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Manger la veille de Yom Kippour

+ Manger la veille de Yom Kippour :

-> "Il y a une mitsva de manger la veille de Yom Kippour, de grands repas" (Choul'han Aroukh 604).

-> "Vous jeûnerez dès le 9 du mois au soir" (A'haré Mot 23,32)
Yom Kippour est le 10 [du mois], pourquoi le verset parle de jeûner le 9?
Selon nos Sages (guémara Béra’hot 8b), cela signifie que si nous mangeons en ce jour, alors nous serons récompensés comme si nous y avions jeûné.

De même, la guémara (Roch Hachana 9a) demande à propos de ce verset : "Est-ce le neuf que l’on jeûne? Pourtant, on ne jeûne que le dix?
C’est pour t’enseigner que celui qui mange et boit le neuf, la Torah lui compte comme s’il avait jeûné le neuf et le dix."

-> Le Levouch (604,1) fait remarquer que la mitsva de manger la veille de Yom Kippour est exprimée dans la Torah par le terme de mortification ("Vous mortifierez vos personnes dès le 9 du mois au soir"), et il l’explique par le fait que "léfoum tsara agra", une mitsva accomplie dans l’effort et la peine entraîne une récompense plus grande qu’une mitsva accomplie sans difficulté.
Hachem, qui désirait augmenter le mérite des Bné Israël, leur compta ainsi une mitsva accomplie dans la peine.
[Il considère comme si nous avions jeûné, ce qui est plus difficile et qui a donc une récompense plus importante. ]

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 4,8-10) donne 3 raisons :
1°/ Nous mangeons et fêtons le fait que nos fautes seront pardonnées le jour de Kippour.
[Selon nos Sages (à la fin de Taanit), Yom Kippour est un des jours les plus joyeux de l'année juive, car en ce jour nous sommes nettoyés de toutes nos fautes.]
Rabbénou Yona écrit : "La joie que nous exprimons à ce moment où nos fautes sont pardonnées, témoigne du fait que nous nous préoccupons de nos fautes, et que nous regrettons de les avoir faites".

[ainsi, plus nous avons conscience des conséquences dramatiques et de l'étendue de nos fautes, que nous regrettons cela, alors plus nous explosons de joie en ayant la capacité de pouvoir les expier!]

2°/ Rabbénou Yona écrit : "A tous les autres Yom Tov, nous célébrons par un repas festif ... car la joie que nous avons permet d'augmenter immensément la récompense des mitsvot ...
Mais puisque nous jeûnons à Yom Kippour, nous devons avoir un repas la veille de Kippour afin de pouvoir exprimer notre joie de la mitsva."

3°/ Il écrit : "Nous jeûnons [la veille de Kippour] afin d'avoir la force de beaucoup prier et de rechercher des moyens pour faire téchouva à Yom Kippour".

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-> Le Chla haKadoch (Yoma Torah Or 134) rapporte au nom du Ramak (dans Séfer Avodat Yom haKippourim) une autre raison à l’accomplissement de cette mitsva :
Puisque le jour même de Yom Kippour, nous ne sommes pas en mesure de nous réjouir étant préoccupés par nos fautes, et que les yeux de tout Israël sont tournés vers leur Père Céleste, la Torah a anticipé la mitsva de manger le neuf (la veille de Yom Kippour), afin que l’homme se réjouisse et que son jeûne du dix (jour de Yom Kippour) soit agréé.
Car la mortification du dix, si elle est accomplie dans l’anxiété, n’est pas acceptée.
Il en ressort que la joie du neuf (la veille de Yom Kippour) fait partie du jeûne et du repentir du dix (le jour de Yom Kippour).

-> Le Ramak, Rabbi Moché Cordovéro (Avodat Yom haKippourim) explique qu'à Yom Kippour tous les gens sont généralement inquiets du résultat du jugement. Ils ne sont ainsi pas totalement heureux.
Leur abattement empêche Hachem d'accepter leur service Divin (car Hachem désire qu'on Le serve dans la joie).
C'est pourquoi la Torah nous ordonne de manger et d'être joyeux la veille de Kippour.
Cette joie continue lorsque nous réalisons les mitsvot de Yom Kippour, et Hachem accepte alors notre service de Kippour.

