Aux délices de la Torah

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"Quand vous irez en guerre dans votre terre contre l'ennemi qui vous oppresse" (Béaaloté'ha 10,9)

-> Dans le texte, il est écrit : "vékhi tavo'ou mil'hama" (וְכִי תָבֹאוּ מִלְחָמָה), alors qu'il serait grammaticalement plus correct d'y être écrit : "vé'hi tavo lamil'hama"(וְכִי תָבֹאוּ למִלְחָמָה).
[la lettre laméd (ל) est manquante]

Par ailleurs, Hachem avait promis : "Le glaive ne traversera point votre territoire" (Bé'houkotaï 26,6).
=> Ainsi, comment parler de guerre en terre d’Israël?

Le Bné Yissa'har (Igra déKalla) explique :
Si le peuple juif se relâche dans l’étude, il aura de quoi craindre l’ennemi, qui pourra venir l’attaquer. L’omission du lamed (ל) y fait allusion : quand le limoud (l'étude de la Torah) fait défaut, cela entraîne la guerre.
A l’inverse, lorsque les enfants d’Israël étudient, les forces du mal ne sont pas en mesure de leur faire le moindre mal.
Hachem a promis qu'il n'y aurait pas de guerre en terre d'Israël tant que les juifs étudient la Torah et suivent Sa volonté.

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-> Le Chlah dit :
La phrase "l’ennemi qui vous attaque" fait également allusion au mauvais penchant, car nous n’avons pas d’ennemi aussi fort que lui.
C’est pour cette même raison qu’il est écrit "Quand vous marcherez en bataille" au pluriel et non "Quand tu marcheras". En effet, le combat que mène l’homme avec le yetser hara est continu et ininterrompu : parfois c’est l’un qui gagne, parfois c’est l’autre. Ainsi, les deux luttent à chaque instant.

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-> Explication allusive (l'ennemi = notre yétser ara) : https://todahm.com/2020/07/21/la-torah-est-comparee-a-un-elixir-de-vie

Cette question a été posée (à Lod) : "L'étude de la Torah est-elle plus importante que les bonnes actions, ou le contraire?"

Rabbi Tarfone répondit : "L'action est plus importante (que l'étude)".
Rabbi Akiva rétorqua : "C'est l'étude qui est plus importante que l'action".
Les autres Sages (présents) approuvèrent rabbi Akiva et dirent : "L'étude est primordiale, car elle mène aux bonnes actions".

Rabbi Yossi enseigne : "L'étude est plus importante que l'action, car le commandement de l'étude de la Torah précède de 40 ans celui de la 'hala (part de pâte prélevée pour le Cohen), de 54 ans le commandement de "trouma" (part de céréales, de vin ou d'huile offerts au Cohen) et de dîmes (maassérot), de 61 ans le commandement de la Chemita, et de 103 ans celui du Yovél.
[...]

De même que l'étude de la Torah a priorité sur les actions, le jugement relatif à l'étude précédera le jugement relatif aux actions (de l'homme).
En effet, rav Hamnouna dit : "La 1ere chose dont un homme doive rendre compte (dans le Ciel), c'est de son étude" ...

De même la récompense, liée à l'étude de la Torah précédera la récompense des bonnes actions.

[guémara Kiddouchin 40b]

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=> Pourquoi, selon rabbi Akiva, l'étude de la Torah a-t-elle priorité sur l'action?

-> "Car la mitva est une lampe et la Torah une lumière" (Michlé 6,23)
Selon rabbi Ména'hem, fils de rabbi Yossi, cette comparaison entre la mitsva (l'action) et la Torah (son étude) vient enseigner : de même que la lampe (nér) n'éclaire qu'un moment ; et de même que la lumière (or) éclaire en permanence, comme celle du soleil, l'étude de la Torah protège à tout jamais.
Ainsi, la protection de l'homme par l'étude de la Torah est supérieure à celle de ses bonnes actions.
[d'après guémara Sota 21a]

-> Alors que l'étude de la Torah est toujours associée au Nom Divin Tétragramme (יהוה), les actions seront associées au Nom Divin (אדני).
Or, il est connu que le Tétragramme influence le nom אדני, c'est pourquoi l'étude de la Torah a priorité sur l'action.

