Aux délices de la Torah

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Construction du Temple, venue du Machia’h :

++ Construction du Temple, venue du Machia'h :

+ Nécessité de le demander :

-> "En Ton secours j'espère Hachem" (Vayéhi 49,18)

Le midrach rabba (Béréchit 98,14) commente qu'afin de recevoir toute bonne chose, nous avons besoin de la désirer.
C'est que lorsque Yaakov a désiré la guéoula, il en a rapproché la réalisation de cette réalité.

-> "Lorsqu'il y aura une génération qui désirera Mon Royaume, alors elle sera immédiatement délivrée."
[midrach Yalkout Chimoni Eikha 997]

-> Le Séfer 'Harédim rapporte que puisque la destruction du Temple prend racine dans la faute des explorateurs qui ont manqué d'enthousiasme pour la terre d'Israël, afin de réparer cela nous devons témoigner un maximum d'enthousiasme pour la terre d'Israël et son Temple.

-> "Il n'y aura pas de Temple, du Royaume ultime de Hachem, et du machia'h, tant que les juifs ne le demanderont pas"
[Rachi - Ochaya 3,5]

Le Mahari (Yéchayahou 21,12) dit que nous avons déjà dépassé notre temps requis en exil, mais pour que la guéoula vienne nous devons le demander.

-> Le 'Hafets 'Haïm enseigne également que Hachem n'amènera pas la guéoula, même si nous en sommes méritants et que le temps est déjà arrivé, sauf si nous le demandons.

En ce sens, il conseille d'être sincère et de ressentir pleinement des émotions, lorsque dans nos 3 prières journalières nous demandons la reconstruction du Temple au plus vite.
[ce n'est que des paroles récitées avec précipitation, c'est un besoin vital : D. on ne veut pas vivre en étant loin de toi! Envoie-nous vite le machia'h!]

-> Le Ramban (Chémot 2,25) prend l'exemple des juifs esclaves en Egypte, qui ont prié et pleuré vers Hachem.
Bien qu'ils n'avaient pas les mérites pour sortir, grâce à leur prière de tout cœur, ils ont pu obtenir ce que Hachem leur avait préparé.

-> Le Sforno (Chir haChirim 2,9-15) dit que c'est la même méthode dans chaque exil.
Hachem se cache jusqu'à que nous Lui témoignons que nous ne pouvons pas exister sans Sa proximité et sa libération.

=> Hachem attend d'entendre nos voix, nos désirs d'être plus proches de Lui.

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-> La guémara (Yoma 21b) fait remarquer que le 2e Temple était nettement moins bien que le 1er, la présence divine y étant moins présente.
Pourquoi cela?

La guémara (Yoma 9b) rapporte que c'est parce que tous les juifs n'ont pas participé de tout cœur à sa reconstruction.
En effet, beaucoup ne sont pas retournés en Israël, préférant rester en exil à Bavèl.

Si tous les juifs s'étaient tous rejoints avec enthousiasme, la présence divine aurait été aussi présente que lors du 1er Temple.

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-> Lors du 2e Temple, la Présence Divine ne résidait pas parmi les juifs, mais était réfléchie du Temple d'En Haut vers le Temple d'en bas.
[Méam Loez - Vézot haBéra'ha 33,12]

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+ Que pouvons-nous faire au niveau individuel?

Le Ram'hal (Messilat Yécharim 19) répond :
"Chaque chose que fait une personne est important, et Hachem attend les prières de chacun.

Même si nos prières ne parviennent pas à reconstruire le Temple, Hachem prend beaucoup de plaisir de chacun de Ses enfants qui partage Ses désirs et prie pour la reconstruction de Sa maison.
Bien qu'il semble que nos efforts ne produisent aucun changement notable, nous ne devons pas laisser cette pensée nous en dissuader.

Chaque prière du fond du cœur est un accomplissement incomparable et nous rapproche (de D. et du Temple)."

-> De plus, chaque personne peut se construire en lui-même son propre "Temple".
Sa relation unique avec Hachem, lui permet d'être plus proche de D., comme pouvait le faire le Temple.
Par nos prières sincères, on peut amener la guéoula sur soi-même, en même temps que d’accélérer la venue de la guéoula collective.

-> "Lorsque les juifs sont revenus pour le 2e Temple, leur guéoula a été proportionnelle à leur désir pour la guéoula."
[Kouzari 2,24]

=> Plus on exprime un désir d'être proche d'Hachem, plus la reconstruction du Temple sera magnifique.

Notre Temple personnel aura une importance, une "efficacité" proportionnelle aux pleurs, à l'expression de notre désir sincère de vouloir être proche d'Hachem.

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-> Le Ibn Ezra (Téhilim 102,18) explique que Jérusalem est construite par le biais de nos prières.

-> Le Kouzari (maamar 2 ot 24) écrit que si nous avions dit les prières que nous avons déjà récitées pour le retour du Temple et de la Présence Divine à Jérusalem, avec les bonnes intentions et sentiments, alors nous aurions déjà mérité de la voir. Le problème est que nous disons ces prières comme des perroquets.

-> Le rav 'Haïm Vittal et le Imré Noam enseignent que particulièrement à notre époque (précédant la venue du machia'h), nous devons mettre un accent considérable sur le renforcement de nos prières.

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+ Prendre le deuil, s'attrister :

-> "Tout celui qui pleure pour Jérusalem méritera de partager sa joie [quand le Temple sera reconstruit], tandis que celui qui ne s'en attriste pas, n'en profitera pas."
[guémara Taanit 30b]

-> Le Ritva (Taanit 30b) dit que cela s'applique même aux personnes mortes, qui reviendront avant les autres spécialement pour se joindre à ce moment.

Il explique que la résurrection des morts se fera en 2 étapes :
- 1ere étape : au début de l'ère messianique, qui sera réservée à ceux qui auront attendu la venue du machia'h en exile.
Puisque de leur vivant, ils attendaient impatiemment la reconstruction du Temple, ils vont mériter de voir sa reconstruction, qui aura lieu avec l'arrivée du machia'h (guémara Taanit 30b).

- 2e étape : Ceux qui ne se seront pas attristés pour le Temple, ne se lèveront pas à ce moment, mais uniquement au "Grand jour du Jugement", qui se tiendra à la fin de la période messianique.

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-> La guémara utilise le terme : "bésim'ha" (litt. dans sa joie).
Que veut-on dire par le fait que nous verrons Jérusalem "dans sa joie", plutôt que de dire : reconstruire?

Le rav 'Haïm Yossef Kofman répond que lorsque nous mériterons de voir Jérusalem reconstruite dans toute sa gloire, avec la splendeur du Temple, et la lumière de la Présence Divine, pas tout le monde aura une perception identique de cette réalité.
En effet, nos Sages nous enseignent qu'une personne qui prendra le deuil de Jérusalem d'un cœur entier, non seulement méritera de voir sa reconstruction physique, mais également elle méritera une bénédiction spéciale de pouvoir apprécier cette joie.

[ainsi, le plus nous nous lamentons sur la destruction du Temple, le plus nous ressentirons de la joie suite à sa reconstruction!
Nous pensons à tord que prendre le deuil de Jérusalem doit venir naturellement/passivement, mais en réalité, c'est un travail constant. Plus nous prenons conscience de ce qu'il nous manque à cause de cela, plus nous venons à en être attristés.
Ainsi, mesure pour mesure pour les efforts que nous déployons pour prendre à cœur la disparition du Temple, Hachem nous récompensera en nous offrons de la joie supplémentaire lors de sa reconstruction.]

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-> Le Maharal explique que l'on s'attriste lorsque l'on ressent un manque.
Plus on ressent que la perte est importe, plus notre tristesse sera grande.
Celui qui ne se lamente pas clairement, ne ressent pas qu'il lui manque quelque chose.

Une personne qui ne ressent pas le vide de Jérusalem ne ressentira pas les réjouissances lorsqu'elle sera reconstruite.
Ce n'est pas une punition, c'est uniquement qu'une telle personne n'a pas de raison d'y être inclue.

-> Hachem dit aux juifs : "Vos fautes ont entraîné la destruction de Ma maison et le fait que Mes enfants aillent en exil. Si vous témoignez de l'intérêt pour leur retour paisible, Je vous pardonnerai et vous bénirai par la paix"
[Dérekh Erets Zouta - Pérek Shalom]

-> "Tout juif qui étudie la Torah convenablement et ressent de la tristesse pour le manque d'honneur de Hachem et du peuple d'Israël, et qui est attristé sur le manque de gloire de Jérusalem, le Temple et la guéoula finale, il recevra le roua'h haKodech"
[Tana déBé Eliyahou rabba - chap.4]

-> "Il a été passé au travers des générations et connu pour être véridique, que toute personne qui pense régulièrement à la douleur de la présence divine en raison du fait d'être en exil, méritera la couronne de la Torah."
[Kav haYachar - chap.93]

-> Rabbi Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Chémot) rapporte que lorsqu'il était jeune, il trouvait la synagogue pleine de personnes simples (de monsieur tout le monde) qui pleuraient en lisant le tikoun 'hatsot (décrivant la présence divine en exil et priant pour la guéoula).

-> La guémara (Guittin 57a) rapporte qu'un nombre élevé de grands tsadkim vivant à Kfar Sachanyah, ont été tués.
De quelle faute ont été coupables ces tsadikim pour mériter une telle punition?

La guémara répond : c'est parce qu'ils ne s'attristaient pas sur la destruction de Jérusalem.

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-> Le Yaabets (Siddour beit Yaakov) enseigne :
"A mon avis, (le fait de ne pas s'attrister sur la destruction de Jérusalem) est la raison la plus évidente pour les persécutions constantes qui dévastent régulièrement les communautés juive au travers l'exil.
Nous devenons confortable et nous en oublions que notre véritable maison a été détruite et que c'est une raison pour nous lamenter.

Alors, Hachem nous envoie les non-juifs pour renouveler le goût amer de l'exil dans nos bouches."

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-> A la suite du 2e Temple, un groupe de juifs s'est interdit de manger de la viande et de boire du vin pendant toute l'année.
Ils disaient : "Comment pouvons-nous manger de la viande maintenant que l'Auterl (mizbéa'h) n'a plus de viande à consommer? Comment pouvons-nous boire du vin alors que nous ne versons plus de vin dans le Temple?"

Les Sages n'ont pas approuvé leur comportement, les décourageant d'agir ainsi, car selon eux ces restrictions étaient trop difficiles à suivre par le peuple tout entier.
[guémara Baba Métsia 60b]

Les Sages ont donc limité cette pratique dans le temps.

-> Au moment du birkat haMazone nous devons recouvrir les couteaux, car nos Sages ont peur que par le simple rappel de la destruction du Temple nous en venions à nous tuer de douleur.

-> "Si je t’oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service!
Que ma langue s’attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies!" (Téhilim 137,5-6)

-> Nos Sages ont institué des rappels durant l'année : à son mariage un jeune marié va mettre des cendres sur son front en se dirigeant vers la 'Houpa ; nous cassons un verre pour se souvenir de cette destruction, ...

Au sommet d'une construction personnelle, d'une joie, nous n'oublions pas que Jérusalem doit être reconstruire.

-> Par ailleurs, sur le mur faisant face à l'entrée de notre habitation, nos Sages ont demandé de laisser un souvenir de la destruction du Temple, pour s'en rappeler à chaque fois que l'on rentre.

Cette mitsva consiste à laisser un carré sans peinture (ou papier peint) en gardant le plâtre apparent, sur une largeur de 48cm et une longueur de 48cm. (Choul'han Aroukh 560,1)

Le rav 'Haïm Falaji écrit que ceux qui la respectent selon la loi juive, leur maison sera protégé ainsi que leurs habitants.

Si l'on achète une habitation ayant déjà les murs peints ou tapissés, on pourra les laisser sans devoir gratter la peinture ou enlever le papier peint, mais il sera bon de le faire pour respecter cette mitsva de souvenir du 'horban.

-> A la vue des ruines du Temple, nous devons déchirer notre vêtement, à l'image de quelqu'un qui de perdre un proche parent.
[Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 561,2]

-> Lors d'un banquet, nous devons laisser sur la table un coin vide sur lequel on ne disposera pas de mets, en souvenir du Temple (Choul'han Aroukh 560,2).
Le Shabbath cela n'est pas nécessaire.

-> Les femmes ne se pareront pas de tous leurs bijoux à la fois, et ce, afin que leur joie ne soit pas entière. (Choul'han Aroukh)

-> Normalement nous de devrions plus écouter de la musique avec instruments, sauf à l'occasion d'un mariage ou autre moment de joie, de mitsva.
A notre générations, les décisionnaires ont écrit que puisque l'on manque beaucoup de paix intérieure, et comme de nombreuses personnes souffrent de tristesse, de dépression ou de stress, la musique n'est plus tout à fait une source de joie, mais plutôt de calme et de guérison.
De plus, de nombreux chants permettent de renforcer l'homme dans le service de D., rendant permis le fait de les écouter.

L’impact du Temple sur les juifs

+ L'impact du Temple sur les juifs :

-> Au Temple, la sainteté et la présence divine étaient évidentes, comme palpables.
La crainte de D. y était inévitable.
[le Radak - Téhilim 68,36]

-> Le Temple injectait une conscience de Hachem dans leurs veines.
[Yaabetz - Pirké Avot 5,23]

-> Par le simple fait de marcher dans le Temple, on ressentait une montée de sainteté en nous.

