Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Tu institueras pour toi des juges et des policiers dans toutes tes portes que Hachem ton D. te donnera, dans chacune de tes tribus" (Choftim 16,18)

-> Les commentaires de la ‘hassidout expliquent que ce verset traite en allusion de la conduite qu’il incombe à l’homme d’adopter dans son travail spirituel. Sa tête comporte en effet de nombreuses ‘portes’ qui sont les yeux, les oreilles, le nez et la bouche. Il est dès lors nécessaire, disent-ils, de poster à chacune d’entre elles des ‘juges et des policiers’, afin de peser à chaque instant et pour chaque action, le pour et le contre, afin de savoir, si oui ou non, elle doit être accomplie.

-> Selon le Chla haKadoch, les "juges et policiers" sont une allusion à certains aspects de l'être humain.
Notre corps possède 7 "portes" par lesquelles il communique avec le monde environnant : 2 yeux, 2 oreilles, 2 narines et une bouche.
Selon ce que l'individu en fait, ces orifices peuvent être soit une source de bonheur, soit produire des effets dévastateurs.

-> Le Chlah écrit à ce sujet :
"Il y a là une allusion à l’enseignement moral rapporté dans la Michna du Sefer Yétsira (4,2) : l’âme (Nefech) comporte sept portes : deux yeux, deux oreilles, une bouche et deux narines. L’homme est tenu d’être le gardien de ses portes, à savoir de veiller à ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il dit, et ce qui le met en colère (qui sort par le nez) ... A chacune de ces portes, il placera ‘des juges et des gendarmes’, ce qui signifie qu’il se jugera en permanence comme y fait allusion l’expression employé dans le verset ‘pour toi’.
Il veillera dès lors constamment à ce qu’il n’y pénètre aucune transgression."

-> Le rabbi Ména'hem Mendel de Rymanov disait que la Torah nous ordonne de placer des juges et des magistrats à ces 7 portes : d'être attentif à ne pas regarder des choses interdites, à ne pas écouter des commérages et des calomnies, à ne pas se mettre en colère et à ne pas consommer des mets interdits.
[chacune de ces portes a besoin d'une unité de juges et policiers spécialisés : pour les tentations liées à la vue, à l'écoute, ... ]

-> "Mesure pour mesure, si un homme en ce monde garde les "portes" de son corps [empêchant la faute d'entrer], alors il méritera que s'ouvrent devant lui toutes les portes du monde à venir."
[Na'hal Kédoumim]

-> Le rav Eliyahou Lopian rajoute que ce verset nous enjoint implicitement à ne pas laisser nos yeux errer où bon leur semble, sans l'accord préalable du "juge".
Avant d'orienter son regard dans quelque direction, il faut d'abord s'imaginer être en présence d'un magistrat qui pèsera le pour et le contre, et qui décidera si l'on peut regarder ou s'il faut au contraire se détourner.

Or, qui est ce "juge"?
C'est l'intellect, l'âme. La Torah appelle notre intelligence à s'imposer en tant qu'arbitre et à déterminer chacune de nos décisions.

Par exemple, il est écrit :
- "Ne vous égarez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux" (Dévarim 15,39), que nos Sages commentent : "L’œil voit, le cœur convoite et les membres exécutent" et également : "Le cœur et les yeux sont les 2 intermédiaires de la faute".
=> Si l'on ne contrôle pas ces 2 organes, la faute va être réalisée.

- "Que chacun évite de faire entendre des paroles futiles à ses oreilles, car de tous les organes, elles sont les premières à brûler" (guémara Kétoubot 5b), et cela, car elles sont "plus délicates et sensibles au feu" (Rachi).

Nous apprenons aussi que lorsqu'une personne écoute des propos médisants, elle perd sa part du monde futur et paiera le prix de sa faute à jamais (cf.Rambam Hilkhot Téchouva chap.3,6).

[on a tendance à dire que ce n'est que des paroles écoutées, sous-estimant leur gravité, et le pire c'est que cela va empêcher toute téchouva dessus, puisque si peu grave à nos yeux.]

- Sur le verset : "Hachem façonna l'homme ... et l'homme devint un être vient", Onkelos écrit : "Il devint un esprit parlant".
L'essence de l'homme est : un esprit issu d'une âme de vie, doté du pouvoir de la parole.
=> Chacun de nos mots a un impact considérable, et il faut donc y faire attention.

[on fait très attention à ce qui rentre dans notre bouche (la cacherout), mais on n'exerce aucun contrôle sur la cacherout de ce qui en sort!]

