+ L'importance d'espérer à davantage de spiritualité (2e partie) :
-> "Les réchaïm sont tenus pour morts même de leur vivant. Les tsadikim même dans leur mort, ils sont toujours considérés comme vivants et de plus, ils exercent une plus grande influence après leur disparition que de leur vivant." [guémara Béra’hot 18]
[on peut éventuellement comprendre cela dans le sens où quelqu'un qui est juste (il agit du mieux qu'il peut et il aspire à atteindre le niveau des plus grands tsadikim juifs, comme nos Patriarches), alors par ce mérite d'aspirer à atteindre le maximum de spiritualité, de proximité avec Hachem, alors il sera vivant dans le monde à venir, même après sa mort de ce monde.
A l'inverse, quelqu'un qui vit sans aucune aspiration de grandeur spirituelle, alors dans le monde à venir il sera comme mort, dans le sens où il ne pourra plus bouger de la position qu'il aura atteint au moment de sa mort physique.
Ainsi, l'aspiration à davantage de spiritualité est ce qui donne de la vie, et plus on en a, plus nous sommes vivants dans ce monde, et surtout dans l'éternité du monde à venir! ]
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-> Le roi David dit : "Je mets constamment Hachem devant moi" (shiviti Hachem lénegdi tamid - Téhilim 16,8).
-> Par le fait de mettre Hachem devant nous, dans le sens d'aspirer, de désirer, de tendre le plus possible vers Hachem (jusqu'à presque l'atteindre par amour), alors même si on ne peut pas le faire dans ce monde car nous avons des capacités limitées, un temps disponible de vie limité, ... mais dans le futur par le mérite de cette aspiration cela nous permettra de monter de niveau en niveau.
[dans ce monde on doit désirer, mais également faire de notre mieux à notre niveau. ]
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-> Le Maharal (Nid'hé Israël פמ"ו) enseigne :
après la venue du machia'h, certaines personnes auront toujours la capacité de se développer et d'élever leur niveau. Il s'agit des personnes, qui bien qu'en exil, se sont toujours efforcées de s'améliorer.
Lorsque les jours du machia'h arrivent, de telles personnes seront capables d'atteindre les niveaux, vers lesquels elles aspiraient tout en étant en gualout (exil), même si elles n'ont pas réussi à y parvenir alors.
[la suite : 2e partie du divré Torah : enseignement fondamental du Maharal : https://todahm.com/2022/03/18/le-monde-a-venir-depend-de-nous ]
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-> La nature de notre libre choix après la venue du machia'h sera différente.
Le Zohar (paracha Dévarim) déclare que le repentir le plus aimé par Hachem est la téchouva entreprise spécifiquement pendant une période de "hester panim" (Hachem cachant Son visage, pour ainsi dire), lorsque la providence d'Hachem est la moins évidente.
Il semblerait qu'une fois qu'Hachem aura révélé Son honneur majestueux lors de l'arrivée du machia'h, le repentir ne sera plus efficace.
En revanche, si nous prouvons maintenant, alors que nous sommes encore en exil, que nous sommes prêts à servir Hachem avec dévouement à tout moment et dans toute situation, alors nous recevrons une grande récompense même lorsque le machia'h sera déjà là, et nous ne "perdrons" même pas un iota de l'arrivée du machia'h.
Puisque nous avons, pour notre part, prouvé que nous continuerions à surmonter les épreuves même pendant la période qui suivra la venue du machia'h, par conséquent, même si en pratique nous ne serons plus confrontés à de telles épreuves, néanmoins, Hachem nous versera une récompense comme si nous continuions à les surmonter.
[rav Moché Sternbuch - entendu du rav Yoel Teitelbaum (voir Ech Kodech 5775 - p.130)]
=> Avec la venue du machia'h, il y a une disparition du libre arbitre, et donc du fait d'avoir une récompense pour agir selon la volonté d'Hachem (on reste à la place acquise au moment de notre mort). Cependant, si nous aspirerons maintenant à faire du mieux de nos capacités, alors nous pourrons mériter éternellement des récompenses, de pouvoir continuer à s'élever/se rapprocher d'Hachem dans le monde à Venir.
