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Chémini Atsérét & Sim’ha Torah – Quelques enseignements

+ Chémini Atsérét & Sim'ha Torah - Quelques enseignements :

1°/ Chémini Atsérét :
Le dernier jour de la fête de Souccot s'appelle : Chémini Atsérét.
Selon Rachi (Réé 16,8), un des sens de "Atsérét" est : assembler, réunir.
Toute la nation juive venait à Jérusalem pour la fête et se rassembler dans la maison d'Hachem (le Temple) à Chémini Atsérét pour prendre congé avec respect et recevoir la bénédiction d'Hachem, avant de retourner à leur maison.

=> Pourquoi ce rassemblement n'avait-il pas lieu également à Pessa'h?

Abarbanel (cité par le Oznayim laTorah - Vayikra 23,8) dit qu'à Souccot on a l'obligation de rester à Jérusalem pour toute la période de la fête, ce qui n'est pas le cas à Pessa'h, comme il est écrit : "Tu t’en retourneras au matin [Rachi : du 2e jour (de Pessa'h)] dans tes demeures" (Réé 16,7).
Puisque le 8e jour de Souccot, toute la communauté juive qui était venue à Jérusalem pour la fête était encore là-bas, alors "l'assemblée" était extrêmement importante et visible et c'est pour cela que la Torah appelle ce jour : "Atsérét".
Au dernier jour de Pessa'h, seul un petit nombre de juifs restait encore à Jérusalem, et puisque ce rassemblement n'était pas très notable, alors la Torah ne fait généralement pas référence au dernier jour de Pessa'h comme "Atsérét".

-> Le Oznayim laTorah (rabbi Zalman Sorotzkin) ajoute que le mot "Atsérét" signifie aussi : "fermer" (cf. Rachi Réé 16,8 : Atsérét = [une fermeture] = "Ferme-toi" au travail).
Rabbi Sorotzkin commente que "Atsérét" ne signifie pas uniquement de "fermer" ou de "se rassembler" dans un sens physique (ex: en s'abstenant de travailler, en se rassemblant au Temple).
"Atsérét" est également applicable dans un sens spirituel.
Le dernier jour de la fête est un moment où l'on doit s'arrêter et réfléchir aux messages de la fête, et les "rassembler" dans notre esprit, cela afin de garder ces messages avec nous dans notre vie de tous les jours.
Afin de complétement intégrer ces messages de la fête, idéalement il serait nécessaire d'avoir une période de 50 jours.
C'est pour cela qu'il y a 7 semaines entre Pessa'h et Shavouot. Shavouot étant le "Atsérét" de Pessa'h, et les 50 jours entre ces 2 fêtes fournissent une ample occasion de bien contempler les leçons de Pessa'h.

=> Si c'est ainsi, pourquoi Chémini Atsérét est-il observé le jour après Souccot? Ne serait-il pas mieux qu'il tombe 50 jours après Souccot, afin que nous puissions utiliser au mieux cette période pour absorber les sublimes leçons de Souccot.

Le midrach (Tan'houma Pin'has) répond à cette question :
"Il aurait été approprié que Chémini Atsérét soit 50 jours après Souccot, comme Atsérét [c'est-à-dire : Shavouot] qui est 50 jours après Pessa'h.
Cependant Hachem a dit : "C'est l'hiver, et ils ne pourront pas quitter leur maison pour venir ici [à Jérusalem]. Mais maintenant qu'ils sont déjà là devant Moi [à Souccot], laissons les faire Atsérét [le 8e jour de Souccot]."

Ainsi, la période de 50 jours de Pessa'h à Shavouot peut facilement se faire car c'est l'été, et il est facile de faire un aller-retour à Jérusalem. En hiver, alors que les routes sont impraticables à cause de la pluie, cela est beaucoup plus compliqué, et Chémini Atsérét tombe donc le 8e jour de Souccot, pour épargner aux gens les dérangements d'un aller-retour hivernal.

Rabbi Zalman Sorotzkin ajoute qu'en résumé, le peuple juif a reçu 2 Yom Tov qui sont intrinsèquement indépendant : Pessa'h et Souccot.
Chacune de ces fêtes comporte une fête supplémentaire d'Atsérét (rassembler), un jour où l'on revoit tous les messages de la fête qui est passée, les "rassemblant" dans notre mémoire, et les stockant pour le futur (pour que ces messages aient un impact concret dans notre façon d'agir et d'aborder notre quotidien).

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-> Cette approche que Shavouot (jour du don de la Torah) et Chémini Atsérét (qui coïncide avec Sim'ha Torah en Israël, où l'on témoigne de notre joie d'avoir reçu la Torah) ne semblent être que des moments de révisions des idées de Pessa'h et de Souccot, met en réalité au grand jour un nouveau concept : notre acceptation et notre célébration de la Torah.