=> En tout situation, nous devons nous remettre à notre "juge", qui décidera à quel moment il peut regarder et quant il doit détourner son regard, ce qu'il peut entendre et ce qu'il ne doit pas écouter, ce qu'il peut dire et quand il doit garder le silence.

Il est écrit : "Les réchaïm savent qu'ils se dirigent vers la mort et ils persistent néanmoins dans leurs voies" (guémara Shabbath 31b).
Pourquoi cela?

Parce qu'il leur manque la crainte du Ciel!

"Tu institueras pour toi des juges et des policiers dans toutes tes portes" :
=> "Pour toi" = chaque personne se doit d'avoir "des juges" pour savoir ce qu'elle doit faire ou ne pas faire, et également "des policiers" pour inspirer un climat de crainte, de défense face aux ruses du yétser ara, nous obligeant à suivre la Loi : celle de Hachem.

-> Dans ce verset, la Torah enjoint à chaque personne de placer pour soi-même des juges et des policiers.
Le juge correspond au fait qu’avant chaque action, il faut réfléchir et juger si cette action doit être faite ou pas, si elle est bonne ou mauvaise.
Et une fois que le jugement et la décision a été prise, il faut ensuite faire intervenir le policier pour contraindre le corps à accepter la décision et à la réaliser.
Si l’action a été jugée bonne, le policier doit pousser l’homme à surmonter sa paresse pour agir. Et si l’action est jugée mauvaise, alors il faut agir sur le désir pour que le corps renonce à faire.
[le Beit Its'hak]

<--->

-> "Tu dois savoir que ton plus grand ennemi dans ce monde, c'est ton mauvais penchant qui se mêle à tes forces intérieures et à ton humeur.
Il s'associe à toi dans tes sentiments matériels et spirituels, et te conseille dans tous tes mouvements.
Toi tu n'as pas conscience de sa présence, mais lui reste éveillé "pour" toi.
Tu l'ignores mais lui ne t'ignore pas, et en le combattant par ton esprit, tu seras sauvé."
[Rabbénou Bé'hayé - 'Hovot haLévavot]

-> Le rav Moché Chmouël Shapira écrit : "Ceci est extraordinaire : le plus grand ennemi de l'homme se trouve en lui et domine tous ses secrets. Et si nous pensions que nos décisions étaient les nôtres, nous voyons là le contraire, que c'est le mauvais penchant qui pense et nous conseille en se déguisant comme un ami, et aspire à nous faire perdre le monde futur."

Il rapporte que le rav Chlomo de Guermayza demande : "Puisque le cœur convoite ce que les yeux ont vu, comme le disent nos Sages (guémara Sota 8a), pourquoi le verset dans la paracha Chéla'h Lé'ha (15,39) affirme-t-il : "Et vous, ne vous égarez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux" et fait précéder le cœur aux yeux?
Il répond que c'est parce que, même sa 1ere vision, où l'homme a cédé au mauvais penchant, avait été dictée par son cœur, avant même qu'il y ait réfléchi.

Le rav Shapira conclut qu'ainsi toute écoute, parole, odeur ou vision doit passer par le contrôle des "juges".

<-------------------->

-> En général, les gens ont plutôt l’habitude de juger les autres avec une certaine sévérité, quant à eux-mêmes, ils se jugent plus favorablement.
Pour soi, on essaie souvent de se trouver des bonnes excuses, mais ce n’est pas le cas par rapport aux autres.

Dans ce verset, la Torah vient ici faire allusion qu’en vérité, on ne doit pas avoir deux poids et deux mesures. Le même mode de jugement que l’on emploie pour les autres (souvent dans le sens de la rigueur), on doit aussi se l’appliquer à soi-même.

"Tu institueras pour toi des juges et des policiers" : Le même jugement que tu utilises pour les autres, tu l'institueras et tu l'appliqueras aussi "pour toi".

[le Toldot Yaakov Yossef - Rav Yaakov Yossef de Polnoa]

<-------------------->

-> Lorsque le peuple juif se conduit avec miséricorde et bonté, se jugeant l'un l'autre favorablement, alors Hachem à son tour juge Son peuple favorablement, accordant le bénéfice du doute, et déversant (sur nous) Ses bénédictions de bonté et de vie.
[Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev]

-> "Ils devront juger le peuple selon la justice" (Choftim 16,18)
Le Rambam (Séfer haMitsvot 147) écrit qu'on apprend de là que le juge a une mitsva particulière de toujours essayer de voir le positif dans chaque plaideur et de juger en accordant le bénéfice du doute.
La guémara (Shabbath 10) dit : "Tout juge qui juge l'honnête vérité (émét laamito) devient un partenaire dans la Création du monde."