La loi juive demande d'être pieds nus dans l'enceinte du Temple (azara), et le contact physique avec le sol sacré les remplissaient d'une compréhension spirituelle.
Cela les amenaient à un niveau de roua'h haKodech (inspiration divine).
[Rabbi Yonathan Eybeschütz - Yaarot Dévach - drouch 11]

-> Le midrach rabba (Béréchit 65,22) rapporte l'exemple de Yossef Méchita.
Lorsque le 2e Temple a été détruit, les non-juifs ont demandé à ce que le 1er qui entrerait dans le lieu saint pour piller le Temple soit un Juif [ce fut sûrement dans l’intention de rabaisser encore davantage le peuple juif].

Après avoir endossé cette responsabilité, un homme du nom de Yossef Méchita (qui était resté loin de ses racines et faisait partie des soldats non-juifs) pénétra ainsi dans le Temple et en ressortit en emportant avec lui la magnifique Ménora.

Les non-Juifs voulurent garder ce trésor, et lui demandèrent alors d'entrer à nouveau afin de dérober d’autres trésors qu'il pourrait garder pour lui. Mais cette fois-ci, l’homme refusa et déclara : "J’ai déjà mis une fois mon Créateur en colère, pourquoi recommencerais-je ?"

Les non-Juifs essayèrent de le soudoyer en lui proposant beaucoup d’argent, un poste important, ... ; puis, ils le menacèrent de le torturer, et enfin de le faire mourir. Mais Yossef Méchita s'obstina.
Les non-Juifs l’exécutèrent après lui avoir fait subir de terribles souffrances en le découpant avec une scie à bois.

Tandis qu’il rendait l’âme, Yossef Méchita hurlait, mais ce n’était pas à cause de la douleur.
Voilà ce qu’il criait : "Malheur à moi qui ai mis en colère mon Créateur ! Malheur à moi qui ai mis en colère mon Créateur !"

Comment expliquer une transformation si complète?

Selon le rav de Poniovitch, c'est parce qu'il a pu faire quelques pas dans le Temple, ce qui a suffit à changer tout son système de valeur, au point d'être prêt à mourir pour Hachem (kidouch Hachem).

=> Si une personne qui était très loin de D. (au point d'être prête à y entrer pour y voler des objets sacrés, ce que même les envahisseurs n'osaient alors pas faire), avait la possibilité d'être prête à tout pour faire la volonté de D., on peut se rendre compte du pouvoir incroyable du simple fait de marcher dans le Temple.

Lorsque les juifs venaient au Temps pour les fêtes, ils faisaient entrer en eux de la sainteté qui allait les accompagner pendant toute l'année, afin d'agir d'une manière très élevée et proche de Hachem.

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+ La prophétie :

-> Le Temple était un générateur de prophétie, qui est le niveau le plus élevé d'attachement à Hachem.

Les Portes du Ciel se trouvait (ouvertes) là-bas, et c'était ainsi l'endroit où il était le plus facile de devenir proche de D.
[Rabbénou Bé'hayé - Kad haKéma'h - Avèl 4]

-> Le Ran (drachot haRan 8) appelle le Temple : "la maison faite pour amener un déversement de prophétie et de sagesse".

-> A Souccot, le "temps de notre joie", pendant 'hol haMoéd, il y avait une fête incroyable autour de la libation de l'eau.

Le midrach rabba (Béréchit 70,8) dit que la grande joie n'était pas en lien avec l'eau, mais plutôt du fait de puiser du roua'h haKodech.
C'était un moment où tous les participants pouvaient énormément être élevés au point de recevoir le roua'h haKodech (qui correspond au plus grand niveau d'attachement avec Hachem).

Selon la guémara (Yérouchalmi Soucca 5,1), le prophète Yona a pu atteindre le roua'h haKodech, uniquement en rejoignant la fête de "Sim'ha Beit haChoéva".

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+ La sagesse :

-> Les habitants de Jérusalem, de par leur proximité avec le Temple, avaient par exemple une sagesse légendaire.

Le midrach rabba (Eikha 1,4) rapporte que si un habitant de Jérusalem voyageait à l'étranger, il était accueilli avec beaucoup d'enthousiasme.
Les habitants de cette ville lui offrait un magnifique fauteuil et se réunissaient tous autour de lui, dans l'attente avide d'entendre de sa bouche des perles de sagesse.
Et ils n'en étaient jamais déçus.

-> Le midrach rabba (Eikha 1,4-13) rapporte des récits montrant que les habitants de Athènes étaient grandement impressionnés par l'intelligence et l'esprit aiguisé des habitants de Jérusalem.

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-> "Comme D. a assombri la fille de Sion dans Sa colère" (Eikha 2,1)
Selon une interprétation, l'obscurcissement de Sion représente l'assombrissement de l'intellect.
Les habitants de Jérusalem étaient célèbres pour leur sagesse mais après la destruction du Temple, leur discernement a été obscurci.

La guémara ('Haguiga 56) raconte l'épisode suivant : rabbi Yéhouda haNassi, qui a rédigé la michna, était en train d'étudier le livre d'Eikha. Lorsqu'il est arrivé au verset : "Il a précipité la gloire du ciel jusqu'à terre" (Eikha 2,1), il fut si bouleversé que le rouleau de parchemin lui est tombé des mains.
Il s'est exclamé : "D'un toit élevé à une fosse profonde!"

[il faut s'imaginer la perte du Temple comme passer du ciel à la terre, d'un toit élevé [ex: en spiritualité] à une fosse profonde. La perte est énorme pour les juifs!]

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+ Les prophètes à l'époque du Temple :

-> La guémara (Méguila 14a) nous enseigne qu'au travers toute l'histoire du peuple juif, il y a eu 1 200 000 prophètes.

-> Selon la guémara (Sotah 48b), au début du 1er Temple, la prophétie était quelque chose de très répandue, mais avec le temps elle est devenue de plus en plus rare, jusqu'au point d'être entièrement perdue peu après la construction du 2e Temple.

-> Le Ramban (Vayikra 26,11) décrit que lorsqu'un tsadik était malade, il allait rendre visite à un prophète.

A cette époque, les médecins n'avaient la visite "que" par les personnes ordinaires du peuple.
L'élite avait la capacité de traiter leur maladie à la source.
En effet, le prophète leur disait qu'elle était la faute à l'origine de la maladie, et il suffisait alors de faire téchouva pour être guéri.

-> Un prophète avait la possibilité de tout savoir sur la vie d'une personne, y qui compris tous ses secrets.
[guémara Yoma 75a]

=> Un des impacts de l'existence du Temple est la présence de nombreux prophètes, qui vont donner des conseils de vie aux juifs, afin de pouvoir constamment être à un niveau de grande proximité avec Hachem.

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+ Le Cohen Gadol :

-> Le Cohen Gadol était considéré comme le responsable de la génération.

Selon nos Sages, il devait influencer les juifs à faire téchouva par le biais de ses prières.
D'ailleurs, si un juif était puni en raison de ses fautes, dans une certaine mesure, le Cohen Gadol en était également tenu pour responsable.
En effet, ses prières n'ont pas dû être assez fortes pour pouvoir l'amener à faire téchouva.
[guémara Makot 11a et Maharcha]

-> En tant que responsable de tous les juifs, c'est lui qui était en charge d'obtenir le pardon pour les fautes de tous les juifs, le jour de Kippour.
Afin de lui permettre de faire cela, Hachem lui révélait les fautes des personnes.
C'est ainsi qu'au moment de faire la confession des fautes (vidouï) de tous les juifs, il savait avec précision les fautes sur lesquelles demander pardon à D.

Grâce à cette connaissance de chacun, il donnait aussi des conseils (et encouragement) à chaque juif pour qu'il puisse améliorer son service divin.

[Gaon de Vilna - Michlé 27,9]

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+ Le pouvoir d'expiation :

-> La guémara (Yoma 39b) nous enseigne que le Temple était appelé : "Lévanon", mot ayant comme racine : "lavan" (blanc), une allusion au fait qu'il blanchissait et nettoyait les fautes des juifs.

-> Le Gaon de Vilna (Chir haChirim 1,17) explique que même si une personne fait téchouva, elle ne peut pas se débarrasser totalement de sa faute.
Par contre, après avoir apporté un sacrifice (korban), il ne reste absolument rien.

-> Les fautes pesaient lourdement dans le cœur des gens, et ils attendaient avec impatience leur voyage à Jérusalem, où ils auraient alors l'occasion de se débarrasser de ce fardeau spirituel.

Lorsqu'ils avaient la possibilité de rendre visite au Temple, ils y offraient les sacrifices nécessaires, et ils marchaient ensuite en étant plein de joie et de paix, libre comme un oiseau.
[midrach Yalkout Chimoni Téhilim 755 - pérek 48]

-> Le Ari zal (Likouté Torah Vayakel 38,8) rapporte un fait intéressant.
La puissance du pardon par le biais d'un sacrifie pouvait être plus forte si l'on avait un Cohen méritant.

Le Cohen regardait le visage du juif (ou son reflet dans le kior si c'était une femme), afin de voir la nature de la faute faite.
Le Cohen avait la faculté de voir les intentions et les motivations, et ce qui a pu être abîmé par la faute.
Suite à cela, il pouvait apporter le sacrifice avec les pensées appropriées afin de restaurer la personne dans son état d'avant la faute.

-> "Aucune personne n'est jamais restée à Jérusalem et n'a gardé une faute sur elle.
Le korban Tamid du matin pardonnait pour tout ce qui avait pu se produire pendant la nuit précédente, et le Tamid de l'après-midi, sur ce qui a pu se passer pendant la journée"
[midrach rabba Bamidbar 21,21]

-> La guémara (Yoma 67a) rapporte que le jour de Kippour, il était possible de voir le moment où le pardon demandé par le Cohen Gadol, était accepté par Hachem.
En effet, un morceau de laine rouge accroché dans le Temple, passait alors au blanc neige.

[Les âmes de tous les juifs redevenaient alors blanches comme neige].

=> Le fait d'être toujours "blanc", permettait de bénéficier d'une proximité incroyable avec Hachem.

Cette possibilité de pouvoir facilement se laver de nos fautes, nous permettait d'éviter de devoir beaucoup souffrir comme moyen de réparer nos fautes.

=> En plus d'un éloignement avec Hachem, la destruction du Temple a causé qu'au lieu d'apporter un simple sacrifice, nous devons apporter des souffrances (tous nos malheurs proviennent de cela!).

"La destruction du Temple a été comme la mort pour les juifs.
L'âme du peuple d'Israël leur a été arrachée, les laissant comme un corps sans vie. "

[le Gaon de Vilna - Sifra déTsniouta - Lilout 9]

En effet, à la différence des autres êtres vivants (où seul le cœur doit battre), pour un juif le fait d'être vivant se retrouve principalement dans sa capacité à se connecter avec Hachem.
Or, le Temple représente la forme la plus élevée et la plus pure de connexion avec Hachem, la source de toute vie.

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-> Lors des 3 semaines menant au 9 Av 1492, à l'époque du rav Don Its'hak Abarbanel, il y a eu plus de 100 000 juifs qui ont choisi de quitter l'Espagne plutôt que de se convertir.
Bien que normalement durant cette période des 3 semaines, il nous est interdit de jouer de la musique, nos Sages de cette génération ont alors décrété une permission spéciale de pouvoir jouer des instruments afin d'élever les esprits abattus de ces juifs expulsés, de leur redonner de l'espérance et de la confiance en Hachem.
Mais, en agissant ainsi nos Sages voulaient également enseigner à ces juifs que nous ne pleurons pas sur un changement de lieu d'exil, nous pleurons uniquement sur notre départ de Jérusalem.

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Au cœur de la vie juive, nous trouvons le pouvoir de la prière et la force de l'étude de la Torah.
Nous allons voir b'h, ce que nous y avons perdu avec la destruction du Temple.

+ La prière :

-> "[Hachem dit : ] Ma maison sera dénommée : Maison des prières" (Yéchayahou 56,7)

-> Yaakov a déclaré : "Que ce lieu est redoutable! Ce n'est autre que la demeure de D. et ceci est la porte des cieux" (Vayétsé 28,17)

Le Targoum Yonathan commente : "ce n'est pas un lieu ordinaire, c'est un lieu convenable pour la prière".

Rachi explique : "c'est la porte des cieux, c'est-à-dire le point d'où les prières s'élèvent vers D."

-> "[Le Temple est ] le lien entre la terre et le Ciel, une route directe, entièrement dégagée pour que les prières s'élèvent"
[Ets Yossef - Béréchit rabba 69,7]

-> Lorsque le roi Chlomo a terminé la construction du Temple, il a prié Hachem : "Que Tes yeux soient ouverts nuit et jour sur cette maison, sur ce lieu dont tu as dit: "Mon nom y régnera", et que tu entendes les prières, ... les supplications de ton serviteur et de ton peuple Israël, proférées en ce lieu ; du haut du ciel où tu résides, tu les écouteras et tu pardonneras." (Méla'him I 8,29-30)

-> Le Maharcha (guémara Baba Métsia 59a) rapporte que si un juif n'avait pas la possibilité d'aller au Temple, il était quand même leur solution à leurs problèmes puisqu'il permettait à toutes les prières de passer.
Ce qui explique pourquoi nous nous tournons (encore aujourd'hui) vers le Temple lorsque nous prions (guémara Béra'hot 30a).