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+ L'exemple des érudits qui n'ont pas de repos dans le monde futur :
-> "Les érudits n'ont de repos ni dans ce monde ni dans le monde futur, comme il est écrit : ‘Ils iront de force en force ; il apparaitra devant D. à Tsion' (Tehilim 84,8)." [guemara Béra'hot 64a]
=> On comprend que les érudits soient occupés dans ce monde à l'étude de la Torah, les mitsvot et les bonnes actions, mais pourquoi n'auraient-ils pas de "repos" dans le monde futur?
Cela veut peut-être nous dire que même après leur mort, les justes (tsadikim) ne cessent pas de se développer spirituellement et d'atteindre des niveaux spirituels toujours plus hauts. Au Ciel aussi, ils continuent à étudier la Torah et à s'élever dans l'Académie céleste.
-> "Les érudits n'ont pas de repos de leur engagement dans l'étude de la Torah même dans le monde futur, comme le dit le verset : Ils iront de force en force'." (midrach Téhilim - ch.84)
-> De même, Tossefot HaRoch (Moèd Katan 29a) explique cet enseignement ainsi : "De même que [les érudits] font des efforts dans l'étude de la Torah dans ce monde, ils font des efforts dans la Torah dans le monde futur, en présence de la Chékhina".
-> Le Chlah haKadoch (Pessa'him, pérèk Torah Or) écrit : "Les érudits n'ont pas de repos dans le monde futur ; ils iront de force en force et de compréhension en compréhension, sans mesure ni limite".
-> Selon le Ritva (Moèd Katan 29a) : "Ils iront du Gan Eden au Trône de Gloire et voyageront à travers toutes les académies, en haut et en bas, pour goûter l'éclat de la Chekhina, comme un homme se rendant de la synagogue à la maison d'étude".
-> Selon les écrits du Arizal (Likouté HaChass, Berakhot 64b) : "Car dans le monde après la mort, les érudits étudieront la Torah et monteront de niveau en niveau et d'académie en académie car même Moché Rabbénou s'élève et comprend davantage chaque jour. De même que D. n'a pas de fin, Sa Torah n'a pas de fin."
-> Le Nimouké Yossef (guémara Moèd Katan 18b) explique : "Les érudits n'ont de repos ni dans ce monde ni dans le monde futur, ce qui signifie que, même après leur mort. ils se consacrent à l'étude de la Torah à l'Académie céleste".
-> Le Ran (guémara Moèd Katan 29a) dit aussi que les érudits continuent à étudier la Torah dans le monde futur. Il cite pour preuve la guémara (Baba Kama 92a) disant que la prière de Moché en faveur de Yéhouda (Vézot haBéra'ha 33,7) était que Yéhouda entre à l'Académie céleste et réussisse dans son étude.
-> Bien que nos Sages (guémara Tamid 33b) appellent le monde futur "le jour qui est entièrement Shabbat et le repos pour l'éternité", le Maharcha (guémara Béra'hot 64a) explique que dans ce contexte, "repos" évoque le repos après le travail, comme dans le verset : "Il se reposa le 7e jour" (Yitro 20.11), qui évoque l'achèvement du "travail" de D. pour créer le monde.
Le monde futur, cependant, ne donnera pas aux justes le "repos" et ils pourront encore exercer leur intellect. Au contraire, le Maharcha affirme que la nature même du "repos" du monde futur implique un effort intellectuel ; nos Sages enseignent (guémara Béra'hot 17a) que le monde futur signifie que "les justes sont assis, leurs couronnes sur leur tête et jouissent de l'éclat de la Chékhina" en s'immergeant dans les profondeurs de la Torah.
Dans le même ordre d'idées, le Maharal (Nétivot Olam, Nétiv haTorah ch.9) dit que les justes pourront se reposer dans le monde futur, mais que leur intellect n'aura pas de repos "car il n'y a ni fin ni limite à leur compréhension : [même] après avoir compris une chose, il est toujours possible de comprendre davantage, et l'intellect n'atteint donc jamais la perfection."
Il s'agit de l'état spirituel appelé "méalé'him" (marcher).
