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Roch Hachana – une fête dissimulée

+ "Sonnez le shofar au renouvellement de la lune, à l'heure fixée (cachée - bakéssé) pour notre jour de fête. Car c'est un décret pour Israël, un jugement pour le D. de Yaakov" (tik'ou ba'hodech shofar bakéssé léyom 'haguéou ... - Téhilim 81,4-5)

-> Ce passage que nous prononçons pendant Arvit de Roch Hachana, souligne 2 aspects du Yom Tov (de Roch Hachana).
D'une part, il s'agit d'une fête apparentée aux Chaloch Régalim également appelés 'hag (חג) ; d'autre part, il s'agit d'une occasion cachée (bakéssé - בכסה).

-> En d'autres termes, la joie de Roch Hachana est atténuée, bien que présente. Contrairement aux Chaloch Régalim, occasions de joie visible, à Roch Hachana, les réjouissances d'Israël sont voilées sous un aspect de crainte et de jugement ...

Bien qu'il puisse nous sembler que la présence d'Hachem soit obscurcie en ce jour, il est certain qu'Il veille sur les juifs et les protège ...
Le changement d'ambiance de Roch Hachana appelle à l'émergence d'une émotion différente : la crainte et la peur d'Hachem, plutôt qu'une joie manifeste [comme pendant les chaloch régalim].
[à la yéchiva de Novardok, en Elloul, ils éteignaient la lumière pour développer des sentiments de craintes, de peur (Hachem, jugement stricte à venir, ...), et tout d'un coup une vague d'émotion se libère avec un désir et une joie de retourner vers papa Hachem (hachivénou Hachem Elékha vénachouva), et alors la lumière se rallumait. De même, le travail de Roch Hachana est d'abord ]

Ce changement d'émotion s'accompagne d'un changement vers un précepteur entièrement différent - écouter la voix divine plutôt que de La percevoir. Le juif attentif qui écoute le son du shofar (lichmoa kol Shofar) entend également la voix d'Hachem qui le sort de sa torpeur annuelle.
De même, alors que lors des 3 fêtes, Hachem voit Israël (yéraé kol zé'hourékha), à Roch Hachana, Il écoute également le son de nos coups de shofar et cela évoque Sa miséricorde.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5644]

-> En y réfléchissant bien, on peut établir un parallèle encore plus étroit entre Roch Hachana et les Chaloch Régalim. Dans chaque cas, le juif perçoit Hachem. Alors que lors de Yom Tow, Israël perçoit son Créateur d'un point de vue particulièrement proche (en se rendant au Temple, à Roch Hachana, bien qu'éloigné de Jérusalem, il est capable de s'approcher d'Hachem.
Le shofar nous permet de percevoir Hachem et de nous sentir comme si nous étions présents sur le site du Temple. Il transporte l'âme juive sur le site du Saint des Saints ...

Alors que l'on pourrait penser que percevoir Hachem de loin est une position moins exaltée que de sentir Sa présence [en étant réellement] à Jérusalem, à l'époque contemporaine, c'est l'inverse qui est vrai.
Bien que nous ne puissions plus nous embarquer pour le pèlerinage annuel à Jérusalem afin de percevoir Hachem de près [le Temple étant détruit], nous pouvons tout aussi efficacement que jamais être conscients d'Hachem à distance grâce au puissant intermédiaire qu'est le shofar.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5651]

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-> Il s'agit du jugement essentiel de Roch Hachana, qui consiste à insuffler de la spiritualité dans l'aspect physique du juif. Cette tâche est renforcée par le shofar.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5662]

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-> Comme abordé précédemment, Roch Hachana mérite une place parmi les fêtes juives en tant que période de joie voilée, sans trop de réjouissance. En y réfléchissant bien, on constate qu'il existe un lien plus profond entre Roch Hachana et les fêtes (chaloch régalim).
Cette relation peut être déduite du terme Yom Tov, littéralement "un bon jour", un jour où (selon les kabbalistes) les rayons de la première lumière de la Création, décrite par la Torah comme étant "bonne" (cf. Béréchit 1,4), pénètrent la terre. Bien que l'humanité ne mérite pas de s'imprégner de cette lumière divine (cf. Rachi qui y affirme qu'Hachem a réservé la lumière de la Création aux tsadikim et au monde à Venir), quelques rayons de cette lumière raréfiée descendent chaque Yom Tov.
Ces rayons de lumière céleste s'infiltrent sur la terre, mais seul les juifs, décrit comme une nation totalement juste (cf. Yéchayahou 60,21 - véamé'h koulam tsadikim) peut bénéficier d'une spiritualité aussi intense.

