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Séder & Eliyahou haNavi

+ Séder & Eliyahou haNavi :

1°/ Le verre d'Eliyahou haNavi :

-> Selon le Gaon de Vilna :
Il est dit dans la guémara (Pessa'him 118b) que nos Sages ont institué la mitsva de boire 4 verres de vin au Séder pour faire le parallèle avec les 4 expressions de libération (Vaéra 6,6-7).

Il existe également de nombreux autres parallèles avec les 4 verres comme :
- les quatre royaumes dans lesquels le peuple juif a été exilé : Bavel, Paras, Yavan et Edom.
- les quatre coupes de punition qu'Hachem forcera les nations du monde à boire.
- les quatre personnes qui doivent rendre grâce à Hachem : celle qui a voyagé par la mer, celle qui a traversé le désert, celle qui s'est remise d'une maladie et celle qui a été libérée de prison. (avec la sortie d'Egypte on a été sauvé de 4)
- les quatre périodes de l'histoire : ce monde-ci, les jours du machia'h, les jours de la résurrection des morts et le monde à Venir.
- les quatre coutumes que le peuple juif a conservées mêmeen Egypte : ne pas changer de nom, de langue, rester à l'écart de la débauche, et ne pas informer les égyptiens les uns sur les autres (ex: délation).
- Les quatre formes de peine de mort prononcées par le beit din ; les quatre coupes nous protègent de ces peines au cas où, D. préserve, nous mériterions l'une d'entre elles.
[c'es fou de se dire qu'en buvant du vin au Séder, on peut se dispenser des 4 méthodes d'exécution capitale qui figurent dans la Torah : la lapidation, l'immolation, la décapitation et la strangulation. ]

Les versets nous racontent ce qu'Hachem a dit à Moché de dire au peuple juif lorsque le moment est venu de le libérer d'Egypte. La guémara soulève une discussion sur la question de savoir si nous devrions boire un 5e verre, ce qui correspondrait à un 5e langage de géoula (véévéti).
La guémara ne résout pas la discussion, et la halakha reste donc incertaine.
Comme nous le savons, lorsque la géoula finale arrivera, Eliyahou HaNavi répondra à toutes les questions de la guémara qui sont restées sans réponse.
Nous versons un 5e verre et l'appelons "Kos chel Eliyahou" (le verre d'Eliyahou), car c'est lui qui viendra nous dire si nous sommes censés boire cette 5e coupe.
Jusqu'à la venue d'Eliyahou HaNavi, nous ne buvons pas ce 5e verre parce que nous ne savons pas s'il doit y avoir un 5e verre. Nous sommes convaincus qu'Eliyahou viendra résoudre cette question et nous attendons sa venue avec impatience.

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-> Selon la Michna Béroura (480:10) :
Le verre d'Eliyahou est un signe de notre foi en Hachem qui nous a délivrés d'Egypte et qui nous délivrera à nouveau, en envoyant Eliyahou pour annoncer la guéoula.

-> Selon le Sidour Yaavetz :
Lorsque nous versons le 4e verre, nous versons également un verre (kos) supplémentaire appelé
"kos shel Eliyahou". Il s'agit d'une allusion à notre croyance selon laquelle, tout comme Hachem nous a délivrés d'Egype, Il reviendra et enverra Eliyahou HaNavi pour nous faire savoir qu'Il est revenu pour la guéoula ultime. En l'honneur de cela, la coutume est d'utiliser un verre spécial, plus beau et plus honorable que les autres verres.

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2°/ Ouvrir la porte de la maison :

-> Selon le Torat Emet :
Nous savons qu'Eliyahou HaNavi assiste à chaque brit mila, car il est connu comme le mala'h ha'brit.
De même, nous savons qu'Eliyahou HaNavi est l'annonciateur de la guéoula finale, et qu'il ramènera les cœurs du peuple juif vers Hachem. Le fait d'amener le peuple juif à faire une téchouva complète amènera la guéoula ultime.
Eliyahou HaNavi éliminera les obstacles physiques (brit mila) et spirituels (téchouva) à la rédemption (guéoula).
En tant qu'allusion, nous ouvrons la porte à Eliyahou HaNavi en cette nuit afin qu'il puisse entrer et supprimer tous les obstacles qui empêchent le machia'h de venir, de sorte que nous soyons méritants pour la geoula ultime.

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-> Selon le Rama (Ora'h 'Haïm 480:1) :
La porte est ouverte pour rappeler qu'il s'agit d'une nuit de protection, et que par ce mérite, le machia'h viendra.

-> Selon le 'Hok Yaakov (480:1) :
Il est dit dans le Sefer Hamanhig qu'il y a une coutume dans certains endroits de laisser les chambres ouvertes cette nuit-là parce que, comme nos Sages disent : en Nissan nous avons été délivrés, et en Nissan nous serons délivrés à nouveau.
C'est pourquoi cette nuit est appelée "leil shimourim" (nuit de protection), une nuit qui a été protégée depuis les 6 jours de la création.
Lorsque Eliyahou arrivera, il trouvera la porte ouverte et nous viendrons rapidement l'accueillir. Cette coutume n'est plus suivi de nos jours, et les portes ne sont pas laissées ouvertes pendant [toute] la nuit.

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-> Selon le Maharid miBelz :
Il existe une coutume d'envoyer les jeunes enfants ouvrir la porte à Shéfo'h 'hamatékha (dans le Séder) en l'honneur de la venue d'Eliyahou HaNavi. La raison pour laquelle nous envoyons spécifiquement les jeunes enfants est que, en ce qui concerne la venue d'Eliyahou HaNavi, le verset dit : "véhachiv lev avot al banim". Rachi explique qu'Eliyahou HaNavi enverra les jeunes enfants pour ramener les cœurs de leurs parents à Hachem en téchouva et pour les ramener pour le bien.
C'est pour cette raison que nous envoyons les jeunes enfants, comme une allusion qu'ils seront ceux qui "ouvriront" les cœurs de leurs parents pour les éveiller à la téchouva au moment où nous serons méritants pour faire venir Eliyahou HaNavi.

-> Selon le Mahara miBelz :
Le soir du Séder, il y avait une coutume qui consistait à ne pas fermer la porte de la maison, car cette nuit est le leil shimourim (nuit de protection), et le fait d'ouvrir la porte démontre notre émouna et notre bita'hon (émouna en pratique) en Hachem, et grâce à ce mérite, nous serons méritants de la géoula.
Nous ouvrons la porte au moment de Shéfo'h 'hamatékha, comme pour dire qu'en raison de notre émouna, nous sommes dignes que le machia'h vienne.

-> Selon le Maharach miBelz :
Pourquoi ouvrons-nous la porte lorsque nous récitons Shéfo'h 'hamatékha?
Il est connu que le Temple d'ici-bas est en parallèle au Temple au Ciel (en-Haut).
Nos Sages nous disent qu'en réalité, le Temple d'en bas n'a pas été détruit, mais qu'il semble simplement avoir été détruit. Au lieu de cela, il a été transporté au Ciel, où il est caché.
Le Temple est également appelé "bira" (demeure), comme il est dit : "abira acher a'hinoti" (la demeure que J'ai préparé - Divré Hayamim I 29,19).
A l'époque de la destruction du Temple, lorsque le Temple a été transféré au Ciel, cela signifiait qu'il y avait 2 Temple au Ciel. La guématria de "בִּירָה" (bira) deux fois est la même que celle de "דלת" (la porte).
En tant qu'allusion, nous ouvrons la porte, c'est-à-dire que nous séparons la porte (une partie devient perpendiculaire à l'autre), ce qui signifie que nous demandons que les 2 Temples, qui se trouvent tous deux au Ciel, soient séparés afin que l'un d'entre eux revienne ici-bas à sa place légitime, avec la geoula complète, lorsque Hachem déversera Sa colère sur les non-juifs.

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-> Selon le Mahari Shteif :
Nous ouvrons la porte au moment (du Séder) de Shéfo'h 'Hamatékha parce qu'en Egypte, cette nuit-là, le peuple juif n'était pas autorisé à sortir (ils devaient rester chez eux pendant que la plaie des premiers nés avait lieu), et donc seule la porte ou la fenêtre pouvait être ouverte, comme Moche l'a fait pour que Pharaon puisse lui parler (lui demandant de partir avec son peuple).
Lorsque nous discutons du fait qu'Hachem déverse Sa colère sur nos ennemis (séfo'h 'hamatékha), nous nous rappelons comment Hachem a traité nos ennemis.

-> Selon le Sfat Emet :
Pendant la plaie des premiers-nés, le peuple juif n'a pas été autorisé à quitter son foyer, comme il est écrit : "aucune personne [des Bné Israël] ne doit sortir de l'entrée de sa maison jusqu'au matin" (Bo 12,22).
La raison en est que le peuple juif n'était pas vraiment digne d'avoir la sortie d'Egypte à cette époque. Étant donné qu'ils n'étaient pas dignes du miracle, ils n'avaient pas le droit de voir la chute de leurs oppresseurs, et ils devaient donc rester dans leurs maisons afin de ne pas voir ce qui se passait.
Cette règle ne s'appliquait que "jusqu'au matin", c'est-à-dire jusqu'au moment de la guéoula finale, qui est considéré comme le matin.
Lorsque le temps de la géoula finale arrivera, nous serons autorisés à voir la chute de nos ennemis.
Lorsque nous disons ici Shéfo'h 'hamatékha, nous nous référons à la géoula finale, lorsque Hachem éradiquera tous nos ennemis, et nous ouvrons la porte comme une allusion que pendant la géoula finale, nos portes seront autorisées à être ouvertes et nous serons en mesure de voir la chute de nos ennemis.

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-> Selon le Zikhron Eliyahou :
La coutume est d'ouvrir la porte pour faire allusion au fait que c'est par le mérite d'Abraham, qui avait toujours ses portes ouvertes pour les invités (hospitalité), que nous serons méritants pour qu'Hachem déverse Sa colère sur nos ennemis.

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-> Selon rabbi Shlomo Zalman Auerbach :
La coutume veut que l'on ouvre la porte lorsque l'on dit "Shéfo'h 'hamatékha" (dans le Séder) parce que ce passage est dit au moment où l'on verse le 4e verre de vin.
La guémara (Pessa'him 86a) dit que lorsque le Temple se tenait debout, après qu'ils aient fini de manger le Korban Pessa'h, la restriction de rester à l'intérieur a été levée.
Le korban était mangé à l'intérieur et le Hallel, qui est récité ensuite, était dit sur le toit.
En guise d'allusion, nous ouvrons la porte juste avant de commencer à réciter le Hallel pour montrer que jusqu'à ce moment-là, nous étions tenus de rester à l'intérieur, et que maintenant que le korban était terminé, nous pouvions réciter le Hallel à l'extérieur.

Choul’han Orékh

+ Choul'han Orékh :

-> Selon le Chlah Hakadoch (matsa Chemoura 217) :
Au moment du repas (séouda) du Séder, on doit reconnaître qu'il s'agit d'une séouda de spiritualité, tout comme Its'hak l'a fait la nuit où il a donné à Yaakov les bénédictions, c'était au moment de la nuit du Séder (comme il est dit dans Pirké déRabbi Eliezer).

