Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Je suis Yossef ; mon père vit-il encore?
Ses frères ne purent lui répondre, car ils avaient été frappés de stupeur devant lui" (Vayigach 45,3)

-> "Si déjà les remontrances d'un être humain (Yossef, leur jeune frère) ont eu un tel effet de stupeur, à plus forte raison les remontrances d'Hachem sur nos actions terrestres (auront un tel effet)"
[guémara 'Haguiga 4b]

Le Maharcha ajoute : notre jugement individuel dans le Ciel ne portera pas seulement sur nos paroles et nos actes, mais aussi sur ce que chacun aurait pu faire avec ses qualités et ses potentialités, et qu'il n'a pas réalisé.

-> "Rabbi Chimon ben El'azar dit : 'Malheur à nous au jour du jugement, malheur à nous au jour des remontrances ... Si déjà les grands frères n'ont pas su répondre à leur frère cadet, tant ils étaient éberlués devant lui, à plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun de nous selon ses actions."
[midrach Yalkout Chimoni Béréchit 152]

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 23) enseigne :
Les frères de Yossef, qui jusqu'à ce jour ont toujours considéré être dans leur bon droit en agissant ainsi envers leur jeune frère, prennent brusquement conscience de leur erreur de jugement et d'évaluation, et pris de stupeur, ils ne peuvent plus répondre de leur acte.

Toutes les bonnes raisons qu'ils avaient pour justifier leur comportement envers Yossef ne résistent pas devant ces vérités.

La décision de tuer Yossef, transformée en une vente, avait pour but l'annulation de la réalisation de ses rêves, mais non seulement cela n'a pas pu empêcher son ascension à la royauté, mais de plus, c'est ce geste qui a permis l'accélération et la réalisation de ses rêves.

Les moyens mis oeuvre pour atteindre un résultat donné sont entre les mains de l'homme, mais le résultat de cette action ne dépend que de Hachem.

Nous serons jugés sur nos efforts et sur les moyens utilisés pour atteindre un but, et non sur le résultat.

Par ailleurs, même si une finalité nous semble noble, cela ne doit pas justifier l'utilisation de moyens "impropres" (ex: ici faire souffrir Yaakov pendant 22 ans!).

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-> Au moment où Yossef a dit : "Je suis Yossef", le plan de D. est apparu aux frères dans toute sa limpidité et aucune question ne s'est plus posée.
C'est ainsi qu'il en sera, plus tard, lorsque D. Se révélera et annoncera : "Je suis Hachem!"
Tous les yeux (juifs et non-juifs) s'ouvriront et l'on comprendra toutes les péripéties qui ont jalonné le cours de l'histoire.
[le 'Hafets 'Haïm]

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-> "Lorsque les frères rencontrèrent Yossef, ils reconnurent les traits de son visage, et ils comprirent que c'était le visage de leur frère Yossef. Toutefois, ils ne pouvaient admettre que Yossef était devenu roi.
Il était pour eux absolument impossible qu'un esclave atteigne le trône. Ainsi, ont-ils supposé qu'il s'agissait là d'un homme égyptien qui ressemblait à Yossef, mais il ne pouvait nullement s'agir de leur frère".
[midrach Ohr 'Hadach]

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-> "Une personne voit tous les défauts, à l'exception des siens" [Négaïm 2,5]

-> "Se trouve-t-il un seul individu, dans cette génération, qui soit apte à faire des remontrances? Il voit la paille dans l’œil du voisin, et ne voit pas la poutre dans le sien!" [le Sifri sur la guémara Arakhin 16b]

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+ Abba Kohen Bardela (midrach Béréchit Rabba 93,10), discerne un élément de réprimande dans l’annonce faite par Yossef :
"Malheur à nous au jour du Jugement! Malheur à nous au jour de la Réprimande!
Si les frères n’ont pas su supporter sa réprimande, lui qui était le plus jeune, à plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun selon ce qu’il est."

Selon le Beit haLévi, cela signifie que chacun d'entre nous devra faire face :
-> à un jour de jugement : nous serons tenus pour responsable des fautes que nous avons commises durant notre vie ;

-> et à un jour de remontrances : en plus du prix à payer pour nos fautes, on nous montrera l’hypocrisie de chacune des excuses que nous avons pu avoir.
Un remontrance (to'ha'ha) est le fait de rendre apparent la sottise d'agir d'une telle façon, et pourquoi il faut absolument changer.

D'abord on nous exposera nos fautes. Sur ce, nous voudrons nous expliquer et ramener plein de bonnes raisons pour les justifier.
C'est pour cela qu'immédiatement, suite à cela, il va y avoir des remontrances, où toutes nos justifications vont voler en éclat, et seul le 100% vérité va rester.

C'est alors que le jugement peut se tenir, sans interruption, jusqu'à ce que justice soit faite.

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-> "D. viendra réprimander chacun selon ce qu’il est" (midrach Béréchit Rabba 93,10)

Nous serons jugés en fonction du vrai nous-même.

Nous ferons face à toutes nos contradictions internes sur nos valeurs.
Par exemple, nous justifierons le fait de n'avoir pas pu aller à la synagogue le matin. On nous montrera alors la vidéo de toutes les fois où nous avons pu nous lever tôt lorsqu'il s'agissait de nos occupations personnelles.

Nous affirmerons ne pas avoir pu donner davantage à la tsédaka car nous ne le pouvions pas, mais est-ce que nous tenions le même langage pour nos dépenses personnelles non vitales?

Le jugement ne portera pas sur ce que nous ne pouvions pas faire, mais sur ce qui était dans nos possibilités, et que nous n'avons pas fait, préférant le justifier par des excuses malhonnêtes.

Nous verrons alors ce que nous aurions pu devenir, ce que nous aurions pu obtenir par nos prières, et nous verrons de façon apparente à quel point nos excuses étaient vides de vérité, donc inexistantes.

Nos Sages affirment d'ailleurs que le plus douloureux n'est pas la punition pour nos fautes, mais ce choc face à la vérité, ce sentiment horrible d'être plein de regrets : "Comment ai-je pu croire à ces justifications si minables, et avoir aussi peu fait de ma vie!"

[nous risquons d'être des criminels, car nous avons tué la personne magnifique que nous pouvions être!]

=> Essayons d'être honnête et sincère avec nous même, et ne pas hésiter à bénéficier du regard d'autrui, afin d'avoir une remontrance finale qui soit la moins amère possible.

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-> Le Beit haLévi explique que Yossef savait que s'il faisait directement une remontrance à ses frères pour l'avoir vendu, ils pouvaient facilement se justifier en disant : "Yossef, nous avons fait exactement ce qu'il fallait faire. Nous avons réuni un beit din et jugé que tu devais mourir".

Puisqu'ils considéraient que Yossef méritait son sort, une approche frontale n'aurait pas fonctionné.

Ainsi, Yossef a élaboré un plan pour Binyamin, le rendant coupable d'un crime entraînant son emprisonnement.
Au début de la paracha, dans son plaidoyer pour Binyamin, Yéhouda, qui représentait ses autres frères, fait appel à de la compassion pour Yaakov, leur vieux père, qui risque d'en mourir en apprenant cela (cf.Vayigach 44,31).

Yaakov s'est alors tourné vers ses frères, et a demandé : "Je suis Yossef ; mon père vit-il encore?"
Cela était un message clair : "Vous affirmez que la perte de son fils chéri va tuer votre père, mais alors comment avez-vous pu me vendre en esclavage? N'avez-vous pas réalisé que cela aussi pouvez 'tuer' notre père?"

Face à leur contradiction interne : "Ses frères ne purent lui répondre, car ils avaient été frappés de stupeur devant lui".

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+ On a pu voir, b"h, 2 midarchim ayant un contenu similaire, mais se terminant de façon légèrement différente :

-> "A plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun de nous selon ses actions" (léfi maasaï)"
[midrach Yalkout Chimoni Béréchit 152]

-> "A plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun de nous selon ce qu’il est (léfi ma chéou)"
[midrach Béréchit Rabba 93,10]

Selon le rav Acher Weiss, on retrouve cette distinction dans notre paracha :
-> selon vos actions : "Je suis Yossef votre frère, que vous avez vendu en Egypte" (Vayigach 45,4)

C'est une remontrance sur les actions qu'ils ont pu faire : le jeter dans le puits, le vendre en tant qu'esclave, tremper sa tunique dans le sang et prétendre qu'il a été tué.

-> selon ce que vous êtes : "Je suis Yossef! Est-ce que mon père est toujours vivant?" (Vayigach 45,3)

C'est une remontrance sur ce qu'ils sont, sur leur trait de caractère.
Yossef utilise : "MON père", et non : "NOTRE père", comme une subtile allusion au fait qu'ils ont pu agir sans cœur, en oubliant ce qu'il pourrait ressentir pour la perte de son fils.

Ses frères l'ont vu pendant 22 ans dans un deuil inconsolable, est-ce qu'ils ont tout mis en oeuvre pour le retrouver et le rendre à leur père?

Cela a été la remontrance la plus douloureuse.

=> Nous nous devons de faire attention, non seulement à nos actions, mais également à notre attitude, notre état d'esprit, car nous aurons des comptes à rendre là-dessus.

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-> Après une longue discussion avec Yéhouda, Yossef finit par se dévoiler à ses frères. Alors, il leur dit : "Je suis Yosseph". La Torah relate qu'en entendant ces mots, "ses frères ne purent lui répondre, car ils étaient perturbés devant lui".
En apparence, on aurait tendance à expliquer qu'ils furent perturbés de par la peur que Yossef ne se venge. Mais, nos Sages expliquent qu'en réalité, ils furent perturbés par la honte. Les frères reçurent les propos de Yossef comme une profonde réprimande et remise en cause, et en ressentirent une grande honte.
Et nos Sages de conclure que cette réprimande était à l'image de la réprimande qu'Hachem adressera à l'humanité dans les temps futurs.
=> Cependant, on peut s'interroger sur tout cela. D'une part, en quoi les mots : "Je suis Yossef" constituent-ils une réprimande, alors qu'en apparence, par ces termes Yossef ne fait que se dévoiler à ses frères? Et d'autre part, quel lien y a-t-il entre ce passage et la réprimande qu'Hachem adressera au monde dans les temps futurs?

En fait, il faut savoir au préalable que le comportement et le mode de vie de Yossef se distinguaient de ceux de ses frères.
- Les autres tribus s'isolaient pour servir Hachem. Pour eux, on ne peut s'élever spirituellement qu'en s'éloignant du monde matériel et profane. Il est nécessaire d'adopter un comportement visiblement pieux, en recul avec le monde.
- Mais Yossef voyait les choses différemment. Il optait plutôt quant à lui pour cacher sa piété sous une apparence de superficialité. Il adoptait des habitudes profanes, soignait sa coiffure et son vestimentaire, et dissimulait sa sainteté.
C'est d'ailleurs cette attitude qui suscita l'intérêt de la femme de Potifar, qui le trouvait beau et séduisant, jusqu'à vouloir l'attirer à elle. Et même quand il devint vice-roi de l'Egypte, Yossef poursuivit cette manière d'être. Il était mêlé aux affaires politiques et économiques du pays.
Extérieurement, on ne pouvait distinguer sa grandeur. Mais, au fond de lui, dans ses pensées et dans son cœur, il était pleinement attaché à Hachem.
Il utilisait un revêtement profane pour y envelopper une redoutable sainteté et une très grande proximité avec Hachem.
Si pour ses frères, le monde matériel était à éloigner, ne pouvant servir de moyen pour servir le Créateur. Pour Yossef, la matérialité est un vecteur de sainteté. Il se servait du profane pour l'emplir discrètement de sainteté.
Ce monde n'était pas à écarter.