Le Gaon de Vilna (Béra'hot 64a) explique :
"Dans ce monde, l'homme est appelé "olé'h" (celui qui 'marche'), car il se déplace constamment d'un niveau [spirituel] à l'autre par les commandements qu'il accomplit.
Dans le monde futur cependant, il est appelé "omèd" (immobile), car il est impossible d'accomplir des mitsvot dans le monde futur et il restera toujours au même niveau, celui de la perfection qu'il a atteinte dans ce monde.
Mais certains tsadikim sont appelés mehalkhim même dans le monde futur, et c'est un niveau élevé que rien ne dépasse, comme il est écrit : "Je te mettrai comme ceux qui marchent parmi ceux-ci qui sont immobiles" (Zé'haria 3,7), [cela veut dire] que même parmi les anges, qui sont immobiles (om'dim), vous irez d'un niveau à l'autre.
Tel est le sens de ce que disent [nos Sages] : "Les érudits n'ont pas de repos dans le monde futur".
[le Malbim (Divré Havamim I 17,11) nous donne une explication semblable. ]
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+ Une condition = s'élever déjà dans ce monde :
-> Le Rama MiPano (Maamaré HaRama MiPano, Maamar haNéfech 2,15) enseigne que chaque fois qu'un juste est sur le point de s'élever à un niveau spirituel supérieur, il est d'abord jugé pour déterminer s'il en est digne.
S'il en est jugé digne, sa progression dans le royaume céleste correspondra à l'effort qu'il a fourni dans ce monde pour progresser spirituellement.
-> Le Chlah haKadoch l'explique ainsi (Toldot Adam, beit 'hokhma, par.198) :
"Lorsque le juste désire atteindre un repos plus grand qu'il ne lui a été accordé et s'élever davantage, le verdict de ce tsadik est examiné. Même s'il avait été examiné au début, on l'examine à nouveau lorsqu'il va de force en force, tout cela selon la grandeur de ses actes.
S'il n'avait pas de repos dans ce monde, car il renforçait constamment sa kédoucha, il ira aussi de force en force dans le monde futur et sera jugé et déclaré méritant. [Ceux qui] n'ont pas de repos sont [ceux] qui sont destinés au repos éternel."
Par ces mots, le Chlah haKadoch enseigne que les justes qui "ne se sont pas donné de repos" dans ce monde sont ceux qui atteindront ce niveau dans le monde futur. Ainsi, lorsque le moment arrive pour un tsadik d'atteindre un niveau plus haut dans le royaume supérieur, le Tribunal Céleste le juge à nouveau, selon ce niveau, pour déterminer s'il s'est efforcé de progresser dans le monde physique.
=> Nous voyons donc que le progrès spirituel de l'homme dans le monde futur dépend de son aspiration à la spiritualité dans ce monde.
Parfois, un homme peut ressentir un désir puissant de "réussir" spirituellement, désirant même atteindre le niveau d'un Tana ou d'un prophète, mais sachant qu'il lui est impossible d'atteindre ce niveau, il croit à tort que cette aspiration est vaine.
Ces aspirations ont au contraire une valeur immense et c'est grâce à elles qu'il n'aura "pas de repos" dans ce monde et qu'on lui permettra d'atteindre des niveaux toujours plus élevés dans ce monde et dans le monde futur.
Le rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Elloul) conclut :
Cela s'applique dans le service Divin (avodat Hachem) de chacun de nous. Nul être humain ne doit céder au désespoir s'il n'a pas réussi à concrétiser ses aspirations.
Le désespoir est une arme du yétser ara. Il cherche à intimider et décourager les justes en représentant le service de D. comme une montagne inaccessible et à minimiser les aspirations des réchaïm en les faisant apparaitre insignifiantes.
En réalité, même si une personne a de hautes aspirations qu'elle n'est pas capable d'atteindre en peu de temps, elle doit avoir confiance : elle finira par y parvenir...
Tant qu'un homme fait tout son possible pour servir D., non seulement il finira par atteindre son but, mais il peut être assuré qu'il est considéré comme un serviteur de D. parfait même avant d'avoir atteint ce but.