Il s'agit aussi d'un exemple et d'une allusion à la séoudat Liv'yatan (le repas spécial du Léviathan que les tsadikim prendront après la guéoula), auquel nous serons méritants après la géoula.
[ "Ton peuple est [composé que] de tsadikim" (véamé'h koulam tsadikim - Yéchayahou 60,21) = en un sens, chaque juif à sa racine est un tsadik = koulanou tsadikim. ]
Ainsi, il faut veiller à ne pas prononcer des paroles de néant et de sottise, et encore davantage des paroles interdites, mais plutôt continuer à parler de la sortie d'Egypte et de tous les miracles que Hachem a fait et fait constamment pour nous.

-> Selon le Ora'h 'Haïm :
Nous avons "Choul'han Orékh", [ce qui signifie] que par Hachem, Sa table est toujours dressée et Il donne la parnassa à tous ceux qui ont du bita'hon en Lui.
[...]
nous disons que la table est toujours mise ; qu'il est toujours facile pour Hachem de donner. Il suffit de demander.

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-> Selon les Tossafot (guémara Avoda Zara 5b) :
Au milieu du Seder, nous avons ce que l'on appelle le "Choul'han Orékh". Nous mangeons une séouda.
Il ne s'agit pas simplement d'un repas (séouda) standard que l'on mange le Shabbath ou à Yom Tov, mais plutôt d'une partie intégrante du Seder, car c'est un moment où l'on cél notre rédemption de l'esclavage à la liberté.

-> Selon le Séder Hayom, ce repas doit être mangé d'une manière qui démontre que nous sommes libres et que nous appartenons à la royauté (les enfants du Roi des rois, Hachem).

-> Selon le Nagid véNafik :
Il y a une coutume de dresser la table le soir du Seder avec des couverts raffinés, et il faut le faire autant que possible. C'est une pratique que l'on ne retrouve à aucun autre Yom Tov.
Pourquoi faisons-nous cela à Pessa'h?
Nous le faisons en souvenir des grandes richesses que nous avons emportées d'Égypte.
[d'une certaine façon, après avoir vécu en détails la dureté de l'esclavage en Egypte avec notre délivrane, on faite cela concrètement lors de la séouda. ]

-> Selon le Chlah Hakadoch :
La séouda doit être consommée avec une grande joie, mais en même temps il doit y avoir un sentiment de solennité, car c'est un moment de avodat Hachem.

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+ La matérialité comme moyen au service de la spiritualité :

-> Selon le Avodat Israël :
Le fait de manger peut être fait d'une façon spirituelle et peut être une expérience spirituellement édifiante, ou, D. préserve, cela peut être une chute spirituelle.
Une table devient comme une sainte Mizbéa'h lorsque l'on est méticuleux et que l'on imprègne son repas de sainteté, par exemple en se lavant les mains, en récitant des bénédictions et en prononçant des divré Torah.
C'est ce que nous appelons un "choul'han".

Cependant, si une personne n'élève pas sa séouda au rang de spiritualité, mais qu'au contraire elle se concentre sur la satisfaction physique, matérielle, par la consommation de nourriture, alors les lettres de "שולחן" (choul'han - table) sont réarrangées pour épeler "לנחש" (léna'hach - le serpent [originel] ), qui symbolise Satan, c'est-à-dire que le repas va au serpent, ce qui signifie que la table est occupée par Satan et qu'il cherche à inculper la personne pour ses fautes.

Nous appelons la séouda "Choul'han Orékh" (la table dressée), afin d'appuyer sur notre nécessité de se comporter pour que les lettres de choul'han sont dressées et doivent le rester, de sorte que notre séouda doit participer à la sainte avoda du Mizbéa'h.

-> Selon le Emet léYaakov :
Dans les Pirké Avot, on nous enseigne que lorsqu'un homme s'assoit pour prendre un repas, il s'agit d'une expérience qui peut être soit édifiante, soit avilissante. Lorsque trois personnes mangent ensemble et ne prononcent pas de paroles de Torah à table, c'est comme si elles avaient mangé une offrande idolâtre. Mais si elles prononcent des paroles de Torah, c'est comme si elles avaient mangé à la table même d'Hachem.
Il n'y a apparemment pas de juste milieu ; c'est soit comme si l'on avait mangé à la table d'Hachem, soit de la avoda zara (idolâtrie).
Il existe une différence fondamentale entre les juifs et les non juifs quant à la manière dont ils perçoivent ce monde.
Les non juifs croient que le monde physique et le monde spirituel sont deux mondes complètement séparés. Ils croient qu'ils peuvent se connecter au monde spirituel en priant, mais dès qu'ils cessent de prier et s'engagent dans le monde physique, comme manger, il n'y a plus de connexion avec le monde spirituel.
Cependant, nous croyons que notre travail dans ce monde est d'infuser des étincelles de sainteté dans toutes nos actions physiques et d'élever chaque partie de notre vie.

Un juif est autorisé à apporter un Korban Shélamim, qui est mangé par celui qui l'apporte, alors qu'un non-juif n'est autorisé à apporter qu'un Korban Ola, qui est complètement brûlé.
Ils ne peuvent pas apporter un Korban Shélamim parce que nous ne voulons pas qu'ils en mangent, car ils ne reconnaissent pas que le fait d'en manger peut être transformé dans le monde spirituel.
Le peuple juif prend part aux Shélamim et les élève au rang de spiritualité.

Manger est une nécessité de la vie, et si l'on n'insuffle pas de spiritualité dans son alimentation, on est comme les non-juifs, et d'ailleurs comme toutes les créatures de la terre qui mangent de la nourriture pour vivre. Il faut manger, boire, dormir et accomplir toutes les actions physiques et banales en pensant qu'on le fait pour que son corps fonctionne correctement et qu'on puisse servir Hachem.
Celui qui dit des divré Torah lors d'une séouda (repas) élève toute sa séouda de telle sorte qu'il a l'impression d'être assis à la table de Hachem et d'y prendre part.

Il est certain que la nuit de Pessah, nous devons nous assurer de manger cette séouda de manière correcte (dans l'état d'esprit adéquat à ce grand moment, où Hachem est proche parmi nous!) afin qu'elle soit une séouda de spiritualité.

[la sortie d'Egypte marque la naissance du peuple juif. Ainsi, la partie du Séder Choul'han Orékh, doit nous faire réfléchir sur notre relation avec la matérialité, qui se doit d'être différente de celle des non juifs.
Si nous voulons être des personnes vraiment libres, nous ne devons pas être esclaves de la matérialité (vue comme une finalité), mais plutôt comme un moyen vers un but essentiel (infiniment plus grand), selon la volonté d'Hachem. ]

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-> Selon le Imré Shéfer :
La séouda que nous appelons Choul'han Orékh, que nous mangeons au milieu de notre récitation du Hallel, fait elle-même partie du Hallel, c'est une extension de notre louange à Hachem.

-> Selon le Maharid miBelz :
Pourquoi partageons-nous le Hallel en 2 parties, avec le Choul'han Orékh entre les deux?
La mitsva de Korban Pessa'h nous enseigne que même en matière de matérialité, on peut suivre la volonté d'Hachem.
La partie principale du Korban Pessah est la nourriture physique, [qui] nourrit le corps, et avec cela on est capable d'accomplir la volonté d'Hachem.

Lorsque le peuple juif mange cette nuit avec sainteté et pureté, et que, par leur alimentation, ils réalisent de nombreuses mitsvot de la Torah et déRabbanan, ils sont élevés à un grand niveau de spiritualité, de sorte que [même] le corps, et pas seulement l'âme, est élevé de telle sorte qu'on dit des chants et des louanges (chirot vétichba'hot) à Hachem.

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+ Manger un œuf :

-> Selon le Gaon de Vilna :
Il n'est pas approprié d'avoir une quelconque forme de deuil pendant le Séder, car c'est un moment de joie totale. Des œufs doivent être mangés lors de la séouda, non pas pour symboliser le deuil, mais plutôt pour commémorer le Korban 'Haguiga, qui a été apporté à Pessa'h.

-> Selon le Kol Bo :
Lors de la séouda, il existe une coutume qui consiste à manger des œufs. En araméen, "œuf" se dit "ביעה", ce qui peut également signifier "comme on le souhaite".
Nous mangeons l'œuf comme symbole du grand désir d'Hachem de libérer son peuple de Pharaon, afin qu'il puisse être le serviteur d'Hachem.

-> Selon le 'Hatam Sofer :
Nous avons la coutume de manger des oeufs à la séouda le soir du Séder. Il est établi que les oeufs sont un souvenir de deuil (Choul'han Aroukh - Yoré Déa 378:9).
Quel deuil avons-nous la nuit de Pessah?
Une coutume de nos ancêtres, remontant à l'Egypte, veut que le premier jour de Pessah soit un jour de deuil comme le 9 Av. C'est le jour où l'exil d'Egypte a été décrété ; c'est le jour où Pharaon a pris Sarah ; c'est le jour où Yaakov s'est présenté devant Pharaon lorsqu'il a dû descendre en Egypte ; et c'est le jour où l'esclavage très intense de 86 ans a commencé. [sur les années passées en Egypte, il y a eu 86 années de travail particulièrement intense.]
Aujourd'hui, ce jour s'est transformé en un jour de joie et de bonheur, ainsi par le biais d'un souvenir du deuil, nous avons la coutume de manger des œufs.

-> Selon le Mor OuKetsiya :
Il existe une coutume qui consiste à manger des œufs lors de la séouda de la nuit du Seder.
Ce Yom Tov (de Pessa'h) est rempli de joie, car nous avons été délivrés d'Egypte et pris comme serviteurs par Hachem.
Nous mangeons des œufs, ce qui est généralement un signe de deuil, pour exprimer que nous sommes arrivés à un autre Pessa'h, et que bien que nous ayons été délivrés d'Egypte, nous n'avons pas été complètement délivrés (le machia'h n'étant pas encore arrivé).
Les œufs nous rappellent que nous sommes toujours à la recherche de la géoula ultime, celle qui nous manque encore aujourd'hui.

-> Selon le Torat Emet :
Nombreux sont ceux qui ont la coutume de manger des œufs pendant la séoudah (de Pessa'h) appelée Choul'han Orékh. Quelle est la raison de ce coutume?
On dit, au nom du Izhbitzer (le Mé haChiloa'h), que les œufs font allusion à la situation de la sortie d'Eypte.
Dans la nature, lorsque des créatures naissent, la naissance se déroule en une seule étape. L'utérus de la mère s'ouvre et un enfant sort de la mère pour venir au monde. La naissance est l'étape finale nécessaire à la survie de l'espèce.
Cependant, la création d'un œuf n'est pas une étape finale, mais plutôt une étape préliminaire, car quelque chose d'autre doit se produire pour donner naissance à cette nouvelle vie. Après l'éclosion de l'œuf, c'est alors que la progéniture émerge dans le monde et que la naissance est complète.

La sortie d'Egypte ressemblait beaucoup à un œuf. Il s'agit également d'une première étape, comme l'œuf qui est créé, mais qui n'est pas encore le but ultime.
L'achèvement de la naissance viendrait plus tard, c'est-à-dire au mont Sinaï, lorsque le peuple juif serait méritant de la sainte Torah. C'est alors que la naissance fut complète et qu'une nouvelle nation naquit, le peuple juif.

