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La Néila

+ La Néila (fin de Kippour) :

-> Comme pour toutes les fêtes de l’année, les prières de Kippour comprennent : celle du soir, celle du matin, le Moussaf et Min'ha. Il s’ajoute pour ce jour unique de l’année la prière de Néila, au déclin du jour.
On l’a appelée Néila (clôture) parce qu’elle clôture effectivement cette grande journée (elle coïncide, selon les avis, avec la fermeture des Portes du Temple ou la fermeture des Portes du Ciel - Maté Moché) ; on la récite à l’heure où se ferment les portes de la Miséricorde, quand nos destins sont définitivement fixés et nos jugements scellés.
[Le Arizal enseigne que c’est justement au moment de la Néila, que Hachem signe le verdict écrit à Roch Hachana - la ‘Hatima (חתימה). ]
Ainsi, c'est comme une dernière ligne droite où l'on doit rassembler toutes nos dernières forces [vers Hachem] pour dire cette émouvante prière avec une profonde ferveur, et nous prenons de fermes résolutions pour commencer une vie plus pure, qui plaise à D. et aux hommes.

-> Nos Sages ont trouvé un certain nombre d’allusions à la prière de Néila dans le verset de Chir haChirim (5,5) : "Je me lève pour ouvrir à mon bien-aimé, mes mains dégouttent de myrrhe, mes doigts laissent couler la myrrhe sur les poignées du verrou".
Selon le midrach, on peut l'interprété ainsi :
- "je me lève pour ouvrir" = c’est la prière du matin ;
- "mes mains dégouttent de myrrhe" = c’est moussaf ;
- "mes doigts laissent couler la myrrhe" = c’est min‘ha ;
- "sur les poignées du verrou" = c’est Néila.

-> Les 5 prières de Yom Kippour (Arvit, Cha’harit, Moussaf, Min’ha et Néila) correspondent aux 5 parties de l’âme (Néfech, Roua’h, Néchama, ‘Haya et Yé’hida).
Les 4 premières parties correspondent aux 4 degrés d’intensité du lien unissant l’âme à Hachem. La 5e partie, la Yé’hida, dont le nom peut être décomposé en Ya’hid Hé (uni à D.), est le niveau de l’âme ayant un lien indéfectible avec l’Essence de D.
Ainsi dans la dernière prière spécifique au jour de Kippour, la Néila, le niveau de Yé’hida de l’âme, se dévoile. Il n’y a plus de place alors pour autre chose que D. et les juifs. C’est l’explication du mot "Néila" = "on ferme" (Noélim) toutes les portes pour ne laisser entrer personne, afin que nul ne dérange l’union entre D. et Israël.
[Séfer Hamaamarim].

-> Durant la prière de la Néila, Hachem est seul pour nous juger sans aucun ange accusateur ou défenseur. D. étant plein de miséricorde, il peut même nous pardonner la faute la plus grave : le ‘hilloul Hachem (la profanation du Nom de D.) qui en général ne peut être expiée qu’avec la mort de la personne, et cela même après avoir fait téchouva, que Kippour soit passé et après avoir enduré différentes souffrances. Toutefois si la téchouva est complète à la Néila, Hachem peut pardonner sans souffrance et sans faire mourir la personne.
[Méchekh ‘Hokhma]

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-> La Tossefta (Yoma 4,16-17) écrit : "Le bouc [émissaire] a un avantage par rapport à Yom Kippour ... car le bouc fait immédiatement expiation alors que Yom Kippour fait expiation à la tombée de la nuit seulement".
=> L'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée, dit la Tossefta.

[ceci suit l'opinion de Rabbi 'Hanina (dans Yerouchalmi Sanhédrin 10,1). Elle est acceptée en
tant que halakha par les Richonim (Ri Migach, Ritva et Ran Chevouot 13b, Ramban, Yoma 87b).
Raaya Méhemna (Vayikra 100b) implique de même que l'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée. ]

-> Le Rokéa'h (Hilkhot Yom Hakippourim 217) ajoute que c'est la raison pour laquelle nos Sages ont fixé la récitation de la prière de Neïla à ce moment-là. La Neïla contient des séli'hot et des supplications supplémentaires, ainsi qu'un vidony spécial : "Tu tends la main aux fauteurs" (ata noten yad lapoch'im).

