Aux délices de la Torah

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Pourquoi le déluge dura-t-il 40 jours?

+ Pourquoi le Déluge (maboul) a-t-il duré 40 jours?

"Car encore 7 jours, et Je ferai pleuvoir sur la Terre pendant 40 jours et 40 nuits ; et J’effacerai de la surface du sol tous les êtres que J’ai créés" (Noa'h 7,4)

=> Pourquoi le Déluge a-t-il duré 40 jours?

-> Rachi commente : "40 jours : ce qui correspond au délai nécessaire à la formation de l’embryon, parce que leur mauvaise conduite avait obligé leur Créateur à engendrer des enfants issus d’unions illégitimes" (voir midrach Béréchit rabba 32,5).

-> Le Torah OHr explique : en amenant le Déluge, D. a trempé le Monde dans un Mikvé (bain rituel) géant, comme il est dit : "Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; Je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles" (Yé'hezkiel 36,25).
Les 40 jours de pluie font donc allusion à la mesure des 40 Séa que constitue un Mikvé (environ 750 litres). Le Déluge, dès lors, n’était pas une punition, mais un processus de purification dont le Monde avait besoin afin d’être nettoyé et de pouvoir renaître.
[Le Baal Chem Tov explique que l’intention (kavana - כוונה) de celui qui se trempe dans un Mikvé, doit-être celle de s’annuler entièrement afin d’émerger comme un nouveau-né pour réaliser un nouveau départ (à noter que les mots בטול bitoul – annulation - et טבול tivoul – trempage, sont formés des même lettres)].

L’eau du Mikvé étant comparée au liquide amniotique contenu autour du fœtus et vital à l’existence de ce dernier. L’eau du bain rituel devient à ce titre "l’eau de la matrice" ; l’eau du renouvellement et de la purification. Notons également que la lettre "mém" (מם) [de valeur numérique 40] s’apparente au mot "mayim" (מים - eau). [Séfer Habayir]

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=> Quelle est la signification du nombre 40?

On peut citer les explications suivantes :
1°/ Il a plu pendant le Déluge 40 jours et 40 nuits, suite à quoi, le Monde a connu un nouveau départ.

2°/ Moché est resté 40 jours et 40 nuits sur le Mont Sinaï pour recevoir les Tables de Lois (les premières comme les secondes). [à noter que "Il n’y a d’eau que la Torah" - én mayim ella Torah - Baba Kama 82a ; Avoda Zara 5b]

3°/ 40 jours furent donnés pour explorer la terre d’Israël afin de la conquérir (Bamidbar 13).

4°/ Le peuple juif a vécu dans le désert pendant 40 ans, pendant lesquels il se construisit en tant que Nation [voir le Rékanati].

5°/ 40 jours après la conception, le foetus est considéré comme étant formé. [guémara Békhorot 21a]

6°/ 40 semaines est la durée de la grossesse chez les humains, après quoi vient au Monde une nouvelle vie.

7°/ Its’hak avait 40 ans quand il épousa Rivka après l’épreuve du Sacrifice.

8°/ Rabbi Akiva avait lui aussi 40 ans quand il épousa la fille de Kalba Savoua et fit Téchouva en partant étudier (il devint ainsi le grand maître de la Loi Orale); [voir guémara Ketouvot 62b et Avot déRabbi Nathan 6,2]

9°/ Les 40 jours consacrés à la téchouva (depuis Roch ‘Hodech Eloul jusqu’à Yom Kippour) qui transforment l’homme en un être nouveau; [voir Rambam - Michné Torah - Hilkhot Téchouva 2,4]

10°/ "L’homme ne comprend la pensée de son maître qu’après 40 ans" (guémara Avoda Zara 5b).
Aussi, est-il enseigné : "A 40, [on est apte] à l’intelligence" [Pirké Avot 5,26].

