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La téchouva – quelques beaux enseignements

+ La téchouva - quelques beaux enseignements (b'h) :

1°/ Faire téchouva = c'est reconstruire notre Temple personnel :

Tamouz et Av, les mois de deuil national, sont suivis par Elloul et Tichri, les mois de l'introspection et de la délivrance grâce à la téchouva.
Rabbi Yossef Dov Soloveitchik observe qu'en Tamouz et en Av, nous ne prenons pas seulement le deuil de la perte du Temple de Jérusalem, mais également de la perte du Temple en nous-même.
Chacun de nous est un sanctuaire en miniature, dans lequel la Présence Divine réside.
Lorsque nous fautons, nous devenons similaire à Névou'hadnétsar et Titus, en ce que nous chassons la Présence Divine et détruisons le sanctuaire miniature.

En traversant le processus de téchouva, au mois d'Elloul et de Tichri, nous devenons notre propre machia'h qui nous délivre, reconstruisant notre Temple personnel, et réintroduisant la Présence Divine en nous.
[rabbi Yossef Grossman]

[Une des questions à laquelle nous devrons tous répondre après notre mort est : "As-tu attendu la Délivrance?" (tsipita lichoua - guémara Shabbath 31a).
On peut le comprendre dans le sens, est-ce que malgré tes chutes spirituelles tu as toujours espéré en ton machia'h personnel, est-ce que tu as toujours fait téchouva? ]

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2°/ Protéger son état d'après téchouva :

Selon le Rambam (Hilkhot Téchouva 2,2), un composant de la téchouva pour celui qui a fauté, est de regretter et de cesser ses mauvais actions, "jusqu'à ce que Hachem puissent attester que le fauteur ne refautera plus jamais".
[au moment où l'on fait téchouva, notre conviction doit être tellement totale que si on nous présentait la même faute, on ne la referait pas.]

=> Pourquoi est-il si important qu'en plus de s'engager à ne plus répéter la faute, on doit se débarrasser du désir de répéter la faute?

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch explique :
Un des effets négatifs de la faute est que celui qui faute développe en lui un nouveau désir et une attraction vers la faute, ce qu'il n'avait pas auparavant.
[une mitsva entraîne une mitsva, une faute entraîne une faute = une des conséquences d'avoir fauté est cette attirance à faire de nouveau cette faute]
Puisque cette puissante nouvelle envie, nous rend plus sujet à rechuter, il n'est pas suffisant pour le fauteur de revenir à la situation originale d'avant la faute. Mais plutôt, il faut mettre en place des protections supplémentaires (non nécessaires auparavant), afin de totalement se mettre à l'écart des situations qui donnent naissance à notre tentation [à cette faute].

Rabbi 'Haïm Chmoulévitch dit que c'est le sens de la guémara (Ména'hot 29b) :
Ce monde a été créé avec avec la lettre "hé" (ה), et le monde à venir a été créé avec la lettre "youd" (י).
Pourquoi ce monde a-t-il été créé par la lettre hé" (ה)?

La guémara répond :
"Un "hé" (ה) ressemble a un pavillon qui est ouvert en dessous. Ainsi, tout celui qui désire quitter [le fait de vivre dans ce monde selon la manière dont Hachem l'a demandé] et qui veut vivre un vie remplie de fautes, a la possibilité de le faire.
Pourquoi est-ce que la jambe gauche de la lettre "hé" (ה) [a un espace vide vers le haut] ...?
Afin que s'il souhaite retourner par la téchouva, il peut revenir par cette ouverture.
Pourquoi ne peut-il pas retourner par le biais de la même ouverture d'en dessous, par laquelle il est précédemment parti?
La réponse est qu'il ne réussira pas [en agissant ainsi]."

Le rav 'Haïm Chmoulévitch commente cette guémara :
Une fois qu'une personne a fauté, elle a créé une attirance pour cette faute.
Maintenant qu'elle a enraciné dans sa nature une envie pour cette faute, elle ne réussira pas sa téchouva en retournant seulement à son état d'origine, car il est nécessaire de mettre en place de nouvelles barrières de protection efficaces pour l'empêcher d'en arriver à fauter.
Cela est symbolisé par la jambe gauche du "hé" (ה), qui ressemble à une barrière.

[si on quitte la maison d'Hachem dans ce monde, on peut à tout moment y revenir, mais il faudra pour cela faire l'effort de la téchouva (passer par l'ouverture en haut de la jambe du "hé"), et ensuite il faudra des gardes fous pour nous protéger de rechuter (le bas de la jambe gauche du "hé").]

