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5 Questions/Réponses – Paracha ‘Hayé Sarah

+ 5 Questions/Réponses - Paracha 'Hayé Sarah :

1°/ Pourquoi est-ce que cette paracha s'appelle : "la vie de Sarah" ('Hayé Sarah) alors qu'elle commence par la mort de Sarah, et pourquoi la paracha ultérieure de Vayé'hi, qui signifie : "Yaakov vécut" (Vayé'hi Yaakov), traite de la mort de Yaakov?

-> Le rav Zalman Sorotzkin (Oznaïm laTorah) suggère que cela est fait afin de nous apprendre que la véritable vie n'est pas celle dans ce monde.
Mais plutôt, la vie commence après que l'âme quitte le corps et entre dans le monde à venir.
Ainsi, Sarah et Yaakov sont morts dans ce monde, et ils ont alors pu commencer leur vraie vie.

[Ce monde n'est qu'un bref lieu de passage vers notre endroit de vie éternelle, comme il est écrit (Pirké Avot 4,16) : "Ce monde ressemble à un vestibule devant le monde à venir [éternel]. Prépares-toi dans le vestibule [en accomplissant des bonnes actions, des mitsvot dans ce monde] pour entrer dans le palais." ]

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-> Par ailleurs, on peut remarquer qu'il est écrit :
- "les années de la vie de Sarah" (שני חיי שרה - v.23,1)
- "les années de la vie de Yichmaël" (שְׁנֵי חַיֵּי יִשְׁמָעֵאל - v.25,17)

Sachant que Rachi commente : les années de la vie de Sara = Toutes égales pour le bien.
Comment peut-on expliquer une telle similitude dans les mots?

-> Selon le Daat Zékénim, Yichmaël a fait une sincère téchouva sur toutes ses fautes (cf. Rachi 25,9), et il a alors été considéré comme une nouveau-né avec aucune faute à son actif.
[plus encore, une téchouva faite par amour, transforme nos fautes en mérites!]
Ainsi, d'une certaine façon, ses années étaient "toutes égales pour le bien", comme celles de Sarah.

Nos fautes ne pourront jamais se comparer à celles très graves de Yichmaël.
=> Si lui a réussi à faire une téchouva totale, nous ne devons donc jamais désespérer de pouvoir également faire une téchouva totale.

Comme l'affirme le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,4) : "Une personne qui a fait téchouva est aimée et chérie par D., comme si elle n’avait rien transgressé".

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2°/ "Rivka, levant les yeux, aperçut Its'hak et se jeta à bas du chameau ... [elle demanda à Eliézer : ] Qui est cet homme qui marche dans le champ" ('Hayé Sarah 24,64-65)

Qu'est-ce qui a poussé Rivka à demander l'identité de Its'hak en le voyant pour la 1ere fois, sachant qu'elle n'a surement pas interrogé Eliézer concernant chaque personne qu'ils ont pu croiser pendant leur trajet?

-> Le Nétsiv (Haémek Davar 24,65) dit que la 1ere fois que Rivka a vu Its'hak, il était en train de prier.
Dans sa prière, il était si retiré de ce monde, qu'il apparaissait comme un ange, au point que Rikva a glissé de son chameau et s'est couverte par respect pour cette sainte personne.

Cette rencontre a tellement mis en elle du respect pour Its'hak, que durant toute sa vie elle sera incapable de se confronter à lui.
C'est pourquoi, par exemple, elle ne lui demandera pas le départ de Essav, comme Sarah avait pu le faire au sujet de Yichmaël, à son mari Avraham.

-> Le Mochav Zékénim, ainsi que le Panéa'h Raza, citent le midrach affirmant que Its'hak marchait à l'envers, avec ses pieds en l'air.
Ils expliquent que Avraham a blessé Its'hak au moment de le ligoter afin de l'offrir en sacrifice, et les anges l'ont ensuite pris au Gan Eden afin qu'il puisse récupérer et guérir.
Or, il est d'usage que les personnes revenant du Gan Eden marchent à l'envers (cf. Rachi Chmouël I 28,12).

=> Ainsi, Rivka remarquant cette façon inhabituelle de se déplacer, elle a demandé son identité à Eliézer.

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-> Rabbi Ovadia de Barténoura écrit : "Its'hak venait du Gan Eden. Il y était pour se guérir de la blessure que son père avait fait à sa gorge lors de la Akédat.
Il marchait sa tête en bas et ses pieds en haut [car c'est de cette façon que les gens marchent au Gan Eden]."

Le Riva (à partir du Baalé haTossefot) écrit : "Rivka a vu Its'hak venant du Gan Eden, et il venait la tête en bas, et les pieds en haut. Rachi écrit : "raata oto adour". Le mot "adour" (הָדוּר) signifie : retournée, car ses pieds étaient en haut."

=> Pourquoi les gens au Gan Eden marchent-ils la tête en bas et les pieds en haut?

-> Le rav Eliméléh Biderman rapporte l'explication suivante :
Dans ce monde notre visage est dirigé vers le ciel, car le ciel est la source de notre vie.
Cependant au Gan Eden, nous ne pouvons plus réaliser de mitsvot. Nous pouvons alors uniquement monter à un niveau supérieur lorsque nos enfants dans ce monde font des mitsvot.
Ainsi là-bas on marche avec la tête vers le sol, car nous sommes dépendants de nos enfants en bas sur terre.

-> Rav Yossef, fils de rabbi Yéhochoua ben Lévi, tomba malade dans un état comateux, puis reprit conscience.
Il répondit à son père qui lui demandait ce qu’il avait vu : "J’ai vu un monde à l’envers : les gens importants (notables et riches) ici-bas (mais peu appréciés aux yeux d’Hachem) sont insignifiants dans le monde d’en-haut [Gan Eden]"
Son père lui lui dit alors : "Mon fils, c’est un monde ordonné (clair) que tu as vu!"
[guémara Pessa’him 50a ; Baba Batra 10b]

Rachi explique que le Ciel évalue les gens différemment de la façon dont nous le faisons.
Dans notre monde, les gens sont évalués en fonction de leur richesse (symbole de réussite).
C'est ainsi qu'il y a de nombreuses personnes qui sont honorées dans ce monde, mais qui seront à un niveau nettement moins bon au gan Eden.
Et à l'inverse, il y a des pauvres, que les gens tendent à mépriser dans ce monde (c'est des ratés, des paresseux, des gens à la charge de la société!), qui seront à un haut niveau au gan Eden.

Selon le rav Elimélé'h Biderman, on peut également comprendre cette guémara en la liant à notre sujet.
Au Gan Eden :
- "ceux qui sont [ici] importants/élevés" (éliyonim) = il s'agit de la tête [organe le plus haut] ;
- "en bas" (lémata) = qui sera en bas sur le sol ;
- "ceux qui sont tout en bas" (ta'htonim) = il s'agit des pieds ;
- "en haut" (lémala) = qui seront en haut.
= tout cela car au Ciel les gens marchent de façon inversées à notre monde actuel.

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3°/ Rachi (v.23,2) écrit : Le récit de la mort de Sarah fait immédiatement suite à celui du sacrifice de Its'hak. Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, et qu’il s’en était fallu de peu qu’il fût immolé, elle en a subi un grand choc et elle est morte.

La guémara (Pessa'him 8b) enseigne que ceux qui réalisent des mitsvot ne seront en aucun cas lésés du fait d'avoir fait une mitsva.
=> Comment est-il alors possible que la mitsva de la ligature d'Its'hak a pu entraîner la mort de sa femme bien-aimée?

-> Le rav 'Haïm Kanievsky explique que l'intention de la guémara est que la réalisation d'une mitsva n'entraîne pas une souffrance supplémentaire.
Cependant, si le temps naturel de mourir d'une personne est arrivé et qu'elle est méritante, alors Hachem va faire en sorte qu'elle meurt pendant la réalisation d'une mitsva.
En effet, le midrach (Kohélet rabba 3,22) enseigne que celui qui fait une mitsva juste avant sa mort, est considéré comme ayant observé toutes les mitsvot de la Torah.

-> Le Mérafsin Igri est d'avis que Hachem protège une personne lorsqu'elle fait une mitsva, mais ce principe ne s'appliquait pas à la Akédat Its'hak, puisque son but était de tester le dévouement d'Avraham à Hachem, même dans les circonstances les plus difficiles.

Dans ce cas, la permission a été donnée au Satan pour rentre encore plus difficile cette situation : en montrant à Avraham que ses actions ont causé la mort de sa femme bien-aimée.
=> Alors que le moment de la mort de Sarah était arrivé, cela permettait en plus de magnifier l'épreuve et d'apporter à Avraham une récompense beaucoup plus importante.

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-> Rabbi 'Hanan dit : celui qui en appelle au jugement contre son prochain sera jugé en premier, d'après les 2 versets : "Saraï dit à Avram : Que l'injure qui m'est faite retombe sur toi ... Que Hachem juge entre moi et toi!" (Lé'h Lé'ha 16,5) et plus loin : "Avraham vint pour prononcer l'oraison funèbre sur Sarah et la pleurer" ('Hayé Sarah 23,2).
[guémara Roch Hachana 16b]

-> Le Pné Yéhochoua enseigne :
Qui prouve que le décès prématuré de Saraï est une conséquence d'avoir invoqué le Ciel contre Avram? Peut-être son décès à 127 ans n'était-il pas une sanction, mais correspondait à la date prévue de sa mort?
Il n'en est rien, car dans le verset ('Hayé Sarah 23,2), il aurait suffi d'écrire : "Avraham prononça l'oraison funèbre de Sarah" et l'expression : "Avraham vint (vayavo Avraham) semble apparemment superflue.
En fait, le texte veut nous enseigner, par l'expression: "Avraham vint" que cette arrivée n'était pas prévue, naturellement, car il était prévu dans le Ciel que c'est Sarah qui devait prononcer l'oraison funèbre au Ciel contre son époux, elle a diminué sa durée de vie (en invoquant le Ciel contre lui) et c'est donc son époux qui vint l'enterrer.

[ => Combien nous devons être vigilant à ne pas "appeler au jugement contre son prochain", car nous sommes alors "jugé en premier", et même pour notre Matriarche Sarah cela s'est terminé par une mort prématurée!! ]

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4°/ "Avraham vint faire l'éloge funèbre de Sarah et la pleurer" ('Hayé Sarah 23,2)

Le Baal haTourim fait remarquer que la lettre kaf (כ) de : וְלִבְכֹּתָהּ (vélivkota - et la pleurer) est écrite dans la Torah plus petite que les autres lettres, afin de nous enseigner qu'il s'est autorisé à ne pleurer qu'une petite quantité.

Pourquoi Avraham n'a-t-il pas pleuré davantage sur la perte de sa femme bien-aimée?

-> Le Baal haTourim répond qu'il a peu pleuré parce qu'elle était déjà très âgée (127 ans!).

Par ailleurs, la guémara (Baba Kama 93a) enseigne que Sarah a été punie pour avoir demandé à Hachem de juger sa plainte contre Avraham ("Que Hachem juge entre moi et toi!" - Lé'h Lé'ha 16,5), faisant qu'elle allait mourir prématurément.
Etant considérée comme partiellement responsable de sa mort, il l'a pleuré avec moins d'intensité.

-> Le Darké Moussar fait remarquer que Avraham a voyagé pendant 3 jours afin de réaliser la Akéda le jour de Kippour.
Le temps qu'il retourne chez lui pour enterrer et prendre le deuil de Sarah, c'était la veille de Souccot, faisant que la période de deuil a été réduite à uniquement un seul jour. [puisque la fête interrompt le deuil, il ne lui restait pas beaucoup de temps pour la pleurer!]

Par ailleurs, puisque Sarah avait laissé un enfant très vertueux pour continuer dans son chemin, elle était considérée à un certain niveau comme toujours en vie. C'est pour cela qu'il a réduit les pleurs.

-> Le Kessef Nivchar, cite la guémara (Moed Katan 27b), qui enseigne qu'il faut pleurer un mort pendant 3 jours et prendre le deuil pendant 7 jours.
Après avoir mis pratiquement 3 jours pour revenir chez lui après la Akéda, il ne restait plus que quelques heures pour la pleurer.

-> Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch dit que son chagrin était certainement immense, mais il n'a pas voulu exhiber sa souffrance, dissimulant la pleine mesure de sa douleur dans le fond de son cœur et dans l'intimité de sa maison.

-> Le Kéhillat Its'hak explique qu'en entendant que la Akéda a entraîné la mort de Sarah, Avraham n'a pas voulu pleurer excessivement d'une manière qui aurait pu être interprétée par autrui, comme l'expression d'un regret de la Akéda, à cause de ses conséquences.

En effet, la guémara (Kiddouchin 40b) enseigne que le fait de regretter d'avoir réalisé une mitsva ou bien de ne pas avoir fait une avéra, a le pouvoir d'annuler cette bonne action ou le fait de s'être retenu de fauter.

Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.31) rapporte que sur le chemin aller, le Satan a mis une rivière (Avraham était sur le point de mourir noyé) et est également apparu sous la forme d'une vieille personne se moquant de ce qu'il s'apprêtait à faire. Ces plans n'ont pas fonctionné.

Le Kéhillat Its'hak dit qu'une fois la Akéda réalisée, le Satan a essayé de le faire regretter en montrant que la mort de sa femme Sarah était de sa faute (bien que son heure était arrivée), profitant de sa détresse émotionnelle, ce qui aurait alors comme conséquence d'annuler toute récompense à cette incroyable mitsva.

Le yétser ara tenta de faire regretter à Avraham les conséquences de la Akéda. Ainsi, il espérait qu’Avraham s’en veuille d’avoir entrepris ce projet en constatant la mort de Sarah
Néanmoins, Avraham surmonta cette épreuve et n’éprouva aucun regret concernant la Akéda, en dépit du décès de sa femme qui s’ensuivit. D’ailleurs, quand la Torah raconte qu’Avraham pleura Sarah, elle écrit le mot "Vélivkota" : décrivant les larmes versées par Avraham (v.23,2) avec un petit "kaf". Le Ba'al Hatourim écrit que cela nous indique qu’Avraham ne la pleura pas abondamment. [comme exposé ci-dessus]
Le Kéhilat Its’hak explique qu’il agit ainsi délibérément, de peur que les gens ne le voient pleurer amèrement et qu’ils pensent que ses sanglots étaient un signe de remords quant à la Akéda.
=> Donc, non seulement Avraham ne regretta pas son acte, malgré son "effet direct" sur sa femme, mais il se soucia même de ce que les gens penseraient, et qui réduirait également l’effet de la Akéda.
Il savait que le mérite du sacrifice d’Its’hak accompagnerait le peuple juif à travers l’histoire et il refusa de laisser une quelconque conséquence négative troubler ceci.

[Le rav Ozer Alport enseigne : ce test du yétser ara : d’essayer de nous faire regretter les mitsvot accomplies, accompagne généralement chacun d’entre nous. Certains commentateurs précisent que c’est la signification de la demande faite durant la prière du soir : "Retire le Satan (le yétser ara) de devant nous et de derrière nous" (véasser aSatan milfanénou ouméa'harénou - prière d'Arvit).
Le "Satan de devant" fait référence à ses tentatives de nous empêcher de faire les mitsvot et le "Satan de derrière" est celui qui tente de faire regretter les mitsvot déjà effectuées.]

Bien évidemment, de manière générale, le fait de respecter la Torah et les mitsvot procure à l’individu une satisfaction, déjà dans ce monde, que d’autres modes de vie n’apportent pas. Mais il est vrai que les résultats immédiats d’un comportement positif ne sont pas flagrants. Le défi est alors de réaliser que ceci constitue une épreuve supplémentaire et qu’au bout du compte, les mitsvot n’ont que des conséquences positives.

Le Kéhilat Its’hak affirme : preuve en est la tentative du yétser ara de nous faire regretter les mitsvot en laissant paraître qu’elles sont la cause d’une difficulté ou d’un revers.
[c'est cela l'épreuve : rester convaincu que même si en apparence il est clair qu'une mitsva a entraîné une mauvaise chose, en réalité c'est impossible. Il ne faut jamais regretter d'avoir fait une mitsva, car au final, en vérité absolue, rien de mal ne peut résulter d'une mitsva, bien au contraire!]
La réaction d’Avraham lors de la mort de Sarah nous enseigne comment réagir face aux défis qui viennent "en conséquence" de nos mitsvot (au "Satan de derrière").

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-> Il peut être intéressant d'ajouter que bien que le roi Chlomo soit considéré comme l'auteur du livre de Michlé, le midrach Tan'houma ('Hayé Sarah 4) enseigne que le dernier chapitre de Michlé (31,10-31), qui est connu comme le : Eshét 'Haïl (chant du vendredi soir), a été composé bien avant sa naissance.

En effet, à la mort de sa femme bien-aimée Sarah, Avraham a commencé à faire son éloge, et il a composé cette magnifique expression de son appréciation pour sa femme de grande valeur.

Le midrach explique en détail comment chaque ligne est une expression unique de louange pour un événement qui a pu se passer dans la vie de Sarah.

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-> Le midrach explique que Avraham "est venu du Mont Moriah", où se réalisa la ligature d'Its'hak.
On peut expliquer que ce midrach propose de nous enseigner quel était le contenu de l'éloge funèbre qu'Avraham fit pour Sarah.
Il est venu = c'est-à-dire il a choisi d'amener ses propos, à partir du Mont Moriah, et il mit en valeur le fait qu'une femme qui a réussi à élever et à éduquer un fils de sorte qu'il soit prêt à offrir sa vie à Hachem avec joie, une telle femme ne peut être que de très grande valeur.
Le meilleur éloge que Avraham pouvait faire sur Sarah, c'est l'éloge qui venait du Mont Moriah.
[haDrach véhaIyoun]

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-> "Avraham vint pour prononcer l'éloge de Sarah et pour la pleurer" (וַיָּבֹא אַבְרָהָם לִסְפֹּד לְשָׂרָה וְלִבְכֹּתָהּ - 'HAyé Sarah 23,2)

=> D'où Avraham venait-il?
Certains Sages disent qu'il revenait de l'enterrement de son père Téra'h. Nous y trouvons une allusion dans le premier mot du verset : "vayavo" (וַיָּבֹא - vint) qui sont les mêmes lettres que le mot "aviv" (אביו - père).
Comme cela est rapporté dans le midrach (Béréchit rabba 58) : "d'où venait-il? Rabbi Lévi dit qu'il revenait de l'enterrement de son père Téra'h".

Nous pouvons y trouver également une allusion supplémentaire dans le verset précédent : "chéné 'hayé Sarah" (שְׁנֵי חַיֵּי שָׂרָה - 'Hayé Sarah 23,1), les premières lettres des 3 mots ont une valeur de 608, qui a la même valeur numérique que : Téra'h (תרח).

D'autres Sages nous enseignent que le même jour où Sarah notre Matriarche quitta ce monde, sa fille qui s'appelait Bakol quitta également ce monde.
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou ]

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5°/ "Je suis venu aujourd'hui vers la fontaine" ('Hayé Sarah 24,42)

Rachi explique que nous déduisons du mot "aujourd'hui" qu'Eliezer est arrivé à Na'hor (Irak) le jour même de son départ de 'Hébron. De là, nous apprenons que la terre s'est contractée pour lui.
Le midrach (Yalkout Chimoni) ajoute qu'au lieu des 17 jours escomptés de voyage en chameau de Kyriat Arba à 'Haran, le voyage n'aura duré que 3 heures.

=> Comment Eliezer, le serviteur d'Avraham, a-t-il réussi à convaincre la famille de Rivka (qui étaient des idolâtres), que la Providence divine l'avait aidé à raccourcir un long voyage de 17 jours en seulement 3 heures?

On peut rapporter les réponses suivantes :

1°/ Sur le verset : "Sarah, la femme de mon maître, lui a donné un fils" ... "Et il lui a donné tout ce qu'il possède".
Rachi explique qu'Eliezer montra à la famille de Rivka le contrat de donation où il était stipulé qu'Its'hak était le détenteur de tous les biens d'Avraham.
Lorsqu'ils regardèrent le contrat attentivement, ils remarquèrent qu'il fut écrit et signé par Avraham et était daté du jour-même. Ils comprirent alors que la terre s'était effectivement rétrécie pour le serviteur d'Avraham.

2°/ Sur le verset : "Le serviteur apporta des objets d'or et des vêtements et les donna à Rivka; des fruits doux, il les donna à son frère et à sa mère".
Rachi nous apprend qu'Eliezer emporta avec lui des fruits suaves de la terre d'Israël. Lorsqu'Eliezer présenta les fruits, ils étaient frais et de grande qualité, comme s'ils venaient d'être cueillis sur l'arbre le jour même.
Si Eliezer avait effectué un voyage de 17 jours en pleine chaleur, les fruits n'auraient pas pu garder leur fraicheur et leur saveur, et auraient été impropres à la consommation. Ceci leur prouva que la terre s'était effectivement rétrécie pour lui.

"Its'hak implora Hachem en face de sa femme, car elle était stérile. Hachem Se laissa implorer par lui et Rivka, son épouse, conçut." (Toldot 25,21)

Ce verset se déroule après 20 années de mariage, où Its'hak et Rivka n'ont pas eu la chance d'avoir d'enfant.
Rachi commente : Implora par : Il a multiplié sa prière avec insistance.

Pourquoi est-ce que Hachem n'a-t-il pas répondu immédiatement à leurs prières intenses et répétées?

Rachi (25,30) écrit : Yaakov a servi à Essav des lentilles, car en ce jour Avraham est mort, afin qu'il ne puisse voir son petit-fils Essav prendre le chemin du mal (guémara Baba Batra 16b).
C'est ainsi que Hachem a abrégé sa vie de 5 ans.

Le rav Méïr Shapiro et le rav Eliyashiv disent qu'on comprend de là pourquoi il était si difficile d'agréer aux prières de Rivka et de Yaakov.
En effet, le plus tôt Hachem leur donnerait des enfants, le plus tôt Essav commencera dans le chemin du mal,et le plus tôt Avraham devra mourir afin d'être épargné de toute tristesse au regard des actions de son petit-fils Essav.

Hachem a repoussé les prières de Its'hak et Rivka jusqu'à ce qu'ils prient avec une intensité et une répétition d'une telle puissance, qu'Il a été "forcé" d'accéder à leur demande.
Le rav Yossef 'Haïm Sonnenfeld suggère que l'on peut voir cela en allusion dans le fait que : "Hachem Se laissa implorer par lui" (vayéater lo Hachem - וַיֵּעָתֶר לוֹ יְהוָה), qui a la même valeur numérique que : "5 ans" (חמש שנים).
[comme les 5 années de vie retirées à Avraham]

=> Il nous arrive souvent dans la vie de prier et de pleurer, encore et encore, devenant presque frustrés à l'égard de Hachem, qui en apparence semble ignorer nos requêtes sincères et raisonnables.
A ce moment, nous devons nous rappeler de cette leçon, et trouver du réconfort dans le fait que Hachem dans Son infinie bonté et connaissance, sait que cela n'est pas dans notre meilleur intérêt sur le long terme.

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-> Le Méam Loez (Toldot 25,21) enseigne :
Dans la paracha Lé'h Lé'ha, nous voyons que l'exil en Egypte devait commencer avec la naissance d'Its'hak. Hachem voulait que les Patriarches et les Matriarches soient stériles afin de réduire cette période de persécutions.
A partir de la naissance d'Its'hak jusqu'à l'émigration en Egypte, 190 ans s'écoulèrent.
A cela, ajoutons les 17 années que vécut Yaakov après leur installation en Egypte. Les Patriarches permirent donc d'éviter 207 ans d'esclavage.
De plus, le véritable fardeau de l'esclavage ne commença qu'après la mort de Yossef et de ses frères.
Si les Patriarches avaient pu engendrer normalement des enfants, l'exil aurait duré plus longtemps.

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-> "Dans une maison, un enfant rebelle est plus difficile à supporter que toute la douleur de la guerre de Gog et Magog".
[guémara Béra'hot 7b]

[Hachem a décidé qu'il valait mieux que le monde subisse la perte de 5 années de vie de Avraham, avec tout ce qu'il aurait pu y faire en bonnes actions, plutôt que celui-ci ne souffre en voyant le comportement de son petit-fils Essav.

=> Combien devons-nous être compatissant et prier pour les familles qui ont des enfants rebelles, plutôt que d'en profiter pour se valoriser en se moquant d'eux.]

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-> b'h, un autre divré Torah sur ce verset : https://todahm.com/2017/12/11/5824

La reconnaissance

+ La reconnaissance :

-> La gratitude est la raison principale pour laquelle nous avons été créés.
[Ramban - paracha Bo]

-> Une personne doit servir Hachem, non pas dans le but de recevoir une récompense, mais pour même un seul des milliers et des milliers de bonté qu'Il nous a gratifié, et en raison de la grandeur du Maître.
[Rabbénou Yona - Avot 1,3]

-> En maîtrisant l'attitude d'être reconnaissant, on devient une personne plus spirituelle.
['Hovot haLévavot]

La reconnaissance redirige nos pensées vers Celui à qui l'on doit tout.
Le Shita Mékoubétzét dit que plus nous avons conscience de tout le bien dont Hachem nous comble en permanence, plus nous essayerons d'éviter de faire quelque chose qui risque de l'énerver.
[cela pousse à faire des mitsvot, et à se retenir des avérot (et c'est la moindre des choses!)]

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-> "Qui s'élèvera sur la montagne de Hachem? ... Celui dont les mains sont propres, le cœur pur ..." (Téhilim 24,3-4)

Le Sar Shalom de Belz explique que cela fait référence à ceux qui réalisent que tout provient de Hachem, et non pas résultant de ses actions.

