Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Hachem prit l'homme et le plaça dans le Jardin d'Eden, pour le travailler et pour le garder" (Béréchit 2,15)

-> Puisque la Torah a précisé auparavant que les arbres du jardin poussaient d'eux-mêmes et que le fleuve en assurait l'irrigation. En quoi consistait alors le "travail" d'Adam?

Il devait "travailler" le jardin en étudiant la Torah et en accomplissant des commandements positifs, et le "garder" en s'abstenant d'activités interdites.
[midrach Pirké déRabbi Eliézer]

-> Le Ohr ha'Haïm poursuit cette idée :
Même de nos jours, longtemps après avoir été expulsés du Jardin d'Eden, nous continuons le travail que devait faire Adam.
En effet, chaque mitsva que nous faisons plante une graine qui va se développer au Gan Eden, et chaque faute (avéra) détruit ces mêmes plantations spirituelles que nous avons planté.

Il y a cependant une différence avec le travail de Adam avant qu'il ne soit expulsé du Gan Eden.
En effet, Adam voyait clairement à quel point chaque mitsva qu'il faisait était une graine qui se développait en une création spirituelle.
Il voyait les effets de chacune de ses mitsvot dans le monde d'en-haut.
De même, il pouvait observer la destruction qu'entraînait une avéra sur ces mêmes plantations (de mitsvot).

Par contre, une fois qu'il a quitté le Gan Eden, cette capacité unique à voir la spiritualité, lui a été retirée.

Mais dans le monde à venir, nous pourrons voir les fruits qu'auront produit nos mitsvot, et qui nous servirons de nourriture spirituelle.

"D. appela le firmament : Ciel" (Béréchit 1,8)

Le Abir Yaakov (Pitou’hé ‘Hotam) enseigne que nous pouvons lire le verset ainsi :
-> "D. appela le firmament (rakia)" = c'est une allusion à l'âme qui au moment où elle descend dans ce monde, est vide (réka) de tout mérite.
Le mot "rakia" (רָקִיעַ) a également la même guématria que "chamèm" (vide - שׁמֵם).

-> "Ciel (chamayim)" = c'est une référence à l'âme qui s'est remplie de Torah et de mitsvot, dans ce monde.
En effet, nos Sages (guémara 'Haguiga 12a) disent que le mot :"chamayim" est composé des 2 mots suivants : "cham mayim" (là-bas de l'eau).
Or, la guémara (Ta'anit 7a) statue : "l’eau, c’est la Torah".

=> "D. appelle" une âme dans ce monde.
Elle est alors "rakia" (dépourvue de tout mérite), et son objectif est de devenir "chamayim" (se remplir au maximum de Torah et de mitsvot).

<------------------------>

-> Rachi (v.1,8) explique que le mot :"chamayim" (Ciel) provient également de : "éch oumayim" (feu et eau).
Le feu et l'eau ont été unis pour former le Ciel.

-> Le Kli Yakar enseigne que c'est pour cela que nos Sages disent qu'une dispute qui est "léchem chamayim" produira un résultat constructif.
En effet, quoi de plus opposés que l'eau et le feu, qui par le fait d'avoir une finalité de paix, réussissent à s'unir et à produire un résultat sublime : le Ciel, au sein duquel Hachem et tous les êtres célestes y résident.

["Toute controverse qui a vocation d’honorer les Cieux (lechem chamayim) connaîtra un aboutissement perdurable ; et celle qui n’a pas vocation d’honorer les Cieux ne connaîtra pas d’aboutissement perdurable." - Pirké Avot 5,17]

De plus, on peut remarquer que :
-> pour le 2e jour, il n'est pas écrit : "ki tov" (c'était bien), car l'apparition du "rakia" (firmament) : "fit une séparation entre les eaux qui étaient au-dessous du firmament et les eaux au-dessus du firmament" (Béréchit 1,7).

-> pour le 3e jour, il est écrit 2 fois : "ki tov" : une fois pour ce qui a été créé le 3e jour, et une autre fois pour la finalisation de ce qui a été commencé le 2e jour, car il y a eu : "le rassemblement des eaux ... D. vit que c'était bien!" (Béréchit 1,11).

=> On voit l'importance de toujours chercher à maintenir la paix.

<--->

-> Rabbi Tivyoumi a dit : "Si le terme "tov" ne peut pas être utilisé pour cette division qui était pour le bien du monde et afin de l’habiter, alors à plus forte raison cela est valable pour les conflits, les querelles, qui amènent le chaos dans le monde."
[midrach Béréchit Raba 4,6]

<------------------------>

+ "Et D. fit le firmament" (Béréchit 1,7)

-> "Depuis le jour où le Temple a été détruit, on n'a pas vu le firmament dans toute sa pureté"
[rav 'Hisda - guémara Béra'hot 59]

Le Michtav Sofer (rabbi Chimon Sofer) commente :
Le firmament fait allusion à la dissension, et tous ceux qui se disputent disent en général que leur dispute est pour l'amour du Ciel, mais en réalité, depuis que le Temple a été détruit, on n'a plus vu une dissension pure, sans aucun intérêt personnel.

"D. fit les 2 grands luminaires : le plus grand luminaire pour la domination du jour et le plus petit luminaire pour la domination de la nuit, ainsi que les étoiles" (Béréchit 1,16)

Le Abir Yaakov (Pitou'hé 'Hotam) enseigne que nous pouvons lire le verset ainsi :
-> "le plus grand luminaire pour la domination du jour" = c'est la prière de cha'harit, qui est la plus importante des prières, et qui se récite en journée.

-> "le plus petit luminaire pour la domination de la nuit" = c'est une allusion à Arvit, prière récitée la nuit, et durant laquelle nous lisons également le chéma (ce qui lui donne ce titre de "luminaire").

- "les étoiles" = c'est min'ha, qui est la plus petite des prières.
D'ailleurs, le mot : min'ha (מנחה) a la même guématria que : "les étoiles" (ako'havim - הַכּוֹכָבִים), soit : 103.