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-> La joie possède un formidable pouvoir d'adoucir la rigueur des décrets.

Certains y voient une allusion dans le verset (Téhilim 47,7) : "zamérou Elokim zamérou" (le terme "zamérou" peut signifier à la fois un air et à la fois "couper"), car grâce à la joie suscitée par les airs, les chants de Kippour, il est possible de couper la mesure de rigueur (évoquée) par le nom Elokim.

[ce n'est pas une joie d'insouciance, mais plutôt une conscience de la gravité de la situation face à laquelle il y a une miséricorde, un amour infini de Hachem.
Nous sommes fou de joie de pouvoir grâce à la téchouva : "être aimé, agréable à Ses yeux [de Hachem], proche de Lui et l'objet de Son affection" (selon les mots du Rambam - Halakhot Téchouva 7,6).]

-> Nous récitons de nombreuses prières à notre Roi, notre Père au Ciel, mais les anges interceptent nos prières et ne les laissent pas monter jusqu'au Ciel.
C'est pour cela que nous chantons des mélodies (airs traditionnels), car alors les anges ne voit pas d'importance dans nos paroles, et ils les laissent monter jusqu'au Ciel.
Ils ne savent pas que caché dans ces airs se trouvent nos requêtes pour l'année à venir.
Hachem comprend notre message dissimulé, et nous accorde toutes nos demandes.
[rav Elimélé'h Biderman (Kippour)]

-> Dans les Ta'hanounim (supplications) du lundi et du jeudi, nous disons : "apotéa'h yad bitéchouva lékabél poch'im vé'hola'im niv'ala nafchénou mérov itsvonénou" (Il [Hachem] ouvre Sa main au repentir pour recevoir les pêcheurs et les fauteurs, notre âme est stupéfaite de tant de tristesse).

Le rabbi Moché de Kobrin explique qu'on s'interroge tous : comment pouvons-nous être tristes alors que Hachem a Sa main si grandement ouverte pour accepter tout fauteur, quoiqu'il ait pu faire?
[comment ne sommes nous pas davantage fou de joie, de reconnaissance envers Hachem, pour cette si belle opportunité d'expier nos fautes, même les plus graves!]

[cela est tellement plus réel à Yom Kippour (journée dédiée à la téchouva), et nous devons donc exprimer notre joie et notre reconnaissance à Hachem de pardonner si facilement toutes nos fautes.
D'où la mitsva de manger la veille de Kippour.
Certes le jugement est impitoyable, effrayant, mais le juge suprême est notre papa Hachem, qui nous aime plus que tout!]

-> Le Beth Aharon (131b) écrit :
"Seulement dans la joie et la sérénité d’esprit, car grâce à la joie, l’esprit est purifié. Or, l’essentiel de la téchouva s’accomplit à l’aide d’un esprit pur."

Le rav Elimélé'h Biderman explique :
La joie possède l’effet immense d’adoucir la rigueur des décrets.
Certains en ont vu l’allusion dans le verset :"zamérou Elokénou zamérou" (entonnez un air pour D., entonnez un air - Téhilim 47,7).
Car grâce au chant et à la musique, il est possible de couper et de déraciner la Midat Hadine (la mesure de rigueur) suggérée par le nom Elokim (en hébreu, ‘entonner un air’, se dit לזמר qui signifie également ‘couper’).

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-> Le 'Hatam Sofer dit que Hachem place dans nos cœurs le désir de faire téchouva, ainsi nous ne méritons pas de récompense pour faire téchouva.
Nous recevons une récompense pour le fait de nous réjouir de pouvoir faire téchouva, et d'ainsi pouvoir se rapprocher de papa Hachem.

En effet, la téchouva implique de changer notre routine/nos habitudes, d'abandonner des plaisirs interdits, et cela nécessite des efforts, et le corps humain n'aime pas subir cela.
Ainsi, il est naturel à une personne de ne pas être pleinement heureuse dans sa téchouva (à la réalisation des implications).
Cependant, nous devons être joyeux car nous savons que nous devenons par cela les bien-aimés de Hachem et que nos âmes sont nettoyées des saletés qui étouffaient notre âme.

=> Notre joie est notre part et notre mérite dans le processus de la téchouva.