11°/ L’époque messianique (avant l’entrée dans le Monde futur) durera (selon un avis) 40 ans. [guémara Sanhédrin 99a]

12°/ La "Résurrection des Morts" aura lieu 40 ans après le Rassemblement des Exilés (Zohar I, 139a) ou 40 ans après la venue du Machia’h (voir HaRan sur Sanhédrin 99a).
[Il s’agit de la Résurrection de l’ensemble du peuple juif. En revanche, dès la venue du Machia’h, les Tsaddikim qui sont morts en Exil, reviendront à la vie physique du Olam Hazé (HaRitba sur Roch Hachana 16b)].
Cependant, si Israël est méritant, les 40 années seront remplacées par 40 "instants" de courte durée (Si’ha Balak 5741).
[d'après le feuillet de la communauté Sarcelles - Noa'h 5783]

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+ Le déluge : c'était 40 jours et 40 nuits de pluie et de débordements des sources d'eau.
Pourquoi 40 jours?
- On peut noter que le mot vol (= gézel - גזל = à l'origine du déluge) a pour valeur numérique 40.
- Il faut 40 jours pour qu'une âme soit associée à un embryon et que son genre soit déterminé. On reprend par là l'idée du renouvellement de la création (Guémara Béra'hot 60a).
- Le chiffre 40 correspond aux 40 séa (le volume) d'eau nécessaires au bain rituel (mikvé). Il apparaît ici l'idée que le déluge est destiné aussi à purifier la création.
- Il y a aussi une notion de punition de la génération du Déluge, mesure pour mesure, pour avoir transgressé la Torah de D. qui sera donné au mont Sinaï après 40 jours.

Le déluge c'était durant : 40 jours (l'eau venait du ciel et de sources souterraines) + 150 jours (l'eau ne venait plus que de sources souterraines), soit 190 jours.
On peut noter que la guématria de 190, correspond au mot : fin (ketz - קץ ).

 

Sources : le "védibarta bam" de Rabbi Moshe Bogomilsky + le livre "Guévourot aTorah" de Gabriel Cohen

"Tu te souviendras d'Hachem parce que c'est Lui qui t'a donné la force de t'enrichir" (Eikev 8,18)

-> Selon Onkelos, c'est Hachem qui nous donne l'inspiration pour faire l'achat.
Lorsqu'une personne réussit dans les affaires, c'est parce qu'Hachem l'a bénie avec une bonne idée.
Le rav Eliyahou Desser disait : "Les gens s'exclament : "Je viens d'avoir une idée géniale! D'où vient cette idée? C'est Hachem qui l'a glissée dans sa tête".
Ce principe doit être programmé dans notre esprit et dans notre cœur. Comment? En nous rappelant constamment que chaque succès, petit ou grand, vient d'Hachem.
Lorsqu'une personne postule pour un emploi ou fait un investissement risqué, elle se souvient de demander l'aide d'Hachem.
Lorsqu'elle prend le métro pour se rendre au travail ou qu'elle se prépare pour un cours, elle oublie de demander cette aide. Même si le besoin ne semble pas important, elle a perdu une grande occasion de se lier à Hachem. [Sifsté 'Haïm - Midot bé'Avodat Hachem]

"Si votre rabbi est un ange, apprenez de lui, sinon, ne le faites pas".
[guémara 'Haguiga 15b]

-> Il est évident que la guémara ne parle pas littéralement, personne n'est un ange. Que veut donc dire cette guémara?
Un ange, est également appelé un oméd, un être debout. Un ange ne grandit [spirituellement] pas dans la vie. Il est ce qu'il est, et il le restera à jamais.
La guémara nous enseigne que si un rabbi ne se concentre pas sur sa propre croissance et qu'il est prêt à y renoncer pour ses élèves, c'est un vrai rabbi.
Pour être un rabbi efficace, il faut s'occuper des talmidim (élèves) et non du rabbi.
[rav Mordé'haï Sultan]

-> Le Ohr haChaim haKadoch (Kédochim 19,2) explique la capacité du juif à sanctifier le mariage. Pour chaque mitsva que nous accomplissons, la sainteté d'Hachem réside dans la partie de notre corps avec laquelle nous accomplissons la mitsva.
Lorsqu'un couple agit avec sainteté (kédoucha), il a la Chékhina (Présence Divine) avec lui, comme nous l'enseignent nos Sages (guémara Sotah 17a) : "La Chekhina réside entre un homme et sa femme".
À tel point que nos Sages enseignent qu'Hachem participe à la sainte mitsva [dans l'intimité du couple], et qu'il y a 3 partenaires égaux dans la formation d'un enfant : le père qui donne les os, la mère qui donne le sang, et Hachem qui fait naître une sainte âme.
Lorsque l'on est connecté à la sainteté, tout mauvais désir et impureté sont chassés et même l'acte le plus physique est pur et saint.

