Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Yossef leur donna des chariots selon la parole de Pharaon" (Vayigach 45,21)
"Il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter et l'esprit de leur père Yaakov revint à la vie" (Vayigach 45,27)
"Dans les chariots que Pharaon avait envoyés pour le transporter" (Vayigach 46,5)

-> Pharaon a ordonné à Yossef de prendre des chariots, car il voulait que Yaakov vienne en Egypte.
[Tsor haMor]

-> Bien que Pharaon avait préparé des chariots pour eux, Yossef a dû en envoyer d'autres, car ceux de Pharaon étaient décorés par des symboles idolâtres.
[Rabbi 'Haïm Paltiel]

-> Il existait une loi en Egypte interdisant aux chariots de quitter l'Egypte, s'il n'y avait pas un symbole idolâtre gravé dessus.
Yossef a dû demander à Pharaon de donner un ordre spécial lui permettant de quitter l'Egypte avec ses chariots pour aller chercher Yaakov.
[Mochav Zékénim miBaalé haTossafot]

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-> Yossef transmettait à son père le message qu'il était un maître sur l'Egypte, dans le sens où il n'est pas tombé dans l'immoralité égyptienne, qu'il n'avait pas succombé à leur style de vie, et que plutôt il dominait tout cela.

Yaakov a été pleinement rassuré quand on lui a rapporté les paroles de Yossef : "D. m'a fait maître ... sur tout le pays d'Egypte" (v.48,5). Il était heureux, car son fils était toujours humble.
[Béer Moché]

-> Yossef n'était pas en train de fanfaronner de sa grandeur, de son très haut poste, ...
En réalité, dans son humilité, Yossef déclarait qu'absolument tous les honneurs qu'on lui témoignait en Egypte, ne l'étaient que parce qu'il était le fils d'un père aussi important [en mérites] et saint : Yaakov.
[Rabbi Avraham Yéhochoua Heshel - l'Apter Rav]

[dans toute son humilité, c'est comme s'il lui proclamait : Regarde papa! Tout ce que j'ai, c'est grâce à toi!! ]

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-> "Ils lui racontèrent, en disant : "Yossef est en vie"" (v.45,26)

Selon le Zohar :
- "ils lui racontèrent" (vayaguidou lo) = c'est une allusion à la sagesse, ils ont dit à Yaakov que son fils était toujours en vie spirituellement et sage.

- "en disant" (lémor) = c'est une référence à l'immoralité, ils lui ont dit que Yossef avait résisté à l'immoralité, et que grâce à cela il a le mérite de gouverner l'Egypte.

[Kissé Ra'hamim]

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-> "Parce qu'il ne les croyait pas" (v.45,26)

Pourquoi Yaakov ne les a-t-il pas crus?

Rabbi Chimon dit : Tel est le châtiment du menteur : on ne le croit pas même lorsqu'il dit la vérité.
En effet, les fils de Yaakov avaient inventé un mensonge, comme il est dit : "Il l'a reconnu et a dit : 'c'est la tunique de mon fils'."
C'est pourquoi cette fois-ci, il ne les a pas crus même s'ils disaient la vérité.
[Avot déRabbi Nathan]

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-> Selon la plupart des commentateurs, Yaakov ne découvrira jamais la vérité à propos de la vente.
Les frères ont répété tout ce qui s'est dit en Egypte mais ne révèleront pas qu'ils ont vendu leur frère.
D'autres commentateurs (voir Tour, Tsor haMor) objectent que les bénédictions de Yaakov à ses fils sont pleines d'allusions à la vente, ce qui montre que Yaakov était au courant des événements.
D'après le commentaire de Rachi sur Vayé'hi, Yaakov savait la vérité.
[rav Yossef Deutsch]

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"Il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter et l'esprit de leur père Yaakov revint à la vie" (Vayigach 45,27)

+ Symbolique des chariots (agalot) envoyés à son père :

-> Le Chem miChmouël enseigne que : chariot (agala - עגלה) est lié au terme : cercle (igoul - עיגול). [galgal : roue - גלגל]
Dans un chariot, l'élément principal est les roues.
En effet, on aura beau mettre le meilleur conducteur, les meilleurs chevaux, si les roues ne sont pas bonnes, alors ils n'iront pas très loin.