[la mitsva de manger la veille de Kippour vient nous aider à avoir une téchouva la plus parfaite possible, car réalisée dans la joie!
Hachem nous attire vers Lui par amour, et nous Lui répondons par une joie folle de pouvoir se retrouver au plus proche de Lui!]

-> D'ailleurs telle est une explication du Téhilim (14,7) :
- "mi yitén mitsion yéchouat Israël" = comment la nation juive peut-elle être libérée et mériter le machia'h?
- "béchouv Hachem chévout amo" = en effet, bien que nous fassions téchouva, c'est "béchouv Hachem" (par le biais d'Hachem), qui place dans notre cœur le désir de faire téchouva.
- la réponse est : "yaguél Yaakov yichma'h Israël" = la réponse est : nous sommes dans la joie de pouvoir expier nos fautes, et par cela nous méritons d'être libérés [de notre exil actuel].

[Le rav 'Haïm Friedlander (Sifté ‘Haïm - Vol.1) écrit : ''Étant donné que Yom Kippour est un jour de miséricorde divine, il y a une aide spéciale du ciel présente ce jour-là, qui incite l’homme à faire téchouva. Cela s’applique [même] à une personne qui ne mérite pas d’aide selon la stricte loi.
Tel est le pouvoir de ce jour extraordinaire (Kippour) : le Ciel aide l’homme à faire Techouva.'' ]

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-> Le Sfat Emet enseigne qu'il y a une mitsva de bien manger la veille de Yom Kippour afin d'être de bonne humeur en ce jour, ce qui facilitera le fait de se pardonner l'un l'autre.
En effet, une partie essentielle du pardon de Yom Kippour est le pardon avec autrui.

Nos Sages affirment que l'expiation des fautes dépendrait davantage du 9 Tichri (la veille de Kippour) que du 10, car c'est le 9 que les juifs doivent faire régner la paix entre eux.
En effet, la guémara (Yoma 81b) enseigne que les fautes commises entre l'homme et son prochain ne sont pas expiées tant que le fauteur n'a pas obtenu le pardon de la personne lésée.

[Hachem est tellement rempli d'amour, de miséricorde, que c'est "facile" d'obtenir son pardon (quelques mots et ça suffit!), et il n'y a pas de problème d'égo, de sentiment humiliant de devoir se rabaisser à demander pardon car on ne joue pas dans la même catégorie (c'est Hachem!).
Ce n'est pas pareil avec autrui, d'où la nécessité d'être très vigilant dans nos relations avec notre prochain (l'autre c'est du feu!).]

Le Sfat Emet écrit : "Hachem a donné la mitsva de manger et de boire la veille de Kippour afin qu'une personne soit dans un bon état d'esprit ...
Hachem ordonne de manger et de boire afin que les cœurs soient joyeux, ce qui aide à unifier tous les juifs dans l'amitié en ce jour [de Kippour] où ils se tiennent devant Hachem."

-> De façon similaire, le Anaf Yossef (sur guémara Yoma 81b dans le Ein Yaakov) écrit :
"Il me semble que le pardon des fautes dépend plus du neuf Tichri que du dix. Car le neuf, les Bné Israël doivent se réconcilier l’un avec l’autre, comme l’enseigne Rabbi Elazar Ben Azaria (guémara Yoma 85b) : "Les fautes entre l’homme et son prochain, Yom Kippour ne les expient pas tant que l’on n’en aura pas obtenu le pardon."
Ainsi, Hachem a ordonné à l’homme de manger et de boire en ce jour afin que son coeur soit entier et joyeux, car auparavant, son coeur était partagé et il était tendu. Et c’est à ce propos qu’il est écrit : "Oui, vous jeûnez pour fomenter querelles et dissensions" (Yéchayahou 58,4). Car pendant un jour de jeûne, la bile amère s’accumule, ce qui tend à provoquer des querelles.
C’est pourquoi Hachem nous a ordonné de manger et de boire à satiété afin de réjouir les coeurs et décrisper les visages tendus et que tous les juifs se sentent ainsi liés les uns aux autres en se présentant pieds nus devant Hachem".