-> Nos Sages nous enseignent que Bilam est devenu aveugle lorsqu'il a appris qu'Hachem examine toutes les relations conjugales au sein du peuple juif, dans l'attente du couple qui formera un tsadik.
Bilam ne pouvait pas comprendre comment un tel acte physique pouvait avoir une quelconque sainteté. Pour lui, cela représentait la luxure et le désir absolus, ainsi qu'un plaisir complaisant. Il ne pouvait pas comprendre comment le juif prenait cette zone du corps et l'utilisait comme source de la plus grande sainteté et de la plus grande connexion avec Hachem.
Cette pensée l'"aveuglait" car elle incarnait sa vie qu'il n'y a rien au-delà de lui (MOI MOI MOI) et de ses plaisirs.

Vayétsé

- "Il rêva et voici une échelle posée à terre et son sommet arrivait [jusqu'] au ciel, et voici des anges de D. montaient et descendaient dessus". (Vayétsé 28;12)

1°/ Rashi sur "montaient et descendaient" : les anges qui l'avaient accompagné dans la terre [d'Israël] ne sortaient pas en-dehors de [cette] terre, et remontaient au ciel tandis que] descendaient les anges d'en-dehors de la terre [d'Israël] pour l'accompagner.

2°/ Le Midrash nous explique que D. se révéla à Yaakov dans un rêve prophétique afin de le renforcer (il était persécuté par Essav et s'apprêtait à se rendre chez Lavan l'escroc) et de l'assurer de Son assistance à travers tous les événements futurs.
- Dans cette vision, chaque ascension d'un ange correspond à un exil du peuple juif (chaque échelon correspondant à un an), et la descente à sa fin.
- Par ailleurs, cette échelle correspond aussi à la rampe qui conduisait à l'autel du futur Bet Hamidrash. Les Kohanim (comparés aux anges) montaient et descendaient le long de la rampe du mizbé'ah en se hâtant, pour accomplir avec zêle la avoda.
Il vit la destruction du 1er Temple par les flammes et la reconstruction du 2e Temple.
- Enfin, l'échelle symbolisait le Har Sinaï, et il vit que ses descendants se tiendraient à son pied pour recevoir le Torah (vision du Matan Torah : l'apogée de la Création). Les anges représentaient, dans cette vision, Moshé et Aaron, qui graviraient le Har Sinaï; Aharon restant sur la montagne et Moshé continuant jusqu'au Ciel pour recevoir les tables de la Loi.

3°/ Le Ben Ish Haï note (appris de son père Rabbi Eliahou) que la valeur numérique du mot soulam (= échelle) est de 136, et est égale à celle de Mamon (= l'argent).
- Par ses efforts, l'homme monte les échelons de la hiérarchie sociale, mais en fait le sommet de cette échelle se trouve dans le ciel, car en définitive la réussite est accordée par D. Les anges qui montaient et descendaient sur l'échelle symbolisent les aléas de l'existence humaine, avec ses hauts et ses bas. De même que lorsque l'on inverse une échelle, l'échelon supérieur se retrouve tout en bas, de même, celui qui est tout en haut de l'échelle de la fortune peut se retrouver tout en bas en un instant.
- Cela signifie aussi que bien que l'argent soit une chose basse, on peut l'utiliser pour faire de grandes actions qui montent jusqu'au ciel. (tsédaka, embellir les mitsvot, ...)

4°/ Le Ben Ish Haï rajoute que le mot soulam (= échelle) a aussi la même valeur numérique que le mot Kol (= la voix), référence aux valeurs spirituelles.
- Cela peut signifier que la voix de la prière et de l'étude de la Torah atteint le ciel (à l'image de l'échelle).
- Par ailleurs, cela conduit à comprendre notre verset d'une nouvelle façon.
L'échelle (symbole du matériel et du spirituel = soulam =
kol ; lien entre la terre et le ciel) se dresse sur la terre car le juif doit mener de front sa vie matérielle et spirituelle.

