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Prier et aspirer à la guéoula

+ Prier et aspirer à la guéoula :

-> Le Sforno (sur Chir haChirim 2,14) explique qu'il y a une "discussion" en cours entre le peuple juif et Hachem pour savoir pourquoi nous n'avons pas encore mérité la guéoula.
Hachem dit que les gens dans l'exil actuel sont différents de la génération de ceux qui sont sortis d'Egypte, parce qu'en Egypte ils ont prié, mais les gens d'aujourd'hui ne prient pas sérieusement.

=> Comment comprendre cela : n'y a-t-il pas au moins des centaines de milliers de juifs (tsadikim et gens ordinaires) qui prient quotidiennement pour la guéoula (ex: dans la amida)?

-> Le Kouzari (maamar chéni ot 24) écrit concernant les prières que nous demandons déjà dans chacune de nos prières instituées le retour du Temple et de la Présence Divine à Jérusalem, si seulement nous les récitions avec concentration et sentiments appropriés, nous aurions déjà mérité de voir l'accomplissement de toutes ces prières, comme nous l'avons vu en Egypte.
Le problème est que beaucoup de gens disent ces prières comme des perroquets, plutôt qu'avec un réel sentiment.

-> Selon le Radak (sur Yéchayahou 59,16), Hachem dit que [pendant le dernier exil,] le peuple juif dans son ensemble ne fera pas sincèrement une téchouva ou priera sincèrement, jusqu'à ce qu'ils voient les signes de la guéoula [alors qu'en Egypte, ils ont commencé à implorer Hachem même avant d'arriver à ce stade de la délivrance].

-> Lorsque le tsar Nikolaï a été tué, le 'Hafets 'Haïm a commenté :
"Qui a enterré Nikolaï? C’est les juifs par le fait d’avoir pleurés et de s’être lamentés sur les souffrances qu'il leur a causé, et ces pleurs ont aidé [provoquant sa mort].
S'ils [les juifs] avaient ressenti la douleur de la destruction du Temple et pleuré à ce sujet, ils auraient été aidés à résoudre ce problème."

[ ainsi le 'Hafets 'Haïm ne voulait pas dire que nous n'avons jamais prié pour la guéoula, mais plutôt que l'essentiel à nos yeux est de nous débarrasser de nos souffrances, des difficultés que nous rencontrons dans l'exil, cela témoigne que si nous avons comme option de rester en exil sans les difficultés, alors cela nous irait.
(Imaginons que Hachem nous retire toutes nos souffrances, nous donne la santé, un argent illimité, la beauté, la réussite, un conjoint top, de super enfants, ... est-ce que nous désirons toujours autant la guéoula, ou bien c'est pas si grave si elle vient un peu plus tard, histoire qu'on profite un peu de notre belle situation!)
Si tel est le cas, alors Hachem (qui lit dans nos coeurs notre intention profonde) peut ressentir, si l'on peut dire, qu'il n'y a pas de raison d'amener la guéoula immédiatement. Il pourrait plutôt nous donner une belle vie pour que nous continuons en exil.]

-> Le rav 'Haïm de Volozhin demande : si beaucoup de nos prières se rapportent à la guéoula, et que selon nos Sages nous avons une promesse que les prières des Yamim Noraïm ne restent jamais sans réponse, comment est-il possible que nous soyons toujours en exil?

Le rav 'Haïm de Volozhin répond qu'il est tout à fait possible qu'Hachem ait répondu à nos prières, mais parce que notre intention principale lorsque nous prions pour la guéoula est de nous débarrasser des souffrances de l'exil, pour notre subsistance, ... alors notre prière n'a servi qu'à nous sauver de ces difficultés spécifiques plutôt que d'amener la guéoula elle-même.

Celui qui prie pour sa situation matérielle ou pour être libéré de ses souffrances personnelles, au lieu de plaider pour sa situation dans le monde à Venir ou pour les difficultés spirituelles de l'exil et pour l'exil de la Présence divine, le rav 'Haïm de Volozhin le compare à celui qui est réveillé d'urgence en plein milieu de la nuit et on lui dit de s'échapper au plus vite de sa maison en flamme. Il répond qu'il ne peut pas encore partir, car un insecte le pique et il doit se venger.
[de toute évidence cette personne est imbécile. Il en est de même lorsque nous prions uniquement pour notre matérialité et le confort de notre vie dans ce monde.
En abordant que notre monde est en flamme, alors on se tourne vers Hachem de tout coeur, conscient qu'il n'y a qu'une option : Hachem envoie nous la guéoula. Mais sinon, c'est qu'à notre yeux ce monde n'est pas si mal, qu'il n'y a pas une urgence absolue à ce que le machia'h vienne.
Evidemment qu'on doit prier pour tous les domaines de la vie, mais tout doit rester secondaire, voir au service, de notre désir d'avoir la guéoula (plus fort que tout, car vital). ]

