Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Nasso – La paracha la plus longue

+ La paracha de cette semaine (Nasso) se lit la plupart du temps le Shabbath suivant la fête de Shavouot.
C'est la paracha la plus longue de la Torah, avec 176 versets, qui est la guématria de : "léolam" (pour toujours - לְעוֹלָם).
Afin de mettre en application notre mariage avec la Torah que nous venons tout juste de célébrer, nous commençons par lire la paracha la plus longue, signe de notre désir de passer le plus possible de temps avec elle, et ce pour toujours (léolam).

Le terme : "oumaayan" (et la source - ומעין) a une guématria de 176, ce qui vient nous rappeler juste après Shavouot que les différents aspects de la Torah constituent la source de notre vie (pas besoin d'aller voir ailleurs, tout y est!).

De plus, il est intéressant de noter que :
- le Téhilim le plus long (le 119), se compose de 8 versets pour chacune des 22 lettres de l'alphabet (8*22 = 176!).
Le Méïri commente que le chiffre 8 correspond aux 5 sens du corps humain, plus les 3 parties de l'âme.
[le chiffre 8 renvoie également à la notion d'au-delà de la naturalité (un ajouté aux 7 jours de la semaine), car notre mission dans ce monde est d’élever la matérialité en la mettant au service de l'essentiel : la spiritualité. ]

- le nombre de pages du traité le plus long de la Torah (traité Baba Batra) est de 176 (commence à la page n°2 et finit à la page n°177).

- le midrash rabba et le Zohar sur cette parasha sont les plus longs.

A l'image de cette paracha, que la réception de notre Torah, cette année, puisse (b"h) décupler notre amour et notre connaissance de D.   Amen!

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-> Le rabbi Gamliel Rabinowitz dit que la paracha Nasso (נָשֹׂא) est généralement la paracha suivant Shavouot.
Son nom est lié à : "nessia" (נשיאה) qui signifie : élévation, en référence au fait que suite au don de la Torah, nous sommes maintenant à un niveau plus élevé.

[nous devons préserver cette élévation dans le temps, en élevant au sommet de notre vie la réalisation et l'étude de la Torah.]

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-> La paracha Nasso est la plus longue de la Torah. Elle comporte 176 versets. On peut noter aussi que le Psaume 119 des Téhilim, le Psaume le plus long, comporte également 176 versets, et que le Traité de guémara Baba Batra, le traité le plus long, s’achève à la page 176.
=> Quel sens donner à ces «coïncidences» remarquables?

On peut citer :
1°/ La paracha de Nasso est la plus longue, et il en est de même de son commentaire dans le midrach et dans le Zohar, car étant lue juste après Shavouot, le flux abondant de la Torah fraîchement reçue, est fortement perceptible. [‘Hidouché haRim]

2°/ Les 3 textes de plus grande longueur (Nasso, Téhilim 119 et Baba Batra) totalisent une taille globale de 528 (176 x 3), valeur numérique du verset : "Combien sont grandes Tes œuvres" (מַה גָּדְלוּ מַעֲשֶׂיךָ - Téhilim 92,6). [rav Its’hak Ginzbourg]

3°/ Le nombre 176 apparaît, comme longueur maximale, dans toutes les dimensions de la Torah (Nasso dans le ‘Houmach, Téhilim dans le Na'h [Néviim Kétouvim] et Baba Batra dans le Talmud), car il indique que la Parole Divine, formulée par les 22 lettres de l’alphabet, fixe la réalité selon les 8 états possibles : l’inapte et le conforme (Passoul et Cacher), l’impur et le pur (Tamé et Taor), l’interdit et le permis (Issour et Eter) et, le coupable et l’innocent (‘Hayav et Zakaï). [Ben Ich ‘Haï] [176 = 22*8]

4°/ La Torah comporte 187 chapitres, au même titre que l’enceinte du Temple mesurait, d’Est en Ouest (sens de la Sainteté), 187 coudées. Le nombre 187 n’est donc par fortuit, il correspond à la valeur numérique du mot "Makom" (Lieu - מקום) [186], plus 1 qui désigne D., allusion ainsi à la Résidence Divine. [Maassé Rokéa’h – Massékhet Midot]

