Aux délices de la Torah

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L’énorme pouvoir du fait de prendre ses responsabilités

+ L'énorme pouvoir du fait de prendre ses responsabilités :

-> La Tossefta ( Berakhot - Ch.4, halakha 16) nous raconte que devant la mer Rouge, toutes les tribus délibéraient pour déterminer qui devait entrer dans l’eau en premier, chacune tentant de déléguer cette responsabilité à une autre tribu. Finalement, celle de Yéhouda s’engagea et sanctifia le Nom d’Hachem.
La Tossefta explique que c’est l’une des actions qui donna à Yéhouda le mérite d’accéder à la royauté. Il fit preuve d’initiative tandis que tous les autres cherchaient à se dérober. On lui confia donc la noble mission de diriger le peuple juif.

-> La Thora considère le fait d’assumer une mission, de prendre ses responsabilités, comme un enrichissement personnel immense.
Le rav ‘Haïm Chmoulewitz (Si’hot Moussar - maamar 20) l’affirme quand il parle de la portée des premiers pas de la tribu de Yéhouda dans la mer.
Il écrit : "A ce moment, la tribu de Yéhouda se sentit garante de tout Israël et réalisa qu’elle devait faire ce qui lui incombait ; grâce à ce sentiment, Yéhouda devint meilleur que tout Israël et s’emplit de force et d’assurance pour traverser la mer, comme si elle était complètement sèche ; c’est grâce à cela qu’il mérita de devenir roi."

En se sentant responsable des autres, Yéhouda reçut le rôle le plus important du peuple juif. Nous apprenons de cet épisode un enseignement fondamental : la responsabilité peut souvent être considérée comme un fardeau, comme quelque chose qui nous restreint et qui nous oblige à faire des choses que nous ne voulons pas accomplir. Mais la bravoure de Yéhouda nous prouve le contraire. C’est cette capacité d’assumer des responsabilités pour lui-même, sa famille et son peuple qui lui permit d’atteindre de si hauts niveaux.
Comme l’affirme rav Chmoulewitz, au moment-même où il accepta "ce qui lui incombait", il s’éleva à un niveau tout autre.
Le principe reste le même pour chacun ; une personne déterminée, qui endosse ses responsabilités et celle de son peuple peut également atteindre des sommets insoupçonnés.

-> Le rav Chmoulewitz développe davantage cette idée ailleurs (Si’hot Moussar - maamar 23). Il rapporte un Yérouchalmi (Bikourim Ch.3, halakha 3) : "Un sage, un nouveau marié et celui qui a atteint la grandeur sont pardonnés de leurs fautes."
Le Yérouchalmi donne l’exemple d’Essav pour expliquer que le ‘hatan est expié : il se maria à une femme que la Torah nomme Ma'hla, alors que ce n’était pas son véritable prénom. Ma’hla vient de la racine "mo’hel", pardonner. Le Yérouchalmi en déduit que toutes leurs fautes furent pardonnées quand elle se maria avec Essav.

Le rav Chmoulewitz déduit de l’exemple du racha Essav et de sa femme idolâtre qu’une personne qui se marie est absoute même sans faire téchouva, puisqu’ils ne s’étaient certainement pas repentis de leurs péchés. Même le jour de Kippour, on n’est pardonné qu’après un repentir sincère, alors pourquoi l’expiation est-elle, dans ce cas, si facile ?

Il répond que la particularité du ‘hatan est qu’il accepte de prendre la responsabilité de sa femme, et personne n’est plus digne que celui qui prend sur lui le joug de la responsabilité.
C’est pourquoi, on lui pardonne toutes ses erreurs, et on lui accorde une aide divine pour réussir dans sa nouvelle mission, on efface tout son passé, pour qu’il puisse s’acquitter de sa nouvelle tâche."

Prendre un nouvel engagement est une si grande prouesse qu’on efface son ardoise propre pour qu’il reparte sur de bonnes bases : sa vie prend une dimension tout à fait différente!

