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Pessa’h Chéni

+ Pessa'h Chéni :

-> Pessa’h Chéni signifie le "Second [sacrifice de] Pessa’h". Il marque le jour où quelqu’un qui n’avait pas pu participer au sacrifice de Pessa’h en temps voulu (le 14 Nissan) pouvait accomplir la mitsva exactement un mois plus tard (le 14 Iyar - qui est aussi le 29e jour du Omer).

=> Quelle est l’origine de Pessa’h Chéni?

Un an après la sortie d’Égypte, Hachem ordonna aux Bné Israël d’offrir le Korban Pessa’h l’après-midi du 14 Nissan et de le consommer ce soir-là, grillé au feu et accompagné de matsa et du maror, comme ils l’avaient fait un an auparavant juste avant de quitter l’Égypte.
La Torah relate : "Il y eut cependant des hommes qui s’étaient rendus impurs au contact d’un cadavre et qui ne purent donc pas préparer l’offrande de Pessa’h ce jour-là. Ils se présentèrent devant Moché et Aaron ... et ils dirent: “Pourquoi serions-nous privés d’apporter l’offrande de D. en son temps, seuls parmi les Bné Israël?” (Béaaloté'ha 9,6-7).
En réponse à leur requête, Hachem fit du 14e jour de Iyar un "second Pessa’h" (Pessa’h Chéni) pour quiconque avait été dans l’incapacité d’apporter le Korban Pessa’h en son temps, le 14 Nissan.

-> "Tout homme qui est souillé par un cadavre ou qui est sur une route éloignée, que ce soit pour vous ou pour vos générations, il fera le sacrifice de Pessa'h pour Hachem, c'est au deuxième mois durant le 14e jour" (Béaaloté'ha 9,10-11)

Contexte :
Hachem parla à Moché dans le désert du Sinaï la seconde année de leur sortie du pays d'Egypte en disant : les enfants d'Israël feront le Korban Pessah en son temps le 14ème jour ... Ils firent le sacrifice de Pessa'h le 14eme jour du premier mois comme Hachem l'avait demandé ... Au même moment, il y eut 2 décès au sein du peuple d'Israël. Moché ordonna à 2 hommes d'enterrer les deux défunts le plus rapidement possible afin de limiter leurs souffrances. Les hommes s'exécutèrent mais réalisèrent ensuite qu'ils resteraient souillés par leur proximité avec les défunts jusqu'au jour du Korban Pessa'h.

Ces hommes allèrent voir Moché et s'épanchèrent sincèrement, désespérés de ne pas pouvoir offrir le Korban Pessa'h comme le reste du peuple du fait de leur impureté, comme il est écrit : "Les hommes qui se trouvaient souillés par des cadavres humains ne purent faire le sacrifice de Pessa'h.... Ils se présentèrent devant Moché et Aharon ce même jour et dirent : nous avons écouté ton ordonnance et à présent, nous sommes souillés par des cadavres. Pourquoi serions-nous privés d'offrir le sacrifice de l'Eternel en son temps ? Moché leur répondit: restez debout et j'écouterai ce que Hachem ordonnera à votre sujet" (Béaaloté'ha 9,7-9).

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=> A cette époque, qui étaient ces hommes devenus impurs?
-> Différents points de vue sont rapportés par le Talmud (voir Soucca 25a-25b). On peut citer :
1°/ les porteurs du cercueil de Yossef.
2°/ Michaël et Elitsafane, les cousins d’Aaron, qui furent charger d’inhumer Nadav et Avihou (voir Chémini 10,4).
3°/ Ceux qui s’occupèrent d’un "mét mitsva" (un mort qui n’a personne d’autre disponible pour l’enterrer).
[la guémara (Soucca 25a) rapporte que si des gens trouvent un cadavre abandonné d'un inconnu, ils ont la mitsva de l'ensevelir].
=> C'est pourquoi, le Sforno rapporte que ces personnes ont dit à Moché, qu'une mitsva doit entraîner une autre mitsva, et non priver celui qui l'a accomplie de l'opportunité d'en observer une autre.

