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Yaakov & Essav

+ Yaakov & Essav :

-> Le Saba de Novardok dit que Essav aurait pu gérer la matière comme son père l'espérait s'il avait réussi à surmonter sa tendance à se suffire du côté extérieur et superficiel des choses.
En effet, là est le danger de la matière : se laisser impressionner par elle, se laisser tenter par elle, en oubliant l'existence de l'intériorité.

Il fut donc appelé "édom" (rouge), c'est-à-dire celui qui oublie le sens des choses, et qui choisit de ne s'attacher qu'à la facette la plus superficielle et attirante de ce qu'il voit.
La matière n'est dangereuse pour Essav, que lorsqu'elle l'aveugle, qu'elle éblouit par sa couleur, sa saveur, et qu'elle n'est pas uniquement un moyen d'action dans ses mains.

S'il avait calmer ses ardeurs devant la matière, il aurait pu réussir à jouer le rôle que son père attendait de lui.

[ainsi, le jour du décès d'Avraham, où l'on doit réfléchir à l'aspect éphémère de ce monde et à l'importance d'investir dans notre monde à venir, la seule chose qu'a pu déclarer Essav est : "Donne-moi du rouge, du rouge!".
Il était totalement étranger à toute réflexion d'ordre spirituelle, le plus important étant la partie superficielle et extérieure de la matière (les lentilles rouges).]

En ce qui concerne Yaakov, Its'hak a choisi de l'éloigner de tout élément matériel car quand bien même cette matière ne l'attire pas et ne l'éblouit pas (à l'instar d'Essav), mais cependant elle l'empêche de se concentrer entièrement et intensément sur la Torah et les mtisvot.
Elle l'empêche de se concentrer sur l'intériorité puisqu'elle n'est qu'extériorité.

[Its'hak a validé sa bénédiction à Yaakov, en prenant conscience à postériori qu'Essav n'a pas été capable de gérer la matière car elle le trouble, tandis que Yaakov a su l'utiliser, avec simplicité, sans se laisser entraîner par elle.]

-> La raison pour laquelle Hachem n'a pas voulu donner les bénédictions de façon simple à Yaakov, c'est parce que la relation à la matière n'est jamais simple ; tout contact avec elle est une épreuve : d'une part elle nous déconcentre de notre Torah, de plus elle peut nous influer.

=> Chaque juif lorsqu'il va s'occuper d'une affaire matérielle doit sentir, qu'à un certain niveau, il s'habille avec les vêtements d'Essav ; il faut être très prudent avec elle et ne pas se sentir dans son élément naturel car nous sommes comparés aux poissons, et notre élément de vie c'est l'eau, c'est-à-dire la Torah et les mitsvot.
C'est pourquoi le jour où la matière est la plus présente, à Pourim, la loi juive nous demande de nous déguiser.

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-> Its'hak était parfaitement conscient du fait que Yaakov était un tsadik.
Néanmoins, il pensait qu'Essav convenait mieux à la tâche parce qu'il avait la capacité de sanctifier le profane et c'est pourquoi il voulait lui réserver la bénédiction matérielle.

Its'hak a donc dit à Essav de "préparer ses outils de chasse" = son épée et son arc, c'est-à-dire les ustensiles de ce monde, et "d'attraper du gibier pour préparer un repas".
Its'hak désirait qu'Essav se serve des éléments de ce monde pour préparer un repas digne de la table de son père, de nature entièrement spirituelle, comme le festin du Léviatan.

De son côté, Rivka se rendait compte qu'Essav n'était absolument pas qualifié pour la tâche que Its'hak lui réservait et elle comprenait qu'il fallait que ce soit Yaakov qui reçoive les bénédictions afin qu'il puisse hériter de 2 tables, celle de ce monde et celle du monde à venir.
[Chla haKadoch - Toldot Torah Ohr]

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-> Essav était si mauvais qu'il était même incapable d'imaginer que son comportement puisse être la source de ses problèmes. C'est pourquoi il regarda vers l'extérieur afin de rectifier la situation.
Selon lui, le problème était tout-à-fait extérieur à lui ...

Ce terrible défaut, à savoir l'incapacité à envisager chez soi le moindre défaut, se retrouve dans le nom même d'Essav.
Le nom d'Essav est lié au mot : "assouy" (qui signifie "accompli", "terminé"), ce qui veut dire qu'Essav ne voyait absolument aucune nécessité de s'amender car il se considérait comme un être parfait et accompli en tous ses points.

Nous voyons que la guématria de "Essav" est égale à celle du mot "shalom" (376), qui signifie "paix" et "entier".
Car Essav était en paix avec lui-même. Il était incapable de ressentir cet appel que tout être humain ressent naturellement au moins une fois dans sa vie : celui de reconnaître son imperfection et d'essayer de s'améliorer.

