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Il est vrai que la prière est une mitsva quotidienne ; néanmoins, sa force est accrue le Shabbath, car l'âme s'élève à un niveau nettement supérieur à celui de la semaine, ce qui permet à la prière d'être plus intense.
[rav Yaakov Ades]

Le mérite du Shabbath nous a sauvés à Pourim

+++ Le mérite du Shabbath nous a sauvés à Pourim :

"Le 7e jour, comme le cœur du roi était en liesse par le vin, il ordonna ... d'amener devant le roi la reine Vachti couronnée de la couronne royale" (Esther 1,10-11)

-> Rachi (guémara Méguila 12b) explique que cet événement eut lieu le jour du Shabbat.

-> Le 'Hatam Sofer (Méguilat Esther - dibour é'had) enseigne :
"Il me semble que l'évènement essentiel du miracle de Pourim se trouve au début de la Méguila, lors du festin au cours duquel Vachti sera condamnée à être exécutée.
En effet, que Hachem ait écouté nos prières et nos cris de souffrance ne peut pas être considéré comme un si grand miracle car même les habitants de Ninive virent leurs prières acceptées lorsqu'ils se sont repentis. Alors, pourquoi celles d'Israël ne le seraient-elles pas? Et même lorsque la situation s'inversa complétement en faveur des juifs et qu'ils dominèrent ainsi leurs ennemis, cela ne constitue pas réellement un miracle qui dépasse les lois de la nature. Le roi A'hachvéroch aimait la reine et rien ne laissait présupposer un tel drame.
C'est pourquoi le fondement sur lequel le miracle de Pourim repose le décret de mort de la reine Vachti qui fut réellement une décision complètement surnaturelle. Le roi avait déjà organisé 186 jours de festin au cours desquels il se réjouit mais le 187eme et dernier jour, il perdit la raison.
La reine Vachti elle aussi perdit la raison ce jour-là en proférant en public des paroles hostiles au roi.
Ces événements ne répondaient pas aux lois de la nature mais étaient dirigés par la Providence divine pour préparer les futurs miracles.

Au moment de l'exécution de la reine Vachti, le comportement du peuple d'Israël n'était pas irréprochable. En effet, en festoyant auprès du roi A'hachvéroch l'impie, ils ne pouvaient pas bénéficier d'un miracle mais bien pire encore, ils auraient pu être condamnés à l'extermination que D. nous en préserve.
Cependant, alors même qu'ils s'étaient rebellés contre l'Eternel, le Maître du monde les prit en pitié et prépara malgré tout le grand miracle ... Car même lorsqu'ils se pervertissent, les enfants d'Israël sont précieux pour Hachem."

[l'exécution de Vachti démontre l'amour inconditionnel d'Hachem pour Ses enfants (les juifs) même lorsqu'ils ne se comportent pas comme ils le devraient. Cela est en accord avec l'avis de Rabbi Méïr que les juifs sont appelés "fils" d'Hachem quelque soit leur comportement (guémara Kidouchin 36a).]

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=> Le 187ème et dernier jour du festin tomba un Shabbat. L'exécution de la reine Vachti, miracle de tous les miracles de Pourim (selon le 'Hatam Sofer) eut lieu ce jour-là. Quel est l'enjeu de l'exécution de la reine Vachti précisément le jour du Shabbat?

-> Le 'Hida (Roch David - Emor) enseigne :
Il est écrit : "un ben Noah (un non-juif) qui observe le Shabbat est passible de mort" (guémara Sanhédrin 58b).
En effet, le Shabbat est le sceptre du roi car durant Shabbat, Hachem se repose de tous les travaux qu'Il réalisa les 6 jours précédents et nous avons déjà reçu comme enseignement que celui qui utilise le sceptre du roi est condamnable à mort pour s'être rebellé contre la royauté (guémara Sanhédrin 22a).
En revanche, les Bné Israël sont les enfants d'Hachem comme il est écrit : "Vous êtes des fils pour Hachem votre D." (Réé 15,1).
Ainsi, Hachem en leur donnant la mitsva de Shabbat leur permit d'utiliser le sceptre royal de leur père.
Quant aux non-juifs, ils ont le statut de serviteurs pour lesquels Hachem est un roi qui règne sur eux comme il est écrit : "D. règne sur les peuples" (Téhilim 47,9). Par conséquent, il leur est interdit d'utiliser le sceptre du roi et c'est la raison pour laquelle un non-juif qui observe le Shabbat est condamnable à mort pour s'être rebellé contre la royauté.

-> Le Shvilé Pin'has ajoute :
À présent, nous comprenons pourquoi Hachem, par l'exécution de la reine qui eut lieu le Shabbat, a initié la future délivrance et préparé les miracles de Pourim.
En effet, notre Père céleste qui nous aime inconditionnellement, offre à Ses enfants et à aucune autre créature le présent le plus précieux qu'est le Shabbat, source de la plus haute bonté divine ('hessed) , où les klipot n'ont pas d'emprises, pour les sauver des pires décrets en leur permettant d'accéder au sceptre royal même lorsqu'ils n'accomplissent pas sa volonté, car ils sont, et ils seront pour toujours Ses enfants bien-aimés.
[Hachem dit à Moché : "J'ai un cadeau merveilleux dans Mon trésor et Shabbat est son nom, et Je veux le donner au peuple juif, va et informe-les de cela." [guémara Shabbath 10b]

[le Séfer ha'Hinoukh dit que nous juxtaposons le Shabbath Za'hor (victoire sur Amalek) avec Pourim (victoire sur Haman) pour donner de la force aux juifs dans leur guerre contre leurs ennemis qui sont les descendants d'Amalek.
D'une certaine façon on peut dire que Shabbath est le moment où l'on a le temps d'apprécier notre situation de "fils" d'Hachem, d'être des juifs. Et par cette joie, fierté, cette émouna, alors nous avons davantage de puissance pour vaincre Amalek. (Hachem voyant à Shabbath notre véritable envie d'être proche de Lui (ex: en chantant, en étudiant à Shabbath), alors Il nous aide à l'être).]

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-> Rachi (Esther 1,12) explique que la reine Vachti refusa de se présenter devant le roi car elle était atteinte de la lèpre. Cette racha faisait travailler les filles d'Israël dévêtues durant Shabbat transgressant de ce fait son observance. Ainsi, le roi demanda, mesure pour mesure par Providence divine, qu'elle se présente à la cours nue durant Shabbat.

-> Il est écrit dans le Méam Loez (Méguilat Esther 1,1) :
Les juifs furent soumis au pouvoir de ce roi cruel [A'hachvéroch] pour avoir transgressé le Shabbath.
Le livre de Né'hémia (13,15-21) relate que les juifs gardaient souvent leurs magasins ouverts le vendredi soir après l'arrivée du Shabbath. Pour les punir, D. donna à A'hachvéroch une puissance plus grande qu'il ne le méritait et lui permit d'opprimer brutalement Israël.

-> Nos Sages (guémara méguila 13a) nous rapportent que la reine Esther a donné à chacune de ses 7 plus proches servantes, le nom d'un des 7 jours de la semaine.
Chaque servante devait venir le jour de la semaine correspondant à son nom, afin de permettre à Esther de se rappeler de la venue du Shabbath.[afin que son stratagème reste secret/discret, elle les a appelé de façon allusive, et non pas directement : yom richon, yom chéni, ...
Ainsi :
-> le 1er jour = c'était : 'houlata ( = début des jours 'hol)
-> le 2e jour = rékiyata (de rakiya = allusion à la création du firmament en ce jour)
-> le 3e jour = guénounita ( = les plantes)
-> le 4e jour = néoritou ( = la lumière)
-> le 5e jour = rou'hachita ( = les animaux)
-> le 6e jour = 'hourfita
-> le 7e jour : la servante qui était pour elle le signe que Shabbath allait arriver, avait pour nom : "ragou'ita" (de ragou'a = paisible, car il faut être paisible à Shabbath).
=> Esther, malgré ses obligations de reine n'a jamais profané le Shabbath.

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+ "Le 7e jour, comme le cœur du roi était en liesse par le vin, il ordonna ... d'amener devant le roi la reine Vachti couronnée de la couronne royale" (Esther 1,10-11)

-> Le Yétev Panim explique ce verset de la façon suivante :
"Le 7e jour" est le jour du Shabbat , "comme le cœur du roi était en liesse", il s'agit de Hachem, le Roi de tous les rois, "par le vin" il s'agit du kidouch que réalisent les enfants d'Israël durant Shabbat.
Par ce mérite, le Maître de l'univers agença les événements de l'histoire pour qu'A'hachvéroch convie la reine Vachti à son festin et la fasse exécuter à cause de son refus.