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-> Rabbi ‘Haïm Chmoulévitch avait coutume d’éveiller l’assemblée des fidèles par les paroles qu’il prononçait avant l’office de Kol Nidré et qui contenaient une mise en garde au sujet des devoirs envers autrui s’inspirant du verset : "Livrons-nous cependant à la main d’Hachem car Il est plein de miséricorde, plutôt que de tomber dans la main de l’homme" (Chmouel II 24,14) :
"Lorsqu’un homme tombe dans les mains d’Hachem qu’il trébuche en fautant envers Lui, la miséricorde Divine est immense. En revanche, qu’il ne "tombe pas dans la main de l’homme", car les fautes commises envers son prochain, même Yom Kippour ne les expie pas tant qu’il n’aura pas obtenu le pardon de celui qu’il a offensé.
Il est donc préférable de tomber "dans les mains d’Hachem plutôt que de tomber dans la main de l’homme"."

-> Demander pardon amène une expiation aux 2 parties : chez celui qui a nuit à son prochain et qui lui demande pardon, et chez celui qui accepte le pardon

- Celui qui a fauté avec autrui, obtenir le pardon de son prochain est le seul moyen permettant d'obtenir une expiation de sa faute (cf. guémara Yoma 81b rapporté ci-dessus)
[il faudra également demander pardon à Hachem pour cette faute, pour avoir profaner sa volonté (mitsva ben adam la'havéro)]

- Le Choul'han Arou'h (606,1) dit : "Lorsque quelqu'un te demande pardon, pardonnes-lui. Ne soit pas cruel!"
La michna Béroura explique que celui qui accepte le pardon y gagne, car de la même façon qu'il pardonne à son prochain, Hachem va lui pardonner.

Dans sa note en bas de page du Chaar haTsion, la michna Béroura développe davantage : "L'explication est que le Ciel agit mesure pour mesure. Ainsi, si ton prochain se rebelle contre toi, et il t'a délibérément blessé, tu dois lui pardonner car alors les fautes que tu as commises intentionnellement seront également pardonnées."

[ainsi de même que tu pardonnes à autrui qui faute avec intention envers toi, de même Hachem en viendra à te pardonner d'avoir fauter devant Lui.]

De même à ce sujet, la guémara (Yoma 23) affirme: "Quiconque cède sur son honneur est digne qu’on cède sur ses péchés".

-> Il existe un niveau encore plus élevé : pardonner à son prochain avant même qu'il ne vienne nous demander pardon.
En ce sens, chaque soir dans le Shéma avant de dormir, nous proclamons que nous pardonnons à toute personne qui aura fauté envers nous.
En agissant ainsi, nous verrons des miracles.
[rav Elimélé'h Biderman]

[ => On a une mitsva de manger la veille de Yom Kippour pour nous réjouir et en venir à s'unir avec notre prochain.
Cela doit développer en nous à quel point nous sommes gagnant de toujours rechercher la paix, qui est, selon nos Sages, le canal permettant à Hachem de pleinement nous déverser Ses meilleures bénédictions. ]

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-> Le Maharal (Nétivot Olam) écrit que lorsque quelqu'un faute contre son prochain, et qu'il regrette ce qu'il a fait, il va souvent se mettre à genoux devant son prochain afin de l'apaiser et lui demander pardon.
En agissant ainsi, son prochain va se baisser pour écouter ce qu'il a à dire, et leurs visages sont alors très proches.

Cela est une allusion au lien très proche entre Hachem et les juifs, lorsque nous disons le vidouï (confession de nos fautes) et lui demandons pardon pour nos fautes.

[ainsi, nous devons savoir descendre de notre superbe, en reconnaissant qu'on s'est mal comporté, comme en témoigne le fait de s'agenouiller, et ensuite Hachem se place en face de notre visage, très près de nous, pour entendre avec un énorme amour et joie nos paroles.
D'une certaine façon on peut dire que de même que nous diminuons notre égo, en étant prêt à reconnaître à notre prochain qu'on s'est trompé, qu'on a mal agi, et en lui demandant pardon, de même, Hachem va se rapprocher de nous pour écouter nos paroles (prières) et encore davantage nous combler de bénédictions (tellement il est heureux de voir de l'amour entre Ses enfants [juifs]).]