Une roue symbolise l'idée que pour avancer, cela nécessite un mouvement où ce qui était tout en haut (au top!), devient ensuite tout en bas (au fond du trou!), ...
Ainsi, c'est le changement de situation qui permet à une roue d'aller de l'avant, et de ne pas rester statique.

En voyant les roues du chariot, Yaakov a compris le message : il lui était nécessaire de descendre en Egypte, afin de permettre à sa descendre de pouvoir s'élever dans le futur jusqu'à devenir une grande nation, et recevoir la Torah.

Le Kédouchat Lévi apporte une réponse similaire.
Des épreuves temporaires, comme le fait de devoir quitter la terre Sainte d'Israël, vont lui permettre finalement d'apporter beaucoup plus de biens, de choses positives pour sa descendance.

Nous devons appliquer ce message à nous même :
- lorsque nous sommes en bas (période difficile), cela signifie que la prochaine étape (de la roue de la vie), c'est de monter.
Il faut ainsi garder le moral, que c'est un signe que de belles choses arrivent pour nous.
- Lorsque tout va bien, nous devons les savourer, les apprécier, car on ne sait jamais combien de temps cela va durer.

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-> Lorsque les juifs sont arrivés en Egypte, ils se sont installées dans le territoire de Gochèn.
Or, il s'avère que la guématria de : "à Gochèn" (Gochena - גשנה), est la même que : machia'h (משיח).

La paracha se nomme : Vayigach (ויגש), qui signifie : "il [Yéhouda] s'approcha" (v.44,18).
De plus, au moment où Yossef dévoile son identité, il est écrit : "ils s'approchèrent et il dit : "Je suis Yossef votre frère" (v.45,4), où l'on peut noter également l'emploi du terme : "vayigachou" (ils approchèrent - וַיִּגָּשׁוּ).

[ => cela vient conforter l'idée précédente : en descendant en Egypte à Gochen, ils ont alors rapproché la venue du machia'h!]

-> Qu'est-ce qui a été la cause de ses souffrances, de l'exil en Egypte?
"Ils [les frères] l'aperçurent [Yossef] de loin ; et, avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

Rabbi Nisson Alpert (Limoudé Nisson) fait remarquer que :
- ce qui amène des malheurs, rallonge l'exil, c'est notre attitude de : "ils l'aperçurent de loin" (vayi'ou oto méra'hok);
- à l'inverse, ce qui rapproche la guéoula, amène la bénédiction divine sur tous, c'est un comportement de type : "ils approchèrent" (vayigachou).

=> Vayigach est un appel à se rapprocher l'un de l'autre, car il en découle le meilleur pour tous.
D'ailleurs, il vaut mieux subir quelques souffrances (ex: en ne répondant pas aux provocations), car le gain qu'il en résultera du shalom, est infiniment plus élevé que cette petite perte momentanée.

[à l'image d'un père [Hachem] qui a toutes les richesses du monde, et qui gâte au maximum ses enfants en résultat du plaisir de voir que la paix règne entre eux!]

=> Les chariots témoignent d'une volonté que toute la famille se retrouve réunie, c'est le symbole qu'un amour profond règne entre tous les frères.
Cela a réjouit l'esprit de Yaakov!

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-> [A la demande de son père, Yossef se rendit auprès de ses frères. Alors qu'il approchait] "Ils l'aperçurent de loin ; et avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

Le rabbi de Vorki (rabbi Its'hak Kalich de Vorki - Ohel Its'hak) commente :
Si 2 adversaires se rencontrent et discutent de leurs différends, ils découvriront que leur hostilité mutuelle a été déclenchée par de fausses rumeurs et de la médisance.
Ils deviendront alors de bons amis immédiatement.
Mais s'ils gardent une distance et ne parlent pas ouvertement, leur haine grandira de jour en jour.

