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Rien ne peut faire obstacle au désir

+ Rien ne peut faire obstacle au désir :

-> Selon Rachi (Chémot 2,5) : Batya tendit sa main [pour récupérer sur le Nil le panier contenant le bébé], et elle s’est allongée démesurément de plusieurs coudées (amot).

-> Le séfer Sifté Tsadik (ot 14) dit que lorsqu'elle a tendu la main, elle ne savait pas qu'un miracle se produirait et qu'elle s'allongerait. Malgré tout, elle a fait tout ce qu'elle pouvait, et c'est ainsi que le miracle s'est produit.

Le Sifté Tsadik conclut sont développement en disant : "Quiconque veut accomplir la parole d'Hachem n'a qu'à déployer tous les efforts possibles et il recevra l'aide d'Hachem pour y parvenir."

-> Le séfer Likouté Yéhouda écrit également, au nom du Beit Israël, que nous pouvons apprendre de la paracha Chémot que rien ne peut s'opposer à la volonté humaine.
Il dit au nom du rabbi de Kotzk que Batya savait certainement que sa main n'était pas assez longue pour atteindre Moché, mais elle a fait ce qu'elle pouvait naturellement pour essayer de l'atteindre quand même. C'est une leçon pour nous tous. Nous devons tous faire ce que nous pouvons et compter sur Hachem pour faire le reste.

L’importance de la mida de temimout

+ L'importance de la mida de temimout, d'être tamim avec Hachem :

"Et voici les noms des enfants d'Israël qui vinrent en Israël avec Yaakov, chacun était venu avec sa maisonnée." (Chémot 1,1)

-> Le séfer Divré Israël cite le midrach (Tan'houma 50) qui interprète ce verset comme signifiant qu'ils sont tous venus avec le mérite de Yaakov.

-> Le Divré Israël demande pourquoi ce verset utilise le nom "Yaakov", qui symbolise une stature [spirituelle] plus basse que le nom "Israël", qui connote sa nature plus glorieuse (Zohar - Balak 210:2).

Il répond que cela a pour but de nous enseigner une leçon importante. Yaakov incarnait le témimout (servir Hachem avec simplicité), comme il est dit : "Yaakov était un homme simple (ich tam)" (Toldot 25,27).
Rachi (Vaét'hanan 18,13) explique le concept de témimout sur le verset qui nous ordonne d'être "tamim" avec Hachem en disant : "Marchez avec Lui en toute simplicité et ne posez pas de questions".
Même si une personne est très intelligente et capable de comprendre beaucoup de choses (même nos Avot), elle doit s'en remettre à Hachem avec simplicité et non pas à la suite de déterminations intellectuelles.

Cette idée est évoquée dans le verset : "Celui qui marche avec simplicité marchera en sécurité" (olé'h batom, yélé'h béta'h - הוֹלֵךְ בַּתֹּם יֵלֶךְ בֶּטַח - Michlé 10,9). Les dernières lettres de ces mots forment le mot : 'hakham.
Cela nous enseigne que même un homme sage ne doit pas se fier à sa sagesse. Il doit plutôt s'en remettre à Hachem pour sa sécurité.

La mida de témimout est ce qui sépare les sages d'Israël des sages des nations du monde, comme l'a dit Rava à un tsidouki (guémara Shabbath 88b). Les sages des nations s'adonnent toujours à la philosophie et essaient de comprendre les choses grâce à leur intellect.
En revanche, les sages d'Israël ne s'appuient pas sur leur intellect, et au contraire, placent simplement leur confiance en Hachem.

Ce concept est illustré par le verset : "Vous les observerez (ouch'martem) et les mettrez en pratique, car c'est là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples" (Vaét'hanan 4,6).
Le mot "ouch'martem" (וּשְׁמַרְתֶּם) peut être lu comme "ouchamar tam", tu te maintiendras comme une personne simple (tam).
Ainsi, le verset dit que lorsqu'une personne a la mida de témimout, elle est différente des non juifs, qui s'engagent dans le questionnement et la philosophie.

C'est ce qui ressort également du verset : "Prenez garde à vous, de crainte que votre coeur soit séduit et que vous vous détourniez (vé'sartem) et serviez les dieux des autres" (Ekev 11,16).
Le mot "vé'sartem" (וְסַרְתֶּם) peut être lu "vé'sar tam", tu te détourneras d'une personne simple.
Si quelqu'un se détourne de la témimout et s'engage dans des enquêtes et des questionnements sur les voies d'Hachem, il est considéré comme s'il adorait des dieux étrangers parce que c'est la façon de faire des non juifs.

En gardant cela à l'esprit, nous pouvons expliquer le midrach qui dit que les Bné Israël sont venus en Egypte avec le mérite de Yaakov. La mida du temimout est un héritage de Yaakov, qui a incarné cette caractéristique. C'est la qualité que sa progéniture a emportée avec elle en Egypte.
Cela explique également pourquoi le nom "Yaakov" est utilisé dans ce verset, par opposition au nom "Israël", car ce nom représente sa mida de temimout.