Nous avons vu à quel point le sens des responsabilités est important dans la vie d’un individu.
[ex: les paroles du rav Chmoulévitz : "grâce à ce sentiment, Yéhouda devint meilleur que tout Israël et s’emplit de force et d’assurance pour traverser la mer, comme si elle était complètement sèche ; c’est grâce à cela qu’il mérita de devenir roi."]
C’est en réalité ce qui permet de déterminer les niveaux qu’une personne atteint dans sa vie. Ce que l’on demande à la personne, c’est de décider d’endosser la responsabilité pour lui-même et pour son entourage.
Le libre arbitre est, par essence, la capacité de prendre des décisions, de se déterminer à changer, à grandir, à exploiter au maximum son vrai potentiel. Si quelqu’un fait ce choix, il peut alors devenir un meilleur être, un nouvel être, dont le passé est oublié.

Devant la mer déchaînée, les membres de la tribu de Yéhouda prirent la décision capitale d’accepter une responsabilité et de ne pas la déléguer aux autres.
Puissions-nous b'h tous mériter d’assumer nos responsabilités et d’atteindre ainsi notre plein potentiel.
[d'après le rav Yéhonatan Gefen]

+ Le livre de Eikha dans lequel le prophète Yirmiyahou pleure la destruction du Temple, commence par les mots : "Comme la ville reste seule" (eikha yachva badad ha'ir - אֵיכָה יָשְׁבָה בָדָד הָעִיר).
Les initiales de ces mots forment le mot "eiva", qui veut dire la haine. Cela nous enseigne que le Temple a été détruit à cause de la haine.
Si une personne garde de l'inimité en son cœur, elle est anéantie dans ce monde et dans le prochain.
Nous voyons en effet que les habitants de Sodome ont été annihilés à cause de la haine gratuite.
[Méam Loez - Vaét'hanan]

+ Lorsque Hachem a décidé de détruire le Temple, Il a déclaré : "Tant que Ma Présence s'y trouve, les non-juifs n'ont pas de pouvoir contre lui. Je vais détourner les yeux. Je fais le serment de ne pas Me porter à la défense du Temple avant que les non-juifs le détruisent".
Tout de suite après les non-juifs sont entrés au Temple et l'ont détruit.

Hachem a dit aux anges : "Venez, allons voir ce que les non-juifs ont fait à Ma maison".
Quand D. a vu le Temple, Il s'est exclamé : "C'est bien Ma maison! Les non-juifs sont entrés et ont agi à leur guise!"
A ce moment-là, D. s'est mis à pleurer : "Malheur à Moi pour Mon Temple! Où sont Mes enfants? Où sont Mes Cohanim? Où sont Mes bien-aimés? Que pouvais-Je faire? Je les ai mis en garde mais ils ne se sont pas repentis!"

Hachem a appelé Yirmiyahou et lui a dit : "Je me sens comme un père dont le fils unique est mort au jour de son mariage. Va, appelle Avraham, Its'hak, Yaakov et Moché de leur tombe, eux savent comment pleurer.
- Yirmiyahou a répondu : "Je ne sais pas où Moché est enterré".
- "Va sur la rive du Jourdain et appelle : Fils d'Amram! Fils d'Amram! Lève-toi et regarde ce que les non-juifs ont fait à ton troupeau".
Yirmiyahou s'est rendu à la grotte de Makhpéla et a appelé les Patriarches.

- "Levez-vous car D. désire votre présence"
- Pourquoi?
- "Je ne sais pas".
Le prophète a caché la raison pour laquelle D. les appelait de crainte qu'ils ne lui reprochent d'avoir laissé une telle catastrophe arriver à leurs descendants. Les Patriarches n'ont pas répondu.
Alors Yirmiyahou est parti et s'est rendu auprès des rives du Jourdain.
- "Fils d'Amram, fils d'Amram! Lève-toi car D. désire ta présence!"
- Pourquoi?
- "Je ne sais pas"
Moché l'a quitté et a posé cette question aux anges. Ils lui ont répondu : "Ne sais-tu pas que le Temple est détruit et que le peuple juif a été exilé?"
Moché s'est mis à pleurer et à se lamenter. Il est allé trouver les Patriarches qui eux aussi ont déchiré leurs vêtements et se sont lamentés.
Lorsqu'ils se sont approchés des portails du Temple, D. les a vus. "En ce jour, Hachem, le D. des Armées célestes vous appelle à pleurer, à vous lamenter, à vous raser la tête et à vous ceindre de toile de sac" (Yirmiyahou 22,12).