Le verset cité véhicule cette idée :
- "Ils l'aperçurent de loin" = ils ont agi avec froideur et détachement, le tenant à distance.
- par conséquent, leur animosité s'accrut à un point tel que "ils complotèrent de le faire mourir".

[on a trop tendance à se dire que c'est à autrui de faire le 1er pas. En effet, pourquoi dois-je me rabaisser à demander pardon, lui aussi est responsable de cette situation!
Lorsque les 2 parties campent sur leur égo (MOI je ne cède pas le 1er pour reconnaître mes tords, Moi je peux me débrouiller sans lui, ...), alors la situation va pourrir, se développer négativement.]

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-> Le terme agalot (chariots - עגלות) est formé de la lettre Ayin (ע - équivalant numériquement à 70) et du mot galout (exil - גלות), laissant entendre qu’à travers celles-ci, le Patriarche perçut la vaillance de son fils, parvenu à continuer à étudier la Torah, aux 70 facettes, alors qu’il se trouvait exilé.
Cette perception le fit littéralement revivre.
[rabbi David Pinto]

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-> b'h, d'autres divré Torah à ce sujet : cf. vayigach 45,27 : https://todahm.com/2010/12/06/paracha-vayigach

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"A son père : il [Yossef] envoya ce que voici : 10 ânes chargés du meilleur de l'Egypte ..." (Vayigach 45,23)

-> Rachi rapporte la guemara (Méguila 16b) qui précise que Yossef a envoyé à son père du vin vieux, spécialement salutaire aux vieillards.

-> Le Maharal de Prague fait remarquer que les termes : "vin vieux" (yayin yachan - יַיִן יָשָׁן), ont une guématria de : 430.
Par cela, Yossef fait allusion à son père que l'exil égyptien durera 430 années.

-> Le rav 'Haïm Yossef Kofman dit que 430 est également la guématria de : "réjouit le cœur" (méchamé'hé lev - משמחי לב).

Le vin devient meilleur avec l'âge.
En lui envoyant du vin, Yossef transmet l'idée à son père que lorsqu'il arrivera en Egypte, qu'il y verra l'unité retrouvée entre ses enfants, il comprendra que les épreuves à venir en Egypte le sont pour davantage de bontés au final.

Le vin devait réjouir le cœur de Yaakov, puisque renvoyant aux magnifiques années futures durant lesquelles la présence divine sera quotidienne ressentie, qu'il y aura le Temple, ...

[l'Egypte est le creuset amenant à la véritable naissance de la nation juive, au don de la Torah. En pensant à tout cela, l'esprit de Yaakov s'en trouva apaisé (ex: chaque minute en Egypte nous rapproche de la Torah!)]

[On peut noter que de même qu'il faut écraser des raisins pour faire du vin, de même les juifs devrons se faire écraser durement par les égyptiens, y vidant leur jus, afin que Hachem lève cette coupe pleine du vin vers les plus hautes grandeurs.]

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-> Le rabbi Avraham Avli de Vilna demande : L'Egypte était-elle un pays loué pour son vin? Au contraire, le raison est un des 7 fruits caractéristiques de la terre d'Israël.

En réalité, nos Sages (guémara Baba Batra 98a) ont dit : "Quiconque se montre prétentieux, son vin devint aigre".
Ainsi, il n'y avait pas de chance de trouver en Egypte, pays rempli d'arrogance, un bon vin, et encore moins un vin vieux.
De cette manière, en envoyant à son père un vin vieux, Yossef voulait lui prouver qu'il n'avait pas appris des mauvaises midot des égyptiens, et qu'il était restait droit. Preuve en est que son vin n'était pas devenu aigre.