De plus la guématria du mot : talmoud (étude - תלמוד) est de 480, et celle du mot : ma'assé (מעשה) est de 415.
Ainsi, par sa guématria, le limoud surpasse le maassé (les actions) de : 480-415 = 65, qui est la guématria du Nom Divin (אדני).
[Ben Ich 'Haï]

-> "L'étude de la Torah vaut autant que les autres mitsvot (réunies)" (Michna Péa 1,1)
Selon ce principe, si un homme a le choix, au même moment, entre la mitsva d'étude de la Torah et une autre mitsva liées à une action, si cette dernière peut être réalisée par quelqu'un d'autre, l'étude de la Torah aura priorité.
De plus, grâce à l'étude de la Torah, il aura le mérite d'accomplir les autres mitsvot.
[d'après Rambam - Halakhot Talmud Torah 3,3-4]

-> Lorsqu'un homme étudie, il aura "dans ses mains" non seulement la mitsva d'étude de la Torah, mais aussi la possibilité d'accomplir des mitsvot et des bonnes actions conformes à la Torah étudiée.
Il est donc supérieur à celui qui pratique de bonnes actions, mais qui n'a pas accompli la mitsva d'étude de la Torah.
[Tossefot Ri hazaquen]

De même qu'à Shavouot, Hachem a donné au peuple juif la Torah, de même lorsque le machia'h viendra, au moment de la guéoula finale, le peuple juif recevra de nouveau la Torah.
Hachem a promis : "la Torah émane de Moi" (ki Torah méiti tétsé - Yéchayahou 51,4) : Hachem va réintroduire la Torah pour la renforcer.

[Kédouchat Lévi]

"Celui qui hait les cadeaux vivra" (Michlé 15,27)

-> Si un homme travaille ses midot jusqu'à haïr les présents, a fortiori il haïra le vol.
[Rachi - Michlé 15,27]

-> La guémara (Sota 47b) enseigne :
"Depuis que se sont multipliés les "preneurs", ceux qui acceptent facilement des dons, la durée de vie moyenne de la population a diminué, car ceux qui haïssent les dons vivront (plus longtemps) et ce qui chérissent les dons vivront moins longtemps."

-> Le Rambam (Halakhot Zékhia) explique :
Les tsadikim et les hommes de mérite n'acceptent pas de dons d'autrui, car ils mettent toute leur confiance en Hachem et non pas aux généreux donateurs.
Ainsi, ils s'attacheront davantage au Créateur et "vivront", au sens noble du terme, dans ce monde-ci et dans le monde à venir.

Le Maguid Michné donne la raison qui a motivé le Rambam :
L'homme doit se satisfaire de ce qu'Hachem lui donne et ne doit pas rechercher de dons chez autrui pour des besoins superflus.
Donc le Rambam demanderait de haïr les dons pour le superflu et non pas pour le strict nécessaire.

-> Selon le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome1,p.32) :
Lorsque Hachem a créé l'homme, il lui a confié 2 tendances : celle de prendre et celle de donner.
Dans tout acte, toute parole et même toute pensée, soit l'homme se dévoue et donne, soit il attire à soi tout ce qui est à sa portée et prend.
Or, Hachem a créé l'homme à Son image, et Il est le Donneur par excellence car il n'y a en Lui aucun manque.
Donc le verset : "Quiconque hait les cadeaux vivra", nous invite à être un donneur et non un preneur, afin d'imiter le Créateur donc l'attribut essentiel est de donner.

Quiconque étudie la Torah Écrite et la Torah Orale, et se conduit avec bonnes manières (déré'h Erets ou savoir-être) envers son prochain, ne fautera pas facilement ...

Mais tout homme qui n'étudie ni la Torah Écrite ni la Torah Orale, et qui n'a pas de "déré'h érets", n'est pas digne de résider dans ce monde.

[guémara Kidouchin 40b]

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-> Le Tiféret Yonathan (rabbi Yonathan Eibschutz) enseigne :
Le service Divin se décompose en 3 volets : avoir de la émouna envers Hachem, accomplir les mitsvot de la Torah et travailler ses défauts pour atteindre de bons comportements (midot tovot).