=> Qui était concerné par Pessa’h Chéni?
La Torah écrit : "Parle ainsi aux Bné Israël : Si quelqu’un se trouve souillé par un cadavre, ou sur une route éloignée, parmi vous ou vos descendants … c’est au deuxième mois, le quatorzième jour, vers le soir, qu’ils le feront (le Korban Pessa’h)" (Béaaloté'ha 9,10).

La Michna [Pessa’him 9, 1] enseigne : "Celui qui était rituellement impur ou sur une route éloignée (du seuil de la cour du Temple et au-delà) et n’a pas observé le premier Pessa’h doit observer le 2e Pessa’h. Si quelqu’un a involontairement oublié ou a été empêché en raison de circonstances indépendantes de sa volonté et n’a pas observé le premier Pessa’h, lui aussi doit observer le deuxième Pessa’h".

=> Quelle est la différence entre le premier Pessa’h et le second Pessa’h?

-> Le 2e Pessa'h diffère du premier dans la mesure où il ne comporte aucun jour de fête, pas même pour ceux qui apportent alors le sacrifice pascal.
D'autre part, bien qu'ils n'aient pas le droit de consommer des produits fermentés ('hamets) en même temps que l'offrande (v.9,11), ils ont le droit de posséder et de manger du 'hamets le jour même où ils l'apportent (Rachi ; guémara Pessa'him 95a).

Une autre différence est que le sacrifice offert le premier (Pessa’h) nécessite la récitation du Hallel lorsqu’il est mangé tandis que le second (Pessa’h) ne nécessite pas la récitation du Hallel lorsqu’il est mangé…

=> Quel est le statut de Pessa’h Chéni?
Les Sages de la guémara évoquent 3 statuts possibles de Pessa’h Chéni :
1°/ il s’agit d’une fête à part entière (réguel mipné atsmo) ;
2°/ il s’agit d’un rattrapage du premier Pessa’h (tachloumim) ;
3°/ il s’agit d’une réparation du premier Pessa’h (tikoun).
Chacun de ces points de vue conduit à conséquences halakhiques différentes [voir guémara Pessa’him 93a].

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=> Quelles leçons nous apprend Pessa’h Chéni?

On peut citer :

-> d'après le Sifré :
Un certain nombre de personnes n'avait pas pu apporter le sacrifice de Pessa'h parce qu'elles étaient impures. Ces hommes, animés du désir ardent de vivre ce moment exceptionnel, firent appel à Moché. D. approuva leurs nobles intentions et les récompensa en révélant à leur propos le nouveau commandement de Pessa'h Chéni, la seconde possibilité d'apporter le sacrifice de Pessa'h, un mois après la date fixe de Pessa'h.
En effet, bien que ce fût d'ordinaire par l'intermédiaire de Moché que D. faisait connaître Ses commandements, Il distingua ces hommes afin de rendre hommage à leur désir sincère de s'élever au niveau spirituel, et c'est par leur entremise qu'Il promulgua ce nouveau commandement.

-> dans un divré Torah, le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
La capacité d'apporter un korban Pessa'h à Pessa'h Chéni est une nouvelle hala'ha, qui a été entièrement créée par le fort désir de juifs qui ne voulaient pas manquer [la possibilité d'offrir] le korban Pessa'h (même s'ils avaient de bonnes excuses pour ne pas le faire).
Cela nous apprend sur la force du désir. Il ne faut jamais dire que quelque chose est impossible, car si tu le veux vraiment alors Hachem peut faire que cela se réalise.
[selon nos Sages si une personne désire se purifier alors du Ciel on l'aide. (ainsi, si nous témoignons d'un désir fort, alors cela permet ensuite d'avoir Hachem qui vient nous aider, et tout devient possible! [comme avec Pessa'h Chéni] )]

Le rav de Shinov dit que Moché était la personne la plus humble. Il n'était jamais sûr que Hachem parlera avec lui.
Cependant, Moché était certain qu'en l'honneur de ces personnes qui désiraient tellement apporter le korban Pessa'h, alors Hachem se présentera à lui (lui indiquant la nouvelle halakha).

