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Crainte & amour d’Hachem – Transcendance & immanence

+ Crainte & amour d'Hachem - Transcendance & immanence :

"Vous vous prosternerez à distance" (Michpatim 24,1)

-> Pour ainsi dire, il y a 2 aspects à D., c'est-à-dire en ce qui concerne la façon dont Il se rapporte à la création : distant et proche, c'est-à-dire transcendant et immanent.
Il est distant, car, comme nous le croyons, la lumière du Ein Sof (l'Infini) est primordiale et précède toutes les autres formes d'existence. C'est pourquoi aucune créature ne peut le comprendre.
Il est impossible à la faculté de penser de Le saisir, puisque la pensée elle-même est une création et que Hachem a précédé toute la création.
Aucun ange céleste, aucun ofan ou séraphin ne peut même Le comprendre, car Il est au-delà de toute compréhension. C'est ce que nous voulons dire lorsque nous disons qu'Il est loin : Il est éloigné de toute compréhension.

D'autre part, D. est proche, car, comme nous le croyons, Hachem remplit tous les mondes (il se trouve à l'intérieur de tous les mondes, il entoure tous les mondes, et aucun endroit n'est vide de Lui), car "toute la terre est remplie de Sa gloire". C'est son aspect immanent.

Le peuple juif est tenu de croire aux 2 aspects : qu'Hachem est à la fois distant et proche.
C'est le sens profond des versets : "Que la paix soit sur ceux qui sont loin et sur ceux qui sont proches, dit D." (Yéchayahou 57,19). Il s'agit des justes qui croient que Hachem est à la fois lointain et proche, et en réponse à ces personnes qui manifestent cette croyance appropriée en D., alors D. accorde toutes sortes de bienfaits à ce monde.

Il existe deux émotions fondamentales : la crainte et l'amour.
Nous ne craignons que ce qui nous dépasse. En réponse à la transcendance de D., nous ressentons de la peur ou de la crainte. Mais en réponse à la proximité de D., nous ressentons de l'amour.
Sur cette base, le verset dit : "Vous vous prosternerez" = puisque le peuple juif craignait Hachem "à distance". Le mot "à distance" (méra'hok) peut être interprété comme signifiant "en raison de" : C'est parce qu'on a pris conscience de la distance de D. que le peuple juif a atteint la crainte de D.

On peut aussi expliquer le verset comme suit : Le Arizal (Pri Ets 'Haïm - chaar kriat séfer Torah 10) écrit qu'en prononçant les mots de la prière Alénou léchabéa'h qui disent "Et nous nous prosternons" (ana'hnou michta'havim), nous devrions être conscients qu'en nous prosternant, nous attirons dans le monde une abondante générosité de la part de l'Infini.
C'est le sens profond de notre verset : "Vous vous prosternerez", ce qui signifie, puisque la prosternation fait allusion à l'abaissement de quelque chose, qu'il a été dit au peuple juif d'attirer une abondante générosité "de loin", c'est-à-dire en raison de leur conscience de la dimension transcendante d'Hachem, ce qui les amène à Le craindre.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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-> La conscience de la transcendance de D. nous amène à le craindre ; la conscience de son immanence nous amène à l'aimer.

"De peur qu'ils ne se frayent un chemin jusqu'à D. pour voir" (Yitro 19,21)

-> Il s'agit de l'interdiction faite par D. au peuple juif, juste avant le don de la Torah, de s'approcher de la montagne.
[Rachi : "Avertis-les pour qu’ils ne montent pas sur la montagne [Sinaï]". (ils n'avaient pas le droit de dépasser une clôture)]

-> Ramban (haEmouna véhaBita'hon 19) explique à propos du verset : "Ne réveillez ni n'éveillez l'amour tant qu'il n'est pas désiré" (Chir haChirim 2,7) que lorsqu'une personne est inspirée par l'amour ou la crainte d'Hachem, elle doit immédiatement accomplir une mitsva, afin de "contracter", c'est-à-dire d'intérioriser, l'amour et la crainte d'Hachem.
Tant qu'on n'accomplit pas de mitsva, on peut être confronté à des batailles internes. Mais une fois qu'on réalise une mitsva motivée par cette crainte et cet amour, l'amour et la crainte sont intériorisés et toutes les luttes s'évaporent.
La mitsva qu'on accomplit sert alors de réceptacle dans lequel l'inspiration d'En-Haut peut se reposer. C'est ce que signifie l'expression : "jusqu'à ce qu'il soit désiré". Le mot pour "il est désireux" (té'hpats) peut également signifier "il devient un récipient".
[voir le commentaire de Ramban (citant Shevouot 38b) dans lequel il relie le mot hébreu 'héféts au mot araméen pour "objet" ['héftsa].

-> Lorsqu'il s'est tenu sur le mont Sinaï pour recevoir la Torah, le peuple juif a éprouvé une crainte et un amour intenses pour Hachem. Ils avaient cependant besoin d'un objet dans lequel ils pouvaient concentrer cette crainte et cet amour.
La guémara (Kidouchin 39b) explique : "Celui qui s'abstient de fauter est considéré comme s'il avait accompli un commandement positif".
En d'autres termes, lorsqu'une personne a l'occasion de fauter mais s'en abstient, c'est comme si elle avait accompli un commandement positif.
Par conséquent, à l'époque du don de la Torah, lorsque le peuple juif a observé la mitsva de ne pas empiéter sur les limites du mont Sinaï, sa crainte et son amour de D. ont été concentrés dans cette mitsva et donc intériorisés, car cela a été considéré comme s'ils avaient réalisé un commandement positif.

C'est pourquoi la fête de Shavouot, qui célèbre le don de la Torah, est également appelée Atséret (guémara Méguila 30b), ce qui signifie "clôture" et "arrêt".
Le peuple juif a ressenti cet amour et cette crainte de D. juste avant le don de la Torah, et nous revivons cette anticipation chaque année à la veille de la fête de Shavouot.
Comme le disent nos Sages à propos du verset : "Moché rapporta les paroles du peuple à D. ... et ils dirent : "Tout ce que D. a dit, nous le ferons et nous y obéirons"" (Yitro 19,8).
Au moment du don de la Torah, une fois qu'ils ont observé le commandement de ne pas s'approcher de la montagne, la crainte et l'amour qu'ils éprouvaient ont été intériorisés. C'est pour cette raison que cette fête est également appelée Atséret, ce qui signifie "clôture", afin de commémorer cette dévotion.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Yitro 19,21 ]

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-> Il est nécessaire de canaliser l'amour et la crainte de D. dans une expression pratique (mitsva positive ou négative) afin qu'ils ne se dissipent pas. À Shavouot, nous pouvons faire l'expérience de la gloire transcendante et cachée de D.

La midda de Vérité

+ La midda de émet (vérité) :

-> Dans la prière de Cha'harit, nous récitons les mots : "Emet vé'émouna 'hok vélo yaavor" (c'est une loi vraie et fidèle, qui ne sera jamais annulée.)
Le rabbi de Kobrin explique que chaque midda a son temps et son lieu. Il y a des moments où une middahdoit être utilisée pour servir Hachem et des moments où d'autres middot doivent être utilisées.
L'exception à cette règle est la midda de "émet véémouna", qui est "une loi qui ne sera jamais annulée", c'est-à-dire qu'il s'agit d'une midda qui doit être utilisée à tout moment.

Hachem descend vers nous :

"Et ils feront un sanctuaire (Mikdach) pour Moi, et Je demeurerai parmi eux" (véassou li mikdach vécha'hanti béto'han - Térouma 25,8)

-> Le séfer Ohr Lachamayim explique que le verset nous enseigne que si quelqu’un veut s’élever et se connecter à Hachem, Hachem descendra Lui-même, pour ainsi dire, pour élever la personne et la rapprocher de Lui.
En conséquence, le verset dit : "Et ils me feront un Mikdach" = ce qui signifie que l'on doit se sanctifier et faire tout ce qu’on peut pour s’élever.
Une fois qu'on le fera : "Je demeurerai parmi eux"= Hachem viendra à nous et nous permettra de nous connecter à Lui.

+ Rav Houna dit au nom du Rav, qui l'a dit au nom de Rabbi Meïr : ... Les paroles d'une personne devant Hachem doivent toujours être peu nombreuses. [guémara Béra'hot 6la]

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) commente :
Puisque D. connaît l'avenir et tout ce qui est caché, Il sait mieux que nous ce dont nous avons besoin. Alors quel est le but de prier pour nos besoins?

La prière est nécessaire pour clarifier notre croyance en la Providence divine :
Lorsque nous prions Hachem pour nos besoins, nous renforçons notre conviction que tout est entre Ses mains, même la nature. Tout est fait par Sa Providence ; il n'est donc pas nécessaire d'entrer dans les détails de nos besoins.

Il me semble toutefois que cet avertissement ne s'applique qu'à la prière en public. Lorsque nous prions en privé ou en silence, il n'y a rien de mal à élaborer sur nos besoins.

L’exil en Egypte (5e partie)

+++ L'exil en Egypte (5e partie) :

-> En Egypte, miraculeusement, un juif qui s'approchait du Nil avec un bidon pouvait facilement attraper de petits poissons qui nageaient directement dans le récipient. [midrach Chémot rabba 1:12).

En ce sens, Lorsque les femmes se rendaient au Nil pour puiser de l'eau pour leurs maris, de petits poissons nageaient miraculeusement dans leurs jarres qu'elles emportaient ensuite pour nourrir leurs maris avec l'eau qu'elles avaient recueillie. Les femmes restaient ensuite avec leurs maris pour les encourager et les soutenir. Pour cet acte, la guémara (Sotah 11b) les qualifie de "justes" et écrit qu'à leur mérite, la nation entière a mérité la rédemption.
Il est intéressant de noter que le Maharcha ('Hidouché Halakhot) note que les poissons qui ont nagé dans les jarres ont fait allusion à la prolifération de la nation.

Cependant, Rabbénou Bé'hayé (Béaaloté'ha 11,5) écrit que les égyptiens n'autorisaient le peuple juif à manger que du poisson pourri âgé de 4 ou 5 jours.
Le Toldot Its'hak (Béaaloté'ha 11,5) explique que les égyptiens donnaient même le poisson gratuitement à leurs esclaves juifs afin qu'ils souffrent et meurent en mangeant le poisson putride.

Afin de les maintenir en vie avec le strict minimum, Pharaon alloua de la matsa à ses esclaves, car la matsa est un aliment lourd et très lent à digérer. Ainsi, on peut survivre avec de très petites quantités (Aboudraham - Pérouch haHaggada 4).
Pour nous en souvenir pendant la nuit du Séder, la Haggada nous demande de déclarer sur la matsa : "Ceci est le pain d'affliction que nos ancêtres ont mangé dans le pays d'Égypte".

-> Le Alchikh haKadoch (Torat Moché - Chémot 1,7) explique que la bénédiction accordée à la nation juive en esclavage était que les femmes donnent naissance immédiatement, 9 ou 10 mois après la naissance de leurs enfants précédents.

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-> Le midrach (Yalkout Réouvéni - Arachim Kelev 10) explique que les magiciens égyptiens utilisaient la sorcellerie pour garder les frontières de l'Égypte en formant des portes à partir d'images d'animaux tels qu'un cheval ou un chien, et si quelqu'un essayait de s'échapper, l'animal ensorcelé à la porte brairait ou aboierait (selon l'animal), déclenchant ainsi l'appel de tous les animaux de son espèce à travers tout le pays. De cette manière, les égyptiens savaient non seulement que quelqu'un s'était échappé, mais aussi par quelle porte. Il leur était donc facile de retrouver le fugitif.

Le midrach (Mékhilta - Yitro 1) raconte que jusqu'à ce que le peuple juif sorte au complet, aucun esclave n'avait réussi à s'échapper d'Égypte.

