Aux délices de la Torah

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"Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

Nous sommes habitués à un monde dans lequel une circonstance engendre une réaction.
Ainsi, nous aurons pensé que le verset nous dise d'abord : "elle était stérile" (le problème), puis ils implorèrent Hachem (la solution).
Pourquoi l'ordre semble-t-il inversé?

Rabbénou Bé'hayé (Torah Témima) répond qu'il existe une règle : D. désire ardemment les prières des justes (guémara Yébamot 64a).

-> La guémara (Yebamot 64a) nous apprend que Rivka était stérile parce que D. prend plaisir aux prières des justes. Il sait que ceux-ci réagissent à la souffrance par des requêtes et suppliques, raison pour laquelle Il les soumet à des épreuves.

-> "Pourquoi les matriarches (Sarah, Rivka et Ra’hel) étaient-elles stériles? Parce que D. aspirait à leurs prières.
Il dit : 'Elles sont riches, elles sont belles, … Si Je leur donne [également] des enfants, elles ne prieront pas devant Moi.' "
[Midrach Tan’houma – paracha Toldot]

=> Ainsi, la cause est : Hachem veut entendre ses prières, et non : "elle était stérile" (la conséquence).
Le verset suit donc le bon ordre des choses.

[b'h, ce sujet est abordé plus en détails ci-dessous]

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-> Le 'Hazon Ich disait aux personnes qui ont des soucis dans la vie : "C'est que D. a vraiment envie de vous entendre!"

En effet, Hachem a donné au serpent la pire des punitions : ne pas manquer de nourriture (la poussière), car par cela, il n'a plus d'occasion de se tourner vers Lui en vidant son cœur.

La vision juive est que suite à une prière, on a plus gagné à renforcer notre lien avec Hachem, que d'obtenir ce que l'on souhaitait.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hochma ouMoussar) dit que c'est une grave erreur de penser que nous avons des soucis dans notre vie, et qu'ensuite seulement nous prions.
La réalité est que Hachem aime tellement entendre nos prières, qu'Il va utiliser les problèmes comme déclencheur permettant de casser, briser notre cœur vers Lui.

Le midrach (Chémot rabba 21,5) rapporte qu'une fois que D. nous a délivré d'Egypte, nous nous sommes arrêtés de crier vers Lui.
Mais Il voulait encore nous entendre!
C'est pourquoi, Il a envoyé Pharaon après nous à la Mer Rouge, afin de nous amener à crier de nouveau vers Lui, puisque c'était alors l'unique possibilité de s'en sortir.

=> Dans notre vie, même quand tout va bien, il ne faut pas se relâcher en prière, et toujours s'efforcer de vider toutes nos forces, tout notre cœur vers Hachem, car sinon, Il risque de nous envoyer des difficultés pour arriver à ce même résultat.

Il ne faut pas voir nos souffrances comme un échec (D. ne m'aime pas!), au contraire, c'est un signe certain que Hachem tient à toi!

D. donne des combats dans la vie, en fonction des capacités de chacun.
Traverser des difficultés, c'est signe que nous sommes un soldat de grande valeur!

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-> "Its'hak implora Hachem, en face de sa femme, car elle était stérile" (Toldot 25,21)

"Nos Sages nous apprennent un principe fondamental (guémara Baba Kama 92a) : "Celui qui prie pour autrui tout en ayant besoin de la même chose est exaucé en premier".

Selon le Maguid de Doubno, le fait de prier pour son prochain possède un autre avantage : celui d'être plus bavard, de tout oser dire à Hachem, car on le fait dans le cadre d'un acte de bonté, d'amour d'autrui, et non que pour soi-même.

Rachi commente (Yits‘haq implora) : "[Le verbe est à la forme active]. Il a multiplié sa prière avec insistance."

=> Its'hak se met en face de sa femme (il se met à sa place afin de ressentir pleinement ses besoins), multiplie sa prière avec insistance (implora) pour autrui (sa femme) tout en ayant besoin de la même chose (un enfant).
Il en a résulté que Hachem a accepté sa propre prière, et qu'Il lui a accordé ce dont il avait besoin lui-même (avoir un enfant par le biais de Rivka).

N'hésitons pas à utiliser cette astuce de nos Sages.
Si j'ai besoin de quelque chose, alors je vais plutôt prier pour un autre juif qui en a besoin.
b"h, On peut compléter cette réflexion, ci-après : https://todahm.com/2017/09/27/5606

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-> Its'hak a amené son épouse Rivka au mont Moria pour prier avec elle sur le lieu de la Akéda.
[Pirké déRabbi Eliézer 32]

-> Its'hak était certain qu'il aurait des enfants (cf.Béréchit 17,19), mais il suppliait D. que cela soit par le biais de la femme vertueuse qui se tenait face à lui : Rivka.
[le Sforno]

-> Le midrach (Béréchit Rabba 63,5), nous indique que Its'hak s'est ainsi adressé à Hachem :
"Maître de l'univers! Puissent tous les fils que Tu me donneras naître de cette femme vertueuse!"

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+ "Its'hak implora Hachem face à sa femme" (Toldot 25,21)

=> Pourquoi justement "face à sa femme"?

-> Le Maharil Diskin enseigne:
Hachem avait promis à Avraham : "Je multiplierai ta descendance".
C'est pourquoi Its'hak savait qu'il aurait des enfants, mais il voulait que ce soient ceux de Rivka.
=> C'est pourquoi, il a imploré Hachem face à son épouse, car il ne voulait pas d'enfants d'une autre femme!

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+ "Its'hak implora Hachem au sujet de sa femme parce qu'elle était stérile" (Toldot 25,21)

-> "ki akara hi" (car elle était stérile) ne signale que la stérilité de Rivka.
D'après le Méchekh 'Hokkhma, le mot "hi" (elle - הִוא) a volontairement été écrit avec la lettre vav : הִוא de guématria 12, pour faire une allusion à la durée de l'état de stérilité de Rivka.
En effet, Its'hak avait 40 ans lorsqu'il a épousé Rivka qui avait 3 ans.
Its'hak est devenu le père d'Essav et Yaakov à l'âge de 60 ans et Rivka a donc enfanté à l'âge de 23 ans.
Or, une femme ne peut pas enfanter avant l'âge de 11 ans, selon la guémara (Yébamot 12b).
=> Ainsi, Rivka n'a été stérile durant : 23-11 = 12 ans, ce qui est suggéré par la valeur numérique 12 du mot écrit anormalement "hou" (הִוא) au lieu de : "hi" (היא).

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-> "Its'hak Avinou était stérile, car il est écrit : "Its'hak implora Hachem en face de sa femme (Rivka), car elle était stérile".
Il n'est pas écrit : "à propos de sa femme", mais "en face e sa femme", pour t'apprendre que les 2 étaient stériles.
S'il en est ainsi (qu'Its'hak et Rivka étaient tous 2 stériles), pourquoi alors la fin de ce verset dit-il : "Hachem l'exauça ("lo") et non pas "Hachem les exauça ("lahem")"?
C'est que la prière d'un tsadik, enfant d'un tsadik, n'est pas comparable (est supérieure) à la prière d'un tsadik, enfant d'un racha ...

Pourquoi nos Patriarches (et nos Matriarches) étaient-ils stériles (initialement)?
C'est parce que Hachem désire entendre la prière des tsadikim ...
La prière des tsadikim fait passer les décret de Hachem de la rigueur (midat hadine) à la miséricorde (midat hara'hamim).
[rabbi Its'hak - guémara Yébamot 64a]

-> Le mot : "en face" (lénokha'h) signifie qu'ils ont prié l'un pour l'autre, l'un en face de l'autre, c'est-à-dire que chacun a prié Hachem pour guérir la stérilité de son conjoint.
[Maharcha]

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=> Comment justifier que la prière d'un tsadik fils de tsadik est mieux écoutée que celle d'un tsadik fils de racha?

-> Le Pardess Yossef enseigne :
La prière d'un tsadik fils de tsadik est plus efficace que celle d'un tsadik fils de racha lorsqu'il prie pour lui-même (ou pour son époux), car il est aidé par le mérite de ses pères (zékhout avot).
Par contre, c'est la prière d'un tsadik fils de racha, qui a su abandonner les mauvaises actions de ses pères et emprunter la vie droite (yachar) de la Torah, qui a plus d'importance au yeux d'Hachem lorsqu'il prie en faveur d'autrui.

-> Le Maharcha dit que la guémara prouve que la prière d'un tsadik fils de tsadik est mieux acceptée dans le Ciel pour annuler un décret de stérilité que la prière d'un tsadik fils de racha.

Le Ben Ich 'Haï explique ainsi cette affirmation du Maharcha :
D'après la guémara (Baba Batra 62b), les petits-enfants sont considérés comme des enfants. Ainsi, lorsqu'un homme prie pour avoir des enfants, cette prière concerne aussi son père, car ses enfants, s'il est exaucé, seront les siens et ceux de son père.
C'est pourquoi le tsadik fils de tsadik est aidé dans ses prières par le mérite de son père qui est concerné.
Par contre, le tsadik fils de racha, privé du mérite de son père, n'est aidé que par son propre mérite.

Le Ben Ich 'Haï écrit également :
Le terme "tsadik" (צדיק) a pour guématria : 204.
Lorsque le père et le fils sont tous 2 tsadikim (tsadik fils de tsadik), la guématria totale est : 204+204= 498, ce qui est la même que celle du pronom démonstratif : "zot" (זאת) de valeur 408.
Or, nos Sages dans le midrach rabba, signalent que le mot "zot" (ceci - זאת) est, entre autres, associé à la prière.
=> Ainsi, la prière la plus considéré est celle d'un tsadik fils de tsadik.

["C'est avec ceci (zot - זאת) qu'Aharon entrera dans le Sanctuaire (à Kippour)" (Vayikra 16,3).
Les midrachim expliquent que le Cohen Gadol se présente le jour de Kippour, afin d'annuler les mauvais décrets qui pèsent sur le peuple d'Israël, avec ceci (zot - זאת) : la prière (kol - קול) de guématria 136, le jeûne (tsom - צום) de même guématria 136, et l'argent (maon - ממון) de la tsédaka, de même guématria 136.
La somme totale de ces 3 outils (téfila, téchouva, tsédaka), de même efficacité (même guématria 136), donne un total de : 136*3= 408.
Ainsi, le mot zot (זאת) de guématria 408, symbolise les 3 "outils" cités.]

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=> Hachem ne répond-Il pas à la prière de tout tsadik? Pourquoi ici n'a-t-Il répondu qu'à la prière d'Its'hak et non celle de Rivka?