=> Ainsi, la gratitude est ce qui permet de s'élever "sur la montagne de Hachem".

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-> Ce qu'il te manque, n'est rien en comparaison de ce que tu as déjà dans ta vie.
En ayant conscience de cela, nous devons ressentir une obligation d'aimer Hachem.
[Séfer 'Hassidim 31]

Ne pas regarder la vie avec gratitude, c'est ne jamais être content, puisqu'il nous manquera toujours quelque chose (en mieux, en différent, ...).
Ne pas regarder la vie avec gratitude, c'est ne pas être convaincus que Hachem nous a donné ce qu'il y a de mieux pour nous.

Ne pas prendre quelques minutes chaque jour pour apprécier tout ce que Hachem fait pour nous, c'est s'empêcher d'infuser en nous un grand amour pour D., de donner du sens à notre vie (je suis forcément quelqu'un de bien pour que le Maître du monde m'accorde la vie et tellement de bonté en permanence!).

-> "[Hachem] mon bonheur ne vient de nul autre que Toi"
[le roi David - Téhilim 16,2]

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-> Si la reconnaissance cessait d'exister, alors comment le monde pourrait-il continuer à exister?
[Rabbi It's'hak ben Moché Arama - le Akédat Its'hak - paracha Ki Tissa]

-> Nous avons une tendance naturelle à dissimuler les faveurs d'autrui, et à exposer leurs mauvaises actions.
[le Roch]

Les être humains n'aiment pas se sentir endettés, aspirant à avoir une indépendance de l'égo.

Le rav Wolbé (Alé Chour) enseigne :
- il faut faire l'effort d'exprimer verbalement nos remerciements aux gens qui nous ont aidé d'une quelconque façon, même à ceux qui sont payés pour cela.
En agissant ainsi, nous regardons alors le monde comme plein de bontés, dans une quantité que nous aurions jamais rêvé pouvoir exister.

- après avoir fait une bonté à autrui, il est bien de ne pas abuser de sa situation de supériorité (j'ai fait, et il me doit!). C'est également une bonté que de lui permettre de diminuer ce sentiment de redevabilité, en lui demandant une petite faveur.
Un exemple est celui d'un accompagnateur d'une personne non voyante, qui va lui demander à la fin d'allumer la lumière, et ce afin de lui retirer ce sentiment d'avoir une dette envers lui pour le service réalisé.

De même, dans le désert, Hachem a demandé aux juifs d'allumer la Ménora pour éclairer, même s'Il n'en a pas besoin puisque fournissant de la lumière à toute l'humanité (dont cette Ménora!).

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-> Après avoir réalisé une mitsva, le Chla haKadoch remerciait Hachem et demandait d'avoir l'opportunité de pouvoir faire encore pleins de mitsvot.
Il remerciait en permanence Hachem pour le succès spirituel de ses enfants et de ses élèves, et il priait pour qu'ils continuent à réussir.

-> Lorsqu'une bénédiction est dite suite à une expression de remerciement, elle possède beaucoup plus de poids.
[Rav 'Haïm Kanievsky]

-> Une personne qui a attendu des années pour avoir un enfant va énormément remercier Hachem lorsque celui-ci finira par arriver.
Pourquoi ne remercions nous pas Hachem encore davantage que cela, lorsqu'Il ne nous fait pas atteindre pour cela?

Nous ne devons pas uniquement remercier D. dans le cadre d'une intervention dramatique (merci de m'avoir sauvé d'une très grave maladie, d'une mort assurée, ...).
['Hidouché haRim]

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-> "Ne lance pas une pierre au fond du puits duquel tu as bu" [guémara Baba Kama 92b]

=> La Torah nous demande de respecter notre environnement, et de témoigner de la gratitude même à ce qui est inanimé.

-> Moché a été sauvé par l'eau du Nil (dans son panier) et par la terre (où il a pu enterrer l'égyptien qu'il avait tué), c'est pour cela qu'il a laissé son frère Aharon être à l'origine des 3 premières plaies, pour ne pas porter atteinte à ce qui l'avait auparavant assisté.

De même, Moché ne s'est pas battu personnellement contre les Midyanim, car il a vécu parmi eux pendant plusieurs années (après avoir fui l'Egypte). Il a ainsi demandé à Pin'has de mener le combat.

Lorsqu'il a libéré le peuple juif d'Egypte, Moché n'a pas quitté Midyan avant d'avoir reçu l'approbation de son beau-père Yitro.
[à ses yeux, cela était plus important que de courir faire sortir ses frères de leurs atroces souffrances de l'esclavage]

D'ailleurs, c'est ce comportement, qui va encourager Yitro a tout quitter pour les rejoindre par la suite dans le désert, certain que Moché l'accueillerait avec chaleur.

-> Pourquoi est-ce que Moché n'a pas prié Hachem pour qu'Il le guérisse de son fort défaut de prononciation?

Le Ramban (Chémot 4,10) explique qu'il préférait garder son handicap afin de pouvoir se rappeler toute sa vie des miracles que D. a fait pour lui dans sa jeunesse.

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-> Nous devons exprimer notre gratitude à un endroit duquel nous avons pu tirer profit, en faisant quelque chose pour son bien-être.
[midrach Béréchit rabba 79,6]

A ce sujet, la guémara (Shabbath 33b), nous rapporte les 2 faits :
-> 1°/ Lorsque Yaakov a campé proche de la ville de Che'hem (vayichla'h 33,18), il a fait quelque chose pour le bien de cette ville :
- selon Rav = il a frappé des pièces de monnaie ;
- selon Chmouël = il a établi des marchés ;
- selon Rabbi Yo'hanan = il a installé des bains publics pour les habitants de la région.

-> 2°/ Après avoir passés 13 années enterrés dans le sable, Rabbi Chimon bar Yo'haï et son fils El'azar en sont sortis avec la peau séchée et gercée. Ils se sont alors baignés dans les sources chaudes de Tibériade, et leurs blessures ont été guéries.
Par gratitude, Rabbi Chimon a montré aux habitants de la ville où se trouvaient enterrés des corps (dans la région), afin qu'ils puissent les indiquer correctement.

-> Rav Israël Zev Gustman avait l'habitude d'arroser les plantes de sa yéchiva, en reconnaissance du fait qu'il a pu survivre à la 2e guerre mondiale en mangeant des plantes comestibles, lorsqu'il se cachait des nazis dans la forêt.

-> Le rabbi de Klausenbourg était peiné de voir des piles de livres posées au hasard sur les tables de sa yéchiva.
Il disait à ses élèves qu'il est bien d'exprimer sa reconnaissance à un livre duquel on a pu profiter, en le rangeant.

-> On a demandé au rav Ben Tsion Abba Chaoul pourquoi il s'imposait de recevoir un nombre important de personnes chaque matin.
Il a répondu : "Lorsque j'étais malade, tellement de personnes ont prié pour moi.
J'ai été sauvé par le mérite de ces prières, et c'est ma façon d'exprimer ma reconnaissance à ces innombrables individus."

-> Le rav 'Haïm Chmoulévtich exprimait sa gratitude en se rendant autant que possible aux fêtes familiales majeures de ses élèves (naissance, bar mitsva, ...), disant : "Si lui n'était pas venu, alors peut être qu'un autre ne serait pas venu, et un autre ... et à qui aurais-je alors donné cours? Aux murs? Je suis donc obligé d'exprimer ma reconnaissance."

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-> La gratitude est la base de la paix entre des voisins, et entre un mari et sa femme.
[Rav Wolbe - Alé Chour]

-> Une des raisons faisant que les anges ont demandé à Avraham : "Où est Sarah, ta femme?", était pour souligner l'importance de l'appréciation et de la reconnaissance envers sa femme.

[même à 99 ans, même lorsqu'il s'agit de notre Matriarche Sarah, une telle attitude est toujours nécessaire pour encore plus cimenter le couple!]

"Elle (Léa) conçut encore et enfanta un fils, et elle déclara : "Cette fois, je rends grâce à D." ; c’est pourquoi elle le nomma Yéhouda ; puis elle cessa d’enfanter." (Vayétsé 29,35)

-> Le Sforno nous enseigne que le nom Yéhouda (יהודה) contient d’une part, les lettres du nom de D., le Tétragramme (יהוה), et d’autre part, le radical הדה, signifiant : "gratitude" et "louange" ; ce nom connote donc la louange et le remerciement adressé à D.

-> Rachi explique que Léa nomma cet enfant Yéhouda à titre de remerciement à Hachem. En effet, elle vit par inspiration prophétique que Yaakov aura 4 femmes. Ainsi, pour enfanter les 12 tribus, chaque femme devra avoir 3 enfants. Or, Léa venait d'avoir son quatrième. Et c'est parce qu'elle eut une part plus grande que les autres qu'elle remercia Hachem et appela son fils Yéhouda.
Du fait que chaque juif s'appelle Yéhoudi en référence à Yéhouda, il en ressort qu'il doit avoir la qualité spécifique pour laquelle il s'appelle Yéhoudi. Il s'agit de remercier Hachem pour lui avoir donné plus que ce qui lui revient, comme le fit Léa à la naissance de Yéhouda. Car chaque juif doit considérer que tout ce qu'Hachem réalise pour lui et lui donne, c'est toujours encore plus que ce qui lui revient et que ce qu'il mérite.
On doit considérer que rien ne nous revient de droit (tout n'est que du bonus, qu'une bonté gratuite de D. à notre égard!).
['Hidouché haRim]
[ce qui caractérise par essence un juif est : d'éprouver toujours de la reconnaissance envers D. et être conscients qu’Il nous donne bien plus que notre part légitime. Cela se matérialise également par de la joie et de l'amour envers papa Hachem!]

-> Le Maharam Shick fait remarquer qu'en réalité, Léa n'a pas juste dit : "cette fois je remercie Hachem", mais plutôt elle l'a fait sous forme interrogative : "[Est-ce uniquement pour] cette fois que je dois remercier Hachem? Non! Je me dois de Le remercier constamment et continuellement! Je dois toujours me souvenir des bontés que Hachem me fait, comme les 4 enfants qu'Il m'a accordé, et qui sont plus que ma part!"

=> C'est pour cela qu'elle l'a appelé Yéhouda : afin que durant toute sa vie, lorsqu'elle dira ou pensera au nom de son fils, cela sera pour elle comme un rappel à remercier Hachem pour Sa grande bonté permanente.

-> D'ailleurs, la guémara (Béra'hot 7b) enseigne qu'en nommant son fils Yéhouda pour exprimer sa gratitude, Léa est devenue la 1ere personne de l'histoire à remercier Hachem.

Le rav Berel Povarsky (Bod Kodech) dit que certainement auparavant les Patriarches et Matriarches avaient déjà remercié D., cependant Léa en nommant son fils a introduit la notion de remerciement éternel.
Yéhouda sera pour elle une assurance de toujours pouvoir être reconnaissante envers D.

Nous sommes appelés les Yéhoudim pour cette même raison, car un juif se doit de toujours se rappeler de remercier Hachem pour les millions de bonté qu'il reçoit chaque jour (et encore ce n'est que ce dont nous avons conscience!).

Dans notre routine quotidienne, il est facile d'oublier, et d'avoir la tête dans le guidon de nos préoccupations.
Cependant, si nous prenions du recul, et faisions d'un côté la liste de nos problèmes, et de l'autre la liste de toutes les bonnes choses de notre vie, nous verrions que nous avons beaucoup plus de raisons de le remercier que de se plaindre!

-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach recommandait ainsi de noter dans un cahier toutes les bontés dont nous bénéficions durant la journée, même les plus petites, et ensuite de dire : "Merci Hachem!"
Il ajoutait : "Cela a la capacité de changer notre vie. Non seulement car nous sommes alors plus heureux et reconnaissant, mais également car le plus nous remercions Hachem, le plus Il nous déverse Sa bonté sur nous!"

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-> Léa s’est montré particulièrement reconnaissante cette fois, car en mettant au monde un tiers des 12 fils de Yaakov, elle avait reçu plus que sa part (Rachi).

Suite à cela, elle a cessé d’enfanter car elle a remercié pour le passé, mais elle n’a pas prier pour le futur.
En effet, la guémara (Béra'hot 54a) enseigne qu’il faut : "Remercier pour le passé et prier pour le futur".

=> Après avoir exprimés notre gratitude, nous devons continuer par prier afin de témoigner pleinement que tout vient de Hachem.
Par ailleurs, même si nous pensons que tout vient totalement de D., nous ne devons pas rester les bras croisés, dans l'attente. En effet, il nous faut également prier, car telle est la façon de fonctionner du monde.
[si tu pries, alors tu peux recevoir toutes les bénédictions divines qui étaient jusque là en attentes pour toi!].