Le Arizal affirme explicitement que Hachem nous a fait sortir d'Egypte afin de nous donner la Torah. C'est en recevant la Torah que nous sommes devenus des êtres humains.
Pour que nous recevions la Torah, nous devions d'abord quitter l'Egypte, comme lors de la création de l'œuf. Puis, au mont Sinaï, l'œuf a éclos, et nous étions complets. Jusqu'au mont Sinaï, le peuple juif était vraiment caché, comme le poussin dans un œuf.
Ainsi, nous mangeons l'œuf le soir du Séder pour nous rappeler qu'il s'agit de la première étape et que le but ultime de notre départ d'Egypte était de recevoir la Torah.

Se perfectionner soi-même impacte tout le klal Israël

+ Se perfectionner soi-même impacte tout le klal Israël :

-> Celui qui veut réparer le général [le peuple juif] doit d'abord réparer le particulier [sa propre personne].
En se réparant soi-même, et en transformant sa propre substance, les autres [juifs] s'éveilleront naturellement à la repentance (téchouva), car ils sont inclus en nous.
Ensuite, on pourra facilement réparer notre génération et la transformer positivement.

C'est pourquoi la guémara (Arakhin 17a) dit : "Je serais surpris qu'il y ait quelqu'un dans cette génération qui puisse accepter la réprimande". En d'autres termes, si un orateur réprimande son auditoire et ne s'inclut pas lui-même dans ses paroles, il ne fera aucune impression sur lui.
[Toldot Yaakov Yossef - p.100a ]

Aspirer à davantage de spiritualité & l’impact de la douleur de constater notre état actuel

+ Aspirer à davantage de spiritualité & l'impact de la douleur de constater notre état actuel :

-> Que se passe-t-il si l'on désire ardemment grandir [spirituellement] mais que l'on n'a pas l'impression de grandir? Si le désir de croissance [spirituelle] engendre la croissance, comment expliquer une situation où l'on désire mais où l'on ne grandit pas?

Il y a plusieurs niveaux de "désir". Il y a des "désirs" de niveau inférieur et des "désirs" de niveau supérieur :
- les désirs de niveau inférieur sont ceux que l'on souhaite avoir ;
- Les désirs de niveau supérieur sont ceux que l'on désire désespérément.

La croissance dans un domaine particulier, ou en général, ne peut pas être simplement un souhait. On doit le vouloir désespérément.
Comment savoir si l'on veut désespérément ou si l'on souhaite simplement?

Tout d'abord, il faut être clair sur ses objectifs de croissance, c'est-à-dire sur les domaines dans lesquels on veut progresser et sur ce que l'on veut accomplir. Si l'on n'a pas d'objectifs de croissance clairs, cela peut indiquer un certain manque de détermination.
L'aspiration à la croissance [spirituelle] à un niveau général n'est pas une véritable aspiration à la croissance.
C'est un souhait. Il faut avoir des objectifs clairement définis pour soi-même, à court et à long terme.

Deuxièmement, il faut avoir une sorte de plan pour atteindre ses objectifs.
Le degré de volonté d'une personne de se développer est mesuré par la quantité de planification qu'elle a faite pour réussir à se développer. Si une personne se contente de "vouloir" mais n'a pas de plan d'action, elle ne veut pas suffisamment grandir, ce n'est qu'un souhait.
Une personne qui a l'impression de ne pas réussir à grandir doit se demander s'il y a des choses qu'elle pourrait faire pour mieux faciliter sa croissance. Si c'est le cas, c'est qu'elle ne veut pas encore grandir suffisamment, et sa prochaine étape devrait consister à élaborer des plans pour atteindre ses objectifs de croissance.

Si ces deux étapes ont été franchies et que l'on a l'impression de ne toujours pas progresser, il faut se demander si l'évaluation selon laquelle on ne progresse pas est exacte.
Les domaines à évaluer sont les suivants
- Si le niveau de désir a augmenté depuis la dernière fois qu'on l'a examiné. Veut-on grandir davantage [spirituellement] aujourd'hui qu'auparavant? Si c'est le cas, on a grandi.
- Si on aurait nécessairement pris ces mesures pour atteindre ses objectifs de croissance avant aujourd'hui. Aurait-on été assez courageux, auparavant, pour planifier comme on le fait maintenant? Si ce n'est pas le cas, on est plus fort qu'on ne l'était et on a grandi même si on n'a pas encore atteint nos objectifs.

Si, après évaluation, on a l'impression qu'on ne grandit pas, il y a un autre niveau à explorer.
Il y a une nuance dans le langage de la guémara (Zéva'him 53b) concernant Binyamin et sa plainte selon laquelle Yéhouda a empiété sur son territoire.
[Binyamin était peiné par le fait qu'une bande de terre de Yéhouda traversait sa portion et réduisait son territoire en terre d'Israël. La guémara dit que grâce à cela il a mérité d'être un "hôte d'Hachem", c'est-à-dire d'avoir le Temple dans sa portion.]
Ce n'est pas simplement que Binyamin voulait la sainteté. La guémara dit qu'il était "mitstaer", peiné de ne pas l'avoir. La formulation n'est pas anodine. La guémara laisse entendre que la douleur, la souffrance, liée au désir de sainteté est en fait une étape essentielle pour l'obtenir.

L'idée est que notre ratson, notre désir de sainteté, crée un tsinor, un conduit (tuyau), pour que cette sainteté nous parvienne du Ciel. Cependant, chaque fois qu'un conduit est créé entre le Ciel et la Terre, les forces négatives, qui veulent déconnecter le matériel du spirituel, tenteront d'interférer avec la connexion et de bloquer le conduit, diminuant ainsi le flux et son effet positif.
Par conséquent, le fait même de vouloir la spiritualité peut ne pas suffire à la faire descendre le conduit (tsinor). Les forces négatives qui interfèrent doivent être neutralisées.
Lorsque nous voulons tellement grandir que cela nous fait mal, cette douleur absorbe en fait les forces négatives, permettant à la spiritualité de nous atteindre.

Le fait d'avoir mal à la spiritualité facilite notre croissance en libérant la canalisation des interférences négatives.
Le fait que Binyamin ait souffert de sa sainteté compromise est exactement ce qui lui a permis d'atteindre la sainteté. Il en va de même pour nous.
Il faut vouloir grandir si fort que cela fait mal. Cette douleur (souffrance) que nous ressentons face à notre état spirituel défaillant absorbera les forces négatives, libérera le conduit, et notre croissance [spirituelle] viendra.

C'est ce que Rabbi Akiva voulait dire (guémara Béra'hot 61b) dans sa réponse à ses élèves sur le chemin de sa mort. Il disait la lecture du Shéma, et ses élèves lui demandèrent : "Ad kan?" (jusqu'ici? Jusqu'à ce jour?). Leur question semblait porter sur la capacité de Rabbi Akiva à dire le Shéma dans des circonstances aussi difficiles.

Il répondit que toute sa vie, il avait été "mitstaer", en proie à la douleur, parce qu'il n'avait pas eu l'occasion d'accomplir la mitsva de "bé'hol nafché'ha", c'est-à-dire de donner sa vie pour sanctifier le nom d'Hachem. Maintenant que l'occasion est arrivée, "lo akayeménou" (je ne l'accomplirai pas?).

Ce que rabbi Akiva voulait dire, c'est que ce n'était pas simplement parce qu'il voulait accomplir cette mitsva. Au contraire, il souffrait de ne pas pouvoir l'accomplir.
Sa ratson (volonté) et sa douleur combinés lui permettaient en fait d'accomplir la mitsva au plus haut niveau, sans être perturbé par la torture qu'il subissait.
Sa réponse "lo akayeménou?", réponda à la question "comment ma mitsva pourrait-elle être perturbée? Je la désirais tellement, je souffrais pour elle, mon désir et ma douleur ont généré ma capacité à accomplir cette mitsva au niveau le plus élevé.

Vouloir, définir et planifier la croissance génère la croissance. Le fait que nous soyons désemparés par nos défis spirituels peut être exactement ce dont nous avons besoin pour les surmonter.
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Ekev 5701 (1941) ]

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=> Si quelqu'un veut grandir mais ne grandit pas, c'est qu'il ne veut pas grandir suffisamment.
[nos souffrances sur notre état spirituel actuel dans une optique d'aspirer à davantage, ne doit pas nous pousser à désespérer, au contraire c'est un actif énorme aux yeux d'Hachem, qui permettra au conduit de transmettre de belles choses du Ciel sans que les forces négatives puissent y toucher. ]

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+ Donner de la profondeur à notre aspiration :

-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira (Tsav vézirouz - ot 24) conseille à quelqu'un qui désire ardemment grandir spirituellement d'imaginer qu'il est un tsadik et il doit penser à la puissance de son âme à la racine, et à la gloire qu'il aura lorsque Hachem et Ses saints viendront être avec lui et marcheront avec son âme dans le Gan Eden.
[on peut imaginer la place que l'on aura éternellement, ou bien nos ancêtres, nos proches, qui verront tout ce qu'on aura pu faire de notre vie (sur ce qu'on aurait pu faire). ]
Le rav Shapira écrit que pour celui qui fait cela : "il est impossible que nous ne soyons pas incité à (traiter notre âme avec) une plus grande prudence pour ne pas salir sa splendide grandeur (pour) lorsqu'elle sera remise dans les bras du Roi du Monde (après la mort). Et le désir de mériter cela sera éveillé en vous, (un désir) qui s'étendra jusqu'à la fin de votre âme".
En général, la stratégie consistant à imaginer la personne que l'on veut être peut être utile pour identifier les domaines sur lesquels on doit encore travailler.

[l'idée est que le désir de grandir spirituellement, doit devenir quelque chose de vivant, et pas seulement théorique, de simples paroles/pensées. Au quotidien, on doit trouver des choses qui nous motivent à aspirer au maximum à être proche d'Hachem, à davantage Le connaître, faire Sa volonté, ... ]

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+ Avoir confiance en sa valeur interne :

-> Selon le rav Shapira :
Un "désir" doit avoir un plan et doit être accompagné d'une conviction sincère pour être réellement accompli.
En général, la croissance [spirituelle] exige que l'on croie en sa propre valeur et en sa capacité d'accomplissement.

-> Le Zéra Kodech (Lé'h Lé'ha) va encore plus loin en déclarant : peu importe d'où l'on vient, même s'il s'agit des plus profondes bassesses spirituelles, il faut croire en ce que l'on peut devenir.
Il écrit que c'est le message qu'Hachem a adressé à Avraham lorsqu'il lui a dit : "Lé'h Lé'ha". [certes fais téchouva, mais quitte cette réalité de toi (pouvant être horrible) pour un désir d'un idéal très élevé.
D'une certaine façon : "lé'h lé'ha" = quitte ce mauvais/mal spirituel qui est un fait extérieur, et va vers ton essence, ce que tu es au fond de toi (une partie de D. qui reste toujours pure), et qui peut atteindre des hauteurs spirituelles infinies (à l'image d'Hachem). ]
Sans cela, notre désir n'est pas un désir mais un souhait, et on n'atteindra pas nécessairement le résultat espéré.