-> "Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?" (Vaét'hanan 4,7)
Ainsi, la prière est la plus grande preuve de notre proximité avec D.

Le Yérouchalmi rapporte que les non-juifs servent des idoles qui sont proches d'eux, au sein même de leur maison, mais cependant leurs dieux ne les écoutent pas et ne font rien pour eux.
Leurs dieux semblent extrêmement proches d'eux, mais ils n'ont aucun lien avec eux.
A l'inverse, lorsque les juifs prient il semble que Hachem est très loin, dans le Ciel tandis que nous sommes sur terre, mais en réalité Hachem est extrêmement proche.
Hachem place Ses "oreilles" juste à côté de notre bouche pour entendre nos prières. De plus, Il a une affection et un amour infinis à notre égard (plus qu'aucun parent ne pourra avoir envers ses enfants).

-> "Qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère" (Téhilim 81,10)
Le rabbi Mendel de Kotzk explique que l'on ne doit pas penser que Hachem est comme un étranger (zar) qui n'est pas intéressé par nos prières, et qui est distant de nous. Mais nous devons plutôt être persuadés qu'Il désire beaucoup les entendre et qu'Il y répondra.

-> "ou yikraéni : avi ata, éli vétsour yéchouati" (Téhilim 89,27)
Le Yessod haAvoda explique :
- "ou yikraéni : avi ata" = lorsqu'une personne crie [intérieurement] : Papa à l'aide! (avi ata) ;
- "éli vétsour yéchouati" = alors Hachem lui amène le salut, la délivrance (yéchoua).
["Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons?"]

-> "Je cacherai assurément Ma face en ce jour" (Vayélé'h 31,18)

Le Ibn Ezra explique : lorsque Hachem cache Sa face c'est une allusion au fait qu'Il ne répond plus à nos prières
Nous avons détruit tout le pouvoir de la prière avec la destruction du Temple.

-> Selon la guémara (Béra'hot 32b), le prophète Yé'hezkiel a reçu une prophétie spécifique afin d'avertir les juifs que lorsque le Temple sera perdu, le canal direct pour les prières sera également détruit.

Comme il est écrit dans Eikha : "En vain je crie et appelle au secours, il ferme tout accès à ma prière" (v.3,8) ou bien encore : "Tu t'es entouré de nuages, pour empêcher les prières de passer"(v.3,44).

La guémara (Béra'hot 32b) enseigne que les Portes du Ciel ont été fermées à ce moment là, comme si un mur a été érigé pour nous séparer de Hachem, qui nous refuse alors toute proximité avec Lui.

-> "Ce qui pouvait être réalisé par 1 seule prière à l'époque du Temple, ne peut s'accomplir de nos jours qu'avec de nombreuses prières et avec beaucoup de miséricorde divine"
[Maharcha - guémara Baba Métsia 59a]

La prière est évidement toujours indispensable et vitale (si on ne demande pas à D., on ne peut pas avoir), mais sans le Temple nous devons fournir des efforts beaucoup plus nombreux pour espérer qu'elles soient acceptées.

Avec le Temple, on ouvrait la bouche et l'on recevait une pluie de bénédictions.

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+ L'étude de la Torah :

-> Le midrach rabba (Kohélet 11,12) décrit la Torah que nous avons aujourd'hui comme "vide" (néant) en comparaison avec la Torah qu'il y aura au temps du machia'h.

-> Après la destruction du Temple, les secrets de la Torah ont été perdus du public, et jusqu'à l'arrivée du machia'h, ils ne peuvent être enseignés qu'en privé.
La Torah a été perdue à tous les niveaux.
[Gaon de Vilna - Chir haChirim 8,1]

-> La guémara ('Haguiga 5b), se basant sur les paroles de Yirmiyahou (v.13,17), rapportent les 3 larmes qu'a pu avoir Hachem suite à la destruction du Temple.

La 1ere larme portait sur la perte du 1er Temple ; la 2e larme sur la perte du 2e Temple, et la 3e larme était sur l'exil qui a causé une perturbation dans l'étude de la Torah.

-> Chaque nuit, un cri de douleur éclate au Ciel pour chacune de ces pertes.
[guémara Béra'hot 3a]

=> De même que la perte du Temple est toujours palpable, de même l'affaiblissement dans l'étude de la Torah est constamment perçue comme une tragédie.
C'est un désastre dont il est approprié de prendre le deuil chaque jour.

[moins de Torah, c'est moins de bénédictions, c'est moins de connaissance, de lien avec Hachem (puisqu'en nous donnant la Torah, D. nous a donné une partie de Lui-même), ]

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-> La michna Broura (fin du siman 580) rapporte que suite à la destruction du Temple, le contrôle de la Torah a été pris par les forces du mal (klipot), et d'écrire : "Pour chaque juif, cela est une raison appropriée pour pleurer. Toute personne qui a un lien avec la Torah doit en être émue aux larmes."

-> Le Gaon de Vilna enseigne que depuis la destruction du Temple, la capacité de faire des 'hidouchim, de trouver de nouvelles approches dans la Torah a été perdue.

Il explique que nous pouvons au mieux espérer obtenir d'autres idées concernant ce qui a pu déjà être dit, mais nous ne pouvons plus rien apporter de nouveau.
A l'époque du Temple, cependant, la Torah était florissante et chaque personne ajoutait sa part de nouveautés à la Torah.

-> La michna (Sotah 49a) affirme que peu de temps avant la destruction du 2e Temple, l'honneur de la Torah a cessé d'être.
Jusqu'alors tout le monde restait debout pendant tout le temps où il étudiait la Torah afin de l'honorer.

[cela s'est terminé en même temps que la mort de Rabban Gamliel, 20 ans avant la perte du Temple]

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-> La destruction du Temple a entraîné la fin du Sanhédrin qui avait la capacité de statuer sur l'unique version correcte de la Torah. (Tossefta Sanhedrin 7,1)

La guémara (Sanhedrin 86b) enseigne la loi de : "zakèn mamré", faisant que toute personne s'opposant à la décision du Sanhédrin méritait la peine de mort.

=> Il y avait ainsi une unité totale dans la loi juive.

-> La guémara (Sanhedrin 88b), ainsi que Rachi (Baba Métsia 33b) rapportent l'idée que la destruction du Temple a apporté une obscurité dans la Torah, puisque c'est à partir de ce moment que sont apparus les désaccords dans la loi juive (makhlokét).

=> Avant la perte du Temple, la Torah était magnifique, brillante de clarté par un feu uni de la Torah.

-> Il est écrit : "Il m'a relégué dans des régions ténébreuses comme les morts" (Eikha 3,6)

La guémara (Sanhedrin 24a - Rachi) commente que ce verset fait référence à l'étude de la Torah à Bavél (et ensuite), où ils argumentaient constamment sans arriver à une clarification finale.

C'est l'obscurité de la mort puisqu'il manque une clarification totale : la clarté de la Torah.

=> Hachem pleure le fait que la clarté de la Torah soit aux mains d'une élite, et que la quasi-totalité du peuple juif est comme une bougie sur le point de s'éteindre.

[le midrach Tan'houma rapporte qu'à la génération du roi David, il y avait une capacité à voir l'ensemble des arguments pour chaque point de loi juive.

En perdant le Temple, on a perdu un énorme proximité avec Hachem et Sa Torah, et la baisse de niveau dans l'étude de la Torah a été terrible (au point que D. pleure cela tous les jours!).

De plus, sans la Torah pour nous protéger et purifier, nous sommes aux mains de notre yétser ara et autres ennemis de ce monde, ce qui est la source de nos tragédies.]

"J'ai imploré Hachem" (Vaét'hanan 3,23)

-> Rachi : [Implorer] : C’est là une des 10 manières de désigner la prière.
Elle exprime toujours la notion de don gratuit. En effet, les justes, dans leur humilité, évitent d'invoquer leurs bonnes actions et font appel à la miséricorde de D.

-> Selon le midrach, le mot : implorer (vaét'hanan - ואתחנן) a une guématria de 515, qui est la même que : prière (Téfila - תפלה), et également que : chant (Chira - שירה).

Le 'Hatam Sofer fait remarquer que si nous ajoutons 26 (qui est la valeur du nom de D.) à ce mot, on obtient : 541, qui la valeur numérique du mot : Israël (ישראל).

=> Israël est défini par cette capacité à prier vers Hachem.

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-> Le midrach (Dévarim rabba 11,10) rapporte que si Moché avait fait encore une seule prière, il aurait été exaucé.
S'il s'est arrêté, c'est uniquement car Hachem lui a dit : "C'est trop pour toi! Ne continue pas à Me parler davantage de cette chose" (Vaét'hanan 3,26)

Selon le midrach, Moché n'a jamais désespéré et a continué à prier, et ce malgré la déclaration solennelle de D. qu'il n'entrerait pas en Israël.

=> De même, nous ne devons jamais renoncer à demander la miséricorde de D.
[chaque prière prend un temps différent avant de s'accomplir, mais par définition aucune prière n'est inutile ]

-> Rabbi Gamliel Rabinovitch enseigne que le but principal d'une prière n'est pas qu'elle soit entendue par D.
L'objectif : c'est la prière en elle-même, car elle permet de se connecter à Hachem.

Le mot "téfila" vient du mot "naftali", qui signifie selon Rachi (Béréchit 30,8) : s'associer, se lier avec .
Au travers de la prière, nous nous lions et nous attachons avec notre Créateur.
Plus nous y mettons du cœur, plus ce lien sera solide et profond.

Selon nos Sages, notre requête n'est pas exaucée par le fait de l'avoir demandée, mais par le mérite d'être devenu plus proche de Hachem, d'avoir mis toute sa confiance en Lui pour obtenir l'objet de la requête.

Quoi qu'on puisse demander à Hachem, cela restera toujours secondaire par rapport au fait que cela nous aura permis de renforcer nos liens avec papa Hachem.

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+ "J'ai imploré Hachem à ce moment en disant (לאמר)" (Vaét'hanan 1,23)

Le terme "en disant" (lémor) signifie que le message doit être transmis à quelqu'un d'autre, généralement au peuple juif.
Quel est ce message?

Même si une personne est dans une situation difficile, elle doit toujours prier à Hachem dans la joie, comme si elle n'avait aucune souffrance ni douleur.

En effet, bien que Moché était dans une situation remplie de souffrances de ne pas pouvoir entrer en Israël, il a néanmoins prier dans la joie.
Le terme : לאמר (en disant) peut être lu : לא מר (sans amertume - lo mar).

[Ben Ich 'Haï - Od Yossef 'Haï]

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-> Moché ne voulait pas uniquement entrer en Israël afin de pouvoir y accomplir toutes les mitsvot liées à cette terre.
Il voulait préparer la terre d'Israël pour le peuple juif.
Il voulait y réaliser toutes les mitsvot d'une façon parfaite, ce qui aurait préparé le terrain et rendu leur accomplissement beaucoup plus facile pour les générations à venir.

Nous retrouvons ce même principe avec Yossef.
Le midrach (Vayikra rabba 32,5) dit que Yossef est venu en Egypte avant les autres juifs, et qu'il s'est protégé de l'immoralité très présente là-bas.
Par son mérite, tous les juifs ont été protégés de l'immoralité lorsqu'ils sont venus ensuite en Egypte.

Hachem a répondu à Moché que bien qu'il ne pourrait pas aller en terre d'Israël et y réaliser les mitsvot, néanmoins, en raison de son désir intense de le faire, cela sera compté comme s'il l'avait.
Grâce à cela, il sera plus facile pour tous les juifs d'y accomplir les mitsvot.

[le Béer Moché]

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-> Selon la guémara (Sotah 14a), Moché va partager une part avec Avraham, Its'hak et Yaakov, qui étaient importants en Torah et misvot.
Moché a mérité cela pour avoir déversé son âme, et s'être totalement sacrifié pour le peuple juif.

On aurait pu penser que Moché allait recevoir une récompense sur le principe que celui qui veut réaliser une mitsva, mais qui en est empêché par une raison extérieure à sa volonté, c'est comme s'il l'avait réalisé.
[ce qui est le cas de Moché qui voulait aller en Israël]
Mais la guémara va bien au-delà, puisqu'elle dit que sa récompense est comme celle de nos Patriarches.

Selon nos Sages, un enfant peut cumuler des mérites pour son père (et mère) une fois que celui-ci est mort.
En effet, si son père ne l'avait pas mis au monde, l'enfant n'aurait pu accomplir aucune mitsva.
Le père partage donc le mérite des mitsvot que va faire son fils.

De même, nos Patriarches reçoivent une récompense pour tous les mitsvot que les juifs ont pu faire à chaque génération, car ils sont nos pères.

Puisque Moché s'est totalement sacrifié pour le peuple juif, il est également considéré comme un père, et il bénéficie donc des mérites de toutes les mitsvot des juifs.