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+ "Cette fois-ci je remercierai Hachem ... et elle arrêta d'enfanter"

-> Rabbénou Bé'hayé écrit que lorsque Hachem fait un miracle à l'homme, il faut dissimuler ce miracle et le cacher pour que le mauvais œil n'ait pas de prise dessus.
Il ajoute : Ne t'étonne pas de ce que la force du mauvais œil soit si grande, pour qu'il ait une prise même sur les choses sur lesquelles s'étend le miracle, car nous trouvons à la naissance des tribus qu'à cause d'une parole de Léa, qui a dit "je remercierai Hachem", en reconnaissance du fait que le 4e fils était en plus de sa part, le mauvais œil a eu une prise sur elle, c'est ce qui est écrit immédiatement après : "elle arrêta d'enfanter".

Il n'y a pas de plus grand miracle que le don de la Torah, et là-bas on trouve que le mauvais œil a eu une prise.
Les Sages ont dit : Pourquoi les 1eres Tables ont-elles été brisées?
Parce qu'elles avaient été donnée en public [toute la Création s'arrêtant pour écouter les paroles de Hachem Lui-même, dans un climat solennel], le mauvais œil a eu une prise sur elles et elles ont été brisées.
Par contre les 2e Tables ont été données discrètement, ainsi qu'il est dit : "Que personne ne monte avec toi et que personne ne soit vu sur toute la montagne", et il en découle que le mauvais œil n'a pas eu de prise et elles n'ont pas été brisées.

De même, c'est pourquoi Yaakov a fait des manœuvres avec les bâtons pour sélectionner les bêtes qui reviendraient ou non à Lavan (tachetés, mouchetés, ...), ce qui était un acte naturel, pour dissimuler le miracle. En effet, il fallait que Lavan et ses gens ne comprennent pas, afin que le mauvais œil n'ait pas de prise.

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+ "Elle déclara : "Cette fois, je rends grâce à D."

=> Pourquoi est-il écrit que Léa remercie Hachem précisément au sujet de Yéhouda, et non concernant ses 3 premiers fils?

Rabbi Méïr Sim'ha haCohen (Messsekh 'Hokhma) explique :
Nos Sages n'ont pas instauré de bénédiction lorsque l'homme profite des sens de la vue, de l'ouïe et du toucher, alors qu'ils en ont institué une pour celui de l'odorat, en s'appuyant sur le verset : "toute âme Te louera", qui selon eux se réfère à ce qui procure de la satisfaction à l'âme (guémara Béra'hot 43b).

C'est la raison pour laquelle, à la naissance des 3 premiers enfants de Léa, on ne trouve pas qu'elle louât Hachem, car ils se réfèrent respectivement
- aux sens de la vue = Réouven : "parce que Hachem a vu mon humiliation" ;
- de l'ouïe = Chimon : "parce que le Seigneur a entendu que j'étais dédaignée" ;
- et du toucher = Lévi : "désormais mon époux me sera attaché".

=> Elle ne rendit grâce à D. qu'à la naissance de Yéhouda, ancêtre du machia'h, au sujet duquel il est dit : "animé (vahari'ho) de la crainte de D." (Yéchayahou 11,3), qui est un verset évoquant le sens de l'odorat (réa'h) à travers le mot : vahari'ho (וַהֲרִיחוֹ).

3 Questions/Réponses – Paracha Vayétsé

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Vayétsé :

1°/ Après s'être réveillé et avoir pris conscience de la sainteté du lieu où il avait dormi, Yaakov "prit la pierre qu'il avait mise autour de sa tête et l'érigea en stèle ; il versa de l'huile à son sommet" (Vayétsé 28,18).

Rachi (29,11) enseigne que sur le chemin : Elifaz, le fils de Essav, l’avait en effet poursuivi, sur l’ordre de son père, pour le tuer, et il l’avait rattrapé. Mais comme Elifaz avait grandi "dans le giron" de Its'hak, il avait renoncé à son projet meurtrier. Il lui avait dit :"Comment vais-je faire pour obéir à mon père?" Yaakov lui avait répondu : "Prends tout ce que je possède car, comme dit le dicton : "Le pauvre est considéré comme mort" (guémara Nedarim 64b)."

=> Si Yaakov a été volé de toutes ses possessions, d'où a-t-il trouvé ensuite l'huile qu'il a versé sur la stèle?

Le Panéa'h Raza répond que le seul objet que Yaakov n'a pas donné à Elifaz était son bâton (cf. Rachi Vayichla'h 32,11).
Cependant, ce n'était pas un bâton ordinaire.

En effet, Yaakov était si impliqué dans son étude de la Torah, qu'il avait creusé un espace dans son bâton pour y stocker de l'huile, afin de toujours avoir à portée de main de l'huile lui permettant d'étudier tard la nuit.
C'est cette même huile qui est restée avec lui après sa rencontre avec Elifaz, et qu'il a utilisé sur la stèle.

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-> Le rabbi Yé'hezkel de Kouzmir fait remarquer que Yaakov a protégé sa tête afin de nous rappeler que la chose principale à protéger est la tête.
Une personne peut traverser des moments difficiles, mais elle doit continuer à penser positivement, et elle doit renforcer sa émouna, et au final elle sera sauvée.
[lorsque nous avons de la émouna, de la joie de vivre même dans nos moments difficiles, alors nous déployons un bouclier de protection et nous attirons les bénédictions d'Hachem sur nous.
Ainsi d'une certaine façon les bêtes sauvages représentent toutes ces pensées toxiques, que le monde environnant ou bien notre égo, qui essaient de nous attaquer pour nous nuire. A l'image de Yaakov, il faut toujours faire attention à préserver sa tête.
Notre passage dans ce monde est si court, et il ne faut pas être perturbé (par les manipulations du yétser ara) afin de le réussir au mieux selon la volonté de D.]

Nous devons travailler à sortir notre tête de la boue, se focaliser sur des pensées élevées (je suis juif, fils du Roi des rois Hachem!).
Tout vient d'Hachem et nous ne devons pas l'oublier.

-> "Les Patriarches ont travaillé uniquement avec leurs mains, mais leur tête et leur cœur étaient avec Hachem." [Rambam]
La Présence d'Hachem était toujours en face de Yaakov, et même lorsqu'il travaillait son esprit était focalisé sur sa émouna. Yaakov savait que tout ne provienait que d'Hachem.

De même, selon le 'Hatam Sofer, Yaakov a rêvé d'une échelle avec les pieds au sol et la tête atteignant le ciel, car par cela Hachem voulait lui signifier : bien que tu seras amené à travailler chez Lavan dans la matérialité de ce monde, ton cœur devra toujours resté focalisé vers le ciel, sur la émouna.

Il est écrit : "Le produit de tes mains, tu mangeras" (yéguia kapé'ha ki to'hél - Téhilim 128,2)
Par nécessité les mains étaient impliquées pour gagner la parnassa, mais leur cœur et leur esprit restaient toujours avec Hachem.

-> Le midrach (Béréchit rabba 74,8) rapporte que pendant les 20 années où Yaakov a travaillées pour Lavan, il restait éveillé la nuit pour s'occuper de protéger le troupeau des voleurs.
Que faisait-il alors?
D'après rabbi Yéhochoua ben Lévi il disait les 15 Shir haMaalot (Téhilim 120 à 134) ...
D'après rabbi Chmouël bar Na'hman, il récitait le livre entier des Téhilim.
[d'ailleurs, selon le midrach : "lorsque Lavan rattrappa Yaakov, Yaakov était en train de réciter des Téhilim".]

[Cela témoigne que même au travail, son cœur était toujours tourné vers Hachem. Il priait, conversait, constamment avec D.
Il est important de préciser que cela ne doit jamais se faire au détriment de notre travail (par exemple : écouter un cours, et être moins efficace), car sinon c'est une forme de vol!]

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-> Les 12 pierres que Yaakov a mis autour de sa tête correspondent aux 12 tribus.
On peut rapporter le commentaire suivant du Kédouchat Lévi :
"Les noms des tribus nous enseignent ... que bien qu'Hachem est un grand Roi, qu'il n'y a pas de limite à Sa gloire, qu'Il possède des millions d'anges qui Le servent, mais néanmoins Il observe et intervient dans ce bas monde, et Il confère de la bonté et des bénédictions sur la nation juive."

Ainsi par exemple :
- à la naissance de Réouven, Léa dit : "Hachem a vu" (Vayétsé 29,32) ;
- à la naissance de Chimon, elle dit : "Hachem a entendu" (v.29,33).

=> Hachem voit, entend, et contrôle absolument tout ce qui se passe dans notre monde (rien ne peut se dérouler ou exister sans qu'il émet un décret en ce sens!).
Les noms donnés aux tribus nous montrent que tout est arrangé et destiné du Ciel, que rien ne se produit sans raison, sans l'accord de D.
Ainsi, le lien entre les 12 tribus et les 12 pierres autour de la tête de Yaakov, qui sont devenues une seule, renvoie à l'Unité de Hachem.
[Un juif doit avancer dans l'obscurité de ce monde, avec autour de la tête ce collier aux 12 pierres précieuses, différentes et complémentaires, qui est notre base de vie (émouna) pour vivre sa vie au mieux dans la joie et le émet.]

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+ Petit bonus (b'h) :

-> Le Torat Moché rapporte qu'une autre raison faisant que Yaakov a donné tout son argent à Elifaz est que : c'était la veille de Shabbath.
Or selon la loi juive, une personne qui est sur la route une veille de Shabbath doit donner son argent à un non-juif.
C'est pour cela que Yaakov était forcé de donner son argent à Elifaz.

C'est une des raisons pour lesquelles, Yaakov a érigé ensuite une stèle et y a versé de l'huile dessus.

En effet, la guématria pleine de : "chémen" (huile), est identique à la guématria (classique) de : "shomèr" (celui qui garde).
Par ailleurs, la guématria pleine de"matséva" (une stèle = une pierre dressée) est la même que la guématria (classique) de : "Shabbath".

=> De même qu'à son levé tôt le matin, il était un : Shomer + Shabbath, de même, il a versé la : chèmen + matséva (de l'huile sur la stèle).

Le détail de la guématria pleine de l'huile (שמן) est :
- la lettre shin s'écrit : שין (soit 360) ;
- la lettre mém s'écrit : מם (soit 80) ;
- la lettre noun s'écrit : נון (soit 106).
=> Total de : 546, ce qui est équivalent à la valeur de : shomèr (שומר).

En faisant de même avec le mot : matséva (מצבה), on obtient : 702 (mém : 80 ; tsadik : 204 ; bét : 412 ; hé : 6), qui est la même valeur que : Shabbath (702).

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2°/ Il est écrit :
-> "Il prit les pierres de l'endroit et [les] disposa autour de sa tête" (Vayétsé 28,11) ;
-> "Yaakov se leva tôt le matin et il prit la pierre qu'il avait mise autour de sa tête et l'érigea en stèle" (Vayétsé 28,18).

-> 1- D'où provenaient ces pierres?
Selon le midrach Yalkout Chimoni, Yaakov prit 12 pierres de l'autel qu'avait utilisé Avraham pour la Akédat Its'hak, correspondant aux 12 tribus.
Il a ensuite placé ces pierres sous sa tête.

-> 2- Comment expliquer ce passage de "les pierres" à "la pierre"?
Rachi dit que Yaakov a pris plusieurs pierres et qu'elles se sont disputées, chacune disant : "C'est sur moi que ce juste reposera sa tête!"
D. les a donc réunies pour en faire une seule pierre.

Le Eliyahou Rabba précise que ces pierres ont choisi de cesser leur dispute, et se sont unies entre elles pour n'en former plus qu'une seule.

Selon nos Sages, ces 12 pierres incarnent les 12 tribus, chacune unique en son genre et dotée d'une mission spécifique, mais s'unissant néanmoins en un seul et même peuple.

Les juifs ne sont des entités distinctes qu'en apparence physiquement, mais au niveau spirituel, ils sont chacun un membre d'un corps global (kol Israël arévim).
C'est ainsi que quand un juif fait une mitsva, c'est tout le peuple juif qui en profite, et inversement.

[Le spirituel unit, la matérialité divine.
Au début les pierres se sont bagarrées sur le plan matériel : "Non c'est moi qui aura le mérite d'avoir la nuque de Yaakov reposant le plus sur moi! ; et pourquoi elle en a plus que moi!
Ensuite, elles ont pris conscience qu'en réalité elles ont toutes un objectif commun dans la vie : faire la volonté de Hachem. C'est ainsi que : "D. les a donc réunies".

Il est intéressant de noter que cela se déroule sur l'emplacement du Temple, lieu de présence accru de Hachem dans ce monde, où tous les juifs viennent se rassembler comme "un seul homme, d'un seul cœur".

Nous sommes tous les fils/filles et soldats de D., et comme dans une armée, il y a des unités différentes et tout le monde est indispensable à la réussite collective. ]

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-> Le Gaon de Vilna demande : "Si un miracle devait se produire, pourquoi les pierres ne se sont-elles pas transformées en un beau et agréable coussin [pour la tête de Yaakov]?"
Il répond : "C'est parce que les pierres étaient en train de se bagarrer, et les disputes ne peuvent pas produire de la douceur (quelque chose d'agréable)".