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3°/ Il est toujours possible de faire téchouva :

Bien que Hachem a endurci le cœur de Pharaon, en le rendant incapable de faire téchouva, Moché a envoyé des avertissements à Pharaon avant la plaie des sauterelles : "Jusqu'à quand refuseras-tu d'être humble devant moi?" (Bo 10,3)
=> Cela semble injuste! Comment Moché pouvait-il attendre un tel comportement de Pharaon, alors que celui-ci avait un cœur endurci par Hachem?

Rabbi Shimon Schwab dit qu'on peut déduire de là que bien que Hachem a endurci le cœur de Pharaon dans sa capacité à faire téchouva, Pharaon gardait sa capacité à se rendre humble.
Cette forme particulière de téchouva : la téchouva de l'humilité, est toujours acceptée.

Le Rambam liste différentes fautes pour lesquelles on ne peut pas faire téchouva.
Néanmoins, il y a un principe que : rien ne tient sur le chemin de la téchouva.
=> Comment résoudre cette apparente contradiction?

Tant que nous désirons rester sur le trône confortable de notre toute puissance (je fais ce que JE veux), on peut nous refuser la possibilité de faire téchouva pour certaines fautes.
Cependant, si on choisit de faire une "téchouva de l'humilité", de complétement se rendre humble devant Hachem, alors Hachem nous permet de faire téchouva même sur les fautes dont d'ordinaire le pardon n'est pas possible.

C'est pourquoi à Kippour, on se confesse ainsi : "je suis poussière dans ma vie, et à plus forte raison à ma mort. Voici, je suis devant Toi comme un récipient rempli de honte et d'humiliation" (basé sur la guémara Béra'hot 17a).

=> Ce principe est un grand confort pour chaque juif qui se tient en prière à Yom Kippour, sachant qu'il y aura toujours la téchouva de l'humilité, qui contient une promesse de pardon pour toute personne.
[si la Torah assure que cela était valable pour un racha comme Pharaon, à combien plus forte raison même pour le "pire" des juifs
(chaque juif restera toujours un enfant adoré d'Hachem)!]

-> On peut prolonger cette notion que l'humilité peut tout débloquer, par les paroles du Tiféret Chmouël :
"Un homme désirant réaliser une mitsva ou étudier la Torah, mais qu'il rencontre un obstacle lui rendant impossible de réaliser son désir, et qu'il en a le cœur brisé, alors Hachem Qui connaît les pensées et sonde les cœurs réalisera tout cela pour lui.
C'est-à-dire qu'il lui sera compté comme s'il avait accompli la mitsva et méritera même de ressentir les flux de sainteté qui en proviennent."

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-> Le 'Hida (Na'hal Kedomim - Bo) écrit qu'Hachem ne ferma même pas la porte du repentir devant Pharaon. Il explique ainsi le verset : "Va chez Pharaon car J'ai appesanti son cœur et le cœur de ses serviteurs" (Bo 10,1 - bo el Pharaon : ki ani ikhbadéti ét libo ...)
=> A priori cela est étonnant : en quoi le fait d'appesantir le cœur de Pharaon est-il une raison de venir chez lui?
Bien au contraire, cela aurait dû entrainer que Moché ne s'y rende pas puisqu'à cause de cela, il ne serait pas prêt à entendre de laisser sortir les Bné Israël d'Egypte.

Le 'Hida dit à ce propos avoir trouvé dans les manuscrits de rav Chlomo Astruc (contemporain du Riva et du Ran) que l'on peut expliquer le mot כי (Ki) employé ici pour dire "car", dans le sens de "bien que" (cf. "guéris mon âme bien que (Ki) j'ai péché" - Téhilim 41,5).
D'après cela, le verset se lit : "Viens chez Pharaon bien que J'ai appesanti son cœur" = car même Pharaon le racha pouvait se repentir.

Le 'Hida poursuit en expliquant pour le verset suivant est : "afin que tu racontes aux oreilles de ton fils et du fils de ton fils" (Bo 10,2) :
"Car cela aussi est un grand principe digne d'être raconté : comment Hachem a accompli un tel prodige de donner le libre arbitre à l'homme, lui permettant, s'il est méritant, de surmonter son mauvais penchant".

=> Dès lors, un raisonnement a fortiori s'impose : si même Pharaon avait le libre arbitre de faire ce qui est bien aux yeux d'Hachem, il est certain que chaque juif possède la force de s'éveiller à un repentir sincère, fût-il dans la situation la plus misérable, car il n'est cependant pas arrivé au niveau de Pharaon.

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4°/ La téchouva par amour :

-> La guémara (Yoma 86b) dit que lorsqu'une téchouva est motivée par l'amour d'Hachem (téchouva mé'aava), alors toutes les fautes volontaires sont transformées en mérites.
=> Est-il réaliste de penser que nous atteindrons un niveau si élevé?