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-> Le Ramban (Katvé haRamban ח"א - amoud שכד) écrit :
"Le prophète Yirmiyahou a reproché au peuple juif de s'être tellement occupé de choses matérielles pendant leur exil (leur maison, leur commerce, ...), à la place de pleurer et prier jour et nuit pour que Hachem pardonne leurs fautes qui font traîner l'exil et qu'Il puisse amener la guéoula rapidement.
Le fait est que si nous faisons téchouva, le machia'h viendra immédiatement, et sinon il tardera ...
Ce péché [de ne pas prier] lui fait du mal [au machia'h], il souffre toute la journée qu'il doive retarder sa venue, et nous ne nous soucions pas de cela. Au contraire, nos sommes préoccupés par nos affaires parmi les nations."

=> Ainsi, l'intention du Ramban n'est pas que nous ne prions jamais pour la guéoula, mais que nous avons plus d'intérêts et de passion pour nos besoins matérielles, que nous n'en avons pour la guéoula.

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-> Le 'Hafets 'Haïm (si'hot ha'Hafets 'Haïm - ot 14) disait à ses élèves :
"Nous ne devons pas "demander" le machia'h comme une faveur à un voisin ou à un ami. Au contraire, nous devons réclamer ou exiger le machia'h comme quelqu'un le ferait s'il n'avait pas été payé et que sa famille mourait de faim.
Nous devons être désespérés. Nous devons exiger, plaider et mendier [Hachem] pour le machia'h."

-> Le rav Moché Sorotzkin dit que selon nos Sages, notre sentiment en exil doit être comme si nous étions malade au point de ne plus pouvoir respirer et que nous sommes à peine vivants. Nous devons supplier Hachem comme une personne mendiant pour sa vie elle-même. [c'est une question de vie et de mort, pas quelque chose de superflu.]
La réalité c'est que nous n'avons pas conscience de l'énorme différence entre notre vie actuelle et celle d’après la guéoula (comme si on était la nuit, et qu'on allait passé dans la journée).
Par exemple, le Temple est appelé "beit 'hayénou" (la maison de notre vie), sans cela sommes-nous réellement vivants?
Autre exemple, en exil "nous sommes devenus des orphelins, privés de père" (Eikha 5,3). Est-ce que nous vivons en exil comme étant des orphelins?

-> Le rav Eliyahou Dessler, rapporte les paroles de son beau-père le rav Na'houm Velvel Ziv :
Imaginez la scène au domicile d'un enfant gravement malade, il y a un siècle.
Les parents appellent le médecin de famille et attendent avec impatience son arrivée. Au début, chaque coup à la porte et chaque bruit dans la rue fait que les membres de la famille et les amis se précipitent vers la porte d'entrée pour voir si le médecin est arrivé.
Comme le temps passe sans que le médecin ne vienne, tout le monde sauf les parents en vient à renoncer à ce qu'il arrive à temps pour aider l'enfant.
En effet, les parents continuent de courir pour vérifier l'entrée de la porte, ne cessant jamais d'espérer que d'une seconde à l'autre le médecin arrivera.
[de même que plus une personne se sent proche d'un enfant très malade plus elle va attendre et garder espoir en la venue du médecin, il en est de même avec la venue du machia'h. Plus on se sent proche d'Hachem, plus on souhaite la guéoula par amour d'Hachem.
Cela éclaire le fait que l'une des questions posées à une personne après 120 ans est : "As-tu anticipé/attendu la délivrance?" (tsipita lichoua - guémara Shabbath 31a).
A quel point as-tu ressenti la nécessité d'avoir la Délivrance? ]

[lorsque nous comprenons à quel nous sommes manquants en exil (comme des morts vivants par rapport à ce que nous serons après la guéoula), surtout dans la spiritualité, alors nous attendons le machia'h comme quelqu'un qui a besoin d'urgence d'un foie ou d'un rein pour sa survie et qui attend l'appel.
Plus on ressent profondément en nous ce qui peut manquer en exil par rapport à l'après guéoula, alors plus on peut en venir à le désirer fortement.
Et d'une certaine façon gagner des millions au loto ne vaut absolument rien en comparaison. Mais nous devons le vivre et pas seulement l'intellectualiser. ]

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-> Le 'Hafets 'Haïm relevait que d'un côté nous disons que nous croyons et attendons la venue du machia'h, mais d'un autre notre vie démontre le contraire.