Ainsi, les justes (à l'image des anges), y montent, regardant vers le haut, vers leur maître, pour s'élever spirituellement. Et y descendent, regardant vers le bas, car ils sont satisfaits de leur situation matérielle et ne recherchent pas à égaler dans ce domaine ceux qui sont au-dessus d'eux.

 

Sources :
- "Le Midrash raconte" de Rabbi Moshe Weissman
- "Od Yossef Haï" de Rabbi Yossef Haïm de Bagdad
- "La voie à suivre" de la Hévrat Pinto

Paracha Hayé Sarah

"Et les jours de Sarah furent 100 ans et 20 ans et 7 ans [soit 127 ans], c'était les années de la vie de Sarah." (Hayé Sarah 23,1) 

1°/ Rashi nous explique : la répétition du mot "ans" après chaque catégorie (centaine, dizaine, unité) vient te dire que chacune est interprétée en elle-même :

  • à l'âge de 100 ans, elle était comme à l'âge de 20 ans à l'égard du péché. De même qu'à 20 ans, une fille n'a pas de péché car elle n'est pas punissable, de même à 100 ans, elle n'avait pas de péché.
  • et à l'âge de 20 ans, elle était comme une fille de 7 ans pour la beauté.

La fin de ce verset vient nous apprendre que toutes les années de la vie de Sarah étaient égales pour le bien.

2°/ Contrairement à ce que dit  Rashi, une femme n'est-elle pas plus belle qu'une enfant de 7 ans?

  • Chez une enfant de 7 ans, nous ne voyons généralement parmi tous ces actes  que le bon côté des choses, car nous mettons l'aspect négatif sur le compte du fait qu'elle n'est qu'une enfant, et nous lui trouvons donc des circonstances atténuantes.

Par contre chez une jeune fille de 20 ans, il est impossible de trouver des circonstances atténuantes sur tous ces actes, et il est certain que l'on va lui reprocher des choses.
Ainsi, Sarah, même à l'âge de 20 ans, ses actes étaient tous d'une telle perfection que l'on ne voyait chez elle que de la beauté, comme pour une fillette de 7 ans, chez qui nous ne voyons que des bonnes choses.           (Ma'yana Shel Torah)

  • Selon le Midrach Rabba, on peut répondre à cette question en comprenant ce qu'est la vraie beauté. Sarah avait la beauté à 20 ans d'une fillette de 7 ans, c'est-à-dire qu'elle ne se servait pas de ses "atouts" physiques pour attirer sur elle les regards. Elle est restée dans sa grande naïveté, innocence, sa grande discrétion et sa grande pudeur, pour éviter que les autres ne trébuchent par sa faute. Ainsi, si la Torah vient nous vanter sa beauté, c'est pour nous enseigner que la pureté de son intériorité était tellement grande qu'elle s'exprimait sur son visage. La beauté juive réside dans la pudeur, la discrétion, afin de permettre à la beauté de l'âme (l'intériorité) de se révéler le plus fortement.
  • Par ailleurs, ce Rashi ("comme à...") nous montre que Sarah avait les avantages de la vieillesse et de la jeunesse. Quand elle avait 20 ans, elle avait déjà les mêmes qualités qu'à 100 ans, et quand elle avait 100 ans elle avait encore les mêmes qualités qu'à 20 ans.

3°/ Le rav Yaakov Kaminetsky nous explique que la fin de ce verset : "c'était les années de la vie de Sarah" vient nous certifier que Sarah est arrivée au terme des années de vie qui lui avaient été imparties.

Rashi (verset suivant) nous indique que la mort de Sarah suivit la ligature d'Itshak parce qu'en apprenant la nouvelle de la ligature, que son fils avait été préparé pour être égorgé, son âme s'était envolée d'elle et elle était morte.

Ainsi, la Torah explique (par ce verset) que la ligature d'Itshak n'est pour rien dans la mort de Sarah car dans tous les cas elle était arrivé au terme de ses années de vie.

4°/ Le Ben Ich Haï fait remarquer que la répétition dans ce verset du mot "shana" (= "… ans") a pour but de souligner que les nuits des justes sont aussi portées à leur crédit, contrairement aux méchants, dont l'existence est considérée comme très courte compte tenu de leurs rares mérites (ainsi être physiquement vivant ne veut pas dire que l'on est réellement vivant selon la Torah …).