-> Le rabbi de Kotsk donne la réponse suivante :
La prière de tout tsadik, fils de tsadik ou non, est importante aux yeux d'Hachem, et Il répond en général à chacun d'eux.
Lorsque [dans la guémara ci-dessus] rabbi Its'hak affirme que la prière du tsadik fils de tsadik ne ressemble à celle du tsadik fils de racha, son intention n'était pas de dire que l'un est écouté dans le Ciel et l'autre non.
En réalité, tous 2 savaient par intuition Divine (roua'h hakodech) que si leurs prières étaient exaucées, ils auraient un enfant tsadik, et un enfant racha, mais les prières d'Its'hak et de Rivka étaient différentes :
- Its'hak, tsadik fils de tsadik, priait pour que l'enfant tsadik soit un tsadik parfait (tsadik gamour) en sainteté et en pureté, afin de continuer la chaîne de véritables tsadikim, quitte à ce que l'autre fils soit un racha total (racha gamour), privé de toute étincelle de sainteté ;
- Rivka, tsadékét fille de racha, priait au contraire pour que l'enfant racha ne soit pas racha gamour, quitte à ce que l'autre enfant ne soit pas un tsadik gamour.

Hachem a finalement exaucé la prière d'Its'hak, tsadik fils de tsadik, qui ne ressemblait pas à celle de Rivka, puisqu'il est écrit qu'Il a répondu à lui (lo - לו) et non à elle (la - לא).

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=> Pourquoi Hachem aime-t-Il entendre la prière des tsadikim?

-> La fin de la guémara (ci-dessus) affirme que : "La prière des tsadikim fait passer les décret de Hachem de la rigueur à la miséricorde".
De plus, selon la guémara (Béra'hot 7a), Hachem "prie" que Sa miséricorde l'emporte sur Sa colère envers Ses enfants.
=> Ainsi, Hachem aime entendre les prières des tsadikim qui par leur pouvoir de transformer la colère d'Hachem en miséricorde, réalisent Sa volonté.
[Iyoun Yaakov]

-> Puisque Hachem est la source de bontés et de bienfaits ('hessed), il ne peut émaner de Lui que du 'hessed.
Même les situations difficiles (dine) ont une racine de 'hessed.
Ainsi, lorsque rabbi Its'hak dit que Hachem veut faire un grand 'hessed aux tsadikim en les mettant dans des situations de détresse (tsara) qui les amènent à prier du fond du cœur, en profondeur, afin d'obtenir ce qu'il leur manque, cette prière intense et sincère les attache à Hachem plus intensément.
En cela, Hachem leur fait un grand 'hessed. La souffrance endurée par le tsadik en valait la peine, puisqu'elle permet d'augmenter son attachement à Hachem.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.4, p.63]

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-> Le verset ci-dessus (v.25,21) indique d'abord la prière d'Its'hak et Rivka et ensuite la cause : la stérilité de Rivka.
N'aurait-il pas été plus logique d'inverser les 2 : "Rivka était stérile" => c'est pourquoi : "Its'hak implora Hachem"?

-> Rabbénou Bé'hayé explique : La Torah nous enseigne que la détresse (la stérilité) n'est pas la cause qui a conduit Its'hak a prier pour remédier à cette détresse, mais c'est la prière des tsadikim, appréciée et attendue par Hachem, qui devient la cause de la détresse.
Ainsi, dans notre cas, le Ciel a rendu Rivka stérile uniquement pour que Hachem ait plaisir à entendre la prière d'Its'hak et de Rivka.
Cette prière du fond de leur cœur, qui les attache davantage à Hachem, devient la véritable cause de la stérilité, et plus généralement de toute détresse.
Nous comprenons mieux l'affirmation de rabbi Its'hak : "Nos Patriarches étaient stériles car Hachem désirait entendre la prière des tsadikim".

[dans nos moments difficiles, nous pensons que Hachem nous a forcément abandonnés, qu'Il n'est plus intéressé par nous, mais c'est tout le contraire. Hachem a une envie folle de nous, Il veut nous entendre lui parler par la prière, et c'est pour cela qu'Il nous donne des difficultés.
La nature humaine est d'oublier D. lorsque tout va bien pour nous, et de se tourner vers Lui lorsque cela devient difficile.
Le rav Elimélé'h Biderman donne l'exemple suivant : une personne s'est mise sur le toit d'un immeuble et elle jetait des billets. En bas les gens se rassemblaient pour prendre l'argent, mais personne ne levait la tête pour en voir la provenance. Alors, il a mis en place une autre méthode pour attirer l'attention vers lui : il a jeté des pierres. Maintenant, tout le monde le regardait.
Cela illustre notre nature à reconnaître Hachem pendant nos moments difficiles, et à l'oublier lorsque tout va bien.

Nos Sages (guémara Sanhédrin 44 - לעולם יקדים אדם תפילה לצרה) nous conseillent d'abreuver Hachem de prières lorsque tout va bien pour nous, car ainsi Hachem n'a plus besoin de nous imposer des malheurs pour que l'on en vienne à prier davantage.
[Rabbi Akiva Eiger enseigne qu'on sera tenu pour responsable de nos malheurs, car au Ciel on nous demandera pourquoi nous n'avions pas prié au préalable, ce qui aurait évité au problème de se produire.]
D'ailleurs, le rav Elimélé'h Biderman rapporte que si pendant une épreuve nous prenons la résolution de continuer à prier Hachem avec la même intensité par la suite, alors il n'y a plus de raison pour que nos difficultés continuent. Hachem retire alors nos malheurs, et notre vie sera agréable.
Hachem désire avoir un lien avec nous, et tant que nous le maintenons de notre mieux, alors il n'y a pas de raison de causer des problèmes pour nous faire prier davantage (vu que c'est déjà le cas!).

Le Arvei Na'hal dit qu'on voit cela en allusion dans le Téhilim (86,3) : "Prends-moi en pitié, Hachem, car vers toi je crie toute la journée" ('honéni Hachem ki élé'ha ékra kol ayom).
Le roi David déclare : "Qu'il y ait des malheurs ou bien que ma vie soit agréable, Hachem je prierai vers Toi toute la journée. Je ne m'arrêterai pas de Te prier. C'est pourquoi : "Prends-moi en pitié" = il n'est pas nécessaire de m'imposer des difficultés pour m'encourager à Te prier, car de toute façon, indépendamment de cela je Te prierai." ]

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-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si’hot Moussar - si’ha 101) enseigne :
La construction de l'Assemblée d'Israël s'est réalisée à partir des prières qu'Hachem désirait entendre :
- celles de nos Patriarches et Matriarches pour engendrer ;
- et celles du Peuple pour d'Egypte.
En effet, à la sortie d'Egypte, Hachem a placé le peuple d'Israël, poursuivi par les égyptiens, dans une situation dramatique pour l'unique raison d'entendre une prière intense de Son peuple.
D'ailleurs, après avoir entendu la voix "agréable" de ces supplications, Hachem dit à Moché : "Pourquoi M'implores-tu ... Qu'ils avancent!" (Chémot 14,15).
Hachem voulait dire à Moché : les prières des Bné Israël ont précédé ta prière ; Mon désir d'entendre ces supplications a déjà été exaucé ; vous pouvez donc maintenant avancer vers la mer.

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=> Allusion numérique au changement opéré par la prière du tsadik :

-> "La prière des tsadikim fait passer les décrets de Hachem de la rigueur (midat hadine) à la miséricorde (midat hara'hamim)."

Le Ben Ich 'Haï enseigne :
La prière du tsadik, qui s'effectue de tout son cœur (lev - לב), a le pouvoir de transformer l'état de colère (roguez - רוגז) d'Hachem, source de tourmente/châtiment (yissourim), en un état d'affection et de miséricorde (ra'hem - רחם).
En effet, il y a une allusion à cette transformation, car la guématria de la colère (רוגז) qui est de 216, ajoutée à celle du cœur (לב) qui est de 32, donne un total de 248 (216+32), qui est la guématria de la miséricorde (רחם), soit 248.

"Et Avraham était vieux, il est venu avec des jours (ba bayamim - 'Hayé Sarah 24,1)

Qu'est-ce que cela signifie qu'il est "venu avec des jours"?
Est-ce qu'il a ramené un paquet d'anciens calendriers?

Le Zohar (Vayé'hi) répond en expliquant que dans le Gan Eden, les "habits" de l'âme d'une personne sont faits à partir des jours de sa vie.
Dans le monde à venir, nous sommes habillés du temps, et celui qui a perdu sa vie sur terre n'aura aucun habit pour son âme après sa mort.

Par exemple, lorsque Adam et 'Hava se retrouvent nus (Béréchit 3,7), au-delà d'être une réalité physique, d'un point de vu mystique cela renvoie au fait qu'ils n'ont vécu qu'une seule journée dans ce monde, et qu'ils ont perdu le temps en fautant.
Ils étaient nus en terme de temps de vie bien utilisé!

En ce qui concerne Avraham, le Zohar explique qu'il a utilisé chacun de ses jours correctement, les remplissant au maximum de Torah et de mitsvot.

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-> "Il n’y a pas de perte pire, que la perte de temps"
[Midrach Shmouel – Avot 5,23 - én avéda kaavédat azman]

Le yétser ara a pour objectif de nous endormir afin de nous faire perdre le temps, ce qui est logique car c'est ce qui a le plus de valeur dans ce monde (le temps passé, ne revient pas!).

=> Il est dommage d'attendre la fin de sa vie pour en apprécier sa valeur, pour se rendre compte de toutes les opportunités que nous avons laissé filées.

b"h, Tâchons de suivre l'exemple de notre Patriarche Avraham, afin de ramener nos jours avec nous, afin de ne pas nous retrouver "tout nu" (sans vêtement).
En effet, pour quelques plaisirs passagers de ce monde, nous risquons d'être honteux pour l'éternité dans le monde à venir.
Réveillons-nous, car cela n'en vaut clairement pas la même!!

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-> b'h, dans cette paracha également à ce sujet : https://todahm.com/2014/04/01/1278-2

"[Avraham] prit de la crème et du lait ainsi que le veau qu'il avait préparé et [les] mit devant eux ; et lui se tenait devant, sous l'arbre, et ils mangèrent." (Vayéra 18,8)

-> Rachi : "Ils ont fait semblant de manger. D'où l'on déduit que l'on ne doit pas s'écarter de la coutume du lieu où l'on se trouve"

Cependant, une question se pose : le verset implique qu'ils ont mangé du lait et de la viande dans un même repas. Comment expliquer cela?

Nous allons donner 2 réponses b"h.

1°/ Dans le verset, les produits laitiers sont suivis par la viande.
Il est possible de manger de la viande après avoir consommer du lait, en se lavant la bouche et les mains, et en attendant un temps prescrit par la loi juive.

2°/ Le Malbim apporte une autre réponse, en se basant sur : "le veau qu'il avait préparé" (littéralement il est écrit : achèr assa = qu'il avait fait).
Selon le Malbim, le veau qu'Avraham a servi n'était pas un veau 'normal', mais plutôt un qu'il a créé de façon mystique, en utilisant le Séfer haYétsira (le livre de la Création).
Un tel veau n'a pas le statut halakhique d'une viande, et il n'y a pas de problème de le manger avec des laitages.