Ils sont passés de porte en porte en pleurant.
Avraham s'est présenté devant D., s'arrachant les cheveux, déchirant ses vêtements, pleurant et se lamentant : "Pourquoi, de toutes les autres nations, Israël a-t-il été choisi pour cette humiliation?"
Les anges du ciel se sont joints à sa lamentation.
Moché a appelé Yirmiyahou : "Allons voir le peuple juif!"
Yirmiyahou a répondu : "Il y a trop de cadavres sur les routes. Il est impossible de marcher!"
- "Je veux y aller malgré tout".
Tous 2 sont partis, Yirmiyahou avançant le premier.

Lorsqu'ils sont arrivés aux rives de l'Euphrate, les exilés les ont aperçus. Ils se sont murmurés l'un l'autre : "Moché s'est levé de sa tombe! Il va nous délivrer de nos oppresseurs!"
Une voix céleste s'est fait entendre : "C'est un décret devant Moi!"
Moché a donc consolé le peuple juif : "Il a été décrété que je ne sois pas celui qui vous délivrerait, mais D. vous délivrera".
A ces mots, les exilés se sont effondrés et se sont mis à pleurer comme il est écrit : "Près des fleuves de Babylonie, là-bas nous étions assis et nous pleurions" (Téhilim 137,1).

[midrach Eikha rabba - Introduction, Section 24]

"Il est ma force et ma louange, Hachem était pour moi ma délivrance" (ozi vézimrat ya, vayéhi li lichoua - Béchala'h 15,2)

-> Le Zikhron Ra'hamin commente cela d'une façon très "surprenante" :
Lorsque la mer rendit les corps des égyptiens sur le rivage, le peuple d'Israël se réjouit et se mit à chanter.
Moché, quant à lui, s'inquiétait pour chacun des Bné Israël. Il cherchait à voir s'il restait encore quelques personnes à la traîne ou si tout le monde avait bénéficié de ce sauvetage miraculeux.
Il trouva alors une veuve assise à côté d'un cadavre égyptien, pleurant abondamment à côté de la dépouille, comme si elle avait perdu un être cher.
Moché lui demanda pourquoi elle était si triste de la mort de cet égyptien.
Elle répondit à Moché qu'elle avait eu, des années plus tôt, 2 fils, que cet égyptien avait assassinés. La vue de son cadavre éveilla en elle un intense sentiment de tristesse, car ses enfants n'avaient pas eu le mérite de voir la joie du peuple d'Israël.

Moché s'adressa alors à Hachem : "Maître du monde, je t'en prie, si j'ai trouvé grâce à Tes yeux, accorde à cette ferme un remède à sa tristesse afin qu'elle puisse se réjouir avec tout le peuple d'Israël".
Immédiatement, Hachem ordonna à Moché de poser son bâton sur les yeux de l'égyptien.
Moché demanda à la femme le nom de ses 2 garçons.
Elle répondit : "le nom du premier est Ozi, et le nom du 2e est Zimrat".
Moché posa son bâton sur l'œil droit de l'égyptien et ordonna : Ozi, sors! Immédiatement, il sortit.
Il fit la même sur l'œil gauche et dit : Zimrat sors! Et il sortit.
La femme enlaça très fort ses fils et chanta : "Ozi vézimrat ya vayéhi li lichoua".