=> On apprend d'ici que ce que la Torah appelle : "meilleurs produits de l'Egypte" ne désigne pas une ressource que l'on y trouvait spécialement. Au contraire, le vin était une denrée rare en Egypte et c'est pourquoi elle pouvait faire partie des "meilleurs produits" du pays.
[d'une certaine façon la denrée rare que Yossef envoyait à son père était : sa mida d'humilité!]

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-> Le Mahari Assad dit que tous les bois conviennent pour le foyer de l'autel (mizbéa'h) dans le Temple, sauf celui de la vigne et de l'olivier.
Pourquoi ne brûle-t-on pas la vigne et l'olivier sur l'autel?
A cause de leurs produits, l'huile et le vin.
Sur l'autel on faisait des libations de vin, et on sacrifiait des offrandes accompagnées d'huile, et c'est pourquoi ils épargnaient à leurs "ascendants" d'être brûlés.

Yaakov pensait tout le temps qu'il descendrait au chéol vers son fils. Et qui avait dit que son fils se trouvait au Guéhinam?
La réponse est que Yaakov croyait que Yossef, avec sa beauté, avait certainement fauté. Et s'il a fauté, je vais le suivre au Guéhinam, parce que j'ai un fils mauvais.
=> Yossef lui a donc envoyé du vin et de l'huile, en allusion au fait qu'on ne brûle pas la vigne parce qu'elle a un fils juste : le vin.

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-> Selon le midrach (sur v.45,23), Yossef a envoyé à son père : "du vieux vin que les personnes âgées apprécient".
Rabbi Yéhouda Tsadka (Kol Yéhouda) donne l'explication suivante :
Les jeunes se vantent toujours en disant que les vieux ont vieilli et n'ont plus de raison d'être, la nouvelle génération est plus développée, ce qui n'est pas le cas des vieillards.
C'est pourquoi le vieux vin est apprécié par les personnes âgées, parce que les vieux disent le contraire : que c'est justement l'esprit des vieillards qui est plus détendu et plus posé. Ils ont plus de goût que les jeunes dont l'intelligence pétille, et la preuve en est le vieux vin : plus il devient vieux plus il s'améliore, c'est pourquoi les vieillards l'apprécient.

Or Yossef craignait que son père pense que Yossef tendait déjà à adopter l'avis des jeunes et ne lui obéirait pas.
Dans ce cas, quelle utilité y aurait-il à aller chez lui?
=> C'est pourquoi Yossef a pris les devants et lui a envoyé du vin vieux, pour lui suggérer qu'il appréciait l'âge comme par exemple celui du vin, qui plus il prend de l'âge plus il s'améliore. Or, les juifs sont comparés à la vigne, plus ils prennent de l'âge plus ils deviennent sages, comme l'adage : "Plus les anciens de la Torah prennent de l'âge, plus leur opinion devient fiable."

[on peut éventuellement commenter : l'âge représente la tradition, et l'idée que plus une personne est âgée, plus elle est proche du don de la Torah, et donc on doit la respecter pour cela!
En envoyant du vin vieux, Yossef exprime à son père à quel point il vit selon cette réalité (la Torah devant être notre référentiel pour toute chose).]

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-> Le rabbi Chlome Alter enseigne :
Le vin devient de plus en plus fameux en vieillissant, si au début, c'était un vin fin fabriqué avec des raisins de 1eres qualités.
Mais lorsqu'un vin de qualité médiocre vieillit, il devient de plus en plus acide. La vieillesse est certes une qualité, mais elle dépend de ce qu'était l'homme dans sa jeunesse.
[Yossef voulait rassurer son père, en lui disant que malgré son apparence (de vice-roi d'Egypte), il était resté intérieurement le même qu'avant.]

