Une telle personne, qui ne facilite jamais le mérite spirituel d'autrui, n'est pas appréciée par Hachem puisque Hachem ne trouve grâce que chez ceux qui promeuvent les mérites spirituels d'autrui".

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+ "Vous vous tenez debout aujourd’hui tous ensembles, devant Hachem votre D. : vos chefs de Tribus, vos anciens, vos agents, chaque citoyen d’Israël" (Nitsavim 29,9)

-> Le Midrach (Yalkout Chimoni Dévarim 940) commente :
"‘Vous vous tenez debout’. Quand? Lorsque vous formez ‘aujourd’hui tous ensembles’ un seul groupe (agouda a'hat ). Ainsi, trouvons-nous qu’Israël n’est délivré que lorsqu’il ne forme qu’un seul groupe ...
Même si J’ai placé pour vous des chefs [de Tribu], des juges et des agents, tous sont identiques devant Moi, comme il est dit : ‘chaque citoyen d’Israël’...
Autre explication: Vous tous êtes garants l’un envers l’autre."

"On peut dire qu’à chaque génération, l’homme doit se considérer comme s’il sortait lui-même de Jérusalem [suite à la destruction du Temple]"
[‘Hatam Sofer - drouch du 7 Av 5789]

-> "Toute génération qui n'est pas témoin de la reconstruction du Temple est considérée comme ayant causée sa destruction" (guémara Yérouchalmi Yoma 1,1).
[ainsi, ne pas assister à la construction du Temple, c’est comme assister à sa destruction! ]

"Regarde! Je place devant vous aujourd’hui, la Bénédiction et la Malédiction" (Réé 11,26)

-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que le mot "aujourd’hui" (hayom - היום) de notre verset peut apparaître superflu, car le texte pouvait aussi bien dire : "Regardes! Je place devant vous la Bénédiction et la Malédiction".

Il répond qu’il y a, dans le calendrier juif, essentiellement 5 jours de fêtes ordonnés par la Torah : Roch Hachana, le premier jour de Souccot, le jour de Chemini Atséret, le premier jour de Pessa’h (le dernier jour n’étant pas une nouvelle fête) et le jour de Shavouot.
Si Israël avait respecté scrupuleusement ces 5 jours de fêtes, il aurait été épargné de 5 autres jours de malheur : le jeûne de Guédalya (3 Tichri); le jeûne du 10 Tévet, le jeûne du 17 Tamouz, le jeûne du 9 Av et le 10 Av (jour où la majeure partie du Temple brûla).
C’est l’allusion que fait le verset : "Regarde! Je place devant vous aujourd’hui (היום)", la Bénédiction et la Malédiction" : Je place devant vous "cinq" [ה] jours [יום], qui peuvent être aussi bien la Bénédiction (les 5 jours de fête) que son contraire (les 5 jours de malheur).

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-> Moché indiqua aux Bné Israël : "Seulement Aujourd'hui (היום), 40 ans après le Don de la Torah [juste avant leur entrée en terre d'Israël], vous pouvez saisir parfaitement [c’est le sens de mot "Regarde" (réé)] que le chemin de la Torah mène à la Bénédiction, tandis que le chemin de la transgression conduit à la Malédiction". En effet, nos Sages enseignent : "Un homme ne peut véritablement cerner la pensée de son maître qu’au bout de 40 ans" [guémara Avoda Zara 5b].

-> Le mot "Aujourd’hui" (היום) fait allusion à Roch Hachana, [à noter que la paracha de Rééh est lue habituellement le Shabbath qui précède Roch ‘Hodech Eloul, le mois consacré à la préparation au Jour du Jugement], comme l’explique le Zohar à propos du verset "Vous êtes tous debout aujourd’hui" (atè nitsavim ayom - Nitsavim 29,9).
Ainsi, Moché a-t-il mis en garde les Bné Israël : "Réfléchissez et faites téchouva à l'approche de Roch Hachana afin de sortir méritant au Jour du Jugement et bénéficier de la Bénédiction, car si vous êtes fautifs, le Jugement vous sera défavorable et la Malédiction s’abattra sur vous".
[Likouté Torah de Rabbi Yissa'har]

-> Le mot "Aujourd’hui" (היום) signifie que les mitsvot d'Hachem doivent être à nos yeux comme "un décret royal nouveau vers lequel tous accourent pour l’accueillir" [voir Rachi sur Vaét'hanan 6,6].
C’est ainsi, que l’on se réjouit en D. et que l’on mérite la Bénédiction. En revanche, le respect des mitsvot de façon routinier n’engendre pas la joie et cause la Malédiction, comme il est dit : "[Toutes ces Malédictions – de Ki Tavo – s’abattront] parce que tu n’auras pas servi Hachem, ton D., avec joie et contentement de coeur".
[‘Hatam Sofer]

-> "Aujourd’hui" (היום) désigne ce Monde-ci [voir Rachi sur Vaét'hanan 7,11], ainsi : "Dans ce Monde-ci (היום), nous trouvons la Bénédiction et la Malédiction, mais dans le Monde futur, nous trouverons que la Bénédiction".
[Tossefot]

"Vous êtes les enfants d'Hachem, votre D. : ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en l’honneur d’un mort" (Réé 14,1)

-> Le Baal Chem Tov enseigne (voir Hayom Yom du 24 Av) : "‘L’Amour d’Israël’ (aavat Israël - אהבת ישראל) c’est le sens de ‘l’amour de D.’ (aavat Hachem - אהבת ה׳), car il est dit : ‘Vous êtes les enfants d'Hachem’ : Celui qui aime le Père, aime aussi Ses enfants".