Par ailleurs, le Monde a 6000 ans, disent nos Sages (guémara Avoda Zara 9a) : 2000 ans de Tohou (sans connaissance du Créateur), 2000 ans de Torah (Connaissance de D.) et 2000 ans réservée à l’ère messianique.
La guémara enseigne que les 2000 ans de Torah débutèrent quand Avraham quitta son pays pour la Terre de Canaan et qu’il commença à répandre la connaissance de D. Ce point de départ de l’histoire est relaté dans le chapitre 12 de la Torah (paracha de Lé'h Lé'ha) ce qui signifie, que les onze premiers chapitres font référence à la période de Tohou tandis que les 176 chapitres suivants, font référence aux 4000 ans de Présence Divine révélée.
Curieusement, le constat est similaire pour le Beth Hamikdache. L’enceinte du Temple depuis la Azarat Israël (zone accessible à Israël) jusqu’au Saint des Saints (point culminant de la Sainteté) mesurait 176 coudées tandis que l’espace séparant le Saint des Saints au mur occidental (hors zone de Sainteté) en mesurait 11.
Ainsi, le nombre 176 est le symbole de la Révélation du Divin dans le Monde et dans l’Histoire.
[feuillet de la communauté Sarcelles - 5780]

+ "... la terre observera un repos de Shabbath pour Hachem" (Bé'houkotaï ch.26 ; v.3)
Dans la Torah, nous trouvons 3 sortes de Shabbath.
Le Baal aAkéda explique qu'ils correspondent aux 3 dimensions essentielles : néfech (l'âme, l'esprit), shana (le temps), et olam (l'espace), qui s'en trouvent sanctifiées.
- le shabbath de l'âme est le jour du Shabbath, c'est le degré le plus élevé (Chémot ...ch.31 ; v.17 : "ouvayom ashévi'i Shabbath, vayinafach" – il y a un lien en néfech et vayinafach).
Tous les travaux sont interdits et sa transgression est des plus sévères.
- le shabbath du temps est celui des fêtes (Chémot ch.34 ; v.23 : "chaloch péamim bashana").
La sainteté des fêtes est moindre que celle du Shabbath et quelques travaux y sont autorisés.
- le shabbath de l'espace est celui de l'année de jachère (cf.le verset ci-dessus).
En effet, les lois sont circonscrites à la terre d'Israël, qui est la plus sainte de toutes les terres.

"Shabbath POUR Hachem" : ainsi, l'observance du Shabbath ne se limite pas à une succession d'interdits, mais vise une élévation spirituelle et un développement intellectuel par l'étude et la sanctification.

''Quand on a pris conscience que chaque jour pouvait être le dernier, on peut corriger sa façon de vivre. On arrive à se débarrasser de la mesquinerie, des motifs d'irritation, des chimères et des futilités.''

(Rav Noah Weinberg)

-> Avec cette conscience, comment peut-on remettre à plus tard la réalisation d'une action ...

De plus, Machia'h peut venir à chaque instant, et après il sera trop tard pour agir, le libre arbitre ayant quasiment disparu.

 

"Et voici les noms des enfants d'Israël qui viennent (aba'im) en Egypte" (Chémot 1,1)

=> Pourquoi ce verset d'ouverture du récit amenant à la sortie d'Egypte est-il écrit au futur "abaïm" (litt. qui viendront - הַבָּאִים)?

Le 'Hidouché haRim commente :
Ce récit se poursuit également dans notre exil, les leçons et les détails étant pertinents à chaque époque.
C'est ce que veulent dire nos Sages : "à chaque génération, une personne doit se considérer comme si elle était personnellement sortie d'Egypte" (Pessa'him 10:5).
C'est parce que nous quittons toujours, génération après génération, individu après individu. La géoula est toujours en cours.

-> "Hachem parla à Moché et à Aharon en Égypte en disant : 'Ce mois sera pour vous le début des mois ; ce sera pour vous le premier des mois de l'année' ." (Bo 12,1-2)
[il s'agit des premiers versets lus à Shabbath ha'Hodech (passage de Bo 12,1-20)]

-> Rabbi Its'hak dit : la Torah aurait pu commencer par [le passage] : "ce mois sera pour vous" ('ha'hodech azé la'hem), qui est le premier commandement que reçurent les Bné Israël" (Rachi,
Béréchit 1,1).

On peut s'interroger :
=> Pourquoi la mitsva de sanctifier le mois (kidouch ha'bodech) a-t-elle été choisie, pour être la première enseignée aux Bné Israël (selon rabbi Its'hak)?
=> Pourquoi D. ordonna-t-Il cette mitsva aux Bné Israël alors qu'ils se trouvaient encore en Égypte et non à la Révélation au mont Sinaï, lorsqu'ils reçurent les autres mitsvot de la Torah?