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-> Rachi dit que Yaakov a pris plusieurs pierres et qu'elles se sont disputées, chacune disant : "C'est sur moi que ce juste reposera sa tête!" Hachem les a donc réunies pour en faire une seule pierre.

Le Maharam Shick explique que Yaakov n'avait pas peur des animaux sauvages, car il avait confiance qu'Hachem allait le protéger d'eux.
Cependant, une personne est obligée de faire acte d'hichtadlout, et c'est pourquoi il a mis des pierres autour de sa tête.
Les pierres (avanim) représentent également les fondations ("avné yessod").
Le Maharam Shick enseigne qu'il y a 2 fondations sur lesquelles tout juif doit se tenir : faire de la hichtadlout et avoir du bita'hon.
Les pierres ont commencé à se disputer en débattant l'une à l'autre : la hichtadlout implique que tout dépend de mes actions, tandis que le bita'hon me dit que tout vient des Mains d'Hachem. Alors, quelle est donc la vérité?
Chacune des pierres avait son avis sur cette question, jusqu'à ce que : "D. les a réunies pour en faire une seule pierre".
Cela signifie que Hachem a pris ces 2 fondations/bases de la vie d'un juif, et Il a montrées que les 2 vont de paires : lorsque nous faisons de la hichtadlout, nous devons en même temps savoir que la parnassa provient d'Hachem.
[d'ailleurs même notre capacité à déployer une hichtaldout est totalement dépendante d'Hachem, car s'Il ne nous donnait pas la vie, des forces, ... nous ne pourrions rien faire!]

[Yaakov "prit la pierre qu'il avait mise autour de sa tête et l'érigea en stèle => durant toute notre vie nous devons rester fidèles à préserver ce rapport de force entre la hichtadlout et notre bita'hon]

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-> Nos Maîtres expliquent que les pierres que Yaakov plaça au départ autour de sa tête se "querellèrent", car chacune souhaitait que le Juste pose sa tête sur elle. Aussi, pour rétablir la paix, Hachem réalisa un miracle et toutes les pierres fusionnèrent en une seule pierre. [Par souci de clarté précisons que chaque créature ici-bas a un ange en-haut qui le représente. Quand on dit que les pierres se sont "querellées", on fait référence à leurs anges célestes].
=> Mais on peut encore s'interroger. Finalement, même si au bout du compte il n'y avait plus qu'une seule pierre, pourquoi celle-ci fut-elle apaisée? Mais malgré tout, la tête de Yaakov ne pouvait reposer que sur une partie de cette pierre et pas sur toute sa surface! Aussi, pourquoi les parties de la pierre sur lesquelles la tête de Yaakov ne reposait pas n'ont-elles pas réclamé que le Juste pose sa tête sur elles aussi, comme au départ?

-> Le Imré Emet explique que tant que les différentes pierres étaient séparées, il pouvait y avoir une querelle entre elles. Mais quand elles se réunirent et ne formèrent qu'une seule et même pierre, quand l'unité résida entre elles, alors la querelle cessa immédiatement. Car quand réside l'unité, alors même les parties qui sont défavorisées, qui n'ont pas eu la joie de recevoir la tête de Yaakov, sont heureuses pour celles qui ont eu ce mérite et cette faveur.
Il en est de même pour le peuple juif. Les jalousies, les disputes et les querelles ne résident entre les Juifs que quand le peuple est divisé, quand chacun pense à soi-même et oublie que tout le peuple ne constitue qu'une seule et même entité.
Mais, quand le peuple Juif réside dans l'unité et l'harmonie, alors les disputes et les jalousies disparaissent. Et même si un juif voit un autre réussir mieux que lui, même s'il le voit bénéficier d'honneurs, de richesses et de profits que lui-même n'a pas, il ne l'enviera pas et ne lui en voudra pas. Mais il sera capable de s'en réjouir comme si c'était lui-même qui avait eu cette réussite.
Quand tous les juifs sont unis et se considèrent comme un seul et même corps dont chaque juif en est un membre, alors il est possible de se réjouir pour la réussite de l'autre autant que pour la sienne, au même titre que tout le corps se sent bien quand le petit doigt par exemple ressent un profit. Tel est l'objectif à atteindre. Aspirer à une telle unité au point que la joie de l'autre nous procure une véritable joie, comme si on en avait soi-même bénéficié.

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-> Le Kli Yakar (verset 11) voit dans l’image de la tête de Yaakov posée sur des pierres, la coutume des gens pieux de placer une pierre sous leur tête lorsqu’ils se couchent la nuit de Ticha BéAv (jour de la destruction du Temple), rappelant ainsi que Yaacov a vu prophétiquement la destruction du Temple.
Le message délivré par cet épisode de la vie de Patriarche est que le mérite de l’unité (la fusion des 12 pierres en une) engendra inéluctablement la Délivrance d’Israël, avec le retour de la royauté, du peuple juif et de la Chékhina (les symboliques de la "pierre") sur leur lieu de prédilection.

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-> 3- Pourquoi est-ce que Yaakov a pris spécifiquement 12 pierres à l'autel de la Akéda (mont Moriah), et pas ailleurs?

Le Beit Its'hak donne la réponse suivante.
Yaakov a quitté la source de la sainteté (kédoucha) : la maison de son père Its'hak, et ainsi que la yéchiva de Chem et Ever dans laquelle il venait d'étudier 14 années consécutives.
Maintenant, il était sur le chemin vers la source de l'impureté (touma) : la maison de Lavan, escroc et idolâtre notoire.

Lorsque Yaakov est passé par le lieu où son père et son grand-père ont fait un sacrifice d'eux-même exemplaire afin de réaliser la volonté de Hachem (avec la Akédat Its'hak), il a alors décidé de se renforcer et de rester fort face aux influences étrangères.
C'est dans cet objectif, qu'il a pris quelques pierres qu'il a placé sous sa terre, afin d'établir dans son cœur et dans sa tête, sa volonté d'également se sacrifier pour Hachem dans tous les choix de sa vie future.

[En tant que père des futurs 12 tribus, ces 12 pierres étaient également des rappels de sa responsabilité de toujours agir au mieux, car sinon cela aura un impact négatif sur le futur de tout le peuple juif.]

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-> Ces 12 pierres [en parallèle aux 12 tribus] provenaient de l'autel sur lequel Its'hak avait été attaché par son père Avraham.
En toute logique, le contraire eut été préférable, Yaakov aurait dû prendre une pierre qui se serait scindée en 12. Ce présage aurait été plus évident (montrant que de lui "sortirait" 12 tribus).
En réalité, Yaakov voulait savoir si les 12 tribus allaient être unies. Chacune d'elle aurait pu fonder un royaume distinct des autres ... Quand il constata que les pierres s'unissaient, il fut réconforté.
[...]

Yaakov empila les pierres de façon à se protéger des bêtes sauvages.
Les pierres commencèrent à se disputer chacune voulant que la tête de Its'hak repose sur elle.
Hachem ordonna que toutes les pierres se réunissent et ne fassent qu'une.

=> Comment des pierres peuvent-elles se disputer? Cela semble surprenant.

Même des objets inanimés ont des anges qui leur sont préposés dans les cieux [et ce sont eux qui se disputèrent.]
[par exemple, le Séder haYom enseigne : " Tout arbre ou végétal a un ange qui le gouverne d’en-Haut en lui disant : "Pousse!" (à l'exception des 4 espèces utilisées à Souccot, qui sont directement sous la gouvernance de D.)]

Bien que Yaakov dormit sur de la terre battue, et qu'il nourrissait des craintes à l'égard d'Essav, son sommeil ne fut pas troublé, et c'était pour lui comme s'il se reposait sur un lit royal.

[Méam Loez - Vayétsé 28,11]

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-> 4-
Rachi (28,11) dit qu'il a placé des pierres autour de sa tête car : " il avait peur des bêtes féroces".
Pourquoi un tsadik comme Yaakov avait-il peur particulièrement des bêtes sauvages?

Le Ktav Sofer apporte la réponse suivante.
Lorsque Essav a vendu son droit d'aînesse à Yaakov, Yaakov l'a fait juré qu'il ne changerait pas d'opinion à ce sujet.
Cependant au final Essav est revenu sur cet accord, en réagissant avec violence au fait qu'Its'hak a pu recevoir une bénédiction et pas lui, complotant même de le tuer, et agissant comme si cette vente n'avait jamais eu lieu.

Selon nos Sages (guémara 39a), lorsqu'une personne fait jurer une autre personne, si celui qui a juré rompt son serment, alors les 2 parties sont considérées comme fautives.
Et c'est ainsi que Yaakov et Essav étaient considérés comme ayant tous les 2 violés le serment du droit d'aînesse.

Quelle en est la punition?
Il est écrit dans les Pirké Avot (5,9) : "Les bêtes sauvages surviennent dans le monde à cause du faux serment"
D'où l'inquiétude de Yaakov.

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-> Le Saba de Kelm dit que même lorsque les tsadikim sont sauvés de manière surnaturelle, ils cherchent toujours à diminuer la grandeur du miracle : ainsi l'unique crainte de Yaakov était de ne pas avoir fait le maximum pour réduire le miracle. Après avoir placé les pierres sous sa tête, il ne craignit rien.
[la peur de Yaakov n'était pas que les bêtes sauvages l'attaquent, il avait confiance en Hachem. Mais il craignait ne pas avoir suffisamment œuvré pour amoindrir l'aspect miraculeux. Après avoir fait sa hichtadlout, il était tout à fait serein.]

Le rav Shalom Schwadron ajoute : "Si nous sommes en plein désert, sous la menace de bêtes féroces, à la nuit tombée, même en nous efforçant d'avoir confiance en Hachem, notre corps serait pris de tremblements.
Et ici, dès lors qu'il avait fait le maximum pour se protéger, comme l'exigeait son devoir, Yaakov se coucha, insouciant, et s'endormit".
C'est là, l'authentique bonheur de ceux qui ont la crainte de Hachem.

=> Les tsadikim, indéniablement, ont peur de fauter. Cependant aucune peur liée à ce monde-ci n'atteint leur cœur ; en réalité, c'est précisément la peur de la faute qui leur épargne tous les autres soucis, et celui qui craint Hachem est assuré de ne pas souffrir d'autres craintes.

Le rav Its'hak Zéev Soloveitchik (Vayétsé 28,16), le rav de Brisk, fait remarquer que Yaakov se trouvait alors dans une situation très critique : il avait fui Essav qui voulait le tuer, et il s'apprêtait à rejoindre Lavan le racha, lorsqu'il fut dépouillé de tous ses biens par Eliphaz, le fils d'Essav.
Ainsi, lorsqu'il reçut dans son sommeil, toutes les promesses de Hachem, il aurait dû s'en réjouir!
Or, à son réveil il s'exclama : "Si je l'avais su, je n'aurai pas dormi dans un endroit aussi saint!"

En effet, il était préférable à ses yeux de perdre toutes les bénédictions reçues dans son sommeil, plutôt que de commettre une faute (dormir à cet endroit si sacré).

Le rav de Brisk affirme que la Torah ne nous a pas été transmise comme une "affaire commerciale", où l'on réduit les gains d'un côté pour récupérer des bénéfices de l'autre.
Notre devoir est de garder la Torah dans son intégralité et de ne transgresser aucun interdit, même dans le but de gagner par ailleurs.

[par exemple : malgré son niveau exceptionnel, Avraham a été loué d'être "tamim" = d'agir en toute simplicité avec Hachem, sans nullement remettre en question Sa volonté. Notre soucis/crainte dans la vie : être fidèle à la Torah.]

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-> 5- En quoi quelques pierres autour de la tête peuvent-elles suffire?

- Le rav Shloma Margolis (Darké haChlémout) explique qu'une personne qui met totalement sa confiance en Hachem, comprend qu'une fois qu'elle a fait tout ce qui est réalistiquement faisable dans sa situation, alors les conséquences futures sont dans les mains de D., et il n'y a pas de raison de s'inquiéter.

Dans le cas de Yaakov, évidemment les pierres offraient une protection totalement inadaptée, mais c'est absolument tout ce qu'il avait à proximité pour se protéger. Ainsi, à partir du moment où il avait réalisé tout ce qui était en ses capacités, il est parti dormir, plein de confiance dans la protection de Hachem.

En ce sens, le Sabba de Kelm explique qu’en réalité, Yaakov ne comptait pas sur ces pierres pour se protéger, puisqu'il plaça sa confiance uniquement en Hachem, Qui est le Seul à vraiment protéger.
Malgré tout, même si on compte sur Hachem, l’homme doit quand même s’acquitter de son devoir d’utiliser des voies naturelles. La raison de ce devoir est de voiler un tant soit peu le miracle Divin, pour que celui qui cherche à nier le miracle, puisse expliquer que c’est la nature qui a aidé et pas Hachem. De la sorte, le libre arbitre de pouvoir nier l’intervention d’Hachem, est conservé.