Le Tiféret Israël (Taanit 4,8) répond que : oui.
Il écrit que c'est pour cette raison qu'à Yom Kippour le 'hazan mène la communauté avec des chansons mélodieuses dans la récitation de "acham'nou" (nous avons fauté).
Cela démontre notre confiance que nous nous sommes repentis par amour pour Hachem, et par le biais de cela toutes nos fautes sont considérées comme des mérites.

Cette espérance que nous soyons parvenu à une téchouva mé'aava, est aussi évidente dans la prière de Yéhi Ratson que nous disons le soir de Roch Hachana : "Que ce soit Ta volonté que nos mérites soient augmentés" (Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm 583,1).
En effet, comment pouvons-nous espérer que le peu de mérites que nous avons, se multiplient miraculeusement?
Rabbi Yossef Greenwald (Vayé'hi Yossef) répond que nous prions de mériter de faire téchouva par amour, et dans ce cas instantanément nos mérites se multiplieront, en conséquence de nos nombreuses fautes qui deviennent des mérites.

[en ce sens Yom Kippour démarre dans la crainte et la tristesse d'avoir autant fauté, mais progressivement cela se transforme en joie et mérite.
On en ressort tout propre et tout méritant, et cette bonté énorme d'Hachem doit nous booster à donner le meilleur de nous même durant l'année à venir.]

-> En plus de changer nos fautes en mérites, une téchouva par amour a d'autres avantages.
La guémara (Yoma 86a) dit que la téchouva seule n'expie pas complètement les fautes extrêmement grave, comme le 'hilloul Hachem ou les fautes punissables par karét ou mitat beit din.
Les commentateurs (Rif - Ein Yaakov Yoma 86 ; 'Hida - Midbar Kédémot Tof 18 ; Min'hat 'Hinoukh 364,35) notent que cela est vrai que si on fait une téchouva par crainte de la punition. Par contre, si on fait une téchouva par amour, alors une faute est immédiatement totalement pardonnée.
La raison à cela est qu'une fois que nos fautes sont transformées en mitsvot, il ne reste plus aucun résidu de la grave faute, qui aurait nécessité davantage de purification.

-> Une personne peut réaliser au maximum 248 mitsvot positives, mais le nombre de mitsvot que fait une personne qui fait téchouva par amour est un nombre plus important.
En effet, puisque les mitsvot négatives sont également comptées comme des "mitsvot supplémentaires" (ex: en faisant téchouva sur notre lachon ara, c'est comme si on avait fait la "mitsva" du lachon ara, de même avec la "mitsva" de la profanation du Shabbath, ...).
Cela explique pourquoi : "Là où se tiennent les Baalé Téchouva, les justes parfaits ne peuvent pas tenir" (guémara Béra'hot 34b), car les baalé téchouva ont de nombreuses "mitsvot supplémentaires" à leur actif.
['Hida - Pné David - Shoftim 7]

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5°/ Le pardon d'une brit, d'un mariage est-il supérieur à celui de Yom Kippour?

-> Il existe des moments particuliers dans la vie où toutes les fautes d'une personne lui sont pardonnées, comme c'est le cas lorsqu'une personne se marie ou bien assiste à une brit mila.
Selon certains de nos Sages (comme le Bné Yissa'har - Tichri 4, 7 ; le Even Israël 7:36,9), les fautes sont alors automatiquement pardonnées, sans aucune nécessité de notre part de faire téchouva.
Ils tirent une preuve de cela du midrach rapportant que Eliyahou haNavi a dit à Hachem qu'il refuse d'assister à une brit mila où participent des réchaïm. Hachem a répondu à sa demande en expiant leurs fautes à l'arrivée à la brit mila d'Eliyahou haNavi.
Par ailleurs, la source du pardon des fautes des mariés est dérivée du mariage d'Essav avec sa femme Ma'halat (cf. Rachi Vayichla'h 36,3 : "elle a été appelée Ma'halat parce que, lorsqu’elle s’est mariée [avec Essav], ses péchés lui ont été pardonnés").

Rabbi Shlomo Auerbach (Halikhot Shlomo - Yom Kippour 4,3) n'est pas d'accord.
Ces événements propices énumérés par nos Sages (brit, mariage) ne sont pas plus grands que le jour de Kippour lui-même, qui n'apporte une expiation que lorsqu'il est accompagné par une téchouva.
A son avis, Eliyahou haNavi n'était préoccupé que par la "zouhama" (la puanteur spirituelle) qui irradie d'un fauteur, laquelle Hachem a retirée à sa demande, mais pas la faute elle-même.

Au sujet du mariage, la preuve d'Essav peut être solutionnée à la lumière du midrach (Yalkout - Béréchit 116) qui rapporte qu'au moment de son mariage, Essav avait des pensées de téchouva.

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