-> Outre le danger de mort auquel le peuple juif était constamment exposé sur les chantiers de construction (midrach Chémot rabba 1,10), les égyptiens n'avaient aucun scrupule à mutiler les juifs sans raison.
Les égyptiens forçaient le peuple juif à chasser des ours sauvages, sachant qu'ils seraient gravement blessés ou tués (midrach Yalkout Chimoni - Chémot 7:182).
En fait, le midrach (Bamidbar rabba 7,1) nous apprend que la majorité des juifs ont été mutilés pendant leur servitude. Beaucoup sont devenus aveugles ou ont perdu des membres à cause des dangers auxquels ils étaient constamment confrontés, et ceux qui ont fini par quitter l'Égypte étaient meurtris et brisés.
Cependant, alors que le peuple se tenait sur le mont Sinaï et se préparait à recevoir la Torah, Hachem décida qu'il n'était pas convenable de donner la Torah à une nation infirme. Il envoya donc des anges pour guérir tous leurs maux.

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-> Bien qu'il ait grandi dans le palais en tant que prince égyptien, Moché était peiné jusqu'aux larmes lorsqu'il voyait ses frères en servitude. Il allait vers eux, les aidait à porter leurs charges et usait de son autorité pour leur faciliter les choses, les traitant ostensiblement avec dureté, mais en réalité les aidant et les réconfortant chaque fois qu'il le pouvait (midrach Chémot rabba 1,27).

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 2:167) rapporte que, bien que Pharaon ait reçu de nombreux rapports concernant la compassion de Moché envers le peuple juif, il est resté silencieux. Mais une fois que Moché fut accusé d'avoir tué un égyptien, ce fut trop pour Pharaon, et il condamna Moché à la mort par décapitation.

-> Le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 2:167) ajoute que lorsque Moché fut sur le point d'être exécuté, son cou se transforma en marbre et la lame du bourreau ricocha, le tuant avec sa propre épée, après quoi Hachem fit un autre miracle et provoqua l'incapacité des gardes, permettant à Moché de s'échapper sans être vu. Certains gardes devinrent aveugles, d'autres muets ou sourds.
Ainsi, lorsque Pharaon demanda à ses gardes de lui dire où Moché s'était enfui, ils ne virent rien, ne purent pas répondre ou n'entendirent même pas sa question.
Finalement, Moché s'enfuit d'Égypte et se dirigea vers Midiyan (Chémot 2,15).

-> En prévision de la délivrance, Hachem dit à Moché de retourner en Egypte (Ibn Ezra - Chémot 2:23). Selon le Ramban, 6 ans se sont écoulés, et comme le dit le verset, Moché est alors âgé de 80 ans.

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+ Moché fut puni pour ne pas avoir réprimandé Adam Harichone :

-> Moché vit un Égyptien frapper un Hébreu, prononça le Nom explicite de Dieu et tua l'Égyptien. Après cet incident, Datan et Aviram dénoncèrent Moché à Pharaon, qui décida de tuer Moché, sans pour autant y parvenir. Moché fuit vers Midyan.
Comment Pharaon tenta-t-il de mettre fin aux jours de Moché ?

Rachi commente (Chémot 2,15) que Pharaon livra Moché au bourreau pour le mettre à mort, mais l'épée n'eut pas de prise sur lui. L'exécuteur est un homme préposé à découper les membres du condamné. Nos Sages (midrach Chémot rabba 1,31) nous révèlent que Pharaon munit ce bourreau d'une épée incroyable.
Celui-ci la passa dix fois sur le cou de Moché, mais le cou de Moché fut comme du marbre et l'épée ne lui occasionna aucun dommage. C'est ce qui est écrit : "Ton cou est comme une tour d'ivoire".

Le Rama de Pano pose une question de taille : l'épée n'a pas pour fonction de couper les têtes, mais plutôt de percer ou de poignarder.
Il est possible de le faire, mais c'est comme un homme qui prendrait un marteau pour casser des noix, alors qu'il est en général utilisé pour
planter des clous. Pourquoi Moché fut-il puni dans ce sens qu'ils tentèrent de lui trancher la gorge et qu'ils n'essayèrent pas de le poignarder?

De plus, nos Sages nous enseignent que Moché prit la fuite vers Midyan et fut en exil durant soixante ans. C'est fort étonnant.
Pourquoi Moché Rabbénou fut-il puni aussi sévèrement? Il fut le père de tous les prophètes et le fleuron de l'Humanité, pourquoi dut-il vivre en exil la moitié de sa vie?
De plus, il vécut vingt ans à Midyan, durant lesquels il fut emprisonné dix ans. Sans la nourriture que Tsipora lui procura, il serait mort. Pourquoi tant de souffrances ?

Le Rama de Pano nous explique ce qui est rapporté dans le midrach (Chémot rabba 40,3) que toutes les âmes des justes sont liées aux membres d'Adam Harichone. Chaque être humain a une trachée et un œsophage.
La trachée conduit les aliments solides et les liquides. L'œsophage n'est pas du tout concerné par cette fonction. Lorsqu'Adam Harichone mangea de l'arbre de la connaissance, la trachée fut endommagée et laissa l'œsophage intact.

Puisque les âmes des justes sont liées aux membres d'Adam
Harichone, elles participèrent elles aussi à sa faute. L'âme de Moché avait un lien avec l'œsophage d'Adam Harichone, étant donné que celui-ci ne profita pas de la nourriture, puisque la nourriture ne passa pas par lui, il n'est donc pas associé à la faute de l'arbre de la connaissance.

Mais Hachem reprocha tout de même à Moché de ne pas avoir empêché la faute. Celui qui ne réprimande pas les pécheurs devient leur associé ! Moché devint donc aussi partenaire de la faute d'Adam Harichone et fut puni pour cela.
Comment le fut-il?

Le bourreau de Pharaon tenta de le tuer en sectionnant la trachée, mesure pour mesure, car il ne réprimanda pas Adam Harichone, son âme étant liée à sa trachée.
Mais puisqu'après tout, Moché ne tira pas profit de la faute de l'arbre de la connaissance, son cou devint comme une tour d'ivoire et il fut intouchable. Sa punition fut d'éprouver de la peur et de l'incertitude, mais il ne mérita pas la mort.

Il subit l'exil durant la moitié de sa vie, comme celui qui commet un crime involontairement et qui part en exil.

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-> Pharaon était atteint de tzaraat (une sorte de lèpre), et son traitement consistait à se baigner dans le sang d'enfants juifs. Pharaon fit donc tuer 300 bébés juifs par jour : 150 le jour et 150 la nuit (midrach Chémot rabba 1,34).

Selon le Taz (Chémot 2,23), tous les parents qui ont pleuré lorsque leurs bébés leur ont été arrachés et envoyés pour fournir un "remède" à Pharaon sous la forme de son bain de sang biquotidien ont été considérés comme des traîtres pour avoir refusé de fournir les moyens de soulager la douleur de Pharaon.

-> Le midrach rapporte que des enfants juifs étaient enlevés par les égyptiens et brûlés vifs dans des creusets ardents en guise de sacrifice aux dieux égyptiens. [Yalkut Shimoni, Devarim, 4:826, et Rashi, Devarim 4:20]

-> Le Tour ha'Aroukh (Chémot 5,4) écrit que des enfants âgés d'à peine 9 ans étaient forcés de travailler dur.

-> Le midrach (Chémot rabba 1,28) explique que la journée de travail de nombreux esclaves commençait à l'aube.

-> Les égyptiens n'hésitaient pas à utiliser le peuple juif pour tous les travaux qu'ils désiraient, même les plus difficiles. En fait, ils se souciaient davantage de leurs animaux que du bien-être de leurs esclaves juifs, remplaçant souvent leurs bœufs par des esclaves afin de ne pas surcharger leurs animaux (Méam Loez - Chémot 9,6).

-> Pitom et Ramsès :
Ramsès se trouvait à côté de Gochen (Radak - Vayigach 47,11).
Bien que le verset (Chémot 1,11) implique qu'il y avait 2 villes distinctes : Pitom et Ramsès, la guémara (Sotah 11a) explique qu'il s'agissait en fait d'une seule ville, appelée soit Pitom, soit Ramsès.
La guémara note également à quel point l'endroit était dangereux, révélant que les bâtiments s'effondraient constamment.
Fournissant des informations supplémentaires, Tossefot (Pérouch Baalé haTossefot - Chémot 1,11) écrit que les chantiers de construction s'effondraient sans avertissement, et parce qu'ils s'effondraient si régulièrement, créant une charge de travail sans fin pour les esclaves juifs, c'est le seul endroit où le peuple juif a travaillé pendant toute la durée de son esclavage.

Sur les chantiers de Pitom et Ramsès, le midrach ( HaGadol - Chémot 1,11) explique que le danger pour la vie était si grand qu'il était fréquent que des esclaves juifs tombent morts en travaillant sur le bâtiment, et qu'il était tout aussi courant que le bâtiment s'effondre et tue les esclaves qui se trouvaient en dessous.
Même ceux qui s'en sortaient vivants restaient souvent blessés, mutilés ou aveugles à cause des dangers qu'ils avaient rencontrés sur le chantier (midrach Bamidbar rabba 7,1).

-> Le midrach (Chémot rabba 1,28) nous dit que pour chaque maître égyptien, il y avait 10 policiers juifs, chacun d'entre eux étant responsable de 10 esclaves juifs.

-> Le Ramban (Chémot 1,11) explique que les maîtres d'œuvre égyptiens tyrannisaient les esclaves, battant et maudissant quiconque osait s'arrêter de travailler pour un moment de repos.
Même s'ils tentaient de se gratter, ils étaient battus (midrach Aggadda - Chémot 9,10).

-> Le midrach (Chémot rabba 5,18) raconte que le quota quotidien de briques de chaque personne a été fixé dès le premier jour de travail, lorsque Pharaon, dans son plan pour piéger le peuple juif et le réduire en esclavage, leur a parlé de la richesse qu'ils recevraient pour chaque brique. Une fois que les maîtres d'œuvre égyptiens avaient noté le nombre de briques que chaque personne était capable de fabriquer, c'est ce nombre qu'elle était obligée de produire chaque jour.
Selon le Séfer haYachar (Chémot 25), si le quota quotidien de briques n'était pas atteint, ne serait-ce que d'une brique, le plus jeune enfant était placé dans le mur à sa place.

Avec ce décret, le midrach (Séfer haYachar - Chémot 39) décrit ensuite la scène horrifiante des égyptiens arrachant des bébés juifs à leurs mères afin de remplir un quota de briques insuffisant et les enfonçant à la place des briques alors que les bébés étaient encore vivants. Cette expérience effroyable était d'autant plus traumatisante que les cris des bébés pouvaient encore être entendus de l'intérieur du mur.

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-> La mort de Pharaon :
La Torah décrit la mort physique du roi tyrannique d'Égypte (Chémot 2,23).
Cependant, le Zohar (2:19a) explique que sa mort a également signifié un changement dans les Cieux. Il s'agit de la chute de l'Ange Tutélaire de l'Égypte, qui occupait une position importante dans le monde spirituel et qu'Hachem avait autorisé à supprimer le peuple juif et à empêcher ses prières de parvenir jusqu'à Lui.
Avec la chute de cet ange, explique le Zohar, les cris du peuple juif n'étaient plus empêchés d'atteindre Hachem.
[Il convient de noter que ces concepts sont bien plus profonds que ce que l'intellect humain peut comprendre, mais une chose est sûre, les divers Anges gardiens et le fonctionnement du système céleste ne sont que des manifestations de la volonté d'Hachem]

-> Le midrach Séfer HaYachar (Chémot 38) explique que pendant 3 ans, le corps de Pharaon s'est décomposé alors qu'il était encore en vie. Il mourut dans l'agonie et la terreur, et à la fin de sa vie, son corps était trop pourri et malodorant pour être approché, et sa chair empestait comme celle d'une carcasse laissée en putréfaction sous le soleil brûlant.
C'est pourquoi son enterrement à Tzoan se fit en toute hâte, sans l'embaumement traditionnel.