[selon nos Sages, le désir est quelque chose de très puissant. On peut citer :
- si quelqu'un a des désirs spirituels qu'il ne peut malheureusement pas accomplir (ex: donner davantage à la tsédaka mais il n'en a pas les moyens, étudier davantage mais il faut travailler), alors Hachem va compter comme s'il avait réalisé cela de la meilleure des manières possibles.
(ainsi, plus on désire donner, s'investir dans des choses spirituelles, plus on sera récompensé pour cela)
- une fois que le machia'h est là, la présence d'Hachem est tellement claire qu'il n'y a plus de libre arbitre, et donc de vraies récompenses pour nos mitsvot. On restera au niveau qu'on aura attend lors de la venue du machia'h.
Cependant, le Maharal enseigne que si une personne a des désirs spirituels énormes et qu'il n'a pas eu le temps ou les capacités de les accomplir, alors même une fois que le machia'h sera arrivé, il pourra ensuite continuer de monter jusqu'à atteindre ces niveaux.
(ainsi plus on a sincèrement des désirs spirituels élevés (ex: je veux être comme Avraham, donc avant le machia'h je fais tout pour suivre son exemple selon mes capacités et situation personnelle), alors plus on pourra après la venue du machia'h tendre vers son niveau)
- "Tout homme dont le cœur est inspiré viendra " (Vayakel 35,21)
Le Ramban écrit que la Torah se réfère à ceux qui vinrent tisser, coudre et construire le michkan. Où ces personnes avaient-elles appris à effectuer des tâches si habiles?
Le Ramban répond qu’elles découvrirent ce talent caché, grâce à leur profond désir d’accomplir la volonté d’Hachem, d’aider à construire le Michkan. En voyant une telle ardeur, Hachem leur donna la possibilité de faire des choses qu’elles n’avaient jamais apprises.
[ainsi, les gens dont le cœur fut inspiré pour accomplir la volonté d’Hachem et construire le michkan découvrirent des forces et des talents complètement insoupçonnés. Nous avons tous également la capacité de dépasser nos limites et de réaliser ce qui nous parait impossible, mais la condition préalable est : d'avoir un profond désir d’accomplir la volonté d’Hachem. ] ]

-> Rachi (Béaaloté'ha 9,1) écrit : "pourquoi [le livre de Bamidbar] ne commence-t-il pas par le présent chapitre (sur Pessa'h Chéni)? Parce qu’il jette un discrédit sur Israël, lequel, au long de tous les 40 ans de son séjour dans le désert, n’a présenté que cette fois-là le korban Pessa'h.
[la Torah ne voulait pas commencer le livre de Bamidbar par un récit ne mettant pas les Bné Israël sous leur meilleur jour.]

Dans le désert on ne faisait pas de brit mila sur les nouveau-nés car cela était dangereux dans un milieu si hostile, et ainsi il leur était interdit d'apporter un korban Pessa'h (puisque non circoncis).
[les parents d'enfants incirconcis ne sont pas autorisés à apporter l'offrande de Pessa'h ; or, pour des raisons de santé, il était dangereux de circoncire des nouveau-nés dans le désert (guémara Yébamot 71b).
A cause de la faute des explorateurs, les Bné Israël n'ont pas pu rentrer en terre d'Israël la 2e année du désert, et alors pouvoir y offrir ce korban (au lieu de cela ils y sont restés 40 ans)]
=> Ainsi, pourquoi cela est-il considéré comme une disgrâce le fait qu'ils n'ont pu amener un korban Pessa'h qu'au bout de la 1ere année dans le désert?
Le Imré Emet répond : si les juifs dans le désert auraient désiré de tout leur coeur pouvoir apporter un korban Pessa'h, Hachem aurait alors fait que cela puisse devenir possible.
De même que Hachem a trouvé un moyen pour que les personnes impures à Pessa'h puissent amener un korban à Pessa'h Chéni, de même Hachem aurait pu trouver une solution pour permettre à la génération du désert d'apporter un korban Pessa'h [de la 2e à la 40e année].
=> Leur disgrâce a été qu'ils n'ont pas assez désiré.
[cela nous apprend que nous devons travailler à renforcer nos désirs de spiritualité, et s'ils ne deviennent pas encore réalité nous devons avoir conscience que rien qu'à l'état de désir ils ont une valeur énorme aux yeux d'Hachem! ]