Ainsi, ne remarquant que l'apparence superficielle et profane de Yossef, ses frères ne sont pas parvenus à saisir sa grandeur et sa sainteté.
Pour eux, Yossef s'était éloigné du droit chemin et menait une vie ancrée dans le matériel. Rien de bien ne sortirait de lui. Ils finirent aussi par s'en débarrasser.
La profonde sainteté que dissimulait Yossef, ils ne la remarquèrent pas ni ne la distinguèrent.
Mais quand Yossef finit par se dévoiler à ses frères, alors qu'auparavant sa sainteté était constamment cachée et il ne l'avait encore jamais mise à jour, mais à ce moment là, il la laissa se dévoiler. La lumière intense de sa sainteté éclata au grand jour.
C'est dans cet état de grande élévation qu'il formula les mots : "Je suis Yossef!"
Et enfin, pour la première fois, ses frères se trouvèrent face à la grandeur si puissante de Yossef. Enfin, ils comprirent qu'au delà de son apparence d'homme simple et profane, se cachait un être redoutable en sainteté.
Et là, ils furent perturbés "devant lui", ou littéralement : "de sa face" (mipanav - מפניו) = c'est qu'en voyant l'éclat qui rayonnait de son visage, ils en furent perturbés. A cet instant, ils comprirent qu'ils s'étaient grandement trompés à son sujet, et qu'ils avaient en réalité affaire à un homme saint. Ils ressentirent une grande honte de cette erreur. C'était pour eux une vraie réprimande.

=> Dans les temps futurs aussi, Hachem se dévoilera dans le monde matériel et proclamera : "Je suis Hachem".
Alors, on comprendra que ce monde, que l'on a utilisé pour son profit et parfois même pour se laisser aller à des fautes, qu'il était en réalité empli de la Lumière Divine qui s'y cachait.
Et alors, on ressentira aussi une grande honte, d'avoir utilisé un monde empli de Divinité, pour transgresser la Volonté Divine, ce qui constitue une offense au sacré.
Cette réprimande future sera bien à l'image de celle de Yossef.

[d'après le rav Mikaël Mouyal]

"Il [Yossef] ne l'écoutait pas pour reposer près d'elle, pour être avec elle" (Vayéchev 39,10)

-> "Elle a tenté de le séduire par tous les moyens possibles : par des paroles, en changeant continuellement de toilette, en le menaçant de le faire jeter en prison, de l'humilier et de le rendre aveugle, et en faisant miroiter à ses yeux la perspective de recevoir d'énormes sommes d'argent"
[guémara Yoma 35b]

-> Rachi rapporte la guémara (Sotah 3b), où elle souhaitait qu'il s'allonge près d'elle, même sans avoir de rapports.

Elle essayait de l'attirer en lui faisant comprendre : viens au plus proche de moi, comme cela tu acquerras plus de mérites pour le fait de m'avoir résisté.

-> La guémara (Avoda Zara 5a) explique :
- "pour reposer près d'elle" : comme faisant référence à ce monde. Yossef ne voulait pas fauter avec elle.
- "pour être avec elle" : cela fait allusion au monde à venir.

Yossef avait compris que fauter avec la femme de Potiphar dans ce monde entraînerait le fait d'être avec elle dans le monde à venir.

-> Dans cette même guémara (Avoda Zara 5a), il est également écrit :
"Lorsqu'une personne réalise une mitsva dans ce monde, la mitsva le précède et va devant lui dans le monde à venir.

Chaque faute qu'une personne commet va l'envelopper et l'accompagner au jour du jugement.
Selon Rabbi Eliézer, une faute nous devient liée comme peut l'être un chien."

Le Maharcha explique qu'une entité spirituelle est créée lorsque l'on réalise un mitsva ou une avéra.
L'accomplissement d'une mitsva va créer un défenseur pour son auteur, tandis que l'accomplissement d'une avéra (faute) va créer un accusateur pour son auteur.

Lorsque l'on raccompagne quelqu'un d'important, on est devant lui.
Lorsque l'on escorte un malfrat, on est derrière lui, pour parer à toute éventualité de fuite.

De même, l'ange créé par une mitsva va nous "précéder et aller devant" son auteur, annonçant l'arrivée d'un homme juste.
Tandis que l'ange créé par une avéra "va envelopper et accompagner" son auteur, l'amenant à son destin en enfer.

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-> A ce sujet, le Yéchouot Yaakov rapporte un passage de la prière de Arvit : "retire le Satan de devant nous et de derrière nous" (véasser Satan miléfanénou ouméa'harénou).

Une explication est que l'attaque du yétser ara peut venir de tous les côtés.

Mais, il apporte également une autre explication :
- "de devant nous" = avant la faute, le Satan essaie de nous tenter et de nous leurrer par des plaisirs matériels. Il se met devant nous et cherche à vendre sa marchandise.

Marchant devant, il se fait passer à nos yeux pour quelqu'un escortant une personne importante (nous), au point que l'on en oublie d'être fidèle à Hachem.
[je suis quelqu'un de tellement grand, que Hachem et sa volonté en deviennent inexistant!]

- "de derrière nous" = après que nous ayons fauté, ce même Satan va nous pousser et nous guider vers un destin épouvantable.

En général après une faute, le yétser ara cherche à nous faire culpabiliser (je suis vraiment un moins que rien!), à envelopper en nous de la tristesse, ce qui a le pouvoir de nous entraîner au plus bas.

Marchant derrière, il se fait passer comme accompagnant un bandit (nous), cherchant à entretenir cette phase de déprime destructrice suite à nos regrets.
[de toute façon je suis quelqu'un de tellement mauvais, que c'est normal si je fais de actes mauvais! Pourquoi faire de bons actes, vu comment je suis un racha!]

-> Le rav David Abehssera donne une autre explication de ce passage :
- "de devant nous" = il s'agit des mitsvot positives, ce que nous devons faire. Notre yétser ara se tient devant nous et fait tout pour nous empêcher de l'accomplir, en anesthésiant nos envies d'avancer spirituellement.
- "de derrière nous" = il s'agit des mitsvot négatives, ce devant quoi nous devons fuir/reculer. Notre yétser ara se tient derrière nous, nous barrant la route et nous poussant à avancer vers la faute.

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
- "de devant nous" = le yétser ara essaye de bloquer notre route lorsque nous voulons faire une mitsva ... Il essaye de mettre des embûches sur notre chemin, de nous montrer combien est dure à réaliser cette bonne action que nous désirons faire, et nous dissuader de mettre en application nos bonnes intentions.
Ce Satan là : nous demandons à Hachem de le retirer.
- "de derrière nous" = ici le rôle du yétser ara est de nous pousser à fauter, d'aider, d'assister, ainsi il réussit à nous leurrer facilement et à nous conduire dans la proximité des péchés ...
Pour être également sauvé du yétser ara, une aide divine particulière est nécessaire, c'est pour cela que nous prions qu'Hachem retire le Satan de derrière nous.

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-> "Écarte-toi du mal et fais le bien" (Tehilim 34,15).
Au-delà de la compréhension littérale, le Beth Avraham nous éclaire de la façon suivante :
Quand on souhaite faire de bonnes choses, le mauvais penchant se présente avec les montagnes de fautes que l'on a commises, non pas pour qu’on s’en repente, mais plutôt pour nous décourager de réaliser la bonne action.
Ainsi, "écarte-toi du mal" : ne considère pas le mal que tu as commis (si cela n'est pas constructif) ; "et fais le bien" : comme si tu n’avais jamais fauté.

["de derrière nous" : le yétser ara peut également tenir des propos opposés : "Quel tsadik tu es! Combien de belles actions/mitsvot tu as pu faire! Tu mérites bien de te laisser un peu aller, juste un peu, comme cela après tu auras encore plus de forces pour les mitsvot."
Il ne peut pas nous faire fauter directement, alors il cherche à ce que l'on fasse moins, petit à petit, jusqu'à tomber (à l'image d'une minuscule mite qui va à force de persévérance faire s'écrouler un imposant bâtiment!).]

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Ainsi, Yaakov avait conscience que s'il fautait, ce ne serait pas l'histoire d'un moment, car il serait alors lié avec elle par la faute, dans le monde à venir.

=> Avant tout acte demandons-nous : "Qu'est-ce que je gagne? Qu'est-ce que je perds?", car c'est vraiment dommage de devoir se retrouver à payer un prix très très élevé pour une consommation aussi éphémère.

Dans le monde à venir, est-ce que nous voulons être entouré d'anges qui crient nos bonnes actions dans ce monde, ou bien, voulons-nous être enveloppé par des anges qui hurlent toutes nos fautes?

Ce monde est éphémère, mais ses conséquences sont éternelles ...

NB: La téchouva sincère par amour a le pouvoir de transformer un accusateur (derrière nous) en défendeur (devant nous), dans le cas où nous n'avons pas fauté en sachant que nous pourrions ensuite y faire téchouva.

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"Ce fut, quand elle (la femme de Potiphar) lui parlait (à Yossef) jour après jour, et qu’il ne l’écoutait pas" (Vayéchev 39,10)

Nos Sages disent que la femme de Potiphar pensait que c’était une volonté Divine qu’elle ait un enfant de Yossef, d’après ce qu’elle voyait dans les astres. Mais en fait, même Yossef avait un doute et pensait qu’elle avait peut-être raison, ce qui lui rendait l’épreuve bien plus dure.
Seulement, quand Yossef vit son insistance ("jour après jour"), il comprit que ce n’était pas une bonne chose et qu’au contraire, cet acte émane du mauvais penchant.
En effet, l’habitude du bon penchant est de dire une fois ou deux à l’homme de faire une mitsva, puis il le laisse le suivre ou non. Mais, quand on voit que dans un sujet, on ressent au fond de soi une insistance incessante, alors on peut en conclure que cela provient du mauvais penchant, qui ne cesse de pousser l’homme à la faute, jusqu’à ce qu’il cède, D. Préserve.
=> Ainsi, quand on sent une grande insistance, souvent il ne faut pas suivre ce chemin.
[le 'Hidouché haRim]

"Il [Yossef] donna à tous, individuellement, des habits de rechange ; mais à Binyamin, il donna 300 pièces d'argent et 5 habits de rechange" (Vayigach 45,22)

-> Yossef a donné 2 tenues vestimentaires à chacun des 10 frères (Ibn Ezra), afin qu'ils s'habillent avec la distinction convenant aux frères du vice-roi (Rabbi Avraham ben haRambam), et ils remplacèrent les vêtements qu'ils avaient déchiré dans leur détresse (cf. Mikets 44,13).

Mais il a fait un cadeau beaucoup plus généreux à Binyamin, qui était son seul vrai frère (les 2 ayant la même mère).