-> Le peuple juif pensait que le fils de Pharaon, le successeur au trône, ne pouvait pas être aussi racha (méchant) que son père, et c'est pourquoi il attendait avec impatience la mort de Pharaon qui, pensait-il, mettrait fin à ses souffrances (Daat Zékénim - Chémot 2,23).
Malheureusement, ils se trompaient lourdement, et le nouveau roi était bien pire que son prédécesseur (Tour ha'Aroukh - Chémot 2,23).
Le Panim Yafot (Chémot 2,23) explique pourquoi : bien que le premier Pharaon ait agi comme s'il ne connaissait pas Yossef, il le connaissait néanmoins et l'influence positive que Yossef avait sur Pharaon et sur l'Égypte dans son ensemble, signifiait que Pharaon ne pouvait pas se résoudre à agir avec une tyrannie extrême.
Cependant, le nouveau Pharaon ne connaissait vraiment pas Yossef et n'avait donc aucune bataille interne pour le retenir d'agir sans aucune mesure de miséricorde envers le peuple juif.
Le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou - Chémot 2,23) écrit que tant que le premier pharaon était en vie, le peuple égyptien adhérait à un certain degré de légitimité. La cruauté qu'ils infligeaient nécessitait au moins un semblant de justification. Cependant, après la mort de Pharaon, chaque égyptien était libre de persécuter le peuple juif de la manière qu'il voulait, sans aucune justification.

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-> Le midrach (Chémot rabba 5,18) explique que la nation juive avait en sa possession des parchemins qu'elle parcourait chaque Shabbath afin d'instiller et d'encourager la certitude qu'elle mériterait effectivement d'être délivrée d'Egypte.

-> En représailles à la demande de Moché et d'Aharon de libérer le peuple juif de son travail, et dans une tentative d'anéantir les espoirs qui avaient été allumés au sein de la nation, le jour même, Pharaon a émis un décret sévère selon lequel les esclaves juifs devaient trouver leur propre paille pour fabriquer des briques (Chémot 5,4-5, avec Rachi) tout en maintenant leur quota quotidien (Chémot 5,8).

Le peuple juif devait maintenant travailler le Shabbath pour ramasser de la paille afin de s'assurer que son quota de briques serait atteint. En réalité, la seule intention de Pharaon était de les maintenir si occupés qu'ils n'auraient même pas le temps de penser à la rédemption (Méam Lỏez - Chémot 5,18).
Le Eitz Yosef écrit que Moché allait voir chacun des sages avec le Séfer Iyov pour leur enseigner et les rassurer sur le fait que tous ceux qui ont confiance en Hachem verront la fin de leurs souffrances et feront l'expérience de la bonté et de la gentillesse d'Hachem.
Réalisant que la source de leur encouragement et de leur espoir de rédemption provenait du Shabbath, Pharaon leur refusa le temps de réfléchir à ces questions en insistant pour qu'ils travaillent ce jour-là.

-> Bien que Pharaon ait décrété que le peuple juif devait trouver sa propre paille pour fabriquer des briques, il a également interdit à tous les égyptiens de leur fournir de la paille. Le peuple juif devait donc risquer sa vie pour ramasser de la paille, car s'il était pris dans le champ d'un égyptien, il était sauvagement battu. C'est pourquoi ils étaient obligés de se disperser dans toute l'Égypte pour trouver des bouts de paille éparpillés.
Une fois qu'ils avaient trouvé de la paille, explique le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 4:176), ils devaient la piétiner pour en extraire l'ivraie, en dépit de l'immense douleur et des blessures hémorragiques qui en résultaient.
Le Méam Loez (Chémot 1,14) écrit que lorsqu'ils parvenaient enfin à se rassembler pour former une brique, celle-ci s'effondrait souvent en morceaux, ce qui les obligeait à recommencer le processus depuis le début.

Le 'Hizkouni (Chémot 5,12) note qu'Hachem a spécifiquement orchestré la collecte de la paille dans tous les coins de l'Égypte afin que chaque égyptien rencontre des membres de la nation juive. Le résultat fut que tous les égyptiens prirent part à la poursuite et au passage à tabac des esclaves juifs, même les esclaves égyptiens et les filles esclaves jouèrent un rôle.
Ainsi, aucun égyptien ne pouvait prétendre qu'Hachem avait agi de manière injuste ou sans discernement lorsqu'Il leur a infligé les fléaux.

-> Toute la famille était impliquée dans ce processus : les conjoints, les enfants et même les petits-enfants étaient tous recrutés afin de maintenir le quota de briques. [Pirké déRabbi Eliezer - Chémot 48]

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-> Emprunter leurs trésors :
Moché demanda au peuple juif de demander aux égyptiens de leur "emprunter" leurs objets de valeur (Bo 11,2).
Le Ran (drachot haRan 11) note que, bien que le peuple ait trouvé cette demande étrange, il a néanmoins acquiescé.
À l'insu du peuple juif de l'époque, et peut-être même, dit le Ran, de Moché lui-même, tout cela faisait partie du plan d'Hachem visant à encourager les égyptiens à poursuivre la nation juive et à les suivre dans la mer où ils seraient noyés en représailles de la noyade des garçons juifs.
Le Ran conclut en disant que, de même que le peuple juif n'a réalisé le plan d'Hachem qu'au moment de sa rédemption sur la mer, de même, nous devons faire confiance à Hachem et savoir qu'au moment de notre rédemption finale (guéoula), nous comprendrons nous aussi comment même les périodes les plus sombres de notre histoire ont conduit directement à la rédemption ultime.

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-> Du ventre de l'Égypte :
Décrivant le grand miracle de la sortie d'Égypte et la capacité unique d'Hachem à accomplir un tel exploit, Moché dit au peuple juif : "Il n'y a Et quelle divinité entreprit jamais d'aller se chercher un peuple au milieu d'un autre peuple" (Vaét'hanan 4,34)
Le midrach (Mékhilta - Béchala'h 6) dit que "une nation du milieu d'une autre nation" est comparable à quelqu'un qui sort un veau du ventre de sa mère.

Le Maharal (Guévourot Hachem - 3) explique en outre que le peuple juif était tellement ancré dans la mentalité égyptienne qu'il ne possédait pas d'identité propre et indépendante. Ils étaient peut-être un segment différent de l'Égypte, mais ils faisaient toujours partie de l'Égypte à tous égards. Et bien qu'ils aient été libérés de l'asservissement physique, ils ont continué à être asservis mentalement.
Ainsi, ils n'auraient jamais pu servir Hachem dans ces circonstances, même si rien ne les empêchait physiquement de le faire.
Le Maharal explique qu'il s'agit là de la comparaison entre le peuple juif et un veau que l'on sort du ventre de sa mère. En effet, de même qu'un veau n'a pas d'indépendance et n'est qu'un membre de sa mère tant qu'il n'est pas séparé, de même, le peuple juif avait un lien intrinsèque et inséparable avec l'Égypte.

Miraculeusement, donc, le "bras tendu" d'Hachem" (Vaéra 6,6) est venu au milieu de l'Égypte et a rompu ce lien. L'Esprit Saint et la Lumière coupèrent ce lien, amenant le peuple juif à devenir une entité indépendante, qui n'était plus liée à la mentalité égyptienne qu'ils avaient développée pendant leur séjour en Égypte. Désormais, ils étaient libres de servir Hachem.

[de même on demande à Hachem de nous sortir de l'exil (physiquement), mais également de sortir l'exil de notre cœur. ]

-> Du sang sur les montants des portes :
La Torah nous dit que le sang que le peuple juif a étalé sur ses portes a servi de signe pour qu'Hachem passe au-dessus de leur maison et ne lui inflige pas de fléau ou de punition lors de son passage en Égypte (Bo 12,13). Il ne s'agissait pas simplement d'un signe pour "dire" à Hachem que des juifs vivaient dans cette maison et qu'Il ne devait pas leur faire de mal, car, bien sûr, Hachem est Omniscient et n'a besoin d'aucun indice pour lui dire quoi que ce soit, mais il s'agissait plutôt d'un signe pour le peuple juif lui-même, et c'est pour cette raison que le sang a été placé à l'intérieur (Rachi, ibid.).
Mais que représentait ce signe?

Rabbénou Bé'hayé (Bo 12,13) répond que quiconque était prêt à faire confiance à Hachem, malgré l'énorme danger qu'il courait en abattant publiquement le dieu égyptien, était considéré comme juste et méritait la protection d'Hachem.
Cet acte courageux n'était donc pas un signe pour Hachem, mais plutôt un signe pour le peuple juif qui s'était enfin débarrassé des derniers vestiges de sa mentalité égyptienne et s'était désormais engagé envers Hachem.
Pour démontrer une fois de plus la grande confiance que la nation avait dans la protection d'Hachem, et comme une dernière démonstration courageuse de dérision envers la divinité de l'Égypte, le peuple juif mangea l'agneau entier et jeta le squelette entier dans la rue où les chiens déchiquetèrent les os et coururent avec eux dans tout le pays, exaspérant les Égyptiens (Zohar 2:41b).

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-> Vider l'Égypte :
Lorsque la nation juive a quitté l'Égypte, le verset dit que le pays était "vidé" (Bo 12,36 avec Rachi).
À première vue, il s'agit de la richesse que la nation a emportée avec elle.
Le Tsla'h, cependant, donne une interprétation plus profonde de ces mots, basée sur une compréhension kabbalistique de l'objectif des différents exils auxquels la nation juive a dû faire face tout au long de l'histoire.
Expliquant la guémara (Pessa'him 87b) qui dit qu'Hachem n'a exilé Israël que pour augmenter le nombre de convertis qui rejoindraient le peuple juif, le Tsla'h écrit que les conséquences spirituelles de la faute originelle d'Adam ont été que des étincelles de sainteté ont été dispersées à travers le monde.
La mission du peuple juif est de retrouver ces étincelles de sainteté et de les reconnecter à leur source (voir aussi Ohr ha'Haïm - Ki Tétsé 21,11).
Ainsi, lorsque la Torah nous dit que l'Égypte a été "vidée", elle fait référence aux étincelles de sainteté qui sont parties avec le peuple juif, les nombreux convertis qui ont été "vidés" de l'Égypte et rattachés à la nation juive (voir Bo 12,38 avec Rashi).
En conséquence, écrit le Tsla'h, au moment de quitter l'Égypte, le but du peuple juif y était complet, et par conséquent, puisqu'il n'a pas laissé derrière lui une seule étincelle, il n'y avait aucune raison pour un juif d'y retourner (Béra'hot 9b).

Il est intéressant de noter que le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Béra'hot 9b) explique que le différend entre les décisionnaires (poskim) sur la question de savoir si cette interdiction s'applique encore aujourd'hui est basé sur le fait que les étincelles sont retournées en Égypte après que les juifs ont transgressé cette interdiction et y sont retournés.

Enfin, le 'Hida (Maarit haAyin - Pessa'him 87b) écrit que lorsqu'un juif étudie la Torah, accomplit les mitsvot, ou fait face à un certain degré de souffrance dans un endroit où se cachent les étincelles de sainteté éparses, les étincelles saintes peuvent être spirituellement éveillées par sa présence en ce lieu.
Dans cette veine, conclut le Chida, une personne peut se rendre dans un endroit lointain en pensant que c'est pour son propre bénéfice ou ses besoins personnels, mais en réalité, Hachem l'a orchestré parce que son âme a la capacité unique d'extraire les étincelles cachées dans cet endroit, et c'est la véritable raison pour laquelle il a été guidé là-bas.

L’exil en Egypte (4e partie)

+++ L'exil en Egypte (4e partie) :

-> Le midrach (Vayikra rabba 1,3) qualifie Batya (fille de Pharaon) de rebelle, racontant que Batya épousa plus tard Kalev, un autre rebelle vertueux.
En effet, Kalev s'est rebellé contre le rapport des espions et Batya s'est rebellée contre son père. "Que le rebelle vienne et qu'il se marie avec la rebelle. L'un a sauvé le troupeau (Israël), l'autre a sauvé le berger (Moché)".
[ les explorateurs étaient des hommes ayant un niveau spirituel extrêmement élevé, au point que selon le Ramban, ils sont cités par ordre d'importance : Kalev est en 3e position et Yéhochoua (qui sera le successeur de Moché) est en 5e. ]

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-> Le midrach (Léka'h Tov 2:6) nous dit que le jour où Batya est descendu au fleuve et a découvert Moché était le 6 Sivan, le jour où le peuple juif était destiné à recevoir la Torah.

-> La Torah Chéléma (Chémot 2,5 - note 40) écrit que pendant que Batya allait se "baigner" au bord du fleuve, ses servantes marchaient le long de la rivière à la recherche de pierres précieuses. Elles cherchaient également des bébés juifs à jeter dans l'eau.
Le Ohr HaChaim (Chémot 2,5) explique que la princesse (Batya) n'était pas autorisée à rester seule un instant au bord du fleuve. Elle devait plutôt choisir une dame spéciale de son entourage royal qui aurait l'honneur de s'occuper des besoins les plus intimes de la princesse.