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-> Lorsque le rav Shapira parle de devoir souffrir de vouloir tellement grandir spirituellement, on peut expliquer que le désir de grandir devrait nous rendre mal à l'aise avec la façon dont les choses sont actuellement, et plus nous sommes mal à l'aise, mieux c'est.
Il est évident que le Rabbi ne nous encourage pas à nous sentir mal à l'aise avec nous-mêmes ou avec ce que nous sommes.
[selon nos Sages "saméa'h bé'helko" (satisfaire de ce que l'on a dans la vie), implique être content avec ce que l'on a matériellement, et spirituellement. Certes on doit être joyeux de notre vie, mais on doit avec de courts moments quotidien où l'on exprime notre tristesse, notre insatisfaction, comme une prière, un cri de désespoir à Hachem (je veux plus Te connaître, étudier, faire de mitsvot, avoir des ressources pour faire Ta volonté, ...). ]
Le rav Shapira nous encourage à reconnaître notre potentiel de grandeur, à être stupéfaits par ce que nous pouvons devenir, à désespérer de le devenir et à souffrir de ne pas l'avoir encore fait.

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-> Dans les mots exactes du le rav Shapira :
"Ce qu'il (Binyamin) a tant accompli en vertu du fait qu'il en a été peiné n'est pas seulement parce qu'il (la douleur) crée plus de volonté, mais parce que le ratson fonctionne pour faire descendre la bonté et la lumière, et la douleur qu'il a ressentie a fonctionné pour supprimer le din (Rigueur) et la contraction [de la lumière] qui cachait et dissimulait le flux et l'influence d'en-Haut.
Il en résulte que le ratson (désir, volonté) facilite la lumière et que la douleur s'oppose à la dissimulation de la lumière ...

Par le fait qu'il l'a désiré et qu'il a également souffert (de ne pas l'avoir), alors par son grand désir d'une portion de sainteté, il l'a méritée ...

Par conséquent, dans la mesure où un juif veut servir Hachem et devenir saint avec Sa sainteté, et aussi [qu'il est] peiné par ses défauts qu'il trouve en lui-même et qu'il n'a pas [encore] rendus saints, cela (la douleur) fonctionne pour supprimer la contraction et la dissimulation [qui est] en lui, et tirer vers le bas Sa sainteté [d'Hachem], véritablement sur lui."

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-> Le Baal Chem Tov donne l'analogie pour nous renforcer lorsque l'on est confronté à des défis de croissance et à des échecs.
Un roi qui entoure son palais de murs, de portes, de rivières et de feu, autant d'illusions d'optique.
Ceux qui veulent désespérément voir le roi tenteront d'escalader les murs et les portes, de traverser les rivières et de sauter par-dessus le feu, avant de découvrir qu'il ne s'agit que d'illusions.
Ceux qui ne sont pas intéressés par le défi rentreront simplement chez eux.

L'idée du Baal Chem Tov est que les défis auxquels nous sommes confrontés en servant Hachem ont été mis en place par Hachem. Nous pouvons avoir l'impression qu'Hachem nous empêche de nous rapprocher de Lui, mais ce n'est qu'une illusion.
Ceux qui veulent et sont prêts à dépasser les limites verront qu'il n'y a rien d'autre à faire. Ceux qui veulent et essaient mériteront de voir le Roi.

[ainsi la vie est un chemin avec des embûche personnalisée par Hachem, et nous but est de toujours garder l'espoir, le désir et l'ambition d'avancer le plus possible pour être au plus proche d'Hachem dans l'éternité du monde à Venir. ]

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-> Il est important de garder à l'esprit que même avec les conseils de ce dvar Torah, il peut s'écouler un certain temps avant que la croissance ne se fasse sentir ; il est rare que quelque chose se produise immédiatement.

L’importance de transformer notre désespoir de grandir spirituellement en un désir ardent

+ L'importance de transformer notre désespoir de grandir spirituellement en un désir ardent :

-> Que fait-on si l'on est tellement brisé par les circonstances de la vie que l'on a l'impression de ne pouvoir rien faire pour notre spiritualité, même pas pour avoir de la émouna que ses difficultés sont pour le bien? Quel type de croissance peut-on faire lorsque l'on n'a pas la force de grandir [spirituellement]?

Chaque circonstance est une opportunité de croissance, même lorsque l'on a l'impression d'abandonner la croissance. La façon de grandir lorsque l'on a renoncé à grandir est de transformer ses sentiments de désespoir en désir ardent.

Le désespoir, c'est quand on a l'impression qu'il est impossible de grandir.
Le désir ardent [à aspirer à davantage de spiritualité] est le désir de grandir même si cela semble impossible.

La différence est légère mais cruciale. Le désir ardent reconnaît le sentiment que la croissance est impossible, mais en même temps il le canalise en un désir profond de surmonter les circonstances, malgré le sentiment que c'est impossible.

En pratique, l'approche à adopter face à un sentiment de désespoir dans sa croissance [spirituelle] est de s'autoriser à le ressentir. Lorsque ce sentiment est intense, le canaliser en un désir profond et une aspiration désespérée à surmonter l'impossibilité et à croître.

Le fait même de transformer son désespoir de grandir en un désir de grandir est un acte de croissance en soi, puisqu'il a transformé ses sentiments négatifs à l'égard de la croissance en une motivation à le faire.

De plus, ce changement permet d'atteindre la sainteté et, en fait, un niveau de développement spirituel qui répond exactement à ce que signifie faire partie du peuple juif.
En d'autres termes, le travail du peuple juif consiste à faire ressortir la sainteté de tout ce qui se trouve dans ce monde physique. Tout peut, et doit, être rendu saint.
Les sentiments doivent également être sanctifiés. En transformant nos sentiments de désespoir en sainteté, on a sanctifié notre désespoir.
Le désespoir éloigne d'Hachem, alors que l'aspiration [à davantage de grandeur spirituelle] est sainte.
Les sentiments de désespoir sont des occasions de sainteté si nous les canalisons en désir. "
[...]

Tout peut être rendu saint. En transformant le désespoir en désir (aspirations), c'est exactement ce que nous avons fait, et c'est un acte de croissance.

Mais l'idée va encore plus loin. Ce n'est pas simplement que le désir de croissance est lui-même une croissance et rend le désespoir saint, mais qu'en fait, le désir de croissance génère plus de croissance.

Le guémara (Zéva'him 53b) dit que Binyamin était peiné par le fait qu'une bande de terre de Yéhouda traversait sa portion et réduisait son territoire en terre d'Israël. La guémara dit que grâce à cela il a mérité d'être un "hôte d'Hachem", c'est-à-dire d'avoir le Temple dans sa portion.
La Guemara est difficile. Pourquoi la réponse d'Hachem à la plainte de Binyamin a-t-elle été que le Temple serait dans sa portion? Binyamin était contrarié par la terre ; pourquoi le Temple le satisferait-il?

Cependant, la Guemara nous révèle que c'est le désir même de spiritualité qui l'engendre.
Binyamin voulait la sainteté. Il voulait plus de terre d'Israël parce qu'il voulait la sainteté.
Il voulait la sainteté, et il l'a obtenue, il a obtenu le Temple, le lieu ultime de la sainteté.
Le [grand] désir de Binyamin pour la spiritualité l'a finalement générée.

Lorsqu'une personne transforme son désespoir en désir ardent, elle ne réussit pas seulement à grandir et à atteindre la sainteté, mais elle génère en fait sa propre croissance.
Le désir de spiritualité engendre la spiritualité.
En ce qui concerne la spiritualité, plus on le désire, plus on l'aura.

Des sources (ex: Sfat Emet Béchala'h 5651 ; Toldot Yaakov Yossef - Vaét'hanan) soulignent que le mot "ratson" (désir - רָצוֹן), a les mêmes lettres que "tsinor" (un conduit, un tuyau).
Ils expliquent que le désir que nous avons pour la spiritualité crée en fait un conduit pour l'amener à nous.
Lorsque nous luttons spirituellement, le désir ardent que les choses changent est ce qui peut faire changer les choses.

En transformant ses sentiments de désespoir en désir ardent, on peut parvenir à la croissance et à la sainteté. Même si les circonstances qui rendent les choses difficiles ne changent pas, nous pouvons changer ... si nous le voulons.

[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - Aish Kodech - Ekev 5701 ; Vaéra 5702 ]

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=> Transformer un désespoir de grandir [spirituellement] en désir ardent de grandir [spirituellement] est un acte de croissance, génère de la croissance et nous rend saints.

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-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira rapporte souvent dans ses ouvrages que :
chaque circonstance de la vie dans laquelle une personne se trouve doit être canalisée vers la avoda (service d'Hachem), même les moments où l'inspiration manque.
La définition de avodat Hachem est de dédier chaque moment de sa vie à Hachem, et pas seulement les moments où nous sommes inspirés (ex: fatigué, malade), [où tout se passe comme on le veut].
[ ma avodat Hachem n'est pas top top, mais c'est dans cet état qu'Hachem désir que je Le serve, alors je le fais de mon mieux avec joie et confiance. ]

-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira (Déré'h haMélé'h - Vayigach 5689) enseigne :
les sentiments de désespoir et d'inquiétude que l'on ressent en pensant à son faible état spirituel sont en fait notre âme qui nous parle. C'est l'étincelle de sainteté (nitsots kédoucha) en nous qui veut désespérément s'améliorer.
Ces sentiments de désespoir peuvent en réalité nous amener à la joie lorsque nous réalisons qu'ils sont les voix de la partie de nous-mêmes qui est encore inspirée. Et elles nous appellent malgré notre manque d'inspiration.

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-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira (Déré'h haMélé'h - Ekev) écrit que le désir de croissance spirituelle est en réalité, d'un point de vue pratique, une étape importante vers la croissance. Il conseille à une personne d'imaginer et de rêver à ce qu'elle serait si elle atteignait un ou plusieurs objectifs spirituels particuliers, sa grandeur, sa fierté, sa stature, sa sainteté.
Il explique que le fait d'imaginer ce que l'on serait si l'on atteignait son objectif peut être un puissant facteur de motivation pour l'atteindre. En d'autres termes, il faut penser à ce que l'on pourrait être, rêver à ce que l'on peut devenir.
Ce faisant, on allume le "ratson hapénimi" (volonté intérieure) pour le devenir.

Selon le rav Shapira (Déré'h haMélé'h - Shavouot), chaque juif n'a pas seulement un désir intérieur de faire le bien, mais une aspiration à la grandeur [spirituelle], et qu'il faut être sensible et ressentir sa poussée intérieure naturelle pour réaliser son potentiel personnel.

[la joie est quand notre intériorité est en accord avec nos actes, nos aspirations sincères. Ainsi, une vie où l'on n'a pas d'ambition spirituelle, est en décalage avec la nature de notre intériorité, et cela génère un sentiment de mal être intérieur. ]

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-> Le Tiféret Shlomo (Likoutim - drouch léMatan Torah) va jusqu'à dire que le désir (ratson) même de faire une mitsva quand on ne peut pas est considéré par Hachem comme si on avait fait la mitsva.