-> Le 'Hidouché haRim explique que force est de dire que ces gens ne 'demandèrent' pas : "Pourquoi serions-nous privés?", mais ils supplièrent du fond du cœur : "Pourquoi ... pourquoi? Nous savons que nous sommes impurs, mais nous voulons faire partie de ceux qui apportent le sacrifice d'Hachem".
C'est pourquoi ce désir brûlant conduisit à ce qu'une nouvelle Loi soit énoncée.
=> C'est l'enseignement que Pessa'h Chéni transmet à chaque juif, quels que soient sa situation et l'endroit où il se trouve : s'il se tourne vers Hachem en suppliant avec conviction : "pourquoi serais-je privé", alors, même plongé dans les vanités de ce monde, s’il désire de tout son cœur "voir le Roi", Hachem lui ouvrira les portes du Ciel.
Il méritera ainsi de se sanctifier et de pénétrer dans Son Saint palais.

Voyons combien le désir possède une force considérable : nos Sages nous enseignent (Midrach Chmouël Rabeta §3) qu'avant la naissance du prophète Chmouël, une voix céleste retentit et annonça : "Un enfant va naître du nom de Chmouël, qui méritera la prophétie d'Hachem".
Que firent les Bné Israël?
Comme ils désiraient ardemment que leur fils soit prophète,
chacun appela le sien de ce prénom.
Dans les faits, seul le fils de 'Hanna mérita d'être prophète ; cependant, le désir si intense de tous ces parents leur valut que leur fils prophétise une fois au moins dans sa vie.

-> Le rabbi Yossef Its’hak de Loubavitch avait l’habitude de dire :
"Pessa’h Chéni enseigne qu’une situation n’est jamais désespérée", il n’est jamais trop tard car il est toujours possible de rectifier les choses.

-> D'après le Séfer HaSi’hot :
L’exil ressemble à un état d’impureté ou à un éloignement de la source de la sainteté, les situations où s’applique Pessa’h Chéni.
Le commandement de Pessa’h Chéni ne fut dévoilé qu’à la suite de l’exigence prononcée "des hommes qui s’étaient rendus impurs au contact d’un cadavre…: “Pourquoi serions-nous privés”"
=> De même, Hachem attend de nous que nous réclamions avec insistance la guéoula du Peuple Juif pour nous envoyer le machia’h.

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-> Le Zohar (III, 152b) enseigne à propos de Pessa'h Chéni :
"En ce jour, une proclamation est faite qui annonce : ''Celui qui n'a pas encore contemplé la Présence Divine, qu'il vienne durant ces jours-ci contempler la face du Seigneur Hachem, avant que les portes ne se ferment.''
Quel jour cette proclamation est-elle faite ? Le quatorze du deuxième mois (le 14 Iyar), car à partir de ce jour et durant sept jours, les portes restent ouvertes et se ferment ensuite."

=> Selon le Zohar en ce jour Hachem ouvre les Portes du Ciel.

[plus encore, ce même Zohar (Béaaloté'ha 152) nous enseigne que : "depuis Pessa'h Chéni (le 14 Iyar), les cieux sont ouverts pendant une semaine, puis ils se referment".
=> Combien nous devons profiter de cette opportunité de 7 jours pour abonder en prières et maximiser ainsi leur impact! ]

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-> On a vu précédemment que selon la guémara (Soucca 25a), Rabbi Akiva qu'il s'agissaient de Michaël et Elitsafan qui s'étaient occupés de la sépulture de Nadav et Avihou. (occupés à les enterrer, et le 7e jour et dernier jour de leur état d'impureté tombait la veille de Pessa'h, leur empêchant de faire le sacrifice Pessa'h ce jou-là)

=> Pourquoi Michaël et Elitsafan furent-ils choisis par Moché pour enterrer Nadav et Avihou?

-> Le Shvilé Pi'nhas nous explique :
Pour répondre à cette question, commençons par rapporter la guémara ('Houlin 7b) : "Les Justes sont plus grands après leur mort que durant leur vivant, comme il est écrit : "Les gens aperçurent une de ces bandes, des réchaïm, un jour qu'ils enterraient quelqu'un, ils jetèrent le corps dans le sépulcre d'Elicha. Au contact des ossements d'Elicha, le défunt ressuscita et se remit debout" (Méla'him II 13,21)."