=> Yaacov ne plaçait sa confiance qu’en Hachem, mais malgré tout, il a placé ces pierres autour de sa tête uniquement pour s’acquitter de ce devoir de “voiler” le miracle, et non pas pour réellement le protéger. Et pour cela, ces pierres pouvaient déjà suffire. Mais réellement il ne comptait que sur Hachem pour le protéger.

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- Il est écrit dans les Pirké Avot (5,5) : "10 miracles se produisaient pour nos ancêtres dans le Temple : ... jamais un serpent ni un scorpion ne sévirent à Jérusalem".
Le 'Hatam Sofer commente ainsi que la sainteté du Temple de Jérusalem avait la force de protéger des animaux dangereux. Or, Yaakov se trouvait justement à cet endroit, sur le mont Moriah, où le Temple sera construit. Et il a utilisé des pierres qui ont servi à concevoir l’autel pour le sacrifice d’Its’hak, qui serviront aussi à la construction du Temple dans le futur.
=> Ces pierres avaient donc la propriété de pouvoir protéger l’homme contre les animaux sauvages. Yaakov pouvait donc se contenter simplement d’en disposer autour de sa tête, puisque de par leur sainteté, ces pierres auront la capacité de le protéger.

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- Le Likouté Si'hot explique cela de façon allusive.
Yaakov se rendait à 'Haran. Il savait qu’il allait devoir y interrompre son étude de la Torah pour travailler dur chez son oncle, comme ce fut réellement le cas.
Ce monde profane du travail qu’il ne connaissait pas lui faisait peur et il le comparait à des animaux sauvages, du fait de l’hostilité de ce milieu.
[en ayant une telle vision, on est constamment sur ses gardes, et on s'évite de chuter spirituellement parlant]
Jusqu’à présent, Yaakov n’a investi tous ses efforts et ses capacités intellectuelles qu’à l’étude de la Torah et au service Divin. A présent qu’il allait s’investir dans le travail profane, il ne souhaitait pas y impliquer ses nobles facultés, qui sont ses forces intellectuelles, qui font toute la noblesse de l’homme. Les forces de l’esprit doivent être réservées à la Torah.
Pour le travail et les occupations profanes, on ne doit utiliser que les forces superficielles et externes de la personnalité, qui sont les forces des mains et des pieds. Mais il ne faut pas y investir son cerveau.
[même si de nos jours, une grande partie des travaux sont plutôt intellectuels que manuels, bien que l'on s'implique à fond en utilisant notre cerveau, cela restera toujours extérieur par rapport à l'étude de la Torah où toute notre intériorité (notre être véritable) va totalement s'investir, va s'unir avec Hachem.]

=> Cela est en allusion dans le verset : "Fais des efforts avec tes mains pour que tu manges" = Pour sa subsistance, on ne doit faire des efforts qu’avec ses mains, ses forces extérieures, mais pas avec sa tête et ses forces profondes (toute son intériorité), qui doivent être consacrées au service Divin.
C’est ainsi que Yaakov plaça ces pierres autour de sa tête, pour protéger ses forces intellectuelles des animaux sauvages, allusion à la vie hostile qu’il connaîtra chez Lavan, dans le monde profane, éloigné de la sérénité de son étude.

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- Rabbi Pin'has Leibouch (Pélaot Edote'ha) explique pourquoi Yaakov a placé ces pierres précisément autour de sa tête. Il rapporte un Midrach qui dit que Essav envoya son fils Elifaz tuer Yaakov et lui ramener sa tête.
Quand Elifaz trouva Yaacov, il hésita à le tuer, car il avait étudié la Torah avec lui et le respectait donc beaucoup. Alors, Yaakov lui proposa de le dépouiller totalement et de lui prendre tout ce qu’il a. Or un homme qui n’a plus rien est considéré comme mort. Cela sera donc considéré comme s’il l’a tué.
Alors, Elifaz lui demanda comment il s’arrangera avec sa tête, qu’il se doit de rapporter à son père. Alors, Yaakov lui proposa de dire à son père que sur son chemin, il a rencontré un lion qui le menaçait, et que pour sauver sa vie, il jeta devant l’animal la tête de Yaacoiv pour qu’il “s’occupe” de la tête et qu’il le laisse tranquille. Elifaz accepta l’idée et épargna ainsi Yaakov.
D’après ce Midrach, on peut ajouter qu’après avoir eu cette discussion avec Elifaz, Yaakov se rappela de l’enseignement selon lequel il faut veiller à ce que l’on dit, car “une alliance est contractée avec les lèvres”, et on ne doit pas prononcer des paroles mauvaises pour ne pas qu’elles se réalisent.
=> Pusique Yaakov avait déclaré à Elifaz de dire que sa tête a été jetée à un lion, il commença à avoir peur pour sa tête. Et c’est cela que précise Rachi : il plaça des pierres autour de sa tête pour se protéger des animaux sauvages (allusion au lion).

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-> Au sujet d'Elifaz :
Rachi (Vayétsé 29,11) dit : "Elifaz, le fils d’Essav, l’avait en effet poursuivi, sur l’ordre de son père, pour le tuer, et il l’avait rattrapé. Mais comme Elifaz avait grandi ‘dans le giron’ d’Its’hak [cf. midrach Dévarim Rabba 2,13], il avait renoncé à son projet meurtrier. Il lui avait dit: Comment vais-je faire pour obéir à mon père? Yaakov lui avait répondu : Prends tout ce que je possède car, comme dit le dicton: ‘le pauvre est considéré comme mort’."

Or, la guémara (Baba Kama 38b) nous enseigne le principe suivant: "Rabbi Yo’hanan dit : Hachem ne prive aucune créature de sa récompense".
=> Selon cet adage, il nous faut trouver de quelle manière Hachem a-t-il récompensé Elifaz pour avoir laissé Yaacov en vie contre la volonté de son père.

Nous pouvons trouver une première réponse à cette question dans le livre de Iyov. En effet, parmi ses amis qui répondirent à ses plaintes concernant les souffrances qu’Hachem lui avait infligées, se trouvait Elifaz de Téman (cf. Iyov 4, 1). Rachi commente: "Il s’agit d’Elifaz fils d’Essav ... il a mérité que la Présence divine repose sur lui, car il résida dans le giron d’Its’hak"
En d’autres termes, la Présence divine (l’Esprit saint) résida sur lui afin qu’il puisse répondre aux récriminations d'Iyov.
Les paroles de Rachi (que la Présence divine reposait sur lui en récompense d’avoir grandi dans le giron d’Its’hak et d’y avoir donc absorbé un peu de sainteté) semblent s’accorder avec ce qui est écrit dans la guémara (Baba Batra 15b), à savoir qu’Elifaz de Téman fait partie des 7 Prophètes des Nations.
C’est aussi la raison pour laquelle, il n’a pas écouté la voix de son père Essav lorsque ce dernier lui demandait de tuer Yaakov.

Ce sujet permet également de réfléchir un peu aux prodigieuses voies d’Hachem, qui réincarne les âmes d’une génération à l’autre afin de réparer et d’accorder la récompense adéquate.
Ainsi, nos Sages racontent au sujet d’Onkelos le Romain avant sa conversion (guémara Guittin 56b) : "Onkelos, le fils de Klonikos, neveu de Titus (ou d’Hadrien) par sa sœur, voulut se convertir. En se servant de la magie, il fit remonter Titus (du séjour des morts) et lui demanda : Qui est important dans l’autre Monde? Il répondit : Israël. Il lui dit : Faut-il s’attacher à eux? Il lui dit : Leurs obligations sont trop nombreuses, tu ne pourrais les remplir. Attaque-les dans ce Monde et tu auras le pouvoir, comme il est écrit: ‘Ses oppresseurs sont des chefs’
(Eikha 1,5)". [celui qui s’oppose à Israël, on garantit son pouvoir].
=> Ainsi, le Rama de Pano (dans son Guilgoul Néchamot 1, 12) dit : "Onkelos le converti était un descendant d’Elifaz ... Lorsqu’il se concerta avec Titus (la réincarnation d’Essav) et que ce dernier lui dit : ‘Ses oppresseurs sont des chefs’, il ne l’a pas écouté et s’est finalement converti."
Ainsi, Elifaz qui n’a pas écouté la voix de son père pour tuer Yaakov, eut le mérite de se réincarner en Onkelos, qui n’a pas écouté Titus le racha, qui était la réincarnation d’Essav, de ne pas se convertir et qui, au contraire, s’est converti, a mérité d’étudier la Torah de la bouche de Rabbi Elièzer et Rabbi Yéhochoua, et a traduit toute la Torah, comme l’enseigne la Guémara (cf. Méguila 3a).
[d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles 5782 (n°147)]

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+ Petit bonus (b'h) :

-> Les Tossafot (sur guémara Kétoubot 112a) rapportent que lorsque rav 'Hanina a voyagé vers la terre d'Israël, et qu'il voulait savoir s'il avait déjà atteint les frontières du pays, il prenait une pierre et la pesait.
Si elle était légère, il savait qu'il n'était pas encore arrivé en Israël, où les pierres sont plus lourdes.
C'est ainsi qu'à partir du moment où il a trouvé que les pierres étaient plus lourdes, il les a alors embrassé pour montrer son amour pour la terre d'Israël.

-> La guémara ('Houlin 91b) rapporte que Yaakov a quitté ses parents à Béer Shéva et qu'il est parti à 'Haran, qui est en dehors d'Israël.
En y arrivant, il a été préoccupé par le fait d'avoir passé le lieu où ses ancêtres priaient (à Jérusalem, le mont Moriah, lieu de la Akéda et lieu futur du Temple), sans s'y être arrêté pour exprimer ses demandes à Hachem.
Dès l'instant où il a pris cette résolution de revenir sur ses pas à Jérusalem, il a profité d'une "kéfitsat hadéré'h" (une contraction miraculeuse de la distance) le faisant arriver immédiatement au mont Moriah.

-> En se basant sur ces 2 guémarot, le rav Yonathan Eibeshutz explique que la "kéfitsat hadéré'h" a embrouillé Yaakov, le laissant dans un état où il ne savait plus où il était.
C'est pourquoi, il a pris les pierres qui étaient autour de lui, et lorsqu'il s'est rendu compte à quel point elles étaient lourdes, alors il a eu la certitude d'être de retour en terre d'Israël.

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3°/ Rachi (29,25) commente : Yaakov avait donné à Ra'hel des signes de reconnaissance. Lorsque celle-ci a vu qu'on lui amenait Léa, elle s'est dit : "Ma sœur va subir une humiliation!". Elle lui a donc transmis ces signes.

Même si Léa connaissait les signes, pourquoi est-ce que Yaakov n'a-t-il pas reconnu sa voix comme n'était pas celle de Ra'hel?

-> Le 'Hizkouni répond que Yaakov était si saint que même durant sa nuit de noce, il a parlé à sa femme si peu, qu'il n'était pas capable de reconnaître que sa voix était différente de celle de Ra'hel.

-> Selon le Bé'hor Shor, bien qu'à ce moment Yaakov avait déjà travaillé pendant 7 ans pour Ra'hel et qu'il vivait en grande proximité avec elle, il a intentionnellement limité au maximum ses rencontres avec elle, faisant qu'il n'était pas suffisamment familier avec sa voix pour discerner que ce n'était pas la bonne.

-> Le midrach (Eikha rabba 24) dit que Ra'hel s'est cachée sous le lit de Yaakov durant la nuit suivant le mariage, et lorsqu'il lui parlait, Léa restait silencieuse et Ra'hel répondait, afin que Yaakov ne puisse pas reconnaître sa voix.

-> Le Maharcha (guémara Bava Basra 123a) explique cela en faisant un lien avec la tromperie de Yaakov avec son père Its'hak.
De même que Its'hak a été trompé par Yaakov, de même Yaakov a été trompé par Ra'hel et Léa.

Il explique que le fait que Léa connaissait les signes que Yaakov avait pu transmettre à Ra'hel, a contribué à le tromper, ne l'identifiant alors plus en se basant sur sa voix. De façon identique, Its'hak a remarqué les mains velues de Yaakov, et cela lui a suffit pour identifier son fils.
[Il est écrit : "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains d'Essav"... Il ne le reconnut pas, parce que ses mains étaient comme les mains d'Essav ... il dit : "Tu es bien mon fils Essav!" - v.27,22-24]

-> Selon le Ben Ich 'Haï (Séfer Birkat haRéa'h), citant le midrach Yalkout Chimoni, Ra'hel et Léa étaient des jumelles, ayant 22 ans lorsqu'elles se marièrent.
C'est pour cela que le Mérafsin Igri est d'avis que les voix de Ra'hel et Léa étaient tellement similaires que Yaakov était incapable de faire la différence entre les 2.

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+ Bonus (b'h) :

-> Le rav américain Na'hman Bulman fait remarquer que la maison blanche, lieu où réside le président américain, se dit en hébreu : beit Lavan (בית לבן).