[voir également le Réchit 'Hokhma - Mahadourat Yérouchalayim - Hakdamat Hame'haber - ot 22-23, qui tire ce concept de nombreux endroits dans nos Sages et les Richonim. ]

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-> "Le pouvoir du désir d'un juif vient du fait qu'il est connecté au désir d'Hachem, et lorsqu'il est enflammé à l'intérieur du juif, il active celui d'Hachem."
[rav Kalonymos Kalman Shapira - le rabbi de Piaseczno - 'Hovat haTalmidim - chap.11 ]

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+ La grandeur de tout juif = Aspirer à davantage permet de changer la réalité :

-> Il s'agit là d'un point crucial. Le point de vue du rav Shapira n'est pas que si nous voulons vraiment que nos circonstances changent, elles changeront. Ce qu'il veut dire, c'est que nous pouvons changer, même si nos circonstances ne changent pas, si nous le voulons suffisamment.
Hachem contrôle nos circonstances, mais c'est nous qui contrôlons notre croissance. Hachem peut décider que nos circonstances doivent être d'une certaine façon, et si c'est le cas, notre désir que les choses soient différentes n'y changera rien.
Notre travail consiste à nous développer. Le reste dépend d'Hachem.

Néanmoins, le rav Shapira (Aish Kodech - Béhaaloté'ha 5700) recommande une stratégie pour changer les circonstances en souhaitant que les circonstances changent dans l'intérêt de notre croissance spirituelle.
Bien qu'en fin de compte, c'est Hachem qui détermine si les circonstances changeront ou non, le rav Shapira conseille cette stratégie comme étant efficace.

Le fait même que nous prions pour un avenir meilleur peut affecter notre avoda même aujourd'hui. Le désir sincère qu'Hachem mette fin à la douleur d'une personne afin qu'elle puisse mieux Le servir peut en fait engendrer la fin de la douleur aujourd'hui.
Notre désir ardent d'être proche d'Hachem peut mettre fin à la douleur qui nous en empêche, puisque le désir crée la réalité.

Le fait de vouloir davantage de spiritualité crée davantage de spiritualité et dissout les obstacles qui interfèrent avec la spiritualité, y compris la douleur et la souffrance.
Par conséquent, une prière pour la spiritualité génère une fin à la douleur qui l'annule, parce que le fondement de la prière est le désir ardent, et le désir ardent crée la réalité.
[voir aussi à ce sujet le Noam Elimélé'h - Haazinou]

Lorsque notre situation rend la avodat Hachem difficile, la avoda consiste à vouloir que les circonstances changent afin d'améliorer la avoda.
Le fait d'aspirer à une meilleure avodat Hachem demain peut en fait générer une meilleure avoda aujourd'hui.

L'aspiration à la spiritualité peut générer une réalité spirituelle. [notre réalité dépend de notre aspiration! ]
Tout juif peut déterminer sa réalité en la voulant dans l'intérêt de la croissance et de la spiritualité, est en fait une composante de la grandeur d'être de tout juif.

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-> Rabbi Elimélé'h de Lizhensk (dans sa Téfila Kodem HaTéfila) écrit : "Nous devrions mériter d'atteindre les niveaux élevés de nos saints ancêtres Avraham, Its'hak et Yaakov."
Cette prière, explique le rav Shapira, est par essence l'expression d'un désir de croissance et, à la lumière de ce qu'il écrit ici, génère en fait une croissance lorsque nous la prononçons.

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+ Le remède à la paresse = l'aspiration à la grandeur spirituelle :

-> Le rav Kalonymos Kalman Shapira enseigne :
La racine de la paresse est la terre, l'opposé du Ciel.
La terre est la nourriture d'Amalek, comme le dit le verset lorsque le serpent est maudit (Béréchit 3,14) : "Et tu mangeras de la (poussière de la) terre", et dans Yéchayahou (65:25), ""Et pour le serpent, la terre est son pain"(véhana'hach afar la'hmo).

Pourquoi le fait que la racine de la paresse soit la terre l'empêche d'être canalisée positivement. Apparemment, une personne paresseuse devrait être capable de canaliser sa paresse, par exemple, pour ne pas faire le mal. Pourquoi ne serait-ce pas quelque chose de positif?

Le rav Shapira explique que la paresse est en conflit avec la nature même de l'âme juive.
L'âme juive est indescriptiblement élevée, plus élevée que ce que nous pouvons percevoir du Ciel. La terre basse de la paresse en est la dimension la plus éloignée. La paresse éloigne l'âme de ses racines élevées.

Le rav Shapira explique ensuite que la paresse est la racine du désespoir, et c'est ce qui rend le désespoir si dangereux. Celui qui est enfermé dans le désespoir a enchaîné son âme à la terre, à l'endroit le plus éloigné de sa racine, et cela commence lentement à lui nuire.
[il ajoute que c'est la raison pour laquelle, lorsqu'on est désespéré, on peut avoir l'impression de perdre la émouna. La émouna est l'état naturel de l'âme d'une personne. ]
Lorsqu'on est atteint par le désespoir, notre âme, la source de notre émouna, est tirée vers le bas, et notre émouna peut également être atteinte.

[selon le rav Shapira, le fait de vouloir et d'avoir envie d'Hachem fait partie de la mitsva de la émouna. Si quelqu'un a développé un plus grand désir de grandir, il a construit une émouna plus forte. ]

Quoi qu'il en soit, c'est la raison pour laquelle le processus de sanctification du désespoir exige de transformer le désespoir en désir ardent et non pas simplement de le sanctifier, comme c'est le cas pour les autres midot.
Le désespoir est enraciné dans la paresse, et la paresse est la terre, qui est l'opposé du Ciel. Par conséquent, il ne peut pas devenir saint et doit être transformé en désir ardent.

Shavouot – Ne désespérez pas et faites téchouva

+ Shavouot - Ne désespérez pas et faites téchouva :

-> Lorsque nous avons reçu la Torah au mont Sinaï, Hachem dit : "Vous avez vu ce que j'ai fait aux égyptiens ; vous, Je vous ai portés sur l'aile des aigles, je vous ai rapprochés de moi" (Yitro 19,4).
Pourquoi sommes-nous élevés spécifiquement par un aigle?

Le Yisma'h Israël répond qu'un aigle mue de temps en temps et fait pousser de nouvelles plumes (voir Rachi sur Téhilim 103,5). Hachem dit qu'Il nous porterait sur un aigle pour nous faire comprendre que nous ne devons jamais désespérer ou penser qu'il n'y a plus d'espoir à cause de nos nombreuses fautes.
Même si nous fautons et que nous avons l'impression que "nos plumes sont tombées", nous ne devons pas désespérer car nous pouvons faire téchouva et recommencer à zéro.
Tout comme un aigle fait pousser de nouvelles plumes, nous pouvons totalement nous renouveler grâce à la téchouva et recommencer à zéro (comme si on était une nouvelle personne, toute pure).

[ce message est si vital pour tout juif, qui ne doit jamais désespérer spirituellement, que Hachem l'a transmis au moment du don de la Torah. ]

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+ A chaque Shavouot = Hachem nous donne personnellement la Torah, signe qu'Il nous aime et a confiance en nous :

-> Le rav David de Lelov explique le verset : "Et vous serez pour Moi un "am ségoula"" (Yitro19,5), ce qui signifie que nous serons comme un "séguol". Un "séguol" est composé de trois points formant un triangle. Peu importe comment vous le tournez, il restera toujours un triangle. Il conservera toujours la même forme.

C'est la promesse que Hachem a faite [au mont Sinaï] à peuple juif.
Peu importe combien nous tombons par nos fautes et combien de problèmes et de défis nous traversons, notre forme essentielle ne changera jamais. [chaque juif reste toujours aimé et important aux yeux d'Hachem, peu importe ce qu'il a pu faire de mal. Ainsi, nous ne devons jamais désespérer de notre situation spirituelle, ou bien avoir un manque de confiance spirituelle. ]
C'est ce que disent nos Sages (guémara Sanhédrin 44a) : "Même si Israël faute, il reste Israël".

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-> Le Beit Aharon écrit que chaque année, à Shavouot, une personne doit croire qu'elle va désormais faire techouva et se purifier.

La règle est qu'une personne doit être joyeuse lorsqu'elle reçoit la Torah, car chacun reçoit autant de Torah qu'il peut en supporter à son niveau.
On doit croire qu'on fera téchouva et qu'on atteindra [grâce à Shavouot] un niveau supérieur, et si on a cette émouna, on atteindra en effet un niveau [spirituel] plus élevé, à condition qu'on accepte de le faire avec un cœur sincère.

Shavouot n’a pas de mitsva spécifique

+ Shavouot n'a pas de mitsva spécifique :

-> Pessa'h et Souccot sont deux fêtes qui nous rappellent notre sortie d'Egypte, et toutes deux ont leurs propres mitsvot.
A Pessa'h, nous mangeons du pain azyme (matsa) et nous abstenons de 'hamets, et à Souccot, nous nous asseyons dans une soucca.
Shavouot, le jour qui nous rappelle comment nous avons reçu la Torah, n'a cependant pas de mitsva qui lui soit propre. Pourquoi cela?

Le séfer Beit Elokim (chaar Hayessodot 37) répond qu'il ne serait pas possible d'avoir une mitsva spécifique pour Shavouot, car les 10 Commandements ont été données ce jour-là et elles englobent toute la Torah, que nous observons toute l'année. Par conséquent, nous ne pouvons pas avoir de mitsva qui ne s'applique uniquement à ce jour-là, car Shavouot est pertinent tout au long de l'année.

Le soir du Séder

+ Le soir du Séder :

-> Le Chlah Hakadoch écrit :
La sainteté de cette nuit (du Séder), avec toutes les hala'hot et les coutumes, est extrêmement élevée.
En cette nuit, Hachem nous a choisis parmi toutes les nations et nous a sanctifiés par Ses mitsvot.
Il convient donc de veiller à ne prononcer aucune parole banale ce soir-là et d'en informer sa famille.
Rien ne doit interrompre l'attachement d'une personne avec Hachem, même un instant. Il faut plutôt se plonger dans les mitsvot de la nuit et raconter l'histoire des miracles à sa famille.

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-> Les décisionnaires (poskim) disent que "Mah Nichtana" doit être récité sous forme de questions - réponses, une personne posant la question et une autre répondant. Mais même si une personne est seule, elle doit se poser la question et répondre à elle-même.

Le rabbi de Plotzk (séfer Bir'hat Hachir) explique, en citant le Zohar ('helek 2, 40b), que lorsque le peuple juif raconte le récit de la sortie d'Egypte la nuit de Pessa’h, Hachem rassemble ses anges pour l’écouter.
Cela signifie qu’une personne n’est jamais vraiment seule cette nuit-là. Elle est avec Hachem et de nombreux anges qui viennent l’écouter. [on doit réellement s'imaginer que notre papa Hachem est comme assis en face de nous, fier et joyeux de nous voir faire Sa volonté. ]
Ainsi, même sans personne, on peut poser nos questions, et c’est comme si on les posait à l’assemblée Céleste qui nous accompagne en cette nuit.

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-> Le 'Hozé de Lublin disait qu’en racontant le récit de la sortie d'Egypte, on peut accomplir des miracles et des prodiges.
En effet, nos séfarim Hakédochim disent que parler des miracles des générations passées réveille leur influence et permet aux miracles d’aujourd’hui de se produire, et cela s’applique particulièrement aux miracles de Pessa'h.

-> Le Maguid de Zlotchov disait que réciter les paroles de la Torah concernant la sortie d'Egypte ravive la puissance de ces miracles, car tout réside dans les paroles de la Torah.

-> Le verset dit : "Quand tu te diras : Ces nations sont plus nombreuses que moi ; comment pourrai-je les chasser? Tu ne les craindras pas. Tu te souviendras certainement de ce que Hachem, ton D., a fait à Pharaon et à toute l’Égypte" (Ekev 7,17-18).