"Les eaux se fendirent" (Béchala'h 14,21)

-> Le midrach (Mékhilta Béchala'h) enseigne que la mer se fendit en 12 voies correspondant aux 12 tribus d'Israël. Chaque tribu empruntait son propre passage et c'est là le sens de : "A celui qui fendit la mer Rouge en tronçons" (Téhilim 136,13).

-> "C'est mon D. et je L'embellirai" (zé Eli vé'anvéou - Béchala'h 15,2)
Rabbénou Bé'hayé commente : le mot "zé" (זה) a une guématria de 12, correspondant aux 12 passages tracés pour Israël.

-> Le Arizal explique que dans le Ciel également, il existe 12 portes accueillant les prières des différentes tribus d'Israël. En effet, chacune d'elles a une façon unique et personnelle de servir Hachem.
A titre d'exemple, la tribu de Yissa'har était le pilier de la Torah tandis que celle de Zévouloun était celui de la bonté en ce qu'elle soutenait la tribu la tribu de Yissa'har.
Ainsi en était-il pour chacune des tribus qui orientait et dirigeait son service divin selon sa voie et sa particularité.

=> Nous apprenons d'ici que chaque tribu se doit d'être solidaire des autres afin de fonder un peuple d'Israël fort.
Notre façon personnelle de servir le Créateur n'est pas forcément le meilleur chemin à suivre pour tout le monde, car celui de notre prochain est tout aussi bon.
Chaque juif sert ainsi son Créateur en fonction de la nature de son âme, et c'est uniquement par le mérite de tous unis, que le Nom d'Hachem sera sanctifié.

Nous apprenons tout ceci de la séparation de la mer Rouge : en se fendant en 12 chemins spécifiques, nous comprenons que chaque tribu devait suivre sa propre voie pour accomplir la volonté d'Hachem. Les murailles qui séparaient les tribus étaient néanmoins transparentes afin que tous puissent se voir et ressentir une union indéfectible.
[d'après le Tsor ha'Haïm]

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-> Le Pirké déRabbi Eliézer explique : puisque chaque tribu disposait de son tronçon personnel, il y avait des fenêtres formées par l'eau sur les murs, afin que les tribus puissent se voir les unes les autres.

-> Le Rambam écrit que ces 12 passages prenaient la forme d'un arc-en-ciel. En effet, les chemins qu'empruntèrent les Bné Israël n'étaient pas rectilignes comme s'ils traversaient la mer Rouge d'un bout à l'autre.
C'est également l'avis de Tossefot (Erouvin 15).

[à l'image d'une armée conventionnelle qui a besoin de différents types de corps (tanks, combattants, aérien, informatiques, logistique, ...), de même chaque juif a un rôle indispensable et personnel dans l'armée d'Hachem.
De même qu'à la mer Rouge chaque juif pouvait regarder ses frères juifs, de même nous ne devons pas vivre totalement isolés, mais aimer notre prochain et s'assurer qu'il aille bien (prier pour autrui, tsédaka, 'hessed, paroles positives, sourires, ...).
De même que les passages dans la mer Rouge étaient en forme d'arc-en-ciel, de même nous devons mettre de la couleur dans notre vie (de la joie), et avoir en tête que notre vie a un début et une fin, où l'on revient à notre Source, vers notre papa Hachem et qu'il faudra rendre des comptes.]

"Dans les temps à venir, les Bné Israël auront le mérite de voir la Présence Divine, œil contre œil, car ils verront de leurs propres yeux Hachem entrer dans Sion."
[Rabbi Chimon bar Yo'haï
- Mékhilta - sur Yéchayahou 52,8 : "ils voient, de leurs propres yeux, Hachem rentrer dans Sion"]

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-> "Ton Maître ne se dérobera plus à ton regard, tes yeux pourront voir ton Guide et tes oreilles entendre Ses paroles" (Yéchayahou 30,20).
Rachi explique que Hachem ne Se recouvrira pas de Ses vêtements et ne détournera pas Sa Face de nous.
[à la guéoula, D. se dévoilera à nous sans que rien ne fasse abstraction!]