Lavan avait une attitude où en façade il était extrêmement honnête (tout blanc!), plein de bienveillance, mais derrière cette belle façade, son objectif était de réaliser un maximum de profits au détriment de Yaakov, voir même de le tuer.

De même la société environnante nous vend en apparence beaucoup de rêves, nous faisant oublier que nous sommes juifs, et de surcroît en exile.
[le yétser ara utilise cela afin de réduire le feu spirituel qui brûle en nous, entraînant à terme notre mort spirituelle. Nous restons alors insensibles, croyant à tord qu'un juif, à l'image des non juifs environnants, peut vivre que physiquement]

De même que chez Lavan Yaakov a pratiqué les 613 mitsvot (im lavan garti), de même nous devons toujours être sur nos gardes afin de maintenir en nous ces 613 mitsvot, essence vitale d'un juif.

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-> En arrivant chez Lavan, Yaakov s'est proposé de travailler 7 années pour pouvoir se marier avec Ra'hel, et Lavan accepta ce deal.
Après 7 ans de travail, Lavan a trompé Its'hak en lui donnant Léa à la place de Ra'hel.
Suite à cela, Lavan lui a accordé d'avoir immédiatement Ra'hel en échange d'un travail futur de 7 années.

Comment comprendre l'attitude de Its'hak qui rendre dans le jeu de Lavan en acceptant de faire 7 années supplémentaires?
En effet, il a rempli la part de son contrat, vient de se faire escroquer 7 années de sa vie, et au final il donne raison à Lavan en disant oui!!

En réalité, bien qu'il n'en avait pas l'obligation légale, il a choisi d'accepter de faire 7 années supplémentaires uniquement car sinon Léa en aurait été dévastée.
En effet, comment mon mari Its'hak est capable de donner 7 années de sa vie pour ma sœur Ra'hel, tandis que pour moi il ne souhaite en faire aucune!

Ainsi, même si ces 7 années de travail supplémentaires se sont faites au détriment de son étude de Torah et de la possibilité de fuir l'influence mauvaise de Lavan, cela en valait le sacrifice pour ne pas blesser les sentiments de sa femme Léa.

[Les 2 vont de pair : "Sans Torah, point de savoir-vivre ; sans savoir-vivre, point de Torah" - Pirké Avot 3,17]

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-> Pourquoi Yaakov n'a-t-il pas demandé à se marier immédiatement à Ra'hel et d'ensuite faire 7 années de travail. Pourquoi a-t-il retardé son mariage avec Ra'hel de 7 longues années?

-> Le Zohar explique que Yaakov voulait que le monde entier sache qu'à son mariage avec Ra'hel ne se mêlait aucun désir personnel, même le plus infime possible.
S'il avait eu le moindre désir, il n'aurait pas pu tenir un jour, et évidemment pas 7 ans, dont chaque jour lui aurait semblé aussi long qu'une année ... Il aurait tout fait pour rapprocher le jour du mariage.

En effet, Yaakov voulait se marier avec Ra'hel uniquement en l'honneur des Cieux (lechem chamayim).
Il voulait ériger les tribus d'Hachem, et il vit que Ra'hel était apte à cela. C'est la raison pour laquelle il a retardé le mariage de 7 ans, pour prouver au monde entier que tel était son unique but, et non l'immense beauté de Ra'hel.
[rapporté par Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or)]

-> Le Zohar enseigne également
Yaakov savait que par ce mariage, il allait bâtir le peuple d’Israël, à travers la naissance des 12 tribus. Et, devant cette tâche si grande et si importante, il a senti qu’il lui fallait encore 7 ans de préparation spirituelle pour être suffisamment prêt.
Puisque chaque instant de ces 7 ans lui servait pour se travailler spirituellement et se préparer, c’est pourquoi ces années lui paraissaient comme : "de simples jours". En effet, selon lui, il avait tellement à faire, et il avait tellement peur de ne pas tout faire pour être intégralement prêt, que le temps lui paraissait passer très rapidement.

-> De son côté, le Malbim dit que pour Yaakov, Ra'hel avait tellement de valeur à ses yeux, que travailler 7 ans pour se marier à elle : c'était une affaire en or!

"Lavan dit : [Il vaut] Mieux que je te la donne, que de la donner à un autre homme" (Vayétsé 29,19)

-> Ce verset se situe lors de l'arrivée de Yaakov auprès de Lavan, et celui-ci accepte de lui donner la main de sa fille à l'issue de 7 années de travail.

Le rav Yéhouda Assad dit qu'en se basant sur ce verset, nous pouvons affirmer que Lavan n'a pas totalement pris par surprise Yaakov en échangeant ses filles, l'ayant déjà exprimé en allusion à son arrivée.
Comment cela?

Dans la guématria, il existe une façon de procéder s'appelant : "mispar katan".
Cela consiste à prendre la valeur de chaque lettre d'un mot sans tenir compte de ses éventuels 0.
[ex: 40 devient 4]

-> Lavan dit d'abord : "je te la donne" (titi ota la'h), dont le verbe : "donne" (תִּתִּי) a une guématria en mispar katan de : 9 (400+400+10 =4+4+1).

On peut constater que la guématria en mispar katan de Léa (לֵאָה) est également de : 9 (30+1+5 =3+1+5).

-> Ensuite, il dit : "que de la donner" (mititi ota), dont l'expression : "que de donner" (מִתִּתִּי) a une guématria en mispar katan de : 13 (40+400+400+10 =4+4+4+1).

On peut constater que la guématria en mispar katan de Ra'hel (רָחֵל) est également de : 13 (200+8+30 =2+8+3).

=> Lavan faisait allusion à Yaakov : il vaut mieux que je te donne "titi" (Léa), mais "métiti" (Ra'hel) je vais la donner à quelqu'un d'autre, pas à toi.

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+ Mieux que je te la donne, que de la donner à un autre homme"

=> Pourquoi Lavan préféra-t-il que sa fille épouse Yaakov plutôt qu'Essav?

-> Le Maharam Shick explique : si sa fille, qui était tsadékét, se mariait avec un racha, elle parviendrait sans doute à le rendre tsadik. Il était donc préférable qu'elle se marie avec un homme déjà tsadik.
Ainsi, ce mariage ne risquait pas d'augmenter le nombre de tsadikim dans le monde.

"Yaakov vit un puits dans les champs et là, 3 troupeaux de menu bétail étaient couchés aux environs ... Quand tous les troupeaux y étaient réunis, on faisait glisser la pierre de dessus des rebords du puits et l'on abreuvait le bétail, puis on replaçait la pierre sur les rebords du puits" (Vayétsé 29,2-3)

Le midrach (Béréchit rabba 70,8) enseigne :
-> "Un puits dans les champs" : il s'agit du mont Tsion (lieu du Temple) ;
-> "3 troupeaux de menu bétail étaient couchés" : ce sont les 3 fêtes de pèlerinage ;
-> "Car ce puits servait à abreuver les troupeaux" : on puisait de Jérusalem l'Esprit de sainteté ;
...
-> "Quand tous les troupeaux étaient réunis" : les juifs venaient à Jérusalem depuis Lavo 'Hémat jusqu'au fleuve d'Egypte ;
-> "On faisait glisser la pierre" : pour qu'on puisse s'imprégner de l'Esprit de sainteté ;
-> "Puis on replaçait la pierre" : en prévision de la fête suivante."

Le rav Yaakov Israël Beifuss (Yalkout Léka'h Tov Réé) enseigne à ce sujet :
"Lors des fêtes de pèlerinage, Jérusalem était semblable à une station thermale, vers laquelle affluent des personnes du monde entier pour profiter de ses bienfaits thérapeutiques, et guérir de toutes sortes de maux. Quelques semaines passées dans ces lieux suffisent à rétablir la santé des patients tout au long de l'année, voire même plus.

C'est ainsi que l'on doit comprendre le principe du pèlerinage ... à l'occasion de ces 3 fêtes, il suffisait de pénétrer dans l'enceinte du Temple pour s'imprégner profondément de l'atmosphère de sainteté qui y régnait.
L'impression ressentie persistait pendant longtemps, bien après qu'on s'éloignait du Temple."

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-> "La grosse pierre était posée sur la bouche du puits" (aéven gédola al pi abéer - Vayétsé 29,2)

A priori nous aurions dû avoir écrit : "une grosse pierre", et non : "LA grosse pierre" : qui semble désigner une pierre bien précise, connue de tous.
=> Comment comprendre cela?

-> Le Sfat Emet (Vayétsé 5644) répond que la pierre désigne le yétser ara.
[la Guémara (Soucca 52a) cite les 7 noms du yétser ara, et le premier étant : "évène" = la pierre]
En effet, le yétser ara représente une embûche pour les juifs dans chaque chose.
Néanmoins, "sur la bouche du puits", qui évoque la bouche de chaque juif qui s’ouvre pour prier, cette pierre est très grosse, car le yétser ara essaye de toutes ses forces de l’en empêcher.
Pour cette raison, on fait précéder chaque prière de la Amida d’une supplique : "Hachem ouvre mes lèvres et ma bouche dira Tes louanges" (Hachem chéfataï tifta'h oufi yaguid téilaté'ha).

Rachi (v.29,10) dit que Yaakov retira la grosse pierre comme l'on retire un bouchon de l'ouverture d'une bouteille.
Le Sfat Emet écrit : "Le yétser ara, qui est évoqué ici dans la pierre, ressemble à un bouchon.
Certes ce dernier peut être perçu comme le moyen d’empêcher le contenu de la bouteille de sortir, cependant en vérité, tout le but du bouchon est de garder le liquide de tout dommage.
Il en est de même de la pierre qui se tient sur notre cœur et nous empêche de prier. Celle-ci a un objectif uniquement bénéfique : que l’homme puisse la maîtriser et mériter grâce à cela protection et délivrance.
Lorsqu’il parviendra à "la faire rouler" (v.29,10), il verra une abondance de bienfaits se déverser sur lui.

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-> "II vit un puits dans les champs et là, trois troupeaux de menu bétail étaient couchés à l’entour, car ce puits servait à abreuver les troupeaux. Or la pierre, sur la margelle du puits, était grosse." (v.29,2)

Les 3 bergers [que la Torah décrit comme autour du puits] représentent : la pensée (ma'hchava), la parole (dibour) et l'action (maassé).
Cela signifie que nous devons faire des bonnes actions (ex: tsédaka) avant la prière, et nous devons dire : "Hachem ouvre mes lèvres" (Hachem chéfataï tifta'h), c'est-à-dire prier Hachem de nous ouvrir notre bouche en prières, et ensuite le puits s'ouvrira [et nous serons alors capables de prier avec des pensées pures].
[Sfat Emet - année 5650]

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-> "La journée est encore longue... donnez à boire au troupeau" (Vayétsé 29,7)

=> Quand les bergers entendirent cette demande de Yaakov, ils lui dirent qu'en fait, ils ne peuvent pas abreuver le troupeau car il y a une grosse pierre sur le puits qui en empêche l'accès. Mais on peut s'interroger sur la demande de Yaakov. N'a-t-il pas vu cette grosse pierre? Cela est bien-sûr étonnant, puisqu'une si grosse pierre est facilement reconnaissable. Ainsi, pourquoi leur demanda-t-il d'abreuver le troupeau, alors qu'il n'en ont pas la possibilité du fait de cette pierre?

-> Le Sfat Emet explique que Yaakov voulait leur apprendre la qualité de ténacité. Même si cette pierre est grosse et lourde et qu'ils ont déjà sûrement maintes et maintes fois essayé de l'enlever sans succès au point de s'être rendu compte que pour l'enlever, tous les bergers doivent être réunis, malgré tout, Yaakov leur signale qu'il convient encore et encore de réessayer. Il ne faut pas se dire : "Puisque j'ai déjà essayé de nombreuses fois et je n'ai pas encore réussi, alors cela ne sert plus à rien d'essayer encore".

Le midrach explique que cette pierre sur le puits symbolise le mauvais penchant (yétser ara), qui bouche le cœur de l'homme. Parfois, un homme a pu se confronter à ses faiblesses, il a pu avoir lutté contre son mauvais penchant à de multiples occasions pour s'être finalement rendu compte que celui-ci reste trop fort.
Combien de fois a-t-il essayé de résister, de surmonter l'épreuve et la tentation? Mais il est encore et encore retombé! Alors, il peut être tenté de se décourager, de cesser de lutter et de résister, le penchant étant trop fort, voire insurmontable. "La pierre est trop grande sur le puits".

Et là, vient le conseil de Yaacov. Réessaie encore et toujours. Même si tu as tenté et tu as échoué des milliers de fois, ne baisse pas les bras et continue inlassablement à lutter, ne désespère pas! Et avec l'aide d'Hachem, tu finiras par réussir. Hachem Qui voit tes efforts et ta lutte, tes chutes et ta ténacité, finira par te livrer la victoire.
=> Le conseil de base contre le mauvais penchant : Bats-toi inlassablement! Ne cède jamais! Même si tu as déjà échoué des milliers de fois, par la force de ta volonté et par l'aide d'Hachem, tu finiras par réussir.