C'est pourquoi, la guémara a cité ces 3 conditions pour être protégé de la faute et du péché :
- l'étude de la Torah Ecrite qui enseigne les fondements de la émouna ;
- l'étude de la Torah Orale qui détaille comment réaliser les mitsvot ;
- et le déré'h érets, fruit des bons comportements acquis.

A l'école de Hillel, on dit : "Hachem, qui est plein de 'hessed (bienveillance et indulgence), fait pencher le plateau (de la balance qui "pèse" les mérites et les fautes des gens moyens : bénoni) du côté de la grâce".

Comment Hachem procède-t-il?

Selon rabbi Eliézer, Hachem presse vers le bas le plateau (de la balance en équilibre) qui contient nos mérites, car il est dit : "Il aura encore pitié de nous, Il refoulera (étouffera) nos iniquités".

Selon rabbi Yossi, fils de rabbi 'Hanina, Hachem soulève (le plateau de la balance en équilibre) qui contient nos iniquités, car il est écrit : "Quel D. T'égale, Hachem, Toi qui "soulèves" l'iniquité et pardonnes les fautes".

On enseigne dans la maison d'étude de rabbi Ichmaël : Hachem a l'habitude de pardonner chaque 1ere faute, et c'est cela "Sa mida" qui traduit Sa qualité d'être plein de grâce.
Rabba ajoute : cependant, la faute (non comptabilisée) n'est pas pour autant effacée, car si cet homme commet une majorité de fautes, la 1ere faute sera rajoutée aux autres.

[guémara Roch Hachana 17a]

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=> Comment comprendre que Hachem "presse" le plateau des mérites vers le bas (selon rabbi Eliézer)?

Cela signifie qu'au moment de nous juger :

-> 1°/ Hachem appuie vers le bas ou presse sur le plateau (de la balance) qui contient nos mérites, comme si la personne jugée avait un mérite supplémentaire (qu'elle n'a pas en réalité).
Ainsi, la balance initialement équilibrée entre les mérites et les fautes, penchera en faveur des mérites.
[Rachi - guémara Roch Hachana 17a]

-> 2°/ Hachem cache une partie des fautes de l'homme sous Son Trône Céleste, afin que ses mérites l'emportent sur ses fautes.

[Rachi - guémara Roch Hachana 17a]

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=> Comment comprendre que Hachem soulève le plateau des iniquités (selon rabbi Yossi)?

Cela signifie qu'au moment de nous juger :

-> 1°/ lorsque les mérites et les transgressions d'un homme s'équilibrent, Hachem dans sa bonté soulève le plateau (de la balance) contenant les iniquités et donc le plateau contenant ses mérites s'abaisse, ce qui rend artificiellement ses mérites supérieurs à ses fautes.
[Rachi - guémara Roch Hachana 17a]

-> 2°/ Hachem retire rapidement une des fautes afin d'alléger l'ensemble des fautes et le plateau des mérites s'incline vers le bas, ce qui rend les mérites de cet homme prépondérants.
[Maharcha]

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=> Comment concilier ces 2 avis : Hachem alourdit le plateau des mérites, et allège le plateau des iniquités?

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Les mérites et les fautes d'un homme jugé, placés respectivement sur les 2 plateaux de la balance, ne s'évaluent pas selon leur quantité, mais selon leur qualité.

Ainsi :
- Un seul mérite important (de grand coefficient) peut équilibrer 10 fautes légères.
Selon rabbi Eliézer, Hachem "appuie" (kovech), signifie = Il renforce le coefficient d'un grand mérite pour faire pencher la balance en faveur des mérites.

- Une seule faute importante peut équilibrer, dans la balance plusieurs "petits" mérites.
Selon rabbi Yossi, Hachem "supporte" (nossé), signifie = Il atténue par Sa miséricorde le coefficient de cette grave faute et le plateau contenant les mérites l'emporte.