Par exemple, certains vont construire des maisons dans un état d'esprit qu'on est parti pour y vivre encore très longtemps.
En ce sens, le Kli Yakar (Vayé'hi) souligne que c'est une erreur de construire de grandes maisons dans l'exil, car cela montre que nous nous y sentons [bien] installés (en dehors d'Israël).

Nos Sages (guémara Avoda Zara 9b) nous enseigne : "Une fois que 400 années se seront écoulées depuis la destruction du Temple, si une personne te dit : 'Ici il y a un champs qui vaut 1 000 dinars et qui peut être acheté pour 1 dinar', ne l'achète pas [car la guéoula sera imminente et nous recevrons alors tous la terre en Israël appartenant à nos ancêtres]."
[ainsi déjà 400 ans après la perte du Temple, la guémara nous enseigne que la guéoula est imminente. Et à nous, par notre attitude (de l'espérer dans nos actes), de permettre que cela devienne une réalité. ]
Le Abarbanel commente cette guémara : si nous nous rapprochons du terme (kets) de cet exil, nous devrions attendre avec impatience la guéoula et nous travailler dans ce but. L'achat d'un champ aura alors l'effet inverse.

Le Pélé Yoets (Ere'h guéoula) dit qu'on doit toujours attendre la Délivrance, lorsque nous discutons de plans futurs, on considérera toujours la possibilité de la venue du machia'h, et ainsi on dira : "Je vais faire ce qui suit si le machia'h ne vient pas avant".
On raconte que plusieurs grands d'Israël (comme le rabbi Lévi Its'hak de Berditchev), lorsqu'ils envoyaient des invitations à une fête, ils écrivaient que la fête aurait lieu à Jérusalem, mais si le machia'h n'était pas venu d'ici là, alors la fête aurait lieu ailleurs.

Lorsque le Gaon rav Shmouël Yaakov Borenstein a déménagé à bné Brak pour y servir comme Roch Yéchiva, il a noté dans le contrat de location de son appartement à Jérusalem que si le machia'h venait, le locataire devait quitter l'appartement dans les 24 heures.

De même de nombreux tsadikim à travers les générations (ex: le 'Hafets 'Haïm) avaient des vêtements spéciaux prêts, la venue du machia'h étant soudaine.
Le rav Moché Sternbuch raconte que bien que n'ayant pas beaucoup de moyens, sa mère a acheté de très beaux habits pour la venue du machia'h, et elle les plaçait dans une valise près de la porte de sa maison et les lavait périodiquement afin qu'ils soient toujours frais (mettant d'autres habits dans la valise pendant le nettoyage).

Lorsque le rav de Jérusalem, le rav Yéhochoua Leib Diskin, a entendu le bruit du train arriver à Jérusalem pour la 1ere fois, il a commencé à trembler car il a pris cela comme un signe que le machia’h pourrait arriver bientôt, et il a donc senti qu'il devait se préparer [encore davantage].
[tout bruit, toute chose non ordinaire, est une occasion pour nos sages de renforcer leur attente de la guéoula imminente]

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-> Le Targoum (Yéchayahou 59,16 ; 63,5) dit que même une seule personne priant avec sincérité peut amener la guéoula.
Selon le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.19), nous ne pouvons pas estimer le pouvoir d'une prière d'un individu pour la guéoula et l'honneur d'Hachem.

-> "D'après nos Sages, c'est par le mérite des 3 prières quotidiennes que la guéoula se produira.
C'est donc notre manque de vigilance et de concentration dans ces 3 prières qui est la cause du retard de cette guéoula, de la reconstruction du Temple et du rassemblement de tous les exilés.
[Ben Ich 'Haï - guémara Béra'hot 3a]

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=> Pourquoi devons-nous attendre la venue du machia'h?

Il existe de nombreux niveaux d'attente :

1°/ le niveau le plus bas consiste à aspirer au machia'h pour se débarrasser de nos souffrances et difficultés matérielles dans lesquelles nous nous trouvons à cause de l'exil.