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+++ Comment stopper le yétser ara d'obstruer notre prière :

+ ll vit, et voici un puits dans le champ. Et voici, là, trois troupeaux de menu bétail couchés à côté, car c'est de ce puits que l'on abreuvait les troupeaux, et sur l'ouverture du puits (litt. bouche du puits - pi abéér), la pierre était grosse (aéven aguédola).
[Lorsque] tous les troupeaux y étaient rassemblés, on roulait la pierre de sur l'ouverture du puits (pi abéér) et l'on abreuvait le menu bétail ; puis l'on remettait la pierre à sa place sur l'ouverture du puits (pi abéér)." (Vayétsé 29,2-3)

-> Le Sfat Emet demande pourquoi il est dit que "la pierre était grosse" se trouvait à l'entrée du puits, au lieu de dire simplement qu'il s'agissait d'une "grosse pierre".

Il répond que le yétser ara peut être comparé à une grosse pierre qui obstrue une personne et tente de la faire trébucher à tout moment.
[la Guémara (Soucca 52a) cite les 7 noms du yétser ara, et le premier étant : "évène" = la pierre]
C'est "la grosse pierre" (aéven aguédola) dont il est question dans ce verset.
Le yétser ara est toujours un grand obstacle pour nous, mais il est encore plus grand lorsqu'il se trouve "sur la bouche du puits". Cela fait référence à la façon dont le yétser hara bouche la bouche d'une personne et ne lui permet pas de prier pour Hachem parce qu'il sait à quel point la prière est puissante.
La puissance de la prière est illustrée par la façon dont le verset décrit "la bouche du puits" comme ayant "tous les troupeaux y étaient rassemblés". Cela signifie que toutes les actions d'une personne sont rassemblées autour de ses prières.

Pour contrer cela, nous demandons à Hachem avant de prier la Amida : "Hachem chéfataï tifta'h" (Hachem ouvre mes lèvres).

La vérité est qu'une personne ne peut avoir la capacité de surmonter le yétser ara et d'ouvrir la bouche pour prier que si elle y travaille. C'est pourquoi la prière est appelée la "avoda (travail) du cœur" (guémara Taanit 2a).
Si quelqu'un travaille sur lui-même jusqu'à ce qu'il ressente dans son cœur un désir ardent de prier, il sera capable de le faire.

Nos Sages (cf. Rachi v.29,10) disent que lorsque Yaakov a retiré la pierre du puits, c'était comme s'il avait enlevé le bouchon d'une bouteille. Cela montre qu'un tsadik sait qu'une bouche a besoin de quelque chose pour la couvrir et protéger son contenu, tout comme un bouchon couvre une bouteille et protège ce qu'elle contient.
Bien qu'il soit bon que la bouche soit généralement couverte, le couvercle doit être enlevé pour la prière, tout comme le couvercle d'une bouteille est enlevé pour profiter de son contenu.
C'est également ce que suggère le terme utilisé dans le verset : "Vayigash Yaakov" (Yaakov s'approcha). Le même mot est utilisé pour désigner le moment où Yaakov s'est approché d'Essav et nos Sages disent (midrach Béréchit rabba 49,9) qu'il s'est approché de lui avec trois choses : L'apaisement, la prière et la guerre.

De même, ce verset fait référence à 3 choses (trois troupeaux/bergers) : les trois prières que nous récitons chaque jour, que nous utilisons pour combattre le yétser hara et retirer sa "grosse pierre" de notre bouche.

"D. se souvint (vayizkor Elokim) de Ra'hel, D. l'exauça et ouvrit sa matrice. Elle conçut et enfanta un fils" (Vayétsé 30,22-23)

-> Le rav Avraham Pam s'interroge sur l'utilisation du nom : Elokim, qui représente l'Attribut divin de rigueur.
En effet, dans le cadre de ce verset, n'aurait-il pas été plus approprié d'utiliser : Hachem, qui représente l'Attribut de miséricorde?

Le rav Pam explique que Ra'hel était stérile, et selon les lois de la nature elle n'aurait dû avoir aucun enfant.
Cependant le jour de son mariage, qu'elle attendait depuis 7 années (durée du travail de Yaakov pour "l'acquérir"), elle a appris que son père la remplacerait par sa sœur aînée Léa.
Dans un moment de total altruisme, elle a placé les sentiments de sa sœur au-dessus des siens, et lui a partagé les signes que Yaakov lui avait transmis dans le but d'éviter toute tromperie venant de Lavan.
[cf. Rachi (29,25) : elle s’est dit : "Ma sœur va subir une humiliation !". Elle lui a donc transmis ces signes.]

En agissant ainsi (éviter une humiliation au prix de se priver d'enfants qui seront à la tête d'une tribu d'Israël, et du fait d'être une Matriarche!), elle a généré un mérite énorme pour elle-même, faisant que la notion de justice divine a été contrainte de changer la nature, et de la récompenser avec un enfant qu'elle n'aurait sinon jamais eu.

-> Le rav Elya ber Watchfogel précise qu'au moment de cet incident, Ra'hel devait être certaine que ses actes auraient pour conséquence inévitable de la condamner à ne jamais se marier avec Yaakov, et donc à ne pas avoir d'enfant avec lui.

La réalité dans cette situation, si elle avait choisi de poursuivre tranquillement son mariage avec Yaakov, comme elle en avait le droit, aurait fait qu'elle aurait vécu certes un magnifique mariage, mais sans le savoir elle était stérile et n'aurait jamais eu aucun enfant.

=> Ainsi, c'est uniquement par cet acte, qui en apparence semblait détruire toutes ses chances d'avoir un enfant, que Ra'hel a produit le mérite qui a changé son destin, et donc celui de tout le peuple juif.

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-> Nos Sages enseignent qu'au moment où Its'hak était ligoté sur l'autel avec son père Avraham tenant le couteau prêt à l'égorger, il a été pris de peur au point que son âme l'a littéralement quitté, et c'est uniquement un miracle qui l'a ramené à la vie.
Le Zohar enseigne que Its'hak est né avec une âme féminine, qui était incapable de se reproduire.
Lorsqu'il a été ramené à la vie, la nouvelle âme qui est venue en lui était masculine, lui permettant alors d'avoir des enfants.

-> Le Chla haKadoch dérive d'ici une belle leçon.
Lorsque Avraham allait vers la Akéda, il pensait sincèrement qu'il était sur le point d'anéantir le futur des juifs, par le fait de sacrifier son unique descendance juive.
Cependant, il était prêt à le faire puisque telle était l'épreuve que Hachem lui avait donné, même si la conséquence de cela serait qu'il n'y aura pas de juif.

Or, en réalité Hachem savait que sans la Akéda, si Its'hak se mariait, il aurait été incapable d'avoir des enfants, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle Rivka est née au moment de la Akéda.

=> Ce qui devait être pour sûr la fin du peuple juif, en a été le mécanisme permettant sa continuation.

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"Et après, elle [Léa] enfanta une fille et la nomma Dina" (Vayétsé 30,21)

-> Rachi observe que ce nom "Dina" vient de Din (jugement), parce que Léa s'est imposée à elle-même un jugement.
Elle s'est dit : "Yaakov doit engendrer 12 tribus. J'en ai déjà mis 6 au monde et chacune des servantes 2, ce qui fait un total de 10. Si l'enfant que je porte est un garçon, ma sœur Ra'hel ne sera même pas égale à l'une de ses servantes."
Pour lui épargner cette humiliation, Léa a prié pour qu'un miracle se produise et que l'enfant qu'elle portait soit changé en fille.

-> Le Targoum Yonathan ben Ouziel écrit que le mécanisme permettant la naissance de Dina a été un transfert utérin.

Au moment où Léa attendait un garçon, Ra'hel était également enceinte mais d'une fille.
En réponse aux supplications de Léa pour que sa sœur puisse avoir au moins autant de fils que les servantes, Hachem a miraculeusement échangé les 2 fœtus, faisant que Ra'hel a donné naissance à Yossef, et Léa à Dina.

Lorsque Léa implorait Hachem de ne pas avoir un garçon afin d'éviter une humiliation à sa sœur Ra'hel, elle était prête à faire le sacrifie de ne pas être la mère d'une tribu supplémentaire parmi les 12 du peuple d'Israël.

-> Le rav Shimshon Pinkous fait le développement suivant, en expliquant qu'en réalité elle a obtenu bien plus que ce pour quoi elle a été prête à renoncer.

Le Daat Zékénim (41,45) écrit que Dina a été souillée par Che'hèm (Vayichla'h 34,2 : "il la vit, cohabita avec elle et lui fit violence").
Suite à cela, elle a été enceinte et a donné naissance à une fille.
Cette fille a été envoyée au loin, et suite à des miracles de la providence divine, elle s'est mariée en Egypte à son oncle : Yossef.

Et c'est ainsi que Yossef et sa femme Osnat ont eu 2 enfants : Ménaché et Efraïm, qui sont comptés parmi les 12 tribus d'Israël.

=> En renonçant à être la mère d'une tribu supplémentaire pour l'honneur de sa sœur, Léa a en réalité gagné le mérite d'être la mère non pas d'une, mais de 2 tribus supplémentaires.

Le rav Pinkous fait remarquer que la Torah prescrit : "Si l'objet du vol a été trouvé en sa possession ... il paiera le double" (Michpatim 22,3).
Ainsi, si la Torah demande une double punition pour un méfait, la récompense pour une mitsva doit sans aucun doute être également le double, ce qui est illustré par Léa et Dina.

==> Nous pouvons apprendre de ces différents exemples, que parfois nous avons l'impression de perdre beaucoup si nous accordons du mérite à autrui, mais la réalité est que nous en ressortirons toujours gagnant.
En effet, comme nous n'avons pu le voir, l'existence même du peuple juif est le fruit d'une telle attitude!

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-> "Demain, vous vous lamenterez des choses qui vous font rire aujourd'hui.
Et demain, vous vous réjouirez de ce qui vous a fait pleurer aujourd'hui!"
[le Gaon de Vilna - dans une de ses lettres]

-> "Souviens-toi que les voies de D. sont mystérieuses : tout ce qui paraît bon ne l'est pas nécessairement, et tout ce que nous considérons comme mauvais ne l'est pas forcément."
[Eliyahou haNavi à Rabbi Yéhochoua ben Lévi - rapporté par Rabbénou Nissim Gaon au nom du midrach]

=> Comment pouvons-nous faire dépendre notre bonheur de notre perception faussée de la réalité?
Puisque Hachem fait tout pour le bien, alors nous devons nous réjouir avec ce que l'on a, comme étant le top du top pour nous!

"La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22)

Le Maguid de Doubno disait : "Il y a certains juifs qui sont la personnalisation de ces mots :

-> "La voix est la voix de Yaakov" = leur façon de prier et d'étudier se conforme parfaitement avec la loi juive ;
-> "mais les mains sont les mains d'Essav" = malheureusement, dès qu'il s'agit des mitsvot de tsédaka ou de prodiguer des bontés (guémilout 'hassadim), ces mêmes juifs gardent leurs mains bien fermées.

Le Maguid de conclure : "Il est vital que de telles personnes sachent qu'un aspect du service divin sans l'autre, ne peut pas perdurer."

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-> "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont les mains d'Essav"

-> Le Baal Chem Tov enseigne que le 'hessed (bonté) n'est pas affectée par l'intention des gens. Même si nos intentions ne sont pas pures, le 'hessed qui est accompli est considéré comme complet, car la besoin dans le besoin a reçu l'aide dont elle avait besoin.
Le rabbi 'Haïm Kreizworth disait qu'on ne peut pas étudier la Torah comme Rabbi Akiva Eiger, ni prier comme lui, mais on peut faire du 'hessed comme Rabbi Akiva Eiger, car le 'hessed signifie aider notre prochain, et l'on fait cette mitsva peut importe la pureté de nos intentions.

-> Le rav Elimélé'h Biderman explique en ce sens :
"La voix est la voix de Yaakov" = il y a 2 fois le terme "voix" (kol), en allusion à la voix de la Torah et la voix de la prière. Elles sont "de Yaakov", elles doivent être réalisées à l'image de comment Yaakov le faisait : dans la sainteté et avec la bonne kavana.
"mais les mains sont les mains d'Essav" = quand il s'agit des "ayadaïm" (les mains), de les utiliser pour venir en aide à notre prochain, alors cela peut même être "les mains d'Essav". En effet, le 'hessed a de la aleur peut importe l'intention, car celui qui a besoin reçoit l'aide dont il a besoin.

"Lorsqu'une personne vient me voir avec un problème, je ne fais pas de différence entre un grand et un petit.
Quelque soit le problème, il remplit tout mon cœur, la douleur est tout aussi grande."

[le Steïpler - Rabbi Yaakov Israël Kanievsky]