Rachi explique qu'il s'agissait d'un racha qui n'était pas destiné à être enterré auprès des Justes. De son vivant, lorsqu'Elicha chercha à ressusciter le fils de la Shounamite, il dut placer ses lèvres sur les siennes, ses yeux sur les siens et implorer la Miséricorde divine. Après sa mort, un simple contact avec ses ossements fit ressusciter ce racha.

D'après cet enseignement, nous pouvons affirmer que [les Justes] Nadav et Avihou étaient plus élevés après leur mort que durant leur vivant. En effet, lorsque Michaël et Elitsafan s'occupèrent de leurs dépouilles, ils furent en contact avec la grandeur de ces derniers. Ils ressentirent le même élan que connurent Nadav et Avihou pour accomplir le service divin mais qui précipita leur mort du fait de leur empressement.
Michaël et Elitsafan furent alors épris d'un désir ardent d'accomplir le commandement du Korban Pessa'h alors qu'ils en étaient exemptés du fait de l'impureté qu'ils contactèrent au contact des dépouilles.
Toutefois, contrairement à Nadav et Avihou qui furent punis de mort pour avoir prononcé une loi devant leur maître Moché motivés par un amour sincère pour le Créateur, Michaël et Elitsafan furent attentifs d'accomplir ce commandement uniquement après en avoir reçu l'ordre de Moché.
Ils exprimèrent leur profond désarroi sans pour autant transgresser cet interdit et méritèrent de recevoir cette une nouvelle mitsva qui n'avait pas encore été énoncée, celle de Pessa'h chéni.

"Vous compterez pour vous 7 semaines entières à partir du lendemain du Shabbath [1er jour de Pessa'h], depuis le jour où vous avez offert le Omer en offrande balancée, jusqu'au lendemain de la 7e semaine, vous compterez 50 jours. Vous offrirez une offrande de nouveau blé à Hachem." (Emor 23,15-16)

-> Le rav Yossef Salant (Béer Yossef) note que le mot "Omer" est utilisé dans la Torah à propos des juifs qui reçurent la manne dans le désert. Dans la paracha Béchala’h (16,16), la Torah nous informe qu’Hachem ordonna au peuple de ramasser la manne : "un Omer par personne".
Le midrach relie également le sacrifice du Omer et la manne. Il nous dit que l’offrande du Omer était une sorte de reconnaissance et de gratitude de la part du peuple juif envers Hachem qui leur envoya la manne dans le désert.

Le rav Salant explique que pendant leur traversée du désert, les juifs avaient à ne fournir aucun effort pour vivre. La manne descendait directement du Ciel, sans aucune contribution humaine.
En outre, quelle que soit la quantité de manne qu’une personne essayait de ramasser, elle ne parvenait jamais à prendre plus que la part qui lui était allouée, elle gardait uniquement ce dont elle avait besoin. La nourriture leur ainsi étant fournie, les Juifs pouvaient se consacrer à l’étude de la Thora et au service d’Hachem.

En revanche, lorsqu’ils entrèrent en terre d'Israël, la manne ne tomba plus du Ciel et ils durent subvenir à leur besoin à travers des efforts physiques.
Avec ce changement, apparut un nouveau danger. Lorsqu’un homme voit que ses efforts portent leurs fruits, il risque de moins placer sa confiance en Hachem et d’attribuer ses réussites à son dur labeur.
Pour éviter ceci, la Torah nous prescrit d’apporter le Omer, la première production de la saison, à Hachem, reconnaissant ainsi qu’Il est la seule Source de revenus, et que notre gagne-pain n’est pas le résultat de notre propre hichtadlout (efforts fournis).
En faisant le lien entre la manne et le Omer (qui ont le même volume), la Torah nous montre qu’il n’y a en réalité aucune différence entre la façon de vivre dans le désert et en Erets Israël.
De la même manière qu’Hachem subvint à nos besoins dans le désert, Il resta notre source de revenus après cette période miraculeuse. La seule différence, c’est que nous ne méritons plus d’assister à des miracles dévoilés et qu’il nous faut donc fournir des efforts physiques pour gagner notre vie.