"D. dit : Que la terre fasse pousser de la végétation" (Béréchit 1,11)

Le Gaon de Vilna fait remarquer que les lettres du mot : "végétation" (déché - דֶּשֶׁא) font allusion au fait que : "Le monde repose sur 3 choses : sur la justice (din - דִּין), sur la vérité (émet - אֱמֶת) et sur la paix (shalom - שָּׁלוֹם)" (Pirké Avot 1,18).
[la 1ere lettre de ces 3 mots formant : דֶּשֶׁא]

<--->

-> Le Baal haLévouchim commente :
Hachem nous demande : faites en sorte que la végétation (דשא = la justice, la paix et la vérité) pousse, se développe, afin que [la terre, le monde] puisse continuer à exister.

"L'arc sera dans le nuage ... Hachem dit à Noa'h : "Ceci est le signe de l'alliance que J'ai établie entre Moi et toute chair se trouvant sur la terre"." (Noa'h 9,16-17)

-> L'arc-en-ciel a une signification symbolique : lorsqu'un archer veut montrer que ses intentions sont pacifiques, ils inversent son arc en le pointant vers lui.

Il en est ainsi avec un arc-en-ciel : les extrémités de l'arc touchent le sol de ce monde, tandis que son centre pointe vers le Ciel, témoignant des intentions pacifiques de Hachem à l'égard de la terre.
De plus, cet arc ne contient pas de corde avec laquelle tirer une flèche.
Il symbole la paix entre Hachem et ce monde.

[le Ramban]

-> Les gens utilisent l'arc comme signe pour la bataille. Hachem a ainsi désigné l'arc-en-ciel comme un signe de paix et de tranquillité.
[Rabbénou Efraïm]

<---------->

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 35,3) : "Hachem dit : "L'arc-en-ciel est comme Moi."
Est-possible? [Quelque chose peut-il se comparer à Hachem?]. Plutôt, c'est comme : la partie dure du fruit (kashin dépéri)." [c'est-à-dire le noyau ou la coquille autour d'un fruit]

Pour ainsi dire, lorsque Hachem est "dur", c'est-à-dire en colère contre le monde, Il place la "partie dure" de sa colère dans les nuages, et se retient alors de détruire le monde comme punition.

[le ‘Hen Tov]

[ -> Un arc-en-ciel a une forme inverse à celle d'un sourire, témoignant que Hachem est triste de voir ses enfants se comporter de la sorte.
-> Il est comme une flèche vers le haut, nous indiquant qu'il faut élever nos actions vers le Ciel, car actuellement à cause de nos fautes nous sommes tombés bien bas, créant une distance avec papa Hachem. ]

<------------>

+ "[Israël dit à Yossef : ] ... avec mon épée et mon arc" (Vayé'hi 48,22)

Le Targoum Onkelos traduit ces mots par : "avec ma prière (bitsloti) et ma supplication (ouvévaouti)".
[la guémara Baba 123a va également dans ce sens, en disant : épée = téfila, et arc = bakacha (supplication) ]

=> Que peut-on apprendre de ces rapprochements?

Une épée est une arme efficace, dans le sens où même une personne inexpérimentée lorsqu'elle touche quelqu'un d'autre avec, elle lui inflige des dommages.

Un arc n'est pas une arme dangereuse en soi.
Si un archer ne sait pas comment viser ou n'a pas suffisamment de force, la flèche va partir sans faire aucun dommage.
Cependant, dans les mains d'un archer expérimenté, un arc produit un grand impact.
De plus, le plus on tire fort sur sa corde, le plus loin va la flèche.

Il en est de même avec les différents types de prières :
- une téfila = la prière instituée par nos Sages, elle agit comme une épée, dans le sens où elle produit de grands effets même pour une personne qui n'a pas la bonne kavana.
- la bakacha = les prières individuelles sont comme l'arc, plus on va y mettre notre cœur, plus on va être saint (expérimenté en Torah), plus notre prière sera puissante.

[le Griz - Rabbi Its'hak Zev Soloveitchik]

[ L’apparition de l'arc-en-ciel nous enseigne :
-> de même qu'il est composé de couleurs différentes qui s'unissent et se complètent pour former un tout magnifique, de même nous devons accepter les différences au sein du peuple juif, car cela enrichit notre objectif commun : faire la volonté de Hachem.

[l'arc-en-ciel pointant vers le haut, c'est comme si Hachem nous disait : arrêtez de vous diviser. Certes cultivez votre unicité, mais regardez ensemble dans la même direction : le Ciel!]

-> de même qu'il ressemble à un arc (bakacha : requête personnelle), nous devons savoir nous isoler afin de remercier et prier Hachem, car chaque respiration est un magnifique cadeau.

[l'arc-en-ciel pointant vers le haut, c'est comme si Hachem nous disait : N'oubliez pas de me dire : merci! ; N'hésitez pas à vous tourner vers moi en prière à tout moment, car je n'attends que cela!] ]

<----------------------------->

-> "Il existe des générations qui n’auront pas besoin du signe (de l’arc-en-ciel), car y vivait un juste parfait, telle la génération du roi ‘Hizkiyahou et celle de Rabbi Chimon bar Yo’haï."
[Rachi – Noa'h 9,12]

L’arc-en-ciel est un signe qui annonce que le monde ne sera pas détruit par un nouveau déluge, bien que la génération où il apparaît l’ait mérité.

La guémara (Sabbath 63a) enseigne qu'un tsadik a la capacité d'annuler les décrets divins.
La guémara (Kétoubot 77b) nous rapporte que pour des grands tsadikim comme : Rabbi Chimon Bar Yo'haï et Rabbi Yéhochoua ben Lévi, aucun arc-en-ciel n'est apparu de leur vivant.

Le Maor vaChémech dit que puisque ces tsadikim avaient la capacité d'annuler les décrets divins, alors il n'était pas nécessaire à Hachem de faire apparaître un arc-en-ciel pour permettre l'annulation d'un décret.

<----------------------------->

-> Les commentateurs s’interrogent par ailleurs sur l’origine de l’arc-en-ciel.
Certains estiment qu’aucun arc-en-ciel n’avait jamais existé auparavant, et qu’il s’agissait là d’une nouvelle Création [Ibn Ezra].
D’autres [comme le Rav Saadia Gaon] pensent que l’arc-en-ciel est un phénomène parfaitement naturel, qui a existé de tous temps, mais qu’il s’est vu attribuer une nouvelle fonction par D. après le Déluge.
Le Ramban, citant les "philosophes grecs", tranche également en faveur de cette 2e opinion, argumentant que tout un chacun peut observer des arcs-enciel, tout le temps, du moment qu’une lumière traverse de l’air humide.