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-> Le Méam Loez (Michpatim 23,19) aborde également ce sujet :
Le verset ne veut pas dire qu'Avraham avait l'intention de faire manger à ses invités du lait ainsi que de la viande. Il voulait servir du lait et de la viande afin que ses invités puissent choisir le plat qu'ils préféraient.
Nous voyons ainsi qu'il égorgea 3 veaux alors qu'il n'accueillit que 3 invités. Et le Talmud dit que le repas qu'il prépara dépassait ceux du roi Salomon.
Donc, en réalité, ceux qui mangèrent lacté ne consommèrent pas de viande et réciproquement.

De plus, la Torah dit qu'Avraham "se tint devant eux" (Béréchit 18,8).
En effet, puisqu'il y avait de la viande et du lait sur la même table, il devait se tenir devant eux pour leur rappeler de ne pas les manger ensemble.
L'hôte se tenant debout devant ses invités, ces derniers n'iraient pas chercher un plat qui n'est pas à portée de leur main, ils mangeront uniquement ce qui leur est servi.

De plus, lorsque les anges se présentèrent chez Avraham, il alla chercher dans son troupeau 3 jeunes bœufs pour le repas.
L'un d'eux s'enfuit jusqu'à la la grotte de Ma'hpéla, ce qui permit à Avraham de la découvrir.
Avraham n'eut donc pas d'autre choix que de créer une vache à l'aide des noms Divins (chémot) figurant dans le livre de la Création (Séfer haYétsira) qu'il avait écrit.
Retourner au troupeau lui aurait pris trop de temps, et par respect pour ses invités, il décida de recourir à ces procédés mystiques.

Ainsi, la Torah dit : "Avraham courut vers le troupeau ... et s'empressa de faire [le veau]" (Béréchit 18,7).
L'un des veaux qu'il avait choisi dans le troupeau s'étant enfui, il dut s'empresser d'en "faire" un autre [littéralement].
Le moyen le plus rapide fut d'employer le Livre de la Création ...
Ce veau n'était pas interdit avec du lait, puisque pas né d'un mâle et d'une femelle comme les autres animaux.

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[Le Steïpler demande : Quelle interdiction les anges ont-ils transgressé (puisqu'ils ont mangé de la viande et des laitages sans qu'il y ait eu cuisson. L'interdiction de la Torah est uniquement si la viande et le lait ont été cuits ensemble)?
Il répond que l'ange est entièrement de feu, et lorsqu'il fait rentrer dans sa bouche la viande et le lait, ils cuisent ensemble!]

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-> Est-ce que les anges mangeaient?
Rabbi Youdan a dit : "Ils avaient l'air de manger et de boire, et partainet l'un après l'autre."
Or, si dans le cas de quelqu'un qui a rendu service à ceux qui n'en avaient pas besoin, Hachem l'a rendu à ses descendants, à plus forte raison pour celui qui rend service à qui en a besoin.
[midrach Vayikra rabba]

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+ "Il (Loth) leur fit un repas, fit cuire des galettes et ils mangèrent" (Vayéra 19,3)

-> Le Ohr ha'Haïm enseigne :
Cela signifie que Loth a préparé un festin en l'honneur des anges, mas ils n'ont mangé que des galettes, car Loth ne respectait pas la Torah comme Avraham.
C'est pourquoi ils ne voulaient pas manger la viande qu'il avait égorgée, comme ils avaient mangé la viande préparée par Avraham, mais seulement les galettes. Et les anges savaient qu'il avait effectué les prélèvements nécessaires.
Ou bien, comme il n'y avait pas encore de Cohanim, ils sont devenus Cohanim et ont mangé la térouma, mais pas ce dont on n'avait pas pris les prélèvements.
D'après ce qu'ont dit nos Maîtres (midrach Béréchit rabba 50,12), c'était le 16 Nissan, et il leur a fait manger des matsot (Rachi : c’était Pessa‘h). Et comme il faut bien les surveiller, il a dû les faire cuire lui-même, et c'est ce qui est écrit : "il a fait cuire les galettes (matsot - מַצּוֹת)".

"Hachem forma l'homme de la poussière de la terre" (Béréchit 2,7)

-> Le midrach nous enseigne que cette poussière utilisée pour créer Adam a été prise de la terre d'Israël.
Pour le cerveau et le cœur, elle provenait plus précisément de celle du lieu de l'Autel.

Le midrach (Chémot rabba 30,3) dit qu'à chaque juif correspond une partie de Adam lui-même.
Certains proviennent de son front, d'autres de ses yeux, d'autres de ses mains, ...

Ainsi, lorsque Adam a été formé depuis la terre sainte d'Israël, c'était nous même qui en avons été constitués.
Israël n'est pas seulement notre terre bien-aimée, mais c'est la source de notre être.
On parle de : "ima tsion", car dans un sens, Israël nous a donné naissance, c'est notre mère (ima).

Selon le rav Moché Wolfson, les non-juifs descendent également de Adam, mais ils proviennent de la partie d'Adam qui a été formée par des lieux d'Israël qui ne sont pas véritablement Israël, mais des conduits, des bases à partir desquels le restant du monde à émerger.

=> On comprend que le lien que nous avons avec Israël est semblable à celui de retourner dans les bras de sa mère.
Rien qu'entendre parler d'Israël réveille en nous des sentiments.

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-> Rabbi Barou'h de Mezhbizh, petit-fils du Baal Chem Tov, disait qu'il y a 2 signes de dépression spirituelle chez un juif : un manque de désir pour Israël, et un manque d'envie de se connecter aux secrets de la Torah (comme le Zohar).

Dans les 2 cas, si nous ne pouvons pas y accéder (n'ayant pas la possibilité d'aller en Israël, ou bien le niveau pour étudier la kabbala), nous nous devons de toujours y aspirer.

=> Pour un juif, être indifférent à propos d'Israël est un signe de dépression spirituelle, car normalement cela doit immédiatement exciter notre âme.
On ne peut être sans sentiment lorsque l'on pense à Israël.

Yaakov ajouta: "Que ce lieu est redoutable! Ceci n'est autre que la maison de Hachem et c'est ici la porte du ciel" (Vayétsé 28,17)

Il s'agit du futur emplacement du Temple, qui est la porte à travers laquelle toutes les prières s'élèvent.
Selon Rachi, le Temple de Jérusalem est considéré comme la "porte" du Temple d’en-haut.
Il rapporte le midrach disant que le Temple Céleste correspond au Temple terrestre : Yaakov se trouvait donc à l'endroit le plus propice à le prière et au service de D.

-> Le Kotel, long d'environ 500 mètres, est la muraille ouest du mont du Temple, qui reste intacte depuis la destruction du 2e Temple en l'an 3820 (70 de l'ère chrétienne).
Sa sainteté provient de sa proximité avec l'endroit où se tenait le Saint des Saints.

Quelque soit l'endroit où l'on habite, il faut se tourner vers le mont du Temple lors de la récitation de la amida, car c'est de cet endroit que s'élèvent toutes nos prières vers le Ciel (Choul'han Arou'h 94,1)
["c'est ici la porte du ciel!"]

-> "Ton cou est comme la tour de David" (Chir haChirim 4,4)
Selon la guémara (Béra'hot 30a), cela fait référence au Temple.
Le roi Chlomo compare ainsi le Temple à un cou.

De même que le cou permet de relier la tête avec ce qu'il y a en dessous, de même, le Temple (le Saint des Saints) permet de connecter le Ciel avec la terre.
Le Temple est le lieu de passage entre le Créateur et Sa création.
["c'est ici la porte du ciel!"]

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-> Selon la tradition juive, c'est le roi David, lui-même, qui a construit ce mur.
La guémara (Sotah 9a) enseigne que les œuvres de Moché et du roi David sont indestructibles.
Ceci peut expliquer pourquoi il a toujours survécu aux nombreuses personnes qui ont souhaité nous anéantir.

-> "Voici Il se tient derrière notre mur" (Chir haChirim 2,9)
Selon le midach (Chir haChirim rabba 2,9), cela signifie que Hachem réside derrière le Kotel, car D. a promis qu'il ne serait jamais détruit.
Selon le midrach (Chémot rabba 2,2), cela signifie que la présence divine ne partira jamais du Kotel.

-> Le midrach (Eikha 1,32) affirme que lorsque l'empereur Vespassien assiégea Jérusalem, il nomma 4 généraux pour détruire les 4 parties de la ville.
La partie ouest fut placée entre les mains d'un général dénommé Pangar.
Dans le Ciel, il fut décrété que le Kotel ne devait pas être démoli et, effectivement, tandis que les 3 autres généraux détruisirent leur secteur, Pangar permit au Kotel de rester intact.

Vespasien le convoqua et lui demanda des explications, auxquelles Pangar répondit : "Je jure que mon intention n'est que de rehausser votre réputation, ô majesté!
Si j'avais détruit le dernier vestige de Jérusalem, les générations futures n'auraient eu aucune idée de l'ampleur de votre victoire, car elles auraient pensé que Jérusalem n'était qu'une ville minuscule. Mais maintenant que j'ai laissé cet immense Kotel en souvenir, il sera connu à travers les générations que sa Majesté a conquis une ville colossale.

L'empereur lui dit : "Tu t'es bien défendu, mais puisque tu n'as pas respecté mon ordre, tu devras te jeter du haut d'une tour".
Pangar se jeta du haut d'une tour, et mourut.

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-> "Ton peuple ne sera composé que de justes" (amé'ha koulam tsadikim - Yéchayahou 60,21)
Le Kotel représente l'image que même si un juif tombe totalement en ruine, il restera toujours en lui une partie d'âme, une présence divine.

Tout juif a en lui un cœur spirituel qui bat, témoin de son essence indestructible pour le bien.
D. ne nous quitte jamais, et nous avons toujours la possibilité de reconstruire Sa demeure en nous.

=> En chaque juif, même celui qui peut sembler le plus mauvais, il y a un Kotel, qui ne demande qu'à devenir Temple.

-> Tous les juifs prient vers l'est (vers le Temple et son Kotel à Jérusalem).
Le soleil se lève à l'est, proclamant une nouvelle journée pleine de vie et d'opportunités.
Ainsi, le Kotel nous transmet l'idée que l'histoire juive ne fait que commencer, et que quelque soit notre situation actuelle (personnellement et collectivement), très très bientôt le machia'h arrivera et reconstruira le tout, nous faisant alors vivre des moments éternels indescriptibles.

-> Dans le désert, chaque tribu avait sa place.
Celle de Yéhouda, représentant la royauté, était à l'est du campement.

En se tournant vers l'est (le Kotel), nous nous rappelons, que nous les juifs, nous sommes les fils du Roi Hachem (ben chél mélé'h), et que nous n'avons rien à craindre des humains.
Il nous faut faire honneur à ce statut, et agir en responsabilité.

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-> La place en bas du Kotel a la sainteté d'une synagogue.

-> Le Zohar (vol.2,5a) enseigne qu'il y aura toujours un reste du Temple (le Kotel), sur lequel la présence divine continuera à y résider.

Selon le Yichma'h Moché (Haftara Pékoudé), c'est de là que nous recevons notre subsistance spirituelle, de nos jours encore.
[elle est à base de toute autre bénédiction, comme la subsistance matérielle]

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+ La force de la prière au Kotel :

-> Nous allons voir un enseignement du 'Hessed léAvraham, le grand-père du 'Hida ('Hessed léAvraham 3,3).