-> La guémara (Méguila 16b) demande comment Yossef, lui-même victime de la jalousie, a pu agir d'une façon susceptible d'éveiller un tel sentiment (5 vêtements à Binyamin, et 2 aux autres).

Selon Rabbi Binyamin bar Yéfét, Yossef a donné à Binyamin une allusion au fait que Mordé'haï, lui-même descendant de Binyamin, parcourra les rues de Suze vêtu des 5 habits royaux.
[En effet, il est écrit :
- "Mordé'haï, fils de Yaïr, fils de Sim'i, fils de Kich, de la tribu de Binyamin" (Méguilat Esther 2,5) ;
- "Mordé'haï sortit de chez le roi en costume royal (1), bleu d'azur (2) et blanc (3), avec une grande couronne d'or (4) et un manteau de byssus (5) ..."]

[Le Tsor haMor dit que les 300 pièces d'argent représentent les 300 dignitaires amalécites que Mordé'haï, descendant de Binyamin, mettra à mort.
La Pessikta Zouta fait remarquer que le nom : "Mordé'haï" (מָרְדֳּכַי) a une guématria de 274, et si on lui rajoute le 26 du Nom Divin, alors cela donne 300.]

-> Selon le Gaon de Vilna (Shénot Eliyahou), puisque ces 5 vêtements sont uniquement une allusion à des événements futurs, il est probable que leur valeur globale avait la même valeur que les 2 habits qui ont été donnés aux autres frères.

Dans notre verset, pour les frères le mot habit ('halifot) s'écrit : "חֲלִפוֹת", tandis que pour Binyamin, il s'écrit sans le vav : "חֲלִפֹת", afin de suggérer que chacun des habits qu'il a reçu, n'était pas particulièrement de valeur.

=> Les tribus n'avaient aucune raison d'en être jalouses.

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-> b"h, Nous venons d'expliquer la différence en ce qui concerne les vêtements, mais qu'en est-il des pièces d'argent?

Nous allons voir ci-après la réponse de Rabbi Méïr Yé'hiel haLévi (l'Ostrovtzer Rebbe)

Les 12 enfants de Yaakov servaient chacun leur tour leur père, tandis que les autres étaient dehors avec les troupeaux (cf. Rachi sur Vayéchev 37,29 : Réouven n'avait pas assisté à la vente [de Yossef], car c'était son tour, ce jour-là, d'aller servir son père).

Cette rotation quotidienne n'était valable que durant 300 journées de l'année, les autres jours (Shabbath, les Yom Tov) étant des moments où ils étaient tous à la maison, et durant lesquels ils s'occupaient tous ensemble des besoins de leur père.

Si nous divisons ces 300 jours de l'année par les 12 enfants, nous pouvons noter que chacun s'occupait individuellement de Yaakov pendant 25 jours (300/12).

Lorsque Yossef a été vendu, il manquait alors 1/12e de la main-d'oeuvre, les autres frères devant prendre sur eux les jours qu'il faisait auparavant.

Yossef a été absent pendant 22 années, ce qui représente : 550 jours (22*25) durant lesquels il n'a pas fait son tour auprès de son père.
Les 11 autres frères se sont partagés ces jours, soit 50 jours chacun (550/11).

Ainsi, d'une certaine façon, Yaakov devait à chacun de ses frères 50 jours de travail.

Cependant, il pouvait leur répondre : "C'est de votre faute! Vous m'avez vendu, m'empêchant ainsi de servir mon père. Je ne vous dois rien!"

La seule personne avec laquelle il était véritablement endetté, est Binyamin, qui n'a pas été impliqué dans la vente de Yossef (puisqu'étant à la maison en train de servir son père).
C'est pourquoi, Yossef lui devait 50 jours de travail injustifié.

Le midrach (Béréchit Rabba 61,7) dit qu'un travailleur en moyenne reçoit un salaire de 1 dinar par jour.

Un dinar est l'équivalent de 6 pièces d'argent.
Yossef a payé Binyamin pour ses 50 jours, à un prix de 6 pièces d'argent.
=> Il lui a donné 300 pièces d'argent (50*6).

[Les autres frères n'ont aucune raison d'en être jaloux.]

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-> Le 'Hida rapporte au nom du Rokéa'h ce que le 'Hizkouni explique également.
Nos Sages (guémara Guittin 44a) ont dit : dans le cas d'un serviteur qui est vendu à un non-juif, le maître a l'obligation de venir le racheter jusqu'à 10 fois son prix.
Nous voyons dans la Torah (Michpatim 21,32) que le prix d'un simple serviteur s'élève à 30 sicles. Or, puisque les frères de Yossef l'avaient vendu à des non-juifs, il incombait à chacun d'entre eux de le racheter, selon la loi, jusqu'à 10 fois son prix, c'est-à-dire 300 sicles d'argent.
Mais lorsque Yossef leur a accordé son pardon, chacun des frères a donc gagné une somme de 300 pièces d'argent.
Quant à Binyamin, il n'avait pas participé à la vente, et c'est pourquoi Yosef lui a réellement fait présent de 300 pièces d'argent, sans éveiller de jalousie.

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-> Le don de cette somme par Yossef vient compenser les 3 façons dont il avait calomnié ses frères.
[cf. Rachi Vayéchev 37,2 : Il s’agit du fait : qu’ils mangeaient de la viande arrachée à des animaux vivants, qu’ils humiliaient les fils des servantes en les traitant de serviteurs, qu’ils étaient soupçonnés d’actes de débauche.]
Or, la pénalité pour une calomnie est une amende de 100 sélas (Ki Tétsé 22,19).
Il donna l'argent à Binyamin car celui-ci n'avait pas participé à la vente.
[Méam Loez - Vayigach 45,22]

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-> Les 300 pièces d'argent ne constituent pas un don préférentiel, mais comme pour les 5 vêtements, une allusion à son descendant Mordé'haï.
En effet, Tossefot signale dans la guémara (Méguila 13b) que : hakéssef (l'argent - הכסף) que voulait remettre Haman au roi A'hachvéroch a la même guématria que : haéts (la potence - העץ), soit : 165.
Or, la potence préparée par Haman pour y pendre Mordé'haï avait une hauteur de 50 amot, soit 300 téfa'him (50*6, car 1 ama = 6 téfa'him, qui vaut environ : 50cm).
Ainsi, les 300 pièces d'argent remises à Binyamin n'étaient qu'une allusion symbolique au fait que son descendant Mordé'haï, prévu pour être pendu sur une hauteur de 300 téfa'hïm, sortira finalement d'auprès du roi avec 5 vêtements royaux.
[Korban Torah]

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-> La somme de 300 pièces d'argent n'est pas un don marquant une préférence de Yossef envers son frère Binyamin, mais une indemnité de honte due à Binyamin pour l'avoir humilié en l'accusant faussement d'avoir volé la coupe en argent de Yossef.
Ce don ne devait donc pas éveiller la jalousie des 10 frères.
[Iyoun Yaakov]

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-> "A tout le monde il donna des habits et à Binyamin, il donna 300 pièces d'argent et 5 habits"
La guémara explique que Yossef donna un habit à chacun de ses frères, sauf à Binyamin à qui il en donna 5, pour faire allusion à Morde'haï qui descendra de lui et qui sortira devant le roi avec 5 vêtements royaux.
Mais cela n'explique pas que les 5 vêtements. Ainsi, comment expliquer les 300 pièces d'argent supplémentaires?

En fait, chaque vêtement que Yossef donna à chaque frère avait une valeur de 300 pièces d'argent. C'est pourquoi, il donna à Binyamin 300 pièces, en contrepartie de l'habit qui lui revenait de droit, au même titre que ses autres frères. Seulement, à Binyamin il ajouta encore 5 habits et c'est à leur propos que la guémara explique qu'ils faisaient allusion aux 5 habits royaux de Morde'haï.
D'autre part, il donna l'habit revenant à Binyamin sous forme d'argent et non sous forme d'habit, car alors il aurait dû lui donner 6 habits, le sien et les 5 faisant allusion à Morde'haï. Or, s'il lui en avait donné 6, cela aurait altéré l'allusion aux 5 habits de Morde'haï.
[Taama Dikra]

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-> Selon le Ben Ich 'Haï, si Yossef a donné à Binyamin 5 vêtements, donc 4 vêtements de plus qu'à chacun de ses autres frères, c'est pour faire une allusion à Binyamin selon laquelle les 4 emplacements de la Chékhina en Israël (Chilo, Nov, Guib'one, Yérouchalaïm) seront tous localisés dans son territoire, dans le futur.

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 54,5), c'est parce que Hachem n'a pas apprécié qu'Abraham ait contracté une alliance (brit) avec le roi des Philistins et lui a offert 7 agneaux, qu'à 7 reprises les Tabernacles (Michkan) des enfants d'Abraham seront détruits tout au long de l'histoire :
1) le Ohel Mo'ed du désert, 2) le Tabernacle de Guilgal, 3) le Tabernacle de Chilo, 4) le Tabernacle de Nov, 5) le Tabernacle de Guib'one, 6) le premier Temple de Yérouchalaïm et 7) le second Temple de Yérouchalaïm (Jérusalem).

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-> En apparence, les cadeaux supplémentaires à Binyamin semblent un acte imprudent.

Le Pardès Yossef dit qu'une raison à cet acte est : en procédant ainsi, Yossef donne à ses frères l'occasion de se défaire du passé.

Le Rambam (Hilkhot Téchouva 2,1) enseigne qu'une téchouva complète a lieu, lorsque l'on se retrouve dans les mêmes conditions que la fois où nous avions fauté, et que cette fois-ci, nous arrivons à surmonter la faute.

Il va de soi qu'une personne ne doit pas d'elle-même recréer des circonstances dans l'espoir d'atteindre une téchouva totale, car il est interdit de se mettre dans une situation de danger spirituel.

Rav Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 73) écrit que lorsqu'une personne est prête pour ce challenge, Hachem va organiser les événements d'une telle façon lui permettant d'atteindre une téchouva totale.

Au moment, où un sentiment de "déjà vu" va se présenter, et que dans les mêmes conditions qu'auparavant on surmonte la tentation, alors on peut être certain que la téchouva est acceptée.

Rav Tsadok rapporte une guémara (Sanhedrin 25a) confirmant cela.
Il s'est avéré qu'un boucher trompait ses clients, en vendant de la viande non-cachère, comme étant cachère.
Rav Na'hman l'a exclut et renvoyé.

Suite à cela, ce boucher a laissé ses cheveux et ses ongles excessivement pousser, ce qui semblait être des signes de téchouva (repentance).
Rav Na'hman pensait a le réhabiliter, mais Rava lui a dit : "Peut-être qu'il ne fait que prétendre s'être repenti".

Rav Iddi bar Avin a eu une suggestion : "Celui qui est suspecté d'écouler de la viande non-cachère à ses clients, on ne peut pas lui faire confiance, à moins qu'il quitte ce lieu pour un endroit où il est inconnu.
Pendant qu'il sera là-bas, s'il a l'occasion de retourner un bien de grande valeur, ou bien s'il déclare une pièce de viande de valeur (chère) qui lui appartient, comme étant non cashère, alors nous serons qu'il s'est repenti"

Rav Tsadok dit que lorsqu'une personne est prête, alors elle "revit" l'épreuve dans laquelle elle a fauté, et elle a alors l'occasion de prouver que sa téchouva est complète.