-> Batya descendit au bord du Nil pour se purifier des idoles de la maison de son père, s'immergeant dans l'eau et se convertissant à la nation juive. [guémara Méguila 13a avec Rachi]
Le Sifté Cohen (Chémot 2,2) explique que Batya s'est spécifiquement purifiée dans le Nil, le dieu des égyptiens, pour montrer qu'il n'avait plus aucune emprise sur elle.
Selon le midrach (Michlé 31,15), elle a mérité ainsi d'entrer au Gan Eden sans avoir à mourir.

-> Le rav Yossef Rosen (surnommé le Rogatchover) note que Batya a découvert la corbeille/panier [de jonc] de dans lequel était Moché "parmi les roseaux" = dans le fleuve (Chémot 2,5), alors qu'il n'était en fait placé que "sur la rive du fleuve" = à côté du fleuve (Chémot 2,3).
Le Rogatchover explique que Moché a été placé près du Nil et non dans le Nil parce que le Nil était vénéré par les égyptiens, et qu'il était donc interdit à tout juif d'en profiter. Cependant, une fois que Batya s'est converti dans le fleuve, le déshonorant en tant que dieu, son pouvoir et son statut furent abrogés et il fut de nouveau autorisé à bénéficier. C'est ainsi qu'à partir de ce moment-là, le panier de Moché a pu flotter dans le Nil pour que Batya le trouve.
[Tsafnat Panéa'h - Chémot 2,3 - basé sur Avoda Zara 44b]

Ainsi, en choisissant Hachem et en éliminant les dieux étrangers de son cœur, Batya (fille de Pharaon) a annulé le statut du Nil en tant que dieu étranger, ce qui lui a permis de trouver Moché.
De nombreuses leçons peuvent être tirées de cette histoire, mais l'une d'entre elles est basée sur les mots de la guémara (Makot 10b) : "Une personne est conduite à l'endroit où elle veut aller". Puisque Batya a cherché à se débarrasser des dieux étrangers dans son cœur, elle a fini par s'en débarrasser dans la réalité, et par conséquent, a mérité de sauver et d'élever le futur chef du peuple juif.

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-> Le verset : "Elle [la fille de Pharaon] envoya sa servante pour récupérer le panier/berceau [avec Moché bébé]" (Chémot 1,6), est traduit dans la aggada par "elle envoya son bras pour récupérer le panier". Rachi, s'appuyant sur nos Sages, explique que Batya a tendu le bras et que celui-ci s'est miraculeusement allongé, traversant le fleuve pour aller chercher le panier elle-même.

Nous apprenons de là qu'en spiritualité l'essentiel n'est pas si l'on peut faire quelque chose, mais plutôt si l'on doit le faire, car avec l'aide d'Hachem, tout est possible.
Dans le même ordre d'idées, le Alter de Novordok conseillait souvent aux gens : "Ne demandez pas si c'est possible, demandez seulement si c'est nécessaire!"
Ce principe est conforme à la michna (Pirké Avot 2,16) qui dit : "Il n'est pas de votre devoir de veiller à ce que le travail soit achevé, mais vous n'avez pas non plus la liberté de le négliger".
Le dénominateur commun entre toutes ces déclarations est, comme le disait souvent le rav Noa'h Weinberg : "Lorsque vous travaillez pour le Tout-Puissant (Hachem), vous pouvez faire n'importe quoi. Lorsqu'Il vous aide, rien n'est impossible!"

[Moché n'est pas le nom donné par ses parents mais par Batya, et il signifie : "tiré de l'eau". Ainsi, nous disons "Moché Rabbénou" (notre maître), car par son nom il nous enseigne à quel point l'existence de tout juif, le fait que nous ayons la Torah, ... provient de ce moment où Batya à décider de viser l'impossible plutôt que d'avoir une vision défaitiste, limitée. (que se serait-il passé si Batya se serait dit, c'est hors de ma portée!)
Une des bases essentielles de tout juif est d'avoir une ambition maximale en spiritualité, car nous avons Hachem (en nous [âme, part Divine] et) avec nous! ]

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-> Les dames d'honneur de Batya tentèrent de l'empêcher de sauver Moché, raconte la guémara (Sotah 12b), et c'est ainsi que l'ange Gavriel vint et les frappa toutes de mort, à l'exception d'une femme qui resta en vie, car il n'est pas convenable pour une princesse d'être sans entourage.
Le Maharal (Guévourot Hachem - chap.17) explique que les dames d'honneur de Batya n'ont pas été tuées au sens propre, mais que leur libre arbitre a été "tué", éliminant ainsi leur capacité à protester contre les actions de Batya.

Le rav Hutner (Pa'had Its'hak - Pessa'h, 52:3) écrit que cette approche répond à la question pénétrante de savoir pourquoi, si toutes les servantes de Batya ont été frappées à mort alors qu'elles tentaient de l'empêcher de sauver Moché, cela n'est pas mentionné dans la Torah? Un tel miracle devrait-il être célébré à jamais?
La réponse, explique le rav Hutner, est que la Torah est le plan à partir duquel le monde a été créé (Zohar - Térouma 161a), et qu'en tant que telle, la Torah ne contient explicitement que ce qui peut être perçu dans le monde. Par conséquent, le fait que la Torah n'ait pas écrit sur ce miracle démontre qu'il ne s'est pas produit dans un sens physique, mais plutôt dans un domaine supérieur, spirituel.

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-> La guémara (Sotah 13a) raconte que lorsque Moché est né, il rayonnait de lumière, illuminant toute la pièce. En fait, il semble que ce fut le signe qui indiqua à Amram, le père de Moché, que Moché était bien celui qu'Hachem avait choisi pour racheter le peuple juif, comme sa fille Myriam l'avait prophétisé.

Le Malbim (Chémot 2,6) écrit que lorsque Batya a vu Moché pour la première fois, elle a vu sa beauté physique, mais a également ressenti sa beauté spirituelle, qui selon la guémara (Sotah 12b), était la présence de la Chékhina (la présence divine d'Hachem).
Le midrach haGadol (Béréchit 23,1) note que Batya elle-même avait le roua'h hakodech (l'inspiration divine), et prévoyait qu'elle mériterait un jour d'élever le futur rédempteur du peuple juif, et lorsqu'elle vit Moché, elle sut que c'était lui.
C'est pourquoi, explique le Sforno (Chémot 2,10), Batya a appelé le bébé Moché, un nom qui fait allusion au fait qu'il a été sauvé et qui reflète sa future tâche de sauver les autres.

-> Moché est l'une des 7 personnes nées parfaitement circoncises (midrach Tan'houma Noa'h 5).

-> Le midrach (Chémot rabba 1,24) nous raconte que l'ange Gavriel frappa Moché afin qu'il pleure, suscitant ainsi la compassion de Batya.

-> Le midrach (Chémot rabba 1,26) raconte que Moché était extraordinairement beau. À tel point que les gens venaient spécialement pour le regarder, et une fois qu'ils l'avaient fait, ils ne pouvaient plus le quitter des yeux.

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-> Le verset indique que Batya a nommé le bébé Moché, après son acte de méchitiou (le tirant hors de l'eau - מְשִׁיתִהוּ - Chémot 2,10) - une dérivation du nom Moché (מֹשֶׁה).

Le Ibn Ezra (Chémot 2,10) écrit que bien que le nom égyptien de Moché soit enregistré comme "Monyum", Batya l'a en fait appelé par un nom hébreu (Moché) puisqu'elle a demandé une traduction ou bien parce qu'elle connaissait elle-même le lachon hakodesh (l'hébreu).

[ le Daat Zékénim (Chémot 2,10) écrit que certains égyptiens ont appris l'hébreu lorsque Yaakov et ses descendants sont arrivés en Égypte.]

Le midrach (Vayikra rabba 1,3) rapporte que même si Moché avait 10 noms (dont celui donné par ses parents à sa naissance), Hachem ne se réfère à lui que comme Moché, parce que c'est le nom que Batya lui a donné .

Le rav 'Haïm Chmoulévits (Si'hot Moussar Vayikra 5732) s'interroge sur pourquoi Moshé n'a pas été appelé par l'un des 10 noms qu'Hachem lui a attribués, ce qui aurait certainement constitué une description plus précise de son caractère.

Le rav Chmoulévits répond que s'il est vrai que les noms d'Hachem décrivent Moché dans un sens plus vrai, étant donné que Batya a nommé Moché en faisant preuve d'une immense abnégation, son nom n'est pas venu décrire Moché, mais plutôt ancrer en lui le trait de caractère de l'abnégation.

Ainsi, le nom que Batya a donné à Moché par son abnégation est devenu son nom, qui s'attribue directement à sa nature.

[Batya n'a pas seulement fait son maximum pour sauver ce bébé juif, mais elle a ancré en lui une qualité prononcée du sacrifice/abnégation, d'où son nom Moché. ]

[certains commentent que durant toute sa vie, à chaque fois qu'on l'appelait Moché, il pouvait penser à exprimer sa reconnaissance envers Batya de l'avoir sauvé, grâce à D. ]

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-> Bien que le verset de Divrei Hayamim (I 4,18) fasse référence à la fille de Pharaon : "Bitya" (בִּתְיָה), dans la tradition juive, elle est souvent désignée sous le nom de Batya. On peut supposer que cette tradition est basée sur le midrach (Vayikra rabba 1,3) qui rapporte qu'Hachem a dit à Batya, fille de Pharaon : "Moché n'était pas ton fils, et pourtant tu l'as appelé ton fils, alors même si tu n'es pas ma fille, je t'appellerai ma fille".

C'est ainsi que le nom de Bitya fut changé en Batya, composé des deux mots : bat (fille de) Y-a (Hachem).

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-> La guémara (Sotah 12b) raconte que Batya a d'abord cherché une nourrice parmi les femmes égyptiennes, mais parce que Moché était destiné à parler avec Hachem, il n'a pas voulu se nourrir d'une égyptienne.

Le rav Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Chémot 2,7) explique que chaque parent doit élever ses enfants depuis le début en se disant qu'il peut être destiné à parler avec Hachem. [en ce sens, nous devons privilégier du lait d'une juive, plutôt qu'une non-juive. ]

-> Bien que Moché avait refusé de se nourrir des femmes égyptiennes, le Sifté 'Haïm écrit qu'un peu de lait a été introduit de force dans la bouche de Moché contre sa volonté. C'est pour cette raison, explique le Sifté 'Haïm, que la bouche de Moché a été "cachérisée" par le morceau de charbon brûlant qu'il a ensuite mis dans sa bouche alors qu'il était un jeune enfant (voir midrach Chémot rabba 1,26).

En fait, dit le Sifté 'Haïm (Chémot 4,10), cette approche répond à des questions évidentes sur l'épisode où Moché s'est brûlé la bouche sur le charbon incandescent : Pourquoi sa main n'a-t-elle pas été brûlée elle aussi (lorsqu'il s'est saisit du charbon)? Et lorsque Moché s'est rendu compte que le charbon était chaud, même s'il n'était qu'un bébé, il aurait dû ne pas le mettre dans sa bouche?!

Cependant, nous pouvons maintenant répondre que la "brûlure" à la bouche de Moché était plus une brûlure spirituelle que physique, et bien que Moché ait développé une sorte de trouble de la parole au cours de cette épreuve, puisque cela n'est arrivé que miraculeusement pour réparer le dommage spirituel de sa bouche, sa main n'a pas été affectée .

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-> Malgré son jeune âge, la guémara (Sotah 12b) décrit comment Myriam a couru avec une force et une endurance extraordinaires, bien au-delà de son âge, pour appeler sa mère (Yo'hévet) afin qu'elle nourrisse le bébé Moché, sans que Batya sache qu'elle était la mère de Moché.

Le Nétsiv (haEmek Davar - Chémot 2,9) écrit que non seulement Batya a payé Yo'hévet pour qu'elle prenne soin de son propre fils, mais qu'elle lui a également fourni des insignes royaux montrant que Moché "appartenait" à Batya, ce qui servirait de protection contre tout égyptien qui chercherait à leur nuire de quelque manière que ce soit.