-> la Michna Broura (623,3) écrit : "A la Néila, le jugement inscrit pour les êtres humains à Roch Hachana, en bien ou en mal, est scellé. Un homme doit faire beaucoup d'efforts dans cette prière, car Yom Kippour est le point culminant des 10 jours de téchouva, et la prière de Néila est le point culminant de Yom Kippour. La fin détermine tout, et si ce n'est pas maintenant, quand?"

-> Le Chlah haKadoch (Massékhèt 'Houlin, Ner mitsva 54) écrit : "La Neïla est le point culminant de Yom Kippour et c'est à ce moment-là que c'est un jour d'expiation, car Yom Kippour fait expiation à la fin de la journée".
[le Chla hakadoch y écrit également que les 10 jours de repentance sont le point culminant de l'année et Yom Kippour est le point culminant de 10 jours de repentance, et le service de la Néïla est le point culminant de Yom Kippour]

=> Cet enseignement est étonnant car la Torah nous dit que le jour de Yom Kippour a le pouvoir de faire expiation sans donner la moindre indication sur le moment de la journée. ["car ce jour-ci, il fera expiation pour vous, pour vous purifier de toutes vos fautes" - A'haré Mot 16,30]

-> Le Kaftor vaFéra'h (ch.6, Inyané ha'Hourban) enseigne :
"Yom Kippour fait expiation à sa conclusion, de même que la chemita annule les dettes uniquement à la fin de l'année. Car, lorsque la fin du jour approche, l'affliction est plus grande, les actes sont plus grands et la récompense est en fonction de la difficulté».

=> L'expiation s'opère à la fin de Yom Kippour parce que l'affliction que nous éprouvons ce jour-là atteint son point culminant à la fin de la journée.
Or nos Sages enseignent : "Mieux vaut faire une chose avec difficulté que 100 choses avec facilité" (Avot d'Rabbi Nathan 3,6) et : "La récompense est en fonction de la difficulté" (Pirké Avot 5,23).
De même, selon le Tiféret Israël (61) : "Lorsqu'un homme accomplit une mitsva qui est très difficile pour lui, cela montre qu'il aime D. de tout son cœur et la récompense est à la mesure de la difficulté".
Ainsi, lorsque les afflictions de Yom Kippour sont les plus fortes, le peuple juif a l'opportunité la plus grande d'obtenir l'expiation.

[dans la spiritualité, lorsque cela devient fatiguant, un peu désagréable, la tendance naturelle est de se dire : ça va j'ai déjà bien donné, je peux être détente!
Certes nous ne sommes pas des anges et nous avons besoin de faire un break, mais la Néïla nous enseigne que nos moments où spirituellement c'est difficile, sont ceux qui ont une valeur énorme.
On ne doit pas les voir négativement (aujourd'hui c'est un jour sans, je n'arrive à rien spirituellement), mais au contraire comme des opportunités qui rapportent beaucoup plus que d'ordinaire lorsque tout marche bien.
[dans un moment spirituel moins bon, c'est comme si Hachem désire recevoir des marques d'amour concrètes de ma part ("cela montre qu'il aime D. de tout son cœur"), et non au contraire que Hachem s'éloigne de moi, voir me punit ]
C'est d'une certaine façon un message d'encouragement de fin de ce jour extraordinaire (Kippour), où nous sommes des anges, et nous nous apprêtons à reprendre la routine de notre vie d'être humains.]

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-> "Là où des baalé téchouva se tiennent, des tsadikim parfaits ne peuvent pas se tenir" (guémara Béra'hot 34b).
Le Méssé'h 'Hokhma (Va"t'hanan 5,24) explique que la récompense des baalé techouva est plus grande parce qu'ils ont dû peiner pour vaincre leurs tendances naturelles.

-> Construire une soucca à l'issue de Yom Kippour, alors que nous sommes affaiblis par une journée entière de jeûne, est un rappel : plus nous devons faire d'efforts et surmonter de difficultés pour accomplir les commandements de D., plus nous recevrons de récompense.
Celui qui s'en souvient se rendra compte que, même s'il est difficile de garder le niveau de repentir atteint à Yom Kippour, il convient d'être fort et de vaincre les défis que ce but présente. Sa récompense sera supérieure à celle des "tsadikim parfaits".
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> b'h, également sur la Néila : http://todahm.com/2020/10/11/la-neila

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