Le Ben Ich 'Haï enseigne également :

-> Comment Hachem alourdit-Il le plateau contenant les mérites, selon rabbi Eliézer?
Même si les actions méritoires des Bné Israël ne sont pas nombreuses et n'ont pas la qualité souhaitée, Hachem dans sa bienveillance les comparera à celle des nations, et ainsi les appréciera relativement et augmentera le coefficient de ces mérites, selon le verset : "Comme des raisins dans le désert, J'ai trouvé Israël (délicieux)" (Ochaya 9,10).

-> Comment Hachem allège-t-Il le plateau des iniquités, selon rabbi Yossi?
Hachem juge dans ce cas l'iniquité d'un homme comme celle d'un jeune enfant qui manque de raison, c'est-à-dire qu'Il transforme ses fautes volontaires en fautes involontaires.
Ainsi, Hachem allège le plateau des iniquités, en accord avec le verset : "Quand Israël était jeune, Je l'avais pris en affection" (Ochaya 11,1).

=> Ainsi, l'évaluation d'Israël, relativement aux nations ou comme un jeune enfant, allégera la gravité de nos fautes.

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=> Quelle est l'explication de Rabbi Ichmaël : "Hachem a l'habitude de pardonner chaque 1ere faute, et c'est cela "Sa mida" qui traduit Sa qualité d'être plein de grâce" ?

-> Rachi commente :
Le jour du jugement, lorsqu'Hachem évalue l'ensemble des fautes d'une personne, Il pardonne la 1ere faute et ne la place donc pas sur le plateau contenant les fautes.

Ainsi :
- si l'ensemble de toutes les fautes compense l'ensemble des mérites (balance équilibrée), le retrait de la 1ere faute fera pencher la balance en faveur des mérites.
- mais si l'ensemble de toutes les fautes "pèse" davantage que l'ensemble des mérites, la 1ere faute ne sera pas retirée et la personne est jugée racha.

-> Rabbénou 'Hananel explique :
Dans la guémara (Yoma 86b), rabbi Yossi fils de rabbi Yéhouda enseigne : "Si un homme transgresse une 1ere fois, il est pardonné ; s'il transgresse une seconde fois, il est pardonné ; s'il transgresse une 3e fois, il est pardonné ; mais s'il faute une 4e fois, il n'y aura plus de pardon selon le verset : "A cause de 3 transgressions d'Israël, à la 4e Je ne révoquerai pas mon arrêt" (Amos 2,6).

C'est pourquoi, pour un homme droit (yachar) qui aurait commis une transgression une fois, deux fois ou trois fois, Hachem ne prendra pas en compte ces fautes et les pardonnera.
Si, malgré ces 3 fautes retirées, cet homme est majoritairement fautif, Hachem réintégrera ces 3 fautes et elles ne seront plus pardonnées, de sorte que cet homme sera considéré comme racha.

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=> Comment comprendre que dans un jugement (un acte de justice) lié à la rigueur (guévoura), Hachem fait preuve de miséricorde et de bienveillance ('hessed) en retirant les 1eres fautes?

-> Le Ben Ich 'Haï répond :
C'est cela la façon de se comporter (la mida) de Hachem : elle est toujours accompagnée d'une part de 'hessed.

Il y a une allusion en cela dans le fait que :
- l'ange Gabriel, préposé à la guévoura (rigueur), vole en 2 étapes quand il descend dans ce monde ;
- mais l'ange Mikhaël, préposé au 'hessed (miséricorde), vole d'une seule traite (vol direct) quand il descend dans ce monde.

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==> Ces quelques éléments montrent à quel point Hachem nous aime, à quel point Il nous témoigne une bonté/miséricorde infinie.
Cela doit nous pousser à Le remercier, et à nous motiver à faire de notre mieux pour respecter Sa volonté.

Au début de l'année [juive], toute personne est comme un roi, car elle peut tellement obtenir pour l'année entière.
Ne gaspillons pas cette opportunité!
Utilisons notre temps comme il le faut, afin de récolter le plus de bénéfices durant toute l'année à venir.

[rav Elimélé'h Biderman]

[papa Hachem est au plus proche de nous, nos prières sont facilement exaucées et Il peut tout nous accorder, sans limitation!
Ainsi, en potentiel nous avons toutes les richesses, bénédictions du monde. Cependant, leur octroi dans la réalité de notre vie va dépendre de notre attitude ...]