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-> Par la mitsva de kidouch ha'hodech, le peuple juif a été dégagé de l'emprise des lois de la nature et de l'astrologie. Une fois que les Bné Israël ont reçu ce commandement, leur vie n'était plus influencée par les constellations ou autres forces de la nature. Au contraire, ces forces furent mises sous leur emprise.
Comme le dit le Yérouchalmi (Kétouvot 1,2), si un beit din décide de déclarer une année embolismique, en ajoutant un mois à l'année, sa décision peut effectivement retarder l'arrivée de changements naturels.

De même, le midrach enseigne (Yalkout Chimoni - Bo 190) :
"Hachem dit : Jusqu'à présent, les calculs des mois et des années étaient dans Mes mains, mais désormais, ils seront mis dans vos mains, comme le dit le verset: 'Ce mois sera pour vous'. Si le beit din terrestre déclare que c'est Roch Hachana, D. dit aux anges : Erigez une plateforme et nommez des défenseurs pour le jugement de Roch Hachana] ... car le beit din terrestre a décrété qu'aujourd'hui, c'est Roch Hachana! Si des témoins [pour attester l'apparition de la nouvelle lune] n'arrivent pas [ce jour-là] ... D. dit aux anges célestes : 'Enlevez la plateforme et renvoyez les défenseurs ... car le beit din terrestre a décrété que Roch Hachana sera demain'."

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-> Ce commandement (de sanctifier le mois) demande aux Bné Israël d'utiliser le mois lunaire comme base de leur calendrier, contrairement aux autres nations dont le calendrier est basé sur l'année solaire.
L'utilisation du calendrier solaire indique que les nations du monde sont sous l'emprise des forces de la nature. Le soleil ne change jamais et son existence statique symbolise les forces de la nature qui, elles aussi, sont fixes et inchangées, comme le dit le verset : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil" (Kohélet 1,9) ...

Contrairement au soleil, la lune change constamment et se renouvelle chaque mois.
Elle symbolise l'existence du peuple juif dégagé du déterminisme des lois de la nature, car de même que la lune grandit puis diminue, la façon dont Hachem déverse Sa bénédiction sur le peuple juif varie selon ses actes.
De plus, de même que la lumière de la lune est parfois visible, parfois cachée, la "lumière" du peuple juif est révélée au monde lorsque D. déverse sur lui Ses bienfaits, mais lorsqu'il faute, sa lumière est dissimulée.

-> Le midrach (Chémot rabba 15,26) dit :
"La lune commence à briller le premier Nissan et sa lumière s'accroit progressivement pendant 15 jours ... Du 15e au 30e jour, sa lumière diminue, et le 30e jour, elle n'est plus visible. Il en est de même [de l'histoire] des Bné Israël : il y eut 15 générations depuis Avraham jusqu'à Chlomo ...
Lorsque vint Chlomo, la 'lune' brillait à son comble, comme le dit le verset (I Divré haYamim 29,23) : 'Chlomo occupa le trône de D. en tant que roi' ... De même que D. règne d'un bout à l'autre du monde et gouverne tous les rois ... ainsi Chlomo régnait d'un bout du monde à l'autre ... Ensuite, les rois commencèrent à décliner. Le fils de Chlomo était Re'havam ...
Finalement Isidkiyahou arriva [après Yéhoyakim], et comme le dit le verset : "Isidkiyahou était aveugle la lumière de la lune disparut." (Yirmiyahou 39,7)

-> Dans le futur, lorsque le peuple juif atteindra l'apogée de la perfection spirituelle et que sa "lumière" emplira le monde, il bénéficiera d'un déversement constant et inchangé de bienfaits divins.
Comme le dit le prophète (Yéchayahou 30,26), à ce moment-là, "la lumière de la lune sera comme la lumière du soleil" et l'influence divine dont bénéficient les Bné Israël ne sera jamais cachée ou réduite.