[On a pu voir (dvar torah précédent) que si Moché voulait aller en Israël c'était principalement pour en faire bénéficier tous les juifs à venir.
Alors qu'il est sur le point de mourir, il va implorer de toutes ses forces Hachem, et ce pendant 515 prières différentes.
Cela symbolise bien à quel point Moché se comportait et se souciait du peuple juif, comme un père avec ses enfants.

Par cela, il va mériter de bénéficier de toutes les mitsvot futures des juifs, dont celles faites en Israël. ]

[le 'Hen Tov]

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+ "J'ai imploré Hachem à ce moment en disant" (Vaét'hanan 1,23)

-> Les personnes pieuses des générations précédentes se préparaient pendant une heure avant de prier afin de pouvoir diriger leur cœur à leur Père au Ciel. [guémara Béra'hot 30b]

Elles passaient cette heure de préparation à prier à Hachem de pouvoir diriger convenablement leur cœur à Lui lorsqu'elles feraient la prière ensuite.

Le verset nous indique que Moché a agi de la même façon.
"J'ai imploré", que "à ce moment " (le moment de la prière), je pourrais "en disant", adresser à Hachem tout ce que j'ai dans mon cœur.

[le Divré 'Haïm]

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-> La guématria de "implorer" (vaét'hanan - ואתחנן) est de 515.

Moché a fait 515 prières à Hachem, Le suppliant de pouvoir entrer en terre d'Israël.
[Mégalé Amoukot]

-> Le Pné Yéhochoua donne 2 explications à propos du chiffre 515.

1°/ La 1ere explication :

Moché implora Hachem "en ce moment".
Rachi d'expliquer : Après que j’ai conquis le pays de Si‘hon et de Og, j’ai pensé que le vœu [d’interdiction d’entrée en terre d'Israël] avait peut-être été annulé.

Hachem a dit à Moché de ne pas craindre Si'hon et Og (Dévarim 2,32;3,2), car Il avait déjà livré l'ange en charge de leur terre dans les mains de Moché.

La guémara (Baba Batra 121a) rapporte que Hachem lui a dit ces paroles le 15 Av.
En ce jour, il était clair que tous ceux qui étaient destinés à mourir dans le désert, suite à la faute des explorateurs, étaient bien morts.

Du 15 Av jusqu'au jour de la mort de Moché le 7 Adar, il y a 200 jours.
Si Moché avait imploré D. au cours de ses 3 prières journalières, il serait arrivé à un total de 600 fois.
Cependant, il est interdit de prier pour nos besoins personnels pendant Shabbath (Michna Broura 288,22).
Si nous retirons les prières qu'il ne pouvait pas faire les 28 Shabbath de cette période, on arrive à un total de 516 prières.

Il est à noter que la prophétie n'est pas revenue à Moché avant le 15 Av dans la matinée, ne lui permettant pas d'implorer Hachem durant la prière du soir de ce jour.

=> Du matin du 15 Av, jusqu'à sa mort le 7 Adar à l'heure de Min'ha (Tossafot - Ména'hot 30a), Moché a prié pour l'annulation du décret précisément 515 fois.

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2°/ La 2e explication :

Le Pné Yéhochoua enseigne qu'il existe 6 types de rigueur, énoncés dans la guemara Shabbat (qui sont : קצף, אף, חימה, משחית ,משבר, מכלה).
Or, le nom Divin correspondant à l'Attribut de rigueur est le nom "Elohim - אלהים", dont la guématria est de 86.

Ainsi, les 6 types de rigueur correspondent au nombre 516 (6 x 86 = 516).

Moché souhaitait prononcer 516 prières pour adoucir les 6 types de rigueur et ainsi mériter d'entrer en terre d'Israël.
Moché était proche du but, mais Hachem l’a empêché de prononcer la dernière prière, car Il ne voulait pas qu’il adoucisse toutes les rigueurs, ce qui lui permettrait d’entrer en terre d'Israël, chose qu’Hachem ne souhaitait pas. C’est pour cela qu’Hachem lui demanda d’arrêter de prier.

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-> Le Méam Loez (Vaét'hanan 3,23) enseigne à ce sujet :
Moché a tant supplié Hachem que le ciel et la terre se sont mis à trembler.
Le ciel et la terre se sont dit : "Peut-être le moment où D. désire renouveler Son monde est-il arrivé?"
Une voix Divine s'est fait entendre : "Le moment de renouveler le monde n'est pas venu, mais Moché prie et supplie D. de lui permettre d'entrer en terre sainte".

A ce moment-là, le décret ayant été scellé, D. a annoncé à toutes les portes du ciel de ne pas accepter la prière de Moché. Les portes célestes devaient rester closes.
Comme sa supplication était aussi tranchante qu'une épée à laquelle rien ne résiste, aucun ange ne put s'approcher pour fermer les portes. Lorsque les anges de l'Armée céleste virent que D. avait interdit de laisser passer la prière de Moché, ils se sont exclamés : "Bénie soit la gloire de D. depuis Sa place!" (Yé'hezkiel 3,12).
Hachem ne montre de favoritisme à personne, grand ou petit.

Comme le révèle la valeur numérique du mot : "vaét'hanan" (je suppliai), Moché a offert 515 prières.
En effet, tel est le nombre de prières quotidiennes des anges.
Nous l'apprenons du verset : "Leur pieds étaient un pied droit (yéchara)" (Yé'hezkiel 1,7).
Le mot "yéchara" a une valeur de 515.
[...]

Moché a imploré (vaét'hanan) plutôt que prié (vaétpalal) car bien que les tsadikim accomplissent de nombreuses bonnes actions, ils ne demandent pas à D. de les exaucer en vertu de leurs mérites.
Ils sollicitent un don gratuit car ils ne veulent pas que D. déduise ces bienfaits de leurs acquis. Ils désirent conserver intact leur capital au monde futur.
Nous voyons que Yaakov a dit : "Je ne suis pas digne de tous les bienfaits".
Il craignait que les bienfaits que D. lui avait prodigués, en le sauvant de Lavan ne réduisent ses mérites.

D'ailleurs, Moché aurait également pu demander à D. de répondre à sa prière par le mérite des commandements particuliers qu'il accomplirait en terre sainte, ce qui était sa principale motivation. Malgré cela, Moché n'a demandé qu'un don gratuit (matnat 'hinam - vaét'hanan, de la même racine que 'hinam : gratuit).
Ainsi, les tsadikim désirent que le capital de leurs bonnes actions reste entier pour le monde à venir.

Comme Moché savait que D. donne gratuitement à ceux qui n'ont pas de mérites, il a supplié Hachem comme un pauvre supplie les passants : "Ayez pitié de moi et donnez-moi la charité!"

De plus, en demandant un "cadeau" de la main généreuse de D., les tsadikim savent que ce présent est alors sans limites car le pouvoir de D. est illimité.
[un prière basée sur nos actions, donne droit au mieux à un présent en fonction de nos actions, donc limité! C'est pour cela qu'il faut toujours demander à D. un don gratuit!]

Nos Sages ont enseigné qu'il est interdit de compter sur son propre mérite et de penser : "J'ai accompli tant de bonnes actions que ma prière sera certainement agréé".
En réalité, nous sommes devant D. comme des serviteurs qui doivent accomplir tout ce que son maître leur demande. Nous devons donc faire tout ce qu'Il nous ordonne.
De même qu'un serviteur n'est pas en droit de demander la moindre récompense à son maître pour ses actes, nous ne pouvons exiger aucune récompense en échange de ce que nous faisons "pour D."
[b'h à ce sujet, voir également : https://todahm.com/2019/07/08/9693-2 ]
[...]

Selon certains commentaires, Moché a employé le mot "je suppliai" (vaét'hanan) plutôt que "prié" (vaétpalal), car il demandait : "Maître du monde! Puisse-t-il être Ta volonté que ma prière s'énonce facilement et que je bafouille pas".
De même, nous commençons la prière de la Amida en disant : "D. ouvre mes lèvres et ma bouche dira Ta louange" (Ado-nay chéfataï tifta'h ...).
Nous prions D. d'ouvrir notre bouche pour pouvoir parler devant Lui. Nous Lui demandons ainsi que nos paroles s'écoulent aisément et que nous ne soyons pas troublés.
Si les prières d'un homme quittent sa bouche sans confusion ni erreur, c'est bon signe.
[Moché s'exclame ainsi : ] "Je suppliai (vaét'hanan) D. à ce moment-là en disant (lémor)" = "Ma supplication concernait la parole : je suppliai D. d'être capable d'exprimer ma prière convenablement".
[les maîtres 'hassidiques avant de prier, priaient de pouvoir bien prier. De même, Moché a supplié de pouvoir faire une belle prière.]

En ce sens, la guémara raconte que lorsque rabbi 'Hanina ben Dossa priait pour les malades, il était capable de prédire lequel survivrait et lequel mourrait.
Il a expliqué : "Si j'exprime facilement ma prière et que les mots s'échappent de ma bouche sans erreur, je sais que ma demande est acceptée. Par contre, si ma prière est confuse et que je bafouille, c'est le signe qu'elle n'est pas agréée".

La guémara rapporte également que lorsque rabbi 'Hanina ben Dossa a prié pour le fils de rabban Gamliel, il affirma qu'il guérira.
Rabbi 'Hanina ben Dossa expliqua : "J'ai une tradition de la maison de mon père : si ma prière s'énonce facilement, je sais qu'elle est acceptée".

"Hachem m'a dit : C'est trop pour toi (רַב-לָךְ)! Ne continue pas à Me parler davantage de cette chose" (Vaét'hanan 3,26)

-> Moché a demandé à entrer en terre d'Israël.
Le midrach explique que Hachem lui a dit qu'il tenait une corde par les 2 côtés :
- Si Moché entrait en Israël, alors les juifs n'auraient pas de possibilité d'expier leurs fautes (kappara) ;
- Si les juifs expiaient leurs fautes, alors Moché ne pouvait pas entrer en Israël.

Pourquoi est-ce que les 2 sont interdépendants?

Puisque le peuple juif a pleuré pour rien (suite au rapport des explorateurs), Hachem a défini ce jour (le 9 Av) comme un jour de pleurs pour les juifs (guémara Sotah 35a).
Les 2 Temples ont été détruits en ce jour, et le peuple juif a été envoyé en exil.

En réalité, ce décret difficile a été d'un grand bénéfice, car Hachem a pu libérer sa colère sur des pierres et du bois (le Temple), plutôt que sur le peuple juif.

Si Moché était entré en Israël, le Temple n'aurait jamais été détruit, et les juifs ne seraient jamais partis en exil. Cela aurait empêché toute expiation de leurs fautes.

[le 'Hatam Sofer]

-> Rachi (v.3,26) sur : "C'est trop pour toi!" : Par ces mots, D. interdit à Moché de continuer à prier de peur qu'on ne dise : "Le Maître (rav) est trop dur et l'élève, trop obstiné".

Si Moché faisait encore une seule prière, il aurait alors pu entrer en Israël.
Dans ce cas :
- "le Maître est trop dur" = Hachem n'aurait pas permis à Ses enfants d'expier leurs fautes ;
- "et l'élève, trop obstiné" = tout cela parce que Moché s'est "obstiné" à vouloir absolument aller en Israël, en priant une fois de plus malgré l'avertissement de D.

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-> Rabbi Bounim de Pchis'ha rapporte un midrach Tan'houma qui cite le verset : "Le pauvre parle par supplications, et le riche lui répond avec insolence" (Michlé 18,23).

Le midrach attribue la phrase : "Le pauvre parle par supplications" à Moché ; et les termes : "Et le riche lui répond avec insolence" : à Hachem, le Riche du monde, qui lui dit : "Cela suffit pour toi ! (רב לך - rav la'h)".

Évidemment, on ne peut que s'étonner sur ce midrach qui "ose" dire que Hachem est celui qui "répond avec insolence".
Comment le comprendre?

Rabbi Bounim de Pchis'ha explique qu'en fait Moché ne pouvait pas aller en terre d'Israël, car en y entrant, il aurait amener la délivrance finale, et il n'y aurait plus alors eu de destruction ni d’exil.
Or, Hachem a prévu que la délivrance devait intervenir par le machia'h, qui descend du roi David.
Ainsi, il n’était pas possible que Moché entre en Israël, amenant avec lui la rédemption.

Cette explication se retrouve en allusion dans les mots d’Hachem qui dit : "רב לך" (cela suffit !), car le mot "רב" est l’initial des deux noms "רות בעז" (Ruth Boaz), faisant allusion au fait que la délivrance devra venir par un descendant de David, qui descend lui-même de Ruth et de Boaz.

Et si on complète par les lettres supplémentaires des noms “רות בעז” (autres que la 1ere lettre), on en vient à former le mot "Azout – עזות", qui signifie "insolence".

C’est à cela que fait référence le midrach, en attribuant le verset : "Et le Riche lui répond avec insolence (עזות)", à Hachem.
Le midrach vient en fait expliquer les termes d’Hachem : "רב לך" (cela suffit !), signifiant que la délivrance ne peut venir que par un descendant de Ruth et Boaz, et non par Moché.

En effet, le mot "עזות" (azout - insolence) associé au terme "רב" (rav - cela suffit) produit justement les deux noms "רות בעז" (Ruth Boaz).