Le Bné Yissa'har (Nissan - maamar 5 - ot 10) déclare : "C'est une ségoula pour être sauvé de toutes les nations et les vaincre. En évoquant les miracles accomplis par Hachem pour vaincre les égyptiens, on pourra être sauvé de toutes les nations, de toute souffrance et de toute douleur."

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-> Le Beit Aharon de Karlin explique pourquoi Pessa’h est appelé "Zman 'hérouténou" en précisant que le mot 'hérout, peut signifier "gravé" (comme dans Ki Tissa 32,16 : 'hérout al halou'hot - gravé sur les lou'hot).
Il écrit que Pessa’h est un moment propice pour graver d’importantes leçons dans nos cœurs afin qu’elles nous accompagnent tout au long de l’année à venir.

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+ Se sentir libre :

-> Le rav Tsadok HaCohen de Lublin explique pourquoi cette fête de Pessa'h est appelée "zman 'hérouténou" en disant qu'en ce jour, une grande lumière est créée dans le cœur de chaque juif.
Cette lumière nous permet de voir que nous sommes des hommes libres, libres de toute influence terrestre.
Certains prétendent être tellement "accros" à la faute et aux désirs terrestres qu'ils ont perdu leur libre arbitre. C'est une pure erreur, comme le montre l'histoire de la nation qui a quitté l'Egypte. Ils étaient tombés à un niveau spirituel très bas, mais Hachem a eu pitié d'eux et les a relevés de leur dépravation vers la sainteté.

La grande lumière de cette délivrance se renouvelle chaque année à Pessa'h. Elle nous permet d'être des hommes véritablement libres, de nous connecter à Hachem et de Le servir.

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-> Le séfer Yisma'h Israël (Pessa'h - ot 85) enseigne que même si un père a un fils racha, il peut le ramener à la téchouva (donc vers le bien), grâce aux influences (la grande lumière spirituelle) de la nuit de Pessa'h.

-> Le séfer Tiféret Shmouel (Pessa'h - ot 24) dit qu’il est clair que le récit de la sortie d'Egypte inspire positivement le cœur de chaque personnes. Même ceux qui sont très bas (spirituellement), qui vivent dans l’obscurité et dont la vie peut être comparée à la "nuit", sont touchées par ce récit.
[le récit de la sortie d'Egypte apporte de la lumière spirituelle à tous les juifs, même le plus racha. ]

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+ Ressentir la sainteté même sans se débarrasser de l'impureté :

-> Chacun peut ressentir la sainteté de cette nuit. Le rabbi Kossov (séfer Torat 'Haïm) explique les deux premiers simanim du Séder : Kadech et Our'hatz, en disant que toutes les autres nuits, il faut d’abord se laver de son impureté avant de tenter d’atteindre la sainteté (kédoucha). En revanche, à Pessa’h, nous commémorons comment Hachem a élevé la nation [juive] du 49e degré d’impureté et l’a amenée à un niveau élevé de sainteté.
De même, chaque année à Pessa'h, il faut avoir la émouna afin que, même sans s’être complètement préparé en éliminant toute trace de faute, on puisse devenir saint.
Ainsi, nous pouvons faire "Kadech" (se sanctifier) et nous élever à un niveau élevé de sainteté avant même de faire "Our'hatz" et d’éliminer l’impureté (symbolisé par le fait de se nettoyer les mains).

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+ Un moment de grand amour d'Hachem pour tout juif :

-> Le Sfat Emet écrit que si l'on peut atteindre de grandes hauteurs spirituelles à Pessa'h, même sans avoir complètement éliminé nos impuretés (issues de nos fautes), c’est parce que Pessa’h représente "ahava" (amour).
Au moment de Pessa'h, l'amour d’Hachem pour le peuple juif augmente (spontanément) et l'amour déforme la perception des choses (ex: l'amour rend aveugle) . Ainsi, Hachem accroît notre niveau de sainteté, même si nous ne le méritons pas.

Le verset le suggère : "Nous le mangeons avec des matsot et du marror" (Béaaloté'ha 9,11). Cela signifie que même si une personne est "comme le marror", c’est-à-dire qu’elle contient encore des éléments amers du yétser ara, elle peut néanmoins bénéficier des bienfaits du Korban Pessa'h.

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+ Hachem révèle Son amour :

-> En cette nuit du Séder, le peuple juif reçoit une dose supplémentaire d'amour de la part de Hachem.
Le Tiféret Shlomo écrit que cette nuit, Hachem "embrasse", pour ainsi dire, chaque juif.

Le verset dit : "A minuit, je sortirai au milieu de l'Egypte" (Bo 11,5). Toutes les nuits à minuit, Hachem entre au Gan Eden pour se connecter aux Tsadikim (Zohar II 36:20), mais cette nuit-là, au lieu d'aller au Gan Eden, il vient chez nous pendant que nous célébrons le Séder.

Le verset dit : "Et Hachem a sauvé cette nuit-là" (Béchala'h 14,30). Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi) écrit qu'il y a des jours où Hachem comble de bienfaits le peuple juif et manifeste Son amour (juste par le fait que nous sommes Ses enfants), et le jour où cela se ressent le plus est "cette nuit-là" de Pessa'h.

[nos Sages disent que lorsque Hachem est passé sur les maisons des premiers-nés juifs (sans les tuer à la différence des égyptiens), Il dansait de joie sur chaque juif qui se trouvait dans cette maison.
D'une certaine façon cela se reproduit chaque année, au Séder Hachem se réjouit et aime davantage chaque juif.
En plus de recevoir des bénédictions avec largesse, il y a le principe de l'eau qui renvoie notre visage (reflet), ainsi ce surcroît d'amour d'Hachem pour chaque juif, fait que nous avons dans notre cœur un surcroît d'amour et d'affection réciproque pour papa Hachem. ]

-> Le midrach (Bamidbar rabba 11,3) rapporte qu'au moment de la sortie d'Egypte, le sang du korban Pessa'h se mêla à celui de la circoncision (Mila). Hachem prit alors chaque juif, les "embrassa" et les bénit.
[d'une certaine façon, cela se reproduit chaque année à Pessa'h, où tout juif est embrassé d'amour infini par Hachem. ]

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+ Eveiller la miséricorde Céleste :

-> Le Rama miPano (séfer midrach Bé'Hidouch) écrit que raconter le récit de la sortie d'Egypte suscite la miséricorde Céleste.
A ce moment-là, Hachem dit à Ses anges : "Mes enfants méritent que de nouveaux miracles soient accomplis pour eux. Voyez comme ils expriment encore leur gratitude pour les miracles que j'ai accomplis pour eux il y a tant d'années! Ils s'en souviennent chaque année!"

C'est pourquoi nous disons que quiconque consacre davantage de temps à raconter le récit de la sortie d'Egypte est digne de louanges. Plus on la raconte, plus la miséricorde Céleste (d'Hachem) s'éveille.

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+ Comme le Cohen Gadol :

-> La sainteté que nous pouvons atteindre à Pessa’h est similaire à la sainteté du Cohen Gadol lorsqu’il entre dans le Kodech Kodachim (le Saint des Saints).
Le Maharal écrit que la raison pour laquelle certains ont la coutume de porter un kittel (tunique blanche) au Séder est de montrer que cette nuit-là, chaque juif peut atteindre le niveau du Kohen Gadol et que chaque maison est comme le Kodech Kodachim.

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+ Protection pour toute l'année :

-> Le séfer Tiféret Shlomo explique que cette nuit (du Séder) a le pouvoir de protéger chaque nuit de l'année. Le mot "shimourim" (littéralement "protections") est écrit au pluriel pour indiquer qu'il désigne chaque nuit de l'année à venir.

-> Le Sfat Emet (Pessa'h 5652) écrit que la protection de la nuit de Pessa'h demeure toute l'année et perdure jusqu'à aujourd'hui.
Il ajoute que si nous mettons de côté un morceau de l'Afikoman, c'est pour symboliser qu'un morceau de cette protection est mis de côté pour durer éternellement.

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+ Protéger sa bouche pour toute l'année :

-> Le verset dit : "Afin que la Torah de Hachem soit dans ta bouche" (Bo 13,9).
Le rabbi d'Izhbitz (Mé Hachiloa'h - parachat Bo) explique que le premier soir de Pessa'h, Hachem nous ordonne de purifier notre bouche en mangeant des matsot et en buvant les 4 verres de vin.
Ce faisant, notre bouche est sanctifiée pour toute l'année et nous sommes protégés de mettre par inadvertance toute chose interdite dans notre bouche.
Nous récitons également le récit de la sortie d'Egypte, qui sanctifie notre bouche jusqu'aux paroles que nous prononçons.
Une fois le récit de la sortie d'Egypte récité, notre bouche est protégée des paroles interdites. Par conséquent, le verset affirme que la Torah d'Hachem sera dans notre bouche et que ces paroles la sanctifieront et la protégeront de la faute.

-> Le Maor Vachémech écrit que c'est la raison pour laquelle cette fête est appelée "Pessa'h", ce qui peut se lire : "pé sa'h", la bouche parle, car nous utilisons notre bouche ce jour-là pour sanctifier nos paroles et nous protéger de tout ce qui est interdit.
Il poursuit en affirmant que manger de la matsa est un remède qui protège chaque juif, tout au long de l'année, de la consommation du " 'hamets pour l'âme". La sainteté de la matsa nous protège de l'absorption de tout ce qui pourrait nuire à notre âme.

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+ Rectifier ce qui a été dit toute l'année :

-> Le Ben Ich 'Haï ('hélek 4 - drouch pour Shabbat Hagadol 3) écrit que lorsqu'on accomplit la mitsva de la Torah de raconter de la sortie d'Egypte, on peut expier toutes les fautes commises oralement tout au long de l'année.
Par conséquent, il faut penser à la téchouva pendant la réalisation de cette mitsva et s'efforcer de ne plus prononcer de telles paroles à l'avenir.

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+ Une élévation pour toute l'année :

-> Le verset dit : "Et Je traversai le pays d'Egypte cette nuit-là" (Bo 12,12).
Le Tiféret Shlomo dit que nous "traversâmes" dans le sens où nous passâmes inaperçus (aux yeux de d'Hachem).
Cela indique qu'Hachem ignore nos défauts cette nuit-là (du Séder) et ne considère que nos bons côtés.
Cette nuit est appelée "Pessa'h", ce qui signifie "sauter" (passer au-dessus), car Hachem ignore nos fautes cette nuit-là et ne voit que notre bonté.
Ainsi, nous pouvons recevoir une aliya (élévation spirituelle) à Pessa'h qui dure toute l'année à venir.

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+ L'empreinte de Pessa'h pour toute l'année :

-> Nous récitons dans la Haggada : "C'est une mitsva sur nous de raconter le récit de la sortie d'Égypte".
Le rav Yé'hiel Alexander explique que le but principal de cette mitsva est de laisser une empreinte durable sur celui qui l'accomplit. Ainsi, la mitsva est "sur nous", car elle est censée nous améliorer et nous élever. Son empreinte est censée nous accompagner toute l'année qui suit.