-> "Ne considère pas le récipient. Il peut y avoir un récipient neuf rempli de vieux vin" (Pirké Avot 4,20).
Yossef voulait dire à son père que, malgré son apparence, il était resté intérieurement le même qu’avant. La voie qu’il avait apprise chez Yaakov était restée entière en son coeur. Il savait qu’ainsi, il apaiserait la conscience de son vieux père, qui s’inquiétait de la situation spirituelle de son fils.
Tel est le sens des propos de Rachi : "Il lui envoya du vieux vin" = il lui fit dire que le vin à l’intérieur de lui était resté le même vieux vin que par le passé, sans altération, "que les personnes âgées apprécient" = car cela sera approprié de son vieux père. Le vin devient de plus en plus fameux en vieillissant si, au début, c’était un vin fin fabriqué avec des raisins de première qualité. Mais lorsqu’un vin de qualité médiocre vieillit, il devient de plus en plus acide. La vieillesse est, certes, une qualité mais elle dépend de ce qu’était l’homme dans sa jeunesse.
[Rabbi Chlome Alter]

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-> "Et à son père, il (Yossef) envoya 10 ânes chargés des meilleurs produits de l’Égypte et d10 ânesses portant du blé, du pain et des provisions de voyage pour son père" (Vayigach 45,23).

-> Pour rassurer son père à propos de sa descente en Egypte, Yossef lui transmit-il le message suivant:
Même si effectivement l’Egypte représente une vertigineuse décadence spirituelle [symbolisée par les "10 ânes" - figures des égyptiens (voir Yé'hezkiel 23,20)], il n’empêche que se dissimule au fond d’elle [le mot יין - yayin (vin) a la même valeur numérique (70) que סוד – Sod (secret)], un trésor divin (les "étincelles de sainteté") ["les meilleurs produits de l’Égypte"] que les descendants de Yaakov se saisiront lors de leur sortie d’Egypte [voir Ohev Israël].

La précision de l’ancienneté du vin ("vin vieux" (יין ישן - yayin yachan) cachait également un signe : L’asservissement en Egypte durera 430 années (voir Bo 12,40), autant que la valeur numérique de 70+360 (יין ישן).
En annonçant à son père la durée de l’exil, Yossef, d’une part, rassurait : L'exil commencera depuis la naissance d’Its’hak, chose que "que les personnes âgées [Abraham et Its’hak] apprécient". [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada], et d’autre part, révélait que la raison profonde du décret de l’exil, étant la réparation de l’âme d’Adam HaRichone [le mot נפש (Néfech – âme) a pour valeur numérique 430 (comme la durée de l’exil) ; ce terme est aussi le את־בש (At Bach) de טּוּב (de מִטּוּב מִצְרָיִם - "meilleurs produits de l’Égypte")]. [Mégalé Amoukot]

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-> "A son père, il envoya ceci : 10 ânes chargés de tout le bon de l'Egypte" (v.45,23)

Selon nos Sages, la charge moyenne qu'un âne peut porter sur son dos est de 90 kabin. Or, un kab équivaut à 1,376 litre.
La charge de 10 ânes est donc de 900 kabin, soit 1 238 litres de vin.
=> Yaakov était-il un ivrogne pour que pendant la courte période avant qu'il descende en Egypte, il lui faille tant de vin?

Le Séfer "Séder haDorot" de rabbi Yé'hiel Halpérin, rapporte au nom du midrach une description des dernières heures de Yaakov au pays de Canaan :
"On donna à chacun selon ce qu'avait envoyé Yossef et tout le monde s'habilla selon ce qu'il avait envoyé. Yaakov mit sur sa tête le turban qu'il lui avait envoyé.
Tous les habitants de Canaan entendirent et vinrent se réjouir avec Yaakov, il leur fit un festin pendant 3 jours, et tous les rois de Canaan et les notables du pays se réjouirent."

=> Il en découle que le vin était nécessaire pour le festin d'adieu que Yaakov a fait aux habitants de Canaan. Pour cette raison, Yaakov avait besoin de la charge portée par 10 ânes, du vin vieux que les personnes âgées apprécient.