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+ Hachem me dit : C'en est assez pour toi!" (Vaét'hanan 3,26).
Selon rabbi Lévi, c'est avec le mot "rav" (c'en est assez) que Moché adressa un avertissement (à Kora'h et ses compagnons de révolte) : "C'en est assez pour vous (rav la'hem), enfant de Lévi!" (Kora'h 16,7) ; c'est avec le même mot "rav" que le Ciel adressa (en retour) un avertissement (à Moché qui désirait entrer en terre d'Israël) : "C'en est assez pour toi (rav la'h)" (Vaét'hanan 3,26).

Autre explication de l'avertissement "rav la'h" adressé à Moché : Tu as un Maître (rav) sur toi ; et qui est-il?
Il s'agit de Yéhochoua.

Autre interprétation de "rav la'h" : Assez! Ne me demande plus (d'entrer en Israël), afin que les gens ne disent pas : "Combien le Maître est sévère et combien l'élève et obstiné".

Pourquoi tant de sévérité (envers Moché)?
On répond dans la maison d'étude de rabbi Ichmaël : "La charge supportée par un chameau est proportionnelle à sa force".
[guémara Sota 13b]

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-> Même si Moché avait raison de ne pas apprécier l'attitude hostile de Kora'h et de son assemblée venus contester le pouvoir de Moché et Aharon qu'Hachem leur avait confié, il n'avait pas à leur dire : "rav la'hem" (c'est assez pour vous).
En effet, il y avait dans leur opposition, inspirée par un motif impur de jalousie et de recherche d'honneur et de pouvoir, un aspect positif d'ambition de s'élever et de se rapprocher d'Hachem.
L'expression excédée de Moché : "rav la'hem" est venue décourager Kora'h et ses amis dans leur volonté d'ascension spirituelle.
C'est pourquoi, Moché a été sanctionné, mesure pour mesure, et il n'est pas entré dans le pays d'Israël, lui qui aspirait à y entrer pour bénéficier de la sainteté de cette terre et des mitsvot liées à cette terre, donc à s'élever davantage sur le plan spirituel.
[rabbi ‘Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si’ha 17)]

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+ "Rav la'h" = [Moché] Tu as un Maître (rav) sur toi [et c'est Yéhochoua]. Quel est le sens?

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Bien que Yéhochoua ait succédé à Moché, comment lui, qui a toujours été l'élève de Moché, peut-il devenir son maître?
En réalité, rabbi 'Hanina enseigne : "J'ai beaucoup appris de mes maîtres, plus encore de mes compagnons d'étude et par dessus tout de mes élèves" (guémara Taanit 7a).
On en déduit que l'élève fait progresser son rav (maître), et donc l'élève Yéhochoua pourrait être considéré quelque peu comme le rav de Moché.
De plus, Yéhochou n'est certes pas le maître de Moché, cependant l'enseignement : "Le visage de Moché ressemble au soleil et celui de Yéhochoua à la lune" (guémara Baba Batra 75a), la royauté attribué à Yéhochoua augmentera la gloire de son maître Moché.
C'est ce message que Hachem voulait adresser à Moché en lui disant "rav la'h" = l'accession de ton élève Yéhochoua à la royauté augmentera ton rayonnement, puisque si l'éclat de la "lune" augmente, c'est que l'éclat du "soleil" a augmenté.

L'inversion des lettres du mot : "rav" (רב) donne le mot : "bar" (fils - בר).
Cela fait allusion au fait qu'un élève est considéré comme le fils du rav, comme si le maître l'avait engendré.
Ainsi, l'intention d'Hachem qui a dit : "rav la'h" est de dire à Moché : ton disciple Yéhochoua est comme un fils (bar) pour toi.

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+ "Hachem me dit : C'en est assez pour toi!" (Vaét'hanan 3,26).

-> Hachem dit à Moché : "Cela suffit! Ne me parle plus de cela. Tu Me demandes d'annuler Mon serment. C'est une requête de taille! Après la faute des explorateurs, J'ai prêté 2 serments : celui de détruire les Bné Israël dans le désert parce qu'ils ne méritaient pas d'entrer en terre sainte.
Même lorsque viendra le machia'h et que les morts ressusciteront, ces juifs n'entreront pas en terre d'Israël. Le 2e serment était que tu n'entrerais pas en terre sainte.
De 2 choses l'une : ou J'annule ce serment alors le premier serment (de détruire les juifs dans le désert) doit être maintenu ; ou bien J'annulerai le 1er serment et Je pardonnerai aux juifs mais le décret te concernant devra être maintenu.
Décide à présent lequel des 2 serments doit prévaloir".
[...]

Ainsi, Hachem dit à Moché : "Si tu veux que J'annule Mon serment afin que tu puisse entrer en terre sainte, tu effaceras le penchant pour l'idolâtrie et le Temple se maintiendra. Si le Temple n'est pas détruit puis reconstruit, les juifs frappés par le décret ne pourront jamais entrer en terre sainte. Si tu désires que les juifs occupent le pays, Je dois maintenir le serment que tu n'y entres pas".

Il est important de comprendre ceci : si Moché était entré en terre sainte, c'est lui qui aurait construit le Temple. Dans ce cas, la maison de D. n'aurait jamais été détruite. Lorsque les juifs auraient fauté, D. n'aurait pas déversé Sa colère sur le bois et les pierres du Temple mais sur les juifs.
Ainsi, D. a-t-Il décrété que Moché n'entrerait pas en terre sainte et ne construirait pas le Temple pour assurer la survie des juifs.
[...]

Hachem dit Moché : "Si tu ne veux pas que Je déverse Ma colère sur les Bné Israël, Je dois maintenir Mon serment. Tu ne pourras donc pas entrer en terre sainte".
Selon certains commentaires, lors de la faute du veau d'or, 5 anges de destruction sont descendus frapper les Bné Israël. Moché a évoqué le mérite des 3 Patriarches et est parvenu à chasser 3 de ces anges. Il en est resté deux : Af et 'Héma.

Moché dit à Hachem : "Détruis l'ange appelé Af et je détruirai celui appelé 'Héma".
Moché a creusé un trou dans le sol et a enterré 'Hema afin de l'immobiliser. Lorsque les Bné Israël ont fauté, cet ange a ouvert la bouche comme pour les avaler. Moché a donc été enterré en face de cet endroit. Quand cet ange voit la tombe de Moché, il se cache.

Par bonté envers les Bné Israël, D. n'a pas laissé Moché être enterré en terre sainte.
Hachem dit à Moché : "Si tu veux que J'annule Mon décret : 'Laisse-moi, je Te prie (na), traverser le Jourdain', tu dois aussi annuler : 'Pardonne, je Te prie (na)' [la faute des explorateurs].
En disant : 'Pardonne, je Te prie', tu as empêché l'ange d'engloutir les Bné Israël.
Si tu désires obtenir 'pardonne, je Te prie', tu dois renoncer à ta requête : 'Laisse-moi, je Te prie, traverser le Jourdain'."
[Méam Loez - Vaét'hanan 3,26]

-> Le Méam Loez (Vaét'hanan 3,27) écrit également :
On peut se demander puisque D. a dit à Moché : "Ne me parle plus de cela", pourquoi répéter : "Tu ne traverseras pas ce Jourdain"?
Hachem voulait dire que même les ossements de Moché ne traverseraient pas le Jourdain et ne seraient pas enterrés en terre sainte.
En voici la raison : Moché a été enterré en face de Péor, car en ce lieu était enfoui un ange mauvais qui voulait détruire Israël. Depuis, lorsque cet ange voit la tombe de Moché, il prend peur et est incapable de nuire aux juifs.
[...]

Hachem dit à Moché : "Lève les yeux vers l'ouest, le nord, le sud et l'est et jouis de ce spectacle car tu ne traverseras pas ce Jourdain" (Vaét'hanan 3,27).
Hachem disait à Moché : Lève les yeux vers les 4 extrémités du monde où les juifs seront dispersés. Regarde, tu ne traverses pas le Jourdain afin de mériter de les conduire en terre sainte après la résurrection".

Hachem avait émis le décret contre Moché et contre Aharon en même temps. Aharon est mort hors de terre sainte et la même règle devait donc s'appliquer aux 2 frères.
[...]

Il faut savoir que c'est un honneur pour un défunt qu'un homme important s'occupe de son enterrement. Bien que les descendants de Yossef et autres Bné Israël étaient présents, c'est Moché qui avait pris le cercueil de Yossef car c'était un honneur pour Yossef que Moché s'occupe de sa dépouille mortelle.
Comme personne n'était supérieur à Moché dans sa génération, c'est D. qui aurait dû l'enterrer. Or si Moché était entré en terre sainte, Yéhochoua aurait été le dirigeant et il l'aurait enterré.

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-> Le Méam Loez (Vaét'hanan 3,29) écrit aussi :
Hachem dit à Moché : "Donne des instructions à Yéhochoua, renforce-le et encourage-le. Le fait même que tu seras enterré ici [en face de beit Péor] donnera à Yéhochoua la force de ne pas craindre l'ange appelé Péor".
Il est donc écrit juste après : "Nous étions campés dans la vallée en face de beit Péor" (Vaét'hanan 3,29).
Yéhochoua n'aura pas peur de cet ange susceptible de nuire aux juifs s'ils fautaient.

Ce verset nous apprend allusivement que D. a refusé la prière de Moché afin qu'il conduise les juifs en terre sainte à la résurrection.
La Torah le laisse entendre par l'expression : "Nous étions campés dans la vallée" au pluriel, alors que Moché parlait de lui seul.
Au moment de la résurrection, il allait venir en terre sainte avec les juifs enterrés dans le désert. En le voyant, l'ange prendrait peur et ne leur ferait aucun mal.

Cela nous montre l'humilité de Moché. Il ne voulait pas laisser entendre que le peuple juif serait protégé par son mérite.
"NOUS étions campés" au pluriel veut dire que le mérite d'Aharon et de tous les autres tsadikim enterrés à cet endroit protégerait par les juifs.

"Seulement, prends garde à toi et garde ton âme avec soin, de peur que tu n'oublies les choses" (Vaét'hanan 4,9)

-> Le terme : "se souvenir" (za'hor - זכר) a une guématria de : 227, en correspondance avec les 227 forces qui aident une personne à retenir son étude.
Le terme : "oublier" (chakha'h - שכח) a une valeur de : 328, en allusion aux 328 forces qui entraînent une personne à oublier son étude.
Chaque fois que nous revoyons ce que nous avons appris, cela va éliminer une des forces qui nous conduit à oublier.
Ainsi, si nous revoyons 101 fois notre étude (227+101=328), cela conduit à neutraliser les forces nous poussant à oublier l'étude.
C'est alors que les forces nous aidant à retenir notre Torah prennent le contrôle.
[Kli Yakar]

-> Le Kli Yakar explique que l’Ange préposé à la mémoire se nomme זכר et dispose de 227 forces (ko'hot). Quant au Malakh responsable de l’oubli, il s’appelle שכח et possède 328 forces (ko'hot), soit 101 de plus que son pair.
Chaque session d’étude affaiblit une force de l‘Ange de l’oubli. Après 101 révisions, on finit par échapper à son emprise et on peut donc garder son étude en mémoire.

[ זכר est le mot signifiant “souvenir” tandis que שכח est "oubli". Le Gaon de Vilna (Vaét'hanan 6,7), parmi d’autres, note que 101 est justement la différence entre les 2 mots זכר (soit 227) et שכח (soit 328).]

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-> "La révision supplémentaire (la 101e) permet de garder en mémoire sa leçon.
Quiconque oublie une nouvelle étude, D. ne lui permet pas de découvrir de nouvelles choses.

Un homme doit ressentir les mêmes souffrances lorsqu'il perd un enfant ou oublie une étude.
Dans le monde futur, on lui demandera s'il a étudié la Torah et comment il a passé ses jours.
S'il ne s'est pas préparé correctement, il endurera une honte plus terrible que la mort.
"

[Méam Loez - Béréchit 1,28]

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-> "Il n'y a pas de comparaison entre le fait de revoir son étude 100 fois, et le fait de la revoir 101 fois."
[guémara 'Haguiga 9b]

-> Selon Rabbi Akiva Eiger, le fait d'étudier quelque chose de nouveau est facile, mais revoir ce que l'on sait déjà est plus difficile. Cela va à l'encontre de l'affinité humaine pour la nouveauté.

En étudiant une 101e fois, on prouve davantage que l'on étudie par amour pour la Torah, et non pas pour amour de la nouveauté.

[selon nos Sages la barre des 100 révisions est le moment où l'on ne perçoit plus de nouveautés dans notre révision]

-> Le nombre 101 est important en raison du nom de l’ange Michaël (מִיכָאֵל), responsable de la Torah et de la mémoire, et dont la valeur numérique est de 101.
Ceci nous enseigne qu’un homme qui révise 101 fois est aidé par l'ange Michaël, qui lui donnera la faculté de retenir tout ce qu'il a appris.
[le Méam Loèz (Réé 12,28)]

-> Le livre "Ségoulot Israël" donne une ségoula au nom du Choul’han Aroukh du Arizal : constamment réviser son étude, de façon à l’avoir bien en bouche, car l’ange préposé à la mémoire est Mikhaël, nom qui a la valeur numérique de 101.
C’est ce qu’ont dit les Sages : celui qui étudie un passage cent fois n’est pas semblable à celui qui l’étudie cent et une fois, car l’ange préposé à l’oubli s’appelle "mem samekh", ce qui a la valeur numérique de cent, et l’ange qui a enseigné à Moché s’appelle Nignazazel, ce qui a la valeur numérique de cent un, et on conservera son enseignement des secrets de la Torah.