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-> "Oui, comme à l'époque de ta sortie d'Egypte, Je te ferai voir des prodiges. Les nations en seront témoins et elles auront honte en dépit de toute leur puissance ; elles poseront la main sur leur bouche, leurs oreilles seront frappées de surdité" (Mikha 7,15).

De la même façon que les Bné Israël aperçurent, durant la sortie d'Egypte, la lumière redoutable du Nom d'Hachem (יהוה) qui se dévoila pleinement sans aucune obstruction, dans le futur également, Hachem sortira le soleil de son écrin.
Ainsi, les tsadikim s'en réjouiront, tandis que les ennemis d'Israël périront.
[rav Pin'has Friedman - Shvilei Pin'has]

Il fut plus profitable pour Israël d'être poursuivi par Pharaon que de réaliser 1 00 jeûnes et prières. Car lorsqu'ils virent les égyptiens les poursuivre, leur crainte fut si grande qu'ils se repentirent tous et dirigèrent leurs yeux vers Hachem dans leurs prières.
[Rabbi Brekhia - midrach rabba Béchala'h 21]

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-> b'h, sur la même notion : l'impact du sceau de A'hachvéroch : https://todahm.com/2021/01/13/limpact-du-sceau-royal

"Viens et constate, concernant celui qui transgresse les commandements de la Torah, que ses transgressions montent et descendent, et laissent des traces sur son visage afin que les êtres des mondes supérieurs et du monde d'en-bas le regardent et déversent des malédictions à son encontre".
[Zohar haKadoch - A'haré Mot 76a]

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-> C'est également le sens de la guémara (Shabbat 55a) :
"Hachem dit à l'ange Gavriel : Va et inscris à l'encre sur le front des tsadikim la lettre "tav" (ת) comme un signe pour que les anges de destruction ne les dominent pas.
Et inscris la lettre "tav" (ת) avec du sang sur le front des réchaïm comme un singe pour que les anges de destruction les dominent."

-> Le Réchit 'Hokhma (Chaar haYira 9) donne le conseil suivant : lorsque l'homme commet une faute, il est bon qu'il pleure abondamment et que ses larmes coulent sur son visage jusqu'à ce que les traces de ses fautes disparaissent. Il est également bon qu'il étale ses larmes sur son front, car c'est sur le front que sont inscrites les fautes commises, comme il est écrit : "Et tu dessineras un signe sur le front des hommes" (Yé'hezkiel 9,4).

Tou biChvat

+ Tou biChvat :

-> Tou biChvat (le 15 du mois de Chvat) est le "Nouvel An des arbres" (Roch Hachana la-Ilane)
Rachi commente cette guémara (Roch Hachana 14a) : la majeure partie de la saison des pluies a lieu jusqu’au 15 Chvat et, passée cette date, la sève remonte dans les troncs d’arbres, la verdure repousse et les fruits éclosent.

-> L’appellation exacte "Roch Hachana la-Ilane" (le Nouvel An de l’Arbre [et non "des Arbres"]) indique que ce jour de fête est un jour favorable pour réparer la faute d’Adam Harichone [rabbi Tsadok Hacohen de Lublin - Pri Tsadik], qu’il commit en mangeant le fruit défendu de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, appelé "Ilane" (אִילָן) [voir guémara Bérahot 40a].
La faute d’Adam Harichone entraîna la punition et la malédiction de la Terre, comme il est dit : "Maudite est la Terre à cause de Toi [Adam]" (Béréchit 3,17).
En effet, Rachi explique (sur Béréchit 1,11) : "L’arbre aussi devait avoir le goût du fruit. Mais la Terre a désobéi et elle a fait des 'arbres faisant des fruits' (verset 12), et non pas des arbres qui fussent eux-mêmes des fruits. C’est pourquoi lorsque l’homme sera maudit pour sa faute, la Terre sera elle aussi punie pour cette faute-là, et maudite".
Ainsi, "Tou biChvat" est-il un Jour de jugement : Si le Peuple Juif mérite de parachever "la Réparation de la fin des Temps" : "faire en sorte que l’arbre possède également le goût du fruit : en respectant les Lois relatives à leur plantation" [voir le Ohev Israël sur Kédochim 19,23], alors la vitalité renouvelée des arbres, octroyée du Ciel le jour de "Tou biChvat", sera telle que le tronc et les branches auront également le goût des fruits, réparant de ce fait la faute d’Adam Harichone (et par voie de conséquence, celle de la Terre) [Tsvi laTsadik – Chevat Maamar 2].