On peut rapprocher ces 2 thèses opposées à l’aide du commentaire suivant : Avant le Déluge, les nuages étaient si matériels et grossiers que les rayons du soleil ne parvenaient pas à s’y réfléchir. L’arc-en-ciel était donc impossible. Le Déluge eut pour effet de raffiner les éléments constitutifs du Monde, permettant ainsi à l’arc-en-ciel de surgir. L’arc-en-ciel étant donc le signe d’un certain raffinement du Monde.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]

<----------------------------->

-> "Celui qui regarde les 3 choses suivantes, ses yeux s’affaiblissent : l’arc-en-ciel, le "prince" (nassi), et les Cohanim (pendant qu’ils récitent la bénédiction sacerdotale)"
[guémara méguila 16a]

-> Cet enseignement de la guémara présente une difficulté, soulevée par le rav Aboudraham au nom de son maître, le Roch : Il est une mitsva de réciter une bénédiction à la vue de l’arc-en-ciel [voir Choul’han Aroukh Orakh ‘Haïm 229,1] : "Baroukh Ata Ado-naï Elo-heinu Mélekh Haolam Zokhèr Habrith Vénéémane Bivrito Vékayam Bémaamaro" (Béni sois-tu, Hachem notre D., Roi de l’univers, qui se souvient de l’alliance et est fidèle à Son alliance et tient Sa promesse).
=> Mais comment peut-on la réciter s’il n’est pas permis de regarder cet arc-en-ciel?

En réalité, explique le Roch, la guémara emploie une expression (amistakel - המסתכל) totalement étrangère à la simple vision (réyia - ראיה ). Ce qui est interdit, ce n’est pas de voir mais de contempler.
Ainsi, le regard doit-il rester furtif afin de ne pas s’attarder.

-> Lorsque l'arc-en-ciel apparaît, il est interdit de l'observer longuement, mais nous devons le regarder le temps nécessaire pour réciter la bénédiction : "Barou’h ata Hachem élokénou, mélé’h aolam, zo’hér abérit vénééman bivrito, vékayam bémaamaro" (Ora’h ‘Haïm 229,1).
[en hébreu : ברוך אתה ה’ אלוקינו מלך העולם זוכר הברית, נאמן בבריתו וקיים במאמרו]

-> La michna Broura nous averti que si nous le regardons trop longtemps, alors nos yeux s'affaibliront.
Elle ajoute également que si nous voyons un arc-en-ciel, il vaut mieux ne pas en avertir d'autres personnes de sa présence.

-> Selon le Maharcha (guémara Bera'hot 59a), ce que l’arc-en-ciel, le "prince" et les Cohanim ont en commun, c'est qu’ils sont représentatifs de la présence divine, voilà pourquoi ils ont tous droit à la même attitude de respect.
Voilà pourquoi ils ont tous droit à la même attitude de respect.

<--->

-> Selon le Zohar (Béchala'h 66b), celui qui regarde l'arc-en-ciel, c'est comme s'il avait regardé la présence divine.

-> Le Zohar (Tikouné Zohar 36b) nous enseigne que si les couleurs de l'arc-en-ciel sont brillantes et vives, sans la moindre brume ou autre altération similaire, alors le machia'h viendra immédiatement.

-> L’apparition de l’arc-en-ciel est également le signe de la Délivrance. Ainsi, le Zohar [I,72b] rapporte: "Rabbi Chimon Bar Yo’haï a dit à Rabbi Eléazar son fils : Mon fils, n’attend-pas les pieds du machia’h tant que tu ne vois pas l’arc-en-ciel avec des couleurs lumineuses (hors du commun)".
En effet, le Monde aura atteint un nouveau degré de raffinement et sera digne de cette nouvelle époque, celle du dévoilement de la lumière du machia’h : Oro Chel Machia’h.
[rapporté dans le feuillet de la communauté de Sarcelles 5782 (N°142)]

<------------>

-> Pourquoi Hachem choisit-il l'arc-en-ciel comme signe de l'Alliance entre lui et Noa'h et comme la promesse selon laquelle plus jamais "nulle chair ne périrait par les eaux du Déluge" (Noa'h 9,12)?
Parce que l'arc est constitué par le feu et l'eau et qu'ils cohabitent paisiblement. Pour preuve que la paix est possible dans le monde".
[rabbi Mena'hem Mendel de Kotzk]

<------------>

-> A ce sujet, (b'h) voir également : https://todahm.com/2016/12/26/4976

"La femme vit que l'arbre était bon comme nourriture ... elle prit de son fruit et mangea ... leurs yeux à tous deux se dessillèrent et ils surent qu'ils étaient nus ; ils cousirent alors une feuille de figuier et se firent des pagnes" (Béréchit 3,6-7)

-> Rachi (v.3,3-4) commente : 'Hava en a rajouté à l’ordre qu’elle avait reçu. C’est pourquoi elle en viendra à lui ôter [de son efficacité]. Aussi est-il écrit : "N’ajoute pas à Ses paroles" (Michlé 30, 6).
[Le serpent] l’a poussée jusqu’à ce qu’elle touche l’arbre, puis il lui a dit : "Puisque tu n’es pas morte de l’avoir touché, tu ne mourras pas d’en avoir mangé !"

-> Le Gour Aryé dit que 'Hava pensait qu'en réalité, il leur était également interdit de toucher l'arbre.
Si Hachem ne leur a pas explicitement interdit d'en manger, c'est parce que le fruit était séduisant, mais Il n'avait pas besoin de leur spécifier l'interdiction de le toucher, car ils n'avaient pas de raison particulière de le faire.

[ => on voit le danger de tirer soi-même les conclusions en terme de loi juive en se basant sur notre bon sens, au lieu de prendre conseil auprès d'un rav sérieux.
La logique de Hachem nous échappe totalement, alors allons voir ses représentants sur terre : les rabbanim.