En effet, à Pessa'h une personne va prendre conscience de l'infinie bonté d'Hachem : on avait chuté jusqu'au 49e niveau d'impureté sur 50, on était alors dans un esclavage terrible, traité pire que des animaux, ... et Hachem ne nous a pas seulement sorti d'un tel esclavage mais Il nous a élevé à la noblesse beaucoup plus haut que toute autre nation, en nous fournissant miraculeusement des Nuées de Gloire, qui nous fournissaient des conditions climatiques idéales (chauffage la nuit dans le désert, et climatisation le jour), qui aplanissait les montagnes/dunes, nettoyait nos vêtements, tuaient tous les serpents, les scorpions et autres habitants nuisibles du désert, ...
Une telle contemplation des bontés gratuites d'Hachem à notre égard, amène naturellement une personne à avoir un amour profond et une gratitude envers Hachem, et cela éveille un désir passionné de comprendre de tout cœur Sa Torah.
Et cela se ressent dans notre joie à Shavouot (on la reçoit), et à Chémini Atsérét (on fête le fait de l'avoir! ).
[d'après le rav Binyamin Wurzburger]

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-> "Et tu seras seulement joyeux" (Réé 16,15)
Nos Sages (guémara 48a) interprètent ce verset comme faisant référence à Chémini Atsérét.

=> Pourquoi est-ce que la joie de Chémini Atsérét est plus complète que la joie durant Souccot?

Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Souccot chap.12) explique que toutes les expressions de joie matérielles, comme le fait de festoyer, de chanter ou bien de danser, vont au final quitter une personne, la laissant vide et insatisfaite.
[en ce sens : " la joie elle-même finit en tristesse" (Michlé 14,13)]
Puisque la joie à Chémini Atsérét est essentiellement spirituelle, puisqu'elle provient d'un attachement à Hachem, cette joie est donc pure et complète.

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-> "Force et splendeur sont ses vêtements, elle sourit au dernier jour" (oz véadar lévoucha, vatich'hak léyom a'haron - Michlé 31,25)

-> Le Gaon de Vilna (biour haGra - Michlé 31,25) commente que ce verset fait allusion aux fêtes du mois de Tichri :
- "oz" (Force - עֹז) = c'est une référence à Roch Hachana et Yom Kippour.
Le rav Hirsch ('Houmach Hirsch - Chémot 9,19) commente que le mot עֹז signifie toujours un abri protecteur avant un danger menaçant. C'est une description appropriée pour les jours de Jugement de Roch Hachana et de Yom Kippour.
- "hadar" (splendeur - הָדָר) = la beauté fait allusion à la fête de Souccot, puisqu'il y a une obligation que les 4 espèces que l'on utilise à Souccot soient belles/splendides (hadar) [cf. Rachi sur la guémara Soucca 29b].
[en ce sens, l'Etrog s'appelle aussi : "ets péri adar"]
- "vatich'hak léyom a'haron" (elle sourit au dernier jour - וַתִּשְׂחַק לְיוֹם אַחֲרוֹן) = cela correspond à Chémini Atsérét, le dernier jour de fête du mois de Tichri.
"ch'hok"(שחוק) fait référence à la joie absolue et en constante augmentation du monde à Venir.
[en ce sens : "Alors [avec l'arrivée du machia'h,] notre bouche s’emplira de rire (שְׂחוֹק)" (Téhilim 126,2)]
Le Gaon de Vilna était plus joyeux à Chémini Atsérét que durant les autres jours de Souccot, puisqu'elle représente la joie du monde à Venir.

"Elle sourit au dernier jour" = selon le midrach (Béréchit rabba 62,8), cela signifie que Hachem montre aux tsadikim, juste avant leur mort, la récompense qui les attend dans le monde à Venir.
Le Maharcha (guémara Soucca 55b) dit que d'une façon similaire, Hachem accorde aux juifs une indication du monde à Venir le jour de Chémini Atsérét, le "dernier jour" de la fête.

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2°/ Sim'hat Torah :

-> Nos Rabbanim ont fait en sorte que la fin du cycle annuel de lecture de la Torah coïncide avec Chémini Atsérét/ Sim'hat Torah, afin que la fête (siyoum) se tienne en ce jour.
Pourquoi nos Sages ont-ils jugé que c'était le moment le plus idéal de l'année pour se réjouir de la Torah?

Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Souccot chap.12) commente que chaque fête a une focalisation particulière : Pessa'h est la sortie d'Egypte, Shavouot est le temps où l'on a reçu la Torah au mont Sinaï, et Souccot a les messages inhérents à la Soucca et aux 4 espèces.
Chémini Atsérét/Sim'hat Torah n'est rien d'autre que le moment où Hachem désire se réjouir de notre compagnie, et nous réciproquement nous exprimons notre désir d'avoir une proximité amoureuse avec Hachem, un prélude de ce que nous vivrons dans le monde à Venir.
Puisque le seul moyen d'atteindre une proximité avec Hachem passe par la Torah (puisque Hachem, Israël [les juifs] et la Torah, ne sont qu'un), alors c'est pourquoi nous incorporons la Torah dans les festivités du jour.
[on célèbre la Torah ce point d'union, de liaison, entre nous et Hachem!]