-> "Celui qui juge son prochain avec bienveillance sera jugé, lui-même (par le Ciel) avec bienveillance"
[guémara Shabbath 127b]

-> Selon le Baal Chem Tov, quelqu'un est jugé de la même façon dont il va juger une autre personne dans un scénario similaire.
En effet, lorsqu'on est amené en jugement, on nous montrera alors comment nous avons jugé autrui pour la même chose.
Si nous avions été indulgent, en accordant le bénéfice du doute, alors il sera fait de même à notre égard.
Mais si nous avions été sévère et critique, alors nous serons jugés avec la même sévérité.

En réalité, le fait de voir un autre juif faire une transgression doit être une expérience nous remplissant d'humilité.
En effet, si nous en sommes témoins c'est que nous possédons en nous la même faute, et Hachem nous présente une occasion de nous juger par le biais des actions d'autrui.

Rabbi Na'hman de Breslev affirme qu'aucun décret n'est émis contre une personne, tant qu'elle n'a pas apposé son jugement, elle-même.

=> Nous avons réellement intérêt à juger notre prochain favorablement, et cela doit être comme si nous regardions dans un miroir : Comment vais-je me juger?

-> Le Sfat Emet (sur Pirké Avot 1,6) explique que la façon dont nous jugeons notre prochain, va directement impacter la façon dont il va être jugé.
"Juge ton prochain favorablement" : en réalité, c'est toi qui va impacter son verdict par ton jugement à son égard!

Quelques autres divré Torah sur ce sujet (b'h) :
-> https://todahm.com/2016/10/18/4883
-> https://todahm.com/2016/06/29/4582
-> https://todahm.com/2014/02/01/juger-son-prochain-favorablement
-> https://todahm.com/2018/12/09/limportance-de-garder-sa-langue-4e-partie

<-------------------->

-> "Tout juge qu'il faut convoquer au tribunal pour lui reprendre l'argent dû à autrui n'est pas un bon juge."
[guémara Baba Batra 58b - rav Banaa a affiché cela sur les portes de la ville]

Un juge ne doit jamais avoir été convoqué au tribunal en tant que défendeur, il doit être d'une honnêteté exemplaire.

<-------------------->

-> Le rav Yaakov Neuman (Darké Moussar) enseigne que même les préceptes que le bon sens nous dicte, comme l'instauration d'un système juridique, sans lequel aucune société ne saurait subsister, doivent être mis en place uniquement parce que la Torah nous l'ordonne.

Les juges ne sont pas nommés par égard pour le sens commun, mais en vertu de l'ordre explicite de la Torah.
=> Les lois de la Torah ne sont pas le produit de quelques conventions humaines, mais le reflet d'une Vérité absolue, permettant de vivre une dans une réalité authentique.

[Il faut savoir être humble, et reconnaître la justesse et la supériorité des Lois de la Torah, qui sont parfaites, puisqu'émanant du Créateur, Hachem.]

<----------------------------->

"Tu te nommeras un roi sur toi (alé'ha)" (Choftim 17,15)

-> Le Kli Yakar explique que le roi d'Israël doit être précisément au-dessus du peuple ("sur toi").
Il doit dominer le peuple et lui inspirer de la crainte, afin qu'en tant que dirigeant, il n'en vienne jamais à flatter quiconque pour lui plaire ou le séduire.
Seule la vérité doit guider ses pas!

-> Le rav Israël Salanter (Iguéret haMoussar) extrapolait cela à chaque individu : d'après lui, tout homme est le juge de sa propre attitude, et doit rendre des verdicts sur son propre compte.
Pour échapper au yétser ara, la crainte de la punition doit être continuellement dans sa tête.

Dans ses mots : "Le travail que l'homme doit fournir dans son service divin consiste à avoir sous les yeux, en permanence, la crainte de D. et la peur de la punition, au point qu'il puisse presque entendre de ses oreilles et voir de ses propres yeux le terrible châtiment qui le guette.

Comme le disent nos Sages : "Le juge (cela s'adresse aussi à tout homme qui est juge sur lui-même) devra considérer à tout moment qu'une épée est plantée entre ses jambes et que la porte de l'Enfer est ouverte sous ses pieds" (guémara Sanhédrin 7a).

S'il tient à cette ligne de conduite et imprègne son cœur de cette idée, il sera épargné."

[Seule la vérité doit guider nos pas, ne laissant rien nous corrompre. En effet, la réussite de notre vie est en jeu!]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.