Nous pouvons expliquer le comportement de Yossef, d'une façon similaire.

Ses frères se sont trompés sur lui, emportés par de la jalousie et de la haine, allant jusqu'à le vendre comme esclave.

Après la ruse afin d'amener leur plus jeune frère, et après l'incarcération potentielle de Binyamin, les frères ont pris conscience qu'ils avaient fauté, et ont alors regretté.

Mais cela n'était pas suffisant pour arriver à une téchouva totale, il fallait voir leur réaction lorsque Binyamin recevrait davantage qu'eux. Est-ce que la jalousie referait surface?

Lorsque Yossef a vu qu'ils retournaient vers leur père dans la joie, il savait alors qu'ils s'étaient véritablement repentis.

=> On comprend ainsi la nécessité de donner davantage à Binyamin, qui bien qu'en apparence semble susciter la jalousie, cela était en réalité un cadeau, un moyen de rendre leur téchouva totale.

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-> "Or, vous voyez de vos yeux, comme aussi mon frère Binyamin, que c’est bien moi qui vous parle" (Vayigach 45,12)

-> Le Ben Ich 'Haï (dans ses drachot) commente :
Pourquoi Yossef n’a jamais envoyé un message a son père pour lui dire qu’il était en vie? Pourquoi fait-il toute cette mise en scène rocambolesque?

Son but caché est de créer pour ses frères une situation de parfaite téchouva.
C’est, comme le dit Rabbi Yehouda (guémara Yoma 86b), se retrouver dans la même situation avec les mêmes intervenants et les mêmes paramètres, et ne pas reproduire la faute.
Il donne ainsi la "possibilité" à ses frères de faire descendre Binyamin (qui représente Yossef étant son seul frère de la même mère et étant le fils de la vieillesse, le préféré de Yaakov) en Egypte et de l’y abandonner, comme ils l’ont fait pour lui. Et en même temps de causer ce chagrin immense qu’ils ont déjà causé à leur père.
Et c’est quand ils sortent vainqueurs de cette épreuve en ne cédant pas à Yossef. Il se dévoile alors et son pleur est la preuve qu’au plus profond de lui, il n’a jamais éprouvé de haine ni de cruauté mais uniquement une volonté d’entraîner la réparation de leur faute.
Et c’est ce qu’il dit: "Or, vous voyez de vos yeux, comme aussi mon frère Binyamin, que c’est bien moi qui vous parle."

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+ "Il [Yossef] donna à tous, individuellement, des habits de rechange"

-> La Torah dit littéralement que Yossef donna à chacun un "habit de rechange". Il fournit à ses frères 2 tenues complètes : l'une pour le Shabbath et l'autre pour les fêtes.
['Houpat Eliyahou]

-> Yossef remit à chacun de ses frères des vêtements de rechange, car ils l'avaient dépourvu de ses vêtements avant de le jeter dans le puits (Vayéchev 37,23). Il leur offrit ces habits, neufs afin de leur montrer qu'il avait chassé de son cœur toute idée de vengeance.
Il leur remit également des vêtements neufs pour réparer le tort qu'il leur avait fait subir en les accusant du vol de la coupe. En effet, ils avaient alors déchiré leurs tuniques en entendant les accusations portées contre Binyamin (Mikets 44,13).
[Méam Loez - Vayigach 45,22]

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+ "Il donna à tous, 5 tuniques par personne"

Le mot : 'haméch (חָמֵשׁ) est formé des initiales de : 'hodéch, moéd et Shabbath.
Pour nous insinuer qu'à ces moments-là, il faut changer de vêtement en l'honneur de ces jours.
[Yessod véChorech haAvoda]

"Lève tes yeux et observe, depuis l'endroit où tu es placé, le nord, le sud, l'est et l'ouest" (Lé'h Lé'ha 13,14)

-> Selon le Or ha'Haïm, l'expression "depuis l'endroit où tu es placé" traduit le miracle qu'Hachem a fait à Avraham en lui permettant d'observer à 360 degrés (dans les 4 directions) l'ensemble de la terre d'Israël, sans avoir besoin de tourner son visage.

Pourtant l'essentiel est la promesse de Hachem à Avraham, qui est contenu dans les 2 versets suivants : "Tout le pays que tu vois, je te le donne à toi et à ta descendance à perpétuité. Je rendrai ta descendance semblable à la poussière de la terre ...Lève-toi, parcours cette terre en long et en large, car c'est à toi que je la donne" (Lé'h Lé'ha 13,15-16)

Ainsi, selon Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 19), au moment même de l'annonce par D. de cette promesse fondamentale, Avraham bénéficie d'un "baiser" divin personnel, d'un "clin d’œil" divin, exprimé par le miracle de ne pas avoir besoin de se tourner.

Ce qui est secondaire (Avraham aurait pu tourner autour de lui-même!) devient l'essentiel, puisqu'il va contribuer à renforcer en Avraham la complicité et la bienveillance qu'Hachem lui témoigne.

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-> "David avec sa fronde atteignit le philistin (Goliath) au front ; la pierre s'y enfonça et il (Goliath) tomba la face contre la terre" (Chmouel I 17,49)

Normalement, Goliath frappé au front aurait dû tomber en arrière.

Hachem a réalisé un miracle en le faisant tomber en avant (en direction de David), pour que David puisse trancher sa tête en économisant un déplacement de 6,4 mètres (Goliath avait une hauteur de 3,2m).

Le grand miracle est le fait d'avoir pu tuer aussi facilement le puissant Goliath, sauvant ainsi David et le peuple juif, et permettant une sanctification du nom divin.

Le miracle de la chute a peu d'importance, n'est pas vraiment nécessaire, car il n'était pas difficile pour David de parcourir 6,4m de plus.

Cependant, David a donné plus de valeur à ce "petit miracle", contraire aux lois de la nature, car il traduisait la bienveillance et l'affection particulière d'Hachem à son égard.

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-> Lorsque Yossef, vendu par ses frères à des caravaniers ismaélites, descendit en Egypte, Rachi écrit : "D'habitude, les arabes ne transportaient que des peaux et du pétrole d'odeurs désagréables. Alors Hachem a préparé pour Yossef un chargement d'aromates et de parfums pour ne pas l'incommoder par des odeurs nauséabondes" (Rachi - Vayéchev 37,25).

Selon Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 19), ces aromates, inhabituels dans ce type de convoi, envoient à Yossef un message d'encouragement : "Ne perds pas ta confiance en D., tu n'es pas oublié ; Je t'accompagnerai et Je te protégerai en Egypte, comme Je le ferai plus tard pour ton père Yaakov"

["Moi-même (Hachem), Je descendrai avec toi (Yaakov) en Egypte ; moi-même aussi je t'en ferai remonter" - Vayigach 46,4]

=> Cette odeur de parfum devint pour Yossef un rayon de lumière dans le tunnel obscur où il été placé, et grâce à ce "détail", il a repris courage et espoir, car il savait que Hachem ne l'abandonnera jamais.

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==> A notre niveau, nous devons aussi capter, et ne surtout pas laisser passer les "petits" miracles de la vie (ex: j'ai mon métro/bus tout de suite, ...), et s'en servir afin d'alimenter notre espérance en Hachem, notre conscience que son amour à notre égard est permanent et infini.

En effet, pourquoi attendre ce qu'on considère comme de grands miracles, plutôt que de se délecter au quotidien de tous ces baisers, clin d’œil divins.

"Car nous, nous allons détruire cette région ... et D. nous a donné mission de la détruire" (Vayéra 19,13)

Les anges, mandatés par Hachem, annoncent à Loth, l'imminence de la destruction de Sédom et de sa région.

Cependant, au lieu de lui dire : "nous allons détruire", ils auraient dû dire : "Hachem va détruire".
Ils se sont enorgueillis et ont fait dépendre d'eux-mêmes le pouvoir de destruction, et ce n'est qu'à la fin du verset qu'ils reconnaissent qu'ils ne sont que des envoyés de D.

Le midrach (Béréchit rabba 50,9) nous informe que ces anges ont été gravement punis par un repoussement de leur proximité avec D. dans le Ciel, durant 138 ans, et ce pour avoir voulu jouir un court instant du pouvoir qu'ils ont ramené sur eux.

Selon Rabbénou Béhayé, ces anges sanctionnés n'ont plus accompli de mission de D. sur terre depuis la destruction de Sédom jusqu'au rêve de l'échelle de Yaakov (il s'est écoulé 138 ans entre ces 2 événements).

Lorsque Yaakov quitte Israël pour aller chez Lavan, Hachem envoie ces mêmes anges : "Et voici des anges de D. (Elohim) montaient et descendaient" (Vayétsé 28,12)

Ils sont remontés dans le Ciel après la destruction de Sédom, et ils redescendaient maintenant pour Yaakov après une longue période d'interdiction de mission par D. (138 ans!), dans son attribut de justice (Elohim).

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[le Eitz Yossef explique ainsi les 138 années : Its'hak est né un an après la venue des anges chez Avraham et Sarah. Its'hak a eu Yaakov à l'âge de 60 ans. Yaakov a reçu les bénédictions de son père Its'hak à 63 ans, et ensuite il a passé 14 années à la yéchiva de Chem et Ever.
Ainsi, le calcul est de : 1+60+63+13=138]

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-> Une autre explication est qu'ils ont révélé les plans d'Hachem.
En effet, Hachem voulait garder secret son plan de détruire Sedom, et les anges l'ont révélé à Loth et à sa famille.
Les anges auraient simplement dû leur dire de s'enfuir de Sedom sans leur en donner la raison.

=> Sachant que la destruction était très imminente, pourquoi cela est-il considéré comme une faute si terrible, au point qu'ils ont été empêchés de servir Hachem au Ciel pendant 138 années?

Le rav 'Haïm Efraïm Zeitchik répond que lorsque les anges ont révélé à Loth et à sa famille que Sedom allait être détruite, ils leur ont ajouté un moment supplémentaire de détresse. Ils ont souffert de cette mauvaise nouvelle quelques moments avant qu'elle ne se produise.
Cette souffrance n'était pas incluse dans le décret d'Hachem, et c'est sur cela que les anges ont été punis (cette souffrance supplémentaire).

=> Cela doit nous renforcer dans l'idée qu'aucune souffrance ne nous arrive sans un décret d'Hachem pour notre bien ultime.
Le rav Elimélé'h Biderman dit que Hachem fait toujours preuve de miséricorde, en réduisant énormément la punition que nous devons recevoir.
==> Avoir en tête que pas un gramme de souffrance ne nous arrive par hasard (sans décret précis de D.), et que Hachem nous diminue énormément de chez énormément ce que nous aurions normalement dû avoir, doit nous donner énormément de joie et de tranquillité sur notre sort.

"Yossef mourut âgé de 110 ans; on l'embauma et il fut déposé dans un cercueil en Egypte" (Vayé'hi 50,26)

-> Nos Sages (guémara Sanhedrin 11a et également Pessa'him 119a) nous enseignent que Yossef a caché 3 trésors en Egypte.
Un a été dévoilé à Kora'h, un autre à Antoninus, et le dernier reste caché pour les tsadikim dans le futur.