Selon le midrach (Chémot rabba 1,26), Yo'hévet s'occupa de Moché pendant 24 mois, jusqu'à ce qu'il soit sevré.

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-> Selon Rabbénou Bé'hayé (Chémot 2,3), Yo'hévet a "jeté" Moché dans l'eau pour tromper les observateurs des étoiles et leur faire croire que le rédempteur du peuple juif avait été tué.

Le midrach (Chémot rabba 1,24) révèle que le plan de Yo'hévet a fonctionné, et dès que Moché a été placé dans l'eau, les astronomes ont instantanément rapporté leur succès.

Ce midrach ajoute qu'après que Moché ait été placé dans le fleuve, le décret de jeter les bébés garçons dans le Nil a été immédiatement annulé et aucun autre bébé n'a été jeté dans le Nil.

[les égyptiens se sont alors sentis triomphants, même si le nombre des juifs était alors encore très important. ]

-> Le midrach (Chémot rabba 1,26) souligne l'ironie du fait que non seulement Batya a embrassé et étreint l'enfant Moché avec amour comme s'il s'agissait de son propre fils, mais que Pharaon lui-même l'a affectueusement embrassé et l'a beaucoup aimé.

De la même manière, le midrach dit qu'un tel événement ne s'est pas seulement produit pour Moché, mais le machia'h, lui aussi, sera élevé parmi la nation même dont il nous délivrera.

L’exil en Egypte (3e partie)

+++ L'exil en Egypte (3e partie) :

1°/ Pharaon rêve d'un agneau :
Le rêve de Pharaon est brièvement mentionné dans le Targoum Yonathan (Chemot 1,15).
Le midrach (Yalkout Chimoni - Chemot 1:164) décrit comment Pharaon rêva qu'il était assis sur son trône lorsqu'un vieil homme portant une balance de marchand apparut devant lui. La population entière de l'Égypte était placée d'un côté de la balance, et un agneau solitaire était placé de l'autre. Au grand étonnement de Pharaon, l'agneau pesait plus lourd que l'autre balance.
Le vieil homme continue à placer toutes les richesses et les armes de l'Égypte à côté du peuple égyptien, mais l'agneau l'emporte sur tous.
Ce rêve terrifia Pharaon et lui servit de catalyseur pour convoquer les sages-femmes et tuer les bébés juifs .
Le midrach haGadol (Chemot 2,2) ajoute que le rêve s'est produit la nuit de la conception de Moché.

2°/ Yanis et Yambres :
Yanis et Yambres sont les noms des magiciens qui ont interprété le rêve de Pharaon (Targoum Yonathan, Chemot 1,15).
Le midrach (Yalkout Chimoni - Chemot 1:168) nous dit que Yanis et Yambres n'étaient autres que les fils de Bilam.
Il est intéressant de noter que le midrach (Tan'houma - Ki Tissa 19) nous apprend que Yanis et Yambres n'ont pas péri en Égypte. Ils sont partis avec la nation juive dans le cadre du érev rav [qui a rejoint le peuple juif] et ont été directement responsables de l'incitation de la nation à créer le Veau d'or.

3°/ Les égyptiens sont excessivement cruels :
Le Ramban (Lé'h Lé'ha 15,14) explique qu'en dépit de la promesse faite par Hachem à Avraham que ses enfants seraient soumis et opprimés, les égyptiens ont fait preuve d'un zèle excessif dans leur persécution du peuple juif et méritaient donc d'être punis.
Cependant, s'ils les avaient soumis comme Hachem le leur avait demandé au lieu de les persécuter et de les tuer, les Égyptiens auraient en fait été récompensés pour avoir joué leur rôle dans le plan d'Hachem.

4°/ Le pacte juif :
Dans un magnifique témoignage de l'amour que le peuple juif avait les uns pour les autres malgré les circonstances difficiles, le midrach (Tana déBé Eliyahou rabba 23) qu'ils ont fait un pacte entre eux pour être dévoués les uns aux autres et s'entraider de toutes les manières possibles.

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5°/ La tribu de Lévi n'a pas réduite en esclavage :
Le midrach (Chémot rabba 5,16) nous dit que toute la tribu de Lévi était exemptée du travail d'esclave.
Le Daat Zékénim (Chémot 5,4) explique que lorsque Pharaon a demandé au peuple juif de l'aider à construire les infrastructures de l'Égypte, la tribu de Lévi a répondu qu'elle ne savait pas comment construire des briques et qu'elle ne serait donc pas en mesure d'aider Pharaon.
Entre eux, ils déclarèrent : "À l'avenir, nous serons impliqués dans le service d'Hachem. Le Ciel nous interdit de rendre service à ce racha, quelle que soit la récompense qu'il nous offre".
Grâce à cette déclaration et à leur refus de travailler pour Pharaon, toute la tribu fut libérée de l'esclavage. En évitant involontairement le piège de Pharaon pour des raisons aussi nobles, Pharaon n'a jamais eu d'excuse pour les réduire en esclavage, puisque, par essence, le quota quotidien de briques qu'ils devaient atteindre était nul.

Il est intéressant de noter que rav Yonathan Eibshitz écrit que Pharaon ne voulait pas asservir la tribu de Lévi parce que ses astrologues l'avaient informé que les dirigeants et les motivateurs du peuple juif venaient de cette tribu. Pharaon pensait que s'il accordait la liberté aux Léviim, ils ne ressentiraient pas l'angoisse de leurs frères et ne se battraient donc pas pour qu'ils soient libérés et ne mettraient pas en péril leur propre sécurité au nom de leurs frères.
Cependant, le plan de Pharaon échoua, et la tribu de Lévi produisit effectivement Moché, Aharon et Myriam pour amener la délivrance de la nation.

Selon le Chla haKadoch (Déré'h 'Haïm To'hakhot Moussar - Vaéra 19), l'une des méthodes employées par la tribu pour s'assurer que la douleur de ses semblables reste constamment présente à leur esprit consistait à donner à leurs enfants des noms faisant référence à la détresse et au chagrin, afin qu'ils rejoignent le reste de la nation dans sa souffrance.
Par exemple, les noms Guerchon, Kéhat et Mérari évoquent tous l'amertume et les difficultés.

De même, Abarbanel (Chémot 2,1) raconte qu'Amram appela spécifiquement Myriam de ce nom qui est enraciné dans le mot "mar" (amer), afin de rappeler l'amertume que les égyptiens imposaient à la vie de la nation.

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6°/ Les sages-femmes en chef :
Il est évident qu'il aurait été impossible qu'il n'y ait que 2 sages-femmes pour l'ensemble de la nation juive. C'est pourquoi le Ibn Ezra (Chémot 1,15) explique que Shifra et Pouah étaient les sages-femmes en chef, responsables de plus de 500 autres sages-femmes.
En outre, ajoute le Ibn Ezra, elles étaient également chargées de collecter les taxes sur les revenus des autres sages-femmes pour le compte de Pharaon.
Le Netsiv (ha'Emek Davar - Chémot 1,15) note qu'en tant que sages-femmes en chef, Shifra et Pouah étaient également chargées de transmettre la politique du roi aux sages-femmes dont elles avaient la charge.

7°/ Changement de nom :
Le Bné Yissa'har (Sefer Maayan Ganim, ch.3) explique que Pharaon n'a pas simplement changé les noms de Yo'hévet et Myriam pour les noms égyptiens de Shifra et Pouah afin de refléter leurs nouvelles positions royales (à l'image de Yossef renommé : Tsafnat-Panéa'h), mais plutôt que Pharaon avait un plan sinistre. Il avait compris un secret profond concernant le nom d'une chose : cela reflète la nature intérieure d'une personne et forme la racine de son essence fondamentale.
Par conséquent, en changeant leurs noms en noms égyptiens, Pharaon espérait leur inculquer une mentalité égyptienne, les débarrassant ainsi de leur nature miséricordieuse.

Comment, alors, Yo'hévét et Myriam ont-elles pu surmonter leur nouvelle nature pour résister à la pression interne qui les poussait à se conformer aux instructions de Pharaon?
Bien que leur nature ait pu être affectée par ce changement de nom constituant alors une immense épreuve personnelle, leur libre arbitre n'a jamais été totalement restreint.
En fait, il ressort implicitement du midrach (Bamidbar rabba 16,10) qu'il est toujours possible de s'élever au-dessus de la disposition négative que le nom d'une personne peut posséder, même si cela s'avère difficile, comme l'a dit le célèbre Rav Yisrael Salanter : "Il est plus facile d'apprendre tout le Talmud que de changer un seul trait de caractère".

8°/ Pharaon menace les sages-femmes :
Le midrach rapporte que Pharaon a menacé les sages-femmes de les brûler avec toute leur famille (littéralement "leurs maisons") si elles ne faisaient pas ce qu'il leur avait ordonné. [Séfer haYachar Chémot 18].
C'est peut-être la raison pour laquelle Hachem a spécifiquement récompensé les sages-femmes par des "maisons", se référant aux maisons des Cohanim, des Léviim et de la royauté, pour avoir fait fi de l'ordre de Pharaon (Chémot 1,21 avec Rachi).
Leur récompense spécifique, selon une opinion de la Guemara, était que Yo'hévet méritait que ses fils Aharon et Moché dirigent respectivement les Cohanim et les Léviim de la nation. Quant à Miriam, elle a été récompensée par une dynastie de rois issus d'elle, notamment le roi David et la lignée royale menant au machia'h. [guémara Sotah 11b - avec le Maharcha ('Hidouché Halakhot)]

9°/ Les sages-femmes sauvent les bébés :
Le verset dit : "Les sages-femmes ont craint Hachem et n'ont pas fait ce que le roi d'Égypte leur a dit, et elles ont gardé les garçons en vie" (Chémot 1,17). Non seulement elles ont résisté à l'épreuve de ne pas faire de mal aux bébés, mais elles ont fait tous les efforts possibles pour s'assurer qu'ils vivraient.
Par exemple, la guémara (Sotah 11b) rapporte qu'elles faisaient tout leur possible pour leur fournir de la nourriture et de la boisson, et le Sifté Cohen (Chémot 1,17) ajoute que les sages-femmes priaient spécifiquement pour le bien-être des bébés afin qu'il n'y ait jamais de soupçon sur eux si une femme faisait naturellement une fausse couche. La conclusion du verset selon laquelle "elles gardèrent les garçons en vie" montre clairement que leurs prières furent exaucées et qu'aucun enfant ne périt.
Le 'Hatam Sofer (Chémot 1,21) ajoute que ce fut en fait leur plus grande récompense : la survie et la croissance exponentielle de la nation qui naquit plus forte et plus rapide que jamais auparavant.
[d'une certaine façon tous leurs mérites futurs étaient également leurs mérites. ]

-> Selon un avis du midrach (Béréchit rabba 97:3), jusqu'à 600 000 bébés juifs sont nés en une seule nuit.

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10°/ L'Égypte s'unit pour nous tuer :
Après avoir entendu l'excuse des sages-femmes pour ne pas tuer les bébés et s'être rendu compte que leur bienveillance contribuait également à leur refus de suivre son plan, Pharaon n'eut d'autre choix que d'engager toute la population égyptienne dans son projet de tuer les bébés juifs. De cette façon, a-t-il raisonné, le grand nombre d'égyptiens sans pitié réussirait là où les sages-femmes avaient échoué. [Ohr ha'Haïm - Chémot 1,22]

Le midrach (Yalkout Chimoni Chémot 7:182) raconte que les enfants égyptiens allaient de ville en ville pour écouter les cris des femmes en train d'accoucher. Ils rentraient ensuite chez eux pour prévenir leurs pères qui se précipitaient pour attraper les nouveau-nés et les jeter dans le Nil.

Selon le midrach (Chir haChirim rabba 2:43), les femmes juives sont obligées de se cacher avec leurs bébés dans des tunnels creusés sous leurs maisons. Cependant, les égyptiens apportaient leurs propres bébés et les faisaient pleurer, ce qui avait pour effet de faire pleurer les bébés juifs, révélant ainsi leur cachette. Les bébés étaient immédiatement saisis et jetés dans le fleuve (Nil).