-> Comme le dit le Midrach (Béréchit rabba 6,3) :
"Essav compte par le soleil, qui est grand, et Yaakov compte par la lune, qui est petite.
Rav Na'hman dit : c'est un symbole. Essav compte par le soleil, qui est grand, et de même que le soleil règne le jour et pas la nuit, Essav a une part dans ce monde mais pas dans le monde futur.
Yaakov compte par la lune, qui est petite, et de même que la lune règne la nuit comme le jour, Yaakov a une part dans ce monde-ci et dans le monde futur.
Rav Na'hman dit : tant que la lumière du grand [luminaire, le soleil,] existe, la lumière du petit [luminaire, la lune] ne peut pas être vue, mais lorsque la lumière du grand disparait, la lumière du petit devient visible.
De même, tant que la lumière d'Essav existe, la lumière de Yaakov n'est pas manifeste. Lorsque la lumière d'Essav disparaitra, la lumière de Yaakov sera manifeste.
Tel est le sens des versets (Yechayahou 60,1-2) : 'Lève-toi et brille, car ta lumière est venue car voici, les ténèbres couvriront la terre'."

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+ Le pouvoir de changer la nature :

-> Outre l'injonction de fixer le début de chaque mois sur la base de l'apparition de la nouvelle lune (2 témoignages au beit din), cette mitsva (de kidouch ha'hodech) comprend aussi le devoir de synchroniser le cycle lunaire et le cycle solaire. Le nombre des mois de l'année lunaire doit être calculé pour correspondre précisément au cycle de l'année solaire, ce qui demande une expertise mathématique considérable.

Il semble que cet aspect de la mitsva donne au peuple juif la force d'agir dans le cadre du monde naturel et de l'imprégner de sainteté.
L'influence de D. se déverse sur le monde physique d'après l'époque des fêtes du calendrier juif;31 aussi. en déterminant quand ces fêtes ont lieu, les Bné Israël déterminent aussi le moment où chaque forme d'influx divin atteindra le monde. Ils ont donc la capacité de façonner les effets de la nature sur le monde entier.
[en leur confiant la mitsva de kiddouch ha'hodech, Hachem a donné aux Bné Israël une force extraordinaire : cette mitsva leur permet de prendre un jour ordinaire de l'année et de le sanctifier en tant que jour de fête, de même que D. a sanctifié le Shabbat, capacité qui illustre la force immense donnée au peuple juif de sanctifier et d'élever la nature toute entière. Les jours consacrés par les Bné Israël sont ensuite fixés en tant que partie de l'année qui est, toute entière, une représentation de la nature. C'est pourquoi la bénédiction que nous récitons Yom Tov loue D. d'avoir sanctifié "Israël et les époques".]

La Torah définit ainsi le mois de Nissan : "pour vous le premier des mois de l'année" afin de montrer que la mitsva de kidouch ha'hodech non seulement demande aux Bné Israël de consacrer chaque nouveau mois, mais leur donne aussi le pouvoir de dominer le flux de l'influence divine vers le monde physique pendant toute l'année.
[ il est possible que le peuple juif possédait ce pouvoir lorsque chaque nouveau mois était consacré par le beth din sur le témoignage de témoins, alors que cette capacité d'influer sur le monde a été réduite à présent du fait que la mitsva de kidouch ha'hodech n'est plus accomplie.]

=> Ceci indique que le peuple juif n'est pas sous l'emprise des forces de la nature mais possède la capacité de les changer pour servir Hachem et pour les élever à un niveau de sainteté supérieur.
Hachem a mis les "calculs des mois et des années" dans les mains des Bné Israël, une idée déduite du verset : "ce mois sera pour vous".

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+ La domination du peuple juif sur la nature, prélude à la sortie d'Egypte :

-> La mitsva de kiddouch ha'hodech fut donnée au peuple juif avant son départ d'Egypte afin de le mettre à part de toutes les autres nations et de l'élever au point de dépasser les lois de la nature.
Par cette mitsva, comme nous l'avons vu, les Bné Israël reçurent le contrôle du calendrier annuel, qui fait allusion à l'influence divine qui domine le monde naturel.
Cette mitsva démontre aussi au monde entier que le peuple juif n'est pas limité par la nature. La mitsva de kiddouch ha'bodech l'a donc rendu digne de bénéficier des événements surnaturels de la sortie d'Egypte.

Voilà sans doute pourquoi le kiddouch ha'hodech fut le premier commandement donné aux Bné Israël. Il fallait que le peuple juif reçoive cette mitsva pour pouvoir reconnaitre son haut niveau spirituel et comprendre qu'il a reçu la maîtrise des forces de la nature et la tâche d'élever le monde entier par son service de D.