"Le feu du Géhinam n'a aucun pouvoir sur les disciples des sages (talmidé 'hakhamim)."

[rabbi El'azar - guémara 'Haguiga 27a]

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=> Pourquoi le talmid 'hakham entre-t-il dans le Guéhinam?

-> Il est évident qu'un sage qui n'aurait pas commis de transgressions n'entre pas au Guéhinam.
Cependant, ceux qui ont commis quelques transgressions dans ce monde-ci entrent au Guéhinam.
Le feu du Guéhinam les "nettoie" de toute "saleté" ou impureté, restée collée à eux dans ce monde-ci à cause de certains désirs corporels ou matériels, et ils seront protégés de toute brûlure.
[Anaf Yossef]

-> Les Talmidé 'Hakhamim seront jugés dans le Guéhinam un court instant, le temps d'être purifié des quelques transgressions commises de leur vivant ; puis Avraham viendra les sortir du Guéhinam.
Ainsi, ils sont en contact avec le feu du Guéhinam, mais ils en sortiront indemnes, car ils en sortiront rapidement.
[Torat 'Haïm - dans la guémara Erouvin 19a]

-> Le feu de la Torah étudiée par un talmid 'hakham a le même effet purificateur, dans ce monde-ci, que le feu du Guéhinam dans le monde à venir.
Le talmid 'hakham, qui est déjà purifié dans ce monde-ci, n'a donc pas à séjourner dans le Guéhinam.
Mais si sa purification est insuffisante dans ce monde-ci, son court séjour dans le Guéhinam complétera sa purification.
[rabbi Tsadok haCohen - Divré Sofrim (p.20)]

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=> Pourquoi le corps du talmid 'hakham est-il comme du feu?

-> "Ma parole ne ressemble-t-elle pas au feu? dit Hachem" (Yirmiyahou 23,29).
Les paroles de Torah sont considérés comme du feu.

=> D'où apprend-t-on alors que le corps du talmid hakham est comme du feu?

Le Maharcha répond :
Du fait que ces paroles de Torah, comparées au feu, ont pénétré dans le corps de l'étudiant en Torah, son corps devient comme du feu.

De même, dans la guémara (Taanit 4a), Rabbi a interprété ainsi le verset de Yirmiyahou (23,29) : si un talmid 'hakham "bouillonne", c'est le feu de la Torah qu'il a étudiée qui a provoqué cette chaleur "spirituelle" et ce zèle qui l'anime.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Tout discours de Torah, qu'un homme prononce par sa bouche, sort de son corps. Ainsi, la parole, la voix et l'haleine, associés aux paroles de Torah prononcées, sont désignées son corps.
Puisque dans le verset de Yirmiyahou (23,29), la parole de Torah est désigné : feu (éch), le corps de l'homme, au sens que l'on vient de définir, a donc le statut de "feu".

"Comment retournerai-je chez mon père sans le jeune homme" (Vayigach 44,34)

-> Quand le rabbi Méïr de Prémichlan arrivait à ce verset, il soupirait, pleurait et disait :
Comment retournerai-je chez mon père, comment un juif peut-il retourner vers son père au Ciel [Hachem] après les années de sa vie en ce monde, sans le jeune homme = si la jeunesse ne m'a pas accompagné dans l'acceptation du joug de la Torah et des mitsvot?
Car c'est en cela que se mesure la réussite de chaque génération, si elle sait transmettre comme il convient la tradition des pères à la génération des enfants.

Rabbi Krospédaï a dit au nom de rabbi Yo'hanan : 3 livres sont ouverts (dans le Ciel) à Roch Hachana : le livre des réchaïm absolus, le libre des tsadikim parfaits et le livre des gens de niveau moyen (bénonim).

Les tsadikim sont inscrits et scellés immédiatement (dès Roch Hachana) dans le livre de la vie.
Les réchaïm sont inscrits et scellés immédiatement dans le libre de la "mort".
Quant aux bénonim, leur verdict demeure en suspens depuis Roch Hachana (1er Tichri) jusqu'à Yom Kippour (10 Tichri) ; s'ils sont méritants (s'ils ont fait téchouva), ils seront inscrits (à Yom Kippour) pour la vie ; sinon ils seront inscrits pour la "mort".