Quiconque trouvait un bébé juif de sexe masculin était tenu de le jeter dans le Nil. Cette loi s'appliquait à l'ensemble de la nation, ainsi qu'au peuple juif lui-même. En tant que tel, le fait de cacher un bébé, même son propre enfant, était un crime passible de la peine de mort. [Malbim - Chémot 2,1]

11°/ Les femmes juives se réfugient dans les champs :
En raison des méthodes sournoises des égyptiens et de leur détermination impitoyable à éliminer tous les bébés juifs nés, les femmes juives ont été forcées de fuir dans les champs où elles ont accouché sous les pommiers (guémara Sorah 11b).
Le midrach (Chir haChirim tabba 8,3) explique pourquoi elles choisirent spécifiquement le pommier parce que, contrairement aux autres arbres qui produisent d'abord des feuilles puis des fruits, le pommier produit d'abord ses fruits et seulement ensuite ses feuilles.
Selon le midrach, cela symbolise la nation juive qui était prête à accepter la Torah en disant : "Naassé vénichma" = nous allons (accepter de) faire et (seulement) ensuite nous écouterons (ce qui est demandé) (Michpatim 24,7), en suivant la volonté d'Hachem même si nous n'en connaissons pas les détails spécifiques.
De la même manière, les femmes vertueuses étaient prêtes à assurer la pérennité de la nation en continuant à avoir des enfants malgré les conséquences.
[naassé = on fait des enfants (comme D. nous le demande), "vénichma" et ensuite nous comprendrons pourquoi. ]

12°/ Les bébés survivent miraculeusement :
Les mères au cœur brisé ont laissé leurs nouveau-nés sous les pommiers dans les champs.
Cependant, la guémara (Sotah 11b - avec le Maharcha) nous dit que ces enfants n'ont pas péri, car Hachem a envoyé des anges pour s'occuper d'eux, les nettoyer et les nourrir avec des pierres des champs qui ont miraculeusement produit de la nourriture dont les nourrissons ont pu s'alimenter.
Lorsque les égyptiens ont découvert ces enfants juifs, ils ont essayé de les tuer, mais Hachem a accompli un miracle et a fait en sorte que les bébés soient engloutis par la terre. Les égyptiens pensaient qu'il s'agissait d'un acte de magie, qui n'a pas d'effet à plus d'un demi-pouce de profondeur sous terre, Ils ont donc amené des bœufs pour labourer le champ à la recherche des bébés.
Ils ont donc amené des bœufs pour labourer le champ à la recherche des bébés.
La guémara poursuit en disant qu'une fois que les enfants ont grandi, ils sont retournés en masse dans leurs familles. En fait, lorsque la présence d'Hachem fut palpable par tous lors de l'ouverture de la mer, ces mêmes enfants reconnurent la présence d'Hachem et dirent : "C'est mon D., et je le glorifierai" (Chémot 15,2).

L’exil en Egypte (2e partie)

+++ L'exil en Egypte (2e partie) :

1°/ Le palais sur le Nil :
Dans un magnifique étalage de richesse, de créativité et d'autoglorification, Pharaon construisit son palais sur le Nil de manière à ce que la marée montante semble soulever le palais et l'emporter vers le ciel. [midrach Tan'houma Béréchit 7]

Pharaon prétendait s'être créé lui-même ainsi que le fleuve du Nil (Yé'hezkel 29,3), et du fait qu'il apportait sa "bonté" (une irrigation abondante du Nil, de nombreux poissons, ...), les égyptiens l'ont aimé et vénéré (midrach Tan'houma Vaéra 14).
Les égyptiens vénéraient le Nil comme un dieu. C'est pour cette raison, explique le midrach (Chémot rabba 9,9), qu'Hachem a frappé le Nil en premier, frappant essentiellement leur dieu, laissant le peuple sans personne vers qui se tourner.

2°/ Yaakov visite le palais :
La Torah raconte que Yossef a amené son père, Yaakov, au palais où il a rencontré Pharaon et l'a béni (Vayigach 47,7).
Le midrach (Léka'h Tov - Vayigach 47,7) révèle que la bénédiction qu'il a donnée à Pharaon était que lorsqu'il s'approcherait du Nil, ses eaux monteraient pour le saluer.
Bien que Yossef ait interprété avec justesse le rêve de Pharaon selon lequel il y aurait 7 années de famine, lorsque Yaakov est arrivé en Égypte, le Nil s'est immédiatement levé pour lui et a arrosé la terre, mettant ainsi fin à la famine de manière prématurée (Rachi- Vayigach 47,19).
Le Sifté 'Hakhamim (Vayigach 47,19) note que, bien que cela puisse en fait "prouver" que l'interprétation du rêve de Pharaon par Yossef était inexacte, puisque le Nil s'est clairement levé pour Yaakov et que la famine n'a pas cessé dans d'autres pays, il était clair pour tous que Yossef avait raison dans sa compréhension du rêve de Pharaon et que la famine n'a pris fin avant son terme (de 7 ans) qu'au mérite de Yaakov.

3°/ Le palais de Pharaon :
Le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 4:175) décrit l'importante protection dont bénéficiait le palais. Il y avait 400 entrées dans le palais, 100 de chaque côté, et au total, chaque côté du palais était protégé par 60 000 gardes.

Des lions, ainsi que d'autres animaux féroces, gardaient chacune des 400 entrées du palais. Le seul moyen pour quelqu'un de passer ces animaux vicieux était que leurs gardiens leur donnent suffisamment de viande pour les distraire et les empêcher de faire du mal au visiteur qui les croisait. [midrach Yalkout Chimoni 7:181]

4°/ Les dames d'honneur de Batya :
Le Sifté Cohen (Chémot 2,2) rapporte que la fille de Pharaon (Batya) avait 30 dames d'honneur.
Le Ohr ha'Haïm (Chémot 2,5) écrit qu'il était de coutume pour toute femme noble d'avoir de telles femmes qui restaient constamment à ses côtés pour répondre à ses besoins.
Plus précisément, note le Malbim (Chémot 2,5), les dames d'honneur de Batya étaient toutes issues de familles nobles et filles de ministres.

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5°/ La capitale du monde :
Le midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 7:182) explique qu'à cette époque, l'Égypte régnait sur le monde entier et que toutes les nations lui étaient soumises.

6°/ L'Égypte : la plus puissante et la plus racha :
L'Égypte étant la première puissance mondiale, les rois d'ici et d'ailleurs rendaient hommage à Pharaon et lui apportaient des cadeaux. Plus précisément, son anniversaire et l'anniversaire de son règne étaient des moments où tous se rassemblaient dans le palais de Pharaon avec leurs idoles afin de montrer leur respect à Pharaon et de prier pour qu'il continue à réussir. [midrach Chémot rabba 5:14 avec Eits Yossef]
Un autre midrach (Yalkout Chimoni - Chémot 7,182) explique que non seulement l'Égypte était la première puissance mondiale, régnant essentiellement sur le monde entier, mais qu'elle était également la première nation en matière de péché, d'immoralité et de dépravation. Elle était la nation la plus vile (racha), répandant l'iniquité dans le monde entier. C'est pourquoi, explique le midrach, Hachem décida que l'Égypte serait le bourreau du peuple juif, afin qu'elle et toute sa méchanceté (rachaïm) soient anéanties. En effet, cela servirait à la plus grande sanctification possible du nom d'Hachem.

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7°/ Avec ruse :
Le Ramban (Chémot 1,10) explique qu'au début de l'oppression du peuple juif, il n'aurait pas été acceptable, même pour le peuple égyptien, d'anéantir ouvertement une nation qui avait été invitée à se trouver là en premier lieu.
Le Ramban ajoute qu'en agissant avec ruse contre le peuple juif au lieu de l'attaquer ouvertement, Pharaon a résolu plusieurs des problèmes auxquels il était confronté. Tout d'abord, il n'aurait pas à faire face aux critiques de ses conseillers ou de la population en général. Deuxièmement, le peuple juif ne se rendrait pas compte qu'il est visé par la haine et serait prêt à se conformer aux instructions qui lui sont données.

Le Béer Mayim 'Haïm (Chémot 1,13) écrit que Pharaon avait une arrière-pensée pour tromper le peuple juif, car il savait que leur force se trouve dans la prière, et donc, s'il avait ouvertement décrété d'anéantir la nation juive ou de la forcer à l'esclavage, ils auraient immédiatement prié Hachem de les sauver, et Il l'aurait fait.
Par conséquent, en agissant de manière rusée et en poussant le peuple juif à l'esclavage, il ne savait pas qu'il était en difficulté et n'utilisait pas son arme la plus puissante : sa voix.
En fait, le Béer Mayim 'Haïm (Chémot 2,23-24) ajoute que ce n'est qu'une fois que la nation juifs a pu se rendre compte de la gravité de sa situation qu'elle a finalement crié à Hachem. À ce moment-là, ils ont reçu une réponse instantanée, ce qui a marqué le début du processus de délivrance.

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8°/ Esclaves de toute l'Égypte :
Le midrach (Tan'houma - Vayétsé 9) rapporte que la loi égyptienne n'accordait aucun droit personnel aux juifs. Par conséquent, même après une journée entière de travail éreintant, tout égyptien pouvait exiger des juifs n'importe quel type de travail, qu'il s'agisse de cueillir des légumes, de couper du bois, de remplir de l'eau ou de faire n'importe quoi d'autre.
Le midrach (HaGadol - Bo 10,21) rapporte que les esclaves juifs étaient contraints d'éclairer les maisons égyptiennes en portant des bougies en équilibre sur leur tête. S'ils bougeaient, ils étaient tués. Pour cette cruauté tortueuse, Hachem a orchestré l'incapacité des Égyptiens à se déplacer lors de la plaie des ténèbres, mesure pour mesure.

Le Ramban note qu'au départ, Pharaon espérait contenir le taux de natalité du peuple juif en les faisant travailler pour lui à la construction des villes égyptiennes. Cependant, lorsqu'il a constaté que son plan ne fonctionnait pas, il a ordonné à l'ensemble de la nation égyptienne d'utiliser les esclaves juifs comme bon lui semblait.
C'est ce qui ressort, explique le Ramban, du verset suivant : "Et l'Égypte réduisit en esclavage les Bné Israël" (Chémot 1,13), contrairement à l'affirmation suivante que "Pharaon a asservi les Bné Israël".
Le rav Aharon Leib Steinman (Bétsilo 'Himadti) souligne que lorsque nous revivons la sortie d'Egypte le soir du Séder, nous commençons effectivement la Haggada en disant "étions esclaves de Pharaon en Égypte", ce qui suggère uniquement Pharaon, et ce n'est qu'ensuite que nous lisons le verset ci-dessus qui implique que nous étions alors esclaves de toute la population d'Égypte.

9°/ Un travail épuisant :
Le Ktav Sofer (Chémot 1,14) explique que non seulement le peuple juif s'est vu confier un travail éreintant, mais que ce travail n'a pas continué de changer. Quelle était l'intention des égyptiens?
Le Ktav Sofer explique qu'ils ont constamment fait changer leurs esclaves juifs de travail, car même si quelqu'un travaille avec acharnement, ses muscles et ses ligaments s'acclimatent naturellement au bout d'un certain temps, et le travail devient plus facile. Ainsi, les égyptiens changeaient continuellement les rôles des esclaves afin que leurs corps ne s'habituent pas au travail et que leurs souffrances ne s'atténuent jamais.

10°/ Battus et maudits :
Le Ramban (Chémot 1,11) écrit que le peuple juif n'était pas seulement confronté à un travail éreintant, mais que ses souffrances étaient multipliées par les coups et les malédictions qu'il recevait pendant son labeur.

11°/ Éloigner les hommes :
On empêchait les hommes de rentrer chez eux le soir retrouver leur famille/femme, [officiellement pour qu'ils puissent terminer leur quota journalier, mais en réalité c'était] dans le but d'empêcher d'autres naissances. [midrach Chémot rabba 1,12]

12°/ L'essoufflement et le pouvoir de la prière :
Le verset nous dit que le travail écrasant a rendu le peuple juif à bout de souffle, à tel point qu'il ne pouvait même pas penser à la délivrance (Vaéra 6,9).
Rabbénou Bé'hayé (Chémot 2,23) écrit qu'en réalité le temps de la Délivrance était déjà arrivé pour le peuple juif, mais parce qu'il n'avait pas appelé Hachem du plus profond de son cœur, leur exil s'est prolongé.
Il note qu'à la fin des temps aussi, même si nous nous sommes pleinement repentis et que nous sommes dignes de la Délivrance, celle-ci ne viendra pas tant qu'Hachem n'aura pas entendu nos prières sincères.