Parfois, nous sommes également tentés de penser : "Je suis sûr que Hachem ne verra pas d'inconvénient à ce que j'agisse ainsi, Il sait à quel point dans mon cœur je l'aime et je veux faire le bien ..."
=> Faisons bien attention à ne pas nous créer le Hachem que nous souhaitons avoir, parce que cela nous arrange! ]

<------------->

-> Hachem a dit à Adam de ne pas manger de l'Arbre de la Connaissance.
Ensuite, Adam a répété cette interdiction à 'Hava, en ajoutant qu'il fallait également ne pas le toucher par mesure de précaution pour ne pas en venir à le manger.
[le Kli Yakar]

Le Na'hal Kédomin commente :
Bien qu'il soit positif qu'une personne s'ajoute une barrière lui évitant de fauter, Adam a cependant fait une erreur, en ne disant pas clairement à 'Hava que Hachem lui avait seulement interdit d'en manger, et que la mesure de précaution était un ajout personnel.

[On a tous des faiblesses dans des domaines spécifiques, et c'est pour cela que nous devons avoir un "choul'han arou'h" personnel : c'est-à-dire un ensemble de mesures supportables s'ajoutant au "choul'han araou'h normal", qui n'est destiné qu'à nous-même, afin de nous empêcher de fauter.
En effet, nous savons que si nous dépassons un certain point, nous n'arriverons plus à nous retenir et nous fauterons très probablement, alors bien que la loi juive nous le permette, nous mettons en place des barrières pour éviter de tomber dans le précipice.

Par contre, il est important que cela ne se fasse pas au détriment d'autrui, de nos mitsvot obligatoires, ...
Cela doit rester un accessoire au service de l'essentiel, et non l'inverse!]

-> "[Ils] se firent des pagnes" (Béréchit 3,7)

Le Zohar explique le mot : "pagnes" ('hagorot - חֲגֹרֹת) par : cela fait référence à la mitsva des tsitit.

En effet, les tsitsit représentent les 613 mitsvot : le mot tsitsit a une valeur de 600 et chacun de ses coins a 8 cordes et 5 nœuds, faisant un total de 613.

Ainsi, tout de suite après la faute, ils ont porté un vêtement leur rappelant qu'il est certes très important de se faire des barrières de sécurité pour ne pas fauter, mais pour cela nous devons toujours avoir clairement en tête quelles sont les 613 mitsvot, et ce qui provient d'autres sources.

<------------->

-> Le serpent n'a pas seulement convaincu 'Hava que ce n'était pas une faute de manger de l'Arbre de la Connaissance, mais il l'a convaincu que c'était une mitsva.

Il a dit : "Regarde. Si une personne évite une chose interdite parce qu'elle n'en a pas de désir, alors cela n'a que peu de valeur.
Cependant, si elle en éprouve beaucoup de désir, et qu'elle évite quand même ce qui est interdit, alors cela témoigne de sa grandeur.
C'est pour cela que tu dois en goûter (rien qu'un peu! ce n'est pas vraiment "en manger"!), car ensuite tu auras un véritable désir de le manger, et en te retenant de le faire, tu montreras un dévouement total à Hachem."

Alors, 'Hava a vu que c'était "bon" de manger de l'Arbre de la Connaissance.
Que Hachem nous sauve de l'état d'esprit perverti du yétser ara.

[le Gaon de Vilna - Adéret Eliyahou]

[à l'image d'une mite, le yétser ara mange petit à petit toutes nos certitudes : en nous retirant une mitsva par si et une autre par là ; en nous faisant passer une avéra pour une mitsva de 1er choix, ...]

<------------->

-> Le serpent a dit à 'Hava que cela n'avait aucun sens de ne pas manger de l'Arbre de la Connaissance (éts hadaat), argumentant : "Pourquoi Hachem aurait-Il créé une chose si ce n'est pas pour que les gens en profitent?"

C'est le stratagème classique qu'utilise le yétser ara
Il nous convainc que si Hachem a créé des plaisirs dans ce monde, c'est pour que nous en profitions!

[midrach haGadol]

<------------->

-> Le serpent a soumis à 'Hava l'argument suivant :
"Ce n'est pas parce qu'Il Se soucie de votre vie que D. vous a interdit de manger de cet arbre, mais parce qu'Il sait que si vous en mangez, vous atteindrez une sagesse supérieure et que ce discernement vous rendra semblables à Lui.
A ce moment, vous ne dépendrez plus de Lui!"

[Rav Shimchon Raphaël Hirsch]

[ => De même, le yétser ara suscite en nous le doute à l'égard du sérieux des mitsvot.
Il réveille notre égo, notre désir de se débarrasser du joug divin (notre corps disant à notre âme :"Je fais ce que je veux! C'est MOI qui commande!"). ]

-> Rav Hirsch commente la nudité qui a suivi la faute :
"Tant que l'homme se sert de son corps pour servir D., il n'a aucune raison d'en avoir honte ... Sinon, il a honte de sa nudité.
Cette honte, c'est la voix de la conscience qui s'éveille en nous et nous rappelle que nous ne devons pas être semblables à des bêtes."

[ A chaque instant Hachem croit en nous, puisque nous accordant le plus beau des cadeaux : la vie, ainsi que des capacités phénoménales.
Comment pouvons-nous alors les utiliser d'une façon pire que les animaux?? Quel manque de respect, de reconnaissance envers notre papa Hachem!]

<------------->

-> "Le serpent dit à la femme : Mourir, vous ne mourrez pas" (Béréchit 3,4)

=> On peut se demander sur quelle certitude le serpent s’est-il basé pour affirmer à ‘Hava qu’elle ne mourra pas en mangeant du fruit? Et aussi, pourquoi cette redondance : "Mourir, vous ne mourrez pas’"?
Le midrash explique que le serpent a joué sur le fait que 'Hava ait ajouté l'interdit de toucher l'arbre. En effet, le serpent a poussé 'Hava contre l'arbre. Puis, il lui dit: "Tu vois, tu n'es pas morte en touchant l'arbre. De même, tu ne mourras pas en en mangeant". C'est ainsi que le serpent réussit à faire fauter 'Hava.
Mais on peut s'interroger. Même si 'Hava pensait qu'il était tout autant interdit de toucher l'arbre que d'en manger, et que le fait de le toucher serait aussi punissable de mort, malgré tout comment en est-elle arrivée à manger?
Finalement, Hachem leur avait dit qu'ils mourront le jour où ils mangeront. Or, la journée n'était pas encore terminée. Ainsi, qu'est-ce qui permettait à 'Hava d'être sûre qu'elle ne mourrait pas pour avoir touché de l'arbre et d'en conclure qu'elle ne mourrait pas non plus en en mangeant? Finalement, elle pouvait encore mourir dans la journée pour avoir touché l’arbre?

