+++ Le pouvoir de la prière
"Hachem entendit la voix du jeune homme et un ange de D. appela Hagar du Ciel et lui dit : "Qu'as-tu, Hagar? Sois sans crainte, car Hachem a entendu al voix du jeune homme (Ichmaël) dans sa condition actuelle"" (Vayéra 21,17)
-> Rachi commente : "D'ici [nous apprenons] que la prière de la personne malade lui profite plus que la prière des autres en sa faveur et qu'elle est exaucée en premier".
Pourtant, dans la guémara (Béra'hot 5b), nous trouvons l'inverse : une personne malade ne peut pas s'aider elle-même de la même manière que les autres peuvent l'aider. Il y est dit que Rabbi Yo'hanan avait la capacité de guérir les autres de leur maladie, mais qu'il ne pouvait pas faire de même pour lui-même, parce qu'"un prisonnier ne peut pas se libérer lui-même de son emprisonnement".
Laquelle de ces affirmations est vraie? Les prières d'un malade sont-elles plus ou moins efficaces que celles des autres ?
La réponse est que les prières d'une personne malade sont plus efficaces que celles des autres, mais néanmoins, Rabbi Yo'hanan n'a pas pu s'aider lui-même de la même manière qu'il a pu aider les autres.
La raison en est que sa méthode n'était pas la prière. Deux méthodes peuvent être utilisées pour soulager une maladie : la prière à Hachem et l'encouragement et le fait de donner de la force à une personne malade pour lutter contre sa maladie.
Lorsqu'une personne malade utilise la première méthode, prier Hachem, elle est plus efficace pour soulager sa propre maladie que lorsqu'elle prie pour les autres. En effet, les prières d'une personne malade sont plus sincères (provenant du fond du coeur) que celles des autres et sont donc plus facilement acceptées. En effet, les prières des malades sont extrêmement puissantes et peuvent apporter le salut.
Nos Sages (Béra'hot 10a) déclarent : "Même lorsqu'une épée tranchante repose sur le cou d'une personne, celle-ci ne doit pas s'abstenir d'adresser ses prières/supplications à Hachem".
Hachem est l'ultime guérisseur et peut même ramener une personne qui est bord de la mort.
En revanche, la seconde méthode, qui consiste à encourager une personne à lutter contre la maladie et à lui donner davantage de forces pour combattre sa maladie, ne fonctionne que pour la maladie d'autrui, mais pas pour sa propre maladie. Rabbi Yo'hanan utilisait la seconde méthode. Il prenait les mains du malade dans les siennes et l'encourageait à se renforcer et à se rendre apte à bénéficier de l'aide divine.
Rabbi Yo'hanan ne pouvait aider les autres qu'avec cette méthode, mais pas lui-même, car une personne ne peut pas s'encourager elle-même, elle a besoin que d'autres l'encouragent. [ex: lorsque l'on fait comprendre à un malade qu'elle est importante à nos yeux, qu'on a besoin de l'avoir en forme tellement elle nous apporte, et qu'on l'aime ... ]
Une personne malade est considérée comme prisonnière de sa maladie et, comme l'enseignent les nos Sages (Béra'hot 5b) : "un prisonnier ne peut pas se libérer lui-même de sa prison".
De même qu'une personne est impuissante à se libérer des affres d'une maladie sans la prière, elle est également impuissante à se protéger du mauvais penchant sans la prière.
Celui qui a fauté est prisonnier du mauvais penchant, et un prisonnier est incapable de se libérer de son emprisonnement. Par conséquent, une personne doit constamment prier pour que Hachem la sauve des mauvais desseins du yétser ara.
[Maharal - Gour Aryé ]