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13°/ Le ghetto de Goshen :
Rabbénou Bé'hayé (Chemos 3,9) cite Rabbénou Guershon pour dire que les égyptiens ont expulsé tout le peuple juif de l'Égypte continentale et l'ont confiné à Goshen. Un si grand nombre de personnes enfermées dans une même zone rendait les conditions de vie insupportables.

14°/ Des poux plein la tête :
Les égyptiens empêchaient le peuple juif de se laver ou de laver ses vêtements. Il en résulta une terrible infestation de poux au sein du peuple juif.
C'est pour cette raison, explique le midrach (Sechel Tov 8,11), que les égyptiens ont été punis par la plaie des poux, à la mesure de l'angoisse insupportable qu'ils ont causée au peuple juif.

15°/ Adorez mon idole! :
Parfois, les égyptiens proposaient de réduire la charge de travail si le peuple juif acceptait d'adorer leur dieu. Cependant, le peuple juif résistait, rappelant la force de ses ancêtres qui n'ont jamais abandonné Hachem dans leurs moments de détresse. [Tana déBé Eliyahou 23]

L’exil en Egypte (1ere partie)

+++ L'exil en Egypte (1ere partie) :

1°/ Une fécondité phénoménale :
Le verset relate que "Bné Israël fructifièrent, pullulèrent, se multiplièrent et se fortifièrent prodigieusement et le pays en fut rempli" (Chémot 1,7).
Le midrach (Béréchit rabba 79,1) souligne le taux de natalité astronomique de la nation juive en nous disant que Yaakov est arrivé en Égypte avec une famille de seulement 70 personnes, mais qu'au moment où il a quitté le monde, il avait 60 000 descendants.
[pour rappel : ""Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années" (Vayé'hi 47,28)]

2°/ Tous forts et en bonne santé :
Citant Ibn Ezra, le Nétsiv explique qu'en dépit du fait que 6 bébés soient nés d'un seul utérus, ce qui entraîne généralement des faiblesses ou des maladies chez ces enfants en grandissant, la nation juive était tous en bonne santé et robuste.
Rabbénou Bé'hayé (Chémot 1,6) note qu'en dépit du fait que tant de bébés étaient à l'étroit dans le ventre de leur mère, chacun en est sorti fort et particulièrement grand.
En outre, le Rachbam (Chémot 1,7) note que non seulement les bébés ont vécu jusqu'à un âge avancé, mais que le peuple juif dans son ensemble a vécu longtemps et en bonne santé, ce qui a permis à la nation d'atteindre une taille exponentielle.

3°/ Combien de bébés?
Le midrach (Chémot rabba 1,8) cite 3 opinions concernant le nombre de bébés à chaque naissance. Ils fondent leur interprétation sur le nombre de mots décrivant la croissance du peuple juif dans le verset suivant : "Les enfants d'Israël fructifièrent (1), ils pullulèrent (2), ils s'accrurent (3), ils devinrent très, très (4) forts (5), et le pays se remplit d'eux" (6) (Chémot 1,7).
Ainsi, en utilisant 6 mots pour décrire l'incroyable taux de natalité de la nation juive, la Torah laisse entendre que chaque naissance consistait en 6 bébés.
La deuxième opinion note qu'en fait, chacun de ces mots est écrit au pluriel, représentant deux (voir Soucca 5b avec Rachi "tofasta mérouba"), et donc, le nombre est doublé ; ainsi, chaque femme a donné naissance à 12 bébés à la fois.
L'opinion finale du midrach est que chaque femme a donné naissance à 60 bébés à la fois.
Bien que ce midrach n'explique pas la raison de ce nombre, il écrit qu'il ne faut pas considérer ces affirmations comme exagérées, car nous voyons déjà dans la nature qu'un scorpion donne naissance à soixante enfants à la fois. [Eits Yossef]

Le Maharal (Guévourot Hachem, 12) explique la raison pour laquelle la nation a été bénie spécifiquement avec 6 enfants.
Selon le Maharal, la bénédiction divine de la fécondité était proportionnelle à l'oppression subie par la nation en raison du désir des Égyptiens d'arrêter sa croissance (voir Chémot 1,12).
Par conséquent, comme le peuple juif était contraint de travailler 6 jours par semaine, il a été béni avec 6 enfants, un pour chaque jour où il était contraint de travailler.
La seconde opinion divise les jours en jour et nuit, et donc, parce que la nation a été forcée de travailler jour et nuit pendant 6 jours par semaine, elle a été bénie avec 12 enfants.
Il est intéressant de noter que le Maharal ajoute que, d'un point de vue kabbalistique, la nuit représente la femme et le jour représente l'homme. Par conséquent, selon cette 2e opinion, les femmes ont donné naissance à 6 garçons correspondant aux souffrances qu'elles ont endurées pendant la journée et à 6 filles correspondant aux 6 nuits par semaine pendant lesquelles elles ont été forcées de travailler.

Enfin, l'opinion qui soutient que soixante bébés sont nés en même temps s'explique par le fait que les égyptiens ont fait souffrir la nation de manière exponentielle, à un niveau numérique entièrement nouveau, qui est représenté par la série de chiffres suivante : les chiffres pluriels. En conséquence, chaque jour de souffrance valait dix jours, et par conséquent, 10 bébés sont nés pour chaque jour de la semaine de 6 jours pendant laquelle la nation a été forcée de travailler, soit 60 bébés.

Nonobstant les 3 opinions mentionnées ci-dessus, Rav Aharon Leib Shteinman (Bitsilo 'himadti -Haggadah p.143) explique qu'il était possible que toutes les femmes ne donnent pas toujours naissance à autant d'enfants, mais qu'il s'agissait d'un phénomène suffisamment courant pour qu'il soit considéré comme normal parmi les femmes juives.

-> Objectivement, le fait d'assister à autant de naissances en bonne santé au sein de la nation juive aurait dû amener les égyptiens à réaliser que cette nation était bénie. Cependant, la haine empêchant toute objectivité, les égyptiens n'ont fait que regarder le peuple juif avec mépris.

-> b'h, voir également : https://todahm.com/2022/02/07/les-bne-israel-en-egypte

-> Miraculeusement, malgré les tentatives de Pharaon de limiter la nation juive, plus il la soumettait, plus elle grandissait (Chémot 1,12). Cela a grandement encouragé le peuple juif qui a compris, grâce à une révélation divine, qu'Hachem contrecarrait les plans de Pharaon visant à détruire le peuple juif et qu'il ne laisserait jamais cela se produire. [Rachi - guémara Sotah 11a]

La guémara décrit comment le fait de voir le taux de natalité prolifique de la nation juive a physiquement blessé les égyptiens. À tel point qu'ils avaient l'impression que leurs yeux et leur corps étaient remplis d'épines. [guémara Sotah 11a - avec Rachi]

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4°/ Le peuple juif se distinguait des autres :
Le midrach (Chir haChirim rabba 4,25) rapporte que le peuple juif se distinguait des Égyptiens.
Plus précisément, leurs noms hébraïques et leur langue les distinguaient de leur pays d'accueil, tout comme le fait qu'ils ne parlaient jamais de lachon ara et qu'aucun d'entre eux n'avait de mœurs légères.
Un autre midrach (Léka'h Tov - Dévarim 26,5), nous explique que pendant de nombreuses années, la nation juive était une entité insulaire et indépendante en Égypte, où même leur nourriture était sensiblement différente.

5°/ Pas de traîtres parmi le peuple :
Pharaon a supposé à tort qu'il y aurait beaucoup de traîtres parmi le peuple juif, puisqu'il savait que leurs ancêtres, les frères de Yossef, s'étaient retournés contre leur propre frère et l'avaient vendu comme esclave. (Tsror Hamor - Chémot 1,8]
Le midrach (Vayikra rabba 32,5) nous dit que le peuple juif ne s'est jamais calomnié ni informé les uns des autres. En outre, ils gardaient les secrets les uns des autres (midrach Tan'houma - Bamidbar 25,1).

6°/ La crainte déraisonnable de Pharaon :
Le verset indique que Pharaon craignait la nation juive et qu'il disait à son peuple : "Voici! Le peuple des Bné Israël est plus nombreux et plus fort que nous" (Chémot 1,9).
Cependant, le Zohar (2:6a) raconte que loin d'être une menace pour la puissance de l'Égypte, le peuple juif était la source même de sa puissance. En effet, ce n'est qu'après l'arrivée du peuple juif que l'influence de l'Egypte s'est étendue au monde entier.
De même, le Zohar relate que cela était vrai pour d'autres nations, comme Bavel et Edom, dont l'éminence mondiale n'est apparue qu'une fois que le peuple juif s'est installé à l'intérieur de leurs frontières.

7°/ Yossef apporte la richesse à l'Égypte :
Après avoir interprété le rêve de Pharaon selon lequel il y aurait 7 années d'abondance suivies de 7 années de famine, Yossef a mis de côté tous les excédents de céréales de la première période de 7 ans.
Lorsque la famine a commencé, le peuple égyptien a acheté les céréales que Yossef avait stockées, donnant à Pharaon tous les bénéfices. Lorsque les égyptiens n'ont plus d'argent, ils échangent du grain contre leur bétail, qui va à Pharaon. Lorsqu'ils n'ont plus de bétail à échanger, ils cèdent leurs terres en échange de céréales. Lorsqu'ils n'eurent plus de terres à échanger et que les égyptiens n'eurent plus rien à offrir, ils supplièrent Yossef de les nourrir en échange de leur statut d'esclaves de Pharaon.
En outre, ajoute le Nétsiv (haEmek Davar - Vayigach 47:15), le peuple de Canaan a également contribué de manière significative à la richesse de l'Égypte en achetant des céréales à Yossef. Ainsi, Yossef a, à lui seul, apporté la richesse à l'Égypte, et plus particulièrement à Pharaon, qui a obtenu la propriété légale de toute la terre ainsi que de la richesse personnelle de chacun (Vayigach 47:13-26).

8°/ Les égyptiens nous détestaient :
Le Sifté 'Hakhamim (Chémot 1,12) explique que la simple mention du peuple juif était détestable pour les égyptiens.
Même à l'époque de Yossef, le verset indique que "les égyptiens ne supportaient pas de manger de la nourriture avec les Hébreux, car cela leur était répugnant" (Mikets 43,32).

Loin d'être une chose terrible, le dédain naturel que les nations du monde ont pour le peuple juif sert de barrière de sécurité nous protégeant de la perte. En effet, le midrach (Eikha rabba 1,29) explique que si le peuple juif devait se sentir parfaitement à l'aise parmi les nations, il finirait par s'assimiler, se perdant ainsi à jamais.
Un autre midrach (Chémot rabba 1,8) note que tout le temps où le peuple juif est resté éloigné des pratiques des égyptiens, il est resté en très bonne faveur auprès d'eux. Cependant, lorsqu'ils commencèrent à vouloir ressembler aux égyptiens, par exemple en refusant de circoncire leurs petits garçons, la faveur des Égyptiens se transforma en haine.
Aussi difficile que cela puisse paraître, dans la bonté d'Hachem, et en dernier recours pour sauver sa nation, lorsqu'Il voit que son peuple se perd parmi les nations, Il fait en sorte que les nations soient contrariées par le peuple juif. En ce sens, le rav 'Haïm de Volozhin disait : "Si un juif ne fait pas de kiddouch (se sanctifie), alors les nations feront havdala (une séparation entre elles)".

Le midrach (Tan'houma - Chémot 5) nous dit qu'après la mort de Yossef, le peuple juif a cessé de faire la brit mila à ses fils afin qu'ils ressemblent davantage aux égyptiens.
Et pour tous ceux qui ne l'avaient pas déjà abandonné, Pharaon interdit la brit mila dans le cadre de ses décrets cruels. [Pirké déRabbi Eliezer 29]
Le Panim Yafot explique que puisque la tribu de Lévi a résisté à cette épreuve et a plutôt "assujetti" son corps pour la mitsva de brit mila, Hachem l'a récompensée à sa juste mesure en veillant à ce que Pharaon ne soit pas en mesure d'assujettir son corps par l'esclavage. Ainsi, la tribu de Lévi n'a jamais été réduite en esclavage (Chémot 1,14).