2°/ au-dessus il y a une attente du machia'h pour des raisons spirituelles et pour une meilleure capacité à servir Hachem.
Le 'Hatem Sofer compare une personne qui attend la guéoula uniquement pour un soulagement matériel ou émotionnel, à un jeune enfant qui vient de perdre toute sa famille et sa maison, et qu'on entend pleurer et pleurer sur le fait que son jouet lui a été enlevé.
[ex: certes toutes les douleurs et maladies vont disparaître avec la venue du machia'h, mais cette période a tellement mieux à nous offrir, comme la capacité de vivre dans une proximité d'esprit et de coeur avec Hachem, nous atteindrons des niveaux incomparable en spiritualité, ... ]

3°/ il existe un niveau plus élevé.
En exil, la Présence Divine souffre énormément (pour ainsi dire), et il y a également une grande profanation du Nom Divin ('hilloul Hachem).
[ex: Quand je souffre, mon papa Hachem souffre encore plus que moi : http://todahm.com/2016/08/22/quand-je-souffre-mon-papa-hachem-souffre-encore-plus-que-moi ]

-> Rabbi Yossi dit à Eliyahou haNavi qu'il a entendu dans les ruines de Jérusalem une voix : "divine gémissante et pleurant : "Honte aux enfants dont les fautes M'ont poussé à détruire Ma maison et à les exiler parmi les non-juifs"
Eliyahou haNavi lui a dit : "3 fois chaque jour, Hachem pleure de cette façon sur la destruction du Temple" [guémara Béra'hot 3a]

-> Le rav Moché Sorotzkin enseigne :
Contemplons comment Hachem en tant que Père aimant peut "se sentir" alors que tant de Ses enfants souffrent de différentes manières, et encore plus quand tant d'autres sont éloignés d'Hachem, de Sa Torah et de Ses mitsvot.
Considérons le fait qu'il y a des millions de juifs dans le monde qui ne connaissent pas les mots "Shéma Israël". Cela a été une réalité tragique pendant des siècles d'exil ...
Chaque âme qui s'égare est une perte unique et irremplaçable qui reste une source de douleur inimaginable pour la Présence Divine.
C'est ce que Hachem endure, bien que nous ne puissions pas l'entendre, nous savons que Hachem Lui-même crie 3 fois par jour, pour ainsi dire, déplorer notre distance.
Hachem attend que nous revenions à Lui, plus anxieux qu'un père attend son fils et plus désespérément qu'une femme attend son mari.
Ainsi, pouvons-nous éveiller en nous-même de l'empathie pour implorer la guéoula, pour le bien de la Présence Divine, elle-même?

-> [Eliyahou haNavi nous rapporte que] Le Ciel et la terre sont mes témoins que Hachem est assis et attend que le peuple juif fasse téchouva, plus qu'un père attend son enfant ou une femme attend son mari, afin qu'Il puisse amener la guéoula, reconstruire le Temple qui ne doit plus jamais être de nouveau détruit.
[Tana déBé Eliyahou - fin du chap.31]

A ce sujet, le rav 'Haïm Palaggi (moéd lékol 'haï - ט"ו ג) écrit :
Crois ce que je dis : à chaque fois que je lis cet extrait spécial, mes yeux ne s'arrêtent pas de pleurer.
Lorsqu'un fils tarde à rentrer le soir, son père le guette par la fenêtre ; lorsqu'un mari part en voyage, son épouse attend anxieusement son retour. Comment est-il possible que Hachem "souffre" tellement et que nous demeurions insensibles?
Comment est-il possible que le Roi de l'honneur (mélé'h hakavod) [Hachem] est [actuellement] en train d'attendre que nous fassions téchouva afin de nous accorder tellement de bonnes choses, tout le bien possible dans ce monde, et tout le monde va après son cœur sans se préoccuper de cela, et personne ne se soucie assez pour dire : "lé'h vénachouva él Hachem" (allons et retournons vers Hachem).
Ô Hachem, incite le peuple d'Israël à se repentir devant Toi en toute sincérité!

-> Nos Sages (Tikouné Zohar - tikoun ו בא"ד) nous disent que pendant les années d'exil, la Présence Divine est emprisonnée. Nous devons faire preuve d'empathie et prier pour cet aspect de l'exil (tikouné Zohar - tikoun 21,57a).
En fait, le Pélé Yoets (Erekh roch hachana בא"ד) écrit que cet aspect de l'exil doit nous déranger encore plus que toute autre douleur ou souffrance que nous vivons en conséquent de l'exil, et cela doit être notre objectif principal lorsque nous prions pour la guéoula.

