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Le 10 tévét – un jour déterminant

+ Le 10 tévét - un jour déterminant :

-> Le 'Hatam Sofer (dans ses drachot sur la fin du livre de Dévarim) explique que le 10 tévét est un vrai jour de jugement (yom hadin).
De même qu'en bas les ennemis du peuple juif ont assiégé Jérusalem et ont initié les tristes événements qui ont duré 2 ans et demi avant la destruction du Temple (Hachem attendant la téchouva de son peuple), de même dans le Ciel il y a un jugement céleste (le 10 tévét).

La guémara (Yérouchalmi Yoma 5) affirme : "Toute génération qui n'a pas vu le Temple reconstruit c'est comme si elle -même l'avait détruit" = cela signifie que chaque année en ce jour du 10 tévét, Hachem juge à nouveau : est-ce que le Temple sera détruit cette année ou bien reconstruit? Est-ce que le machia'h pourra se révéler et sera annoncé par Eliyahou haNavi qui le devancera ou non?

[Selon nos Sages si le jeûne du 10 tévét tombait un samedi alors on devrait jeûner pendant Shabbath (à l'image de Yom Kippour), ce qui n'est pas le cas pour le 9 av, qui lui est décalé.
Cela souligne la particularité du 10 tévét : c'est un jour de jugement (alors que le 9 av est un jour désigné où l'on s'attriste sur la perte du Temple, et en ce sens il peut être décalé)]

=> Le 'Hatam Sofer conclut : Le jeûne du 10 tévét n'est pas seulement un deuil sur le passé, mais il concerne bel et bien l'avenir car c'est en ce jour que chaque année est décidé l'avenir de Jérusalem et du Temple, pour notre génération (d'où le : "c'est comme si elle -même l'avait détruit"!).
[le 9 av n'est que la constatation de la triste décision qu'il y a eu en ce jour, par notre faute!]

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Le 8, 9 et 10 tévét constituent 3 jours de détresse :
- le 8 tévét commémore la traduction de la Torah en langue grecque (Septante), considérée comme une catastrophe analogue à celle de la confection du Veau d’Or (Massékhet Traité Soferim 1,7).
- le 9 tévét commémore la disparition d’Ezra Hasofer et de Né’hamya, les fondateurs du Second Temple [Sidour du Rav Yabets].
- le 10 tévét commémore le début du siège de Jérusalem par les armées de Nabuchodonosor (voir Yé’hezkel 24,1-2).
[au 10 du mois de tévet, Névou'hadnétsar (Nabukodonozor), roi de Babylonie, assiégea la ville de Jérusalem, dans le but de la détruire, comme il est dit dans le livre de Yéh’ézkel (chap.24) : "La parole d’Hachem s’adressa à moi la 9e année, au 10e mois (tévet), au 10e jour du mois, en ces termes : Toi, fils de l’homme, prends note de cette date, c’est en ce jour-ci que le roi de Babylonie a assiégé Jérusalem". ]

=> Bien que ces 3 jours présentent des significations différentes, ils ne sont pas moins étroitement liés : pendant les 3 jours qui suivirent la traduction de la Torah dans la langue grecque (c’est-à-dire les 8, 9 et 10 tévét), une obscurité épaisse recouvrit le Monde [méguilat Taanit].
Cette obscurité s’explique par le fait que la traduction de la Torah dans une langue étrangère occulte la profondeur sans fin contenue dans les lettres hébraïques qui composent la Torah. Ce drame est donc en rapport avec la disparition des "luminaires" qu’étaient Ezra et Né’hamya (dont le premier est d’ailleurs comparé à Moché Rabbénou), ainsi qu’avec le siège de Jérusalem, venu obscurcir la splendeur du Temple.

Concernant le 10 tévét, seul jour [des trois] retenu comme jeûne collectif, il est dit : "Fils de l’homme, note-toi le nom de ce jour, du jour-même où nous sommes : le roi de Babylone assiégea Jérusalem aujourd’hui même (בעצם היום הזה)" (Yé’hezkel 24,2).
Le fait de ne pas mentionner la date du jour dans ce verset, suggère que l’on veuille plutôt indiquer ici la place du jour dans l’année ; une position faisant allusion au malheur. Ainsi, le Prophète a voulu viser le 98e jour de l’année depuis le premier Tichri (qui est une allusion aux 98 Malédictions de Dévarim) qui est aussi le 275e jour depuis le premier Nissan (valeur numérique du mot רעה - ra’a - mauvaise).
Ainsi, lorsque ‘Hechvan et Kislev sont défaillants (mois de 29 jours), le jour "prédestiné au malheur" (le 98e jour depuis Tichri ou 275e jour depuis Nissan) coïncide avec le 10 tévét.
Lorsque ‘Hechvan est défaillant et Kislev entier (mois de 30 jours), ce jour coïncide avec le 9 tévét. Lorsque les mois de ‘Hechvan et Kislev sont tous d’eux entiers, il coïncide avec le 8 tévét.
Le 10 tévét tombe alors le 100 jour de l’année depuis Roch Hachana (en allusion dans l’expression de Yé’hezkel (24,1) : "le 10e jour du 10 mois" : 10x10 = 100).
[Drachot ‘Hatam Sofer - 8 tévét p.78].

