"Yaakov vit un puits dans les champs et là, 3 troupeaux de menu bétail étaient couchés aux environs ... Quand tous les troupeaux y étaient réunis, on faisait glisser la pierre de dessus des rebords du puits et l'on abreuvait le bétail, puis on replaçait la pierre sur les rebords du puits" (Vayétsé 29,2-3)
Le midrach (Béréchit rabba 70,8) enseigne :
-> "Un puits dans les champs" : il s'agit du mont Tsion (lieu du Temple) ;
-> "3 troupeaux de menu bétail étaient couchés" : ce sont les 3 fêtes de pèlerinage ;
-> "Car ce puits servait à abreuver les troupeaux" : on puisait de Jérusalem l'Esprit de sainteté ;
...
-> "Quand tous les troupeaux étaient réunis" : les juifs venaient à Jérusalem depuis Lavo 'Hémat jusqu'au fleuve d'Egypte ;
-> "On faisait glisser la pierre" : pour qu'on puisse s'imprégner de l'Esprit de sainteté ;
-> "Puis on replaçait la pierre" : en prévision de la fête suivante."
Le rav Yaakov Israël Beifuss (Yalkout Léka'h Tov Réé) enseigne à ce sujet :
"Lors des fêtes de pèlerinage, Jérusalem était semblable à une station thermale, vers laquelle affluent des personnes du monde entier pour profiter de ses bienfaits thérapeutiques, et guérir de toutes sortes de maux. Quelques semaines passées dans ces lieux suffisent à rétablir la santé des patients tout au long de l'année, voire même plus.
C'est ainsi que l'on doit comprendre le principe du pèlerinage ... à l'occasion de ces 3 fêtes, il suffisait de pénétrer dans l'enceinte du Temple pour s'imprégner profondément de l'atmosphère de sainteté qui y régnait.
L'impression ressentie persistait pendant longtemps, bien après qu'on s'éloignait du Temple."
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-> "La grosse pierre était posée sur la bouche du puits" (aéven gédola al pi abéer - Vayétsé 29,2)
A priori nous aurions dû avoir écrit : "une grosse pierre", et non : "LA grosse pierre" : qui semble désigner une pierre bien précise, connue de tous.
=> Comment comprendre cela?
-> Le Sfat Emet (Vayétsé 5644) répond que la pierre désigne le yétser ara.
[la Guémara (Soucca 52a) cite les 7 noms du yétser ara, et le premier étant : "évène" = la pierre]
En effet, le yétser ara représente une embûche pour les juifs dans chaque chose.
Néanmoins, "sur la bouche du puits", qui évoque la bouche de chaque juif qui s’ouvre pour prier, cette pierre est très grosse, car le yétser ara essaye de toutes ses forces de l’en empêcher.
Pour cette raison, on fait précéder chaque prière de la Amida d’une supplique : "Hachem ouvre mes lèvres et ma bouche dira Tes louanges" (Hachem chéfataï tifta'h oufi yaguid téilaté'ha).
Rachi (v.29,10) dit que Yaakov retira la grosse pierre comme l'on retire un bouchon de l'ouverture d'une bouteille.
Le Sfat Emet écrit : "Le yétser ara, qui est évoqué ici dans la pierre, ressemble à un bouchon.
Certes ce dernier peut être perçu comme le moyen d’empêcher le contenu de la bouteille de sortir, cependant en vérité, tout le but du bouchon est de garder le liquide de tout dommage.
Il en est de même de la pierre qui se tient sur notre cœur et nous empêche de prier. Celle-ci a un objectif uniquement bénéfique : que l’homme puisse la maîtriser et mériter grâce à cela protection et délivrance.
Lorsqu’il parviendra à "la faire rouler" (v.29,10), il verra une abondance de bienfaits se déverser sur lui.
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-> "II vit un puits dans les champs et là, trois troupeaux de menu bétail étaient couchés à l’entour, car ce puits servait à abreuver les troupeaux. Or la pierre, sur la margelle du puits, était grosse." (v.29,2)
Les 3 bergers [que la Torah décrit comme autour du puits] représentent : la pensée (ma'hchava), la parole (dibour) et l'action (maassé).
Cela signifie que nous devons faire des bonnes actions (ex: tsédaka) avant la prière, et nous devons dire : "Hachem ouvre mes lèvres" (Hachem chéfataï tifta'h), c'est-à-dire prier Hachem de nous ouvrir notre bouche en prières, et ensuite le puits s'ouvrira [et nous serons alors capables de prier avec des pensées pures].
[Sfat Emet - année 5650]
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-> "La journée est encore longue... donnez à boire au troupeau" (Vayétsé 29,7)
=> Quand les bergers entendirent cette demande de Yaakov, ils lui dirent qu'en fait, ils ne peuvent pas abreuver le troupeau car il y a une grosse pierre sur le puits qui en empêche l'accès. Mais on peut s'interroger sur la demande de Yaakov. N'a-t-il pas vu cette grosse pierre? Cela est bien-sûr étonnant, puisqu'une si grosse pierre est facilement reconnaissable. Ainsi, pourquoi leur demanda-t-il d'abreuver le troupeau, alors qu'il n'en ont pas la possibilité du fait de cette pierre?