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-> On est obligé de se tenir debout lorsqu'un Séfer Torah est déplacé de sa place, comme lorsqu'il est pris de l'arche à la bima pour la lecture de la Torah.
=> Selon cela, comment peut-il être permis de s'asseoir à la synagogue pendant les hakafot de Sim'hat Torah, puisque la Torah ne reste pas statique à un même endroit?

Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Souccot) justifie cette pratique courante de s'asseoir à la synagogue alors que la Torah est en mouvement (les gens dansant avec elle!).
Il explique qu'à Sim'hat Torah, nous considérons que la totalité de la synagogue est un seul lieu adéquat pour que la Torah puisse "se reposer".
Alors que durant toute l'année, la Torah est enfermée dans l'Arche sainte, le jour de Sim'hat Torah la totalité de la synagogue devient comme une grande Arche, et la Torah et les juifs n'ont pas de différence.
[ainsi d'une certaine façon en ce jour, nous sommes tous des Séfer Torah dans l'Arche Sainte!]

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-> Pourquoi à Sim'ha Torah, recommençons-nous immédiatement la lecture de Béréchit après avoir achevé celle de toute la Torah?

Le Aboudarham en explique le sens simple : il s’agit de faire taire l'accusation du Satan selon laquelle les Bné Israël seraient contents d'avoir enfin fini la Torah à cause du joug que cela représente.

Le rav Elimélé'h Biderman dit que cette habitude renferme une allusion supplémentaire : même au moment de l'achèvement, l'essentiel de la joie est dû aux aspirations futures : c'est le moment où chacun prend sur lui d'ouvrir une nouvelle page en se tournant vers l'avenir et non vers le passé, en désirant désormais investir tous ses efforts dans la Torah d'Hachem.

Le rav Mendel de Kotsk dit : "L'essentiel de la joie consiste à recommencer la Torah car personne au monde ne peut prétendre avoir achevé la Torah. Par contre, en ce qui concerne le futur, il est donné à tout un chacun de prendre sur lui de bonnes résolutions. Dès lors, la joie concerne tout le monde."

Le 'Hidouché haRim confirme également que la joie de Sim'hat Torah est celle de se préparer à recevoir la Torah chaque jour de l'année.

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3°/ L'influence bénéfique du mois de Tichri pour toute l'année juive :

-> Il est écrit dans le midrach (Kohélète Rabba 9) : "Lorsque les Bné Israël quittent les synagogues, une voix céleste retentit en disant : "Va et mange joyeusement ton pain, car D. a agréé tes actions"."

Rabbi Leibele Eiger explique que ce midrach fait référence au jour de Chemini Atséret qui marque la fin des jours sacrés qui sont passés [Roch Hachana, Kippour, Souccot, ...].
C’est alors qu’une voix céleste retentit et pénètre le cœur des âmes juives qui sont alors joyeuses et confiantes que leurs prières ont été agréées. Et même si le cœur ne le ressent pas, cette réalité existe.
Elle est telle une graine ensemencée qui a germé dans le cœur du juif, comme on le dit (dans la bénédiction après la lecture de la Torah) : "Et la vie éternelle qu’il a plantée en nous".
Tel un plant qui a pris racine dans la Terre, certes encore caché sous la terre et dissimulé des regards, qui, le moment venu, s’épanouira au grand jour, il en est de même de la sainteté de la fête qui a été semée discrètement en son temps : le moment venu, au cours de l’année, celle-ci se réveillera dans tous ses détails.

Il en ressort qu’un immense trésor est enfoui dans nos coeurs formé de toute la sainteté des jours
redoutables (de Roch Hachana à Yom Kippour) et des fêtes qui ont suivi (Soucot et Sim’hat Torah) ainsi que de toutes les grandes mitsvot que nous avons mérité d’accomplir dans ces moments extraordinaires.
Et même, si l’homme ne ressent encore aucun changement, la vérité est que la graine qu’il a semée a germé et il n’a plus qu’à en dévoiler la sainteté au cours de l'année.

-> Le Imré ‘Haïm dit que pour beaucoup de gens le mode de vie est que : durant toute l’année, ils sont pauvres en mitsvot et persuadés que leur chance se trouve à Roch Hachana et à Yom Kippour. C’est, se disent-ils, le moment de bénéficier d’une pleine poignée de sainteté grâce à laquelle, ils pourront s’élever sans arrêt.
Cependant, lorsque les saints jours arrivent, ils se rendent compte que la richesse se trouve en eux mêmes, car en chacun sont dissimulées d’immenses forces spirituelles pour l’accomplissement du service Divin.
Ils prennent alors sur eux de bonnes résolutions pour améliorer leurs actions.
Lorsque toutes les fêtes sont finies, leur travail consiste à "vivre" la découverte de ce trésor de l’âme, et de mettre en pratique leurs décisions sans retourner (à D. ne plaise) à leurs anciennes habitudes.

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