-> Nos Sages (Pessikta rabbati - maamar גילי) affirment qu'Hachem dit aux tsadikim : "chivavtem léTorati vélo 'hikitem léMalkhouti" (vous avez aimé la Torah [et vous attendiez le machia'h pour qu'il vous apprenne la Torah au plus haut niveau], mais vous n'avez pas attendu [le machia'h pour le bien de] Ma Royauté).
[en exil, la Royauté d'Hachem est tout sauf éclatante, puisqu'il y a du 'hilloul Hachem et un voilement de la Présence Divine. Certes Hachem gouverne totalement le monde, mais est-ce que le monde Le reconnaît à sa juste valeur, comme le Roi des rois?]

-> Il est écrit dans le midrach (Yalkout Chimoni - Eikha - remez תתקצז) :
Tous les Patriarches et Moché sont venus à Hachem pour plaider pour la guéoula.
Par la suite, Its'hak a déclaré qu'il n'y avait peut-être aucun espoir pour les Bné Israël de revenir.
Hachem a répondu : "Il va y avoir une génération qui va aspirer à Ma Royauté et immédiatement ils mériteront la guéoula".
[ainsi, on voit d'ici qu'il doit y avoir une génération qui demande la guéoula en l'honneur d'Hachem afin de la mériter.]

-> Le rav Matisyahou Salomon dit qu'à notre génération où de nombreuses personnes étudient et retournent vers la Torah, Hachem dit : "C'est vrai que vous aimez la Torah, et en tant qu'individu vous avez énormément grandi dans ce domaine, mais maintenant il est temps de passer au niveau supérieur : rechercher à la Royauté d'Hachem (Malkhout chamayim)."

-> Certaines personnes peuvent avoir des appréhensions, des inquiétudes, sur l'arrivée du machia'h. Cela n'est pas nouveau.
On demandait au 'Hafets 'Haïm : "Nous avons peur [de la guéoula]. Qui dit que nous serons alors méritants?"
Le 'Hafets 'Haïm répondait : "Cela peut ne pas vous sembler intéressant, mais vous devez espérer au machia'h par amour pour l'honneur d'Hachem (kvod chamayim)".

-> Dans toute la première bénédiction de la Amida, nous disons : "oumévi goél livné véné'em lémaan chémo" (qui amène un sauveur aux enfants de leurs enfants en faveur de Son Nom)
Nous voyons que le but principal de la guéoula est pour le bien de l'honneur d'Hachem.

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-> Le rav Pin'has Eliyahou de Vilna (dans son Séfer haBrit - 1ere partie), qui a vécu à l'époque du Gaon de Vilna, écrit :
Pourquoi cet exil traîne-t-il si longtemps? Il y a tellement de gens qui apprennent la Torah, tellement de gens qui prient et crient pour la guéoula, tellement de gens qui font des mitsvot.
Que peut-il manquer? Et si, après tout cela, nous n'avons toujours pas mérité la guéoula, comment pourrait-on un jour la mériter?

Il répond:
"C'est sûrement qu'il manque un ingrédient très important dans tout ce qu'ils font, à savoir que bien qu'ils apprennent, prient et font des mitsvot, ils le font avec la seule intention de s'aider eux-mêmes, et non pas par amour d'Hachem, pour sauver Hachem et Sa Ché'hina de sa souffrance et son exil.

Par conséquent, tant que nous ne corrigeons pas cela et que nous n'avons pas d'intention lorsque nous étudions, prions et faisons des mitsvot, de le faire en l'honneur d'Hachem, nous ne mériterons pas la guéoula car Hachem dit alors : "Si vous ne prenez pas soin de Mon honneur, Je ne me soucie pas de votre honneur (que D. préserve cela)"."

-> Un élève du 'Hatam Sofer, le Imré Eich, écrit que tant que nous ne ressentons pas la douleur de tout le mal qui se passe dans le monde [suite à des fautes] et de l'énorme 'hilloul Hachem que ces fautes créent, alors Hachem peut aussi continuer à le supporter.
Mais dès qu'Hachem voit que nous sommes peinés par ce qui se passe au point qu'on ne peut pas le tolérer [ex: implorant Hachem d'amener la guéoula pour Son honneur], alors Hachem se dressera contre tous nos ennemis et se débarrassera d'eux.