Cette affirmation peut être comprise littéralement, puisque Yossef a accumulé toute la richesse du monde pendant la famine, et qu'il l'a caché avant sa mort.

-> Selon le Pardès Yossef (p.360), il faut également le comprendre d'une façon allégorique.
Il y a ainsi 3 trésors : 3 "perles de sagesse", que nous pouvons glaner de la vie de Yossef.

1°/ Le 1er trésor de sagesse :

De la vie de Yossef, nous voyons que si une personne est destinée à avoir une certaine position, rien ne peut l'en empêcher.

Dans ses rêves, on a fait comprendre à Yossef qu'il serait amené à régner sur ses frères.
Bien que ces derniers ont tout fait pour empêcher cette réalisation (complotant de le tuer, puis le vendant comme esclave), rien ne pouvait entraver ce qui a été décrété du Ciel.

Ceci est une très grande leçon : Du moment où nous faisons ce que nous devons faire, nous n'avons absolument pas à être inquiété par les autres, car l'affaire est entre les "mains" de Hachem.
[en l'absence d'un décret divin en ce sens, personne ne peut nous faire quoique ce soit!]

Ce 1er trésor de Yossef a été découvert par Kora'h (cf. la guémara ci-dessus), qui suite à cela était quelqu'un d'extrêmement riche.

En plus de sa richesse, c'était également :
-> "Kora’h était un très grand Sage et faisait partie de ceux qui portaient l’Arche" (midrach Bamidbar rabba 18,3) ;
-> "[Kora’h] était le plus grand homme de sa tribu [Lévi], ses frères sont considérés comme secondaires à lui" (midrach Bamidbar rabba 18,9) ;
-> "Aharon et Kora’h étaient égaux [en grandeur]" (midrach Bamidbar rabba 18,17).

Kora’h n’a pas admis le fait qu’il n’ait pas été choisi pour la prêtrise (Cohen Gadol), tandis que son "égal" Aharon l'a été.

En pensant être dans son bon droit (il avait d'ailleurs rallié à sa cause 250 membres distingués parmi le peuple), il voulait reprendre le pouvoir.
Mais puisque Hachem avait choisi Aharon pour être Cohen Gadol, absolument rien ne pouvait changer cela (même pas l'immense fortune, le fort soutien "politique", la grandeur de Kora'h, ...).

Aharon a été choisi, comme l'a été Yossef, et rien, ni personne ne pouvait leur enlever ce qui leur était destiné.

-> "Tu auras ce que tu es censé avoir, et personne ne peut toucher à ce qui est destiné à son prochain, et ce, même de l’épaisseur d’un seul cheveu! "
[guémara Yoma 38a]

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2°/ Le 2e trésor de sagesse :

Yossef nous apprend qu'il ne faut pas faire de compromis dans notre pratique religieuse et dans notre croyance.

Pendant son long séjour en Egypte, bastion de l'immoralité, il a pu rester : Yossef haTsadik., une personne sainte et pure.
Bien qu'il n'a fait aucun compromis sur ses principes, il est resté le dirigeant aimé et respecté.

Ce 2e trésor a été dévoilé à l'époque de Antoninus et de Rabbi (Rabbi Yéhouda haNassi).
Rabbi, le compilateur de la michna, était le responsable du monde juif à l'époque, il avait une grande relation de proximité avec l'empereur romain Antoninus, puisque ce dernier se rendait secrètement chez Rabbi pour y apprendre la Torah (cf. guémara Avoda zara 11a).

A l'image de Yossef, à aucun moment Rabbi n'a fait de compromis sur ses valeurs, restant : "Rabbeinou haKadoch", et ne perdant pas pour autant le respect des personnes au pouvoir.

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+ 3°/ Le 3e trésor de sagesse :

L'histoire de Yossef nous apprend qu'une haine entre des frères arrivera toujours un jour à son terme.

Yossef a été détesté au point où ils l'ont vendu comme esclave.
Mais à la fin, ils se sont pardonnés les uns les autres, et ont pu vivre ensemble dans la paix et l'harmonie.

Ce 3e trésor sera dévoilé aux tsadikim dans le futur.

Puisque le Temple n'est toujours pas reconstruit, c'est qu'il y a toujours de la haine gratuite.
Mais viendra un jour, où ce trésor va être au grand jour, et il y aura alors une paix véritable sur terre.

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+ Conclusion :

-> 1ere perle de sagesse : tant qu'on réalise ce qu'on doit faire, rien ni personne ne peut s'opposer à sa réalisation, si Hachem y a donné son accord ;

-> 2e perle de sagesse : il faut toujours resté fier et fidèle à ses valeurs juives, et cela n'empêchera pas d'être apprécier, même par les personnes au pouvoir ;

-> 3e perle de sagesse : c'est l'assurance que dans le futur il y aura une paix totale entre toutes les créatures.

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+ Autre explication :

-> Rabbi Yossef Shalom Eliyashiv enseigne également que Yossef a caché 3 trésors, qui étaient en réalité des richesses spirituelles.
[rappel : Selon nos Sages (guémara Sanhedrin 11a et également Pessa'him 119a), Yossef a caché 3 trésors en Egypte : un a été dévoilé à Kora'h, un autre à Antoninus, et le dernier reste caché pour les tsadikim dans le futur.]

Pour lui, il s'agit de :

-> 1°/ la capacité de garder sa pureté et sa modestie (tsniout), à l'image de Yossef dans la très pervertie Egypte.
Ce trésor a été révélé à l'époque de Kora'h, où la femme de On Ben Pélès (chef qui s'était rallié à la cause rebelle de Kora'h), va sauver son mari en découvrant ses cheveux à l'entrée de sa tente, entraînant que même des rachaïm qui étaient venus chercher son mari pour se rebeller contre Moché (donc Hachem), ont été obligés de faire demi-tour.
=> c'est le trésor dévoilé aux partisans de Kora'h, et qui a permis à la femme de On ben Peles de sauver son mari d'une fin si tragique.

-> 2°/ Yossef a transmis le dévouement pour la Torah même en exil.
A cause du difficile exil, la Torah a été en danger, et Rabbénou haKadoch (Rabbi yéhouda haNassi) est alors venu pour compiler toute la michna (Torah Orale), la sauvant de toute perte pour la postérité.
Rabbi a pu réaliser cela grâce à l'utilisation du trésor caché de Yossef, et à la bienveillance de l'empereur romain de l'époque : Antoninus.

-> 3°/ Yossef a caché la qualité de l'unité (a'hdout).
Cette mida ne pourra complètement se révéler que lorsque l'ensemble du peuple juif sera réuni, ce qui arrivera dans le futur (très bientôt b'h) avec la venue du machia'h.

"Yaakov demeura (vayéchev Yaakov) dans le pays des pérégrinations de son père, dans le pays de Canaan" (Vayéchev 37,1)

-> Il y a 112 versets dans la paracha Vayéchev.

-> Le Rokéa'h commente que cela correspond aux 112 mots du Téhilim 92, qui commence par :"Mizmor chir léyom haShabbath".

Quel est le lien entre les 2?

Le rav Mattitiahou Salomon explique que le lien entre la paracha et ce Téhilim se trouve dans les erreurs incompréhensibles contenues dans la paracha.
Par exemple, comment Yaakov peut-il témoigner du favoritisme à l'un de ses enfants (37,4)? Pourquoi a-t-il envoyé Yossef retrouver ses frères alors qu'il savait qu'ils le haïssaient (37,13)? Et comment le tsadik Yéhouda a-t-il pu avoir une rencontre avec une prostituée (38,16)?

La réponse est que c'est le déploiement du plan divin.

Ces éléments surprenants vont être le commencement de la Brit ben haBétarim, où Hachem apparut à Avraham et lui dévoila que sa descendance serait esclave quelques années plus tard en Egypte, mais qu'elle en sortirait avec plein de richesses et habiterait ensuite en terre d'Israël.

Dans ce Téhilim, on y trouve entre autre : "Car tu me combles de joie, ô Hachem, par tes hauts faits; je veux célébrer les œuvres de tes mains. Qu’elles sont grandes tes œuvres, ô Hachem, infiniment profondes tes pensées! L’homme dépourvu de sens ne peut savoir, le sot ne peut s’en rendre compte."

=> Ce qui se passe dans notre vie peut nous sembler surprenant, mais il fait savoir que cela fait partie du plan divin, et qu'il ne nous sert à rien de se plaindre sur le moment, car dans le monde de vérité nous dirons forcément : "Qu’elles sont grandes tes œuvres, ô Hachem, infiniment profondes tes pensées!

"Voici mon D., je veux lui rendre hommage, le D. de mon père, et je veux le glorifier (l'exalter)" (Béchala'h 15,2)

-> Rachi d'expliquer : "Voici mon D." :
"C'est dans sa gloire qu'Il leur est apparu et ils L'ont montré du doigt.
La servante a vu dans la Mer ce que les prophètes (eux-mêmes) n'avaient pas vu"

Ainsi, la révélation divine a été si éclatante, qu'ils ont montré D. "Lui même du doigt", et que même la servante a vu de ses propres yeux la Majesté divine, comme il est écrit :
"La servante a vu dans la mer ce que n'a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes" (midrach Mékhilta Chémot 15,2).

A priori, la servante qui a bénéficié, ce jour-là, d'une vision supérieure à celle des prophètes aurait dû atteindre un haut niveau et se transformer.
=> Pourquoi, après cette vision forte de la présence divine, est-elle restée une simple servante avec toute sa légèreté?

Elle est demeurée à son niveau antérieur car cette révélation n'est qu'un cadeau de D., elle n'a fait aucun préparatif, ni aucun effort personnel pour se rapprocher de Hachem.
Ainsi, sans investissement personnel et sans efforts sur le plan spirituel, on ne peut pas s'élever, même si on voit de façon éclatante D., car après, il n'en restera rien.

[ce qui vient facilement, part facilement!]

Nos Sages affirment: "Si quelqu'un te dit : 'Je n'ai pas fait d'efforts et j'ai réussi', ne le crois pas, mais s'il te dit : 'J'ai fait des efforts et j'ai réussi', crois-le" (guémara Méguila 6b).

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 47) enseigne que cela n'est valable que dans le domaine spirituel où les résultats sont liés aux efforts, et non pas dans le domaine matériel où les résultats sont indépendants des efforts.

En spiritualité, sans un travail assidu et des efforts, ce qu'on obtient n'est pas "à nous", et repars vite.

Dans la vie, il faut s'investir au maximum pour que nos belles potentialités se transforment en de belles réalités.
Réussir sa vie selon la Torah et ne pas faire d'efforts pour cela : c'est impossible!

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+ Au moment de la traversée de la Mer Rouge, il est écrit : "Israël vit la main puissante que D. avait déployée sur l'Egypte, et le peuple craignit Hachem, et ils eurent foi (ils firent confiance) en D. et en Moché son serviteur" (Béchala'h 14,31)

Par la suite, au sujet du veau d'or, Rachi commente (Ki Tissa 32,4) :
"Voici tes dieux : et il n'a pas été dit : 'Voici nos dieux'.
De là nous apprenons que le érev rav, qui étaient montés (avec nous) d'Egypte, qui s'étaient unis contre Aharon ; ce sont eux qui ont fait le (veau d'or) et ensuite ils ont entraîné Israël à les suivre."