Par exemple, lorsqu'il entra chez son père Its'hak et vit que Yaakov avait déjà reçu les bénédictions spirituelles, tout son monde s'écroula : il resterait à jamais subordonné à Yaakov et à ses descendants.
A cet instant précis, Essav aurait dû réaliser qu'il était en cause et que ce malheur ne s'abattait sur lui qu'à cause de ses propres méfaits.
Pourtant, il ne se tourna pas vers sa propre personne mais vers les autres membres de sa famille ; à ses yeux le problème prenait sa source chez eux et non chez lui.
Essav se dit qu'il a commis une erreur en épousant des filles de Canaan, étant donné qu'elles avaient été maudites à jamais (Béréchit 9,25). Ce devait être là la raison pour laquelle le sort s'acharnait contre lui.

Il se tourna donc vers son oncle Yichmaël afin de trouver une nouvelle épouse (Toldot 28,9) ; Yichmaël étant lui (aussi un descendant d'Avraham et ayant bénéficié de sa propre bénédiction, épouser l'une de ses filles aurait certainement le pouvoir de restaurer sa chance, pendait-il).
Essav avait ainsi l'intention de tuer Yaakov, et il espérait le voir s'affaiblir sur le plan spirituel suite à sa rencontre avec Lavan.

=> Il ne prit pas la peine de considérer ses actes pervers, tout ne venait que de l'extérieur (ex: c'est à cause de l'ascendance de ma femme!).

-> Quiconque appelle Avram [son premier nom, au lieu de Avraham] transgresse un commandement positif.
Mais quiconque appelle Israël Yaakov [Israël est le nom que Yaakov reçut de D.] n'a rien transgressé, car même la Torah l'appelle ainsi par la suite.
[guémara Béra'hot 13a]

Le mot "Yaakov" signifie "talon" ...
Le Avné Nézer (père du Chem miChmouël) explique : même après être devenu Israël, Yaakov continua de voir en lui un "talon". Pour lui, la seule manière de vivre une existence pleine de sens consistait à s'auto-analyser et à s'auto-améliorer constamment.
Et s'il était désormais Israël aux yeux de Hachem et des hommes, il demeura le même Yaakov à ses propres yeux.

=> Nous devons apprendre de là, la différence entre Yaakov et Essav.
L'erreur fatale d'Essav consistait à son refus de se remettre en cause et de s'amender aux aléas de l'existence. [tout n'est qu'extériorité!]
Quant à Yaakov, qui nous sert d'exemple jusqu'à aujourd'hui, il comprit que le secret d'une existence accomplie réside dans l'aptitude à scruter ses actions et à modifier son comportement en fonction des circonstances. [tant qu'on vit, c'est qu'il nous reste à parfaire notre intériorité]
[Chem miChmouël - Toldot 5672]

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-> Le Toldot Yaakov Yossef dit que :
- le nom Yaakov vient de ékev : talon = c'est une allusion au fait que Yaakov pensait toujours au talon, au résultat final de toute chose.
[ex: nos Sages nous conseillent de s'interroger avant tout acte : au final, qu'est-ce que j'y gagne? qu'est-ce que j'y perds?]

Tandis que que Essav (faire) = implique une impulsivité, une action immédiate sans considérer les conséquences.

Cela s'illustre au moment du plat de lentilles :
- pour Essav qui toute sa vie ne pensait qu'à l'instant présent, alors la réalité présente (olam azé) avait plus d'importance à ses yeux, au point qu'il a donné un plat de lentilles en échange du monde futur.

D'après le rav Elimélé'h Biderman, il était paresseux, en demandant à Yaakov de lui verser dans la bouche la soupe de lentilles. Il ne voulait même pas faire l'effort de prendre une cuillère, ou bien de lever et verser la soupe lui-même, ce qui prouve à quel point il était paresseux.
De plus dans la Torah, il demande à avoir de ce plat rouge (adom) sans poser de question sur son contenu. Cela témoigne de son inconscience, de son impulsivité à dévorer la matérialité.

[certes sur le moment il a pu assouvir sa faim, au détriment du droit d'aînesse, mais plus tard il va souffrir des conséquences, et il va crier : "II m'a enlevé mon droit d'aînesse" (Toldot 27,36).

Au-delà de l'aspect spirituel, cela peut s'appliquer par exemple à ceux qui vont manger trop de nourriture non saine, et qui vont en être malade par la suite.]

- une personne sage va regarder plus largement (plutôt que d'être prisonnière de ses pulsions du moment), elle a conscience du caractère éphémère de ce monde, qui n'est qu'un lieu de passage permettant de construire notre monde éternel.
La guémara (Tamid 32a) dit : "Qui est sage? Celui qui voit ce qui va arriver".

Ainsi, Yaakov renvoie au "talon", car il avançait pas à pas, action après action, vers le monde futur (olam aba), tandis que Essav (qui signifie "accompli", "terminé") faisait du surplace, se considérant déjà au terminus de sa vie (reniant le monde à venir).