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-> La paracha Tétsavé (תצוה) a 101 versets, et peut être découpée en : ת צוה : la lettre tav (ת) symbolise le Talmud, l'étude qui doit être répétée 101 fois, qui est la valeur numérique des 3 dernières lettres צוה.
En effet, le Arizal nous enseigne que celui qui répète 101 fois ce qu'il a appris, soumet par son effort l'ange de l'oubli.

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-> Si une personne étudie une michna et veille dessus pour s'assurer de ne pas l'oublier, alors on lui fournit l'occasion d'étudier davantage de Torah et de la retenir.
[רבנו מיוחס - sur Ekev 11,22 : "Garderez bien (chamor tichméroun) toute cette loi que Je vous ordonne"]

-> "Ce sera, si écouter, vous écoutez" = Si tu écoutes [ce qui t’a déjà été enseigné] autrefois, tu comprendras le neuf (guémara Soucca 46b).
De même : "Ce sera, si oublier, tu oublies" (Ekev 8,19) : si tu commences d’oublier, un jour viendra où tu oublieras tout. C’est ainsi qu’il est écrit dans une méguila : "Si tu m’abandonnes un jour, deux jours t’abandonnerai-je".
[Rachi - Ekev 11,13]

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-> "Voici mon ange ira devant toi" (iné mal'akhi yélékh léfanékha - הִנֵּה מַלְאָכִי יֵלֵךְ לְפָנֶיךָ - Ki Tissa 32,34)
Nous observons que le terme : "ange" (mal'akhi - מַלְאָכִי) a une guématria de 101. Il s'agit ici de l'ange Mikhaël qui est unique pour le Créateur car Il devance le Maître du monde avant que l'homme ne meure par un baiser divin, comme nous en trouvons une allusion dans un autre verset : "yéchakéni minéchikot piou" (qu'il me prodigue les baisers de sa bouche - Chir haChirim 1,2).

Le mot : "piou" (bouche - פִּיהוּ) a également une guématria de 101 car tout celui qui aura fourni des efforts par sa bouche en répétant 101 fois ce qu'il a appris, aura le mérite de mourir par un baiser divin.
On peut également ajouter que le mot "yélé'h" (ילך) du verset : "iné mal'akhi yélékh léfanékha" a la même guématria que le terme "halakha" (הלכה). Ainsi celui qui répétera 101 fois la loi, cette dernière ira toujours devant lui.

-> "Où trouveras-tu la sagesse?" (véa'hokhma méayin timatsé - וְהַחָכְמָה מֵאַיִן תִּמָּצֵא - Iyov 28,12), le terme "méayin" (où - מֵאַיִן) a une valeur numérique égale à 101 pour nous apprendre que la sagesse se trouve chez celui qui répète 101 fois son étude.
[rapporté dans le Tsror ha'Haïm (Tétsavé)]

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+ "Voici ce qu'a ordonné (צִוָּה) Hachem" (Matot 30,2)

Selon le Tsvi laTsadik, la Torah nous enseigne comment retenir notre Torah.
La guématria de : tsiva (צִוָּה) est de : 101.

=> Si on veut retenir son étude, nous devons la revoir 101 fois.

-> Le Méam Loez (Réé 12,28) fait un commentaire similaire en se basant sur le verset : "Moché nous a ordonné la Torah, l'héritage de la congrégation de Yaakov" (Vézot haBéra'ha 33,4). ["a ordonné" = valeur de 101].
Cela sous-entend que si la congrégation de Yaakov (les juifs) étudie et révise la Torah 101 fois, elle restera son héritage permanent.

Il cite également le verset : "Moché nous a ordonné la Torah, l'héritage de la congrégation de Yaakov" (Divré haYamim I 16,15).
Le mot : "tsiva" (ordonnée - guématria de 101) veut dire que si l'on révise 101 fois ce que l'on a étudié, on sera récompensé en le retenant pour 1 000 générations.

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-> Le rav Eliezer Ginsburg fait remarquer que : Amalek (עמלק), peut se lire : amal kaf (עמל ק - effort de 100), en allusion à une personne qui n'est prête à étudier que 100 fois, et non pas 101.
Le but d'Amalek est de nous refroidir (kar'ha), même d'un peu : "Pourquoi revoir mon étude une 101e fois, 100 fois c'est déjà très bien!"
Pourtant comme on l'a vu : "Il n'y a pas de comparaison entre le fait de revoir son étude 100 fois, et le fait de la revoir 101 fois." [guémara 'Haguiga 9b]

Il faut combattre et se débarrasser de Amalek, cette tendance à ne pas aller au maximum de nos capacités pour Hachem.

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+ "Car ce n’est pas une chose vide pour vous (מכם)" (Haazinou 32,47)

Le terme "מכם" (mikèm) ayant pour valeur numérique 100, c’est comme si l’on disait : "Si vous la (la Torah) trouvez vide, c’est parce que vous l’étudiez 100 fois (comme la valeur de מכם)" et non pas 101 fois.
Si vous trouvez la Torah vide, cela vient de vous (מכם), de votre faute!
[Péninim Yékarim]

-> "Heureux celui qui vient ici (après sa vie sur terre dans le monde futur) en possession de son étude de Torah (son savoir) dans "sa main"." (guémara Pessa'him 50a)
Le mot : "ici" (lékan - לכאן) a une valeur de 101, et il désigne le monde futur, allusion au fait que celui qui arrive dans le monde futur avec une étude révisée 101 fois [est heureux!].
[Maharal - Nétivot Olam]

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-> "Nous oublions aussi facilement (notre étude) que mettre un doigt dans un trou"
[rav Achi - guémara Erouvin 53a]

-> "Les paroles de Torah sont plus difficiles à acquérir qu'un vase d'or ou d'or fin, et plus facile à perdre (par l'oubli) que le verre (facile à briser)."
[rabbi Méïr - guémara 'Haguiga 15b]

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-> Le rav Moché Feinstein invita quelqu’un à ce qu’il nommait son second Syoum Ha-Shass. L’invité était perplexe sachant que Rav Moché avait déjà fini le Shass bien plus que 2 fois.
Le rav Moché Feinstein expliqua alors considérer chaque session de 101 fois comme une seule fois. Son second Syoum Ha-Shass représentait donc en réalité sa 202ème révision.

-> Le rav Its'hak Hunter remarqua une fois que personne n’était devenu grand par l’étude de la Torah. La grandeur tenait dans la répétition et la révision de son étude.

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-> Rav Na'hman dit : "L'étude de sujets anciens (déjà étudiés, mais oubliés) est plus difficile que l'étude de sujets nouveaux ; c'est comme l'argile dérivée de l'argile"
[guémara Yoma 29a]

-> Selon Rachi, il est plus difficile de pétrir et de remodeler de l'argile qui a déjà été utilisée, provenant d'un ancien mur d'argile par exemple, que de pétrir et de modeler l'argile provenant d'une terre nouvelle, donc jamais utilisée.

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.3,p.124) donne l'explication suivante :
Pour quelle raison une étude ancienne sur laquelle nous revenons est plus difficile qu'une étude nouvelle?
C'est parce qu'en abordant l'étude d'un texte nouveau de Torah, l'étudiant sait qu'il ignore tout de ce thème (sougia) et il fera des efforts pour comprendre et approfondir ce thème.
Par contre, dans la reprise d'un thème déjà étudié, l'étudiant pense la connaître et ne cherche donc pas à l'approfondir, ce qui affaiblit la qualité de son étude.
Cependant, l'homme qui approfondit une étude ancienne, comme si elle était nouvelle à ses yeux, est digne de louanges et il n'est pas concerné par l'enseignement de rav Na'hman.

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-> Le Gaon de Vilna interprète également les paroles du roi David dans les psaumes dans ce sens, comme il est écrit : "Cantique des degrés. Je lève les yeux vers les montagnes pour voir d'où viendra mon secours" (chir lamaalot essa énaï él éarim, méayin yavo ezri - שִׁיר לַמַּעֲלוֹת אֶשָּׂא עֵינַי אֶל הֶהָרִים מֵאַיִן יָבֹא עֶזְרִי - Téhilim 121,1)
Le mot "méayin" (מֵאַיִן - d'où) a une valeur numérique de 101 car si la personne répète son étude à 101 reprises "yavo ezri" (יָבֹא עֶזְרִי - mon secours viendra).

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-> "Le cœur du sage est à droite et le cœur du sot est à gauche" (Kohélét 10,2)

Lorsqu'un sage étudie, il revient souvent en arrière pour réviser en tournant les pages de son livre hébraïque vers la droite.
Par contre, lorsqu'un sot étudie, il ne révise pas et avance en tournant les pages de son livre toujours vers la gauche, par autosatisfaction, persuadé qu'il a déjà tout compris et qu'il est inutile de réviser.
Ainsi, la droite est associé au sage et la gauche est associé au sot.
[rav Lumbroso]

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-> "On ne peut comparer celui qui révise son étude 100 fois et celui qui l'a révisée 100 fois" [guémara 'Haguiga 9b]

Le Yalkout Léka'h Tov (du rav Yaakov Beifuss) rapporte que dans les temps futurs, les divers niveaux spirituels se dévoileront dans toutes leurs nuances.
Même le fait que l'un a révisé son étude 100 fois et le second 101 fois apparaîtra clairement aux yeux des hommes.
En effet, à l'échelle de la spiritualité, la moindre différence a une portée considérable, bien que nous soyons aujourd'hui incapables de la saisir.

Autre part (Noa'h 9,23), le Yalkout Léka'h tov écrit également à ce sujet :
La portée inouïe d'une implication totale dans l'accomplissement des mitsvot, au point qu'une si petite nuance (101 fois vs. 100 fois) puisse engendrer un immense fossé.
Dans les temps futurs, de la même manière que nous distinguerons nettement la différence entre le tsadik et le racha, nous pourrons également voir ce qui différencie celui qui aura investi tous ses moyens dans l'étude (devenant ainsi un authentique "serviteur de Hachem").

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-> On raconte à ce sujet que le Gaon de Vilna, alors qu'il était déjà devenu le maître incontesté de toute sa génération, rencontra un homme qu'il avait connu enfant.
Ce dernier l'interrogea sur sa prodigieuse réussite : "Comment êtes-vous parvenu à un tel niveau d'érudition? Lorsque nous étions enfants, nous étions dans la même école et à l'époque, on ne remarquait pas une telle différence entre vous et moi!"
Le Gaon de Vilna lui répondit : "Connaissez-vous l'enseignement de la guémara 'Haguiga (9b), dans lequel il est dit que l'on ne peut comparer celui qui révise 100 fois à celui qui révise 101 fois?"
A la réponse affirmative de son interlocuteur, le Gaon de Vilna poursuivit : "Croyez-vous aux affirmations de cette guémara?"
Après que l'autre se fut exclamé : "Bien entendu!", le maître enchaîna : "Quant à moi, je n'y croyais pas! Et c'est pourquoi j'ai voulu les vérifier par moi-même!"

[cela prouve le niveau supplémentaire que peut atteindre un homme qui investit tous ses efforts dans l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvot!]

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-> "Il y a une alliance scellée avec ce qu’on étudie dans une maison d’études, si bien que ce ne sera pas rapidement oublié."

[guémara Yérouchalmi Béra'hot 5a]

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-> Une heure d'étude de Torah est plus précieuse à Hachem que 1 000 jeûnes ...
Je recommande que tu révises ce que tu as déjà étudié, car les gens ne désirent [pas vraiment] revenir [sur ce qui n'est plus tout nouveau à leurs yeux].
Une telle étude est désintéressée (lichma), et cela expiera vos fautes comme une souffrance.
[le Stéïpler - dans une lettre]

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-> Le Avot DéRabbi Nathan (chapitre 24) enseigne :
"On peut étudier la Torah pendant 20 ans et l’oublier en 2 ans. Comment? Si on reste 6 mois sans réviser, on finit par dire de l’impur que c’est pur et du pur que c’est impur ; si on reste 12 mois sans réviser, on mélange les Sages ; 18 mois sans réviser, on oublie les thèmes essentiels des traités ; 24 mois sans réviser, on oublie les choses essentielles, et comme on a dit de l’impur que c’est pur, qu’on mélange les Sages et qu’on a
oublié les thèmes essentiels des traités, on finit par rester sans rien dire.
Chlomo a dit à ce propos : "Je suis passé près du champ d’un paresseux et de la vigne d’un homme privé de sens, et voilà qu’il était tout envahi par l’ivraie, les ronces en recouvraient la surface, l’enclos de pierres était en ruines"."