-> Le Manot haLévi rapporte que bien que les juifs eussent participé au festin toute la semaine, ils restèrent tous chez eux le Shabbath de peur de profaner par inadvertance ce jour saint. C'est par ce mérite qu'ils furent sauvés.

-> Le Shvilé Pin'has enseigne :
Le miracle de Pourim eut lieu par le mérite du vin lorsqu'Israël sanctifia le Shabbat par le kidouch.
Le miracle débuta par l'exécution de Vachti. Ensuite, c'est Haman le racha qui demanda l'extermination du peuple juif après avoir été à l'origine de l'exécution de Vachti. Cet incident permit à Esther de monter sur le trône et de sauver les enfants d'Israël du décret d'extermination.
Ainsi, nos Sages (Méguila 7b) ont-ils institué en souvenir de ce miracle, l'obligation de s'enivrer le jour de Pourim avec du vin : "jusqu'à confondre entre "maudit soit Haman" (arour Haman) et "béni soit Mordé'hai" (barou'h Mordé'haï)".
L'enjeu est de réaliser et de comprendre au plus profond de notre cœur que durant le miracle de Pourim, il n'y avait aucune différence entre Mordé'haï qui œuvra pour sauver le peuple juif et Haman qui, sans le savoir, œuvra également pour sauver le peuple

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-> La sanctification du Shabbat avec du vin a été instituée pour réparer la faute d'Adam qui fauta avec du vin.
Comme il est rapporté dans la guémara (Béra'hot 40a ; Sanhédrin 70a) : "Quel était l'arbre qu'a consommé Adam? Rabbi Méïr enseigne que c'était la vigne car il n'y a rien d'autre qui cause malheur autant que le vin comme il est écrit : "Noah but du vin puis s'enivrera" (Noa'h 9,21).
Ceci est également l'avis du Zohar (Térouma 156a).

Le Ben Ich 'Haï (Halakhot 2e année Bamidbar) explique que la raison pour laquelle nous sanctifions le Shabbat sur du vin est de réparer la faute de l'arbre de la connaissance.
Le Ben Ich 'Haï le déduit de l'enseignement du Sifté Cohen qui rapporte les mots du midrach : "si Adam Harichon avait attendu jusqu'à Shabbat, l'arbre de la connaissance leur aurait été permis à la consommation" = c'est-à-dire que s'il avait attendu jusqu'à Shabbat, il aurait pu le sanctifier en faisant le kidouch avec l'arbre de la connaissance.

-> Le Mékoubal rabbi Arié (auteur du Divré Esther) écrit :
"Le décret de Haman trouvait sa source dans la faute originelle (qui entraîne le mélange du bien et du mal dans toute la Création), la consommation de l'arbre de la connaissance, à cause de leur participation au festin. Nos Sages de mémoire bénie nous ont enseigné que le serpent contamina 'Hava qui fut ainsi souillée par le mal. Le mal n'avait plus d'emprise lorsqu'Israël se tint au mont Sinaï (guémara Shabbath 146a). Cependant, à l'époque d'A'hachvéroch, la souillure du serpent se réveilla ... parce qu'ils participèrent au festin ... ainsi Israël devait de nouveau accepter la Torah."

-> Le Shvilé Pin'has enseigne :
"Le 7e jour, comme le cœur du roi était en liesse par le vin" (Esther 1,10) = il s'agit du jour du Shabbat et de la réjouissance du Maître de l'univers lorsque son peuple sanctifie le soir de Shabbat avec du vin.
Ceci va permettre de réparer la faute d'Adam haRichon qui but le raisin pressé servi par son épouse à son insu avant le soir du Shabbat.
Puisque les Bné Israël accomplissent le kidouch le vendredi soir, ils effacent ainsi les accusations de Haman qui voulait éveiller la faute de l'arbre de la connaissance du bien du mal.

Et c'est le sens de l'enseignement de Rava : "L'homme a le devoir de s'enivrer le jour de Pourim jusqu'à confondre entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordékhai" (guémara Méguila 7b) = en buvant du vin le jour de Pourim, et en confondant entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordékhai", nous réparons au Nom du ciel cette fois-ci ce mélange de bien et mal qui se produisit lors de la consommation de l'arbre de la connaissance et réparons par ce biais la faute originelle.
[ainsi chaque Pourim nous nous rapprochons de la réparation ultime, nous faisant mériter alors la Délivrance finale. ]

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+ Shabbath Za'hor :

-> Nos Sages ont institué de lire la paracha Zakhor le Shabbat qui précède la fête de Pourim. [guémara Méguila 30a]

-> Le 'Hidouché haRim explique que nos Sages ont institué de lire la paracha Zakhor durant la semaine qui précède Pourim car la sainteté du jour du Shabbat a la capacité particulière d'effacer Amalek.
On y trouve une allusion dans le verset : "Ce sera lorsque Hachem ton Dieu te donnera du repos sur tous tes ennemis aux alentours" (Ki Tétsé 25,19).

-> Il est écrit : "Hachem dit à Moché : écris ceci comme souvenir dans le livre et place-le aux oreilles de Yéhochoua : effacer, J'effacerai le souvenir d'Amalek de dessous les cieux" (Béchala'h 17,14).
Le midrach (Tan'houma Béchala'h 28) explique notre verset : "effacer, J'effacerai" = cela signifie qu'il sera effacé dans ce monde ici-bas et effacé dans le monde à venir.
[ainsi Amalek sera définitivement effacé par Hakadoch Baroukh Hou lui-même à l'avenir.]

-> Selon la guémara (Béra'hot 57b), le Shabbat est 1/60 du monde futur.
[ par conséquent, puisqu'il est déjà un certain goût d'une réalité sans Amalek (Satan, yetser ara), il est clair que le Shabbath a la capacité particulière de nous aider à accomplir la mitsva d'effacer Amalek déjà dans ce monde, c'est pour cela par exemple que nous lisons paracha Za'hot le Shabbath précédant Pourim. ]

-> Le Bné Yissa'har écrit :
Voici que Hachem nous a donné le jour du Shabbat, jour de sainteté pour l'assemblée comme il est écrit : "Vous observerez Mes Shabbat car c'est un signe entre Moi et vous pour vos générations pour savoir que Je suis Hachem qui vous sanctifie" (Ki Tissa 31,13).
Durant ce jour sacré l'âme est renforcée dans la sainteté et c'est le sens des paroles de nos Sages : "Hachem dit à Moché : J'ai un cadeau merveilleux dans Mon trésor, et Shabbat est son nom. Je souhaite le donner à Israël, à toi de leur faire savoir" (guémara Shabbath 10b).
Ainsi, le Shabbat étant le 7e jour de la semaine, il contient un supplément de sainteté qui a la propriété de pouvoir s'opposer à la force particulière du 7e nom du mauvais penchant [Tséfoni = le pire des 7 aspects du yétser ara] (guémara Soucca 52a) qui est incarné par Amalek.

[le Maharcha (Soucca 52a) dit que les 7 noms du mauvais penchant correspondent aux 7 forces négatives qui correspondent elles-mêmes aux 7 jours de la semaine. (Shabbath ayant davantage de sainteté avec le supplément d'âme, il fait face à davantage d'impureté des forces du mal, et il peut donc davantage leur porter atteinte)]

Les repas de Shabbath

+ Les repas de Shabbath :

1°/ Les restes du Shabbath :

-> De nombreuses personnes considèrent les restes de nourriture de Shabbat comme indésirables, comme ayant un goût ne donnant pas vraiment envie.
Le rav Tsvi Elimélé'h de Dinov (1783-1841), également connu sous le nom de Bné Yissa'har, raconte une anecdote intéressante concernant un grand tsadik dont il était le gabbaï, le tradik de Pshevorsk (Bné Yissa'har - Tamouz et Av 1,10).
Ce tsadik laissait de côté une partie de sa nourriture de Shabbat pour la semaine. Lorsqu'un invité honorable venait pendant la semaine, il lui servait un peu de ce reste de nourriture de Shabbat.
Il appelait cela un semblant de : "chéyaré ména'hot", les restes de l'offrande (korban) de Min'ha.