Depuis que le Temple a été détruit, il y a un nuage qui empêche nos prières de monter vers le Ciel.
Où que nous soyons, nous devons traverser ce nuage, c'est pour cela par exemple, que dans la prière nous disons les Péssouké déZimra, afin de permettre à nos prières de se frayer un chemin jusqu'au Ciel.

Ce nuage est beaucoup plus fin en Israël, et il est pratiquement inexistant à Jérusalem.
Au Kotel, une prière n'a besoin de traverser aucune barrière, son chemin vers le Ciel est direct et certain.

Le Kotel est un lieu unique dans le monde, où la proximité avec la présence divine est incomparable.

[le 'Hatam Sofer explique que le mot "Zimra" (de Péssouké déZimra) qui signifie communément "chant" ou "louange", a une autre signification, celle de "couper". En effet ces versets ont le pouvoir de briser les forces du mal qui empêchent les prières de monter.
Selon le Aboudraham, ils jouent un second rôle : celui de protecteur. Ils assurent l'acceptation de la prière, c'est pourquoi on s'efforcera de les lire lentement et avec ferveur (kavana)
Selon le Zohar (Térouma 131b), lorsqu'on dit les Pessouké déZimra à la synagogue, 3 groupes d'anges célestes se rassemblent à ce moment pour les dire en même temps que les Bné Israël.]

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-> Depuis plus de 100 ans, les élèves de Rabbi Aharon de Karlin, ont la tradition que le vendredi soir, les Patriarches et les Matriarches sont présents au Kotel afin d'accueillir Shabbath avec la présence divine.

=> Quel moment spécial!

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-> Le Kotel est un lieu tellement saint, qu'il faut déchirer son vêtement en s'en approchant, comme on le ferait dans le cas d'un deuil.
Cela s'applique lorsqu'une période de 30 jours ou plus s'écoule depuis notre dernière visite au site.
Par exemple, le rav Kanievsky a l'habitude de le faire avec des vieux habits.

Avant de déchirer son vêtement, on doit dire : "La Maison de notre sainteté et de notre gloire dans laquelle nos pères T'ont loué, fut consumée par le feu et tout ce que nous chérissions se transforma en ruine" (Beit kodéchénou vétifarténou achèr hilelou'ha bo avoténou, haya lit'réfat éch, vékol ma'hmadénou aya lé'haréva)
[Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 561,2 et suivant]

La michna béroura explique en détails ce que l'on doit faire en déchirant son vêtement, et ajoute qu'il faut réciter le Téhilim 79 (mizmor léAssaf).

-> Le rav Kanievsky évite également de mettre sa main entre les pierre du Kotel au regard de la'énorme sainteté qu'il y a.

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b"h, d'autres dvar Torah sur le sujet du Kotel : https://todahm.com/?s=kotel

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"Il fut saisi de crainte et dit : "Que ce lieu est redoutable!" (Vayétsé 28,17)

-> Le gaon rav Barou'h Ber Leibowitz était un élève du gaon rav 'Haïm Soloveichik, le rav de Brisk.
Les élèves du rav Leibowitz ont remarqué qu'à chaque fois que leur rav traversait la ville de Brisk en train, il se mettait debout jusqu'à ce que le train quitte la ville.
Face à leur interrogation, il leur a dit : "Lorsque le train passe par Brisk, la ville dans laquelle mon Rabbi, rav 'Haïm Soloveichik réside, je me tiens debout en son honneur.
Même s'il se trouve loin, son influence et sa sainteté atteigne l'intégralité de la ville."

"Il n'est pas encore le temps de rassembler le bétail. Abreuvez le troupeau et laissez-le paître." (Vayétsé 29,17)

-> Rabbi Méïr de Prémichlan disait :
"Maître du monde!
Si ce n'est "pas encore le temps de rassembler le bétail" = si le moment de rassembler le peuple juif de l'exil n'est pas encore venu, D. en préserve ;
je Te demande au moins : "Abreuvez le troupeau et laissez-le paître" = donne-lui au moins une large subsistance pour qu'il ne manque ni de nourriture ni de vêtements jusqu'à la délivrance complète."

Les souffrances : quelques pensées de nos Sages (partie n°1)

+ Les souffrances : quelques pensées de nos Sages (partie n°1)

-> "Même peu de souffrances peuvent annuler tout le bonheur d'une personne"
[Rav Dessler - Mi'hktav méEliyahou]

-> "Quoiqu'il se passe dans le monde, au final, c'est pour le bien.
Souvent, nous n'avons pas les capacités de comprendre comment une chose est pour le bien, car les souffrances nous semblent si terribles.

La situation est similaire à une personne malade qui ne comprend pas comment le médicament que le docteur lui a prescrit est pour le bien.
Certains médicaments ont un goût amer et ont des effets secondaires pénibles.
A première vue, le patient peut se plaindre à propos de ce qui semble être un manque de compassion du médecin.
Cependant, après qu'il soit guéri, il lui en est reconnaissant pour toujours.

Nous devons voir les souffrances de la même façon.
C'est vrai que c'est amer, mais c'est aussi bénéfique!"
[Rabbi Yonatan Eibeschuetz]

-> "Lorsqu'une personne souffre, elle ne doit pas dire que les choses sont 'mauvaises'. Mais plutôt, elle doit dire que la situation est 'amère'.
En effet : Hachem ne fait rien de mal.

A l'image d'un médicament, même s'il peut être amer, il est bénéfique, et de même pour les événements qui sont toujours en notre faveur, et ce même s'ils sont sur le moment amers"
[Rabbi Moché de Kobrin]

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-> "Les souffrances expient les fautes d'une personne et elles sont au final une bénédiction"
[midrach Béréchit rabba 65,4]

-> "Bien qu'il soit très difficile d'atteindre le niveau où l'on ressent de la joie dans la souffrance (guémara Shabbath 88b), au moins, nous devons travailler à l'accepter par la réalisation que cela va expier, réparer nos fautes.
[...]
Notre attitude envers les souffrances est un signe que nous avons internalisé la conviction d'une vie après la mort."
[Rabbi Yéroucham Lévovitz]

En acceptant que les souffrances nous sont utiles afin de nous laver des conséquences de nos fautes, nous prouvons que nous croyons au monde à venir, qui peut arriver à tout moment ...

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-> Selon nos Sages, notre gestion des souffrances, est le thermomètre de notre émouna en Hachem.

-> "Je suis envieux de quelqu'un qui reste calme, acceptant ses souffrances, même s'il n'a pas atteint le plus haut niveau en l'acceptant par amour,
Ne pas se rebeller contre la volonté de D., est en soi un très haut niveau."
[Rabbi Yé'hezkel Levenstein]

-> "Les épreuves de la vie nous sont cachées de telle manière que nous pensons que c'est uniquement des obstacles et des ennuis.
En effet, si nous étions conscient que ce n'est que des épreuves, nous pourrions les surmonter, et ce serait pas un véritable test.
Une personne qui surmonte de telles épreuves est véritablement élevée"
[Rabbi Yoël Teitelbaum]

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-> Il faut avoir conscience que toute personne va forcément subir durant sa vie des épreuves, car c'est la nature de ce monde : être un lieu de tests de Hachem.
A nous d'y faire face positivement et de façon constructive.

-> "Une des plus grandes difficultés pour accepter les malheurs est le fait qu'une personne ne s'attend pas à en avoir et est surprise quand ils surviennent.
Mais la réalité de ce monde est que les situations difficiles sont quelque chose de très courant, et il est préférable de les attendre.
En effet, lorsque nous sommes préparés à l'avance à l'idée qu'elles peuvent arriver, notre niveau de souffrance s'en trouve grandement diminué"
[Séfer haYachar léRabbénou Tam]

=> Nos souffrances sont souvent accrues par le fait que l'on se demande : "Pourquoi est-ce que ça m'arrive à moi? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter cela? ..."
Des moments difficiles, des échecs, ... font partie des choses naturelles de la vie. Il ne sert à rien d'ajouter de la souffrance à la souffrance, en s'en étonnant ou bien en s'en plaignant.

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-> Le Divré Yoël insiste sur le fait qu'il faut se répéter sans cesse les concepts de moussar (aucune souffrance ne peut m'arriver si Hachem ne l'a pas décrété, ...), jusqu'à ce qu'ils nous soient une seconde nature.
Ces mots ne doivent pas nous être extérieurs (sur nos lèvres) mais intérieurs (au fond de notre cœur).
Par exemple, on peut utiliser une petite souffrance (ex: je viens de rater le bus, il y a des embouteillages, je me suis cogné le pied,...) afin d'alimenter notre acceptabilité, car venant avec raison directement de Hachem.

-> "Lorsqu'une personne domine cette capacité à se sentir confiant, [à voir positivement] toutes les situations, elle ne sera jamais déçue par ce que la vie lui offre"
[Bayit Nééman]

-> Nos Sages nous enseignent que si l'on veut être heureux, il faut savoir accepter ce que l'on ne peut pas changer.
Nous souhaitons que la situation soit différente de ce qu'elle est actuellement (si seulement ... alors je serai heureux, ...).
Cette requête va être la cause de notre souffrance.

-> "Un grand pourcentage des souffrances d'une personne est basé sur des illusions.
Les gens ressentent qu'ils ont des problèmes et des difficultés alors qu'en réalité le problème n'existe que dans leur esprit"
[Rav Dessler - Mikhtav méEliyahou]

-> Il peut être bien de s'interroger : "Comment verrais-je cette problématique si quelqu'un d'autre était dans la même situation? Est-ce que je la considérerai comme véritablement problématique ou pas?
Cela permet de gagner en objectivité.

Nous avons également tendance à aggraver et allonger la situation en se répétant sans cesse à nous même à quel point c'est horrible!
Lorsque cela n'est pas constructif/nécessaire, on peut causer que notre souffrance soit davantage causée par nous même que par l'événement qui en est à l'origine.

=> Les problèmes prennent les proportions qu'on veut leur donner.

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-> Il peut être utile de se demander : "Comment est-ce que je peux être sûr à 100%, qu'au final cela sera mauvais pour moi?"
La réponse est que nous ne pouvons jamais savoir de façon certaine que ce le sera.
Il arrive fréquemment que ce qui nous semblait comme un malheur va s'avérer être la meilleure chose qui pouvait nous arriver.

=> Sachons juger Hachem favorablement, en se disant qu'Il a Sa raison, et que c'est sûrement pas si mal en réalité, même si sur le moment tout pousse à penser le contraire.

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-> "Une personne qui récolte du miel ne va pas s'enfuir lorsqu'elle se fait piquer par une abeille.
Une personne qui rassemble des roses ne va pas partir lorsqu'elle est égratignée par des épines"
[Kéter 'Hochma 18,4]

Dans la vie, les choses positives ont également des aspects négatifs.
En restant focalisé sur les belles roses de ce monde, alors les épines nous semblent alors sans importance.