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-> En acceptant les épreuves avec amour, l'individu n'oubliera pas ce qu'il a son étude [de Torah].
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud]

-> Celui qui étudie à haute voix, prolongera ses jours, et gardera en mémoire ce qu'il apprend.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud]

-> Celui qui n'a pas d'orgueil, gardera en mémoire ce qu'il apprend.
Egalement celui qui transmet aux autres la Torah qu'il apprend.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud]

-> Celui qui consomme du pain le matin, retiendra son Talmud, et méritera d'étudier et d'enseigner.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud]

-> Celui qui apprend la Torah mais ne la révise pas, ressemblera à celui qui sème mais ne récolte pas.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud]

-> Celui qui révise son étude, la Torah elle-même sollicitera d'Hachem qu'Il lui révèle les raisons et secrets de la Torah.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud]

-> Celui qui ne révise pas son étude [de Torah,] éprouvera des difficultés à élever [faire grandir] ses enfants.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud

-> Il sera plus dur d'apprendre un enseignement oublié, que d'en étudier un nouveau.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - limoud]

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-> Si quelqu'un oublie un enseignement de son étude, alors des querelleurs se dresseront contre lui.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - mériva]

-> Celui qui a appris la Torah, puis a délaissé l'étude, ses adversaires le poursuivront.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - mériva]

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+ De 100 à 101 = louer la bonté et la justice d'Hachem :

-> Nos Sages (guémara 'Haguiga 9b) disent : "Celui qui révise 100 fois son étude n'est pas comparable à celui qui la revoit 101 fois".

-> Le Béer haParacha commente :
Le téhilim 100 commence par "mizmor létoda" ("téhilim de reconnaissance"), et il fait allusion aux moments de joie et de prospérité, durant lesquels l'homme est plein de gratitude et d'amour envers Hachem. Il Le loue alors pour toutes Ses bontés.

Le téhilim 101, quant à lui, dit "léDavid mizmor 'hessed oumichpat achira, lékha Hachem azaméra" ("de David, téhilim, je veux chanter la bonté et la justice ; à Toi, Hachem, j'adresse mon cantique").
Nos Sages expliquent : "je veux chanter la bonté et la justice" signifie que David remercie Hachem tant pour les moments heureux que pour les périodes difficiles : "Si c'est la bonté, je chante, si c'est la justice, je chante".

Ce degré élevé de émouna est l'essence de l'homme : savoir reconnaître que le Créateur ne lui fait que du bien, et même s'il s'agit d'un bienfait caché, il n'en reste pas moins un bienfait entier.

Le Béer haParacha conclut qu'on trouve une allusion à ce propos dans la guémara citée plus haut : "Celui qui révise 100 fois son étude n'est pas comparable à celui qui la revoit 101 fois".
Celui qui accomplit le téhilim 100, et remercie Hachem pour toute bonne chose, n'est pas comparable à celui qui accomplit le téhilim 101, et remercie aussi pour ce qui lui semble être un obstacle. Ce dernier a un degré bien supérieur.

Il faut constamment se rappeler que le comportement d'Hachem est toujours bon. Lorsqu'il nous parvient sous forme de Bonté ou de Justice, ce ne sont que des illusions d'optique car en vérité Il n'est que Miséricorde.

Précisons également que tout ce que nous possédons est un pur cadeau [gratuit] qui nous provient de la bonté d'Hachem. Hachem ne nous doit rien!
Si l'on intègre cela, nous remercierons toujours le Créateur et accepterons, avec amour et sérénité, Sa conduite envers nous.

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-> Celui qui révise son étude cent fois ne ressemble pas à celui qui la révise cent-une fois. Il en ressort que l’homme qui ne révise son étude "que" cent fois entre dans la catégorie de "celui qui ne Le sert pas", tandis que celui qui la révise cent-une fois fait partie de "celui qui sert D.".
La guémara pose alors la question évidente : Est-ce que celui qui révise son étude cent fois est qualifié de "celui qui ne Le sert pas" ?

Le Baal haTanya explique que, jadis, les étudiants en Torah avaient coutume de réviser 100 fois chaque enseignement qu’ils apprenaient, et cette pratique constituait donc pour eux une habitude.
C’est pourquoi un homme n’en était pas pour autant considéré comme un serviteur d’Hachem dans son étude. Seul celui qui révisait 101 fois, qui ajoutait une révision à l’habitude répandue, était appelé serviteur d’Hachem, grâce à cette unique fois supplémentaire qui dépassait sa nature.

-> Sur ce sujet, le Bné Yissa'har (Pin'has 25,11) enseigne :
Qu’un homme serve D. suivant ses tendances naturelles et ses traits de caractère innés (comme quelqu’un qui pratique la bienfaisance parce qu’il aime naturellement prodiguer du bien) ne constitue pas une grande innovation dans son service d’Hachem. En effet, la chose lui est facile et il ne doit pas combattre son yétser ara pour l’accomplir.
Or, ce qui fait la valeur essentielle du service d’Hachem et de la satisfaction qu’il engendre pour D., est de briser sa nature, de surmonter son mauvais penchant, et d’accomplir une bonne action en contradiction avec sa tendance et son désir naturels.

[ainsi, certes en quantité ce n'est qu'une seule révision, mais en qualité cela a énormément d'importance aux yeux d'Hachem, car on a surmonté la tendance naturelle.
Cela s'applique dans tous les domaines de notre service Divine, où ce qui peut paraître une petite victoire, a en réalité une grande importance et appréciation pour Hachem.]

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+ Inviter Hachem à notre étude de Torah :

-> Celui qui s'engage uniquement dans l'étude de la Torah (et non dans le 'hessed) est comme quelqu'un qui n'a pas de D. [kol aossek baTorah bilvad, domé kémi chéén lo Elokaï - guémara Avoda Zara 17b]
Cela peut être compris comme faisant référence à quelqu'un qui s'engage dans la Torah seul (bilvad), sans attachement (dvékout) et sans conscience d'Hachem. C'est comme quelqu'un qui n'a pas de D.

Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 4:6,7) écrit qu'avant d'apprendre, il faut avoir l'intention de s'attacher à Hachem.

Même au milieu de l'apprentissage, on peut s'arrêter un peu pour penser à la crainte d'Hachem et ce n'est pas considéré comme une perte de temps (bitoul Torah), car cela permet à la Torah de rester près de soi.

La guemara ('Haguiga 9b nous dit qu'il n'y a pas de comparaison entre quelqu'un qui apprend un sujet de Torah 100 fois et quelqu'un qui l'apprend : méa véé'had (101 fois).
Une autre signification est qu'il n'y a pas de comparaison entre celui qui apprend un sujet 100 fois et celui qui l'apprend 100 fois avec le é'had (Hachem).

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-> "Sois vigilant et prends bien garde de ne pas oublier les choses que tes yeux ont vues. Ne laisse pas [ce souvenir] quitter ton cœur tous les jours de ta vie" (Vaét'hanan 4,9)

-> Le Méam Loez commente :
A présent, Moché met les Bné Israël en garde : "Les nations vous estimeront et diront qu'il n'existe pas de peuple aussi sage et intelligent à condition que vous étudiiez la Torah, observiez les commandements et ne les oubliiez pas. Si vous abandonnez par contre le droit chemin, si vous oubliez la Torah en négligeant de l'étudier, vous serez méprisés et considérés comme des sots par les nations."

Cela est comparable à un roi qui a marié sa fille. Tant qu'elle reste mariée, son époux est honoré car il est le gendre du roi et il est proche de lui jour et nuit. Mais s'il ne veut plus de la princesse, le roi s'éloigne de lui. Le gendre ne sera plus respecté par le peuple car l'honneur dont il jouissait provenait uniquement de son lien de parenté avec le roi.

Le verset dit donc : "Sois vigilant et prends bien garde".
L'estime dont tu jouis auprès des nations provient de ta vigilance et du fait que tu prends bien garde à tout ce que tes yeux ont vu au mont Sinaï. Ces peuples t'admireront si tu n'écartes pas la Torah et les commandements de ton cœur durant toute ta vie. Tu dois observer les commandements non pas parce que tu les trouves justes et nécessaires mais pour la seule raison que D. te les a ordonnés.
[...]

Pour se rappeler de ce qu'on a étudié, 3 conditions sont nécessaires :
1°/ Il faut étudier à voix haute.
Un disciple de rabbi Eliézer ben Yaakov étudiait silencieusement. Après 3 ans, il avait oublié tout ce qu'il avait appris.
Rabbi Chmouël dit à rabbi Yéhouda : "Lorsque tu étudies, ouvre la bouche afin que tu vives longtemps et que tu n'oublies pas ce que tu apprends", car si tu n'oublies pas la Torah, tes jours s'allongeront.
"Ils sont la vie pour ceux qui les trouvent (motsaéhem)" (Michlé 4,22).
Celui qui prononce (motsiéhem) les paroles de Torah à haute voix aura la vie, car il ne les oubliera pas et ne sera pas passible de mort ...

Hachem protège l'homme qui étudie à voix haute et prononce distinctement les mots, comme un oiseau protège ses petits de ses ailes. Aucun danger ne l'atteindra.
De plus, par son mérite cet homme maintient le monde ; D. se réjouit de lui comme au jour de la Création du ciel et de la terre. Lorsque cet homme quittera ce monde, son âme ira directement au monde futur.

2°/ La 2e condition pour avoir une bonne mémoire est de réviser sans cesse.
Plus on révise ce que l'on a appris, plus longtemps cela nous reste en mémoire. Si un homme étudie un passage et ne le révise pas, il ressemble à celui qui sème mais ne récolte pas. Il profitera peu de ses efforts car il oubliera son étude.
L'homme qui révise de nombreuses fois est appelé un serviteur de Hachem. Il n'existe aucune commune mesure entre l'homme qui revoit un chapitre 100 fois et celui qui le révise 101 fois.

"Tu verras la différence entre le tsadik et le racha, entre celui qui sert D. et celui qui en Le sert pas" dit le verset (Mala'hi 3,18).
L'expression "celui qui sert D. et celui qui ne le sert pas" semble superflue : si un homme est tsadik, ne sert-il pas D.? S'il est racha, Le sert-il? Cette répétition nous enseigne qu'un homme tsadik ayant étudié un passage 100 fois n'est pas appelé un homme qui "sert D." autant que celui qui l'étudie 101 fois.

Tel est le sens du verset : "Sois vigilant et prends bien garde" (הִשָּׁמֶר לְךָ וּשְׁמֹר נַפְשְׁךָ מְאֹד - hichamer lé'ha ouchmor nafchékha méod - Vaét'hanan 4,9).
Les initiales de ces mots sont : hé, lamed, vav, noun et mém. La valeur numérique de ces lettres sans le lamed est de 101, chiffre qui indique le nombre de révisions nécessaires.
La lettre "lamed" évoque la notion d'étude (limoud). Ce verset fait donc allusion à la nécessité de réviser 101 fois notre étude afin qu'elle reste en mémoire.

Rabbi Chimon ben Lakich révisait 40 fois ce qu'il avait appris, en parallèle aux 40 jours pendant lesquels la Torah a été donnée à Moché.
Rav Adda bar Ahava révisait 24 fois, en parallèle aux 24 Livres de la Torah.
Rabbi 'Hiya bar Abba révisait tout ce qu'il avait étudié tous les 30 jours avec son maître, Rabbi Yo'hanan, afin de ne rien oublier.

La révision apporte un avantage supplémentaire : lorsqu'un homme arrive au monde futur et connaît bien ce qu'il a étudié, on annonce en Haut : "Bénie soit ton arrivée!". En effet, le 1er jugement de l'homme porte sur l'étude de la Torah. On lui demande : "As-tu fourni des efforts dans l'étude de la Torah?"

3°/ La 3e chose qui favorise la mémoire est l'humilité.
Le verset dit : "Et du désert à Matana" (Bamidbar 21,18). Si un homme fait de lui-même un désert que tout le monde foule aux pieds, D. lui offre la Torah en cadeau (matana), c'est-à-dire qu'il ne l'oubliera pas.
Les paroles de Torah sont comparées à l'eau. Comme l'eau qui coule des hauteurs aboutit dans les endroits bas, la Torah ne reste qu'en ceux qui sont humbles et modestes.

Rabbi Yéhochoua ben 'Hanania (guémara Taanit 7) explique l'idée que les hommes laids n'éprouvent pas de fierté, et comme ils sont humbles, ils n'oublient pas ce qu'ils ont étudié.
Certes, il y a des personnes belles et sages, mais elles auraient été encore plus sages, si elles avaient été laides.
La Torah dit : "[La Torah] n'est pas au ciel" (Dévarim 30,12). La Torah ne peut être gardée chez un homme fier dont la tête est aux cieux.

Si un homme ne prête pas attention à ce qu'il étudie et l'oublie, il perd sa grandeur et cause l'exil de ses descendants. C'est considéré comme s'il avait oublié D.

Hachem lui dit : "La Torah a été donnée en 40 jours. L'âme est formée en 40 jours car c'est le temps qu'il faut à l'embryon pour prendre forme humaine. Si l'homme préserve la Torah en son cœur pour ne pas l'oublier, Je préserverai l'âme qui est en lui ; sinon, Je prendrai son âme".

Il est écrit ici : "Sois vigilant et prends bien garde à ton âme".
Ce verset nous recommande de ne pas oublier la Torah afin que D. veille à notre âme et ne nous la reprenne pas.

