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Yom Kippour & restaurer la paix avec notre prochain juif

+++ Yom Kippour & restaurer la paix avec notre prochain juif :

+ Fauter contre autrui c'est fauter contre Hachem :

-> Le rabbi Dovid Hofstedter enseigne :
En réalité, chaque faute envers son prochain crée entre le fauteur et la victime une scission qui affaiblit l'unité du peuple juif et porte atteinte à l'honneur d'Hachem.
Comme le dit le Séfer ha'Harédim (chap.7) : "Les âmes des Bné Israël sont gravées de sous le Trône de Gloire et toutes contribuent à l'Unité du Nom divin.
Les Bné Israël sont décrits [dans la Torah] au singulier, par exemple chivim néfech - 70 âme (au singulier).
Lorsqu'il existe des divisions entre eux dans ce monde, elles sont discernables sur le Trône de Gloire".

Lorsqu'un juif cause du tort à son prochain, il réduit l'honneur divin. Pour rectifier cette faute, il lui faut apaiser la personne lésée.
Lorsque le fauteur soulage les mauvais sentiments de la victime et met fin à leur discorde, la brèche dans l'unité du peuple juif est réparée et le dommage à l'honneur divin est défait.

Nous comprenons donc que l'expiation pour cette dimension de la faute soit retardée jusqu'à ce que le fauteur reçoive le pardon de sa victime. Tant que l'animosité règne entre eux, l'honneur de D. n'est pas restauré et le délit du fautif envers D. restera en place. Il peut être pardonné seulement quand sa relation avec la personne qu'il a lésée est restaurée.

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+ "Quand Rabbi Zéra était offensé par une personne, il passait plusieurs fois devant elle afin qu'elle le voie et vienne lui demander pardon.
Un certain boucher fit un jour du tort à Rav et ne vint pas à lui [pour lui demander pardon]. La veille de Yom Kippour, [Rav] dit : 'Je vais aller moi-même l'apaiser'."
[guémara Yoma 87a]

-> On a vu que chaque fois qu'un homme fait du mal à l'autre, tous deux ont le devoir, dans une certaine mesure, de réparer le manque d'honneur divin qui en résulte, car il provient du manque d'harmonie entre eux. Rav et Rabbi Zéra ont donc cherché à causer une réconciliation afin de restaurer la paix, pour accroître l'honneur d'Hachem.
[selon le Ramak (cité dans Chlah - Massékhèt Roch Hachana, Torah Ohr 26), chaque fois que deux personnes éprouvent de mauvais sentiments l'une envers l'autre, le manque d'harmonie entre elles crée aussi, dans une certaine mesure, une distance entre D. et elles, ce qui rend une téchouva authentique moins facile à effectuer. Bien que Rav et Rabbi Zéra fussent les personnes lésées, chacun d'eux fit un effort pour donner à l'autre partie l'occasion de se racheter. ]

-> Le Roch (Yoma 8,24) explique que la raison pour laquelle Rav et Rabbi Zéra allaient chercher les hommes qui leur avaient causé du tort, et la raison de la coutume universelle de demander pardon à ses prochains la veille de Yom Kippour, est qu'à ce moment-là, il est particulièrement important que tous les juifs soient en paix les uns avec les autres.
Le Roch le tire d'un passage de Pirké d'Rabbi Eliézèr (45) : "[Le satan] dit qu'il ne trouvait aucune faute parmi les Bné Israël Yom Kippour et déclara : Maitre du monde, Tu as une nation unique semblable aux anges célestes! ... De même que la paix règne parmi les anges célestes, (elle règne] parmi le peuple juif à Yom Kippour".
Le Roch affirme donc que la pratique courante de demander pardon à ses prochains la veille de Yom Kippour a pour but de nous élever au niveau des anges en restaurant l'harmonie parmi les juifs.

-> Cette explication peut nous faire comprendre un incident impliquant le rav 'Haïm de Brisk :
le boucher de la ville de Brisk comparut devant rav Haim pour un din Torah. Lorsque rav 'Haim trancha à son désavantage, le boucher devint insolent et se mit à parler contre le Rav de façon outrageuse au point que rav 'Haïm dut lui ordonner de quitter le beth din. Quelques mois plus tard, la veille de Yom Kippour, alors que toute la communauté était déjà arrivée à la synagogue pour la Tefila Zaka, rav 'Haim
demanda à ses trois fils de l'accompagner pour apaiser le boucher.
La conduite de rav 'Haim dans cet incident est très étonnante. Le boucher avait tort : il avait humilié rav 'Haim et aurait dû être excommunié pour son insolence au beth din. N'était- ce pas une atteinte à l'honneur de la Torah et aux dayanim que rav 'Haïm cherche à apaiser le boucher? De plus, si rav 'Haim pensait qu'il devait apaiser le boucher, pourquoi a-t-il attendu la veille de Yom Kippour?

Selon notre explication, la réponse est claire : effectivement, d'un point de vue halakhique, rav 'Haim n'avait aucune obligation vis-à-vis du boucher car rav 'Haim ne lui avait causé aucun tort. Le boucher l'avait insulté et devait lui demander pardon.
Mais quand Yom Kippour est arrivé, il fallait que toute querelle soit calmée pour que le peuple juif puisse atteindre le niveau d'harmonie des anges, et même la partie lésée, dans ce cas rav 'Haim avait la responsabilité de faire tout son possible pour réparer la situation.