-> Le Sfat Emet explique que Yaakov voulait leur apprendre la qualité de ténacité. Même si cette pierre est grosse et lourde et qu'ils ont déjà sûrement maintes et maintes fois essayé de l'enlever sans succès au point de s'être rendu compte que pour l'enlever, tous les bergers doivent être réunis, malgré tout, Yaakov leur signale qu'il convient encore et encore de réessayer. Il ne faut pas se dire : "Puisque j'ai déjà essayé de nombreuses fois et je n'ai pas encore réussi, alors cela ne sert plus à rien d'essayer encore".
Le midrach explique que cette pierre sur le puits symbolise le mauvais penchant (yétser ara), qui bouche le cœur de l'homme. Parfois, un homme a pu se confronter à ses faiblesses, il a pu avoir lutté contre son mauvais penchant à de multiples occasions pour s'être finalement rendu compte que celui-ci reste trop fort.
Combien de fois a-t-il essayé de résister, de surmonter l'épreuve et la tentation? Mais il est encore et encore retombé! Alors, il peut être tenté de se décourager, de cesser de lutter et de résister, le penchant étant trop fort, voire insurmontable. "La pierre est trop grande sur le puits".
Et là, vient le conseil de Yaacov. Réessaie encore et toujours. Même si tu as tenté et tu as échoué des milliers de fois, ne baisse pas les bras et continue inlassablement à lutter, ne désespère pas! Et avec l'aide d'Hachem, tu finiras par réussir. Hachem Qui voit tes efforts et ta lutte, tes chutes et ta ténacité, finira par te livrer la victoire.
=> Le conseil de base contre le mauvais penchant : Bats-toi inlassablement! Ne cède jamais! Même si tu as déjà échoué des milliers de fois, par la force de ta volonté et par l'aide d'Hachem, tu finiras par réussir.
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+++ Comment stopper le yétser ara d'obstruer notre prière :
+ ll vit, et voici un puits dans le champ. Et voici, là, trois troupeaux de menu bétail couchés à côté, car c'est de ce puits que l'on abreuvait les troupeaux, et sur l'ouverture du puits (litt. bouche du puits - pi abéér), la pierre était grosse (aéven aguédola).
[Lorsque] tous les troupeaux y étaient rassemblés, on roulait la pierre de sur l'ouverture du puits (pi abéér) et l'on abreuvait le menu bétail ; puis l'on remettait la pierre à sa place sur l'ouverture du puits (pi abéér)." (Vayétsé 29,2-3)
-> Le Sfat Emet demande pourquoi il est dit que "la pierre était grosse" se trouvait à l'entrée du puits, au lieu de dire simplement qu'il s'agissait d'une "grosse pierre".
Il répond que le yétser ara peut être comparé à une grosse pierre qui obstrue une personne et tente de la faire trébucher à tout moment.
[la Guémara (Soucca 52a) cite les 7 noms du yétser ara, et le premier étant : "évène" = la pierre]
C'est "la grosse pierre" (aéven aguédola) dont il est question dans ce verset.
Le yétser ara est toujours un grand obstacle pour nous, mais il est encore plus grand lorsqu'il se trouve "sur la bouche du puits". Cela fait référence à la façon dont le yétser hara bouche la bouche d'une personne et ne lui permet pas de prier pour Hachem parce qu'il sait à quel point la prière est puissante.
La puissance de la prière est illustrée par la façon dont le verset décrit "la bouche du puits" comme ayant "tous les troupeaux y étaient rassemblés". Cela signifie que toutes les actions d'une personne sont rassemblées autour de ses prières.
Pour contrer cela, nous demandons à Hachem avant de prier la Amida : "Hachem chéfataï tifta'h" (Hachem ouvre mes lèvres).
La vérité est qu'une personne ne peut avoir la capacité de surmonter le yétser ara et d'ouvrir la bouche pour prier que si elle y travaille. C'est pourquoi la prière est appelée la "avoda (travail) du cœur" (guémara Taanit 2a).
Si quelqu'un travaille sur lui-même jusqu'à ce qu'il ressente dans son cœur un désir ardent de prier, il sera capable de le faire.
Nos Sages (cf. Rachi v.29,10) disent que lorsque Yaakov a retiré la pierre du puits, c'était comme s'il avait enlevé le bouchon d'une bouteille. Cela montre qu'un tsadik sait qu'une bouche a besoin de quelque chose pour la couvrir et protéger son contenu, tout comme un bouchon couvre une bouteille et protège ce qu'elle contient.
Bien qu'il soit bon que la bouche soit généralement couverte, le couvercle doit être enlevé pour la prière, tout comme le couvercle d'une bouteille est enlevé pour profiter de son contenu.
C'est également ce que suggère le terme utilisé dans le verset : "Vayigash Yaakov" (Yaakov s'approcha). Le même mot est utilisé pour désigner le moment où Yaakov s'est approché d'Essav et nos Sages disent (midrach Béréchit rabba 49,9) qu'il s'est approché de lui avec trois choses : L'apaisement, la prière et la guerre.
De même, ce verset fait référence à 3 choses (trois troupeaux/bergers) : les trois prières que nous récitons chaque jour, que nous utilisons pour combattre le yétser hara et retirer sa "grosse pierre" de notre bouche.