[guémara Roch Hachana 16b]

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=> Comment comprendre que les réchaïm soient scellés dans le livre de la "mort" alors que nous les voyons continuer à "vivre" plusieurs années?

-> Rabbi Krospédaï parle effectivement de la vie et de la mort physique dans ce monde-ci, mais pas forcément dans l'année où l'on se tient en jugement à Roch Hachana.

A la naissance, il est attribué à chaque homme un nombre défini d'années de vie sur terre, différent selon chacun.
A chaque Roch Hachana, l'homme est jugé :
- s'il s'avère tsadik, alors sa durée de vie prévue à sa naissance est maintenue ;
- mais s'il s'avère racha, alors sa durée de vie prévue à sa naissance est diminuée.
[Ravad ; ainsi que le Rif]

[selon le Raavad, un tsadik qui meurt jeune est mort, en réalité à l'âge (précoce) prévu à sa naissance. De même, un racha qui meurt vieux est mort, en fait plus tôt que l'âge (très avancé) prévu à sa naissance.]

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-> Le Ben Ich 'Haï enseigne que dans l'enseignement de rabbi Krospédaï, il ne s'agit pas de la vie ou de la mort du corps, mais du niveau de "mort" de l'âme (néchama) de l'homme.

En effet :
- le corps physique du racha demeure en vie dans ce monde-ci grâce à une partie de son âme qu'il conserve ; l'autre partie de son néchama, plus ou moins importante selon son niveau de fautes, "meurt" et le quitte pour "aller" dans l'enfer (guéhinam).
C'est le sens de la sentence : "les réchaïm sont inscrits et scellés pour la mort".

- le tsadik, au contraire, conservera dans son corps sa néchama entière (la "vie") sans en perdre une partie et sans rabaissement de son niveau élevé.
C'est le sens de la sentence : "Les tsadikim sont inscrits et scellés pour la vie".

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-> Selon le rav Dessler, le jugement de Roch Hachana de "vie" ou de "mort" est relatif au monde futur, c'est-à-dire au niveau spirituel qui caractérise le monde futur.
Il s'agit de la vie des tsadikim et de la mort des réchaïm dans le monde futur, et non pas de la vie ou de la mort physique dans ce monde-ci.

Le Rambam (Halakhot Téchouva - chap.9) indique que dans le "livre de tsadikim" sont inscrits ceux qui vivent dans la réalité, et dans le livre des réchaïm sont inscrits ceux qui vivent dans l'illusion et qui ne sont pas animés d'une volonté de téchouva.

Même le racha considéré comme "mort", possède à la fois un niveau de grandeur et un niveau de petitesse, mais son sens de la grandeur n'est qu'intellectuel (dans sa tête), tandis que sa petitesse est nichée dans son cœur et constitue sa "réalité".
Puisque les contradiction du racha sont externes, il ne ressent pas de honte de sa petitesse, ce qui empêche sa téchouva.
[ses fautes ont créé tellement d'écrans avec son âme, qu'il n'y a plus d'échange (en ce sens, il est caractérisé de mort spirituelle de son vivant!). Il n'est plus que caractérisé par ses mauvaises actions!]

Par contre, le bénoni oscille entre la grandeur et la petitesse, mais ces 2 niveaux sont dans son cœur, à l'intérieur de sa personne et il alterne au cours du temps entre le réel et l'imaginaire.
Puisque les contradictions du bénoni sont internes, il en ressent une honte et a donc la possibilité de faire téchouva.
[selon le rav Akiva Tatz, la joie est le sentiment de faire ce qu'on doit faire (la volonté de l'âme et nos actions sont similaires). Ainsi, toute faute provoque un sentiment de mal-être (plus ou moins fort), qui peut inciter à la téchouva.]