Le rav Yossef Salant (Béer Yossef) établit un autre lien entre la manne et le Omer. Il rapporte la guemara (Kidouchin 38a) qui affirme que la manne cessa de tomber quand Moché décéda, mais le peuple continua de manger ce qu’il leur restait jusqu’à ce qu’ils entrèrent en Terre sainte, le 16 Nissan.
C’est aussi la date à laquelle nous devons apporter le Omer. (le lendemain du 1er jour de Pessa'h, qui est le 15 Nissan).
Ainsi, chaque année, nous commençons à compter le Omer le jour où la manne cessa, pour nous enseigner que la subsistance symbolisée par le Omer est une suite de celle représentée par la manne.

Il poursuit en expliquant le rapport entre le Omer et Shavouot.
Jusqu’à présent, le Omer nous enseignait que notre gagne-pain provenait d’Hachem. Toutefois, cette prise de conscience ne suffit pas, nous devons également réaliser que la parnassa n’est pas une fin en soi, mais uniquement un moyen pour atteindre un but plus noble : celui de nous procurer la tranquillité d’esprit qui nous permettra de nous concentrer sur le service Divin et l’étude de la Torah, sans être accablé par les soucis de notre subsistance.
Ainsi, la Torah relie le compte du Omer à Shavouot, pour nous apprendre que le but de notre parnassa, représentée par le Omer, est de nous mener vers le don de la Torah, c’est-à-dire de nous permettre d’étudier et de respecter la Torah au mieux.
C’est pourquoi, durant 49 jours, nous comptons le Omer, et cela nous pousse à réaliser qu’Hachem est l’unique Source de subsistance et aussi, que le but est de nous permettre de nous rapprocher de Lui par l’intermédiaire de l’étude et de l’observance de Sa Torah.

-> Suite à cela, le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Les enseignements de la manne furent très pertinents à travers l’Histoire. À l’époque du prophète Yirmyahou, le peuple donnait priorité au travail plutôt qu’à l’étude de la Torah. Yirmyahou exhorta les juifs à faire de l’étude leur priorité. Les Bné Israël prétendirent qu’ils avaient besoin de travailler pour vivre. Yirmyahou leur apporta un récipient de manne qui était entreposé dans le Temple.
[voir Béchala’h 16,32, quand Moché demanda à Aharon de mettre ce récipient dans le Michkan comme rappel des enseignements de la manne pour les générations futures.]
Yirmiyahou leur montra qu’Hachem avait maintes façons de subvenir aux besoins de l’homme et qu’il lui fallait donc réaliser la futilité de la recherche de la matérialité.

Nous n’avons plus ce récipient de manne pour nous éveiller, mais il nous reste la mitsva du compte du Omer, elle est un rappel constant qu’il ne sert à rien de fournir plus d’efforts que nécessaire, puisqu’Hachem est l’unique Source de revenus.
De plus, elle nous rappelle que le but de la matérialité est de pouvoir se rapprocher d’Hachem.
[en ce sens, le Rambam explique que toutes les bénédictions physiques promises dans le Shéma si l’on respecte la Torah ne sont pas la récompense ultime. Hachem nous gratifie en nous donnant une source de revenus qui nous permettra de nous concentrer sur le spirituel, car la récompense réelle de l’observance des mitsvot est la possibilité d’accomplir d’autres mitsvot.]
Ces enseignements s’appliquent différemment chez chacun, il n’existe pas de "nombre d’heures précis" à consacrer au travail, à l’étude ou à d’autres activités spirituelles. Il convient cependant, durant cette période de Séfirat HaOmer (compte du Omer), de s’introspecter et de faire le bilan de notre implication dans le monde physique et spirituel.
Travaille-t-on plus que nécessaire? Durant les temps libres, se concentre-t-on plus sur le spirituel ou apporte-t-on du travail à terminer chez soi?
En se posant de telles questions, on peut espérer intérioriser les enseignements du Omer.

Puissions-nous tous mériter de recevoir notre subsistance sans difficulté, et avoir plus d’opportunités de nous rapprocher d’Hachem. [Amen! ]

Le succès ne se mesure pas par la richesse, mais par la paix intérieure et la tranquillité.
[Malbim]

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[le Malbim nous demande de redéfinir notre perception de la réussite.
La sérénité [intérieure] en est le symbole ultime.]