=> Si le érev rav n'avait pas entraîné le peuple juif à faire le veau d'or, nous n'aurions pas fauté.

Le Ramban (Béchala'h 14,31) précise que l'élite d'Israël avait déjà acquis la crainte et la foi de D., mais le érev rav n'a été animé de cette crainte et de cette confiance en D. qu’après la traversée de la mer.
De plus, comme la servante, le érev rav a vu la révélation éclatant de la présence divine et a assisté au don de la Torah en entendant les 2 premiers commandements prononcés par D. lui-même.
=> Comment expliquer la chute de leur niveau, en si peu de jours, jusqu'à devenir idolâtres et entraîner le public à fauter?

Leur nature profonde n'a pas été modifié, car ils n'ont pas fait d'efforts personnels pour accéder à ce niveau qui leur a été donné "sur un plateau" par D., et à la 1ere épreuve, lorsque Moché a tardé à descendre, ils ont perdu cette confiance et ont fait le veau d'or.

=> Malgré leur prise de conscience élevée de la grandeur d'Hachem, ils sont demeurés comme ils l'étaient auparavant (érev rav), car leur élévation ne fut pas le fruit d'un labeur.

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+ "Et les eaux leur furent une muraille, à leur droite et à leur gauche" (Béchala'h 14,29)

-> Le midrah Mékhilta fait remarquer que le mot : 'homa (muraille - חמה) est écrit sans la lettre vav, et peut se lire : 'héma (colère - חמה) : les eaux de la mer Rouge étaient en colère contre les Bnei Israël qui transportaient l'idole de Mikha lors de leur traversée.

-> "Rav Yéhouda fils de Ilaï a dit : 'L'idolâtrie (l'idole de Mikha) a traversée la mer avec le peuple d'Israël, et (pourtant) la mer s'est ouverte devant eux'. "
[midrach Yalkout Chimoni - Choftim 74]

Mikha a vu de ses propres yeux, comme tout le peuple d'Israël, la révélation de la gloire divine lors de la traversée de la mer, il assiste à ce miracle exceptionnel et pourtant il continue à faire confiance à cette idole qu'il transporte avec lui.

Plus que cela, pendant la révélation divine au mont Sinaï, le jour du don de la Torah, l'idole est encore avec Mikha, lequel pourtant entend de ses propres oreilles les 2 commandements de la "bouche de Hachem" Lui-même, et notamment le second commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieux devant Moi, tu ne feras point d'idole" (Yitro 3,4).

=> Comment comprendre qu'à ces 2 moments de révélation divine intense (traversée de la mer Rouge et au don de la Torah), Mikha n'abandonne pas son idolâtrie et ne rejette pas l'idole qui l'accompagne?

Cela n'a pas modifié la nature profonde de Mikha, car cette proximité de la présence divine qu'il a vécu n'a pas été le fruit d'efforts et d'un travail spirituel personnel.
Ces révélations ne l'ont pas transformé, il est demeuré idolâtre comme il l'a toujours été, avec son idole qui l'accompagnera partout.

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+ Pour aller plus loin :

Rabbi Nathan (guémara Sanhédrin 103b) enseigne que les fumées des sacrifices (korbanot) qui montaient de l'autel établi à Chilo se mélangeaient avec celles des sacrifices idolâtres offerts à l'idole de Mikha.

Rachi (guémara Sanhédrin 103b) donne 2 explications à l'idole qui accompagnait Mikha :
-> 1°/ c'était la plaque sur laquelle Moché avait écrit le Nom divin ineffable, avant de la jeter dans le Nil afin de faire remonter le cercueil de Yaakov pour le ramener en Israël. Mais Mikha était venu la prendre discrètement, alors que son utilisation était interdite.

-> 2°/ ou bien c'était une statuette (idole) que Mikha avait confectionné en Egypte.

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+ "Il ne s'est pas levé en Israël un prophète tel que Moché" (Vézot haBéra'ha 34,10)

Le midrach rabba dit : "mais il s'en était levé chez les nations, et qui est-il? Bil'am".

Ainsi, Bil'am a profité d'un don de prophétie égal à celui de Moché, mais il est cependant resté avec ses 3 vices : un œil malveillant avec lequel il portait un regard envieux et haineux sur le monde, un orgueil démesuré et une grande cupidité (Pirké Avot 5,19).

De plus, il a dépassé toutes les barrières de l'immoralité jusqu'à cohabiter régulièrement avec son ânesse.

=> Comment comprendre alors le décalage entre le niveau élevé de Bil'am et la bassesse de son comportements?

C'est que son niveau de prophétie et sa connaissance approfondie de Hachem lui ont été donné par le Ciel, il n'a fourni aucun investissement ni aucun effort personnel pour y accéder, contrairement aux prophètes d'Israël, c'est pourquoi il est resté le même, sans avoir le pouvoir de se transformer positivement.

Paracha Béchala'h : le terme "az"

Cette paracha relate le miracle de la traversée de la mer Rouge, suivi du chant que les juifs ont entonné à cette occasion, et qui commence par les mots : "Alors (אז) chantera Moché avec les enfants d’Israël".

Dans le midrach, nos Sages expliquent le verset : "Ton Trône s’est affermi depuis alors (מאז – MéAz)", en disant qu’avant la traversée de la mer, la Royauté d’Hachem n’était pas installée, et qu'elle s’est “assise” par l’ouverture de la mer.

Le Midrach illustre cela en disant qu’avant ce miracle, Hachem était comparé à un roi debout, et qu'Il s’est assis sur Son Trône par la traversée de la mer.
C’est cela le sens du verset : "Ton Trône s’est affermi depuis Az (alors)", allusion au "Az Yachir (alors chantera…)".

Que signifie le fait que Hachem peut "s’asseoir" grâce à ce miracle, contrairement à avant?
Pourquoi ce changement est précisément en allusion par le mot "Az (אז)"?

Avant l’ouverture de la mer, on pouvait encore penser que le monde existait et qu'il avait une autonomie propre, D. étant au-dessus, comme ayant pris ses distances.
Ainsi, Hachem paraissait être “debout”, comme si le monde pouvait s’opposer à Lui.

En revanche, au cours de la traversée de la mer, il est apparu clairement que rien n’a d’existence propre, que Hachem n’a besoin de lutter contre personne, car à tout moment rien ne peut être fait, ni ne peut exister sans son accord.
C'est alors, qu'Il a pu "s’asseoir".

Toute cette notion est en allusion dans le terme : "אז (Alors)", qui ouvre le chant de la mer (la chirat hayam).
Ce mot est composé de la lettre Alef (א) au dessus de la lettre Zaïn (ז).
Le Zaïn, de valeur numérique 7, évoque l’ensemble du monde créé en 7 jours, qui n’a aucune indépendance, car le Alef (de valeur 1), qui fait allusion à Hachem (qui est Un), le dirige et le mène là où Il le souhaite.

Ainsi, le terme אז (Az) fait allusion au Alef qui chevauche le Zaïn. Hachem dirigeen permanence le monde et le mène là où Il veut.

Ce monde n’a en lui-même aucune autonomie, et c’est ce qui s’est révélé lors de l’ouverture de la mer.
Les juifs ont alors compris que le monde (le 7, le Zaïn) n’est qu’un char, dirigé par Hachem (le Un, le Alef).
C'est alors, que la Royauté Divine a pu s’installer, le Roi s’est "assis".

On a perçu cette profonde vérité que rien ne peut s’opposer à la volonté Divine.
Hachem n’a donc pas besoin de se tenir “debout”, prêt à lutter, car il n’y a pas de lutte : tout est annulé devant Lui.
Dès lors, Il s’est “assis”.

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"Az yachir Moché ouvné Israël" (litt. : "alors chantera Moché et les enfants d'Israël" - Béchala'h 15,1)

1°/ Pourquoi l'utilisation du futur (chantera)?
-> Rachi : c'est une allusion au principe de la résurrection des morts qui chanteront alors la louange de D.
-> selon le Or'Haïm, cela signifie que les juifs à tout temps seront capables d'être inspirés, de s'élever au moment même où ils réciteront ce cantique (chira), composé autrefois par leurs ancêtres au bord de la mer.
-> selon le Keren léDavid, c'est une démonstration qu'ils ont compris avec les miracles de la sortie d'Egypte, que Hachem n'est que bonté ('hessed) et vérité (émet). C'est ainsi, qu'ils ont accepté que dans le futur (yachir), ils réaliseront toujours que tout ce que Hachem fait pour le peuple d'Israël est une bonne chose.
[d'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles nous nous rappelons si souvent de la sortie d'Egypte : toute situation (même très difficile) est forcément pour notre bien, et à l'image de nos ancêtres qui ont été libérés à la seconde où leur esclavage devait prendre fin, nous serons libérés de nos soucis actuels à la seconde même où Hachem l'a fixé.]

Pourquoi est-ce que l'idée de la résurrection des morts apparaît ici en allusion dans la Torah?
Le rabbi de Belz explique qu'au moment où tout le peuple allait chanter la Chirat haYam, il y avait au fond d'eux un mélange de 2 sentiments : d'un côté, une énorme joie de pouvoir remercier Hachem pour la sortie grandiose d'Egypte, et d'un autre côté, il y avait une profonde tristesse d'avoir perdu de nombreux proches durant la plaie des ténèbres (où 80% du peuple y est mort!).
Il y avait un goût amer de ne pas pouvoir partager ce sublime moment avec ces êtres disparus.

Le rabbi de Belz enseigne que lorsque Moché a suggéré aux juifs de chanter des louanges à Hachem, ils lui ont répondu : "Comment peux-tu penser que nous sommes capables de chanter? Les 4/5e du peuple juif sont manquants!"
Moché leur a alors répondu que ce chant qu'il souhaitait qu'ils entonnent, fait allusion à la résurrection future, moment où tous les juifs seront réunis de nouveau avec leurs proches décédés.
Cette prise de conscience a consolé le peuple, les égayant, au point qu'il ont pu chanter la Chirat haYam d'un cœur joyeux.

[ne vous attristez pas des morts, car nous allons tous se retrouver pour l'éternité après la résurrection des morts, et alors nous chanterons ensemble à Hachem!]

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-> Rabbi Yé'hiel de Kozmir explique qu'à ce moment là (juste après la traversée de la mer Rouge), les Bné Israël méritèrent un tel dévoilement de la Présence Divine qu'ils tendirent leur doigt en s'écriant : "Voici mon D." (zé Eli).
La plus simple des servantes vit sur la mer ce que le prophète Yé'hézkiel Ben Bouzi lui-même ne vit pas.
Il en résulta que leur émouna disparut complètement car la foi concerne les choses que l'on ne peut voir.
En revanche, pour quelque chose qui se trouve devant les yeux, il n’est pas question de croyance mais de l’utilisation du sens de la vision.
C'est pourquoi, il fallut à ce moment-là éveiller leur foi par celle de la résurrection des morts.
Celle-ci ne leur ayant pas encore été dévoilée, ils pouvaient ainsi accomplir cette mitsva de émouna à travers elle.

