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3 Questions/Réponses – Paracha Ki Tavo

+ 3 Questions/Réponses – Paracha Ki Tavo :

1°/ La paracha commence par le sujet des bikourim (v.26,1-11).
On peut trouver dans ce passage toutes les lettres de l'alphabet hébraïque à l'exception d'une seule.
Laquelle et pourquoi?

-> Le Baal haTourim (Ki Tavo 26,4) note qu'il manque la lettre samé'h (ס).

Cela fait allusion à l'enseignement de la guémara ('Houlin 137b) disant que bien qu'il n'y a pas de montant minimal que l'agriculteur doit apporter afin de réaliser la mitsva des bikourim, nos Sages ont institué qu'il doit amener 1/60e de sa récolte.

=> On retrouve cela avec l'absence de la lettre samé'h, qui a une guématria de 60.

De plus, la Torah utilise un mot inhabituel lorsqu'elle demande à l'agriculteur d'apporter ses premiers fruits (bikourim) dans un panier (הַטֶּנֶא - aténé - v.26,4) au cohen.
La raison est que ce mot : "panier" (טֶּנֶא - téné) a une valeur numérique de : 60.

-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsadik) enseigne très joliment :
"Dans toute la section des bikourim et du vidouï, nous ne trouvons pas la lettre samé'h (ס), qui représente le Satan (סמאל - SamaEl).
La raison est que cette section est comparable à un fils parlant et implorant son père.
Heureusement, le Satan ne peut pas interférer pendant ce moment de tendresse et d'émotions (père/fils)."

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2°/ Il est écrit : "Tu [Moché] inscriras sur les pierres toutes les paroles de cette Torah, en [les] expliquant bien" (Ki Tavo 27,8)

Rachi, qui cite nos Sages (Sotah 32a), explique qu'elle devait être écrite de façon à ce qu'elle soit claire pour tous ceux qui désireraient la lire, c'est-à-dire dans les 70 principales langues de l'époque.

La guémara (Avoda Zara 2b) rapporte que chacune des autres nations s'est vue proposer la Torah, et elles ont toutes refusées de l'accepter.

Si elles ne la voulaient pas, pourquoi était-il nécessaire de leur rendre accessible la Torah?

-> Rav Yossef Sorotzkin (Méged Yossef) note que la guémara (Shabbath 88b) enseigne qu'au moment où la Torah a été donnée aux juifs au mont Sinaï, chacun des mots qui sortait de la "bouche" de Hachem était exprimé simultanément dans les 70 langues.

Le rav Sorotzkin explique que certes les autres nations ont rejeté à un niveau collectif la Torah, mais il y avait des individualités minoritaires parmi elles qui ont exprimé le désir de l'accepter.
A toutes les époques, les non-juifs qui se convertissent de façon halakhique au judaïsme, sont des descendants de ces personnes qui ont accepté initialement la Torah.

=> On comprend maintenant mieux la nécessité de rendre accessible et de traduire la Torah pour ceux qui désirent sincèrement observer ses lois, puisque leurs âmes étaient également présentes au moment du don de la Torah (puisque l'ayant acceptées).

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-> Le Gaon de Vilna demande : Pourquoi D. a-t-Il proposé aux peuples du monde les dernières paroles, et ne leur a-t-Il pas cité d'abord les 1erers, comme Il l'a fait avec les bnei Israël?
[aux enfants d'Essav = "Tu ne tueras pas" ; à ceux d'Amon et Moav = "Tu ne commettras pas l'adultère" ; et aux enfants d'Ichmaël = "Tu ne voleras pas".]

Il répond : les 10 Commandements étaient écrits sur 2 Tables de pierre, les 2 premiers sur la Table de droite et les 5 autres sur celle de gauche.
Mais comme dans les langues des autres peuples, on lit de gauche à droite, les yeux des peuples ont été attirés en premier par la Table de gauche où il est écrit : "Tu ne tueras pas", "Tu ne commettras pas l'adultère", "Tu ne voleras pas".
En revanche, la lecture dans la langue sainte (hébreu) se fait de droite à gauche, c'est pourquoi les bnei Israël sont arrivés de façon naturelle vers la Table de droite. C'est pourquoi Hachem a commencé par "Je suis Hachem ton D."

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3°/ La guémara (Taanit 8b ; Baba Métsia 42a) dérive du verset (Ki Tavo 28,8) que la bénédiction ne se trouve que dans ce qui est caché du regard.
En effet, ce qui est étalé sur la place publique est sujet à être endommagé par le mauvais œil (ayin ara).
Comment est-ce que ce concept fonctionne-t-il?

Le rav Eliyahou Dessler (cité dans le Sia'h 'Haïm I,237) explique que lorsque Hachem a décidé et décrété initialement qu'une personne avait le droit à quelque chose, Il trouvait qu'elle était méritante pour bénéficier d'un certain avantage personnel.

Cependant, si cette personne va s'en servir de façon ostentatoire, cela risque d'entraîner de la souffrance et de la jalousie chez d'autres (pourquoi elle a et pas moi!).
Hachem doit alors refaire les comptes. En effet, certes elle mérite d'avoir ce plaisir pour elle-même, mais il faut maintenant également considérer que cela va entraîner de la souffrance chez autrui par le fait de l'avoir publiquement exhibé.

Après le nouveau verdict : soit elle est encore méritante pour avoir ce bien, soit Hachem va considérer qu'elle ne mérite plus d'avoir ce profit à cause des conséquences que cela va avoir sur son environnement.