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+ La force du renouvellement :

-> Nous pouvons peut-être ajouter qu'en plus d'élever le peuple juif au-dessus du contrôle de la nature, cette mitsva lui donne aussi une force de renouveau elle-même surnaturelle.
Grâce à cette force, les Bné Israël ont été capables de se dégager des 49 niveaux d'impureté dans lesquels ils s'étaient embourbés en Égypte et de se rapprocher de D. et de Son service.
Tant que les Bné Israël étaient sujets à l'emprise des forces naturelles, il leur était impossible de s'élever à un niveau spirituel supérieur à cause de l'influence constante et inchangée de la nature. Lorsqu'ils furent élevés au-dessus des lois de la nature, ils acquirent la capacité de se renouveler, tout comme la lune se renouvelle au début de chaque mois. En conséquence, les Bné Israël furent capables d'échapper aux effets de la servitude et de s'appliquer avec un zèle sans précédent à devenir le peuple élu de D.

-> Cette force de renouvellement est évoquée dans l'explication du Sfat Emet (Parachat Bo, 5631) sur : "Ce mois sera pour vous" = le lien entre ceci et la libération d'Égypte est qu'en exil, cette [Force de] renouvellement manquait, mais qu'au moment de la délivrance, il devint évident que tout existe grâce à la force de vie [émanant] de D. qui cause un renouveau.
La force de vie divine est une source de renouvellement constant, comme nous le disons : 'II renouvelle chaque jour, constamment, [l'œuvre de la création]' = à chaque moment de la journée.
C'est seulement de l'homme qui l'oublie et se met sous l'influence de la nature que le verset dit : 'Il n'y a rien de nouveau sous le soleil'(Kohélet 1,9).
Mais l'homme qui s'attache à l'essence de la force de vie divine connait un renouveau permanent.
Tel est le sens du verset : 'Ce mois sera pour vous' = chaque juif peut susciter ce renouvellement par la foi claire que tout vient d'Hachem".

=> Pourquoi nos Sages décrétèrent-ils que la parachat ha'Hodech (passage de Bo 12,1-20) soit lue avant la fête de Pessa'h?
Lire ce passage de la Torah peut avertir le peuple juif de la force immense qu'il possède de changer la nature du monde. Alors que Pessa'h approche, apprenons de la parachat ha'Hodech l'opportunité qui nous est offerte de nous libérer de l'asservissement au monde naturel et à ses lois, et de renouveler notre désir de servir Hachem.
Si nous prenons cet engagement, nous bénéficierons sans aucun doute de l'influence prodigieuse de la fête de Pessah et de la promesse : "Je vous montrerai des prodiges comme aux jours de votre départ d'Egypte" (Mi'ha 7,15).

[rav David Hofstedter - Darach David - Moadim]

A moins qu'une personne ne se repente, longtemps après avoir oublié sa faute, son mal restera attaché à elle et la contaminera, comme il est écrit : "Leurs péchés étaient sur leurs os" (Yé'hezkiel 32,27).
[Ben Ich 'Haï - Adéret Eliyéhou - Kora'h]

"Je suis Hachem ton D. Qui t'ai fait sortir d'Egypte" (Yitro 20,2)

-> Le mot אנכי (ano'hi - Je suis), a la même valeur numérique que כסא (kissé - le Trône), soit de 81. Car lorsque Hachem descendit sur le mont Sinaï pour donner la Torah, Il y installa également Son Trône de Gloire. Le prophète Yé'hezkel (10,14) parle de 4 anges, représentés par des formes d'animaux, portant le char céleste, où se trouve le Trône de Gloire. Ces 4 figures représentent : un lion, un aigle, un chérubin, et un homme dont nos Sages disent qu'il a la forme de Yaakov, notre ancêtre.
Ainsi, ces 4 formes se disent en hébreu : אריה נשר כרוב יעקב , qui forment justement les initiales du même mot אנכי (Je suis). Néanmoins, dans un autre passage de Yé'hezkel, il est fait état de la forme du taureau à la place du chérubin. Nos Sages nous apprennent qu'en fait au départ, cette forme représentait un taureau, mais Yé'hezkel pria et la transforma en chérubin (ange en forme d'enfant). En effet, le taureau (géniteur du veau) représente une accusation pour Israël qui a commis la faute du veau d'or. Afin que ces différents anges représentés par ces animaux, puissent plaider en faveur d'Israël, Yé'hezkel la fit remplacer par un chérubin.