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-> Le cantique [de la mer] contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé’hayé]

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2°/ Pourquoi l'utilisation du singulier ("chantera" (yachir), au lieu de : "Moché et les enfants d'Israël chanteront (yachirou)")?

Le verset précédant se termine par : "ils eurent foi en Hachem et en Moché, son serviteur". Si les juifs ont cru en Hachem, c'est évident qu'ils crurent également en Son serviteur Moché! Comment expliquer cela?

Le Kédouchat Lévi explique qu'à la mer Rouge, les juifs ont atteint des niveaux très élevés de prophétie, au point que le midrach (Mékhilta - Chémot 15,2) commente qu'une simple "servante a vu dans la mer ce que n’a pas vu Yé'hezkiel (lui-même) ni les autres prophètes".
Ainsi à ce moment, les juifs ont pris conscience de la grandeur d'Hachem (comme cela a pu déjà être le cas lors des autres plaies), mais surtout ils ont eu une nouvelle révélation : ils ont découvert la grandeur phénoménale que peut atteindre tout juif, même le plus simple en apparence.
=> Ils ont cru en Hachem, et également en leur capacité à tendre vers Moché Son serviteur.

De même, l'utilisation du singulier : "chantera", s'explique par le fait que Moché et la nation juive se sont unis en une seule unité. Les juifs se sont identifiés à Moché, car ils croyaient en eux même!
[A leur yeux, Moché n'était plus une sorte de divinité humaine aux pouvoirs surhumain. Non, car en réalité, chaque juif peut arriver à agir d'une façon très élevée, quasi-divine. Moché est un être humain juif qui a utilisé ses potentialités internes au maximum! Ce vers quoi nous devons tous tendre.]

De plus, les juifs ont alors réalisé que Hachem aime chacun de Ses enfants comme si c'était Son enfant unique, et ainsi : "Je suis aussi important aux yeux de Hachem que Moché rabbénou!"
Cette conscience de combien nous sommes chacun précieux aux yeux de D., d'à quel point Il est toujours présent à nos côtés pour nous soutenir, pour répondre à nos prières, est la base d'une émouna saine et d'une appréciation du cadeau de la vie que nous accorde Hachem.
[D. a mis en nous une partie Divine : l'âme, faisant que nous Lui sommes liés et que nous avons des capacités pour s'élever Divinement haut.]

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"Et tout le peuple vit les voix" (Yitro 20,15)

Hachem créa le monde par le biais de 10 paroles créatrices, qui sont constamment présentes dans le monde, et ce sont elles qui le font exister à chaque instant.

Cependant, elles sont tellement cachées qu’on ne les perçoit pas, ce qui fait qu'on a facilement tendance à oublier que c’est Hachem qui permet au monde d'exister.
D'ailleurs, on peut même en venir à imaginer (plus ou moins consciemment) que le monde se tient de lui-même.

Mais au moment du don de la Thora : "Tout le peuple vit les voix", c'est-à-dire qu'ils virent clairement ces paroles Divines, et ils purent ainsi prendre conscience de façon tangible et claire, que seul Hachem est le Créateur qui maintient le monde et que sans l’existence qu’Il y insuffle, le monde ne peut pas tenir même ne serait-ce qu’un seul instant.

[Néféch Ha'haïm]

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-> Le Zohar (Béchala'h 54a) affirme : "Tout celui qui récite quotidiennement ce Cantique [de la mer Rouge] et s’y concentre, méritera de le réciter dans l’avenir [lors de la Résurrection des Morts]"

-> Le cantique contient 18 phrases qui correspondent aux 18 vertèbres de la colonne vertébrale.
Ce cantique sera le soutien des morts, qui chanteront également un cantique à Hachem lors de la résurrection des morts.
[rabbénou Bé'hayé]

-> La guémara (Sanhédrin 91b) enseigne : "De quel Texte de la Torah peut-on déduire la Résurrection des Morts? Il est écrit : "Az Yachir Moché" (alors Moché et les Enfants d’Israël chanteront l’hymne suivant à Hachem - Béchala'h 15,1). Il n’est pas dit : ‘ont chanté’ mais ‘chanteront’. D’ici, nous avons une indication de la Résurrection des Morts dans la Torah".
[l’emploi du futur suggère que Moché et sa génération se relèveront et chanteront de nouveau le Cantique de la Mer – on peut noter que le mot "Az" (אָז - Alors) indique le temps du dévoilement du règne de D. (א – Un) sur la Nature (ז – Sept) - Kli Yakar (Chémini)].

=> Quel est le sens de la récitation du Cantique de la Mer dans les temps futurs?

Il est à rappeler tout d’abord que la Délivrance d’Egypte fait allusion à toutes les Délivrances d’Israël. Pour cela, on peut rapporter :
- Le Arizal (Likouté Torah - Ki Tetsé) enseigne : "L’Exil égyptien inclut en lui les 4 autres Exils : Babel, Perse, Grèce, Rome."
- Le Bné Yissa'har (Nissan - maamar 4) explique que c’est la raison pour laquelle 4 expressions de la Délivrance ont été mentionnées : "Je vous ferai sortir, Je vous délivrerai, Je vous affranchirai, Je vous adopterai" (Vaéra
6,6-7) [en référence aux 4 Exils].

Plus particulièrement, la Délivrance des temps messianiques sera à l’image de la Délivrance d’Egypte, tout en étant plus grandiose. En effet, il est écrit : "Comme au jour où tu sortis du pays d’Egypte, Je te ferai voir des prodiges [lors de la Délivrance finale]" (Mi'ha 7,15).
De plus, le midrach (Chémot rabba 23,15) commente : "‘C’est mon D. et je L’embellirais’ = Hachem a dit à Israël : dans ce Monde, vous avez dit devant Moi une seule fois : ‘C’est mon D.’. Mais, dans le futur, vous le direz deux fois, ainsi qu’il est dit : ‘On dira en ce jour : Voici notre D. en qui nous avons mis notre confiance pour être secourus. Voici Hachem en qui nous espérions’ (Yéchayahou 25,9)."

-> Rabbénou Bé’hayé (Kad Hakéma‘h - Ner ‘Hanoucca) écrit :
"Nous avons une Tradition : la future Délivrance ressemblera à celle d’Egypte. De même qu’il y eut la Déchirure de la Mer des Joncs lors de la Délivrance d’Egypte, de même il est dit au sujet de la future Délivrance : ‘Et Hachem imprimera l’anathème au Golfe égyptien ; de Sa main, de Son souffle impétueux, Il frappera le grand fleuve’ (Yéchayahou 11,15). Il est écrit aussi: ‘Et ce sera une chaussée pour le reste de Son Peuple, échappé à l’Assyrie, comme il y en eut une pour Israël le jour où il sortit du pays d’Egypte’ (verset 16).
Cela atteste le fait que lors de la future Délivrance, Hachem tracera au sein de la mer un chemin comme cela fut le cas lors de la Sortie d’Egypte."

=> Ainsi, comprenons-nous maintenant les paroles du Zohar : "Celui qui récite chaque jour la Chira avec concentration, méritera de la réciter dans l’avenir", c’est-à-dire qu’il méritera de vivre la Délivrance finale au cours de laquelle, seront revécus les évènements de la Sortie d’Egypte, y compris la récitation du "Cantique de la Mer" par Moché Rabbénou et l’ensemble du peuple juif.

Les téfilines

"Ce sera un signe sur ta main et des joyaux entre tes yeux " (Bo 13,16)

Cela fait référence aux téfilin, qui ont 4 compartiments dans ceux de la tête, et un seul compartiment dans ceux du bras.

Le Roch donne une belle explication à ce sujet :

-> Tant que l'on est dans la réflexion et l'analyse (la tête), chacun a le droit de donner son avis et son opinion (d'où la présence de différents compartiments : il y a ceux qui pensent que ..., ceux qui pensent que ...).

-> En revanche, lorsque l'on est passé à l'action et à la pratique (le bras), on doit alors obligatoirement se réunir pour suivre l'opinion de la loi juive (la halakha).
On ne peut plus dire que chacun va agir selon son avis, cela est une faute (il n'y a qu'un seul compartiment).

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-> On peut accepter qu'il y ait une différence d'avis (au niveau de la tête), mais on ne peut pas accepter qu'il y ait une séparation entre les cœurs (les téfilin du bras sont tournés vers le cœur).
Cela signifie que bien que l'on ait des idées différentes, tout cela ne doit pas affecter les sentiments. Dans le cœur, nous sommes obligés d'être unis, de s'apprécier (tu aimeras ton prochain comme toi-même! = on doit tendre vers une fusion des cœurs : ressentir ses joies, peines, ...).

De même que nous trouvons normal d'avoir chacun un visage différent, de même nous devons respecter le fait que chacun a des avis différents, et tout le monde possède une part de Vérité.
[c'est par l'union des différentes facettes de la Torah, c'est grâce aux débats/confrontations comme le principe de la 'havrouta, que nous pouvons parvenir à la Vérité.]

Il faut faire attention à ne pas laisser rentrer dans notre cœur, nos différences d'opinions, en venant à avoir du mépris, à détester autrui.

[il y a plusieurs compartiments dans le bras qui représente l'action (ce monde), et un seul dans le celui de la tête (monde à venir).
Ainsi, certes il y a plusieurs façons de servir Hachem dans ce monde, mais dans celui à venir nous serons tous unis autour de D., profitant de Sa proximité, en fonction de nos mérites.
Par ailleurs, dans ce monde matériel chaque juif semble une entité distincte (plein de corps en apparence totalement indépendants), mais en réalité spirituellement parlant nous sommes tous unis, provenant d'une seule âme Divine.]

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-> Le Rosh nous enseigne :
Les passages (Chémot 13,1-10 ; Chémot 13,11-16 ; Dévarim 6,4-9 ; Dévarim 11,13-21) écrits dans les téfilin de la main sont réunis dans un seul parchemin. En revanche, dans les téfilin de la tête, ces passages sont placés dans quatre compartiments différents. Pourquoi cette différences?

En fait, l’homme est constitué de 5 sens.
La vue, l’ouïe, l’odorat et le goût, sont 4 sens contenus dans la tête (les yeux, les oreilles, le nez et la bouche). En revanche, le toucher est le sens associé à la main.
Les téfilin ont pour vocation de soumettre tous les sens à Hachem, pour accepter l’Autorité Divine au point de ne pas profiter du monde par aucun sens, de façon non voulue par Hachem.
=> C’est pourquoi, les téfilin de la tête contiennent 4 compartiments en allusion aux 4 sens situés dans la tête, et les téfilin de la main contiennent un seul compartiment, allusion au sens du toucher situé dans la main.