5°/ Par ailleurs, le Ben Ich Haï demande : pourquoi les 2 premières fois, le mot "shana"  est-il au singulier, et la dernière fois, au pluriel?

Afin de ne pas s'enorgueillir durant notre vie, la Torah nous conseille de se rappeler de nos débuts pitoyables dans l'existence : muet et immobile comme une pierre, qui baigne dans ses déjections en mettant en bouche n'importe quelle saleté.

Ainsi, le mot est au singulier en ce qui concerne : 100 ans (moment de la décrépitude progressive de son corps) et 20 ans (zénith de sa force et de sa beauté), afin nous montrer que Sarah se souvenait toujours avec humilité de ce qu'elle était à un an (shana). A l'inverse, le mot est au pluriel à 7 ans, car elle s'y voyait déjà comme une femme adulte et responsable, chargée par le poids "des années" (shanot).

-> Par ailleurs, le Zohar ('Hayé Sarah 122) enseigne que : "100 ans" est écrit au singulier (chana), de même pour "20 ans (chana), mais "7 ans" est au pluriel (chanim).
Pour les nombres importants, l'utilisation du singulier amoindrit, tandis que pour le 7, le plus petit, l'utilisation du pluriel montre qu'il est rehaussé.
=> Nous voyons ainsi que Hachem grandit ceux qui se font petits et amoindrit ceux qui se font grands.
Et cela en fonction du principe : Celui qui recherche la grandeur, tout au long de sa vie dans ce monde, sera considéré comme petit dans le monde de Vérité.

6°/ Rabbi Avraham Ména'hem (Min'ha Béloula) explique que ce verset doit être lu d'une autre manière. Le mot "shéné" (précédemment traduit par "les années") peut aussi se traduire par le chiffre : 2. Nous devons donc lire la fin du verset : "[c'était] les 2 vies de Sarah".

Rabbi Avraham Ména'hem considère que les 127 années de vie de Sarah se décomposent en 2 parties : ses 90 premières années (avant la naissance de Ytshak) et ses 37 dernières années. En effet, la Torah enseigne qu'un Homme n'est appelé "vivant" que lorsqu'il devient parent. Ce n'est qu'à ce moment que sa vie prend tout son sens. D'ailleurs, notre verset commence par le mot "vayiyou" dont la valeur numérique est 37, soit la "véritable existence" de Sarah.

Sarah a enfanté Itshak à l'âge de 90 ans et elle endura aussi les 10 épreuves de son mari Avraham (son double enlèvement, la famine,...). Dans ce cas, comment comprendre l'explication de Rashi : "toutes les années de la vie de Sarah étaient égales pour le bien"?
Rabbi Zoucha d'Anipoli explique que Sarah ne cherchait jamais à analyser et à comprendre pourquoi elle subissait tant de difficultés. Elles étaient persuadée qu'existaient de profonds secrets derrière tous ses problèmes. Tout ce qui m'arrive n'est que pour mon bien (même si actuellement je n'en suis pas conscient(e) voir je pense - à tort - le contraire)!

Paracha Vayéra

  • "Que l'on prenne un peu d'eau, lavez vos pieds et reposez-vous sous l'arbre. Je prendrai une miche de pain et vous rassasierez votre cœur ..." (vayéra 18,4-5) 

Le Ben Ish Haï explique :

  • "Que l'on prenne un peu d'eau" : comme Avraham a fait recourt à un intermédiaire, D. fit sortir l'eau pour ses descendants par un intermédiaire : Moshé.

A ce sujet, Avraham n'a pas voulut s'éviter un effort supplémentaire, mais il savait par prophétie que le peuple juif n'aurait pas le mérite d'entrer en terre d'Israël s'il n'était pas conduit par un être d'exception, tel que Moshé (d'où son recourt à un intermédiaire pour apporter l'eau).

Par ailleurs, on peut aussi se demander pourquoi Avraham a proposé "un peu d'eau". Il pouvait se montrer plus généreux  avec son eau puisée gratuitement à la source.  Avraham a proposé à ses invités un peu d'eau (afin d'ouvrir l'appétit sans trop remplir l'estomac par trop d'eau), de se laver les pieds et à s'appuyer contre l'arbre pour se reposer de la fatigue du voyage afin d'être dans les meilleures conditions pour être en appétit.