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-> "A son père, il envoya ceci : 10 ânes chargés de tout le bon de l'Egypte" (v.45,23)

Le Maharal (Guévourot Hachem 10) explique que les ânes ne sont pas conscients de ce qu'ils portent, ni de pourquoi ils le portent.
Yossef a envoyé à son père 10 ânes pour faire allusion au fait que ses 10 frères ne sont pas responsables de l'avoir vendus en Egypte.
A l'image des ânes, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient.
Ils pensaient agir d'eux-mêmes, mais ils ne faisaient que mettre en œuvre le plan d'Hachem.
Le message de Yossef est : "Ne soit pas en colère contre mes 10 frères qui m'ont vendu. Au final, c'était le plan d'Hachem que je sois vendu en Egypte, et c'est la raison principale pour laquelle cela s'est produit".

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-> "Et à son père, il (Yosseph) envoya comme ceci (chala'h kazot) : 10 ânes qui portaient du meilleur du pays ..." (Vayigach 45,23)

=> Les mots "comme ceci" (kazot - כָּזֹאת) semblent superflus. Le verset aurait pu en faire l'impasse et dire directement "à son père, il envoya 10 ânes"
Rachi explique : "Il envoya comme ceci = comme ce nombre (ka'hechbon azé).
Mais, on peut se demander que vient expliquer Rachi par ce commentaire.

-> Le rabbi Israël de Rouzhin explique :
En fait, à présent, une famine sévissait dans le monde. Or, il y a un Nom Sacré auquel il est bon de penser pour attirer la subsistance. C'est le Nom חת''ך qui ressort des lettres finales des mots פותח את ידך (potéa'h ét yadé'ha - ouvre Ta Main), qui est le verset approprié à la subsistance. [en ce sens, c'est l'intention à avoir dans ce verset du achré dans la prière]
Ainsi, Yossef transmet à son père qu'il serait bon de penser à ce Nom Saint pour permettre d'attirer la subsistance dans cette période de famine.

C'est à ce message que Rachi fait allusion dans son commentaire. Les mots "comme ceci" se disent dans la Torah כָּזֹאת dont la valeur numérique est de 428, soit la même valeur numérique que les lettres חת''ך .
C'est à cela que fait allusion Rachi qui commente : "Il envoya comme ceci (כזאת) = comme ce nombre", c'est-à-dire comme le nombre, soit la valeur numérique, de ce mot. Cela fait allusion au Nom Sacré חת''ך . C'est justement cela que Yossef envoya à son père. Il lui transmit comme message de penser sur ce Nom, pour pouvoir attirer la bénédiction de la subsistance par la force de sa sainteté.

[ainsi en cette période de très grande famine en Egypte, Yossef envoya comme message à son père Yaakov : "Puisses-tu prier pour la parnassa avec le Nom d'Hachem חתך".
Il lui demanda que l'abondance puisse se déverser sur le monde par son mérite. ]

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"Racontez à mon père tout l'honneur qui est le mien en Egypte" (Vayigach 45,13)

En quoi importait-il à Yaakov de savoir que Yossef avait de l'honneur, de la gloire en Egypte?

Yaakov était très prudent à descendre en Egypte, car il avait conscience que cela marquerait le début de l'exil.

Au travers l'histoire de notre peuple, de nombreux juifs ont quitté le bon chemin spirituel : soit à cause de leurs souffrances, soit parce qu'ils se sont laissés séduire par les richesses qu'ils ont pu amasser.

Yossef leur dit : "Les actions des parents sont un signe pour leurs enfants. J'ai pu subir ces 2 extrêmes : être un esclave humilié, et atteindre une gloire fabuleuse, et j'ai toujours conservé mon niveau spirituel.
S'il vous plaît dites cela à mon père pour lui diminuer ses craintes."