-> De même l’Admour Hazaken (Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi) rapporta un enseignement du Maguid de Mézéritch, qui le tenait du Baal Chem Tov [voir HaYom Yom du 12 Av] :
"‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’ (Vayikra 19, 18) est un commentaire et une explication de ‘Tu
aimeras Hachem ton D.’ (Dévarim 6, 5). En effet, lorsque l’on aime un juif, on aime Hachem. Car chaque juif porte en lui [véritablement] une parcelle de Divinité (voir Séfer HaTanya I, 2 sur Iyob 31,2).
Ainsi, lorsque l’on aime un juif, lorsque l’on aime la partie profonde de son être, on aime Hachem".

-> Le lien étroit entre "l’amour de D." et "l’amour du prochain" est confirmé par la guématria.
La valeur numérique du Commandement d’aimer D. : "véAhavta ét Hachem Elokékha - וְאָ֣הַבְתָּ אֵת ה׳ אֱל־ֹהֶיךָ - Tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5) est exactement égale à la valeur numérique (907) du Commandement d’amour de tout juif : "véAhavta léRéakha kamokha ani Hachem - וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָמּוֹך אֲנִי ה׳ - Tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis Hachem (Kédochim 19,18).
Ainsi, ne doit-on pas faire de différence entre l’amour d’Hachem, les Commandements envers Lui, et l’amour d’Israël, les Commandements envers autrui.

Par ailleurs, la valeur numérique du mot וְאָהַבְתָּ (VéAhavta - Tu aimeras) [414] est égale à 2 fois la valeur numérique du mot אוֹר (Or – lumière) [207] faisant ainsi allusion aux 2 composantes de l’amour ("l’amour de D." et "l’amour du prochain") [à noter que la "Lumière אוֹר (Or)" a été créée le premier jour de la Création, jour relatif à l’Attribut de ‘Hessed (Bonté) qui s’apparente à l’Amour.]
Le mot אורֹ (Or – lumière) désigne également la Torah, comme il est dit : "Car la Mitsva est une lampe et la Torah une lumière" (Michlé 6,23). Aussi, "l’amour de D." et "l’amour du prochain" [désignés par le mot וְאָהַבְתָּ (VéAhavta – Tu aimeras)] correspondent-ils aux 2 Tables de l’Alliance (les deux "Lumières") : Les 5 Commandements de la première Table, relatifs au rapport "entre l’homme et D.", se réfère à "l’amour de D.", tandis que les 5 Commandements de la seconde Table, relatifs au rapport "entre l’homme et son prochain" se réfère à "l’amour du prochain" (voir Kli Yakar sur Kédochim 19,18).
Or à propos des "Tables" (לוחות - Lou’hot), il est écrit: "D. donna à Moché ... les 2 Tables (לֻחֹת) du Témoignage..." (Ki Tissa 31,18) et Rachi de remarquer : "Le mot Lou’hot est écrit sans Vav (לֻחֹת) [comme s’il était au singulier].
Cela signifie qu’elles étaient toutes les deux identiques (dans la mesure)."
Peut-on y voir aussi une allusion à peine voilée que les 2 dimensions d’amour : "l’amour de D." et "l’amour du prochain" finissent par se confondre.

-> On raconte (voir Hayom Yom du 28 Nissan) que des ‘Hassidim demandèrent à l’Admour Hazaken : "Quelle est la forme du Service divin la plus élevée, l’amour de D. ou l’amour d’Israël?"
Il répondit : "L’amour de D. et l’amour d’Israël sont tous deux incrustés dans les trois parties de l’âme (Néfech, Roua’h et Néchama) possédée par chaque juif. Le verset dit clairement: ‘Je vous ai aimé, dit Hachem’ (Mala'hi 1,2). Il en découle que l’amour d’Israël est plus élevé, car on aime ceux qu’aime Celui que l’on aime."

"Car Hachem ton D. se déplace au sein de ton camp pour te délivrer et livrer tes ennemis dans ta main, ton camp doit être saint afin qu'Il n'y voit pas de chose indécente et qu'Il se détourne de toi" (Ki Tétsé 23,15)

-> Les Livres Saints ne ménagent pas leurs mots pour appeler à la vigilance en ce qui concerne la sainteté du peuple d'Israël et de chaque juif en particulier, car c'est d'elle que dépend la Présence Divine parmi nous.

-> Le Sfat Emet fait remarquer que la forme grammaticale employée par le verset pour exprimer qu'Hachem "se déplace" au sein du camp d'Israël est le passif. C’est comme s'il était écrit, si l'on peut dire, qu'Hachem se fait déplacer et qu'Il se fait conduire par les Bné Israël selon leur niveau de sainteté. Il leur donne ainsi la possibilité de fixer à quel niveau, où et quand Hachem se déplace avec Son peuple selon la sainteté de sa conduite.