Dans le même ordre d'idées, Pharaon a dit qu'il voulait être plus malin que les juifs (Chémot 1,10). Son intention était d'utiliser la midah de la 'hokhma (sagesse) pour les vaincre. Il savait que tant qu'ils conserveraient le trait de temimout, ils seraient toujours en sécurité et qu'il serait incapable de les vaincre. Il voulait donc trouver un moyen de les inciter à s'engager dans l'intellectualisme et la philosophie, afin qu'ils abandonnent leur temimout et qu'il soit en mesure de les vaincre.

Rachi explique que Pharaon disait qu'il voulait être plus malin que "le sauveur de Israël". Cela peut être expliqué comme signifiant qu'il voulait vaincre la mida du temimout, qui est ce qui sauve le peuple juif, en les amenant à s'engager dans des enquêtes et des questions.
Rachi dit ensuite que Pharaon voulait les punir "avec de l'eau". Il voulait qu'ils s'immergent dans la forme négative de la sagesse, qui consiste à remettre en question les voies d'Hachem, car il savait que cela leur ferait du tort.

Le Baal haTanya écrit qu'un homme juif n'est pas comme un non-juif qui subvient aux besoins de sa femme et de ses enfants parce qu'il est personnellement enclin à le faire ; le peuple juif est "goy é'had baarets" (une nation sur la terre) : même lorsque nous sommes impliqués dans des affaires terrestres, nous sommes connectés à Hachem, qui est Un.
Tout ce que fait un juif est pour l'honneur d'Hachem. Il subvient aux besoins de sa femme et de ses enfants parce qu'ils sont des âmes juives, qui font partie d'Hachem (Tanya - Iguéret haKodech 9).

Pendant notre long exil, les juifs du monde entier ont prié pour pouvoir s'installer en terre d'Israël dans un climat de sainteté et de pureté, en observant la Torah et les mitsvot comme il se doit.
Ces désirs purs relient un juif à la sainteté de la terre.
[ rav Avraham Tsvi Kluger]

"Ils étaient [à peine] sortis de la ville, ne s'en étaient pas éloignés, que Yossef dit à l'intendant de sa maison : "Lève-toi, poursuis les hommes, rattrape-les"" (Mikets 44,4)

=> Pourquoi précisément avant qu'ils ne se soient éloignés de la ville ?

-> Certains expliquent que si les frères s'étaient éloignés de la ville, ils ne se seraient pas sentis obligés d'obéir aux instructions de Yossef, ou pire encore, ils auraient pu réagir par la force.
Une autre approche consiste à dire que Yossef souhaitait minimiser l'épreuve que représentait pour eux le fait de revenir sur leurs pas.

Le Imré Emet proposent une nouvelle explication. La halakha stipule que la Téfilat haDéré'h (la prière du voyageur) ne doit être récitée qu'après avoir déjà parcouru la mesure d'une parcha (voir Béra'hot 30a).
Yossef était conscient de l'efficacité de cette prière pour protéger ceux qui la récitent. Il a donc demandé à ses hommes de rattraper les frères avant qu'ils ne récitent cette prière, afin de réussir à les éliminer.

Cela expliquerait également l'insistance de Yossef pour que les sacs des frères soient chargés de céréales. Son intention était de les alourdir afin de ralentir leur allure.

"Ils s'approchèrent de l'homme qui gouvernait la maison de Yossef et lui parlèrent, à l'entrée de la maison" (Mikets 43,19)

=> Pourquoi à l'entrée de la maison ?

-> Le Imré Emet cite une explication du Sifté Cohen.
Avant le départ des frères pour l'Egypte, Yaakov avait prié en leur nom pour qu'El Shadaï vous accorde la miséricorde devant cet homme (Mikets 43,14).
En arrivant à la maison de Yossef, ils remarquèrent le montant de la porte et se rappelèrent la mézouza qui est généralement placée à cet endroit dans une maison juive. Comme l'extérieur d'une mézouza est traditionnellement orné du nom El Shadaï, les frères se sont souvenus de la prière de leur père et ont senti que le moment et l'endroit étaient propices. Ils ont donc saisi l'occasion.

La royauté

"Le sceptre ne se retirera pas de Yéhouda" (Vayé'hi 49,10)

-> Rachi précise que cette prophétie s’applique à partir du roi David.