=> Nous célébrons cela la veille de Yom Kippour en mangeant. Quelle chance d'avoir de tels frères juifs si magnifiques, et un papa Hachem qui nous aime au-delà de toute perception.

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Il est important de se rappeler que ce que veut Hachem c'est notre cœur (la 1ere et la dernière lettre de la Torah forment : lév (cœur).

Le rabbi Mendel de Kotsk dit que notre yétser ara nous laisse accomplir toutes les mitsvot que l'on veut tant que nous n'y mettons pas de la sincérité, du cœur.

Combien de fois par jour nous utilisons l'expression : "pardon!", "désolé", sans avoir le moindre regret. (ex: Pardon, puis-je passer? Pardon passer moi le plat? ...)
Il n'y a aucun regret, c'est uniquement une façon de parler.

De même, notre vidouï (confession des fautes), doit venir de notre cœur qui est brisé par les regrets, et non pas uniquement de nos bouches qui bougent en lisant des mots qui se trouvent dans le Sidour.

=> Selon nos Sages : "Plus notre degré de regret est important/authentique, plus l'expiation de nos fautes sera importante".

Le rabbi Barou'h de Mézibou'h rapporte que Hachem nous dit : "chala'hti kidvaré'ha" = je vous pardonne en fonction de vos paroles. Ainsi, notre expiation dépend de l'intensité de regret que nous pouvons avoir. Il faut de l'émotion!

[la mitsva de manger la veille de Kippour aide à avoir des forces pour mettre de la vie dans nos prières de Kippour, et ainsi mériter obtenir le maximum de bénédictions pour l'année à venir.]

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-> Le rabbi Yéhochoua de Belz transmet l'idée suivante :
A un jeûne normal, nous perdons du sang et de la graisse, et c'est comme si on s'était sacrifié sur l'autel (mizbéa'h).
En raison de la particularité du jeûne de Kippour, nous ne voulons pas que ce soit de la graisse ou du sang classique qui soit sacrifié.
Nous voulons offrir en sacrifice de la graisse et du sang qui proviennent d'une mitsva.
C'est pourquoi nous avons une mitsva de manger la veille de Yom Kippour.
Manger augmente la graisse et le sang dans le corps, et lorsque nous jeûnons à Kippour, nous sacrifions ces calories saintes à Hachem.
En ce sens, nous devons manger nos repas avec de la crainte du Ciel.
Le Beit Avraham dit qu'en mangeant la veille de Kippour, nous devons nous imaginer qu'un lion est en face de nous.

-> Rabbi Yéhochoua de Belz expliqua un jour la mitsva de manger la veille de Yom Kippour de la manière suivante :
La Torah ordonne de manger le neuf, afin de produire une graisse et un sang provenant d’un repas qui est une mitsva. Ils seront ainsi considérés comme une graisse et un sang de mitsva offerts sur l’autel.
Dès lors, on comprend aisément que le repas de la veille de Yom Kippour doive se dérouler dans la sainteté et la pureté, puisque ce que l’on y consomme est destiné à être apporté le lendemain en offrande produisant une odeur agréable pour Hachem.
Le Beit Avraham donne de ce repas l’image suivante : au moment où il mange la veille de Yom Kippour, un homme doit s’imaginer que l’on cherche à éduquer un glouton à manger avec correction. A cette fin, on l’a installé devant un lion, ce qui l’oblige à peser et calculer chacun de ses gestes.
C’est en suivant cet exemple qu’il devra manger la veille de Yom Kippour.

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-> Le Yichma'h Moché enseigne :
Un jour viendra où nous nous tiendrons devant le beit din d'En-Haut (la court Céleste) [pour notre jugement final]. Nous revêtirons notre talit et un habit blanc (ex: un kittel), et nous dirons le viouï (confession des fautes), exactement comme nous le disons actuellement [le jour de Kippour], mais cela ne nous aidera pas. [en effet, une fois mort, il est trop tard pour faire téchouva, pour se faire pardonner nos fautes].
Cependant, nous pouvons encore tout réparer actuellement avec notre vidouï".