Le Bné Yissa'har rapporte qu'il a vu des gens qui étaient vigilant à ne pas donner de la nourriture de Shabbath à non-juifs. [puisqu'étant un semblant de reste de korban Min'ha]
[la michna Broura (167:97) enseigne qu'on ne doit pas nourrir un animal, une bête ou un non-juif (kousi) de ce sur quoi on a pu réciter dessus la bénédiction de motsi. ]

-> Ailleurs, le Bné Yissa'har (Igra déKalla - 'Hayé Sarah) nous dit, au nom du Séfer 'Hassidim, que si l'on récite une bénédiction sur l'eau et qu'on en laisse, on ne doit pas la donner à un non-juif ou à un animal puisqu'on a mentionné le "shem shamayim" (nom Divin) sur elle [dans la bénédiction], car on l'a alors imprégnée de sainteté.

Avec cela, nous pouvons comprendre pourquoi, après avoir donné à boire à Eliézer, Rivka a puisé de l'eau pour les chameaux, car il est dit qu'elle s'est précipitée et a vidé sa cruche dans l'abreuvoir et a continué à courir jusqu'au puits pour puiser de l'eau, et elle a puisé de l'eau pour tous ses chameaux ('Hayé Sarah 24,20).
C'est parce qu'Eliézer a récité une bénédiction sur l'eau. Lorsque Rivka a entendu cela, elle a dit qu'il n'était pas convenable de donner aux chameaux de la même eau.
Elle a donc dit qu'elle irait chercher de l'eau pour les chameaux une nouvelle fois.
Ainsi, elle dit donc : "vatéar kada", elle a vidé l'eau dans laquelle Eliézer a bu, et ensuite "vatarats od él habéer lich'ov", elle est allée puiser de l'eau pour les chameaux.
[rav Yéhochoua Alt]

[au regard de l'incroyable sainteté du Shabbath, il en découle que la nourriture de ce jour est également imprégnée d'une plus grande sainteté. ]

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2°/ Faut-il totalement se lâcher dans nos repas en l'honneur du Shabbath? :

Certains pensent que le Shabbat, nous pouvons être négligents dans notre alimentation, que ce soit en mangeant avec excès ou en mangeant des aliments malsains.
=> Est-ce que sous couvert de réaliser la mitsva de faire honneur au Shabbath, on peut manger/boire sans limite?

On peut citer :
1°/ Le Chlah haKadoch (Massé'het Shababth - perek Ner mitsva 37) écrit que le commandement de profiter du Shabbat signifie que nous devons le faire pour l'honneur du Shabbat et non pour nous-mêmes. C'est comme si nous invitions un invité honorable et que nous préparions le repas pour son honneur car s'il n'était pas là, le plaisir et les dépenses seraient difficiles à supporter.
Le Chlah haKadoch poursuit en disant que ceux qui se remplissent l'estomac comme un cheval et une mule en poursuivant ce qui est doux ... et qui, après avoir mangé avec excès, s'endorment et gaspillent leur cerveau, ne sont pas considérés comme "profitant du Shabbat", mais plutôt comme "profitant d'eux-mêmes" et cela se produit le Shabbat. Cela perturbe également leur apprentissage de la Torah et l'accomplissement des mitsvot. [trop manger, trop boire d'alcool, ... fait que nous soyons moins lucide, plus fatigué pour étudier la Torah en ce jour]
Il faut se contenter de manger des aliments savoureux, faciles à digérer, en petite quantité, mais de grande qualité ...

[en entendant quelqu'un dire avant de manger sa nourriture de Shabbath : "likhvod Shabbath kodech" (en l'honneur du saint Shabbath), le rabbi de Kotsk qui était un homme de vérité, a remarqué que c'était plutôt : "en l'honneur de mon estomac!" ]

2°/ Il est dit dans le Tana déBé Eliyahou (chap.26) à propos du Shabbat : on doit prendre un peu de viande et de vin, et ne pas en abuser.
A propos de ceux qui en abusent, le verset dit : "Ne sois point parmi les buveurs de vin, parmi les amis de la bonne chère ; car ivrogne et gourmand tombent dans la misère ; le goût du sommeil réduit à se couvrir de haillons" (Michlé 23,20-21).

3°/ Le Reichit 'Hochma (Chaar haKédoucha 15) dit qu'il est approprié pour une personne qui désire se "sanctifier" de ne pas manger en dehors de buts thérapeutiques. Cela aidera une personne à ne pas tomber malade et à ne pas devoir négliger l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvot.
Il est donc approprié pour une personne de ne pas se remplir d'aliments lourds, même s'ils sont sains. Cela s'applique même au Shabbath.
Si l'on suit ce conseil, alors on sera imprégné de la crainte du ciel et de la sainteté.

4°/ Le Aboudraham (cité par le Chla haKadoch - idem perek Ner mitsva 37) écrit que l'une des raisons pour lesquelles Hachem nous a ordonné de manger des séoudot chaloch (3e repas de Shabbath) est que le fait de savoir qu'il y a un 3e repas à venir nous incitera à ne pas remplir nos estomacs lors de la séouda précédente.
S'il n'y avait pas de 3e repas, nous pourrions remplir notre estomac, ce qui polluerait notre cerveau et nous endormirait. Ceci, bien sûr, mène directement à bitoul Torah (perdre son temps alors qu'on pourrait étudier) et entrave notre connexion/ attachement à Hachem (dvékout Hachem).

5°/ La guémara (Shabbath 118a) dit : "fais ton Shabbat comme un jour de semaine, mais ne sois pas dépendant des gens" (assé Shabbaté'ha 'hol, véal titstaré'h labriyot).
Cela peut également être compris comme disant qu'il faut manger des aliments sains le Shabbat comme en semaine (pour ceux qui le font), plutôt que de manger des aliments lourds et malsains le Shabbat, ce qui pourrait éventuellement nous amener à avoir besoin d'un médecin, que D. nous en préserve.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> "Toute la subsistance d’un homme pour l’année à venir est décidée entre Roch Hachana et Yom Kippour, à l'exception de celles nécessaires pour le Shabbath, Yom Tov, et ainsi que les frais pour l’éducation de nos enfants en Torah."
[guémara Bétsa 16a]

=> Ainsi, sans être totalement déraisonnable (compter sur les miracles), on ne perd rien à embellir notre Shabbath : plus on dépensera, plus on nous en donnera les moyens (idem pour les 2 autres types de dépenses).

-> Le 'Hazon Ich (Imré Yocher Shabbath p.157) dit que cela ne s'applique qu'à celui qui y croit vraiment.

-> On trouve cela en allusion dans le mois de Tichri (תשרי), celui de Roch Hachana et Kippour, qui est l'acronyme de : Talmud Torah (ת) ; Shabbath (ש) ; Roch 'Hodech (qui n'est pas un véritable Yom Tov à cause de la faute du Veau d'or, mais le redeviendra avec la venue du machia'h - ר) et de Yom Tov (י).

-> Le vendredi soir, nous disons dans le échét 'hayil : "véchallal lo yé'hssar" (les ressources ne lui font-elles pas défaut - Michlé 31,11). Une explication est parce l'argent dépensé pour Shabbath ne lui manquera pas, puisqu'il n'est pas inclus dans son revenu.

-> Selon la Michna Broura (419:1) ce principe où nos dépenses ne sont pas déduites de notre parnassa fixée entre Roch Hachana et Yom Kippour, s'applique également à celles liées à Roch 'Hodech et à 'Hol haMoed.
Le Pné Moché (Yérouchalmi Taanit 4,3) dit que s'il y a 2 jours de Roch 'Hodech, nous devons faire une séouda à chacun de ces jours.
Cependant, selon rabbi 'Haïm Kaniesky (Séélat Rav p.29), cela ne s'applique pas aux Yamim Tovim établis par nos Sages, comme 'Hanoucca et Pourim.

-> Combien peut-on dépenser pour Shabbath et Yom Tov pour que nous puissions appliquer ce principe : plus on dépense en leur honneur, plus on reçoit?
Le rav Eliyachiv (Shévout Its'hak Chasmal - chap.19) est d'avis qu'il s'applique à tout ce qui est nécessaire pour l'honneur du Shabbath. Cela comprend tout ce que vous avez l'habitude d'utiliser pendant la semaine, comme le chauffage, la climatisation, l'éclairage, ...

Le rav 'Haïm Scheinberg (Zikhron Dror Yikra) dit que c'est uniquement ce que nous avons l'habitude de dépenser pour une séouda importante qui est considérée comme des dépenses pour Shabbath et Yom Tov.
Néanmoins, acheter ce dont nous n'avons pas l'habitude à des prix énormes n'est pas inclus.
Rabbi 'Haïm Kanievsky n'est pas d'accord et dit que l'on peut acheter de tels articles et avoir l'intention de le faire pour l'honneur du Shabbath et que cela est inclus dans les dépenses du Shabbath. Cependant, il estime qu'il ne faut pas acheter des articles extrêmement chers. Il faut plutôt acheter des articles dans la mesure où nous n'avons pas l'impression qu'il manque quelque chose à notre table.