  • "Je prendrai une miche de pain" : Avraham les servit directement, ainsi, D. prodigua lui-même du pain à ses descendants (peuple juif).

On apprend de là également, que les tsaddikim promettent peu et font beaucoup; tandis que les impies font de grandes promesses pour n'en accomplir pas même une infime part. Ainsi, Avraham promit aux anges un petit peu de pain, mais il leur a servi ensuite un repas royal pour lequel il égorgea 3 veaux, il utilisa 9 séah de farine et leur servit également de la crème et du lait.

Nos Sages nous explique que ce comportement s'inspire de celui de D. En effet, lorsque D. promit qu'Il jugerait les Egyptiens à la fin de l'exil, Il assura à Avraham : "La nation qui les asservira, Je [la] jugerai" (paracha précédente : le'h le'ha 15,14). La promesse divine ne contenait que 2 mots (Je jugerai), et pourtant D. a infligé 10 plaies aux Egyptiens.

Il est à noter (cf.Rashi) que le texte désigne le cœur des anges en n'utilisant qu'une fois la lettre beth afin d'indiquer que le mauvais penchant n'a pas de prise sur eux (au contraire des hommes - avec 2 lettres beth comme par exemple dans le shéma : "be'hol levave'hem").

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-> "Qu’on aille quérir un peu d’eau ; lavez vos pieds" (Vayéra 18,4)

=> Avraham excellait dans l’hospitalité. Il choisit généreusement pour ses invités trois mesures de farine et sacrifia trois veaux pour leur en servir les plus belles parts. Pourquoi se montra-t-il avare concernant l’eau en ne leur en donnant qu’un peu?

-> L’Admour de Tsanz (le Chéfa ‘Haïm), explique qu’Avraham vit par inspiration divine qu’au moment où D. voudrait donner la Torah aux enfants d’Israël, les anges s’y opposeraient, avançant que sa place se trouve plutôt dans les cieux. Il leur fit donc transgresser l’interdit de mélanger lait et viande afin que, le moment venu, Hachem puisse leur répliquer qu’ils ne peuvent accepter la Torah, puisqu’ils en avaient déjà enfreint un commandement.

Selon le Choul’han Aroukh (Yoré Déa 89,2), il faut manger un morceau de pain et boire un peu d’eau pour pouvoir manger de la viande après du lait. Avraham servit à ses visiteurs du beurre et du lait, puis de la viande, tandis qu’il s’abstint de leur donner du pain et de l’eau pour nettoyer leur bouche entre le lacté et le carné.
De cette manière, ses descendants pourraient recevoir la Torah. C’est pourquoi il ne leur fournit que l’eau nécessaire pour laver leurs pieds.

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"Je vais apporter une tranche de pain ... Puis Avraham courut au troupeau" (Vayéra 18,5-8)

-> Rabbi El'azar dit : "Cet épisode nous enseigne que les Justes parlent peu et agissent beaucoup, contrairement aux réchaïm qui parlent beaucoup et qui ne font même pas un petit peu".
[guémara Baba Métsia 87a]

-> Le rav Yérou'ham Leibovitz (Daat Torah) commente :
Derrière ce principe se profile l'idée que les hommes "qui parlent" ne font rien, alors que ceux "qui agissent" ne parlent pas.
En effet, dès l'instant où la résolution d'agir s'est affermie chez l'homme, rien ne devrait l'en distraire jusqu'à ce qu'il ait mené ses desseins à terme.
De plus, les rares paroles qui sortent de la bouche des Justes (tsadikim) ne son motivées que par une nécessité immédiate, par exemple pour informer autrui de ce qu'ils entendent faire.
[...]
En revanche, chez le racha, l'abondance de paroles résulte du fait qu'il n'envisage pas un seul instant de réaliser sérieusement ses promesses.
En réalité, sa disposition à parler beaucoup n'est motivée que par une soif insatiable d'autosatisfaction, qu'il étanche par une profusion de paroles.
Et fatalement, celles-ci entraînent une diminution de l'action.
Parler abondamment permet ainsi d'étouffer les mouvements de la conscience, et c'est pourquoi Hachem a en horreur cette attitude.
[...]
Par ailleurs, une autre raison pour laquelle les tsadikim font toujours preuve de mesure dans leurs paroles, provient de leur crainte de ne pas pouvoir les respecter.
A l'inverse, peu importe au racha, homme malhonnête, la portée de ses propos, puisqu'en tout état de cause il ne compte pas s'y conformer.