[Quelle joie énorme! Nous célébrons en mangeant la veille de Kippour, le fait de pouvoir encore être en vie, grâce à D., et ainsi d'avoir l'opportunité de pouvoir être totalement blanchis à Kippour.
Certes personne ne connaît le jour de sa mort (la vie passant pour tous très rapidement), mais une chose est sûre : nous avons le droit à l'incroyable nettoyage par amour d'Hachem en ce Kippour.
Non seulement cela nous rapproche de D., mais en plus cela nous évite un nettoyage de nos fautes après notre mort qui est accompli dans de grandes douleurs. Nous sommes heureux d'en être dispensés, b'h.
Merci Hachem! ]

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-> Le rav Avigdot Nevenzahl écrit qu'avant de sceller le jugement Hachem a envie d'aider Ses enfants dans leurs efforts de faire pencher la balance du bon côté. Il choisit le moyen le plus facile, en nous récompensant pour un acte que nous aurions de toute façon réalisé si nous n'en avions pas reçu l'ordre (manger).

-> Le rav Avigdot Nevenzahl rapporte une autre raison pour cette mitsva de manger la veille de Kippour.
Il y a une opinion dans le midrach que la Akédat Its'hak a eu lieu à Kippour.
Si tel est le cas, Avraham et Its'hak ont commencé leur trajet le 8e jour de Tichri, comme il est écrit : "Le 3e jour, Avraham, levant les yeux, aperçut l'endroit dans le lointain" (Vayéra 22,4).
De façon halakhique, la ligature d'Its'hak était en parallèle au sacrifice d'un véritable animal.
D'ailleurs de nombreux halakhot relatives aux sacrifices dans le Temple prennent leur source dans la Akédat Its'hak (ex: placer du bois sur l'autel, attacher le bras et la jambe de l'animal, recevoir le sang dans la main droite, l'interdiction de profiter de l'offrande, ...).

La guémara dit que c'est un embellissement de la mitsva (hidour mitsva) que le sacrifice (korban) soit le plus gras possible.
En fait, cet hidour prend même le dessus sur le Shabbath. Par exemple, si un animal maigre doit être sacrifié, pendant Shabbath, en tant que sacrifice pour toute la communauté, lorsqu'un plus gras/gros était disponible, le plus gros devait alors être sacrifié et offert à Shabbath, et ce même si le korban avait déjà été amené (cf. guémara Ména'hot 64a ; Rambam Hilkhot Shégagot 2,15).

C'est pour l'accomplissement de cette mitsva qu'Avraham a pris beaucoup de provisions pour leur trajet, afin d'engraisser le korban (Its'hak) avant la Akéda.
C'est en souvenir de ce manger qui était exclusivement en l'honneur d'Hachem (léchem chamayim) que nous avons l'obligation de manger une séoudat mitsva la veille de Yom Kippour.
[Bien que Its'hak a mangé le 8 et le 9 Tichri, nous avons l'obligation de ne passer qu'un seul jour à se rappeler de cela, la Torah ne souhaitant pas créer une atmosphère trop festive durant ces jours (si redoutables) entre Roch Hachana et Yom Kippour]

-> Le rav Avigdot Nevenzahl enseigne que l'obligation de manger davantage la veille de Kippour nous enseigne que même nos besoins physiques/matériels doivent être des outils avec lesquels nous servons Hachem.
Après avoir conclut le mois d'Elloul, après avoir juste couronné Hachem comme le Roi à Roch Hachana, après avoir complété une longue période de Séli'hot et Ta'hanounim, nous devons apprendre que même nos besoins matériels doivent être dirigés pour servir Hachem.
De même qu'à l'approche de Yom Kippour nous sommes anxieux du jugement à venir, nous ne sommes pas vraiment dans l'ambiance de manger, d'avoir de l'appétit, et cependant nous mangeons plus que d'habitude car Hachem nous l'a ordonné, et cela doit nous apprendre que tous nos repas de l'année doivent être vus comme un outil permettant de mieux servir Hachem.

[chacune de nos actions, même profane (manger, dormir, ...) ne doit pas être vue comme chez un animal, mais plutôt elles doivent être élevées comme autant des moyens, outils, permettant de mieux réussir à servir D. dans ce monde. ]

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-> b'h, également sur ce sujet : http://todahm.com/2020/03/22/manger-et-boire-la-veille-de-yom-kippour

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