-> En fait, 'Hava envisagea effectivement cette hypothèse, qu'elle meurt au courant de la journée pour avoir touché l'arbre. Seulement, elle se dit que dans ce cas, puisque de toutes les façons, elle mourra pour avoir touché, il n'y a donc désormais aucune raison qu'elle se prive de manger et de profiter de ce fruit. En effet, elle ne peut pas mourir 2 fois. Ainsi, perdu pour perdu, pourquoi se priverait-elle de profiter d'un bon fruit?
C’est cela que le serpent lui dit : "Mourir vous ne mourrez pas" = la répétition veut signifier : "Vous ne mourrez pas 2 fois. Alors pourquoi se priver d’en profiter?"

Cette manière de penser fait partie des ruses classiques du mauvais penchant. Comme il sait que l'homme ne l'écoutera pas s'il l'incite directement à transgresser une grave faute, aussi il s'y prend par étape.
Tout d'abord, il séduit l'homme de commettre un petit écart, qui ne semble pas si grave. Puis, il lui fait croire qu'en fait, ce qu'il a commis est déjà trop grave et qu'il ne peut plus réparer.
Ainsi, il lui dit qu'à présent, pourquoi se priverait-il de profiter pleinement de la vie? Perdu pour perdu, il vaut mieux qu'au moins il profite dans ce monde.
L'homme doit être conscient de cette ruse pour pouvoir la reconnaître et se préserver de la faute et de l'effet boule de neige.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

<------------->

-> Le Arizal nous enseigne que lorsque "Hava fauta en consommant du fruit de l'Arbre de la Connaissance, son souhait était de faire goûter immédiatement du fruit de l'Arbre à Adam. Elle prit le fruit, le mixa avec d'autres pour en faire un jus et le lui donna comme il est écrit : "Elle en donna aussi à son mari avec elle" (Béréchit 3,6).
C'est-à-dire qu'elle en donna à Adam à son insu. Immédiatement le mauvais penchant domina Adam et il en consomma ensuite délibérément. Puis il en donna à tous les animaux de la Création sauf à un seul oiseau dont le nom est : 'hol, comme il est écrit : "La topaze d'Ethiopie ne l'égale point, on ne peut la mettre en balance avec l'or pur" (Iyov 28,19).

"D. dit : Faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance" (Béréchit 1,26)

Le midrach (Béréchit rabba 8,5) rapporte que l'Attribut de Vérité a dit à Hachem : "Ne crée pas l'homme, car ils sont tous des bagarreurs".
Cela fait référence au combat entre le corps et l'âme, qui est une bataille permanente en toute personne.

A chaque moment où l'âme est dans le corps, elle désire ardemment le quitter et retourner vers la présence de Hachem.
Si une personne transforme son corps en un lieu où la présence divine peut résider, alors l'âme est heureuse au sein du corps.
Cependant, ce niveau de sérénité n'est pas atteint par la majorité des personnes, et c'est pour cela que le corps et l'âme sont généralement en conflit.

[le Noa'h Tsadikim]

<------>

-> "La joie réelle, c’est ce qu’on éprouve quand on fait ce qu’on doit faire ...
Le visage peut refléter les larmes ou la tension ; mais si le voyage est entamé, si on est conscient que nous construisons ce que nous devons construire, notre cœur chantera en nous malgré la peine de notre corps et les larmes sur notre visage."

[rav Akiva Tatz]

=> La joie est la réponse de la néchama (l'âme) lorsque l'on fait ce qui doit être fait.
C'est l'expression d'une paix intérieure lorsque chacun est à sa place (âme & corps).

"Au commencent, D. créa le Ciel et la terre" (Béréchit 1,1)

-> Le monde et tout ce qu'il contient n'ont été créés que par le mérite de la Torah.
[midrach Béréchit rabba 1,4]

-> La guémara (Shabbath 88a) nous enseigne que Hachem a créé le monde avec une condition préalable : si le peuple juif n'accepte pas la Torah, Il (D.) fera revenir le monde au néant.

C'est pourquoi le monde n'a véritablement été terminé qu'à partir du moment où le peuple juif a accepté la Torah, car sinon il aurait cessé d'exister.
Dans la Torah, nous trouvons le terme : "créa" (bara - ברא) uniquement 3 fois :
- 1°/ "Au commencent, D. créa (bara) le Ciel et la terre" (Béréchit 1,1) = c'est le début de la Création du monde ;
- 2°/ "[le 7e] Il s'y était abstenu de tout Son travail que D. avait créé (achèr bara) pour faire (Béréchit 3,2) = Shabbath est l'aboutissement de la semaine de la Création qui s'est terminé par l'apparition de l'Homme ;
- 3°/ "car depuis le jour où D. a créé (achèr bara) l'homme sur terre ... un peuple a-t-il entendu la voix de D." (Vaét'hanan 4,32-33) = la Création est alors complète, puisque la Torah a été donnée au peuple juif.
[les 10 Commandements sont ennoncés à partir de Vaét'hanan 5,1]

[le שמן אפרסמון]

<---------->

-> Le mot béréchit (בראשית) contient les mêmes lettres que : bara chété (Il a créé les 2 - ברא שתי).
Cela renvoie au fait que Hachem a créé 2 choses ensembles : la Torah et le Trône de Gloire de D. (kissé haKavod).

A l'origine, ils étaient ensembles car la Torah était au Ciel, mais par la suite, la Torah a été envoyée sur la terre.

[le ‘Hen Tov]

<---------->

-> Le mot : "au commencement" (béréchit - בראשית) a la même guématria (avec le +1 du kollel) que : "613 feu" (taryag ésh - תרי"ג אש).

Ainsi, en utilisant le mot : "béréchit", la Torah fait allusion à notre obligation d'étudier la Torah, qui est appelée : "feu"("dans sa droite, une loi de feu pour eux" - mimino ésh dat lamo - Dévarim 33,2), et à la nécessité de prendre garde aux 613 mitsvot.