-> Nous comprenons que "planter un arbre", selon les règles de la Torah (Lois de "Orla", "Chmita" et "Trouma") contribue à la réalisation du Projet Divin.

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-> Les Kabbalistes révélèrent que Tou biChvat est un jour propice pour réparer la faute d’Adam et 'Hava. En effet, lorsque le premier homme et la première femme furent créés, ils reçurent 2 commandements explicites : manger de tous les arbres du jardin d’Éden d’une part et ne pas manger de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal d’autre part. Hélas, ils mangèrent de ce dernier, et ainsi le premier péché commis en ce monde fut une alimentation inappropriée.
Ce fut à travers ce péché que le yétser hara devint une partie de nous tous, s’efforçant d'entraver jusqu’à aujourd’hui le développement spirituel de chacun.
[cette faute engendra également l'introduction d'une impureté dans le monde]

Le rav Tsadok haCohen explique qu’à notre table de Tou BiChevat, nous rejouons ce que fut la vie d’Adam et 'Hava avant leur péché, lorsqu’ils étaient frugivores. Lorsque nous nous asseyons devant notre table recouverte de fruits de toutes sortes, c’est comme si nous étions revenus au gan Eden et que nous accomplissions l’unique commandement positif explicite que nous avions alors reçu.
Toutefois, une question se pose concernant le commandement négatif de ne pas manger le fruit de l’Arbre de la Connaissance, question d’autant plus pertinente du fait que la plupart des fruits présents à notre table sont soupçonnés être l’espèce de l'arbre défendu : selon différents avis, il s’agissait d’un figuier ou d'une vigne ou encore de blé, ... En fait, il existe une opinion selon laquelle il s’agit de l’arbre défendu pour chacune des 7 espèces de fruits associées à la terre d’Israël, fruits qui sont traditionnellement consommés à Tou biChvat,
En mangeant des fruits à Tou biChvat, agissons-nous comme Adam et 'Hava, en observant le commandement positif tout en transgressant le commandement négatif, et de surcroît en appelant cela une mitsva?

Le rav Tsadok haCohen explique que l’Arbre de la Connaissance était simultanément toutes les 7 espèces et aucune d’entre elles, que l’Arbre de la Connaissance n’était pas une espèce de fruits à l’exclusion des autres, car ce n’était pas une chose, mais une façon d’agir : une façon de manger.
Chaque fois qu’une personne prend du plaisir 'du monde', elle chute spirituellement et c’est comme si elle mangeait de l’Arbre de la Connaissance.
Que signifie "prendre du plaisir "?

Cela signifie se laisser distraire par le plaisir de la consommation (du fruit ou de toute autre chose matérielle) au point d’en oublier notre Créateur. Nous prenons le don et nous nous désintéressons du Donneur.
Lorsque nous mangeons les nombreux fruits associés à l’Arbre de la Connaissance le jour de Tou bichvat, et que nous le faisons avec la conscience de notre Créateur, nous réparons ce qui s’est passé au gan Eden.
Nous avons de plus un outil disponible (et toute l’année!) pour palier à ce manque de conscience du 'Donneur', ce sont les bénédictions que nous récitons sur la nourriture avant et après manger. Elles servent à ancrer notre alimentation dans la conscience du Créateur. Et même si nous sommes distraits par le plaisir inhérent à la nourriture elle-même, nous englobons notre acte dans une conscience qu'Hachem est le Créateur et que c'est Lui le Donneur.
Idéalement, en mastiquant, dégustant et avalant les fruits, il nous faudrait fermer les yeux et rendre sincèrement grâce au Créateur du monde.
[d'après David Aaron & Sarah Schneider]