Pour beaucoup de choses positives, il y a un prix à payer en terme de frustrations et de souffrances.
La carrière, le mariage, élever des enfants, ... ont tous leur part de stress et de difficultés.
=> Lorsque l'on regarde toutes les souffrances comme le prix à payer pour pouvoir profiter pleinement de ce que l'on a ou aura, il est plus facile d'affronter les difficultés.

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-> "Si tu as une démarche positive envers les événements de ta vie, même si pour un observateur extérieur cela peut sembler comme plein de souffrances, tu vivras néanmoins une vie de bonheur.

Ce qui à d'autres paraît comme un malheur, sera à tes yeux comme des opportunités de grandir"
[Ohr haNéfech]

Il faut garder à l'esprit : "Comment puis-je utiliser cette situation comme un outil pour grandir?"
C'est vrai la situation est difficile, pénible, au point de me faire tomber.
Mais est-ce que pour autant je vais rester par terre à me plaindre, à me dire à quel point cela est horrible? Ou bien vais-je voir en cette frustration de la vie, une possibilité de développer ma émouna, d'être plus fort pour la suite, ...

Selon nos Sages, nos épreuves de la vie sont le baromètre de notre émouna en Hachem.
Par ma réaction, je montre dans la pratique à quel point je crois en D., à quel point j'ai intériorisé et je vis en accord avec les principes de foi en D.
[mon bita'hon atteste alors de ma émouna]

Nous sommes dans ce monde afin de développer des liens d'attachement avec Hachem.
Les tests de la vie sont donc indispensables, puisqu'ils vont nous permettre de prouver en pratique à quel point je suis prêt à tout donner pour rester fidèle à D.
Ils vont également nous permettre de sortir de notre confort, afin de remettre à jour, à neuf, nos priorités dans la vie en fonction de l'essentiel.

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-> "Lorsque tu te trouves dans une situation difficile, la 1ere pensée sur laquelle tu dois te focaliser est : que cette situation est un test et un défi."
[Rabbi Sim'ha Zissel Ziv - 'Hokhma ouMoussar]

-> "Si nous avons l'attitude de la Torah au sujet des souffrances, nous verrions toute situation difficile comme une opportunité de grandir, et nous ressentirions du plaisir à la place de la peine.
Ne pas agir ainsi entraîne des souffrances sans fin.
[...]
Une personne qui utilise ses difficultés afin de s'élever spirituellement, va trouver de la consolation, car elle va reconnaître que bien qu'elles étaient très dures à supporter, elles vont lui lui être utiles pour l'éternité.

Lorsque vous, vous voyez grandir spirituellement au travers des souffrances, vous en arriverez même à en ressentir de la joie suite à ces souffrances."
[Rav Dessler]

-> Rabbi Na'houm Zev Ziv (maître de rav Dessler) donne une analogie à ce sujet.
Si on demande à une personne de mettre et d'enlever les chaussures d'autres personnes, elle s'en sentira humiliée et cela sera difficile à réaliser à ses yeux.
Néanmoins, un cordonnier sera très content si son magasin déborde de monde, et le plus il aura a mesurer de pieds, à mettre et enlever de chaussures, le plus il sera content.

Pourquoi ne se sent-il pas humilié et fatigué par cette tâche?
La réponse est car il en tire profit au travers de ses actions, et qu'il évalue cette situation comme positive et qu'il en est joyeux.

Il doit en être de même avec nos difficultés, dont nous obtenons des bénéfices, indispensables à notre développement spirituel, dont la valeur est infinie et éternelle.

=> Une souffrances est une marque d'affection de notre papa Hachem, nous signifiant : "Je t'aime, et Je crois fortement en toi, c'est pour cela que Je t'envoie une souffrance qui va permettre de révéler au grand jour de magnifiques potentialités qui sont en toi".

"Hachem lui apparut" (Vayéra 18,1)

Rachi : pour rendre visite au malade.

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+ Rendre visite à un malade (bikour 'holim) :

-> Le fait de rendre visite aux malades est l'une des mitsvot dont l'on profite des "fruits" dans ce monde, et dont la récompense reste intacte dans le monde à venir.
[guémara Shabbath 127a]

-> "La mitsva de visiter les malades ne connait pas de limites."
Dans quels domaines est-ce applicable ?

[Il y a 2 explications:] Abaye dit : 'Même une personne de grande stature doit rendre visite à une personne de moindre envergure.'
Rava dit: 'Il faut visiter le malade quand bien même 100 fois par jour [c’est-à-dire autant que nécessaire].'
[guémara Nédarim 39b]

-> La guémara [Nédarim 40a] nous enseigne :
"D'où savons-nous que la présence divine se trouve au-dessus de la tête du malade ?
A partir du verset qui affirme : D. le soutiendra sur le lit de douleur" (Tehilim 41,4).
[...]
Par respect pour la Chekhina, il ne faut pas s’asseoir à un niveau plus élevé que le malade.
[...]
Quelle est la récompense promise à celui qui visite les malades?
1°/ D. le protégera du mauvais penchant ;
2°/ D. le protégera de la souffrance ;
3°/ Il sera honoré de tous ;
4°/ Il liera des connaissances qui seront de véritables amis [il aura de vrais amis qui lui donneront des bons conseils, et il sera protégé de mauvais amis qui pourraient lui nuire en l'influençant négativement]."

-> Selon le rav Elimélé'h Biderma, nos Sages expliquent que ces récompenses sont mesure pour mesure.
Par exemple, en visitant un malade une personne va sauver un malade de souffrances, et alors mesure pour mesure, elle sera protégée de souffrances.
De même, qu'on aura permis à quelqu'un de surmonter sa maladie, de même Hachem nous sauvera du même type de maladie que ce malade a pu avoir.

-> D'après la michna (Péa 1,1), le bikour 'holim est une des très rares mitsvot où nous recevons également une récompense dans ce monde, en plus ce qui nous est destiné dans le monde à venir.

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+ "Israël (Yaacov) se prosterna à la tête du lit" (Vayé’hi 47,31)

-> Rachi : Il s’est tourné vers la chekhina, d’où l’on apprend que la présence divine se trouve au-dessus de la tête d’un malade.

-> Une raison à cela est que le malade n’a plus la force de se repentir par des actes et de corriger ses actions.
En raison de son état où il risque de quitter ce monde et qu’il va devoir rendre des comptes devant Hachem, il a certainement des pensées de regret et de repentir sur ses mauvaises actions.
C’est pourquoi, la présence Divine se trouve au-dessus de sa tête, car c’est dans sa tête que traversent toutes ces pensées de repentir.
[rav Yonathan Eibschutz]

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-> Rabbi Akiva enseigne : "Celui qui néglige de rendre visite aux malades, c'est comme s'il versait le sang ..."
Rav dit : "Quiconque rend visite aux malades est sauvé des châtiments de l'enfer.
[...]
D'où savons-nous que D. Lui-même nourrit le malade?
Parce qu'il est écrit : "Hachem le soutiendra sur le lit de douleur" (Téhilim 41,4).
Et d'où savons-nous que la présence Divine repose sur le lit du malade?
Parce qu'il est écrit : "Hachem le soutiendra sur le lit de douleur" (Téhilim 41,4).
Nous apprenons aussi que celui qui vient visiter un malade ne doit s'asseoir ni sur son lit, ni sur un banc ou une chaise (qui se trouvent au niveau du lit), mais se couvrir le visage et s'asseoir par terre, car la présence de D. se trouve au-dessus du lit du malade, comme il est écrit : "Hachem le soutiendra sur le lit de douleur" (Téhilim 41,4).
[guémara Nédarim 40a]

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-> La première fois où nous avons lu dans la Torah la mitsva de rendre visite à un malade (bikour ('holim), la personne qui rendait visite au malade était la Présence Divine (Chékhina) elle-même (Vayéra 18,1), lorsqu'elle rendait visite à Avraham.
Par conséquent, lorsqu'une personne accomplit cette mitsva, la Chékhina l'accompagne lorsqu'elle se rend au chevet d'un malade. Cela explique les mots de nos Sages (Nédarim 40a) selon lesquels "la Chékhina est à la tête d'une personne malade".
Et cela conduira certainement à une guérison complète, car Hachem guérit et soutient les malades (Téhilim 41,4).
[Imré Noam - Vayé'hi 48,2]

-> Nos tsadikim disent que lorsqu'on rend visite à un malade, on peut prier pour lui, même si l'on ne connaît pas son nom. Cela nous vient de Moché Rabénou, qui a demandé à Hachem de guérir Myriam sans mentionner son nom (Béaaloté'ha 12,13).
Puisque la Chékhina est présente, le visiteur peut accomplir de grandes choses pour la personne malade et pour lui-même, car il peut demander à la Chekhina tout ce dont il a besoin.

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-> Le Séder haYom écrit :
Le bikour 'holim est la forme la plus élevée de guémilout 'hassadim.
Nos Sages (guémara Nédarim 39b) écrivent qu'il n'y a pas de limite au bikour 'holim (én lo chiour).
La raison est que parfois par de belles et agréables paroles, des encouragements, nous pouvons faire revivre un malade, et lui permettre de vivre ...
Nous pouvons observer cela à de nombreuses reprises, car parfois une personne rend visite pour une heure ou deux, et le malade dit : "Je me sens comme une nouvelle personne. Mon âme m'est revenue!", et nous observons que la maladie s'est allégée.

-> Une part essentiel du bikour 'holim est d'apporter de la joie au malade.
Ainsi, le Rambam (dans son livre sur la santé) écrit : "Il faut dire au malade des histoires qui le rendent heureux. Il faut lui raconter des nouvelles intéressantes qui vont lui retirer sa maladie de sa tête et qui vont l'amener, ainsi que ceux qui s'occupent de lui, à rire.
Lorsque tu choisis quelqu'un pour rester près du malade, choisis quelqu'un qui peut le rendre joyeux, car c'est nécessaire pour tous les malades."

-> Le Rokéa'h (Sodi Razya) écrit : "Lorsqu'on visite à un malade, il faut parler à son cœur, des mots de réconfort".
[c'est mots d'encouragement vont lui apporter de la joie, et parfois cela amène également la guérison.]

-> "Le bikour 'holim est une grande mitsva de la Torah.
La vie du malade dépend de cela, car la visite va amener de la lumière [dans l'obscurité] de la maladie.
De plus, les visiteurs peuvent offrir des conseils sur le traitement, ils peuvent l'encourager, et ils peuvent le calmer, et ces interactions lui accordent de la vie.
Si personne ne vient le voir, parfois le malade s'ennuie, la maladie devient insupportable, et alors il mort, et cela peut être considéré comme un meurtre."
[le ריא"ז - dans פסקיו לנדרים ה"ג]

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+ L'importance de faire du bikour 'holim :

-> Il est écrit dans la guémara Nédarim (39b-40a) :
"Il arriva qu’un des disciples de Rabbi Akiva tomba malade.
Les Sages ne prirent pas l’initiative de lui rendre visite, jusqu'à ce que Rabbi Akiva se déplaça en personne.