-> Dans les premières années de leur mariage, rabbi 'Haïm Kanievsky et sa femme avaient souvent du mal à acheter les produits de première nécessité pour le Shabbath.
Rabbi Chaim a interprété comme suit la guemara (Shabbath 119a) qui donne l'instruction "assé Shabbat'ha 'hol vé'al titstaré'h labriyot" (traitez votre Shabbat comme un jour de semaine plutôt que de dépendre de l'aide des gens) = la quantité de nourriture que l'on dépense pour le Shabbat n'est pas incluse dans le montant fixe de Roch Hachana. Ainsi, si une personne achète une abondance de nourriture pour l'honneur du Shabbat et qu'il lui reste de la nourriture à utiliser pendant la semaine, elle fait de [la nourriture du] Shabbat une [nourriture de] jour de la semaine [assé Shabbat'ha 'hol], et elle n'aura pas à dépendre des gens pour l'aider [al titstaré'h labriyot].

De même, le rav Israël Belsky a raconté qu'au cours de ses premières années de mariage, alors qu'il élevait une famille, il n'avait pas de quoi manger car il recevait un revenu minime. Que faisait-il? Pendant la semaine, il mangeait les restes de Shabbat puisque la nourriture de Shabbat est payée par Hachem, comme nous le disent nos Sages (guémara Beitza 16a).

-> A noter : Bien sûr, on ne peut pas acheter une commande d'épicerie chaque vendredi pour la semaine et dire que c'est pour Shabbath. [il faut une certaine honnêteté d'esprit d'acheter vraiment pour le Shabbath, et non pour notre ventre ou porte-monnaie. ]
Mais si l'on achète une grande quantité de nourriture qui pourrait éventuellement être utilisée le Shabbath, même si elle n'est pas utilisée le Shabbath, elle compte comme une dépense pour le Shabbath.
[rav Yéhochoua Alt]

-> Qu'en est-il de l'achat de vêtements pour le Shabbath et le Yom Tov? Est-ce que cela est inclus dans les dépenses qui sont payées?
Rabbi Moché Feinstein (Rivivot Efraïm 1:181) pense que cela est inclus.
De même, selon l'opinion de rabbi Ben Tsion Abba Shaoul (Shout Ohr léTsion 3:20:11), la perte d'argent causée par la combustion de gaz inutile après que la nourriture ait déjà été retirée du feu est incluse.

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-> On peut citer une opinion qui diffère un peu de ce qu'on a vu précédemment : le Ritva (Shita méKoubétset - Beitsa 16a) est d'avis que ce principe de déduction de nos dépenses s'applique à toutes les dépenses relatives aux mitsvot. Les exemples cités dans la guémara ont été choisis car ils sont courants.

Faire rentrer Shabbath plus tôt

+ Faire rentrer Shabbath plus tôt :

-> Celui qui aime le Shabbath essaiera de l'accueillir plus tôt le vendredi après-midi (avec impatience), et de le faire sortir plus tard (avec regret de s'en séparer).

-> Le Sidouro Chel Shababth (1:4:11) écrit que quand les juifs ajoutent du temps au Shabbath (tosséfet Shabbath), alors : "ils devraient ajouter la pensée ... qu'ils sont en train de montrer à Hachem leur immense amour et appréciation du Shabbath, alors ils ajoutent du temps au Shababth ...
Parce que Hachem a un immense plaisir lorsque nous faisons le tosséfét Shabbath."

-> Nous disons dans le moussaf de Shabbath : "toaméa 'haïm za'hou".
Selon le rav Zalman Sorotzkin, cela signifie que ceux qui apprécient le goût du Shabbath (toaméa) feront sans aucun doute rentrer Shabbath plus tôt et le quitteront plus tard, parce qu'ils désirent avoir autant de Shabbath que possible.
Leur récompense est : 'haïm za'hou = ils vont mériter le monde à Venir, car le monde à Venir est appelé Shabbath (yom chékoulo Shabbath).
Cela est mesure pour mesure : puisque dans ce monde ils voulaient davantage de Shabbath, alors ils seront récompensés par le Shabbath du futur.

-> Au sujets des 12 pains de proposition qui étaient placés sur le Choul'han dans le Temple, il est écrit : "Shabbath après Shabbath, il l'arrangera devant Hachem continuellement" (béyom haShabbath, béyom haShabbath yaaré'hou lifné Hachem tamid - Emor 24,8).
Le Chem Eliézer (écrit par le rav de Biksad) explique que "béyom" (בְּיוֹם) fait allusion aux jours de la semaine, et "béyom haShabbath" (בְּיוֹם הַשַּׁבָּת) signifie que l'on transforme une partie de la semaine en Shabbath (le tosséfét Shabbath). Dans le verset, cela est écrit 2 fois (béyom haShabbath, béyom haShabbath) car nous le faisons au début et à la fin de Shabbath.
Le mot suivant est : "yaaré'hou" (יַעַרְכֶנּוּ) qui signifie "arranger", et il peut également être traduit par "valoriser, tenir en haute estime" (להעריך). Parce que lorsqu'on transforme la semaine en Shabbath, cela exprime notre amour et notre respect pour le Shabbath.
Et en retour "yaaré'hou" = le Shabbath nous tiendra alors en haute estime. Et comme le Shabbath est la source de toutes les bénédictions, le Shabbath nous accordera de très nombreuses bénédictions.
[plus nous donnons concrètement de la valeur au Shabbath, plus celui-ci en aura pour nous bénir! ]

Le Chem Eliézer compare cela à un haut fonctionnaire du roi. Puisque le roi le tient en haute estime, alors son salaire mensuel est bien supérieur à celui d'un simple soldat de l'armée du roi.
[d'une certaine façon c'est le sens du verse : "béyom haShabbath, béyom haShabbath" = par le fait d'ajouter du temps avant et après au Shabbath, alors "yaaré'hou lifné Hachem tamid" = on sera davantage porté constamment en haute estime auprès d'Hachem (et donc par cela on méritera un salaire, des bénédictions, plus importantes)]

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-> "Shabbaton Shabbath kodech" (Béchala'h 16,23)
-> "yiyé la'hem kodech Shabbath Shabbaton" (Vayakel 35,2)

Le Baal haTourim (Béchala'h 16,23) dit que par le fait que le mot "kodech" apparaît parfois avant et parfois après le mot terem : Shabbath, alors cela indique que nous pouvons ajouter du Shabbath à la fois avant et à la fois après (tosséfet Shabbath).

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-> Le Zohar (Tikouné Zohar 38a,85b) affirme que lorsque nous ajoutons de la semaine dans le Shabbath, alors nous recevons une part plus importante d'âme supplémentaire (la néchama yétéra).

-> "Il n'y a pas de récompense pour les mitsvot dans ce monde " (guémara Kidouchin 39b)
Le rav Elimélé'h Biderman dit qu'il y a des exceptions à cela, et un exemple est : le tosséfét Shabbath.
Il y a également des récompenses pour cette mitsvot dans ce monde.
Nos livres saints enseignent que lorsqu'on fait plus que ce que nos obligations le demandent, nous sommes également récompensés en ce monde.
Le Yétav Panim écrit que lorsque quelqu'un fait du tosséfét Shabbath, il ajoute du Shabbath, faisant davantage que la stricte description du Shabbath faite par la Torah.
Puisqu'il va au-delà des limites de ses obligations, alors une telle personne sera récompensée en ce monde.

-> "Quiconque fait du Shabbat un délice se voit attribuer un héritage sans frontières" (guémara Shabbath 118b).
Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Shabbath 118b) explique : "Celui qui accueille le Shabbat à l’avance ouvre les frontières du jour saint qui, a priori, le limitent à une journée. En élargissant ces frontières [de temps], il mérite, en retour, que le Shabbat lui rende la pareille en ouvrant en sa faveur toutes les frontières, en agrandissant sa part dans tous les domaines."

[la récompense est mesure pour mesure : si à tes yeux tu "fais du Shabbat un délice" en allant au-delà des frontières strictes de la halakha (comme l'atteste le fait que tu cherches à l'accueillir plus tôt et à le faire sortir plus tard), alors la récompense va nous "attribuer un héritage sans frontières", on aura des bénédictions qui iront au-delà de toutes limitations.
Le Shabbath étant la "mékor abéra'ha" (la source des bénédictions), nous avons intérêt à ouvrir les vannes pour en recevoir le maximum par le biais du tosséfét Shabbath.]