-> Yaakov bénit Yéhouda et lui accorde la royauté. On peut soulever deux questions sur cette prophétie.
Tout d’abord, nous savons que le premier roi du peuple d’Israël fut Chaoul, qui n’est pas un descendant de Yéhouda, mais de Binyamin. Alors, comment est-ce possible qu’il fût oint par le prophète Chmouel?
Et quand Chmouel réprimanda Chaoul qui n’avait pas obéi à ses instructions, il lui dit : "Et maintenant, ta royauté ne subsistera pas : Hachem s’est choisi un homme selon son cœur et l’a institué chef de son peuple, parce que tu n’as pas respecté Son commandement!" (Chmouel I 13,14).
Les propos de Chmouel sous-entendent que si Chaoul n’avait pas commis cette erreur, son royaume aurait perduré, ce qui semble contredire la prophétie de Yaakov, mentionnée dans le verset précité…

-> Le Ramban propose deux réponses. Il affirme tout d’abord que les descendants de Chaoul auraient pu être rois des tribus issues de Ra’hel – à savoir, Binyamin, Éphraïm et Ménaché. Autre possibilité, les descendants de Chaoul auraient pu être les ministres ou les députés du roi (issu, quant à lui de Yéhouda).

C’est d’ailleurs l’implication des propos de Yonathan (fils de Chaoul) à David : "Ne crains rien, la main de Chaoul, mon père, ne t’atteindra pas ; tu régneras sur Israël et moi, je serai ton second. Chaoul, mon père, le sait bien aussi" (Chmouel I 23,17).
Si Chaoul n’avait pas fauté, cette prédiction se serait réalisée. Yonathan ne savait pas que Chaoul avait manqué à son obligation et pensait donc pouvoir être le second du roi !

-> Le Rama Mipano affirme d’ailleurs que l’âme de Yonathan sera réincarnée en la personne de Machia’h Ben Yossef (et c’est l’allusion que faisait alors Yonathan en parlant à David.)

=> Ce développement nous enseigne à quel point il est important d’accepter son rôle, même quand cela signifie être subordonné ou soumis à quelqu’un d’autre. C’est souvent la clé du succès. Chaoul eut du mal à surmonter ce défi et cela eut des conséquences désastreuses. Yonathan parvint à se montrer digne et bien qu’il mourût précocement, le Rama Mipano nous enseigne qu’en fin de compte, il triomphera.

[d'après le rav Yéhonathan Gefen]

"Il les bénit ce jour-là, en disant : "Par toi Israël bénira, en disant ... "" (Vayé'hi 48,20)

-> Le séfer Tiféret Shmouel demande pourquoi est-il nécessaire de dire que Yaakov les a bénis "ce jour-là" (bayom aou).
Il répond en citant le verset (I Mala'him 2-3) qui rapporte que David a dit à son fils Shlomo : "Je vais sur le chemin de tout le pays".
Le Alchikh haKadoch explique qu'il disait à son fils de se rappeler constamment que le monde est ainsi fait que tout le monde finira par mourir. C'est pourquoi il faut faire bon usage de chaque seconde de la vie.

Ainsi, lorsque le verset dit que Yaakov a béni ses petits-fils (Efraïm et Ménaché) en "ce jour-là", l'intention est qu'il a donné la bénédiction de "ce jour-là", ce qui signifie qu'ils devraient toujours se concentrer sur chaque jour individuellement comme s'il s'agissait de leur seul jour sur terre.
De cette manière, ils seront capables de surmonter le yétser ara et de servir Hachem pleinement et entièrement.

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-> Le rabbi de Kobrin (cité dans Kitvé Ramam) explique ce verset d'une manière légèrement différente. Il dit que Yaakov a béni ses petits-fils en leur disant que chaque jour, ils ne devaient penser qu'à ce jour, sans s'inquiéter de ce qui se passerait demain.

"Le maître échanson parla devant Pharaon : "[Ce sont] mes fautes [que] je rappelle aujourd'hui" (Mikets 41,9)

-> Le Imré Emet discerne dans ces excuses une allusion à l'esprit du jour. Nos Sages (tant dans la guémara (Roch Hachana 10b) que dans le Zohar (Vaéra 30b)) nous disent que cet événement s'est produit à Roch Hachana, un jour où la confession des fautes est découragée (voir Magen Avraham 584,2).
En tant que tel, le maître échanson s'est excusé de rappeler son infraction, ne le faisant que pour le plus grand bien de Pharaon.

"Puis, il y eut ce jour opportun où il vint à la maison pour faire sa besogne" (Vayéchev 39,11)

-> Le Imré Emet (5687) donne un aperçu du degré de difficulté auquel Yossef a été confronté lors de son épreuve avec la femme de son maître. Comme Rachi le cite dans le midrach, la femme de Potiphar avait des intentions positives dans ses avances à Yossef, car elle prévoyait qu'elle était destinée à s'unir à lui. En effet, le plan divin prévoyait que Yossef siphonne les étincelles de sainteté logées dans cette famille (même si c'était par l'intermédiaire de leur fille, d'une manière autorisée).
Elle partagea ces nobles objectifs avec Yossef, offrant ainsi une tentation doublée d'un objectif spirituel justifiable, voire nécessaire.

C'est pour cette raison que le salut de Yossef est venu par l'apparition de l'image de son père Yaakov. En tant que modèle de Vérité, l'exemple de Yaakov a donné à Yossef la force de reconnaître les choses pour ce qu'elles étaient, perçant le vernis de la justification de ce qui aurait été un outrage moral.