=> Ainsi, le ayin ara peut entraîner indirectement la perte de bénédictions, et il est judicieux de prendre en compte le conseil de nos Sages en profitant d'elles de manière plus privée, plus "cachée du regard".

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+ Questions bonus (b'h) :

Il est écrit :
-> "Hachem enverra en ton sein le manque, le désarroi et l'angoisse" (Ki Tavo 28,20)
-> "Je susciterai sur vous la panique" (Bé'houkotaï 26,16)

Ces 2 parachiot ont de commun de contenir de très nombreuses malédictions.

-> 1°/ Pourquoi est-ce que celles de la paracha Ki Tavo sont à la 3e personne ("Hachem"), tandis que celles de Bé'houkotaï sont à la 1ere personne ("Je")?

Rabbénou Bé'hayé explique que les malédictions mentionnées dans Bé'houkotaï se sont réalisées durant le 1er Temple, où la présence divine y résidait, et c'est pour cela que c'est écrit à la 1ere personne car Hachem infligea lui-même ces punitions.

Les malédictions de Ki Tavo se sont réalisées durant le 2e Temple, où la présence divine était absente du Temple (guémara Yoma 21b), elles sont donc écrites par la voix de Moché (3e personne) relatant ce que Hachem a fait.
[ceci témoigne de la distanciation]

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-> 2°/ Le Ohr ha'Haïm fait remarquer que dans la paracha Bé'houkotaï, il y a l'utilisation du pluriel ("vous"), et dans Ki Tavo c'est le singulier qui est utilisé ("tu").
Pourquoi une telle différence?

- Le singulier renvoie à des malédictions nationales, s'appliquant à l'ensemble du peuple juif, s'il ne se comporte pas comme il le faut.
- Le pluriel s'adresse à chaque individualité, qui même si la nation juive se comporte globalement bien, lorsqu'une personne faute, elle s'expose à des malédictions.

-> 3°/ Cela nous permet de comprendre pourquoi les malédictions de Bé'houkotaï se terminent par des paroles d'encouragement, ce qui n'est pas le cas pour celles de Ki Tavo.

Quelles soient les fautes, la nation juive a une garantie de toujours pouvoir exister, et ce par le mérite de l'alliance de Hachem avec nos Patriarches.
C'est pourquoi le passage se termine par des mots de consolation, car la collectivité est toujours assurée de se maintenir.
Cela n'est pas le cas au niveau individuel, où il n'y a pas une telle assurance.

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Selon l'Alter de Kelm, cela permet d'expliquer une dualité de Roch Hachana :

- en tant que nation, nous sommes plein de confiance dans la miséricorde divine, et nous nous comportons avec plein de joie et d'optimisme (de beaux habits, de beaux repas, ...).

- en tant qu'individualité, nous sommes plein de crainte et d'effroi, par la conscience que nous n'avons pas une telle garantie (nous tremblons à l'idée que l'avenir de notre vie va se jouer en ce jour! Qui peut dire s'il va avoir le droit de continuer à vivre? Rien n'est assuré, tout est remis en question!).

L'Alter de Kelm enseigne qu'on apprend de là l'importance de nous lier, d'être utile à la collectivité juive.
En effet, lorsque nous sommes nécessaire, utile à d'autres personnes, on nous dispensera d'un mauvais jugement pour ne pas handicaper les autres, et au contraire on nous comblera du meilleur afin de continuer dans ce sens.

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-> "Je me souviendrai de mon alliance avec Avraham" (Bé'houkotaï 27,46)

=> Cette promesse de consolation se cache dans un long passage de punitions. Hachem finira par nous prendre en pitié de par l'alliance de nos ancêtres.
La paracha Ki Tavo également contient de nombreuses punitions, on peut même en conter 2 fois plus. Et pourtant, aucune promesse de consolation ne s'y trouve. Comment comprendre cette différence?

-> Le 'Hatam Sofer explique :
L'essentiel de la souffrance face aux difficultés de la vie, vient du fait qu'on n'y voit pas de sens. Un homme est prêt à passer des moments même désagréables, s'il y voit un intérêt et un sens. Il est prêt à suivre des soins douloureux s'il sait que cela lui redonnera sa santé. Mais quand une personne souffre et sent qu'il souffre pour rien, cela lui est bien plus difficile.

- La paracha Bé'houkotaï introduit les punitions par le verset : "Si vous marchez avec moi de façon hasardeuse", c'est-à-dire que vous considérez les événements comme étant le fruit du hasard. Ainsi, les épreuves que vous endurerez dans un tel état d'esprit, en pensant qu'elles viennent par hasard, sans raison, seront insoutenables. Hachem a donc senti le besoin d'introduire un verset de consolation pour apaiser.
- Mais les souffrances évoquées dans la paracha de Ki Tavo, même si elles sont plus dures et bien plus nombreuses, mais vous ne les vivrez pas comme venant par hasard. Vous aurez la conscience qu'elles viennent d'Hachem, que c'est votre Père Qui est aux Cieux, qui vous éprouve. Et quand notre Père Qui nous aime est avec nous, quand on sent Sa Proximité, alors les souffrances deviennent plus supportables. Il n'y a donc plus besoin d'y ajouter une consolation, car le fait même de sentir Hachem à ses côtés est déjà la plus grande des consolations.

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-> b'h, voir également : http://todahm.com/2020/09/21/15282-2

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