-> De même, le verset dit : "Ou'sfartem la'hem mima'horat haShabbath" (et vous compterez pour vous-mêmes à partir du lendemain de Shabbat - Emor 23,15).
Le Avodat Israël explique que le mot "ou'sfartem" signifie "saphir" (diamant). Ainsi, le verset nous invite à nous illuminer en faisant téchouva pour toutes nos fautes. Il nous est recommandé de le faire "dès le lendemain de Shabbat", en référence au premier jour de Pessa'h.
Il nous est demandé de saisir la sainteté de ce jour (du Séder) et de lui permettre de laisser en nous une empreinte lumineuse (spirituellement) qui perdurera pendant les semaines à venir.

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+ Ouvrir la porte :

-> Le rav Volf de Strikov demande pourquoi nous ouvrons la porte à Éliahou Hanavi, à Shéfokh 'hamaté'ha à la fin du Seder. Pourquoi ne pas l'ouvrir et l'inviter à entrer dès le début, lorsque nous invitons tout le monde à entrer et à dire : "Quiconque a faim, venez manger"?

Il répond qu'il s'agit d'une importante leçon de spiritualité. Le soir du Seder, les portes du Ciel sont ouvertes à absolument tous les juifs, et chacun peut acquérir de grandes choses spirituelles.
Lorsque nous disons que quiconque a faim peut entrer, nous n'invitons pas réellement des invités. Ce que nous voulons dire en réalité, c'est que quiconque désire se sanctifier peut obtenir ce qu'il désire.
Cependant, chacun doit ouvrir la porte de lui-même pour laisser entrer les grandes influences spirituelles, en signe de sa volonté de faire sa part.

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+ La sainteté arrive d’un seul coup, et il faut s’y préparer :

-> Il faut se préparer pour être digne de recevoir la sainteté du jour (de Pessa'h - Séder).
Il faut comprendre que la sainteté arrive soudainement, d’un seul coup, comme l’écrit l'Avodat Israël (Inyané Pessa'h) pour expliquer la supériorité de Pessa’h sur tous les autres yom tovim.
Le Avodat Israël affirme que, sur toutes les autres fêtes juives, la sainteté (kédoucha) n'arrive pas d'un seul coup. Elle se produit progressivement, au fur et à mesure des prières d'Arvit, de Cha'harit et de Min'ha.
En revanche, à Pessa'h, elle arrive d'un coup. Il faut donc se préparer à l'avance. Il compare cela à un soleil brûlant qui apparaît dans le ciel. Il a le pouvoir d'illuminer une maison, mais il faut quand même ouvrir les volets soi-même pour profiter de la lumière.

-> Le séfer Négid Ou'Mitsva (page 140) écrit de la même manière que lors des autres fêtes juives (yom tov), la lumière commence faiblement et grandit progressivement, contrairement à Pessa'h où toute la lumière arrive d'un coup.
Le verset (Réé 16,3) dit que le peuple juive quitta l'Egypte à la hâte.
En un instant, ils se jetèrent dans la sainteté. C'est ainsi chaque année à Pessa'h.

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-> Le Sidouro Chel Shabbath ('hélek 2 - Hadrouch Harichon) explique cela avec un roi qui sait que quelqu’un a une grave plainte contre son fils et qu’il veut lui en faire part. Le roi sait qu’il doit écouter chaque plainte, même si elle concerne son propre enfant bien-aimé, mais il ne veut pas non plus se retrouver dans une situation où il pourrait devoir le punir.
Le roi sage élabore un plan. Il dit à ses gardes qu’à l’arrivée du plaignant, ils devraient commencer à chanter et à danser avec lui. Ils devraient le rendre si heureux qu’il oublierait sa plainte et partirait.

L'allusion (nimchal) est que lorsqu'Hachem a voulu faire sortir nos ancêtres d’Égypte, Il savait qu’il y aurait une plainte affirmant que la nation était indigne. Ces plaintes ont effectivement été formulées lors de la mer Rouge (ex: ils sont aussi idolâtre que les égyptiens!), mais à ce moment-là, la nation avait le mérite de croire et de faire confiance à Hachem et de Le suivre dans le désert, et ce mérite a pu faire taire la plainte.
Cependant, à ce moment juste avant de sortir d'Egypte, cependant, ils étaient encore à un niveau inférieur et ne possédaient aucun mérite.
Que fit donc Hachem? Il fit soudain briller une grande lumière de sainteté sur le monde et les mondes supérieurs, ce qui poussa les plaignants à fermer la bouche et à partir.

C'est ce qui explique l'utilisation du terme : 'hozek yad (main forte) pour décrire comment Hachem nous a fait sortir d'Egypte.
Dans une démonstration de force, Hachem a envoyé une immense lumière au monde afin de faire taire les plaintes. Nous répétons ces mots à maintes reprises lorsque nous louons Hachem pendant le Seder, afin d'exprimer notre gratitude pour avoir sauvé le Klal Israël d'une manière si puissante et surnaturelle.

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+ La lumière que l'on peut obtenir à Pessa'h :

-> Le Kaf Ha'haïm (Hilkhot Pessa'h 474:152) écrit que toutes les lumières divines révélées la nuit où les juifs quittèrent l'Égypte se révèlent à nouveau chaque année à Pessa'h. C'est pourquoi chacun se sent illuminé et joyeux à Pessa'h, plus qu'à tous les autres jours de l'année.

-> Le séfer Zéra Kodech écrit que les niveaux élevés de compréhension que l'on peut atteindre le premier soir de Pessa'h dépassent même les niveaux de compréhension que le peuple juif a pu atteindre lors de la mer Rouge.

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+ La lumière de la sortie d'Egypte :

-> Si nous méritons cette grande lumière chaque année à Pessa'h, c'est parce que la lumière qui était présente au moment de la sortie d'Egypte revient chaque année.
Au moment de la sortie d'Egypte, le peuple juif est soudainement passé du 49e niveau d'impureté au 50e niveau de sainteté. Cette puissance revient chaque année.

Le séfer Heikhal Brakha (parachat Réé) écrit que lorsque le peuple juif a quitté l'Egypte, il a atteint le 50e niveau de sainteté, mais il n'a pas pu y rester durablement.
Pendant les jours de la Séfirah (compte du Omer), il a chuté de ce niveau ; cependant, chaque juif peut l'atteindre à nouveau chaque année à Pessa'h.

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+ De l'humilité aux hauteurs :

-> Dans ce sens, la Hagadah déclare : "Le racha, que dit-il? "Quel service te rend-il?" "À toi" et non à lui. Puisqu'il s'est retiré du public, il renie l'essentiel. Toi aussi, émousse-lui les dents et dis-lui : C'est pour cela que Hachem l'a fait pour moi lorsque je suis sorti d'Égypte. "Pour moi" et non pour toi. Si tu avais été ici, tu n'aurais pas été délivré."

Le Yisma'h Israël précise qu'il ne s'agit pas d'un racha à proprement parler. Il s'agit plutôt de quelqu'un qui a commis des fautes et qui désespère de faire téchouva, pensant être trop enfoncé pour se sortir de la boue. On l'appelle un "kofer ba'ikar" car il se retire du public (de la communauté juive) en pensant qu'il ne pourra jamais faire téchouva et les rejoindre.
On nous dit d'émousser les dents et de dire que Hachem m'a "sorti" d'Egypte.
En Égypte, la nation était également tombée dans un profond état d'impureté, mais Hachem l'a délivré.
De même, il peut délivrer tout juif et on est tenu d'y croire.

Ainsi, cette nuit-là du Séder, le pouvoir de relever une personne de sa bassesse spirituelle revient (Hachem nous aidant spontanément à se relever), et même celui qui est resté au plus bas (même du 49e niveau d'impureté sur 50, comme les juifs en Egypte) peut être ramené à la vie s'il croit en Hachem et lui fait confiance pour l'aider.

-> Un jour, le Yisma'h Israël rentra chez lui le soir du Séder et dit à la maison : "Quiconque ne croit pas que même le plus grand des Racha puisse changer cette nuit et devenir un Tsadik complet est le Racha dont parle la Hagadah!"

Un autre fois, il dit : Même si vous êtes accablé par vos fautes toute l'année, cette nuit, vous pouvez vous élever et atteindre une place [spirituelle] éminente.

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+ La lumière de son visage :

-> Les tsadikim atteignaient des niveaux de sainteté extrêmement élevés la nuit du Sefer.
On dit que le 'Hatam Sofer atteignait un niveau de sainteté très élevé cette nuit-là. Il criait si fort que sa voix était entendue à plusieurs pâtés de maisons autour de sa maison et que personne ne pouvait même regarder son visage, tant il brillait de la lumière de la sainteté, tout comme le visage de Moché après avoir reçu la Torah.

On raconte que lorsque sa belle-fille, l'épouse du Ktav Sofer, entendit parler de cela pour la première fois, elle pensa qu'il s'agissait d'une exagération. Cependant, lorsqu'elle passa son premier Séder en présence de son beau-père, elle constata que c'était parfaitement vrai et qu'aucun être humain ne pouvait regarder le visage du 'Hatam Sofer à ce moment-là.

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+ Le récit de la sortie d'Egypte chasse les mauvaises pensées :

-> Le 'Hozé de Lublin dit que la mitsva de raconter l'histoire de la sortie d'Égypte a le pouvoir de chasser toutes les mauvaises pensées de l'esprit et de les transformer en pensées pures et saintes.
Il explique que lorsque les juifs étaient en Egypte, ils nourrissaient des pensées idolâtres. (nos Sages (midrach Chémot rabba 15,2 & 21,7) disent que certaines personnes servaient des idoles. [influencées par l'atmosphère impure idolâtre environnante, par le stress d'un dur esclavage ] )
Hachem les a élevés du 49e degré d'impureté et les a élevés à un niveau extrême de sainteté, chassant ainsi ces pensées de leur esprit.
Lorsque l'on raconte ce récit à ses enfants, il rétablit cette influence et permet à leurs pensées de se purifier également.

C'est ce qui explique les paroles de la Haggada : "Quiconque parle beaucoup de la sortie d'Egypte est digne de louanges". On peut comprendre cela comme une référence à l'âme d'une personne. Comme elle parle beaucoup de la sortie d'Egypte, elle purifie son âme et ses pensées.

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+ Éliminer les mauvaises pensées grâce à la émouna :

-> Le rabbi de Rimanov écrit que Pessa'h est le temps de la guéoula ultime et qu’il est si sacré qu’il permet d’atteindre un niveau de pleine compréhension de l’essence d'Hachem.
Ce jour-là, on peut comprendre comment la grandeur de Hachem imprègne le monde entier, ce qui amènera une personne à avoir honte d’avoir des pensées erronées, car elle sait qu’Hachem est conscient de tout ce qu’elle pense.

Il y eut un moment, pendant la nuit de la sortie d’Egypte, où le peuple juif atteignit un niveau de parfaite émouna, et cette influence perdure de génération en génération. Aujourd'hui encore, si l'on veille à ne pas laisser ses pensées vagabonder pendant la nuit du Séder et à se concentrer sur la sainteté de cette nuit, on peut, le moment venu, atteindre le même niveau de émouna parfaite.
Seules nos pensées inconvenantes nous empêchent de ressentir cela.

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-> Le rav Bounim de Peshischa affirme que la Haggadah de Pessa'h a été écrite par nul autre qu'Eliyahou Hanavi.