Ainsi, le premier commandement affirme : "Je suis (אנכי) Hachem ton D.", faisant cas du chérubin (כרוב) à travers les initiales. Quant à la question de savoir pourquoi ce changement, alors qu'au départ il y avait plutôt la forme du taureau à la place, la réponse apparaît dans le 2e commandement : "Tu n'auras pas d'autres dieu devant Moi".
Et comme les juifs transgressèrent ce commandement en prenant l'image du taureau (à travers le veau) pour divinité, c'est pourquoi, par mesure de défense pour Israël, le taureau fut remplacé par un chérubin.
[d'après un midrach]

"Des ministres de mille (alafim - אלפים), de cent (méot - מאות), de cinquante ('hamichim - חמישים) et de dix (assarot - עשרות)" (Yitro 18,21)

-> Ces 4 catégories de juges sont qualifiées par la Torah et désignées : אלפים מאות חמישים עשרות . Or nos Sages enseignent que tant que la justice est rendue ici-bas, elle ne l'est pas en-haut. C'est à dire que rendre justice ici-bas par un système juridique honnête et loyal a la force d'adoucir la Rigueur Divine. Aussi, ce système proposé par Yitro celui d'installer ces différentes catégories de juges avait la force de calmer la rigueur Divine.
Ainsi, on pourra constater que les initiales des 4 types de Juges constituent les mêmes (dans le désordre) que les 4 catégories de rigueur mentionnées dans le verset : "Il est Miséricordieux, Il pardonnera la faute, Il ne détruira pas et abonde à calmer Sa Colère et n'éveille pas toute Sa Fureur", faisant appelle à 4 expressions de rigueur עון משחית אף חמה car elles viennent les adoucir.

De plus, quand la rigueur est adoucie dans le monde ici-bas, cela permet de révéler l'Unicité Divine, car Sa Bonté et Sa Miséricorde apparaissent. Or, le verset de l'Unicité est : "Ecoute (שמע) Israël, Hachem est notre D., Hachem est Un (אחד)". Si on prend le premier mot et le dernier mot, שמע אחד , on remarquera que les lettres centrales de ces mots מע אח constituent encore les initiales des différentes catégories de juges.
Cette réparation est aussi obtenue par les sacrifices offerts à Hachem, dont les 4 principaux מנחה עולה אשם חטאת (libation, holocauste, délictif et expiatoire) forment de nouveau les mêmes initiales.
[Zer Zahav]

"Le son du Shofar allait redoublant d’intensité; Moché parlait et D. lui répondait" (Yitro 19,19)

-> Rachi commente : "Habituellement, lorsqu’un homme sonne de la trompette, le son va s’affaiblissant avec le temps. Ici, il ‘allait se renforçant beaucoup’. Et pourquoi cela? Pour que l’oreille reste accoutumée à entendre ce qu’elle a l’habitude de comprendre".

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch émet l’hypothèse que Moché parlait pour exprimer la louange de D. et que D. lui répondait par le son du Shofar, pour lui, montrer qu’Il agréait ses paroles.

-> L’évènement du Mont Sinaï est rappelé dans le 'houmach Dévarim en ces termes : "Ces paroles, Hachem les adressa à toute votre assemblée sur la montagne, du milieu des feux, des nuées et de la brume, d’une voix puissante (le son du Shofar), sans y rien ajouter" (Vaét'hanan 5,18).
Le Targoum Onkelos traduit les mots "sans y rien ajouter" (vélo yassaf)" (concernant la voix du Shofar) par : "Elle ne s’arrêta pas".
Ainsi, le Keren David enseigne-t-il que notre verset : "Le son du Shofar allait redoublant d’intensité", signifie que le Son divin ne s’est pas interrompu, et au contraire, il redouble d’intensité de génération en génération.
De plus, le verset poursuit et explique comment s’opère cette intensification : "Moché parlera" = l’érudit qui s’appelle en fait Moché dira des 'hidouchim (commentaires innovants) de Torah quand arrivera leurs moments d’être divulgués, et cette divulgation constitue le son du Shofar divin du Don de la Torah, dont les paroles ont été transmises secrètement à Moché et seront dévoilées au fur et à mesure des générations.