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+ "Yom Kippour ne fait pas expiation pour les fautes commises contre son prochain avant que [le coupable] n'ait apaisé la [victime]" (Michna Yoma 8,9)

-> Plusieurs A'haronim (Pri 'Hadach, Ora'h 'Haim 606:1 ; Min'hat Hinoukh 364:32 et Kovets Chiourim, Baba Batra 315) expliquent que chaque faute commise contre son prochain est aussi une faute commise contre D. ; si le fauteur n'obtient pas le pardon de sa victime, son repentir sera incomplet même pour sa faute contre Hachem.

-> Selon le Min'hat Hinoukh :
"Un homme qui cause du tort à son prochain est coupable de 2 délits : une faute envers son prochain et une rébellion contre D.
Ainsi, il faut qu'il fasse téchouva, mais son repentir ne sera pas complet tant que sa faute contre son prochain n'aura pas été corrigée. Il semble que tant qu'il n'a pas apaisé son prochain, même [la part de sa faute qui touche sa relation avec] le Ciel n'est pas pardonnée, car le repentir n'a aucun effet tant que le fauteur n'a pas rectifié la faute qu'il a commise contre son prochain. C'est seulement après l'avoir apaisé que la téchouva peut faire expiation pour la part de [la faute dirigée contre] le ciel."

-> Le Kovèts Chiourim dit : "Quant [à la faute] entre l'homme et son prochain, tant qu'il ne l'a pas apaisé, même s'il n'est pas en faute, le repentir ne fera pas expiation pour la part [de la faute] qui est entre l'homme et D. de même que Yom Kippour ne fait pas expiation tant qu'on n'a pas apaisé son prochain."
De même le Rif (Yoma 85b, 42a dans le folio du Rif), affirme que tant qu'un homme n'a pas reçu le pardon pour ses fautes envers ses prochains, l'expiation de Yom Kippour pour toutes ses fautes, même celles qui sont uniquement contre D., n'est pas obtenue.
ATTENTION : le Birké Yossef (Ora'h Haim 606.1) commente que cette opinion extrême [du Rif] n'est pas acceptée par la plupart des autorités. [mais cela nous montre l'importance de demander pardon à autrui]
[selon le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 606,1), si la personne offensée refuse d’accorder son pardon, l’auteur de l’offense doit renouveler sa demande une 2e et une 3e fois, après quoi il est quitte. (voir les détails halakhiques)]

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 4,18) écrit :
"Nos Sages (guémara Yoma 85b) enseignent [sur le verset] : 'Vous serez purifiés de toutes vos fautes devant D.' = Yom Kippour fait expiation pour les fautes entre l'homme et D., mais pas pour les fautes entre l'homme et son prochain tant qu'il n'a pas obtenu le pardon de la victime. Par conséquent, un homme qui a volé son prochain doit rendre l'objet volé puis reconnaitre [sa faute devant D.]. S'il commence par exprimer verbalement sa faute, sa confession ne lui sera pas utile."

Cela implique que tant que l'homme n'a pas convaincu les personnes lésées de lui pardonner, même la confession, l'aspect "entre l'homme et D." de sa faute [à autrui], n'aura pas d'effet pour expier ses fautes.
Cela implique que même si, dans des circonstances indépendantes de sa volonté, un voleur est empêché de rendre un objet volé, son repentir ne fera pas expiation même pour la dimension de sa faute qui est une faute contre D.
Le Yaavets (Chéélat Yaavets 1,79) tranche aussi qu'un voleur incapable de rendre son vol (par manque d'argent) doit promettre de rembourser la victime lorsqu'il le pourra, signer une reconnaissance de dette et obtenir son pardon. Une fois qu'il a fait tout ce qu'il pouvait pour se racheter, D. aura pitié et lui pardonnera ses fautes.
Yaavets ajoute que ceci est indiqué par nos Sages (guémara Kidouchin 49b) : si un homme fait un acte de kidouchin et stipule qu'il prendra effet "à la condition que je sois un tsadik parfait", s'il a été pervers toute sa vie, on présume que les kidouchin peuvent être valides car il s'est peut-être repenti intérieurement. Dans cette loi, nos Sages ne font pas de différence entre les sortes de fauteurs, ce qui signifie que même si le fauteur était coupable de vol, il peut être considéré comme un tsadik simplement parce qu'il s'est engagé à rembourser la victime.

Rabbénou Yerou'ham (Toldot Adam Ve'hava 2,4) cite également l'opinion de "certaines autorités" selon lesquelles même un voleur est considéré comme un juste parfait une fois qu'il a pris la décision de se repentir et de rectifier ses méfaits, même s'il n'a pas encore rendu les objets qu'il a volés.
De même, Mabit (Beit Elokim, Hatechouva ch.2) et Elèf Hamaguèn (606.3 citant Yafé Lalèv) disent que si la victime d'un vol n'est plus dans la ville ou si le voleur n'a pas d'argent pour rembourser le vol, le voleur peut malgré tout devenir un "juste parfait" en s'engageant simplement à rembourser la victime lorsqu'il le pourra.

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