Il est écrit : "Yossef mourut, ainsi que tous ses frères, ainsi que toute cette génération ... ils remplirent la terre" (Chémot 1,6-7). Le midrach (Yalkout Chimoni Chémot 1:162) explique que le peuple juif remplissait les théâtres et les cirques égyptiens.
L'assimilation se poursuivant, de nombreux juifs se mirent même à adorer les dieux et les idoles de l'Égypte (Yé'hezkel 20,7-8 ; voir également Rachi - Bo 12,6).
Ils ont cessé d'étudier la Torah et profitaient de la culture égyptienne [et de sa façon d'aborder la vie].

9°/ Pourquoi Goshen? :
Le Netsiv (Ha'Emek Davar - Vayigach 45:9) explique que lorsque les fils de Yaakov ont accepté l'offre de Pharaon de résider à Goshen (voir Vayigach 45,17-18), Yosef a usé de son autorité pour déplacer la population de Goshen afin que ses frères et leurs familles vivent dans un isolement complet, conformément à la volonté de Yaakov.
Une raison supplémentaire de s'installer à Gochen est fournie par le midrach, qui dit que lorsque Sarah, la femme d'Avraham, fut enlevée par Pharaon de nombreuses années auparavant, et qu'elle lui revint après une nuit, Pharaon lui donna la terre de Goshen en cadeau.
[Il est intéressant de noter que le midrach relate que la nuit où Sarah a été enlevée était la nuit de Pessa'h]
Par conséquent, lorsque Yaakov et ses enfants s'installèrent à Goshen, ils vinrent vivre sur une terre qui leur appartenait de droit. [Pirké déRabbi Eliezer 26]

-> Le Netsiv (Haemek Davar - Chémot 1,7) note que, contrairement aux directives de leur ancêtre Yaakov, beaucoup de ses descendants quittèrent Goshen et se répandirent dans tout le pays d'Égypte (midrach Yalkout Chimoni, Chémot 1:162).
Avec le temps, ils commencèrent à cacher leur illustre lignée, abandonnant même la mitsva du brit mila afin de se mêler à leurs voisins égyptiens. C'est pour cette raison, et uniquement pour cette raison, que la haine des Égyptiens s'enflamma contre le peuple juif et que les décrets commencèrent.
Le Netsiv termine par une déclaration qui fait froid dans le dos : cette conséquence désastreuse ne s'est pas limitée à l'Égypte ; au contraire, l'état d'esprit omniprésent qui consiste à vouloir être comme toutes les autres nations est précisément la raison pour laquelle le peuple juif est confronté à une telle persécution à chaque génération.

-> La haine universelle du peuple juif a traversé toutes les générations, et c'est un phénomène qui ne peut pas être expliqué, bien que de nombreux historiens aient essayé. La haine des juifs est aussi illogique qu'intense et continue.
La seule raison pour laquelle l'antisémitisme se manifeste, explique le Rav Avigdor Miller, est de rappeler au peuple juif qu'il est différent. Par conséquent, si le peuple juif le reconnaît et agit en conséquence, l'antisémitisme n'aura pas lieu d'être.
Ainsi, le rav Miller explique que le niveau d'antisémitisme auquel le peuple juif est confronté à chaque génération est proportionnel à la reconnaissance qu'il a de son caractère unique.

-> b'h, également sur ce sujet : https://todahm.com/2018/02/20/6023-2

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10°/ Des impôts énormes :

Le Kli Yakar (Chémot 1,7) explique que le ressentiment des égyptiens s'explique en grande partie par le fait que la nation juive est devenue exceptionnellement riche. En effet, non seulement leur croissance physique était exponentielle, mais leur croissance financière l'était également. En fait, en raison de la richesse extravagante du peuple juif, Pharaon a décrété de lourdes taxes dans le but précis de l'appauvrir.

Bien que le Kli Yakar ne mentionne pas explicitement que le peuple juif a fait étalage de sa richesse ou l'a utilisée à mauvais escient, il est logique que cela ait été le cas. En effet, bien que Pharaon ait physiquement promulgué les décrets contre le peuple juif, en fin de compte, Hachem contrôle entièrement tout ce qui nous arrive (Séfer ha'Hinoukh - mitsva 241). En tant que tel, tout ce qui est arrivé à la nation a été divinement orchestré en utilisant le principe d'Hachem de "mesure pour mesure" - agissant proportionnellement à leurs actions (Sanhédrin 90a).
Puisqu'il n'y a certainement rien de mal à être riche, c'est donc qu'ils ont mal utilisé leur richesse et qu'ils ont été punis en conséquence. [rav Moché Kormornick]

De son côté, le Ibn Ezra (Chémot 1,11) dit que Pharaon a cherché à fortement les taxer comme un moyen de freiner leurs niveaux élevé de procréation.

-> Le Ktav véHakabala (Chémot 1,11) explique que Pharaon a d'abord prélevé un impôt sur le peuple juif et que si une personne n'était pas en mesure de le payer, elle devait travailler sur l'un des chantiers de construction.
Grâce à cette méthode, Pharaon a pu appauvrir le peuple juif tout en le livrant lentement à l'esclavage.

-> Le Meam Loez cite une opinion selon laquelle, alors que Pharaon cherchait des moyens de tuer le peuple juif dans son ensemble, Iyov (un des 3 très proches conseillers de Pharaon avec Yitro et Bilam) a tenté de le sauver en apaisant Pharaon, en lui disant qu'il suffirait de les rendre pauvres. On peut supposer que cela est conforme à la guémara (Nédarim 64b) qui dit qu'une personne en situation d'extrême pauvreté est considérée comme "morte" à bien des égards.
Le rav 'Haïm Chmoulévits (Si'hot Moussar 5732:31) explique que la raison de cette comparaison est que quelqu'un qui manque de ressources minimales et qui est incapable de contribuer à la société ne peut pas participer au but premier de la vie - donner.

Malgré les bonnes intentions de Iyov, de chercher à sauvé le peuple juif de la mort, le Zohar (2:33a) raconte qu'il a néanmoins été puni par Hachem, mesure pour mesure, pour avoir conseillé à Pharaon de nuire financièrement au peuple juif.
Sa punition, explique le Meam Loez (Chémot 1,10), était que tous ses biens lui seraient retirés et qu'il souffrirait terriblement. Pourquoi Iyov a-t-il été puni alors qu'il tentait de sauver la vie du peuple juif?
Parce qu'il aurait dû protester contre l'intention de Pharaon de nuire au peuple juif, comme l'a fait son autre conseiller Yitro.

-> Après avoir abordés Iyov et Yitro, nous allons voir Bilam.
Bilam, le grand magicien et ennemi du peuple juif, était l'un des conseillers les plus respectés de Pharaon et était complice du plan visant à débarrasser l'Égypte de la nation juive (guémara Sotah 11a).
Le midrach Séfer HaYachar (Chémot 4,19) décrit les débuts de Bilam en tant que serviteur d'un roi africain nommé Augias. À l'âge de 15 ans, il était déjà réputé pour ses capacités extraordinaires en matière de magie et de divination. Travaillant d'abord avec l'armée du roi contre l'Égypte, Bilam finit par s'enfuir en Égypte où il fut accueilli avec beaucoup d'honneur en raison des nombreux Égyptiens qui souhaitaient apprendre ses talents.
Bien que la guémara raconte que Bilam était aveugle d'un œil (et selon une interprétation de Rachi, son globe oculaire était en fait manquant, laissant un trou béant - Rachi - Balak 24,3), cela s'est produit de nombreuses années plus tard lorsqu'il a tenté de maudire la nation juive alors qu'elle campait dans le désert. [guémara Nida 31a - avec Maharcha 'Hidouché Aggadot "val davar zé").

Il est intéressant de noter que le midrach (Yalkout Chimoni 2:168) révèle que l'une des raisons pour lesquelles Bilam cherchait continuellement à détruire la nation juive est qu'il était une réincarnation de Lavan qui cherchait à détruire la nation juive entière sans raison rationnelle.
C'est pourquoi, note le Maharal (Guévourot Hachem 54), Lavan, qui n'a apparemment rien à voir avec Pessa'h, est spécifiquement mentionné dans la Haggada comme étant l'archétype de l'antisémite qui hait la nation juive sans raison.

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11°/ L'Égypte est remplie de magie noire :
-> La guémara (Ména'hot 85a avec Rachi) explique que l'Égypte était remplie de magiciens et de sorciers.
En fait, la guémara (Kidouchin 49b) raconte que sur les 10 mesures de magie qui sont descendues dans le monde, 9 ont été données à l'Égypte.

12°/ Le jardin d'Égypte :
Pour sa capacité à faire pousser des semences, la Torah qualifie l'Égypte de "jardin d'Hachem" (kéGan Hachem - Lé'h lé'ha 13,10, avec Rachi), tant sa terre était étonnamment fertile. Malgré cet éloge de l'Égypte, la guémara (Sotah 34b) révèle que même l'endroit le plus rocheux de la terre d'Israel est 7 fois plus fertile que l'endroit le plus fertile d'Égypte.

13°/ Absence de pluie en Égypte :
L'Égypte était un pays unique et autosuffisant en ce sens qu'elle ne dépendait pas de la pluie pour arroser ses cultures. En fait, il ne pleuvait jamais en Égypte. Au contraire, le Nil débordait et irriguait les champs adjacents qui fournissaient à l'Égypte ses récoltes (Rachi - Yéchayahou 19,5).
Ibn Ezra (Vaéra 9,18) écrit qu'il était encore vrai de son vivant que la pluie ne tombait jamais sur l'Égypte.
Outre l'irrigation, le débordement de l'eau apportait un nombre immense de poissons sur les rives. L'Égypte était donc riche en ressources naturelles. [Rachi - Yéchayahou 19,8]
Bien qu'il s'agisse apparemment d'une bénédiction, l'absence de pluie signifiait que les égyptiens n'avaient jamais eu besoin de se tourner vers Hachem pour leur subsistance. Comme le dit le midrach (Sifri - Eikev 2), ils avaient à leur disposition un serviteur du roi qui répondait à leurs besoins au lieu de vivre de la main du roi.
Dans une ressemblance frappante, l'une des punitions d'Hachem pour le serpent (auquel l'Égypte est comparée (Yirmiyahou 46,22) après qu'il ait causé le premier péché (fruit de l'Arbre de la Connaissance), était que sa nourriture serait la poussière de la terre (Béréchit 3,14), ce qui semblait garantir que sa subsistance serait toujours disponible où qu'il se tourne. Dans ce cas, comment le fait de fournir au serpent une nourriture illimitée a-t-il pu être considéré comme une punition? La réponse est que lorsqu'une personne ne peut pas se connecter à Hachem et qu'elle ne peut pas évaluer son comportement en fonction de la pluie qu'elle reçoit ou qu'elle ne reçoit pas, elle est essentiellement laissée à elle-même, loin de l'œil attentif et bienveillant d'Hachem, pour ainsi dire.
Ainsi, bien que l'Égypte ait pu se vanter de sa capacité à prospérer sans l'intervention directe d'Hachem, sans aucune relation avec Lui, elle a été incapable de voir clairement Ses signes jusqu'à ce qu'il soit trop tard.

Il convient de noter que dans tous les aspects que nous avons mentionnés ci-dessus, la terre d'Israel est exactement le contraire : la subsistance de la terre dépend uniquement de la pluie (Ekev 11,10-11) qui, à son tour, dépend exclusivement de nos actions et de notre comportement (comme nous le déclarons chaque jour dans le kriat Shéma : "Si vous écoutez Mes ordres ... Je vous donnerai la pluie dans votre pays en temps voulu" (Ekev 11,13-14)).
Ainsi, les habitants de la terre d'Israel ont eu la chance de pouvoir déterminer s'ils agissaient de manière à plaire à Hachem ou non. Ainsi, à la différence des relations qu'Il entretient avec d'autres pays, en particulier l'Égypte où aucune relation n'existait, Hachem garde constamment un œil vigilant et aimant sur Sa Terre sainte : "Les yeux de D. y [en terre d'Israël] sont constamment rivés, depuis le début de l'année jusqu'à la fin de l'année" (Ekev 11,12).