[il est écrit : "donner de la force à D." (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35)
d'une certaine façon lorsque nous aspirons impatiemment à la venue du machia'h par amour pour Hachem, alors nous donnons à Hachem le pouvoir de rendre cela réel. ]

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-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.19) enseigne :
"Nous devons être concernés par l'honneur d'Hachem, Jérusalem et le Temple. Par conséquent, il est juste que nous soyons réellement touchés par le fait que le Temple a été détruit et que nous sommes en exil, car tout cela minimise la gloire d'Hachem.
C'est pour cette raison que nous devrions aspirer à la guéoula [car cela apportera de l'honneur à Hachem]."

Le Ram'hal ajoute ensuite que le prophète Yéchayahou (v.59,16) se plaignait de l'absence de cet aspect dans nos prières.

-> On peut penser que c'est au-delà de notre niveau de prier pour la guéoula pour l'honneur d'Hachem, plutôt que pour se débarrasser de nos souffrances personnelles. Mais en réalité, dans la Amida nous disons : "ouguéalénou mééra lémaan chémé'ha" (délivres-nous rapidement en l'honneur de Ton Nom).
Cela signifie que chaque juif est capable de demander la guéoula uniquement pour Hachem.

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-> Le Pélé Yoets (Erekh Tsipouï) écrit :
"Il ne suffit pas de dire que nous attendons la Délivrance (tsipita léyéchoua). Nous devons vraiment croire et ressentir que la Délivrance va venir.
Le principal objectif de la mitsva d'attendre la Délivrance, n'est pas de l'attendre pour notre bénéfice personnel, mais plutôt pour l'honneur d'Hachem, aspirant à soulager l'exil de la Présence Divine (Chékhina).
C'est pourquoi, même si on ne peut pas "réparer le monde" et apporter une guéoula complète, il faut quand même se rendre compte que chacune de nos actions fait la différence. Chaque mitsva aide à élever davantage la Présence Divine hors de cet exil.
Et le contraire est vrai : toute faute que l'on commet tire la Présence Divine plus profondément dans l'exil, pour ainsi dire.
Une personne devra donc assumer la responsabilité, non seulement pour les fautes qu'elle commet, mais également pour les répercussions ... que cela a sur l'objectif de libérer la Présence Divine de l'exil.
Et même plus, quand une personne fait ce qu'elle peut pour aider à amener la guéoula, s'élevant dans la volonté d'Hachem, même si elle ne peut pas apporter la guéoula complète, néanmoins Hachem considère cela comme si elle avait apporté la guéoula pour tout le monde."

[ainsi on ne doit pas désespérer (qu'est-ce que mes actions peuvent vraiment changer?), mais au contraire en faisant de notre mieux, aux yeux d'Hachem c'est comme si c'était nous seul qui avions amener la Délivrance.
Hachem ne nous demande pas l'impossible, et imaginons notre regret dans le monde à Venir de savoir que par de petites actions au quotidien on aurait pu se voir crédité d'avoir personnellement permis la venue du machia'h.]

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-> La guémara (Sahnédrin 98b) rapporte que Rav Yo'hanan a dit que le machia'h vienne mais que je n'assiste pas personnellement au 'hévlé machia'h (période précédent la venue du machia'h).
Rav Yo'hanan a énormément souffert dans sa vie. Il a enduré la perte de 10 enfants et non seulement il a pu passer à autre chose, mais il était connu pour consoler les autres.
Pourquoi était-il alors si inquiet d'assister au 'hévlé machia'h?

Le rav Eliyahou Lopian, au nom du rav Itzele Peterbourg, explique que Rav Yo'hanan n'avait pas peur pour sa souffrance personnelle au moment du 'hévlé machia'h. En réalité, il était préoccupé par le 'hilloul Hachem qui aura lieu alors, en raison que les juifs souffriront, et particulièrement de l'hérésie de cette époque.
C'est pourquoi Rav Yo'hanan a verbalisé son espoir que le machia'h vienne, mais en même temps a exprimé des réserves quant à voir ce qui se passera au 'hévlé machia'h [ressentant la souffrance d'Hachem].

-> Un exemple similaire est lorsqu'en 1937, le rav El'hanan Wasserman a rencontré le rabbi de Sadigura, ce dernier mentionnant qu'il avait prévu de déménager à Tel Aviv.
Le rav El'hanan Wasserman a répondu : "Je ne pourrais pas vivre à Tel Aviv. Si je devais voir du 'hilloul Shabbath en terre d'Israël, je ne pourrai pas tolérer le grand 'hilloul Hachem, la profanation de la Gloire d'Hachem dans son propre palais [la terre d'Israël]."

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