En vérité, c'est [uniquement] en étudiant la Torah qu'une personne peut dominer son yétser ara et accomplir les mitsvot.

[le 'Hida - חומת אנך]

<---------->

-> Le mot béréchit (בראשית) a les mêmes lettres que : ésh brit (אש ברית).
Cela fait référence au fait que le monde a été créé pour la Torah, qui est appelée : "ésh" (un feu) et "brit" (une alliance).

[le Roch - Adar Zékénim]

<---------->

-> Selon le Gaon de Vilna, le terme : "béréchit" (בראשית) renvoie aux 6 traits de caractère essentiels afin d'avoir un bon service de Hachem :

- le ב = bita'hon (בטחון) = avoir une confiance [totale en D.] ;
- le ר = ratson (רצון) = avoir la volonté [fervente de Le servir] ;
- le א = aava (אהבה) = avoir l'amour [de Hachem] ;
- le ש = chtika (שתיקה) = [savoir se réduire au] silence ;
- le י = yir'a (יראה) = avoir la crainte [de D.] ;
- le ת = torah (תורה) = avoir en permanence la Torah [comme règle de vie, comme objet d'étude et d'élévation].

<---------->

+ "Au commencent, D. créa le Ciel et la terre" (Béréchit 1,1)

Le verset fait allusion à 2 types de personnes :
- "le Ciel" : ceux qui étudient lichma, de manière désintéressée, uniquement parce que telle est la volonté de Hachem ;
- "la terre" : ceux qui étudient lo lichma, avec des motivations intéressées.

En disant cela, Hachem exprime l'idée qu'Il désire le service de tous les juifs, même si cela est fait par intérêt.

[Noam Elimélé'h]

"Le déluge fut sur la terre 40 jours" (Noa'h 7,17)

-> La paracha de Noa'h est lue au tout début du mois Mar'Hechvan.
Le nom des mois de l'année juive provient de Babylonie, puisque dans le Tana'h ils sont simplement nommés en fonction de leur place dans le calendrier (ex: le 1er mois, le 2e mois).

De façon intéressante, nous trouvons un autre nom pour le mois de Mar'Hechvan : "au mois de Boul (בּוּל), c'est-à-dire le 8e mois" (Méla'him I 6,38).

Que pouvons-nous apprendre de ces 2 noms pour ce mois?

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Méla'him I 184) explique que si ce mois est appelé : "Boul", c'est par ce que le déluge a commencé en ce mois, et il a duré 40 jours.

En hébreu le déluge se dit : "maboul" (מבול), qui renvoie à : 40 jours (valeur de מ) de "Boul" (בול).
La Torah commence par la lettre bét (béréchit) et se termine par la lettre laméd (Israël). Selon la guémara (Kidouchin 30a), la lettre médiane de la Torah est le vav du mot "ga'hon" (Vayikra 11,42).
Ces 3 lettres forment le mot : בול.

Ainsi : la Torah qui a été donné en 40 jours (même durée que le déluge), a la capacité de transformer complètement une personne en effaçant ce qu'il y avait, et en permettant qu'elle devienne une nouvelle création : une personne plus sainte.
[à l'image du maboul qui a purifié le monde de toutes ses impuretés créées par l'homme]

<---------->

-> Le rav Yits'hak Tzvi Zilberberg explique l'origine Babylonienne du mois de Mar'Hechvan.
La guémara (Méguila 27b) enseigne qu'après qu'une personne ait dite la Amida, elle n'a pas le droit d'aller aux toilettes immédiatement, mais elle doit attendre le temps nécessaire pour parcourir 4 amot (environ 2 mètres).

La guémara explique cette nécessité par le fait que la durée de ce bref instant, sa prière est toujours présente dans sa bouche et que ses lèvres sont toujours considérées comme bougeant en prière (ri'houché méra'hsan shifvaté - רחושי מרחשן שפוותיה).

Le rav Zilberberg fait remarquer qu'en changeant les voyelles du mot araméen utilisé pour dire que les lèvres d'une personne bougent toujours (מרחשן), cela permet de former : Mar'Hechvan.
Ainsi, l'origine du nom araméen de ce mois, transmet le message que bien que le mois de Tichri vient de se terminer, nous ne devons pas faire l'erreur de penser que toutes nos prières et notre grande proximité avec Hachem, que nous avons pu y vivre, sont derrières nous.

=> Le nom Mar'Hechvan fait allusion au fait que même un mois après, nous sommes toujours connectés avec l'élévation spirituelle que nous avons pu atteindre durant les yamim noraïm et Souccot (à l'image de la prière qui reste dans notre bouche quelques instants après avoir terminés notre amida!).

==> Le mois de Mar'Hechvan est ce mois où l'on doit capitaliser sur notre vécu de Tichri, et où l'on doit comprendre que pour traverser l'année à venir nous devons nous réfugier dans une vie pleine selon la Torah, qui est la manière d'un juif de survivre face aux déluges extérieurs.

3 Questions/Réponses – Paracha Noa’h

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Noa'h

1°/ Qui est né dans l'Arche de Noa'h?

Le midrach rapporte que le géant Og a survécu au déluge en s'accrochant à l'Arche. Il habitait sur le toit et recevait quotidiennement sa nourriture par Noa'h au travers d'un trou.

La guémara (Nida 61a) dit que Si'hon et Og étaient frères.
On a vu comment son frère a pu survivre, mais comment Si'hon a-t-il pu également vivre sachant qu'il n'a été tué qu'à la fin des 40 années dans le désert des juifs, suivant leur sortie d'Egypte.

Si'hon n'a pas pu naître après le déluge car tous les géants sont morts pendant le déluge.
De plus, il n'y avait pas de relation conjugale dans l'Arche, par respect pour la détresse qui régnait dans le monde pendant le déluge.

Le Daat Zékénim (Bamidbar 21,34) explique qu'après la naissance de Og, sa mère alors enceinte de lui (Si'hon), a quitté son père, et s'est remarié avec 'Ham, le fils de Noa'h, ce qui lui a donné le droit de rentrer dans l'Arche.