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-> "Tout au début de la Création du Monde, Hachem a commencé par planter des arbres, ainsi qu’il est écrit : ‘Et D. planta le Jardin d’Eden’.
C’est pourquoi, lorsque vous entrerez dans le Pays d’Israël, votre première occupation devra être la plantation d’arbres".
[midrach Vayikra rabba 25]

-> A tel point que nos Sages enseignent:
"[Rabbi Yo’hanane Ben Zakaï avait l’habitude de dire: ] Si tu as une graine dans ta main et que quelqu’un te prévient que machia’h est là, plante d’abord la graine et, ensuite, sors l’accueillir"
[Avot de Rabbi Nathan (version B - 31)].

-> Ainsi, le signe évident de l’imminence de la fin des Temps (aboutissement du Projet Divin), est-il l’apparition miraculeuse d’arbres fruitiers sur la terre d’Israël à la fin de l’Exil, comme l’enseigne la guémara (Sanhédrin 98a) : "Rabbi Abba a dit : Il n’y a pas de signe de la fin des Temps plus évident ('Kéts Mégoulé' - קץ מגולה) que ce verset : ‘Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez vos branches et vous porterez vos fruits pour Mon Peuple Israël, car ils sont près de revenir’ (Yé'hezkiel 36,8)."
Rachi commente : Lorsque la terre d’Israël donnera ses fruits avec générosité alors la fin des temps sera proche".

Le Maharcha explique qu’une telle apparition [de fruits de toute beauté sur la Terre d’Israël] ne se produira que lorsque le retour des juifs en terre d'Israël sera proche.
Par ailleurs, il précise que le caractère miraculeux de cette apparition sera à l’instar de ce qu’enseigne la guémara (Shabbath 30b) : "Dans les temps futurs, les arbres donneront des fruits tous les jours, car il est dit : ‘Il (un rameau de cèdre) produira des branches et portera des fruits’ (Yé'hezkiel 17,23) : de la même façon qu’un arbre produit des branches tous les jours, il portera tous les jours des fruits".

Dans un autre endroit, le Maharcha commente la dimension surnaturelle du signe de la fin des Temps (attestant à juste titre son caractère "manifeste" - mégoulé - מגולה ) suivant l’enseignement de la guémara (Kétoubot 112b) : "Dans les temps à venir, tous les arbres stériles d’Israël porteront des fruits, car il est dit : ‘Les arbres (même stériles) porteront leurs fruits, le figuier et la vigne donneront leurs richesses’ (Iyov 2, 22)".

-> "L’homme étant un arbre des champs", les "arbres stériles" désignent les ignorants en Torah (la figue et la vigne représentent, selon les avis, le fruit de l’Arbre de la Connaissance, objet de la faute, laquelle étant la source de l’ignorance).
Ainsi, le dévoilement de la Royauté Divine (lors de la Délivrance finale), provoquera un réveil total du Peuple juif à la téchouva.
[d'après le ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

+ Quand un homme construit une maison, il place au préalable de grandes pierres sous la terre en tant que fondation. Toute sa construction reposera sur ces pierres, même si elles sont sous terre.
De même, un homme ne peut s'élever et se construire spirituellement que grâce aux chutes et aux moments d'épreuves où il s'est senti même plus bas que terre. Ce sont ces chutes qui sont ses fondations.
[Beit Yaakov]

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-> Quand une personne commence à suivre le chemin de la Vérité, il ne cesse d'être éprouvé du Ciel par de nombreuses difficultés physiques, matérielles, morales, spirituelles, ...
Mais la Torah enjoint de ne pas se décourager en pensant que ses efforts sont vains, car ces épreuves sont des Bontés Divines, pour le pousser à se renforcer encore plus.
Il en est ainsi pour quiconque désire suivre la vérité.
[Zikhron Chmouël]