Nos Sages disent : "Les actions des ancêtres sont des signes pour leurs enfants".
A cet égard, la descendance d'Avraham est dotée d'une disposition innée à "agir sans parler". C'est celle-ci qui leur permit de déclarer, au pied du mont Sinaï (Chémot 24,7) : "Nous ferons et nous comprendrons".
Les Sages (guémara Shabbath 88) nous racontent : "Au moment où les enfants d'Israël firent précéder "Nous ferons" de "nous entendrons", une Voix du Ciel sortit et proclama : "Qui donc a révélé à Mes enfants ce secret que seuls les anges de service utilisent?""
=> Pour cette "génération de la connaissance" (dor déa), l'action suivait aussitôt l'énonciation du commandement.

Vayéra – donner de la force à nos prières

+ Vayéra - donner de la force à nos prières :

-> Dans la parasha Vayéra, la Torah décrit la naissance d'Its'hak après l'épisode dans lequel Avimélé'h, le roi de Guérar, a essayé de prendre Sarah comme épouse. Hachem envoya un fléau sur la famille d'Avimélé'h, les rendant toutes stériles, et Avimélé'h libéra Sarah pour les sauver.
Rachi (Vayéra 21,1) note que ces deux épisodes apparaissent ensemble pour enseigner une leçon importante : "Quiconque implore Hachem d'avoir pitié de son prochain, et que le demandeur a besoin de la même chose, c'est lui qui est exaucé en premier".
Lorsque Sarah fut libérée, Avraham pria pour qu'Avimélé'h ait des enfants. Parce qu'il avait besoin de la même requête, Avraham mérita d'être exaucé, et il fut béni en ayant Its'hak.

-> Le rav Yérou'ham Brodiansky demande pourquoi Avraham et Sarah ont eu besoin de prier pour que quelqu'un d'autre ait un enfant. Après tout, ils avaient déjà accumulé suffisamment de mérite par eux-mêmes. N'avaient-ils pas enseigné la émouna en Hachem aux masses et accompli la mitsva de hachnassat or'him ensemble?
De plus, nos Sages (Yébamot 64a) disent qu'Hachem a rendu les Avot (Patriarches) et les Imahot (Matriarches) stériles, parce qu'Il désirait les prières des justes.
Il est clair qu'Avraham et Sarah ont prié intensément pour avoir des enfants. Pourquoi cette prière n'a-t-elle pas suffi?

Le rav Brodiansky explique que l'essence de la prière consiste à demander à Hachem d'exaucer notre demande par miséricorde, même si nous ne le méritons pas. En effet, nos prières expriment notre totale dépendance à l'égard d'Hachem afin de susciter Sa miséricorde.
Il est vrai qu'Avraham et Sarah avaient prié intensément pendant des années et qu'ils avaient certainement suscité la miséricorde d'Hachem. Cependant, leur cas était particulier car ils étaient physiquement incapables de procréer, et un miracle était nécessaire pour changer cela. (Peut-être y avait-il aussi d'autres raisons qui dépassent notre entendement).

Ce qui a finalement fait pencher la balance, c'est qu'Avraham a commencé à prier pour qu'Avimélé'h ait des enfants. Sa propre prière s'éleva alors encore plus haut.
Dans sa prière de miséricorde se trouvait un élément de 'hessed : il priait pour que quelqu'un d'autre ait des enfants. La miséricorde céleste a alors débordé pour Avraham, et Sarah et lui méritèrent un fils. Ainsi, la prière d'Avraham pour Avimélé'h était la touche finale de décennies de prières pour son propre enfant.