=> Puisqu'elle était déjà enceinte à son entrée et que le séjour y a duré 1 an (cf.Rachi Noa'h 8,14), c'est que forcément elle y a donné naissance à Si'hon.

<-------------------->

2°/ Comment Noa'h a-t-il pu prendre le risque d'envoyer le corbeau et la colombe pour savoir si les eaux du déluge avaient reculé? En effet, en ne revenant pas, cela aurait entraîné la disparition de ces 2 espèces!

Le Nétsiv (Haémék Davar) est d'avis que ce corbeau et cette colombe qui ont été envoyés, ne font pas partie des paires ordonnées par Hachem : "de tous les êtres vivants, de chaque espèce, tu en recueilleras deux dans l'arche pour les conserver avec toi" (Noa'h 6,19).

En réalité, puisque Noa'h était une personne respectée avant le déluge, il suivait la pratique des nobles de l'époque d'avoir un oiseau de compagnie, qui était considéré comme un membre du foyer et pouvait ainsi rentrer dans l'Arche en tant que : "toi et toute ta famille, dans l'arche" (Noa'h 71).

=> On comprend ainsi pourquoi leur utilisation ne compromettait en rien l'avenir de ces espèces, puisqu'il y avait encore dans l'Arche une paire de corbeau et une paire de colombe.

-> La colombe avait été entraînée afin de parcourir de longues distances afin de délivrer du courrier et transporter de petits objets dans sa bouche.
Au cours de sa 1ere mission, elle n'a rien trouvé à mettre dans sa bouche et elle était alors remplie de honte d'avoir raté sa mission en revenant la bouche vide : "elle revint vers lui, vers l'arche" (Noa'h 8,9).
Observant qu'elle n'osait pas s'approcher davantage : "il étendit sa main, la prit et l'amena à lui" (Noa'h 8,9).
=> Noa'h a compris ce qu'elle ressentait, l'a réchauffant et lui redonnant des forces.

Le Netsiv de commenter : La compassion de Noa'h nous enseigne que l'on doit réserver autant d'égards à un messager qui échoue qu'à celui qui réussit, si l'échec ne lui est pas imputable.

[On peut naturellement être déçu qu'une chose n'a pas marché, mais celui qui a fait de son mieux n'y est pour rien et ne doit pas recevoir en salaire toute notre frustration!
Au contraire, nous devons lui témoigner beaucoup d'attention, d'encouragements, afin de lui redonner le moral.]

-> Sachant que Noa'h attendrait l'ordre divin pour sortir de l'Arche, pourquoi a-t-il souhaité envoyer le corbeau et la colombe?

Noa'h avait tellement envie de remercier Hachem pour l'incroyable miracle qu'Il a fait pour lui, qu'il les envoya afin de savoir si le déluge était terminé afin de pouvoir alors pleinement remercier D.

<-------------------->

3°/ "Tu feras [cette] Arche en compartiments" (Noa'h 6,14)
En quoi ce détail est-il si important?

-> Selon Rachi (Noa'h 6,13) le déluge est venu en punition à 2 fautes : le vol et l'immoralité.

-> Rabbi Shalom Erlanger dit qu'elles ont pour origine un manque de limitations, puisque les contemporains de Noa'h étaient incapables de reconnaître ce qui appartenait à qui, et à en respecter les limites.
C'est pourquoi, ils ont été punis par le déluge (maboul), qui est lié au mot : bilboul (un mélange), puisque les eaux se sont mélangées entre elles, amenant la dévastation sur tout le monde, sans respecter les limites qui leurs sont normalement assignées.
[à l'image des hommes d'alors, les eaux sont sorties de leurs lieux réservés, partant et revenant selon leur désir, ce qui n'amena que destruction).

Pour cette raison, Hachem a insisté sur le fait que Noa'h fasse des compartiments, des espaces avec des limitations.
Noa'h rectifie alors la faute de sa génération, ce qui lui permet d'être sauvé des eaux du déluge.

[nous devons de même savoir que ce qui appartient à autrui ne fait pas partie de notre zone, nous ne devons ainsi pas le convoiter!
Il faut se satisfaire du "compartiment" que Hachem nous accorde, car étant le meilleur pour notre mission dans ce monde, et éviter de se gâcher la vie en étant perpétuellement à la recherche de ce qu'il y a dans le compartiment de quelqu'un d'autre!]

-> Mais combien y avait-il de compartiments dans l'Arche de Noa'h?

Le Yalkout Chimoni rapporte une divergence à ce sujet :
- selon rav Yéhouda, il y avait 360 compartiments, chacun mesurant 10 coudées sur 10 coudées (entre 23 et 32 m2);
- selon rav Né'hémia, il y avait 900 compartiments, chacun mesurant 6 coudées sur 6 coudées (entre 8 et 12 m2).
[Il y avait un total de 3 étages dans l'Arche]

-> Pourquoi la punition est-elle venue particulière par un déluge?

La guémara (Baba Batra 16a) nous enseigne que D. crée non seulement chaque goutte de pluie dans les nuages, mais en plus, Il va créer pour chacune d’elles un parcours de descente unique.
En effet, si 2 gouttes venaient à tomber via un même circuit, cela endommagerait les récoltes.

Le Kli Yakar dit que puisque les voleurs entraient dans le territoire d'autrui comme ils en avaient envie, alors de même ils vont mourir par un déluge dans lequel chaque goutte d'eau utilisera le trajet personnel d'une autre, amenant ainsi la destruction sur le monde.

<-------------------->

+ Bonus (b'h) - Le saviez-vous? :

-> Le déluge (année 1656 de la Création) n'est pas la 1ere inondation majeure que connu le monde.
En effet, le midrach rapporte qu'à l'époque de Enoch (qui a vécu de 235 à 1042 de la Création), sa génération a été punie pour sa pratique de l’idolâtrie, par le fait que l'océan a débordé jusqu'à submerger 1/3 du monde.
Rachi ajoute qu'en ne tirant pas de leçon, les contemporains de Noa'h vont être punis plus sévèrement par une 2e inondation plus conséquente.

-> La guémara rapporte que pendant toute la semaine qui a précédé le déluge, Hachem a changé les lois de la nature, entraînant que le soleil se lève à l'ouest et se couche à l'est, afin d'avertir les hommes qu'ils allaient être détruits, s'ils ne faisaient pas téchouva.