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-> Le 10 tévét est le jour où la destruction du Temple a été décidée, et son exécution fut scellée dans le Ciel pour le 9 Av, deux ans et demi plus tard [c’est en fait le 10 tévét qu’aurait dû avoir lieu l'exil des Bné Israël et le non le 9 Av. Mais Hachem eut pitié d’eux et ne les exila pas en plein hiver, ce qui aurait causé leur mort certaine. Il attendit donc jusqu’à l’été - midrache Tan’houma Tazria 9].
Et de même chaque année en ce jour du 10 tévét, on décide au Tribunal céleste si le Temple sera ou non reconstruit.
[‘Hatam Sofer]

=> C’est la raison du jeûne, non seulement en tant que jour de deuil et de téchouva, mais surtout pour annuler un mauvais décret qui pourrait être promulgué en ce jour.
(à noter que "Chaque génération qui ne voit pas la reconstruction du Temple est considérée comme si elle avait elle-même causé sa destruction" - guémara Yérouchalmi Yoma 1, 1)

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Plusieurs évènements sont arrivés le 10 Téveth. On peut citer :
1°/ Les 3 Prophètes ’Hagaï, Zékharya et Malakhi décédèrent le 10 tévét. [Chalchélet haKabala]

2°/ En ce jour Hachem décréta sur Caïn d’être errant et de parcourir le monde pour obtenir le pardon d’avoir tué Abel. [rav Yonathan Eibschutz - Yaarot Devach]

3°/ Yaakov Avinou fut enterré en ce jour. [‘Hatam Sofer]

4°/ Yossef haTsadik fut vendu en ce jour. Et de même que la vente de Yossef fut la cause de la descente des Béné Israël en Egypte et de leur asservissement [et d’après le Zohar ‘Hadach Vayéchev, la cause de tous les exils], de même le siège de Jérusalem déclencha le processus de la destruction du Temple.

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+ Le 10 tévet = le seul jeûne pouvant potentiellement tomber à Shabbath :

-> "La parole de D. me parvint ... le 10e mois, le 10e jour du mois, en disant : 'Fils de l'homme, écris pour toi le jour [de la semaine], ce jour même' ; le roi de Bavel mit le siège à Jérusalem ce jour même" (Ye'hezkel 24,1-2)

-> "Ces 4 jeûnes sont parfois repoussés lorsqu'ils tombent un Shabat, à l'exception du 10 Tévèt qui ne tombe jamais un Shabbat ... et même s'il tombait un Shabbat, il n'aurait pas été permis de le repousser à un autre jour, car il est écrit : 'ce jour même', comme pour Yom Kippour"
[Aboudraham - Séder Tefilat Hataaniot]

-> Cette déclaration d'Aboudraham est citée dans Beth Yossef (Ora'h 'Haïm 550) qui ajoute : "Je ne connais pas sa source".
Certaines autorités affirment que l'opinion d'Aboudraham se retrouve dans les Techouvot Haguéonim. Cependant, Rachi (Meguila 5a) et Rambam (Hilkhot Taaniot 5.5) affirment que, si le 10 Tévèt était tombé un Shabbat, le jeune serait repoussé au lendemain. [Minhagué Maharil (Hilkhot Chiva Assar BéTamouz VéTicha BéAv 1) fait la même remarque. ]

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Devach - Vol.2 ; drouch 12) calcule que l'année où le roi de Bavél a commencé le siège de Jérusalem, le 10 Tévèt tombait un Shabbat. Il explique que c'est la raison pour laquelle D. dit au prophète Yé'hezkel (24,1-2) d'écrire le jour de la semaine : le prophète reçut l'ordre d'inscrire le fait que le malheur commémoré par le jeûne d'Assara BéTévèt a eu lieu un Shabat, et le jeûne lui-même devrait donc être observé même si la date coïncidait avec un Shabat.