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+ Un ignorant qui raconte le récit de la sortie d'Egypte est considéré comme un Gadol Hador (grand spirituel de la génération) :

-> Le 'Hatam Sofer (drachot 'Hatam Sofer) écrit qu'il a trouvé ce qui suit dans le Siddour du Yaabetz :
Un gouverneur romain était à Jérusalem et constata que, lorsque tout le monde venait apporter son Korban Pessa'h, personne n'honorait personne, pas même le roi David. Ils lui expliquèrent que cela visait à montrer qu'aucun homme n'est supérieur à un autre lorsqu'on sert Hachem. Devant Hachem, nous sommes tous égaux.

Il précise que cela s'applique spécifiquement au jour de Pessa'h. La mitsva consiste simplement à raconter le récit de la sortie d'Egypte, et à cet égard, tous sont égaux.
C'est pourquoi chaque juif s'accoude lors du Seder. À ce moment-là, personne n'est supérieur à un autre.
C'est aussi la raison pour laquelle "quiconque multiplie les récits de la sortie d'Egypte est digne de louanges". Même un ignorant qui raconte l'histoire de la sortie d'Egypte est aussi digne de louanges que le Gadol Hador, car en cette nuit, nous sommes tous égaux.

-> Il fut un jour révélé au Maharal de Prague qu'un simple porteur d'eau accomplissait les mêmes tikounim (réparations spirituelles) lors du Séder que lui. La seule différence était que le Maharal savait ce qu'il faisait et avait toutes les saintes kavanot (intentions) à l'esprit, tandis que le porteur d'eau n'en savait rien.
Au contraire, il accomplissait les mitsvot avec émouna simple (péchouta).

Nous apprenons ainsi que la émouna péchouta de tout juif peut créer les mêmes tikounim dans le Ciel que ceux créés en ayant à l'esprit toutes les saintes kavanot.

[ainsi, en faisant notre séder de notre mieux, avec une foi pure et totale en Hachem, nous pouvons faire un séder extrêmement élevé, générant des bénédictions pour nous et tous les juifs. ]

-> Le rav Yissa'har Dov de Belz disait : "Oui, (au Séder) on peut voir Eliyahou haNavi. Mais celui qui croit sans voir est bien plus élevé que celui qui le voit". [le plus important est d'avoir une émouna aveugle, simple et total en Hachem. ]

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+ Se rappeler qu'on peut prier Hachem en toute situation :

-> Le rav Tsadok haCohen de Lublin (séfer Pri Tsadik) écrit que l'essentiel à retenir à propos de la sortie d'Egypte est l'idée que même lorsqu'une personne se trouve dans une situation très difficile, si elle se tourne vers Hachem et prie vers Lui, Il nous sauvera de tout mal.
Nous l'apprenons du fait que lorsque le peuple juif était en Egypte, ils étaient englués dans les forces de l'impureté, mais Hachem les a sauvés et les a sortis de ce piège.
Chacun devrait tirer cette leçon et savoir qu'Hachem peut le sauver, quelle que soit la profondeur de sa chute spirituelle. Il ne faut jamais désespérer et toujours implorer Hachem de Son aide divine.

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+ La guéoula par le mérite de la émouna :

-> Le verset déclare : "C’est une nuit protégée par Hachem pour les faire sortir du pays d’Egypte. Cette nuit est protégée (leil chimourim) par Hachem pour tous les enfants d’Israël, de génération en génération" (Bo 12,42).
Le rav Moché de Kossov (séfer Léket Ani) écrit que ce verset contient une allusion à la possibilité pour chaque juif de sortir personnellement de l'esclavage et d'accéder à la liberté, aussi bien en terme spirituel que matériel.
Il est dit que cette nuit est protégée "pour toutes les générations", ce qui signifie que nous aussi pouvons vivre des miracles, d'une façon identique à celle des juifs au moment de la sortie d'Egypte.

Une condition est cependant requise (pour en bénéficier pleinement) : nous devons avoir la même émouna forte que le peuple juif lorsqu'il a quitté l'Egypte.
Bien que nous soyons une génération humble et basse (spirituellement), nous sommes néanmoins supérieurs à la nation qui a quitté l'Egypte, car ils étaient des esclaves sans Torah, alors que nous avons une Torah et avons été témoins des miracles du passé. Si nous avons la émouna et le bita'hon comme eux, nous serons certainement jugés dignes d'être délivrés comme eux.

[ Pessa'h (qui débute le 15 Nissan) est un moment si propice pour provoquer la guéoula, la guémara (Roch Hachana 11a) affirme que nous serons de nouveau délivrés en Nissan. ]

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+ La guéoula par le mérite de la tsédaka :

-> Le 'Hida (Haggada chel Pessa'h Pé A'hat) explique les paroles que nous récitons dans la Hagadah : "Si quelqu'un a faim, qu'il vienne manger ... Nous sommes actuellement ici ; l'année prochaine à Jérusalem", en citant les mékoubalim qui disent que lorsqu'une personne accepte d'aider les pauvres, la porte de la miséricorde s'ouvre pour elle au Ciel et elle est comblée d'une abondance de bénédictions avant même de faire son don aux pauvres.

Ainsi, (dès le début du Séder de Pessa'h) nous disons que toute personne dans le besoin est invitée chez nous. Nous disons ensuite que "nous sommes ici actuellement", signifiant ainsi que c'est ce que nous faisons (en ce moment) en tant qu'exil.
Cependant, nous acceptons de le faire l'année prochaine à Jérusalem, et par cette acceptation (sur le futur), les portes de la miséricorde nous sont ouvertes.
Par le mérite de notre tsédaka, nous serons des hommes libres l'année prochaine, ayant connu la guéoula ultime.

"Les hommes sont venus avec les femmes ; tous les hommes généreux" (Vayakel 35,22)

-> Le midrach (Chémot rabba 12,16) déclare : "Tout Israël se réjouissait des travaux du Michkan et chaque don était apporté avec joie et enthousiasme. Il est dit que les hommes sont venus avec les femmes. Ils se sont poussés les uns les autres à venir et ils sont venus en même temps."

Ceci est écrit en louange au peuple juif. Ils voulaient faire un don à la maison d'Hachem et le firent avec joie, à tel point que le yétser ara n'eut aucune influence sur eux et qu'ils purent venir, hommes et femmes confondus, sans commettre de faute.
[rav Itamar Rosenbaum]

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+ La grandeur d'un baal téchouva :

-> Le Sfat Emet, cite son grand-père le 'Hidouché Harim, qui explique ce verset en citant les paroles de nos Sages (guémara Sanhédrin 99a) : "Là où se tiennent les baalé téchouva, les tsadikim complets/parfaits ne peuvent pas se tenir".

Dans cette optique, il explique que les hommes avaient commis la faute du Veau d'or, mais qu'ils s'en étaient maintenant repentis.
Les femmes, quant à elles, n'avaient jamais fauté. C'est pourquoi les mots du verset signifient littéralement que les hommes étaient "sur les femmes" (vayavo'ou aanassim AL hanassim), ce qui signifie qu'ils leur étaient supérieurs, car ils étaient baalé téchouva.

Il explique pourquoi les baalé téchouva sont supérieurs aux tsadikim complets en disant que celui qui a commis une faute se souvient du grand désir qu'il avait d'accomplir la faute et canalise cette passion pour servir Hachem.
Seuls les baalé téchouva ont un tel enthousiasme dans leur avodat Hachem. Les tsadikim qui n'ont jamais fauté n'ont pas le même feu, car ils n'ont jamais éprouvé une passion ardente pour la faute.

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+ Une épouse est la révélation de son mari :

-> Le séfer Akh Pri Tévoua écrit qu'il semble y avoir des moments où un homme veut accomplir une mitsva, mais où sa femme l'en empêche.
En réalité, c'est lui qui s'en empêche. S'il n'accomplit pas la mitsva, c'est parce qu'il n'en a pas vraiment envie, et c'est pourquoi sa femme s'y oppose.

En d'autres termes, ce qu'un homme ressent intérieurement, ses sentiments cachés, sa femme le lui exprime de manière révélée.

Le Akh Pri Tévoua cite le Méor Enayim qui dit que telle était l'intention des anges qui rendirent visite à Avraham et lui demandèrent : "Où est Sarah, ta femme?"
Les anges voulaient connaître le niveau spirituel d'Avraham. Ils lui demandèrent donc comment allait sa femme, car son comportement extérieur révélait sa nature intérieure.

Ainsi, le verset dit que tout le peuple d'Israël a fait des dons au Michkan de tout son cœur, ce qui explique pourquoi aucune femme n'a protesté.
Ainsi, le verset précise que les hommes sont venus avec les femmes, ce qui signifie qu'ils étaient tous d'accord tant les dons étaient sincères.

Le nom de Pessa’h

+ Le nom de Pessa'h :

-> Pourquoi cette fête (Yom Tov) est-elle appelée "Pessa'h" par le peuple juif?

Le Maguid de Mézéritch explique le verset : "oupassa'h Hachem al apéta'h", en se basant sur le midrach (Chir Hachirim 5,3) : "Hachem a dit au peuple juif : faites pour moi une ouverture de téchouva de la taille du chas d'une aiguille, et j'ouvrirai pour vous des ouvertures de la taille de celles qui permettent aux animaux et aux chariots de passer."

En Egypte, le peuple juif était à un niveau (spirituel) si bas qu'il n'était même pas capable de faire un trou [minuscule] de la taille du chas d'une aiguille pour faire la téchouva.
Hachem, dans Sa grande miséricorde, n'a même pas attendu que le peuple juif fasse ce petit effort et commence à faire téchouva. Il a envoyé un grand éveil (hit'orérout) pour aider le peuple juif à faire téchouva.
C'est le langage de "passa'h al péta'ho" ; en cette nuit de Pessa'h, Hachem "a sauté par-dessus la nécessité de faire une ouverture", et même sans que le peuple juif ne fasse quelque chose de son côté, Il a envoyé un éveil d'en-Haut pour que le peuple juif fasse téchouva.

Hachem l'a fait cette nuit-là en Egypte, et Il le fait chaque année cette même nuit. C'est un moment où l'on reçoit un éveil d'en Haut, même si l'on n'a pas fait sa part ici-bas. [en général, Hachem attend que nous fassions le premier pas vers Lui avant de nous aider avec largesse. A Pessa'h, il passe au-dessus de cette "règle" habituelle, et nous comble avec largesse nous donnant du boost pour s'éveiller à Lui, à la émouna, ... ]

Le Séder de Pessa'h est une nuit spéciale, même pour les gens simples (spirituellement parlant), et certainement pour les grandes personnes, afin de profiter de l'immense éveil qu'Hachem envoie cette nuit-là, même si cela n'est pas nécessairement justifié (sans action, mérite, de notre part le justifiant).
C'est un moment où l'on peut franchir de nombreux niveaux [spirituels] et atteindre de grands niveaux de sainteté en peu de temps.
C'est une bénédiction que Yaakov a reçue d'Its'hak, car en ce jour fatidique, comme nous le disent nos Sages, Its'hak a donné à Yaakov les bénédictions de la nuit de Pessah. [Yaakov a reçu les bénédictions, dans le sens où il a ouvert les canaux de bénédictions qui sont activés pour ses descendants chaque année à cette date-là, peu importe leur mérite. ]
[Béra'h Moché]