[ => ainsi, le fait d'être inscrit dans le livre de la mort, c'est être dans un état d'apathie qui va nous laisser indifférent face à nos fautes (plutôt que d'être dans la réalité, nous sommes prisonnier de notre imaginaire), sans nous pousser vers des pensées de téchouva, et il en découle un monde à venir éternellement mort spirituellement parlant! (c'est être fauché pour toujours!).

Nos Sages (guémara Béra’hot 18) enseignent : "Les réchaïm sont tenus pour morts même de leur vivant. Les tsadikim même dans leur mort, ils sont toujours considérés comme vivants et de plus, ils exercent une plus grande influence après leur disparition que de leur vivant."]

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-> Celui (le tsadik) dont les actes méritoires sont plus nombreux que les fautes, sera traité avec rigueur, comme s'il avait brûlé toute la Torah sans épargner une seule lettre.
[...]
Celui (le racha) dont les fautes sont plus nombreuses que les actes méritoires sera traité avec faveur, comme s'il avait accompli toute la Torah sans omettre une seule lettre.
[guémara Kidouchin 39b]

=> Comment comprendre le traitement rigoureux des tsadikim et le traitement favorable des réchaïm, en apparente contradiction avec l'affirmation que les tsadikim sont inscrits dans le livre de la vie, et les réchaïm dans le livre de la mort?

-> Les Tossefot répondent :
- la guémara (Kidouchin 39b) correspond à la vie sur terre, dans ce monde-ci, où le tsadik est châtié pour expier ses (rares) fautes tandis que le racha a une vie faste ;

- et l'enseignement ci-dessus de rabbi Krospédaï correspond à la vie dans le monde à venir, où le tsadik bénéficie d'une vie faste et où le racha est châtié pour ses nombreuses fautes.

[on solde les rares mérites du racha pour paiement dans ce monde, le laissant vide/mort dans le monde à venir.
A l'inverse, on solde le prix à payer pour les rares punitions des tsadikim, les laissant que vie dans le monde à venir.]

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=> Pourquoi le terme "sont scellés" (ni'htamin) est-il utilisé uniquement pour les tsadikim et les réchaïm et pas pour les bénonim?

-> A Roch Hachana, Hachem juge ses créatures avec la qualité de vérité et de la rigueur, sans complaisance : les uns sont méritants, les autres sont coupables.
C'est pourquoi, ceux qui sont déjà inscrits à Roch Hachana, dans le livre qui leur correspond, sont scellés dans ce livre d'un jugement définitif, car le sceau d'Hachem est la vérité.

Par contre, le jugement des bénonim est reporté à Yom Kippour, et ce jour-là, Hachem s'habille de la qualité de la bonté, indulgence ('hessed), et même l'Accusateur Céleste pardonne ce jour-là.
C'est pourquoi, le terme "sont scellés" (ni'htamin), est remplacé le jour de Kippour par le 'hessed.
[Pné Yéhochoua]

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-> "Recherchez Hachem pendant qu'Il se trouve. Appelez-Le tant qu'il est proche" (Yéchayahou 55,6)

Selon rav Na'hman (dans guémara Roch Hachana), Hachem est proche de nous tous durant les 10 jours entre Roch Hachana et Yom Kippour, et nous invite, surtout dans cette période, à faire téchouva et à quitter nos mauvaises voies.

Si l'homme de niveau moyen (bénoni) ne fait pas téchouva avant Yom Kippour, cela est considérée comme une faute grave d'irrespect envers Hachem au moment où il est proche de chacun et nous invite à se rapprocher de Lui et de faire téchouva.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 103)]

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-> Selon le Tour (Or ha'Haïm 606,1), il est particulièrement important de faire téchouva envers notre prochain, pour qu'il y ait le jour de Yom Kippour une unité dans le peuple d'Israël, afin de ne pas donner au Satan (l'Accusateur Céleste) l'occasion d'accuser les juifs par leurs divisions.

En effet, il est rapporté : "L'Accusateur vit qu'Israël était débarrassé de ses fautes à Yom Kippour ; il dit alors : "Maître du monde, tu as un peuple sur terre comparable aux Anges de service ... de même que le Shalom règne entre les Anges de service, le Shalom règne sur les juifs à Yom Kippour" (Pirké déRabbi Eliézer - chap.46).