[lorsque l'on regarde ce monde extérieurement on a l'impression qu'il y a des lois de la nature, mais quand on regarde à l'intérieur, à la source de toute chose, on y découvre Hachem. C'est là la différence entre Yaakov et Essav, arriver à voir dans toute situation, en toute chose, son intériorité, sa finalité, faire la volonté de D.]

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-> Le 'Hovat haLévavot (Chaar 'Hechbon haNéfech 3,25) écrit :
"On doit faire un 'hechbon néfech et penser à quel point nous aimons beaucoup ce monde-ci, à quel point notre amour pour les plaisirs de ce monde (olam azé) est tellement supérieur à notre amour pour le monde futur (olam aba).

Nous devons essayer de déraciner notre amour pour ce monde, afin d'y mettre à la place de l'amour pour le monde à venir.
On réalise cela en pensant à la finalité des 2 mondes ...
Un sage se dit : "De même que le feu et l'eau ne peuvent pas coexister ensemble dans un même récipient, de même dans notre cœur il ne peut pas coexister en même temps un amour [intense] pour [ce que propose] ce monde-ci, et le monde futur."

-> Si l'on a sur nous un regard plein d'humilité (Yaakov -> talon : membre le plus bas du corps), alors on pourra terminer sa vie en tant qu'Israël (symbolisant un juif accompli).
Ce monde-ci avec toutes ses réalités va disparaître un jour, et il est donc sage d'investir sur des choses qui vont durer éternellement.

Le 'Hafets 'Haïm fait remarquer qu'on investit tellement pour avoir de quoi vivre dans ce monde-ci, et si peu pour avoir de quoi évoluer dans notre monde à venir, alors que cela devrait être l'inverse.

Il est important de préciser que lorsqu'un juif utilise ce monde pour atteindre un super monde futur, alors il gagne également ce monde-ci.
Par exemple, on peut citer la émouna qui nous permet de prendre la vie avec joie et positivisme. [en plus de faire la mitsva de la émouna!]
Ceux qui ont la émouna sont joyeux car ils savent que tout est pour leur bien, et ils ont confiance que Hachem va très les en sortir.

[quelqu'un qui a émouna n'est jamais seul, puisqu'Hachem est toujours là, tandis que sinon on se sent seul, dépassé, plein de questions, d'inquiétudes, ...
Avec la émouna, la vie a toujours bon goût, tandis qu'en son absence elle peut être sans goût, voir dégoûtante, même si on possède beaucoup de biens.]

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-> Le rav Avigdor Miller dit que Yaakov (ékev - talon) était rempli d'humilité et il se sentait ne pas mériter les bienfaits de Hachem.
Même s'il a eu une vie difficile, il se focalisait sur le positif, acceptant de ne pas comprendre, et que c'est déjà très bien, vu que je ne mérite rien normalement.
Il avait une attitude de : gam zou létova (cela aussi est pour le bien).
[avoir de la gratitude envers D. = tout n'est pas un simple dû!
On ne fait pas 2 choses en même temps. Ainsi, j'apprécie ce que j'ai, plutôt que de me plaindre éternellement de ce que je pourrais avoir]

Mais également, il est écrit : "Un moment de téchouva (retour vers D.) et de bonnes actions dans ce monde a plus de valeur que tout le monde futur.
Et un moment de bonheur dans le monde futur est meilleur que tout ce monde-ci." [Pirké Avot 4,22]

Ainsi, on a beau avoir toute la richesse du monde, touts les honneurs, tous les plaisirs de ce monde, et bien cela n'est rien par rapport à un instant de Torah ou de téchouva que les descendants de Yaakov peuvent profiter dans ce monde ci.

En ce sens, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Ki Tavo 26,8) enseigne :
"Le vrai bien est la Torah. Si les gens goûtaient la douceur et la bonté de la Torah, ils en deviendraient fou, et ils courraient passionnément après elle.
Une maison remplie d'or et d'argent ne serait alors rien à leur yeux, car la Torah a en elle toutes les bontés de ce monde".

On peut ajouter que selon nos Sages les efforts qu'un juif investit dans la Torah, les bonnes actions, vont venir se déduire des efforts, des souffrances qu'il aurait dû avoir dans la matérialité de ce monde.

=> Ainsi, Essav doit souffrir sans raison, tandis que Yaakov le fait avec du sens : celui de faire dans la joie la volonté de D. par la Torah et les mitsvot.

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-> On a : Yaakov qui "demeurant dans les tentes" et Essav "un homme des champs".
La différence entre une tente et l'extérieur, est que dehors il n'y a pas de murs, de limites.

Le Yétev Lev dit que cela décrit une différence entre Yaakov et Essav.
Yaakov s'est imposé les limitations de la tradition juive afin de rester dans le domaine de la sainteté, tandis qu'Essav a vécu sans limites, sans barrières personnelles, tout lui était permis.

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