A Roch Hachana, ainsi qu'à chaque Yom Tov, cette lumière imprègne l'âme juive, provoquant la joie d'Israël.

Mais où vient résider cette lumière?
Pas de manière visible ; on ne peut pas lire sur le visage d'un juif et y déceler cette lumière. Au contraire, comme le chante le roi David : "une lumière est implantée dans (l'âme) du juste" (ohr zaroua latsadik - Téhilim 97,11).
C'est comme une étincelle intérieure, un "pintele Yid" (nékouda apénimit) qui brûle dans l'âme juive et permet à chaque juif, quel que soit son éloignement, de revenir et de s'attacher de nouveau à Hachem.
C'est cette étincelle de "bonne lumière", garantissant la réussite de la téchouva du juif, qui génère une telle joie chaque Roch Hachana, assurant son inscription dans le Livre des Justes.
Cependant, c'est cette même étincelle qui doit être cachée (bakéssé - בכסה) à l'humanité dans son ensemble. Bien qu'il existe une relation spéciale entre les juifs et Hachem (cf. Devarim 14:1 : "vous êtes des enfants pour Hachem, votre D."), il est absolument essentiel que cela ne soit pas rendu public.
Dans ce contexte, nous pouvons mieux comprendre pourquoi les anges souhaitaient qu'Israël récite le Hallel à Roch Hachana. Un tel moment d'illumination intérieur nécessite certainement une reconnaissance sous la forme du Hallel.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5634]

[d'une certaine façon alors que toute l'humanité s'apprête à être juger avec Rigueur à Roch Hachana, les juifs doivent s'habillaient en apparence avec de la crainte (réalisation qu'on passe en jugement stricte et impitoyable de le Maître du monde), mais au fond d'eux ils sont remplis de joie, recevant cette illumination des fêtes juives, symbole de la grande proximité et amour entre Hachem et Ses enfatns adorés (les juifs).]

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-> Tout comme la nation juive se réjouit du renouvellement de l'univers, chaque juif se réjouit de son renouvellement personnel à Roch Hachana.
La demande de vie d'Israël ne doit pas être confondue avec un appel à l'abondance matérielle, mais plutôt nous demandons sincèrement la restauration de "l'âme de vie" insufflée par Hachem au premier homme, le néchama (cf. Béréchit 2,7 : "Il a soufflé dans ses narines l'âme de la vie (nichmat 'haïm)").
Il ne peut y avoir de meilleure raison de se réjouir à Roch Hachana que la restauration du noyau intérieur de chaque juif, sa néchama.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5661]

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-> Alors que le Yom Tov de Roch Hachana est consacré à l'acceptation [sur soi] de la souveraineté d'Hachem, en réalité, un tel engagement envers la souveraineté de D. est un thème central de la vie juive tout au long de l'année (ex: Shéma Israël).
Cependant, la manière dont nous acceptons cet engagement le jour de Roch Hachana est cruciale. En proclamant joyeusement le royaume de D. au début de l'année, nous sommes assurés de remplir joyeusement cet engagement tout au long de l'année.
Comme le rapporte la guémara (Shabbath 130a) : Toutes les mitsvot joyeusement acceptées par Israël sont également joyeusement accomplies [par la suite].
[Sfat Emet - Roch Hachana 5661]

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-> "Car c'est un décret pour Israël, un jugement pour le D. de Yaakov" (Téhilim 81,5)
Cela indique qu'il s'agit d'un jour (Roch Hachana) où Hachem accorde à ceux qui le méritent l'intuition et la compréhension de Ses voies. Il est certain qu'obtenir ne serait-ce qu'un aperçu de l'insondable volonté divine est une occasion de se réjouir.
[Sfat Emet - Roch Hachana 5648]

+ "achré aam yo'é téroua" (אשרי העם יודעי תרועה - Téhilim 89,16)
Le Noam Mégadim explique que le mot : תרועה (téroua) vient du mot : רעה (raa - mauvais)
Le verset nous dit : "Heureuse est la nation qui "yod'é téroua" = qui sait que même le mauvais est à son avantage.