-> Il y a une garantie du Arizal que le fait d'ajouter du temps avant et après Shabbath, et enseigner aux autres à le faire, est propice pour avoir des enfants. [Ségoulat Israël - banim]
Le rav Elimélé'h Biderman ajoute qu'il est inclus dans cette bénédiction d'avoir de la satisfaction de ses enfants et de pouvoir les élever dans les chemins de la Torah.

-> Le 'Hafets 'Haïm conseilla à un couple qui n'arrivait pas à avoir d'enfant : Faites rentrer Shabbath plus tôt, quand c'est encore bien avant Shabbath, et vous verrez des délivrances (yéchouot).

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-> Le Imré Emet disait que le tosséfet Shabbath est propice pour avoir toutes sortes de délivrances dans notre vie.

-> Le Pri Mégadim (fin 256) écrit : "Le tosséfét Shabbath a pour conséquence d'avoir une vie plus longue".

Cela s'explique ainsi :
Adam et 'Hava ont mangé de l'Arbre de la Connaissance le vendredi après-midi.
Le midrach déclare que si Adam et 'Hava avaient attendu que ce soit Shabbath, ils auraient été autorisés à manger de l'Arbre de la Connaissance. La faute était qu'ils avaient mangé de l'arbre trop tôt, alors qu'il était encore vendredi après-midi. Par cette faute, la mort a été introduite dans le monde.
Le Imré Emet dit que lorsque nous faisons le tosséfét Shabbath, nous rendons le vendredi après-midi du Shabbath. Cela a pour incidence que rétrospectivement lorsque Adam et 'Hava ont mangé de l'Arbre de la Connaissance, c'était en réalité déjà Shabbath.

Par conséquent, le tosséfét Shabbath vient expier leur faute.
Leur péché ayant apporté la mort au monde, en faisant le tosséfét Shabbath et rectifiant leur faute, cela permet aux gens de vivre plus longtemps.

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-> Le tosséfét Shabbath est également propice pour la parnassa (subsistance).
Rabbi Mordé'haï Lechovitch dit : "les maîtres de maison (baalebatim) se plaignent de leur parnassa. S'ils m'écoutaient, ils feraient le tosséfét Shabbath, et alors ils ne manqueraient de rien".

-> Rabbi Mendel de Riminov (en expliquant allusivement la guémara Shabbath 118a) dit : apportes ton Shabbath dans les jours de la semaine (assé Shabbath 'hol), et tu auras de la parnassa en abondance, et tu n'auras pas besoin de demander aux gens une aide financière (véal titstarékh labériot).
[La traduction simple de cette guémara est de traiter son Shabbat comme un jour de semaine plutôt que de dépendre des gens pour obtenir de l’aide.]

-> Le Shabbath est la racine de toutes les bénédictions de la semaine.
Rabbi Noa'h Léchovitz (Divré Shmouël - likoutim 6) enseigne que par le fait d'observer le Shabbath, les bénédictions spirituelles nous viennent tout au long de la semaine, et par le fait d'ajouter du temps de la semaine à Shabbath (le tosséfét Shabbath) alors nous méritons des bénédictions matérielles.

-> Le Tola'at Yaakov (Sod haShabbath 6) explique que lorsque quelqu'un fait tosséfét Shabbath, il élargit les limites de la sainteté, car il transforme de la semaine en Shabbath.
Le Ciel le traitera alors de la même manière (mesure pour mesure), et le Ciel élargira alors sa parnassa.

-> L’un des avantages de l’observance du Tossefet chabbat est qu’il est porteur de parnassa. C’est mesure pour mesure car quand on étend la zone temporelle du Shabbat, on rétrécit la durée des jours profanes et Hachem étend de son côté les limites initialement fixées de la parnassa.
[ "Plus que nous ne gardons chabbat, chabbat nous garde" ]
Chaque moment de Tossefet chabbat est apprécié par Hachem. Pour accomplir la Tossefet chabbat, comme le dit la guémara (Yoma81b) : מוסיפין מחול על הקודש = il est recommandé de recevoir chabbat au moins 12 minutes à l’avance. Ainsi, nous pourrons mériter les nombreuses bénédictions.
[rav Yéhochoua Alt]

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-> "On doit ajouter de la semaine au Shabbath" (Choul'han Arou'h 261,2)

-> "Nous prions Arvit plus tard (à la sortie de Shabbath) pour prolonger le Shabbath dans la semaine" (Choul'han Aroukh 293,1)

-> "La coutume [à la sortie de Shabbath] est de dire : "véou ra'houm" et "baré'hou" avec une mélodie longue et douce, pour ajouter quelques moments au Shabbath".
[cela ne prend que quelques secondes de plus, mais cela permet d'exprimer notre attachement et importance au Shabbath (on est plus en mode "ce n'est qu'un au revoir", plutôt qu'en mode compte à rebours "youpi, Shabbath est enfin fini!"). ]

-> Le 'Hida (Birké Yosser) rapporte que celui qui allongera le "barou'h Hachem amévora'h" à la sortie du Shabbath (dans Arvit), il sera épargné des soucis tout au long de la semaine.
Il ajoute au nom du Arizal, que c'est une ségoula (d'allonger le barou'h Hachem amévora'h) qui a fait ses preuves pour avoir la réussite dans tout ce qu'on entreprendra.
[c'est investir 1-2 seconde de plus, pour mériter une protection de tout danger et avoir la réussite!]

-> La michna Broura (261,19) écrit : "Si une personne fait une méla'ha dans ce temps [de tosséfét Shabbath], elle ne transgresse pas une interdiction (lav) et elle n'est pas punie par la mort (karét).
Cependant, elle transgresse un commandement positif de la Torah (mitsva assé min aTorah) de transformer un peu de la semaine en Shabbath".

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-> b'h, également : Le Tossefet Shabbath : http://todahm.com/2022/11/17/le-tossefet-shabbath

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-> "Vous ferez votre Shabbat" (Emor 23,32)

Nos Sages apprennent de ce verset qu'il y a une obligation à ajouter à la sainteté du Shabbat. L'accueillir plus tôt et le faire sortir plus tard. Néanmoins, le Rambam dit que ce n'est pas une obligation de la Torah, mais seulement d'ordre rabbinique. D'après le Rambam, la Torah n'impose un tel ajout que pour Kippour.

Quand le Avné Nezer était jeune, son groupe d'étude avait terminé l'étude du traité Shabbat.
Ainsi, ils lui demandèrent de dire un mot pour conclure l'étude de ce traité. Il expliqua que le traité de Shabbat est composé de 24 chapitres, correspondant aux 24 heures du jour du Shabbat. Néanmoins, puisqu'il y a un devoir d'ajouter à la sainteté de Shabbat, à son entrée comme à sa sortie, idéalement, on devrait accueillir Shabbat une heure plus tôt et le faire sortir une heure plus tard. Le Shabbat devrait donc durer 26 heures et le traité de Shabbat aurait donc dû être composé de 26 chapitres!
Mais d'après l'opinion du Rambam, pour bien signifier que l'obligation d'ajouter au Shabbat est d'ordre rabbinique, et non de la Torah, il n'y a que 24 chapitres au traité.

Pour faire allusion à cela, le dernier chapitre de ce traité de la guémara Shabbath, le 24e chapitre, commence par énoncer la Michna suivante : "Un homme qui se retrouve en route et qui voit le soir (l'entrée de Shabbat) s'approcher et qu'il porte sa bourse sur lui, il la donnera à un non juif (pour la transporter à sa destination) ..."
Or, on peut s'interroger. Comment cette Michna peut-elle permettre de donner son portefeuille à un non-juif alors que le soir est en train de tomber? N'y a-t-il pas une obligation d'ajouter à la sainteté du Shabbat, avant le soir ! Aussi, il aurait dû être interdit de remettre sa bourse au non-juif du fait de l'interdit de faire faire un travail par un non Juif pendant Shabbat!