[le Divré Chaoul - Rav Yossef Chaoul Nathanson]

[Le chariot (agala) peut renvoyer au fait que Yossef est descendu en tant qu'esclave dans des caravanes de marchands, et que maintenant il est vice-roi d'Egypte, pouvant même faire sortir des chariots royaux (sans idoles dessus).
Aussi bien en haut, qu'en bas de la roue de sa vie, il a toujours gardé la bonne direction : Hachem!

Cela peut également se comprendre à un niveau plus global.
En effet, lorsqu'un parent surmonte une épreuve difficile, il transmet à sa descendance une facilité pour vaincre cette épreuve dans le futur.
Par exemple, le fait que Yossef a triomphé dans la très difficile épreuve de l'immoralité, va permettre à tous les juifs venant ensuite d'avoir plus de facilité à en faire de même.

Ainsi, symboliquement son passage de chariots d'esclaves à chariots du vice-roi d'Egypte, symbolise qu'il a réussi à amasser de nombreux trésors, une richesse de mérites spirituels, qui vont permettre aux juifs d'avoir davantage de facilités à rester fidèle à Hachem.
Cette idée a réjoui grandement Yaakov, qui était auparavant préoccupé à l'idée de devoir descendre en Egypte. ]

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-> "Pour toi, tu es chargé de cet ordre : Faites ceci : Prenez pour vous, du pays d'Egypte, des charrettes pour vos enfants et pour vos femmes" (Vayigach 45,19)

-> Le rav Yossef Né'hémia Kourtziner enseigne :
"A priori, on peut se demander pourquoi la Torah détaille et précise : ‘Pour vous, pour vos enfants, pour vos femmes’. Il aurait en effet suffi d'écrire : "Prenez des charrettes et venez ici!"
A mon humble avis, il me semble que l'on peut l'expliquer à partir de l'enseignement que mon aïeul, le 'Hatam Sofer, donne sur le verset : "Vous vous tenez tous ... chaque homme d'Israël, vos enfants et vos femmes" (paracha Nitsvim) et qui est le suivant : "Car en rassemblant tout le peuple devant Moché, il était inconvenable que viennent ensemble hommes et femmes, ce qui aurait pu conduire à des embuches. C'est pourquoi dans le verset il existe une interruption entre "chaque homme d'Israël" et "vos femmes" (pour suggérer qu'ils fassent des séparations entre les hommes et les femmes lorsqu'ils se rassembleraient)."

Si Yossef Hatsadik était, certes, intègre dans toutes les vertus qui caractérisent un homme de sa stature spirituelle, il se distinguait néanmoins particulièrement par l'une d'entre elles : la sainteté des mœurs.
Il ne fait aucun doute que sa vigilance dans ce domaine fit grande impression sur le peuple au milieu duquel il se trouvait, tant et si bien que Pharaon lui-même comprit qu’il en était de même pour les frères de Yossef. Méticuleux à ce sujet, ils se gardaient de tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à une proximité inconvenante.
Aussi cela aurait-il été une abomination pour eux que les hommes et les femmes voyagent ensemble.
C'est pourquoi il dit à Yossef : Prenez des charrettes qui conviennent pour vous ... pour vos enfants et pour vos femmes, à savoir des charrettes où les enfants constitueraient une séparation entre vous et vos femmes. Or, lorsque ses frères revinrent chez Yaakov et qu'ils lui dirent que Yossef était encore vivant, et que bien qu'il résidât en terre d'Egypte, terre tellement dépravée dans ses mœurs, il s’était maintenu dans sa foi, sans avoir le moins du monde entaché la sainteté de sa conduite, son cœur resta froid, car il ne put se résoudre à les croire, pensant qu'il était impossible de demeurer intègre dans un tel environnement.
Cependant, lorsqu'il aperçut les charrettes que Yossef avait envoyées, conçues de telle manière qu'elles garantissaient la pureté des mœurs et la décence en conformité avec les exigences du judaïsme, la vie revint au cœur de Yaakov, car il dut alors se rendre à l'évidence qu'en effet, Yossef était encore vivant, et que son âme était demeurée intègre."

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