-> Cet épisode nous enseigne comment renforcer notre propre prière. Priez aussi pour les autres!
C'est peut-être la raison pour laquelle nos prières sont dites au pluriel, afin d'élargir notre champ d'action et d'inclure les besoins des autres. En effet, le Arizal dit qu'avant de prier, nous devons nous efforcer d'accomplir la mitsva d'aimer notre prochain comme nous-mêmes, et cette mitsva exige implicitement que nous pensions aux autres en priant.
Cependant, en plus de cet acte de 'hessed pour eux et de l'accomplissement de la mitsva, le fait de penser à eux renforcera également nos propres prières.

Lorsqu'il s'agit de faire des demandes à Hachem dans nos prières, beaucoup se concentrent sur leurs propres besoins. Consciemment, ou peut-être inconsciemment, nous pouvons omettre ou minimiser les besoins des autres, comme si le fait de les inclure dans nos pensées allait en quelque sorte nous détourner de la prière pour nous-mêmes. Cependant, Avraham nous montre que c'est le contraire qui est vrai, nous ne pouvons que gagner à prier pour les autres.

Dans un autre épisode, la paracha met en lumière une autre façon de renforcer sa prière.
Après qu'Hachem a détruit Sedom et Amora, le verset indique qu'Abraham est retourné "à l'endroit où il s'était tenu [pour prier]" (Vayéra 19,27). Nos Sages (guémara Béra'hot 6b) expliquent qu'il faut désigner un "makom kavoua", un endroit spécifique pour prier. Ils nous disent : "Quiconque fait une makom kavoua pour sa prière, aura le D. d'Avraham comme aide".
Rabbénou Yonah (ibid.) explique que nos Sages font référence à quelqu'un qui accorde tellement d'importance à sa prière qu'il va jusqu'à créer un makom kavoua pour elle. L'importance de sa prière l'amène à lui réserver un endroit spécial.

Naturellement, l'importance qu'il attache à la prière s'exprime aussi d'autres manières. Il arrive toujours à l'heure pour la prière et ne la fait pas à la va-vite. S'il est inquiet ou contrarié par quelque chose, il se calme et éclaircit ses pensées avant de commencer la prière.
Une telle personne a "le Dieu d'Avraham comme aide", elle suit les voies d'Avraham, et sa prière mérite une aide supplémentaire de la part d'Hachem.
[rav Moché Krieger]

"J'ôterai de ta chair ton cœur de pierre et je le remplacerai par un cœur de chair" (Yé'hezkel 36,26).

-> Le rav Yonathan Eibshitz (Ahavat Yéhonathan) commente :
L'enlèvement du cœur de pierre et son remplacement par un cœur de chair signifie que D. remplacera le cœur qui nous pousse à fauter par un cœur qui ne désire pas fauter.

La question est posée : À l'ère messianique, si D. supprime le mauvais penchant, s'il n'y a plus d'impureté ou de mal dans le monde et s'il n'y a plus de désir de fauter, pourquoi alors D. a-t-il besoin de nous donner un nouveau cœur pour s'assurer que le peuple juif ne fautera pas?

À l'ère messianique, il n'y aura plus de désir pour les plaisirs physiques. Le peuple juif ne fautera plus pour des désirs physiques/matériels. Cependant, le peuple juif péchera d'une manière similaire à la faute des anges.

Comment un ange peut-il fauter?
Si un ange se trouve à un niveau spécifique et qu'il souhaite s'élever avant le moment prévu, il est considéré comme un fauter.
De même, à l'ère messianique, si un juif se trouve à un niveau particulier et veut s'élever avant le moment désigné, cela sera considéré comme une faute.

Torah – lire & écouter

"Il est bien connu que le fait d'entendre quelque chose de la part d'un sage ne peut être comparé à la lecture de ces mêmes mots dans un livre, car la vitalité et l'énergie de l'orateur lui-même se cachent dans les mots qui émanent du cœur d'un sage.
Par conséquent, ces mots ont la capacité d'avoir un impact sur le cœur de l'auditeur, conformément au dicton : "les mots qui émanent du cœur pénètrent dans le cœur".
En revanche, les mots écrits ne capturent pas la vitalité et la force de vie de leur auteur, car les mots écrits sont incapables de capturer et de transmettre cette puissante énergie."
[rav Tsadok haCohen - Ressissé Laïla - 56]