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-> Dans le Séfer Kaftor véPéra'h, il est écrit :
Les téfilines du bras sont en face du coeur quie est en rapport avec Hachem : Un et Unique dans Son monde. [il y a sur le bras 1 compartiment]
Ceux de la tête sont face aux 4 éléments utilisés pour la création de l'homme (le feu, l'eau, le vent et la terre). [d'où les 4 compartiments sur la terre]

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-> "Qu'est-il écrit dans les téfilin du Maître du monde?
Rav 'Hiya bar Avin répond : "Qui est comme Ton peuple Israël, une nation unique sur la terre" (mi 'hamokha Israël, goï é'had baarets - Divré haYamim I 17,21)."
[guémara Béra'hot 6a]

D'une certaine façon, les téfilin de Hachem Lui permettent de renforcer Son attachement avec Son peuple bien-aimé. Parallèlement, en mettant nos téfilin nous lions davantage D. à notre vie, à nous-même.
=> Ils symbolisent l'amour ardent et permanent, qui règne entre Hachem et nous!!

-> A ce sujet, rabbi Guttman affirme : lorsque nous mettons nos téfilin nous devons réfléchir à ce que nous pouvons faire pour Hachem, et en conséquence Hachem, mesure pour mesure, va également mettre Ses téfilin et cela va éveiller Son désir de faire quelque chose pour nous, aussi bien au niveau individuel que collectif.

-> La michna Broura cite l'avis du Magen Avraham, que si les téfilin d'une personne tombe à terre sans être dans la boîte de protection, la coutume est de jeûner en expiation. Ceci témoigne de leur sainteté.

Un jour, après avoir observé un juif ignorant ramasser et embrasser ses téfilin qui étaient tombé au sol, Rabbi Its'hak de Berditechev a déclaré : "Maître du monde! Regarde comment un juif simple honore et chérit ses téfilin. Pourquoi ne relèves-Tu pas TES téfilin opprimés : Ta nation Israël! (cf. ce qui est écrit dans Ses téfilin)
Ils sont allongés sur le sol dans la honte et sans le moindre respect depuis 18 siècles. Ramasse-les avec Ta main forte et embrasse les. Pourquoi Tes téfilin doivent-ils être moins bien traités que les téfilin de Ton peuple?"

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+ Est-ce que les juifs ont pu réaliser la mitsva des téfilin pendant les 40 années dans le désert?
En effet, pour que cette mitsva soit valable, il est nécessaire d'avoir les 4 passages de la Torah qui y sont inclus, or 2 passages ne vont être enseignés par Moché que durant la dernière année dans le désert (Dévarim).
[Chémot 13,1-10 ; Chémot 13,11-16 -----> Dévarim 6,4-9 ; Dévarim 11,13-21]

-> Selon le Rachba (commentaire sur guémara Ména'hot 37a), après leur sortie d'Egypte les juifs possédaient uniquement 2 passages des téfilin sur 4, mais Moché leur a enseigné oralement les 2 autres passages afin qu'ils puissent les mettre par écrit. Cela leur a permis de porter les téfilin pendant les 40 années dans le désert.
Le rav Guédalia Schorr ajoute l'idée que les 4 portions qui sont présentes dans les téfilin, ne sont pas écrites en tant que copies d'une section apparaissant dans la Torah, mais ce sont des passages que nous avons l'obligation d'écrire dans nos téfilin, et il se trouve qu'ils sont également présents dans la Torah. Ceci explique pourquoi le peuple juif avait le droit de les y écrire avant d'avoir reçu la Torah, comportement ces mêmes passages.

-> Le rav de Brisk n'est pas d'accord, et pour lui ces 4 passages des téfilin ne sont simplement que des copies de passages provenant de la Torah. [s'il n'y a pas de Torah, il ne peut y avoir ces sections!]
Le Panim Yafot (ainsi que le Raavan) écrit que les juifs n'ont pas porté les téfilin dans le désert, et ce jusqu'à recevoir les 2 passages manquants (durant la dernière année dans le désert).

-> Selon le Malbim, la réponse à cette question dépend de la discussion dans la guémara (Guitin 60a), entre Rav Yo'hanan et Reich Lakich, à savoir si la Torah a été donnée aux juifs en une seule fois à la fin de la vie de Moché, ou bien par des segments partiels au fur et à mesure de leur séjour dans le désert.

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"Ce sera en signe sur ton bras et en ornement entre tes yeux, car c'est d'une main puissante que Hachem nous a fait sortir d'Egypte" (Bo 13,16)

Habituellement : "ton bras" (yadé'ha) s'écrit : ידך , mais ici il apparaît différemment : ידכה, ce que nos Sages (Ménah'ot 37a) expliquent par : "la main faible" (יד כהה - yad kéa).
C'est pour cette raison que nous plaçons les téfilin sur notre main dite "faible" (la gauche pour un droitier).

[Rabbénou Bé'hayé fait remarquer qu'on a : ידכה, au lieu de l'habituel : ידך. La différence réside dans l'ajout de la lettre : hé (ה), qui renvoie au total de 5 compartiments où se logent les parchemins : 4 dans celui de la tête, et 1 dans celui de la main]

=> Comment concilier que la mitsva des téfilin est un souvenir du fait que c'est "d'une main puissante (בְּחֹזֶק יָד) que Hachem nous a fait sortir d'Egypte", avec notre obligation de les mettre sur "la main faible" (יד כהה)?

-> Rabbi Moché Bick explique que cela vient nous enseigne que Hachem est la seule puissance de ce monde. Il est l'Unique qui est Fort et Puissant, Il fait tout dans le monde.
Si nous mettions nos téfilin sur notre main "forte" (à droite pour un droitier), alors nous en viendrons à penser à tord que : "ma force et la puissance de ma main m’ont assuré ce succès" (ko'hi véotsem yadi assa li - Ekev 8,17).
Pour se rappeler ("ce sera un signe sur ton bras") que tout nous vient de Hachem, nous mettons nos téfilin sur notre main "faible".

-> Rabbi Guttman fait remarquer que :
- les téfilin du bras sont pour NOUS un signe, nous rappelant la "main forte" de D., et renvoyant au fait que notre main est "faible". Nous devons donc mettre toute notre confiance en Hachem, car Lui seul peut faire changer les choses.
- les téfilin de la tête sont un signe pour les AUTRES, pour qu'ils voient la sainteté des juifs et qu'ils nous craignent.
A propos de ces téfilin, il est dit : "alors tous les peuples de la terre verront que le Nom de Hachem est proclamé sur toi et ils te craindront" (Ki Tavo 28,10).
Nous portons le Nom Divin sur notre tête, et le monde entier en a peur.
[encore une fois, nous arrivons à la conclusion que notre force nous provient de notre proximité avec papa Hachem]

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-> Le Séfer Atéret Zékénim rapporte que les téfilines sont uniquement noirs, qui est la seule couleur qui ne peut se mélanger aux autres couleurs.
En effet, au sujet de Hachem, il est écrit : "Parce que Moi, Hachem, Je ne change pas".

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-> Le Or'hot 'Haïm explique qu'il y a 3 coutures à chacun des 4 côtés des téfilines, parce que cela fait un total de 12 coutures, en rapport avec les 12 tribus d'Israël.

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-> Pourquoi faut-il mettre un poil de veau?

Le veau évoque les forces de l'impureté, or dans le Zohar (Pékoudé 237b) il est enseigné :
"Viens et regarde, Hachem a donné une place aux forces impures pour diriger en ce monde certains domaines, elles ont aussi le pouvoir d'endommager.
C'est pour cela que nous devons nous comporter de manière respectueuse avec ces forces, de peur qu'elles ne portent d'accusation contre nous.
C'est pourquoi nous avons un principe fondamental, nous devons lui faire une petite place à l'intérieur de notre kédoucha.
[nous lui faisons un petit cadeau, pour qu'elle nous laisse tranquille, à l'image du bouc que nous lui offrions le jour de Kippour (séir laAzazel)]
Ainsi, il faut mettre discrètement sur la base des téfilines un poil de veau qui sorte vers l'extérieur et soit visible."

[Le Zohar affirme que l'épaisseur d'un fil ne rend pas impur l'endroit car ce n'est pas une quantité suffisante.]

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-> Le Arizal (Chaar haKavanot) explique que les forces d'impureté de Pharaon sont concentrées dans la nuque.
Les lettres du mot "nuque" (aoref - הערף) sont les mêmes que celles qui forment le mot : Pharaon (פרעה).

-> Le rav Yaniv Yaakov commente :
Plus précisément, le Daat (l'intellect) est matérialisé par le cervelet (le petit cerveau central), diffuse les informations contenues dans les pensées de l'homme à tout le reste du corps.
Les forces d'impureté égyptiennes étaient concentrées au niveau de la nuque afin de stopper le flux d'abondance généré par le cerveau sur les autres membres du corps et de tuer ainsi spirituellement le peuple d'Israël.

La mitsva des téfilines par exemple régénère ce flux d'abondance.
C'est le sans du verset : "Ce sera pour toi comme un signe sur ta main et comme un rappel entre tes yeux" (Bo 13,16). Quel lien y a-t-il entre la mitsva des téfilines à la sortie d'Egypte?
Nous mettons les téfilines de la tête près du cerveau, et celles du bras contre le cerveau qui symbolisent le corps, afin d'unir la tête et le corps.
Or, c'est précisément ce que Pharaon et les égyptiens voulurent tant séparer. Ainsi, nous accomplissons cette mitsva en souvenir et par reconnaissance pour Hachem qui nous délivra d'Egypte.
[...]

De la même façon que l'homme est en vie par la liaison de 2 parties essentielles que sont al tête et le corps, le peuple d'Israël est une entité vivante car il est constitué de 2 parties : la tête représentée par les tsadikim (les Sages et les dirigeants de la génération), et le corps représenté par le peuple d'Israël.
Les dirigeants du peuple juif désignés par le titre de Rabbi qui signifie : "chefs des enfants d'Israël" (רבי - roch Bné Israël) influencent le peuple juif par les enseignements et les décisions qu'ils propagent au sein du peuple.
[d'une certaine façon les téfilines matérialisent notre attachement à nos Sages, qui sont nos ailes pour s'élever au mieux vers Hachem!]
[...]
C'est le sens des paroles du Arizal, à propos des lettres du mot Pharaon (פרעה) qui sont les mêmes que celles du mot nuque (aoref - הערף). Il incarne la force d'impureté (klipa) et recherche à réaliser une séparation entre la tête (les dirigeants d'Israël) et le corps (le peuple d'Israël).

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-> Et il sera écrit comme symbole sur ton bras et comme fronteau entre tes yeux, que d'une main puissante l'Éternel nous a fait sortir de l'Égypte. (Bo 13,16)

-> "Et tu les mettras en signe sur ton bras" :
Nos Sages ont enseigné sur ton bras, on interprète sur ton bras faible (יד כהה) qui est le bras gauche de chacun d'entre nous (voir guémara Ména'hot 37) et il me semble que l'on peut en donner la raison, car le Maître du monde a pour vertu, deux nuances : une que l'on surnomme "main grande" et l'autre "main puissante".

La "main grande" fait appelle à la bonté d'Hachem. La "main forte", la main puissante fait allusion au côté rigoureux qui punit celui qui agit mal, au moment de la sortie d'Egypte des enfants d'Israël, il a étendu sa main puissante afin de frapper ses ennemis des 10 plaies.
C'est pour cela que D. nous demande de poser les téfilines sur le bras gauche (faible) en souvenir de la main puissante par laquelle Il nous a fait sortir d'Égypte. C'est à cela que fait allusion le verset car c'est avec une main forte que je t'ai fait sortir de là-bas.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]