Du fait qu'ils [Rabbi Akiva et ses élèves] balayèrent et nettoyèrent la pièce, le patient resta en vie.
Il dit alors à Rabbi Akiva: "Mon maître, vous m'avez rendu la vie!"

[Suite à cet incident] Rabbi Akiva annonça en public l’enseignement suivant : "Quiconque ne rend pas visite au malade, est comparable à celui qui a versé du sang !" "

-> Le Maharal commente cette guémara ('Hidouche Agadot) en disant :
"Même si le patient dispose d'autres personnes pour prendre soin de lui, et [qu’il semblerait qu' ] il n'a pas besoin de vous, il est toutefois possible que vous soyez en mesure d’apporter une contribution unique, susceptible d’insuffler une vitalité nouvelle en lui.
A ce titre, on compare celui qui manque de visiter le malade à celui qui verse le sang."

=> Chaque visiteur dispose d'un pouvoir unique pour redonner vie à une personne malade, quand bien même d'autres personnes lui rendent déjà visite.

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+ 1°/ Prendre soin des besoins physiques du malade :

-> Le Roch commente cette guémara ci-dessus :
"[Du fait qu'ils, c'est à dire Rabbi Akiva et ses élèves] ont balayé et nettoyé la pièce, le patient est resté en vie]. Ainsi, celui qui accomplit l’acte de visiter un malade, doit également veiller à ce que tous ses besoins physiques soient pris en charge."

-> Il est écrit dans le Choul'han Aroukh (Yoré Déa 335:1, 2) :
l'objectif principal de cette mitsva consiste donc à prodiguer au patient une aide concernant tous ses besoins.
Comme par exemple : appeler un médecin, faire des courses ou nettoyer sa maison si nécessaire, lui apporter à manger, ...

-> Si le patient est capable de manger normalement, il est particulièrement méritoire de lui apporter de quoi se nourrir.
Il est écrit : "Ayez soin, lorsque vous entrez dans la chambre d'un malade dans le besoin, de ne pas arriver les mains vides.
Avant tout, donnez-lui de la nourriture. Ce sera comme si vous l'aviez fait revivre et ranimé son âme, et le Créateur vous paiera certainement votre salaire."
[Tsavaat Rabbi Eliézer haGadol - paragraphe 38]

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-> Nourrir un malade est une mitsva plus grande que celle de faire la charité.
[le rabbi de Radzin - Yakra dé'Hayé]

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+ 2°/ Améliorer le moral et l'état d'esprit du malade :

-> Selon le Ramban (Torat HaAdam, Cha'ar HaMechouch ) :
"On rend visite au malade afin… d'améliorer l'humeur du patient et apaiser son esprit en lui apportant une présence conviviale."

-> Le Maharal (Netiv Guemilout Hassadim) rapporte l'idée que lorsque les gens viennent rendre visite au malade, celui-ci se rend compte qu'ils le considèrent comme un ami, ce qui a pour conséquence positive de raviver son esprit.
[Je suis important aux yeux des autres, je me dois donc de tout faire pour rester en vie!]

-> Le Rav Chlomo Wolbe (Ale Chour) :
"Nous avons appris de nos Sages, que les mitsvot consistant à visiter les malades et à réconforter les endeuillés, sont autant d’expressions incarnant l'obligation de "contribuer à porter le fardeau de son prochain".

[on a tous des moments où la vie est lourde, pesante. Ainsi, lorsque nous avons la chance d'aller bien, tâchons de profiter de notre situation pour alléger le fardeau d'autrui.
Lorsque Hachem voit à quel point l'amour, l'entraide règne entre ses enfants, il faut pleuvoir des torrents de bénédictions!]

-> Le rav Réuven Leuchter de dire à ce sujet :
"Contribuer à porter le fardeau d'autrui", c'est entrer dans le monde des sentiments et des pensées du patient, à travers notre identification concrète à sa situation.
En agissant ainsi, on s’associe véritablement et conjointement à lui dans son épreuve."

=> Je dois m’interroger sur la façon dont j’aimerais que l’on s’occupe de moi en pareille situation, et me mettre à sa place pour comprendre ses besoins et ses désirs propres.

[c'est cela aussi aimer son prochain comme soi-même, c'est ce projeter à sa place, pour mieux ressentir sa douleur, ses besoins, ...]

-> N'oublions pas que : "La blancheur d'un sourire est peut-être plus nourrissante que la blancheur d'un verre de lait" (Ketoubot 111b).

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+ 3°/ Nécessité de prier pour le rétablissement et la bonne santé du malade :

-> Il est écrit dans la guémara Nédarim (40a) :
"Rav Dimi a dit : "Celui qui visite les malades, c’est comme s’il lui avait redonné de la vie.
Celui qui manque au devoir de visiter les malades, c'est comme s'il avait entraîné sa mort.
[...]
[Comment cela?]
Celui qui visite le malade, appelle la miséricorde pour qu’il reste en vie ... quant à celui qui ne visite pas le malade, il ne prie pas pour éveiller la miséricorde en sa faveur."

-> Il est écrit dans le Choul'han Aroukh (Yoré Déa 335:4). : "Quiconque rend visite à un malade, et manque de prier en sa faveur, n'a pas correctement accompli la mitsva."

-> On doit prier pour que le patient bénéficie d'une guérison, parmi tous les autres malades du peuple Juif, de telle sorte que la combinaison des mérites favorisent l’acceptation de ses prières.
[Choul'han Aroukh - Yoré Déa 335:6]

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+ Retirer 1/60e de sa souffrance :

-> La guémara (Nédarim 39b) enseigne :
Rabbi ‘Hama Bar ‘Hanina à dit : "Celui qui rend visite à un malade supprime 1/60e de sa souffrance."

Abayé a dit à Rava, "S’il en est ainsi, alors si 60 personnes venaient rendre visite au patient, il se rétablirait complètement!"

Rava lui à répondu: "Chaque visiteur enlève 1/60e de ce qu’il en reste."

[Dans quelle mesure un visiteur est à même de supprimer un soixantième de la souffrance du patient]?
Lorsque le visiteur est un ben Guilo [à savoir qu’il est né sous le même mazal, ou signe astrologique que le malade - selon le Ran].

-> Le Maharal ('Hidouché Agadot) explique que les visiteurs aident le malade à sentir qu'il fait partie du cours normal de la réalité (et qu'il n'est pas marginalisé, tout seul, dans sa chambre), ce qui atténue sa souffrance, surtout lorsque les affinités avec le visiteur sont plus grandes.

-> Selon le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada), dans la mesure où tous les juifs sont liés d'une façon interdépendante, la maladie va être retiré du patient.

Il écrit ainsi :
"Une personne de même signe astrologique (ben Guilo) est plus à même de s'identifier avec la personne malade, et ressent ainsi une partie minime (1/60e) de l'inconfort et de la souffrance du malade, ce qui a pour conséquence de soulager le patient d’1/60e de sa propre souffrance.
[...]
Cette souffrance qui est ainsi transférée à d'autres [c’est-à-dire aux visiteurs] remplit une fonction de protection et d’expiation [pour le malade]. "

-> Le Maharcha commente que de même que par notre visite nous lui retirons les feux de la maladie, de même Hachem va retirer/éteindre les feux de l'Enfer pour nous.

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-> "On dit à Yosseph : voici ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)

-> Le Gaon de Vilna enseigne :
Nos Sages (guémara Nédarim 39b) enseignent que lorsqu'un homme vient rendre visite à un malade, il lui ôte 1/60e de sa maladie. Mais pour cela, il faut qu'une condition soit respectée : l'homme qui lui rend visite doit avoir la même origine spirituelle que le malade.
Or, Yossef avait la même origine que Yaakov, comme le dit le verset : "Les descendants de Yaakov sont Yossef". Ainsi, avant que Yossef ne vienne le voir, Yaakov avait encore les 60 parts de sa maladie.

C'est ce que dit le verset : "Voici ton père est malade". Le mot "iné" (הנה - voici) a la valeur numérique de 60. Mais quand Yossef vint le voir, il est dit : "Israël se renforça et s'assit sur le lit". Le terme "amita" (המטה - le lit) a la valeur numérique de 59.
=> Grâce à la visite de Yossef, la maladie de Yaakov diminua et il ne lui en restait plus que 59 parts. C'est pourquoi, il se renforça et put même s'asseoir. Tout cela ne fut possible que parce qu'il ne lui restait que 59 parts. C'est ce que conclut le verset : "sur le lit" (המטה de valeur 59).

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-> "Celui qui rend visite à un malade contribue à sa vie, celui qui ne rend pas visite à un malade contribue à sa mort" (guémara Nédarim 40b)

-> Dans les Chéiltot déRav A'haï, on trouve l'explication suivante :
Celui qui rend visite à un malade s'apitoie sur lui et se met à prier pour sa guérison avec émotion, et sa prière peut entraîner la guérison du malade. Mais celui qui ne rend pas visite au malade il est occupé et repousse, à chaque fois, la visite au lendemain), quand il apprend que le malade est presque guéri et qu'il rentrera bientôt chez lui, s'inquiète : "Alors qu'il était très malade, je ne suis pas allé lui rendre visite. Maintenant, comment faire si je le rencontre? Je n'oserai pas croiser son regard! Ô Maître du Monde, fais qu'il meurt!"

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-> Le Kli Yakar fait remarquer qu'en visitant un malade, on lui fait acquérir des mérites.
Le roi Salomon encourage ses semblables à fréquenter la maison de deuil, qui rappelle la fin de tout homme et donne à réfléchir (cf. Kohélét 7,2).
=> Celui qui visite un malade prend en même temps conscience de sa propre fragilité et perçoit la nécessité de se repentir pendant qu'il le peut.
Ces pensées de téchouva que le malade inspire au visiteur lui sont comptées comme un puissant mérite qui lui assure le pardon de ses fautes, et la guérison.

-> On doit témoigner de la gratitude envers Hachem lorsqu'on est malade, car la souffrance rapproche l'homme de D., et lui montre comme son corps est fragile et les plaisirs de ce monde vains et éphémères.
[midrach Tan'houma - Ki Tétsé 2]

[en plus de nous purifier, les souffrances permettent de sortir de notre routine, de prendre du recul et de remettre nos pendules à l'heure : celle d'un juif, de la Volonté de D.
Face à la maladie : le monde paraît si frêle et insignifiant ... les petits ennuis deviennent minuscules ... nous apprécions davantage la santé et la beauté de ce que nous offre notre quotidien ...]

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+ Lorsque vous rendez visite à une personne malade vous lui enlevez un 60e de sa maladie.
=> Est-ce vraiment profitable si le patient reste avec 59 des 60 parts de sa maladie?

Le rabbi Moché Leib de Sassov ('Hidouché Remal) donne la réponse suivante :
La loi juive adopte le principe de : "bitoul bérov" = selon lequel une substance est annulée par 60 fois son volume.
Si la totalité des 60 parts d'une personne malade est présente, il existe un danger que sa vie soit annulée par les 60 parts, mais s'il ne reste que 59 parts, sa vie ne court plus aucune danger d'être annulée.
=> En conséquence, rendre visite à un malade et de ce fait, ôter un 60e de la maladie, est d'une importance vitale.