Seulement, puisque l'obligation d'ajouter au Shabbat est d'ordre rabbinique, dans ce cas précis où l'homme ne veut pas perdre son argent, les Sages ont suspendu leur interdit et lui ont autorisé à remettre sa bourse à un non juif, pour lui éviter ce grand désagrément.
Ainsi, cette Michna a été choisie pour introduire le 24e chapitre du traité, car laissant ainsi suggérer que l'ajout supplémentaire au Shabbat est d'ordre rabbinique, le traité Shabbat peut donc se terminer au 24e chapitre. Et il n'est pas nécessaire d'y ajouter 2 autres chapitres.
Ainsi, dès le début du 24e chapitre, la Michna rapporte en allusion la raison pour laquelle le traité s'achèvera après ce chapitre.

Pourquoi avons-nous une kabbalat Shabbath (accueil du Shabbath), et pas un kabbalat Yom Tov?
C'est parce qu'à Yom Tov, la mitsva est d'aller à la maison d'Hachem (le Temple), puisque nous sommes olé laréguel (d'où le nom chaloch régalim). Par conséquent, nous allons à Hachem.
A Shabbath, c'est Hachem qui vient à nous. Par conséquent, nous sortons pour saluer Hachem avec la kabbalat Shabbath.
[rav Yéhochoua Alt]

-> Dans les chants de la kabbalat Shabbath, nous disons : "pné Shabbath nékabéla" (accueillons la présence de Shabbath).
En traduisant littéralement ces mots, on a une autre explication : dès l'entrée du Shabbath, nous devons revêtir notre face de Shabbath (pné Shabbath).
Toute la semaine, une personne se promène avec des expressions d'anxiété, de tension et autres. Mais le Shabbath, nous devrions avoir l'impression que tout notre travail est bien terminé et que tous nos soucis sont partis. Notre visage doit rayonner de tranquillité. Et c'est ainsi que nous devons accueillir (nékabéla) le Shabbath.
[d'après le Séfer Ména'hem Tsion]

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-> Selon la guémara (Béra'hot 57b), le Shabbath contient 1/60e du monde futur.
Le 'Hidouché haRim fait la comparaison suivante : de même que le monde à Venir ne peut se produire qu'après que nous soyons sorti de ce monde, de même nous ne pouvons recevoir pleinement le Shabbath qu'après que nous ayons quitté complétement la semaine.

-> Rabbi 'Hananel écrit que Rabbi 'Hanina dansait en amenant le Shabbath (guémara Baba Kama 32a).
[au-delà de sa conscience de la grandeur de ce jour, on peut éventuellement expliquer cela par le concept qu'un mouvement externe a un impact sur notre intériorité. Par exemple, en se forçant à sourire, à être heureux, alors on apporte de la joie en nous. De même avec Shabbath, en l'accueillant comme Rabbi 'Hanina. ]

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+ Se préparer au Shabbath :

-> Le fait de se préparer pour Shabbath provient de la Torah, comme il est écrit : "le 6e jour, lorsqu'ils prépareront ce qu'ils auront apporté" (Béchala'h 16,5).
Il est intéressant de noter que le Biour Halakha (250) aborde le sujet de faire les courses avant Cha'harit du vendredi car se préparer pour Shabbath est d'ordre biblique (Torah) à la différence de la prière qui est d'ordre rabbinique (niveau moindre).

-> La guémara (Pessa'him 13a ; Erouvin 43b) enseigne que Eliyahou haNavi ne viendra pas une veille de Shabbath en raison des difficultés que cela imposerait à ceux qui auraient besoin d'interrompre leurs préparatifs de Shabbath pour le saluer.
[d'une certaine façon, il vaut mieux repousser la venue de la gueoula plutôt que d'entraver notre préparation du Shabbath! ]

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-> La veille de Shabbath (erev Shabbath), il y a un yétser ara particulier de se disputer et de se mettre en colère. En ce sens la guémara (Guittin 52a) rapporte le récit de 2 personnes que le Satan incitait régulièrement à se disputer l'un l'autre, au crépuscule la veille de Shabbath.

Le Ben Ich 'Haï écrit au nom du 'Hida (Moré Baétsba 140) : "La veille de Shabbat, à l'approche de min'ha, est une heure dangereuse, prédisposée à la dispute d’un mari avec sa femme et des serviteurs entre eux.
Le Satan investit alors beaucoup d'efforts à semer la discorde. L'homme craignant D. soumettra son mauvais penchant et ne réveillera aucune dissension ni reproche, mais au contraire, il recherchera la paix."

Quelle est l'origine de ce yétser ara?
Parce que la première faute s'est produite une veille de Shabbath (erev Shabbath) et le yétser ara a alors une position dominante (ce qui fait que nous avons plus de facilité à se mettre en colère). Nous pouvons être tellement pressés à érev Shabbath que cela peut mener facilement à des disputes.
En effet, le mot "na'hach", le serpent qui fut l'investigateur du premier péché, a pour racine " 'hich" qui signifie : agir vite, se précipiter.
[comme dans : "ki gaz 'hich vénaoufa" (car il est coupé rapidement et nous nous envolons - Téhilim 90,10)]
Ainsi, pour contrer cela, nous devons autant que possible être prêts tôt.

-> "Si quelqu'un meurt la veille de Shabbath, c'est de bon augure pour lui" (mét béErev Shabbath siman yafé lo - guémara Kétoubot 103b)
[puisque cela permet d'éviter le "hibout akéver", être frappé après sa mort dans sa tombe pour ses fautes. ]

Le Baal Chem Tov (al haTorah Béréchit 79) explique que cette guémara nous enseigne une leçon de moussar importante. Il faut faire comme si nous étions morts la veille de Shabbath. Cela signifie qu'on doit autant que possible tout abandonner afin de se préparer (matériellement et dans la tête) pour Shabbath.
Si on agit ainsi en se consacrant bien aux préparations de Shabbath, alors "c'est de bon augure pour lui" = après notre enterrement, on ira directement au Gan Eden, sans être puni par le 'hibout hakéver (les coups reçus dans la tombe).

-> "Celui qui a travaillé la veille de Shabbath, mangera à Shabbath" (mi chétara'h béErev Shabbath yo'hal béShabbath - guémara Avoda Zara 3a).
Si quelqu'un travaille pour accomplir les mitsvot dans ce monde, il sera récompensé dans le monde à Venir.

[le monde à Venir est appelé Shabbath (yom chékoulo Shabbat.
Mais on peut également le comprendre ainsi : "Celui qui a travaillé la veille de Shabbath" = en se consacrant à ses préparatifs, alors "mangera à Shabbath".
Cela est mesure pour mesure : puisque dans ce monde nous voulions embellir le Shabbath : matériellement, spirituellement, avec de la joie et une belle atmosphère (comme les préparatifs d'érev Shabbath le témoignent), alors nous serons récompensés par un beau Shabbath du futur (le monde à Venir éternel).]

-> Nous devons être prêts à temps pour saluer le Shabbath. Nous devons être à la hauteur des mots : "likrat Shabbath lé'hou vénélkha" (allons accueillir le Shabbath - Lékha Dodi).
Le Rambam (Hilkhot Shabbath 30,2) écrit qu'on doit "s'asseoir avec le respect qui convient, attendant de recevoir le Shabbath comme si on sortait pour saluer un roi.

On peut déjà ressentir un peu du Shabbath lors d'érev Shabbath. En effet, le mot "érev" (Shabbath) signifie "mélange", puisque érev Shabbath a de la sainteté du Shabbath qui est mélangée en ce jour.

Le Méor Einayim ressentait déjà un peu Shabbat à travers ses préparatifs de ce saint jour tels que le mikvé et autres. Une fois, après ses préparatifs d’érev Shabbat, il ressentait manquer encore un peu de sainteté (kédoucha). Il s’est alors rendu compte qu’il portait ses chaussettes de semaine.

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-> b'h, également sur la préparation du Shabbath : http://todahm.com/2021/12/12/limportance-de-se-preparer-a-shabbath

Shabbath = un mariage hebdomadaire

+ Shabbath = un mariage hebdomadaire :

-> En semaine, nous récitons la même Amida (Shemoné Esré) 3 fois par jour.
Le Sia'h Its'hak se demande donc pourquoi est-ce qu'à Shabbath nous avons un Shemoné Esré qui est différent pour chacune des 4 prières (Arvit, Cha'harit, Moussaf et Min'ha)?
[d'ailleurs, à Yom Tov, les 3 prières (Cha'harit, Min'ha et Arvit) sont aussi similaires. ]
Une autre question qui se pose est pourquoi dans le Shemoné Esré de Shabbath nous disons :
- à Arvit : "véyanou'hou va'h" ;
- à Cha'harit (et à Moussaf) : "véyanou'hou vo" ;
- à Min'ha : "véyanou'hou vam".