-> Selon le Yalkout Chimoni (Esther 1056), lorsque la femme de Haman lui conseilla de faire une potence "haute de 50 coudées" (méguila Esther 5,14), soit entre 23 et 30 mètres de hauteur, il a cherché partout une poutre en bois de cette dimension.
Il n'y a réussi que lorsqu'il a trouvé une poutre restant de l'Arche de Noa'h (également "50 coudées sa largeur" - Noa'h 6,15).
Il l'a alors utilisé pour construire la potence sur laquelle il sera finalement pendu.

-> Il est écrit au sujet de la génération de la Tour de Babel : "Confondons leur langage de sorte que l'un ne puisse comprendre le langage de l'autre" (Noa'h 11,7).
C'est à partir de là que sont nées les 70 langues différentes de base de notre monde.
Mais quand sera-t-il à l'époque du machia'h?

Le Métsoudot David (se basant sur Tséfania 3,9) explique que toute l'humanité parlera alors le lachon hakodech (la langue sainte, l'hébreu).

<--->

-> Avant la destruction de la Tour de Babel, toutes les nations parlaient un langage commun : la langue sacrée. De plus, chaque nation possédait son propre langage.
Cela est exprimé dans le verset (Noa'h 11,1) : "toute la terre avait une même langue" = signifiant la langue sacrée ; "et des paroles semblables" = faisant référence aux langues nationales particulières.

=> [Ainsi, jusqu'à la Tour de Babel], la langue avec laquelle les différentes nations communiquaient était la langue sainte : l'hébreu.
La punition que D. leur a infligé était qu'Il leur a ôté la maîtrise de la langue sainte.
[le Imré Pin'has - Noa'h 11]

<--------->

-> L'Arche de Noa'h avaient les dimensions suivantes :
- sa longueur = entre 144 et 171 mètres ;
- sa largueur = entre 24 et 29 mètres ;
- sa hauteur = entre 14 et 17 mètres.

Peux-t-on également connaître le poids de l'Arche de Noa'h?

-> Rachi dit : "On apprend que l’arche était enfoncée de 11 coudées au-dessous du niveau des eaux ... c'était le mois de av, qui est le 10e mois à compter de ‘hechvan pendant lequel les pluies ont commencé de tomber."

Le rav Moché Heinemann y appliquant le principe de flottaison, faisant que le poids d'un objet flottant est similaire au poids de l'eau déplacée.
Ici le déplacement d'eau est de : 300 (longueur) * 50 (largueur) * 11 (profondeur d'eau) = 165 000 coudées cube.

Il faut prendre en compte le fait que l'eau de mer a une densité d'environ : 1 025 kg/m3

La guémara (Roch Hachana 12a) dit que l'eau a bouilli pendant les 40 jours qu'a duré le déluge. Cependant, la donnée de Rachi est du 1er Av, qui était 150 jours après la fin du déluge. L'eau y avait sûrement retrouvé sa température normale.

Après calcul, le rav Heinemann rapporte que l'Arche de Noa'h avait un poids total entre 21 tonnes (avis de rav Avraham 'Haïm Naé sur la mesure d'une coudée) et 36 tonnes (selon l'avis du 'Hazon Ich sur la taille d'une coudée).

<-------------------->

Les personnages de la Torah qui sont nés déjà circoncis sont :
-> Adam (midrach Tan'houma Noa'h 5) ;
-> son fils 'Hét (cf.Béréchit 5,3 : formé à l'image de Adam) ;
-> Noa'h, Yaakov et Iyov qui ont tous été dénommés "tam", en référence au fait d'être nés circoncis (Béréchit 6,9 ; Béréchit 25,27 et Iyov 1,8) ;
-> Yossef (cf.Béréchit 37,2 : du fait qu'il est comparé à Yaakov) ,
-> Moché (à sa naissance il est appelé "tov" en référence à cela) ;

-> Le Avot déRabbi Nathan (2,5) ajoute que : Chèm, Bil'am, Chmouël, David, Yirmiyahou et Zéroubavél sont tous nés circoncis.
-> Le Panéa'h Raza est d'avis que tous les enfants de Noa'h sont nés circoncis (pas uniquement Chèm).

<--->

-> Au sujet de Yossef :
Le rav Ména'hem Azaria de Pano (dans son Guilgoulé Néchamot) explique que Yossef était le guilgoul de Noa'h. Il se réincarna afin de réparer la faute de ne pas avoir réprimandé sa génération, ni d'avoir exercé sur eux une influence dans la kédoucha.

Aussi, le tikoun de Noah était de revenir en guilgoul dans Yossef Hatsadik afin de réparer sa carence spirituelle. Hachem orchestra les événements de telle sorte que toutes les néchamot de la génération du déluge furent réincarnées dans les enfants d'Israël, asservis en Egypte.
Ainsi, Yossef Hatsadik, en se préservant de l'immoralité en Égypte, réussit à influencer par sa sainteté le peuple juif tout entier. Par le mérite de Yossef Hatsadik, tous les membres du peuple furent protégés de l'immoralité.

Le Rama miPano conclut qu'à l'appui de ces éléments nous constatons la bienveillance d'Hachem envers Ses créatures et leur réparation, car Hachem a orienté et dirigé l'Histoire du monde afin que Noa'h et sa génération puissent réparer leurs âmes.

-> Au sujet de Moché :
Le Arizal développe cette idée que Noa'h est venu en réincarnation en Moché pour réparer sa défaillance.
[à ce sujet voir par exemple : https://todahm.com/2017/01/12/37660 ]

Par ailleurs, il est écrit : "Elle (Yo'hévét) vit qu'il était "bon" (טוב), elle le cachar pendant 3 mois" (Chémot 2,2).
Le mot טוב (bon) a une valeur numérique égale à 17. Par inspiration divine, Yo'hévet comprit que Moché venait, 17 générations après Noa'h, effectuer le tikoun, c'est-à-dire la réparation de Noa'h.
Dans sa sagesse, elle dressa donc une correspondance : tout comme Noa'h fut sauvé par une arche au milieu des eaux, de même Moché sera sauvé par l'intermédiaire d'une arche au milieu des eaux.