Le Shofar = un pouvoir d’unir les juifs ensemble

+ Le Shofar = un pouvoir d'unir les juifs ensemble :

-> Dans un des versets que nous récitons dans la bénédiction des Chofarot , il est écrit : "Hachem monta avec la téroua, D., avec le son du chofar" (Tehilim 47,6).
Le Radak explique que par le son du chofar, Hachem "monte", si l'on peut dire, au-dessus du monde entier.

-> Rabbi Dovid Hofstedter ajoute :
Quand D. monte, Sa royauté est affirmée.
Le chofar a la capacité d'unifier le peuple juif en un seul élément. Lorsque les Bné Israël atteindront cette situation, le règne de D. sur le monde sera révélé.
[Ceci est indiqué par la fin du midrach (Vayikra rabba 30,12) comparant les différents éléments du peuple juif aux 4 espèces qu'on prend à Souccot. Après avoir expliqué cette analogie, le midrach termine : "Hachem dit : qu'ils soient tous attachés ensemble dans une même gerbe et ils feront expiation l'un pour l'autre. Lorsque vous faites ainsi, Je suis élevé. Tel est le sens du verset : "Qui bâtit Ses élévations dans les cieux" (Amos 9,6). Quand est-Il élevé? Lorsqu'ils [les Bné Israël] deviennent une seule agouda [unité], comme poursuit le verset : "Il a fondé Son agouda (groupe] sur
terre"."
Nous voyons donc que c'est dans l'unité du peuple juif que D. "s'élève". ]

Le son du chofar imprègne le cœur de l'homme de crainte et de tremblement ; il l'éveille de la torpeur complaisante propre à la condition humaine. Outre les effets positifs inhérents à cet éveil, le chofar a l'avantage supplémentaire d'encourager l'unité dans le peuple juif. La discorde provient généralement de la tendance de l'homme à s'intéresser à ses désirs personnels et à naturellement hésiter à mettre ses intérêts de côté pour satisfaire les désirs de l'autre.
Le son du chofar, qui suscite la crainte de D., fait négliger les désirs personnels et se concentrer sur la volonté divine. Servir Hachem de tout cœur est le but commun qui unit les Bné Israël en un seul groupe. Et lorsque le peuple juif est ainsi uni, D. est "élevé", si l'on peut s'exprimer ainsi, car Sa suprématie et Son règne se révèlent.

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-> "Le son continu du chofar fait allusion à l'unité. Lorsque [les Bné Israël) se rassemblent. A ce moment-là, Hachem exerce Son attribut de miséricorde envers eux."
[Olelot Efraïm - maamar 213]

-> L'exemple du chofar sonné au don de la Torah ("le son du chofar était très fort' - Yitro 19,16) :
Lorsque la Torah fut donnée au mont Sinaï, le son du chofar acheva le processus d'unification du peuple juif. Nos Sages enseignent que la Torah fut donnée aux Bné Israël par le mérite de l'unité
absolue qui régnait entre eux.
[voir Yitro 19,2 : "le peuple campa près de la montagne" = tous étaient unis avec un seul coeur.
De même, la Massékhèt Dérèkh Erèts Zouta (Shalom) enseigne : "Hachem dit : 'Comme les Bné Israël ont méprisé la discorde, aimé la paix, et sont devenus un seul camp, Je vais à présent leur donner Ma Torah". ]

La Torah souligne que, lorsque le chofar retentit [au mont Sinaï], le peuple entier trembla. Les sons du chofar affectèrent tout le peuple juif de la même façon et il paracheva la transformation d'une collection d'individus en une seule entité.

Les sonneries du chofar à Roch Hachana poursuivent 2 buts : d'une part instiller la crainte et d'autre part, faire trouver grâce aux Yeux d'Hachem. Ces 2 idées sont, en réalité, liées : en évoquant la crainte et le tremblement, le chofar éveille les Bné Israël au repentir. C'est alors qu'ils se rassemblent pour former un seul groupe uni, de ce fait, D. les considère avec faveur.

-> L'exemple du chofar de la guéoula finale ("ce sera ce jour-là, on sonnera un grand chofar" - Yéchayahou 27,13) :
Les trompettes ('hatsotsrot) qu'on sonnait pour rassembler le peuple et le grand chofar qui sera sonné pour annoncer la Rédemption finale ont la même fonction. Dans les 2 cas, les sonneries n'ont pas simplement pour but de rassembler le peuple physiquement en un même lieu, au Ohel Moèd ou à Jérusalem. Leur but essentiel est de créer un sentiment d'unité et d'harmonie dans le cœur des juifs.
Lorsque les juifs parviennent à une coexistence harmonieuse, ils éveillent la miséricorde divine et bénéficient de Sa délivrance.