-> Le rav 'Haïm Soloveitchik de Brisk écrit : "Telle est la différence entre tous les autres jeûnes et le 10 Tévèt : tous les autres jeûnes sont basés sur des événements et doivent être observés le mois [où ils se sont produits], comme le disent les versets, et peuvent être reportés. Mais à propos du 10 Tévèt, il est écrit : 'ce jour même' Yé'hezkel (24,1-2). Par conséquent, c'est une halakha qui s'applique spécifiquement à ce jour, et il ne peut pas être reporté au lendemain". [il est donc maintenu même s'il était amené à tomber un Shabbath]

-> Le rav David Hofstedter (Darach David) aborde ce sujet que le 10 Tévet n’est pas contre-indiqué pour tomber pendant le Shabbath. Il explique :
La dégradation spirituelle du peuple juif depuis son entrée en terre d’Israël jusqu'au la destruction du Temple ('hourban) provenait de la grande abondance matérielle dont il jouissait et de sa poursuite de la richesse.
La Torah nous met en garde : "Garde-toi d'oublier Hachem, ton D. ... Peut-être que, lorsque tu auras mangé et que tu seras rassasié, que tu auras bâti de belles maisons où tu vivras, que ton gros et menu bétail aura prospéré, que tu auras amassé une abondance d'argent et d'or et que tes biens se seront multipliés, ton cœur s'enorgueillira et tu oublieras Hachem ton D. qui t'a fait sortir de la maison d'esclavage qu'était l'Egypte." (Ekev 8,11-14).
Avant la destruction du Temple, les prophètes avaient déjà mis le peuple en garde contre la poursuite excessive des biens matériels à cette époque et qui a fait négliger le service divin.
[voir Yéchayahou 22.13 qui condamne : "la réjouissance et la joie, l'abattage de gros et menu bétail, la consommation de viande et de vin - 'mangez et buvez car demain nous mourrons'." ]

Cette faute doit être rectifiée en réduisant l'abondance matérielle, ce qui incite les Bné Israël à revenir au service de leur Créateur. C'est pourquoi la richesse matérielle du peuple juif cessa à la destruction du Temple, comme le dit la guémara (Sota 48a) : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, il n'est pas de jour sans malédiction, la rosée ne tombe pas pour amener la bénédiction et le goût [délicieux] des fruits s'est perdu". Lorsque le peuple juif souffre d'une perte de prospérité, cela l'encourage à se tourner vers D. et à L'appeler ; cela corrige la faute que la Torah décrit comme "oublier Hachem".

La perte de l'abondance matérielle débuta le Dix Tévet, lorsque Névou'hadnetsar commença le siège de Jérusalem (II Méla'him 25.1). A cette époque, une terrible famine se répandit dans la ville, comme le raconte la Meguilat Eikha (4,4) : "De soif, la langue du nourrisson se collait à son palais. Les enfants demandaient du pain, mais personne ne pouvait leur en donner".
Cette faim et cette soif étaient la conséquence de la poursuite de la richesse et de l'oubli de D., comme le dit le prophète Yéchayahou (5,11-13) : "ceux qui se lèvent tôt le matin et recherchent le vin alcoolisé, qui restent tard la nuit lorsque le vin brûle en eux. La harpe et la lyre, le tambourin et la flute, et le vin, sont leurs festivités, et ils n'observent pas les actes de D. ni ne voient l'œuvre de Ses mains. C'est pourquoi Mon peuple fut exilé par manque de connaissance, ses hommes vénérables mourront de faim et ses masses seront assoiffées."
=> Non seulement la faim était une punition pour les fautes des Bné Israël, mais c'était aussi le début du processus de réparation de leurs fautes. La perte de l'abondance matérielle conduisit en effet le peuple à cesser sa recherche du matériel, à se repentir et à revenir vers D.

Il semble donc que le jeûne du 10 Tévèt ne soit pas seulement un commandement destiné à encourager la téchouva, comme c'est le cas des autres jeûnes. Il est également le moyen, pour le peuple juif, de se détacher de la poursuite des plaisirs physiques, ce qui était à l'origine de leurs fautes.
En utilisant le 10 Tévèt pour couper cet attachement par le jeûne, nous réparons l'oubli de D. qu'ont causé les excès matériels.

En gardant cela à l'esprit, nous pouvons comprendre pourquoi jeûner le jour d'Assara BéTévèt ne présente aucune contradiction avec le respect du Shabbat. Shabbat est la source de toute bénédiction matérielle pure et convenable, et le jeûne du 10 Tévèt complète le Shabbat en mettant toute cette abondance à sa bonne place, comme un moyen de servir Hachem. En observant le jeûne du 10 Tévèt, nous prenons conscience du but fondamental du Shabbat. Ainsi, ses bénédictions pourront-elles se réaliser de façon optimale.'

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b'h, sur la notion de jeûnes :
- Les jeûnes : http://todahm.com/2022/08/07/les-jeunes
- Le sens d'un jeûne : http://todahm.com/2020/03/23/le-sens-dun-jeune

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