Avant de répondre, on peut noter qu'en semaine nous récitons 57 bénédictions, puisqu'il y a 3 Shemoné Esré de 19 bénédictions chacun.
Cela contraste avec le Shabbath où le Shemoné Esré est nettement plus cours. On peut constater que les termes : va'h, vo et vam, ont une guématria totale de 57.

-> Le midrach (Béréchit rabba 11,8) nous dit que les 6 jours de la semaine ont un partenaire : le dimanche est jumelé avec le lundi, le mardi avec le mercredi, le jeudi avec le vendredi. Seul le jour du Shabbath était célibataire. Après que le Shabbath se soit plaint de cela, Hachem l'a associé aux juifs.
Le 7e jour de la semaine, Shabbath, devint ainsi un avec nous. Le jour du Shabbath est un moment de mariage.
C'est ce que nous affirmons : "lé'ha dodi likrat kala" (Viens, mon bien‑aimé, au‑devant de la fiancée).
De même, nous disons : "bo'i béshalom atéret baala" (Sois la bienvenue, toi, couronne de ton époux).

Ceci explique pourquoi les initiales de "pné Shabbath nékabéla" (פני שבת נקבלה - Allons accueillir le Shabbath) forment : néfech (נפש). Parce que maintenant que nous nous unissons avec le Shabbath, alors nous sommes complets, car sans cela nous ne serions qu'une moitié, tout comme l'est celui qui n'est pas marié.

A la lumière de cela, nous pouvons comprendre pourquoi nous allumons 2 bougies avant l'entrée de Shabbath. C'est parce que Shabbath s'apparente à un mariage où nombreux ont l'habitude d'allumer 2 bougies sous la 'houpa.
[voir à ce sujet : http://todahm.com/2014/04/01/coutume-de-porter-des-bougies-au-mariage ]

Pendant Shabbath, nous avons 4 Chemoné Esré avec un texte différent. On a ainsi :
- le vendredi soir = nous disons "ata kidachta", cela fait référence aux kidouchin, la première partie d'un mariage.
- le matin (à cha'harit) = on dit "yichma'h Moché" (yichma'h = se réjouir), cela fait allusion à l'idée de "sim'hat 'hatan vékalla" (la joie, réjouir les mariés).
- à moussaf = les mots sont "tikan'ta Shabbath ratsita korbanoté'ha", où "korbanot" signifie un repas de fête.
- enfin à min'ha = la formule "ata é'had" = c'est le yi'houd (isolement) du 'hatan avec la kala, puisque le Shabbath est le moment où l'on ne fait qu'un avec Hachem comme un 'hatan et une kala.

Cette idée est également représentée dans les différentes formulations : va'h, vo et vam (cf. ci-dessus).
Le mot "va'h", qui est au féminin fait référence au kidouchin.
Le mot "vo", qui est le même mot au masculin, fait référence au nisouïm, lorsqu'il l'amène chez lui.
Enfin, "vam", est ce même terme au pluriel, symbolise la notion de yi'houd (isolement) des 2 ensemble.
[par exemple à la fin du Shalom Alé'hem, nous disons aux anges qui nous accompagnent depuis la synagogue : "sortez en paix" (bétsété'hem léshalom) = chers anges, veuillez nous laisser tout seul avec notre amoureux le Shabbath, en intimité et extrême proximité avec papa Hachem. ]

La sainteté du Shabbath

+ La sainteté du Shabbath :

1°/ Shabbath est la source de sainteté de toutes les fêtes juives :

-> Dans l'ordre de la michna appelé Moéd, nous avons le traité Shabbath.
=> Pourquoi parmi les 6 sections/ordres composant la michan, Moéd est le seul qui est au singulier (on a : Zéraïm, Nachim, Nézikim, Kodachim, Taharot)? Cela est d'autant plus étonnant que Moéd aborde les différentes fêtes juives, et il devrait plutôt s'appeler : Moadim.

Le rav Yéhochoua Alt répond : le Séder Moéd est au singulier car il ne fait référence qu'à une seule chose, à savoir Shabbath, et non les autres fêtes juives (Yamim Tovim) qui sont présents dans Moéd.
C'est parce que Shabbath est la source de la sainteté (kédoucha).
[un exemple rapporté par le Shu"t Torah Lichma 436 est : lorsque Roch Hachana et Souccot coïncide avec Shabbath, nous sommes incapables de sonner le Shofar ou de secouer le Loulav. La raison est que nous obtenons ce gain spirituel lui-même par la sainteté du Shabbath, et il n'est pas nécessaire d'accomplir ces mitsvot. ]

Par conséquent, dans la parcha Emor (22,2-3), lorsque la Torah énumère les Yamim Tovim, Shabbath est le premier à être mentionné car Shabbath est la racine de kédoucha pour toutes les fêtes juives (Moadim).
[(Hachem parle ainsi à Moché) ... Les voici, Mes solennités (moadaï) : pendant 6 jours on se livrera au travail ... ce sera le Shabbath d'Hachem" (Emor 231-3)]
Pour cette raison aussi, la première traité de la section Moéd est celui de Shabbath.

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2°/ Mieux que des UV pour notre visage = la sainteté du Shabbath :

-> Le midrach (Béréchit rabba 11,2) nous dit que la lumière du visage de l'homme tous les jours de la semaine n'est pas la même que pendant Shabbath.
[c'est parce que quand Adam a fauté, la lumière a été enlevée seulement après Shabbath.]
=> Pourquoi en est-il ainsi?

C'est en raison de la sainteté du Shabbath. Et même si nous n'avons pas le niveau pour en avoir conscience, la réalité est que plus quelqu'un a de sainteté, plus ce phénomène (lumière du visage) lui est reconnaissable.
Rabbi Tsadok haCohen (Pri Tsadik - Vayigach 13) explique : ceux qui s'élèvent spirituellement et sont du sanctuaire d'Hachem, et et ceux qui ont un grand désir de sainteté, ils peuvent voir l'éclat du visage des gens le Shabbath.
Rabbi Tsadok haCohen dit que cette idée s'applique particulièrement au 3e repas de Shabbath, parce que c'est après qu'on soit passé par presque tout le jour du Shabbath. Pusique les 3 repas de Shabbath correspondent aux 3 Patriarches, le 3e repas correspond à Yaakov, le 3e des Avot, dont la guémara (Baba Batra 58a) affirme qu'il avait un semblant de [l'incroyable] beauté d'Adam harichon.
[ainsi, en arrivant au 3e repas, non seulement nous avons été purifié par le Shabbath (on est alors plus saints), mais en plus un aspect de ce moment est l'éclat de beauté de Yaakov. C'est ainsi le moment où notre visage est le plus brillant! ]

-> Suivant cette idée, le Sfat Emet explique que c'est pourquoi à un Shabbath de Shéva Bra'hot, des "panim 'hadachot" (personnes assistant pour la première fois à des Shéva Bra'hot de ce couple) sont inutiles puisque nous avons un visage différent le Shabbath.
["panim 'hadachot" - litt. nouveaux visages. Or, la sainteté du Shabbath a tellement d'impact sur nous et notre visage (même si nous n'en avons pas conscience) que tout juif est considéré comme quelqu'un d'autre (ex: nous avons un 2e âme qui vient en nous pour pouvoir absorber toute l'incroyable sainteté qu'il y a en ce jour. Le fait d'avoir un doublement de nos récipient de la sainteté se manifeste par exemple par notre visage transformée, radiant! ). ]

-> Le rav Eliyahou Lopian a décrit son maître, rabbi Sim'ha Zissel (1824-1898) comme ayant un teint pâle pendant la semaine. Cependant, le Shabbath ses joues avaient un aspect rose et vif.
De même le rav Wolbe a dit sur son maître, rabbi Yérou'ham Lévovitz (1873-1936), le machguia'h de Mir, qu'il avait un changement drastique de son apparence le Shabbath.
En effet, un nouvel élève de la yéchiva qui voyait rabbi Lévovitz en semaine ne l'avait pas reconnu le vendredi soir. Il pensait que la yéchiva avait un autre machguia'h pour le Shabbath.
Au bout d'un moment, ce garçon s'est rendu compte qu'il s'agissait de la même personne, mais l'influence du Shabbath altérait son visage.
[Alé Chour 2,p.382]

-> De même, le propriétaire du rabbi 'Haïm Chernovitz (1760-1817), voyait un juif qu'il ne reconnaissait pas entrer et sortir de l'appartement le Shabbath. Il s'aperçut alors que c'était son locataire, rabbi Chernovitz, qui prenait une apparence différente le Shabbath.