-> Le Séfer haDrach véaIyoun explique : "Il est écrit littéralement : ‘Moché parlera et D. lui répondra par une voix.’ N’aurait-il pas dû être écrit : ‘Moché parlait et D. lui répondait’, au passé? Il en ressort que le son du Shofar qu’on entendit au Mont Sinaï proclama que, désormais, pour toutes les générations, lorsque "Moché parlera", c’est-à-dire lorsque le dirigeant de chaque génération dira quelque chose, il faut savoir que "D. lui répondra par une Voix" = la Voix de D. donnera son approbation aux paroles du Grand Maître de la génération.

-> Enfin, remarquons qu’il n’est pas dit "le Shofar", mais "la voix du Shofar", ce qui signifie, d’après l’explication du Zohar, le "message du Shofar". Or, ce message n’est autre que celui de la Liberté, étant donné que le nom "Shofar" ne réapparaît qu’une seule fois dans la Torah, et ce à propos de la proclamation de la liberté pour les esclaves et pour les terres, comme il est dit : "Tu feras circuler le retentissement du Shofar, dans le 7e mois, le 10e jour du mois : au jour des expiations, vous ferez retentir le son du Shofar à travers tout votre pays" (Béhar 25,9). L’annonce de la Délivrance finale aura lieu également sous le signe du Shofar : "En ce jour retentira le grand Shofar" (Yéchayahou 27,13).
=> Ainsi, le "message du Shofar" qui est celui de l’enseignement de la Torah est-il porteur de la véritable Liberté, comme l’enseigne nos Sages : "Il est dit: ‘Les Tables de la Loi étaient l’œuvre de D., et l’écriture était l’écriture de D. (‘Harout - חָרוּת) gravée sur les Tables’ (Ki Tissa 32,16). Ne lis pas ’Harout (gravée), mais ‘Hérout (liberté), car n’est réellement homme libre que celui qui s’adonne à l’étude de la Thora (le message du Shofar)" (Pirké Avot 6,2).

-> Le Kli Yakar (au verset 16) donne l'explication allégorique suivante. Il y a 2 sortes de sons mentionnées dans l’épisode du Mont Sinaï: le son du tonnerre et le son du Shofar, comme il est dit: "Il y eut des tonnerres ... et un son du Shofar très intense" (Yitro 19,16).
Ces 2 sons symbolisent deux catégories d’individus vieillissants qui reçurent la Thora: les érudits en Torah qui augmentent leur sagesse au fil du temps, et les ignorants qui dégénèrent progressivement.
Ainsi, à propos du son du Shofar – émis par la corne du bélier de Its’hak (modèle du tsadik) – est-il dit qu’il "allait redoublant d’intensité", à l’instar de la sagesse des anciens érudits en Torah qui grandit en permanence.
A noter que le mot Shofar (שופר) s’apparente au mot Chapérou (שפרו) [Maassékhem] (améliorez vos actions). En revanche, le son du tonnerre, issu du nuage épais, représente la grossièreté des ignorants dont la voix et l’éclat de la lumière ne sont qu’éphémères, et s’estompent avec l’âge.
[d'après feuillet de la communauté Sarcelles n°207 (5783)]

La fête de Pourim

-> 'Hazal : "lorsqu'arrive le mois d'Adar, la joie augmente" (Ta'anit 29a)  - à l'inverse : "lorsqu'arrive le mois d'Av, la joie diminue" (Ta'anit 29a).

Ainsi, un certain niveau de joie doit être toujours maintenu, comme l'enseigne Rabbi Na'hman de Breslev : "c'est une grande mitsva que d'être toujours joyeux" (Lekouté Moharan, Tinyanah 24), le roi David : "Servez H. avec joie ; venez devant lui avec des chants" (Téhilim 100;2), ...

Selon le Rambam, la joie fait tellement partie de notre vie que servir D. sans elle, est considéré comme une faute impardonnable pouvant entraîner notre propre destruction (cf.Dévarim 28;24 : "parce que vous n'avez pas servi H., votre D., avec joie et contentement de coeur ..." ; la présence divine ne se dévoila pas à Yaakov pendant les années où le moral était plus bas en raison de la disparition de Yossef, ...).