L'homme est comparé à un nourrisson. Comme le nourrisson tète à chaque moment, l'homme doit étudier la Torah constamment.
La Torah dit : "Si tu m'abandonnes un jour, je t'abandonnerai 2 jours". Imaginons 2 personnes qui se rencontrent puis se quittent et s'en vont dans 2 directions opposées. Lorsque l'une s'éloigne d'un kilomètre, la 2e a elle aussi parcouru un kilomètre si bien qu'elles se trouvent à 2 kilomètres l'une de l'autre.

"Et vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D., vous êtes tous vivants aujourd'hui" (Vaét'hanan 4,4)

-> Hachem est appelé : "Elokim 'Haïm", Il est la source de la vie.

Le verset nous affirme que si on s'attache à Hachem, on s'attache à la vraie source de la vie, et on aura alors une vie véritable.
Les réchaïm sont appelés morts même quand ils sont physiquement vivants, car ils ne sont pas attachés à la vraie source de la vie.

[Ohr ha'Haïm haKadoch]

[lorsqu'on est juif, le fait d'avoir notre cœur qui bat n'est pas signe de vie.
Un juif en vie est celui qui choisit à chaque instant d'agir en toute fidélité avec la volonté de D.

=> Si "vous êtes attachés à Hachem" alors : "vous êtes vivants".]

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-> Le Min'hat El'azar (rabbi 'Haïm El'azar de Munkatch) enseigne sur ce verset :
Le Rambam déclare que notre attachement à D. stimule Sa divine Providence.
C'est-à-dire que plus nous nous attachons à Hachem, plus grande est Son aide bénéfique et Son implication dans notre vie personnelle (hachga'hat pratit).

Cette idée est exprimée dans le verset : "vous, qui êtes attachés/fidèles à Hachem" => en proportion du degré d'attachement/fidélité à Hachem, votre D., "vous êtes tous vivants aujourd'hui" = vous recevrez la vie et la vitalité du Créateur, qui est source de vie et de bénédictions.

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-> Les autres nations du monde ne peuvent établir un contact avec Hachem qu'après leur mort.
Cependant, le peuple juif a l'opportunité d'être en relation avec D. pendant qu'ils sont en vie dans ce monde.

[le Min'ha Béloula]

[ "Vous êtes attachés à Hachem" : il pourrait s'agir des non-juifs après leur mort, mais la suite du verset précise : "vous êtes tous vivants aujourd'hui".

=> La caractéristique unique d'un juif est de pouvoir déjà de son vivant développer une relation de proximité avec D.

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-> On doit toujours placer Hachem au 1er plan dans son esprit, en accord avec le verset : "Je fixe constamment mes regards sur Hachem" (Téhilim 16,8).

Lorsque l'on mange, dort, travaille ou bien que l'on s'occupe de tout autre besoin, nous devons toujours être conscient que c'est D. qui nous fournit tout pour nous.

Celui qui suit ce chemin, va mériter un attachement éternel avec Hachem.

[le Chla haKadoch]

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-> "Pourquoi est-ce que mon frère (le Gaon de Vilna) n'a-t-il jamais écrit de livre sur les 613 mitsvot?

Mon frère m'a dit qu'il serait faux de dire qu'il n'y a que 613 mitsvot dans la Torah.
Il ne peut pas être possible que depuis le début de la Torah jusqu'à la paracha Bo, qu'il n'y ait que 3 mitsvot.

Mais en réalité, chaque mot de la Torah est une mitsva.
Les mitsvot de la Torah sont trop nombreuses pour être comptées.
Les 613 mitsvot ne sont que des racines d'autres mitsvot.

Un arbre est composé d'un tronc, de branches, et également de fruits.
Avec les graines des fruits, un nouvel arbre peut se développer.
La Torah est comme un arbre de mitsvot, avec des opportunités sans fin d'accomplir des mitsvot.

[Mon frère le Gaon de Vilna] n'a pas écrit de Séfer haMitsvot afin qu'il soit connu que les mitsvot de la Torah sont sans fin."

[Maalot haTorah]

=> Hachem a multiplié les mitsvot, pour multiplier nos occasions de pouvoir s'attacher avec Lui.

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-> "Hachem fut avec Yossef, lui attira de la bienveillance" (Vayichla'h 33,14)

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï) commente :
Le sens caché de ce verset réside dans le fait que l’homme dispose de 4 forces de sainteté. On les appelle : Néfech, Roua’h, Néchama et la Néchama de la Néchama, aussi appelée ‘Haya. Et bien qu’il en existe une 5e appelée Yé’hida, du fait de son élévation et de son aspect caché, on ne la compte pas toujours, comme le dit le Arizal dans le Sha’ar Hakavanot (23c): "Sache, qu’il y a en l’homme ici-bas, 4 niveaux, qui sont: la Néchama de la Néchama qui vient de la ‘Hochma, la Néchama de la Bina, le Roua’h de la Tiféret et le Néfech qui vient de la Malchout".
Et il est connu que ces 4 niveaux sont en allusion dans les 4 lettres du nom d’Hachem, Youd-Hé-Vav-Hé.
Le Youd représente la Néchama de la Néchama, le premier Hé la Néchama, le Vav le Roua’h et le deuxième Hé le Néfech.

Maintenant, quand un tsadik accomplit la volonté divine, il attire sur lui la vie depuis ces 4 lettres du nom d’Hachem vers ses 4 niveaux de sainteté, à l’instar du verset (Vaét'hanan 4,4): "Et vous, attachés avec le nom d’Hachem, Youd-Hé-Vav-Hé, votre D. (וְאַתֶּם, הַדְּבֵקִים, בַּיהוָה אֱלֹהֵיכֶם), vous en tirez votre source de vie, aujourd’hui (חַיִּים כֻּלְּכֶם, הַיּוֹם)".
A l’inverse, le racha, lui, coupe le lien avec le nom d’Hachem et la source de vie sainte qui en coule.
La source de vie sainte qui sort de chaque lettre donne le mot 'Haï (vivant - חַי) qui a pour valeur numérique 18 et une fois 'Haï pour chaque lettre donne 72 (4*18) qui est la valeur numérique de : 'Hessed (la bonté, la bienveillance).
C’est le sens de notre verset : Yossef, en se conduisant comme un tsadik, s’est attaché au nom d’Hachem, Youd-Hé-Vav-Hé et en a tiré 4 fois 'Haï (la vie), ce qui lui a amené le 'Hessed.

[cela s'applique à chacun de nous : le plus nous accomplissons la volonté divine (selon nos capacités personnelles), le plus nous attirons la bonté d'Hachem sur nous!
C'est le sens du verset : "vous, qui êtes attachés à Hachem, votre D." [en faisant Sa volonté] => alors : "vous êtes tous vivants aujourd'hui"
Faire la volonté de D. c'est donner de la vie aux forces de sainteté qui sont en nous, c'est donner de la force à Hachem, et c'est être davantage vivant dans le monde à Venir qui est éternel. ]

-> Cela est en accord avec le Ohr ha'Haïm haKadoch ci-dessus :
Les réchaïm sont appelés morts même quand ils sont physiquement vivants, car ils ne sont pas attachés à la vraie source de la vie.
En effet, les fautes du racha vont créer tellement de séparations entre son âme et Hachem, qu'au niveau spirituel il est considéré comme un mort.
D'ailleurs, le Sifté 'Haïm dit que la téchouva est comparable au niveau spirituel à une résurrection des morts.
(chaque faute que nous avons fait a amené un dose de mort spirituelle en nous!).

-> "Les réchaïm sont appelés morts même de leur vivant" (guémara Béra'hot 18b)
Ils ne sont pas appelés vivants car ils n'utilisent pas de façon productive leur temps, dans la Torah et les mitsvot.
A l'inverse, il est écrit : "[avec la Torah] on t'ajoutera des années de vie" (véyossifou lé'ha chémot 'haïm - Michlé 9,11).
Dans une ville, au moment de la mort d'une personne, on avait l'habitude de calculer le temps qu'elle avait pu consacrer à la Torah, aux mitsvot, à la prières [ce qui est son véritable temps de vie], et on l'inscrivait sur sa tombe.
Ainsi, pour certains la durée de leur vie pouvait être de 1 ou 2 années.

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-> "Je ne mourrai maintenant après avoir vu ta face et que tu es encore vivant" (Vayigach 46,30)

-> Rabbi Yossef Caro fait remarquer que Yaakov était versé dans "la sagesse de lire les visages", et quand il est arrivé en Egypte il a regardé le visage de Yossef, y a vu sa sainteté et sa droiture, et s'est réjoui.
Car les tsadikim sont appelés vivants, alors que les réchaïm sont appelés morts même pendant leur vie.

C'est pourquoi il a dit : "Je mourrai maintenant après avoir vu ta face et que tu es encore vivant", c'est-à-dire que tu es encore dans ta sainteté, ta piété et ta droiture, à savoir "vivant".

"Consolez, consolez mon peuple, dit votre D." (נַחֲמוּ נַחֲמוּ עַמִּי - Yéchayahou 40,1 - Haftara suivant le 9 Av)

Si l'objectif de ce verset était de consoler le peuple juif, il aurait dû être écrit : נַחֲמוּ נַחֲמוּ לעַמִּי.
Le Kéhilat Yaakov enseigne qu'en réalité, c'est à nous de consoler Hachem.

En effet, si le peuple juif a fait téchouva suite à la destruction du Temple (période du 9 Av), alors Hachem est consolé.
Cela n'aura pas été inutile!

[1er "Consolez" : pour de pas avoir détruit le Temple et exiler les juifs pour "rien" ;
2e "Consolez" : pour pouvoir enfin arrêter d'amener des souffrances sur Son peuple afin qu'ils se réveillent et reviennent vers Lui.]

"Quelle est la grande nation qui a un D. proche d'elle comme Hachem, notre D., à chaque fois que nous L'appelons? "
[paracha Vaét'hanan 4,7]

=> Face à une telle vérité : quelle fierté, quelle joie nous avons d'être juif(ve)!!

"Qu’il n’y ait pas chez toi de divinité étrangère" (Téhilim 81,10)
Le rabbi Mendel de Kotzk explique que l'on ne doit pas penser que Hachem est comme un étranger qui n'est pas intéressé par nos prières. Mais nous devons plutôt être persuadés qu'Il désire beaucoup les entendre et qu'Il y répondra.

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"Tu observeras Ses décrets et Ses commandements que Je t'ordonne aujourd'hui, pour qu'Il Te fasse du bien à toi et à tes enfants après toi et afin que tu prolonges tes jours sur la terre que Hachem te donne pour tous les jours."

[paracha Vaét'hanan 4,40]

=> Si nous voulons la bénédiction et la longévité, alors nous savons ce qu'il nous reste à faire ...
Faire la volonté de D., c'est mettre en place des conduits permettant de nous amener toutes les infinies bonnes choses que papa Hachem souhaite nous donner.

-> Les mitsvot nous ont été données pour notre bien et dans notre intérêt (D. étant parfait/complet, il n'a besoin de rien).
C'est effectivement ce que dit le verset : "Tu garderas Ses lois et Ses commandements, afin qu'Il te fasse du bien".
Forts de cela, le service de Hachem nous paraîtra plus léger, et nous accomplirons Ses mitsvot avec joie et ferveur.
[Maguid de Doubno]

"Le fait que l'étude de la Torah Orale garde le peuple d'Israël se trouve en allusion dans le terme : guémara (גמרא), dont les lettres renvoient à : Gavriel, Michaël, Raphaël et Ouriel.

Lorsque nous étudions la guémara, ces anges nous entourent et nous observent : Gavriel (גבריאל) à gauche ; Michaël (מיכאל) à droite ; Raphaël (רפאל) à l'arrière ; et Ouriel (אוריאל) devant nous."

[Séfer ha'Haïm - écrit par le frère du Maharal de Prague, Rabbi 'Haïm]

-> Il explique cela d'après l'enseignement de nos Sages (guémara Béra'hot 8a) : "Depuis le jour où le Temple fut détruit, Hachem se trouve uniquement dans les 4 coudées de la loi".

Le Doréch Tsion (Bamidbar) explique que ceci (les lettres de גמרא renvoyant aux 4 anges) pour nous enseigner que tout celui qui se consacre à l'étude de la guémara afin de définir et d'établir la loi, sera protégé de toute mauvaise chose et entouré par les anges de l'Eternel. Mikhaël se tiendra à sa droite, Gabriel à sa gauche, face à lui se tiendra Ouriel, et derrière lui, Raphaël.
C'est le sens des paroles de la guémara au travers des termes "les 4 coudées". En effet, Il s'agit des 4 camps de la Présence divine où résident les anges des mondes supérieurs, et des 4 étendards des Bné Israël [dans le désert], descendants de Yaakov, qui permettent à la Présence divine de résider parmi nous.

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-> "Toutes les destructions et les malheurs du peuple juif, collectivement et individuellement, proviennent du bitoul Torah (le fait de ne pas étudier la Torah alors qu'on pourrait le faire)."
[midrach Tana déBé Eliyahou Zouta 1]

-> "Venez, réconcilions-nous, dit Hachem" (Yéchayahou 1,18)
Le Targoum interprète cela : "[D. nous dit : ] Lorsque tu retournes à la Torah, tu peux Me demander et Je répondrai à tes requêtes".