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-> "Si le médecin n'hésite pas à aller voir un malade pour les 3 florins qu'il va recevoir, à plus forte raison nous ne devons pas nous en abstenir, afin d'accomplir la belle et unique mitsva de rendre visite aux malades."
[le rav Naftali Leibovitz]

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-> Une personne qui visite les malades, tout le monde aura du respect à son égard.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - kavod]

-> Celui qui rend visite au malade, Hachem ne le laissera pas tomber aux mains de ses ennemis.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - mériva]

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-> Etre malade = est-ce être abandonné par Hachem? : https://todahm.com/2020/09/21/etre-malade-est-ce-etre-abandonne-par-hachem

L’hospitalité

"Il était assis à la porte de sa tente … Il a vu et a couru à leur rencontre" (Vayéra 18,1-2)

+ L'hospitalité :

-> Tous les habitants du monde sont comme des invités de D. Nous sommes tous de passage, et D. nous héberge.
Si l'espace d'un instant, Hachem arrêtait son hospitalité envers nous, le monde cesserait d'exister.

[le Chla haKadoch - Vayéra]

=> En pratiquant l'hospitalité envers autrui, nous imitons Hachem!

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-> "Combien est précieuse pour Hachem, la mitsva d'hospitalité!
On nous apprend qu'Avraham a accompli toutes les lois de la Torah, mais c'est spécialement sur cette mitsva d'hospitalité que de nombreux détails vont nous être donnés (Béréchit 18,1-8), tandis que les autres mitsvot sont rapportées d'une façon générale."
['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed]

=> Parmi toutes les très nombreuses mitsvot qu'il a fait, Avraham s'est distingué par celle de l'hospitalité.
Le Rambam (Matnat Aniyim 10,1) rapporte que nous devons suivre son exemple, si nous souhaitons être appelé : un véritable descendant d'Avraham.

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-> L’hospitalité est comparable à un arbre fruitier. Quiconque est hospitalier aura de bons enfants.
[D'après la guémara (Béra'hot chap.8),] Cela est d’autant plus vrai lorsque l’invité est un érudit. Permettre à un tel homme d’utiliser nos biens est pareil à une offrande apportée devant D.
[Méam Loez - Vayéra 21,33-34]

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-> Grâce à son hospitalité, l'individu sera craint et respecté de tous.
[...]
Un remède pour ramener la fécondité chez une femme, consistera à pratiquer l'hospitalité.
[...]
L'hospitalité fera mériter à la femme de mettre au monde des enfants.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot]

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-> Rabbi Yo'hanan dit : 'Accueillir des invités, est aussi grand que de se lever tôt afin d'aller à la maison d'étude [de la Torah]'
[guémara Shabbath 127a]

Le Maharal ('Hidouché Agadot) explique cela :
"En faisant de l'hospitalité à des invités, nous accueillons des êtres humains fait à l'image de D.
Cela est par essence une activité Divine, comme l'est le fait d'aller au Beit haMidrach afin d'y étudier la Torah."

-> Rav Yéhouda dit au nom de Rav : 'Accueillir des invités est plus grand que d'accueillir la présence divine' (cf.Béréchit 18,3)
[guémara Shabbath 127a]

Le Maharal ('Hidouché Agadot) commente cela :
"Bien que nous pouvons nous connecter à la présence divine, cette relation est vouée à être limitée, au regard de la distance infinie entre l'homme et D.
Cependant, en couvrant d'honneur et d'affection notre invité dans le cadre de l'hospitalité, nous pouvons se connecter complètement à l'image Divine qui est en cette personne."
[ainsi, l'hospitalité permet d'être davantage connecter à Hachem qu'en recevant la présence divine!]

-> Selon le Rambam (Hilkhot Talmud Torah 3,4), si une personne a le choix entre une mitsva et l'étude de la Torah : si la mitsva peut être faite par d'autre(s), on ne doit pas interrompre son étude, sinon on doit faire la mitsva, et ensuite revenir à son étude.

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-> "Dès qu'Avraham voyait des voyageurs, il courait vers eux, se mettait à terre et les suppliait d'accepter sa proposition d'hospitalité.
Bien que ce haut niveau de conduite ne nous est pas atteignable, nous nous devons d'en apprendre à aller chercher des invités, et à les accepter dans nos maisons avec beaucoup d'affection, comme nous l'aurions fait avec une personne très riche dont nous espérons gagner une somme importante d'argent.
[...]
L'hôte doit parler à ses invités d'une façon agréable afin qu'ils se sentent à l'aise.
Il ne doit pas leur dire ses problèmes, car ils pourraient penser qu'ils en sont la cause, et qu'il perd de l'argent en les accueillant.
[...]
Afin de se motiver, on doit se dire : 'Si c'était moi l'invité, je voudrais certainement être traité avec respect et attention.
Je me dois donc de traiter mes invités en conséquent.
Personne ne peut savoir comment il finira [et s'il aura besoin à son tour de l'hospitalité]"

['Hafets 'Haïm - Ahavat 'Hessed 3,2]

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-> L'hospitalité d'Avraham incluait : la nourriture, la boisson et le fait d'accompagner l'invité sur son chemin (cf.Rachi sur Béréchit 21,33 -> le terme "Eshel" est l'acronyme de ces 3 actions).

-> Selon la guémara (Sotah 46b), en raccompagnant son invité, on s'assure qu'il ne subisse pas de mal.

Le Maharcha (Sotah 45b) explique qu'en raccompagnant son invité, on permet aux "anges gardiens" de pouvoir accompagner notre invité après notre départ, le protégeant alors de tout danger jusqu'à sa destination.

Le Méam Loez (Vayéra 18,16) enseigne qu'il est extrêmement bénéfique de raccompagner son visiteur, car ainsi la Présence Divine l'accompagne et le protège sur la route du retour.
D'ailleurs, les anges désiraient donner à Avraham l'opportunité d'accomplir ce précepte. Bien qu'ils pouvaient se transporter instantanément à Sodome, ils partirent à pied pour permettre à Avraham de les accompagner.
Avraham croyait encore être avec des êtres humains.
[...]
On a coutume de confier à quelqu'un qui fait un long voyage une pièce de monnaie qu'il donnera à un pauvre, une fois arrivé à destination. Le voyageur a alors le statut de "chalia'h mitsva" (délégué à l'accomplissement d'une mitsva), et il est donc préservé du danger.

-> Le Sma'h ('Hochen Michpat) enseigne que de nos jours nous devons accompagner notre invité jusqu'à la porte ou au moins sur une distance de 2 mètres.

Il peut être intéressant de citer l'exemple extrême rapporté par le Rambam (Hilkhot Aveil 14,3) disant qu'à l'époque, il fallait raccompagner son maître principal en Torah sur une distance de 13km!

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed) dit qu'il ne faut pas oublier de raccompagner ses invités, car c'est la finalisation de la mitsva d'hospitalité (cf. Avraham : manger+boire+raccompagner = Eshel), et dans ce cas, on se prive des bénédictions que cette mitsva aurait pu nous amener ...

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+ La récompense liée à l'hospitalité :

-> Fournir de l'hospitalité est l'une des quelques mitsvot dont l'on profite des "fruits" dans ce monde, et dont la récompense reste intacte dans le monde à venir.
[guémara Shabbath 127a]

-> Le Tikouné Zohar enseigne que la façon dont l'on va accueillir ses invités dans ce monde, va déterminer la manière dont notre âme va être accueillie dans le monde à venir.
[Rabbi Aharon Roth - Shoul'han haTahor]

-> Rabbi Chimon bar Yo'haï (Zohar) promet que quiconque accueille avec joie les étrangers dans sa maison et fait en sorte qu'ils se sentent bien chez lui, en bénéficiera immensément au moment de sa mort.
Quand l'âme quitte le corps, elle est pareille à un étranger, ne sachant pas où se diriger.
Grâce au mérite de l'hospitalité, l'âme est accueillie avec bienveillance dans le monde futur et se sent comme chez elle.
[Tikouné Zohar - p.92]

-> Le Méam Loez (Vayéra 21,33-34) rapporte le Zohar suivant :
Lorsqu'on a un invité, on se réjouira et on louera D. de nous donner une telle opportunité. En effet, grâce à cela des décrets néfastes sont annulés.
Avant de détruire Sodome, Hachem envoya 3 anges (déguisés en voyageur) à Avraham pour qu'il puisse accomplir la mitsva de l'hospitalité, et si Loth fut épargné, c'est grâce à ce mérite d'Avraham (qui lui a déchiré son décret de mort).

Le Méam Loez poursuit : Lors de période de malheurs, D. se souvient de ceux qui se sont comportés avec douceur envers les pauvres, et les sauvent de la mort.

-> Rabbi Yo'hanan, ainsi que Rech Lakich expliquent : 'Lorsque le Temple était érigé, l'Autel expiait les fautes d'une personne [par les sacrifices qui y étaient brûlés].
De nos jours, il n'y a plus de Temple, mais la table [sur laquelle on mange] fait l'expiation de nos fautes' [guémara 'Haguiga 27a]

Rachi de préciser : au travers l'hospitalité à des invités.

Le 'Hatam Sofer (Torat Moché - Vayikra p.97) commente cette guémara : "lorsque la table d'une personne est comme un Autel (mizbéa'h), alors toute sa maison devient comme le Temple."
Il est écrit : "C’est mon D. et je l’embellirai" ( זֶה אֵלִי וְאַנְוֵה - Béchala’h 15,2).
"C'est mon D." (zé éli - זֶה אֵלִי) est l'acronyme du verset : "Voici la table qui est devant Hachem!" (זֶה הַשֻּׁלְחָן אֲשֶׁר לִפְנֵי יְהוָה - Yé'hezkel 41,22).
Selon le 'Hatam Sofer, si tu veux proclamer D. (zé éli), alors il faut faire de sa maison un magnifique lieu de résidence pour Hachem.

-> "La récompense pour raccompagner une personne est sans limite"
[guémara Sotah 46b]

-> Le Rambam (Hilkhot Avélout - chap.14,2) écrit : "La mitsva d'accompagner est supérieure à toute, c'est la loi qu'a érigée Avraham, l'hospitalité est plus grande que l'accueil de la Présence Divine, et il est plus important de raccompagner les invités que de les recevoir ...
Toute personne qui ne raccompagne un invité, c'est comme s'il avait fait couler son sang"

Rabbi Yits'hak Berkovits explique ces propos :
"La mitsva de recevoir des invités l'est essentiellement afin de leur garantir : nourriture et hébergement.
Cependant, accompagner un invité est considéré comme étant plus important que cela, car on lui témoigne de l'honneur, ce qui va développer sa confiance en lui, et qui l'aidera ainsi à faire face à la suite de sa vie."