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-> "Il est une nation (yéchno am é'had)" (méguilat Esther 3,8)
Haman dit à A'hachvéroch : "Allons détruisons cette nation!"
A'hachvéroch dit à Haman : "Je crains que leur D. ne me fasse ce qu'Il a fait à mes prédécesseurs (qui ont voulu s'attaquer à ce peuple)."
Haman rétorqua : "Ils sont endormis (ils négligent) dans les commandements (yachnou min amitsvot)."
Le roi répondit : "Il y a des rabbanim parmi eux (qui observent les commandements et qui prieront pour eux)."
Haman ajouta : "Ils forment une seule nation (les rabbanim agissent comme le reste du peuple)."
[guémara Méguila 13b]

-> Pour calmer les appréhensions du roi A'hachvéroch, qui n'osait pas émettre un décret contre les juifs par peur de représailles du Ciel, Haman le rassure.
Il lui dit qu'ils sont endormis (yachnou) dans leur pratique des mitsvot, c'est-à-dire qu'ils accomplissent sans enthousiasme, sans intention (kavana) et mécaniquement (par habitude), à l'image d'un homme endormi dont l'esprit se retire de lui.
Leurs mitsvot accomplies de cette façon ne pourront donc pas les protéger, et tu n'as donc pas à craindre de sanction du Ciel.
[Divré Mordé'haï]

-> Le Ktav Sofer explique que le problème n'était pas qu'ils n'accomplissaient pas les mitsvot ; au contraire, ils les observaient assidûment. Mais, en réalité, ils ne les accomplissaient pas avec enthousiasme, empressement et joie, mais plutôt comme si elles étaient un poids sur leurs épaules (comme forcés).
D'ailleurs, la guémara (Méguila 11a) précise qu'une des causes du décret contre les juifs était leur inertie et leur paresse dans l'accomplissement des mitsvot et l'étude de la Torah.

-> Au début du verset (3,8) d'Esther, Haman aurait dû dire au roi : yéch am (il existe un peuple) ; s'il a dit : yéchno am, c'est pour faire allusion au mot : "chinouï" (changement - שנוי) qui se compose des mêmes lettres que "yéchno" (il existe - ישנו).
L'intention d'Haman était donc d'adresser le message suivant au roi A'hachvéroch : Les juifs ont changé les mitsvot et les valeurs de la Torah et ils ne vivent plus selon la halakha, donc tu n'as rien à craindre
[Maharcha]

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+ Pourim est-il réellement le jour le plus heureux de l'année?

Ta'anit (chapitre4, michna 8) : "il n'y a jamais eu de meilleurs jours pour Israel que le 15 du mois de Av et Yom Kippour".
Pour Kippour:
- Moshé est descendit ce jour là avec les 2e Tables de la Loi;
- chaque année, c'est ce jour-là uniquement que les fautes du peuple juif sont totalement pardonnées par D.

'Hazal : le nom "Yom haKippourim" peut être interprété comme "Yom kéPourim", c'est-à-dire un jour "comparable" à Pourim.
Par conséquent, comme Yom Kippour  est quasiment comme Pourim, donc Pourim est le plus grand jour de bonheur de l'année.

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+ Qu'a donc Pourim de si joyeux au point de mériter ce titre?

Les événements de Pourim nous rappellent que bien que nous soyons en exil, et qu'en apparence il puisse nous sembler que D. est absent, D. est toujours là, veillant sur nous, nous protégeant et s'assurant que même le plus infime détail de notre vie soit organisé pour notre bien.
Inversement, Haman (comme Amalek) agit en se conformant au principe que tout arrive par hasard (il se basa sur le caprice du hasard à l'aide d'un tirage au sort = "Pour" en perse, Goral en hébreu).
D. leur démontra le contraire ('Hazal : "en mazal léyisrael" - Israel n'est pas soumis aux aléas du hasard/ de la chance).

Pourim (terme pluriel désignant 2 sortes de Pour) est ainsi, le symbole du changement de perception entre la vision d'Haman, basée sur le hasard/chance et celle où la seul certitude c'est qu'à chaque instant tout vient de D. et que c'est ce qu'il y a de mieux pour moi.

Si nous chuchotons lorsque nous prions, c'est bien parce que D. ne se trouve pas à des kilomètres de nous, qu'Il est juste là, près de nous, constamment.
La fête de Pourim nous renforce dans la perception qu'on n'a pas à s'en faire pour quoi que ce soit, jamais, parce qu'il y a toujours Quelqu'un, juste là, Qui veille sur nous et nous soutient. Et ce Quelqu'un, c'est H., le Maître de l'Univers.
Quelle joie!!
Rien ne procure de plus grande joie que cette certitude !!

Source : adapté du livre "au coeur de Pourim" d'Aryeh Pin'has Strickoff