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3°/ Shabbath = un jour pas comme les autres :

-> Le Shabbath est une réalité totalement différente à l'image du Gan Eden ou du monde à venir. En effet, selon la guémara (Béra'hot 57b), le Shabbath contient 1/60e du monde futur.
Comme dans la cacherout, la quantité de 1/60e, est la mesure minimale permettant de ressentir quelque chose.
[le Shabbath est décrit comme : "mé'en olam aba" = un avant-goût du monde futur]

-> Le Moharikash (Eré'h Lé'hem) écrit : "Nos Sages ont interdit 39 travaux, en rapport avec les 39 malédictions proférées à l'encontre de Adam et 'Hava, ce qui signifie que celui qui évite de faire ces 39 travaux durant Shabbath est sauvé de ces 39 malédictions."
=> Ainsi, bien qu'en apparence le Shabbath soit un jour comme un autre, en réalité il ne fait pas vraiment partie de ce monde [c'est un semblant du monde à Venir! ].
En conséquence, il n'y a pas de mélakha qui y sont effectué, car elle est d'un autre monde, similaire à celui d'avant la faute d'Adam harichon. [avant la faute d'Adam, il n'y avait pas de mélakha, qui est synonyme de malédiction. Ainsi Shabbath est un moment où l'on peut retrouver cet état de perfection, de sainteté, de bénédictions, ... comme Hachem l'avait originellement créé.]

-> Plus le jour est saint, le moins il est permis d'effectuer de mélakha.
Shabbath est le jour le plus saint suivi de Yom Tov. Par conséquent, il y a plus de choses autorisées à Yom Tov, car comme l'affirme la guémara (Méguila 7b) à Yom Tov le travail nécessaire à la préparation de la nourriture est autorisé.
Ensuite, il y a 'hol haMoéd et Roch 'Hodech, et finalement le jour de la semaine où tout travail peut être fait.

-> "Si tu considères le sabbath comme un délice (vékarata laShabbath oneg), la sainte journée d'Hachem comme digne de respect... alors tu te délecteras dans Hachem et je te ferai dominer sur les hauteurs de la terre et jouir de l'héritage de ton aïeul Yaakov. C'est la bouche de Hachem qui l'a dit". (Yéchayahou 58,13-14)
=> Hachem nous promet qu'en sublimant notre Shabbath, alors en récompense on aura en ce jour une grande proximité avec Lui (tu te délecteras dans Hachem - az tit'anag al Hachem), et donc de sainteté, de joie, de bénédictions, ...
Or, il n'existe aucun plaisir plus grand que d'être proche de Sa source, de Son Créateur.

-> "vékarata laShabbath oneg"
Le rav Eliyahou Lopian fait remarquer que les mots : "néga" (une plaie - נגע) et "onég" (le plaisir - ענג) sont composés des mêmes lettres, et la seule différence se trouve dans le positionnement de la lettre : "ayin" (en hébreu "ayin" veut dire : les yeux).
[Shabbath est un aperçu du monde à Venir, nous avons un doublement de notre âme, ce qui fait que nos 'yeux' spirituels perçoivent mieux la Vérité.
En ce sens, plus ou moins consciemment, Shabbath est un jour de tranquillité, de sérénité, car nos doutes, nos plaies/dégâts spirituels (néga), n'existent plus, et sont surpassés par le plaisir (oneg) de la sainteté et de pouvoir apprécier ce jour de grande proximité avec papa Hachem.

Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Vayé'hi 47,28) enseigne :
"Ai toujours en face de tes yeux le jour du Shabbat, le jour de repos que D. a ordonné aux enfants d'Israël, la Néchama supplémentaire que l'on reçoit ce jour-là du fait qu'elle vient d'un endroit spirituellement très élevé, D. nous a ordonné d'écarter de nous la tristesse, la colère et alors le Shabbat sera nommé "les délices du Shabbat".

Le Chla haKadoch commente "vékarata laShabbath oneg" = Shabbath doit être pour toi un 'oneg' (un plaisir/délice). Autrement dit, dans la façon dont nous prions, étudions, ... [cela doit l'être avec joie, plaisir]
[nous devons utiliser nos yeux (ayin) pour en venir à percevoir ce jour de telle façon qu'il soit un délice à nos yeux, et en venir à le vivre en tant que tel. ]

-> De la même manière, le 'Hatam Sofer commente les mots de la prière du Shabbath : "la'hazot bénoam Hachem" (voir la douceur d’Hachem), afin qu’Hachem tire du plaisir de la façon dont nous le servons.
Il y a un concept selon lequel les mitsvot crient à une personne de les accomplir, que ce soit la mitsva de tsitsit, de téfilin et autres. C’est le sens profond de "achré a'ich chéyichma lémitsvoteé'ha" (louable est la personne qui obéit à tes commandements) : louée est la personne qui écoute les mitsvot qui lui sont demandées pour les accomplir.
[ainsi, une journée par semaine le Shabbath nous crie de l'honorer, et nous devons le faire avec joie, ce qui cause du plaisir à Hachem. ]

-> Shabbat a la capacité de nous rapprocher d’Hachem comme il est dit : "Pour moi, la proximité d'Hachem fait mon bonheur" (vaani kirvat Elokim li tov - Téhilim 73,28). Le mot קרבת (la proximité - kirvat), partage la même guématria (soit 702) que שבת (Shabbath).
=> Comment ressent-on la lumière de chabbat? Le rabbi de Lévovitz (Torat Avot - Déra'him) sur : "lévou alaï ... va'ani poréa" (empruntez les fonds nécessaires pour Shabbat ... et moi, Hachem, je rembourserai vos emprunts - guémara Bétsa 15b), explique que לוו (lévou) peut signifier "se connecter" comme dans ילוה אישי (mon mari va s’attacher - yilavé ichi - Vayétsé 29,34).
Alors, Hachem nous dit : à Shabbath connectez-vous avec Moi et puis "va'ani poréa" (פורע ואני) = Je vous montrerai la lumière, car פורע peut signifier révéler comme dans כִּי פָרֻעַ (elle a été exposée - ki paroua - Ki Tissa 32,25).

[ainsi Shabbath est un jour où l'on peut atteindre un grande proximité avec papa Hachem, et il y règne donc une atmosphère de grande sainteté. ]

Grâce à l'observance du Shabbath, l'individu attirera sur lui la lumière du machia'h.
[Cela est valable] également grâce au repentir (téchouva).
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - machia'h]

Tout comme le Shabbat fournit un modèle à la sainteté éternelle du Temple, de même le Temple nous fournit un modèle du profond respect que l'on doit montrer en entrant dans le Shabbat.
Si la Torah est si soucieuse que nous n'entrions pas dans la zone du Temple dans un état d'impréparation ("comme dans un bar"), ou de peur que nous nous comportions de manière irrespectueuse au regard de la sainteté de l'endroit, cela nous apprend à quel point nous devons être prudents en ce qui concerne le caractère sacré du Shabbat.
[rav Eliyahou Lopian]

[de même que le Temple est la référence de la sainteté dans l'espace, le Shabbat l'est dans le temps.
Imaginons si le Temple était actuellement présent quelle serait notre attitude en y entrant.
Nous devons tendre à avoir le même sentiment à être dans le Temple, qu'à être dans le Shabbat, dans les 2 cas nous avons une énorme proximité avec papa Hachem (l'un dans l'espace, l'autre dans le temps).]

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-> "Hachem dit à Moché : "Je détiens un cadeau précieux dans Mes trésors cachés. Il s'appelle le Shabbat, et J'ai l'intention de l'offrir [aux enfants d'Israël]. Va leur faire savoir!" " (guémara Shabbat 10b)
-> Shabbat est comme un trésor précieux que l'on souhaite transmettre en héritage à son enfant préféré. (Pirké déRabbi Eliezer 19)

Le rav Heshy Kleinman dit que le Shabbat est un cadeau qui est tellement Divin qu'il ne peut pas être absorbé par la seule âme qui est donnée à l'homme.
Par conséquent à Shabbat, Hachem nous donne une âme supplémentaire pour éteindre nos capacités spirituelles et nous permettre d'absorber l'immensité de tout ce que le Shabbat a à nous offrir.

Il est impossible de parvenir à une téchouva complète sans le Shabbath ... car le Shabbath rapproche et ramène une personne au Créateur.
[Méor Enayim - Ki Tavo]

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[la racine du mot Shabbath (שבת) est chav (שב), qui a pour signification : "retour" (à sa vraie origine : Hachem). ]