Le Saba de Kelm enseigne à ce sujet :
Quand un invité se repose quelque part en mangeant à sa faim des meilleurs mets, il s'élève parfois dans son cœur le soupçon que le maître de maison a peut-être hâte de se débarrasser de lui.
C'est pourquoi, même quand il a fini de boire et de manger, il présume que son hôte est heureux de pouvoir enfin se débarrasser de lui, la preuve en étant que toujours, une fois que l'invité s'en va, le maître de maison ferme immédiatement la porte, comme pour dire : "bon débarras".
C'est pourquoi, quand l'invité quitte la maison avec cette impression, c'est comme si l'hôte avait versé le sang.
Cela n'est pas le cas quand l'hôte l'accompagne pendant au moins quelques pas, alors l'invité sent que le maître de maison est heureux d'avoir pu observer la mitsva grâce à lui, et il se sent aimé et désiré, ce qui est le fondement de la mitsva de l'hospitalité.
Par conséquent, par ce petit acte qui porte sur la courte distance pendant laquelle il l'accompagne, le maître de maison acquis son univers.

=> C'est une grande leçon sur la façon de se comporter dans la vie, qu'il faut aussi appliquer dans d'autres domaines : on peut acquérir son univers par de petites actions, avec un petit peu de réflexion et d'attention.

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-> Rabbi Yo'hanan dit : 'Accueillir des invités, est aussi grand que de se lever tôt afin d'aller à la maison d'étude [de la Torah]'
[guémara Shabbath 127a]

-> La mitsva d'inviter des voyageurs (hospitalité) a un lourd risque spirituel. Ils peuvent parler de sujets inappropriés à une maison juive, comme le lachon ara. De plus, le fait de se tourner vers leurs besoins demande d'interrompre notre étude quotidienne de la Torah.
Néanmoins, si Avraham a arrêté sa rencontre avec Hachem afin de recevoir 3 invités, cela nous enseigne que nous devons mettre de côté nos occupations spirituelles afin de réaliser cette mitsdva.
[le Baal Chem Tov]

[il leur a quand même demandé de laver leurs pieds, afin de limiter autant que possible le risque spirituel]

-> La raison pour laquelle nous devons interrompre nos occupations spirituelles pour accomplir la mitsva d'hospitalité, et que cela nous permet d'atteindre davantage de proximité avec la présence divine, qui se repose sur ceux qui vont accueillir chez eux des personnes dans le besoin.
[le Yichma'h Moché]

-> Un vendredi soir, où il recevait des invités qui avaient voyagés toute la journée, le 'Hafets 'Haïm n'a pas lu le traditionnel chant : "Shalom Alé'hem!" avant le kidouch, comme en est l'habitude. Il a attendu qu'ils soient tous servis en nourriture pour le faire.
Il a alors expliqué : "Sachant que vous avez voyagé, il est très probable que vous deviez être affamés. Les anges (à qui est destiné ce chant) ne mangent pas et ne sont pas affamés. Ils peuvent ainsi attendre que je vous donne à manger, avant que je m'occupe ensuite d'eux!"

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-> "Veille à la mitsva de l'hospitalité pour mener une bonne vie, car alors tu réussiras en ce monde et ta droiture t'accompagnera dans le monde à venir."
[Séfer haBrit - 2e partie article 12]

-> La mitsva de visiter les malades s'effectue à la fois avec le corps et avec l'âme : avec le corps en s'efforçant de rendre service au malade, et avec l'âme en priant pour lui.
Quiconque rend visite au malade sans prier pour lui n'a pas accompli cette mitsva.
[rav Tikochinski - Séfer Guécher ha'Haïm]

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-> "Hachem dit : Comme le cri de Sodome et d’Amora est grand ; et leur faute est très lourde" (Vayéra 18,20)

-> Le Ben Ich 'Haï (Vayéra) enseigne :
Il faut comprendre ici de quel faute parle-t-on? Si le verset voulait parler de toutes les fautes en général, alors il aurait du dire: "comme le cri de Sodome et d’Amora est grand ; CAR leur faute est très lourde", mais il n’est pas dit CAR mais ET, comme si le cri venait de toutes les fautes, mais "leur faute est très lourde" vient parler d’une faute en particulier, qui serait aussi ou plus grave que tout le reste.

Dans le livre d'Iyov (28,4) il est dit : "Ignoré du pied des passants, il est suspendu et ballotté loin des hommes", les commentateurs expliquent qu’on parle des gens de Sodome qui ont réussi à faire oublier la mitsva de hospitalité. Comment cela?
En prenant chaque visiteur et en l’allongeant sur un lit, s’il était plus grand on lui coupait les pieds et s’il était plus petit on l’écartelait. Ça avait suffit à décourager les visiteurs potentiels.

=> En quoi cette faute est si grave pour être la seule citée dans Iyov à propos des gens de Sodome? Comment cette faute peut-elle peser dans la balance contre la somme de tous les reste : l’idolâtrie, le meurtre et l’adultère, ... ?
C’est que la particularité de laisser pénétrer des gens chez soi est qu’on s’expose à un regard extérieur, qui va nous juger et nous mettre face à une vérité de nous-même à laquelle on n’a plus accès à force de ne pas se remettre en question. Et cet ouverture va être le vecteur de notre téchouva.
Si on la ferme, on ferme la porte à toute possibilité de téshouva, car on ne se remettra plus jamais en question. Voila pourquoi cette faute était si grave, et on comprend aisément comment elle pèse comme tout le reste des fautes.

"Il n’y a pas de Torah comme celle étudiée en terre d’Israël"

[Midrach Vayikra rabba 13,5]

-> Le Séfer Arvei Nachal (Chéla'h Lé'ha) enseigne que chaque parcelle d'Israël correspond à une partie différente de la Torah, car Hachem a gravé la Torah toute entière sur la surface de la terre d'Israël.
Ainsi, par exemple, chaque pierre peut avoir une lettre gravée en elle, chaque champ un verset entier, chaque ville une paracha entière, ...

-> Rabbi Yossef Sonnenfeld prenait à cœur ces paroles du Arvei Nachal, et il essayait toujours de trouver un chemin différent pour arriver à une destination, même si cela lui prenait plus de temps.
Il expliquait que le fait de marcher en Israël transmet à chaque juif une intense connexion avec la parcelle de terre qu'il traverse.
Or, puisque chaque parcelle est reliée à une partie différente de la Torah, cela a pour conséquence, qu'un juif qui marche dans des rues/routes qu'il ne connait pas, va constamment se relier avec des parties de la Torah qui lui sont inconnues.

=> Le fait de marcher en Israël, peut constamment réveiller en nous une liaison plus forte avec de nouvelles parties de la Torah.

-> La guémara (Témoura 16a) dit : "Au travers le pilpoul (discours critique), Asniel ben Kénaz a pu restaurer 300 halakhot qui ont été oubliées pendant la période de deuil de Moché"

Afin de prouver cela, la guémara explique que pendant la conquête d'Israël par Yéhochoua bin Noun, la ville de Kiryat Séfer n'a pu être conquise tant que Asniel ben Kénaz ne s'empara de la ville (cf. Yéhochoua 15,16-17 ; Choftim I 12,13).
Ainsi, selon la guémara, la capture de cette ville est la preuve qu'il a pu restaurer ces halakhot perdues.

Comment comprendre cela?

Dans la continuité de ce que nous avons vu précédemment, le Arvei Nachal explique que la ville de Kiryat Séfer est la parcelle de terre qui correspond à la partie de la Torah dont ces 300 halakhot sont inclues.
Ainsi, en conquérant cette ville, il a également gagné l'accès à ces lois juives perdues, pendant la période de deuil de Moché.

=> Cet exemple de la guémara illustre bien ce lien entre la terre d'Israël et la Torah.
Lorsque l'on regarde les magnifiques paysages d'Israël, on est dans une véritable bibliothèque de la Torah (Orale et Ecrite), avec l'ensemble des livres ouverts et disponibles.

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-> "L'air même de la terre sainte aide à acquérir de la connaissance en Torah"
[guémara Baba Batra 158b]

-> "Si tu cherches à voir la présence divine dans ce monde, occupe-toi par l'étude de la Torah en Israël"
[Yalkout Chimoni - Téhilim 105,4]

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+ "Même après que vous aurez été exilés, distinguez-vous [en faisant] les mitsvot ... afin qu'elles ne vous soient pas à votre retour comme des nouveautés"
[Rachi - Ekev 11,18]

-> Le Ramban (A'haré Mot 18,25) explique que nos Patriarches ont compris que la sainteté de la terre d'Israël exigeait un comportement plus rigoureux, et ont veillé à observer tous les commandements en Israël avant même que la Torah ne soit donnée.

En dehors d'Israël nos Patriarches pouvaient se montrer plus indulgent.

A 'Haran, Yaakov était marié avec 2 sœurs, bien que la Torah l'interdise.
Le Ramban dit que c'est pour cela que Ra'hel est morte à leur arrivée en Israël, empêchant Yaakov d'y commettre une faute, ce qui était acceptable en dehors d'Israël, où l'on ne pratique les mitsvot uniquement pour ne pas les oublier dans l'éventualité où nous viendrons un jour en Israël.

[en accord avec tous nos Sages, nous nous devons d'accomplir au maximum la Torah en dehors d'Israël, même s'il faut avoir conscience que cela aurait plus d'impact si l'on était en Israël.
Une personne qui n'a pas les possibilités d'y aller pour résider, ne doit pas hésiter à le demander de tout cœur à Hachem, car rien ne Lui est impossible.]

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-> "On doit toujours habiter en terre d'Israël, même dans une ville où la plupart des gens sont idolâtres, et non en dehors, même dans une ville à majorité juive, car quiconque vit en terre d'Israël est semblable à quelqu'un qui a un D., et quiconque vit ailleurs est semblable à quelqu'un qui n'a pas de D."
[guémara Kétoubot 110b]

=> On comprend que pour toute personne qui veut pleinement vivre son judaïsme, il n'y a qu'un seul pays envisageable : Israël (b"h)!!

[Chaque pays est sous la dépendance d'un ange, à l'exception de la terre d'Israël qui est directement sous la responsabilité de Hachem. Cela explique qu'en dehors d'Israël, on est semblable à quelqu'un qui n'a pas de D., puisqu'on doit passer par un intermédiaire!]

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+ Comment être connecté à la terre d'Israël?

On peut résider en Israël et ne pas bénéficier, ne pas être connecté à la terre d'Israël.
Pourquoi cela?

Il faut savoir que la terre d'Israël est un héritage uniquement pour les personnes qui sont modestes, comme l'écrit le roi David : "Les humbles hériteront du pays" (Téhilim 37,11)

On peut remarquer une similitude :
-> "La terre est très, très bonne" (Bamidbar 14,7) ;
-> "Soit très, très humble" (Pirké Avot 4,4).

Le 'Hozé de Lublin a dit : "La terre d'Israël est très, très bonne. Si tu es très, très humble, alors tu mériteras cette très, très bonne terre"

A la fois, la Torah et la terre d'Israël ne peuvent s'acquérir que grâce à l'humilité, car la Torah est gravée, intégrée à la terre d'Israël.