Faites de vos livres vos amis, laissez vos bibliothèques devenir vos vergers et vos jardins. Promenez-vous dans leurs terres, cueillez leurs roses.
[rabbi Yéhudah Ibn Tibbon - (1120-1190)]

Si vous voulez que vos enfants deviennent des fleurs, vous devez les planter comme des fleurs.
[rav Ovadia Yossef]

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[le rav Ovadia Yossef enseigne que lorsque nous créons une maison stable et chaleureuse (avec une vraie attention et un amour abondant), dans laquelle les jeûnes âmes [les enfants] peuvent prendre racine, alors ils devraient se développer magnifiquement, b'h.]

Si la Torah nous oblige de retourner les objets perdus par autrui, combien à plus forte raison doit-on leur rendre leur âme!
['Hafets 'Haïm]

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[le 'Hafets 'Haïm transmet l'idée que la Torah nous demande de rendre à notre prochain son agneau qui se serait perdu sur le chemin. A plus forte raison, nous devons avoir de la compassion lorsque nous voyons une âme juive perdue en dehors du chemin de la Torah, et la ramener sur la bonne route.
Ceux qui agissent ainsi font le commandement de la Torah : de ramener les enfants perdus d'Hachem dans Son troupeau.]

En ce qui concerne la Torah, ce qui a le plus d'importance au Ciel, ce n'est pas le nombre de pages étudiées, mais le temps et les efforts que nous aurons investi.
[rabbi Ezra Attia]

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[nous adorons le résultat extérieur (combien de pages, de traités étudiés?), tandis que Hachem chérit les efforts investis dans l'étude. En ce sens quelqu'un avance très lentement mais qui se donne à 100% de ses capacités a une valeur énorme aux yeux d'Hachem
b'h, voir à ce sujet : https://todahm.com/2018/10/10/agir-au-maximum-de-ses-capacites ]

L'inspiration [spirituelle] c'est comme un éclair la nuit. Bien qu'il dure une seconde, au moins le voyageur peut maintenant être capable de trouver son chemin.
[l'Alter de Novardok]

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-> Il explique que lorsque l'on participe à un puissant cours, qu'on lit une histoire émouvante, qu'on se sent exalté dans notre prière, ... est-ce que cet impact va rester avec nous longtemps?
Probablement non!
L'Alter de Novardok assure que ces éclairs de clarté [de la Vérité] ne sont pas vains. De telles étincelles d'inspiration, aussi fugaces qu'elles peuvent l'être, sont en réalité des éclairs qui nous guident sur le chemin [de notre vie], nous fournissant une direction vers laquelle aller de l'avant.
[à l'image d'un éclair dans l'obscurité, qui un bref instant va nous permettre de repérer où se trouve la suite du chemin, quelles sont les vraies priorités/directions dans ce monde obscure de l'exil.]

Une fois que nous avons fui la jalousie, le matérialisme et la recherche des honneurs, alors le monde devient un endroit débordant de bonheur.
[rabbi Eliyahou Eliézer Dessler]

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[le rav Dessler nous dit que nous sommes dans une société qui nous bombarde d'images attirantes, qui nous laissent croire que c'est la "chose" qui nous mènera au bonheur (si tu as tel produit alors tu seras heureux, si tu as tel métier alors tu seras heureux, ...).
Pourtant ce n'est qu'une fois qu'on brise le mythe du matérialisme et qu'on se libère de la jalousie et du ressentiment qu'elle engendre, que nous pouvons découvrir la vraie joie que la vie peut offrir.
(plutôt que de continuellement passer son temps à la recherche externe DU produit, de LA situation, qui nous rendra vraiment heureux, on doit se poser et apprécier notre intériorité, ce que Hachem nous a déjà accordé.)]

Si vous aimez chaque juif de tout votre cœur et de toute votre âme, alors vous aussi, vous devenez un conduit pour bénir autrui.
[rav Ben Tsion Abba Chaoul]

[ce géant de la Torah expliquait que sa puissance à bénir provenait de son amour envers autrui. Plus on se travaille à aimer tout autre juif (même quand cela n'est pas évident), plus le pouvoir de nos bénédictions sera important.]