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) ajoute :
La façon dont le chofar et les trompettes étaient fabriqués renferme une allusion à cette idée.
Le peuple juif reçut l'ordre de fabriquer les trompettes à partir d'une seule pièce de métal et non au moyen de pièces rapportées ("tu façonneras d'une seule pièce" - Béaaloté'ha 10,2).
La guémara (Roch Hachana 26a) enseigne qu'il en est ainsi du chofar : on ne fait pas de chofar à partir d'une corne de vache car elle est formée de nombreuses couches. Un chofar à plusieurs couches semblerait être fait de plusieurs chofarot, alors que la Torah demande qu'on sonne d'"un seul chofar".
... On comprendra le sens de cette obligation : si on sonnait du chofar et des trompettes pour encourager l'unité dans le peuple juif, il est donc logique de confectionner le chofar et les trompettes d'une façon qui symbolise l'union.

Cela nous permet de gagner une perspective importante sur la bonne approche pour encourager l'unité entre nous et nos frères juifs. Pour que notre peuple soit vraiment uni "comme un seul homme avec un seul cœur" et ne soit pas tourmenté par la discorde et la division, il est important que chaque personne tourne son regard vers soi, s'introspecte et fasse un compte-rendu honnête de ses actes et de ses carences. Lorsque chacun de nous se concentrera sur son amélioration pour devenir un vrai serviteur de D., nous serons tous unis par cette noble intention et mériterons tous ensemble d'être jugés favorablement par le Maître du monde.

Le Shofar = un appel à s’améliorer

+ Le Shofar = un appel à s'améliorer :

-> "Sonnez du chofar du [début du] mois quand [la lune] est couverte, le jour de notre
fête" (Téhilim 81,4).
Nos Sages (midrach Vayikra rabba 29,6) commentent : "Rabbi Berékhia commença ainsi [son discours] : 'Sonnez du chofar au [début du] mois (ba'hodèch)' ... Ce mois, vous renouvellerez [té'hadchou, de la même racine que 'hodèch] vos actes. 'Du chofar' : ce mois-ci, vous améliorerez [téchapérou, même racine que chofar) vos actes."

-> De même, le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,4) enseigne que le son du chofar a pour but de secouer l'homme pour qu'il s'améliore : "Bien que la sonnerie du chofar à Roch Hachana soit une guézérat hakatouv, un décret (insondable] de la Torah, elle contient cette allusion : Réveillez-vous de votre sommeil, vous qui êtes endormis! Et vous qui dormez, éveillez-vous de votre assoupissement. Examinez vos actes et repentez-vous, et souvenez-vous de votre Créateur ... Observez votre âme et améliorez vos voies et vos actes. Que chacun de vous quitte ses mauvaises voies et ses pensées qui ne sont pas bonnes!'".

=> le chofar de Roch Hachana a pour but de briser notre suffisance et de nous faire ressentir l'appréhension du jugement divin et l'urgence de se repentir.

Sonner le Shofar = une prière très puissante

+ Sonner le Shofar = une prière très puissante :

-> Le rav Its'hak Zeev Soloveitchik (le rav de Brisk) explique qu'en plus de la mitsva accomplie en sonnant du chofar, cet acte a une autre dimension : il est considéré comme une forme unique de prière. Comme preuve, le rav de Brisk cite la fin de la bénédiction de Chofarot, la 3e des bénédictions intermédiaires du Moussaf de Roch Hachana : "Car Tu écoutes le son du chofar et prête l'oreille à la téroua". Hachem "écoute" et "prête l'oreille", ce qui indique que la mitsva ne consiste pas seulement à écouter le son du chofar, mais que le son du chofar constitue une supplication.

Le gémissement émis par le chofar exprime les pensées et les sentiments intimes de l'homme sans être limités par le verbe. Sonner du chofar est essentiellement une forme d'appel à D., l'expression d'un désir profond de se rapprocher de Lui.
C'est un cri jailli du cœur, un déversement d'émotion si profond et si puissant qu'il ne peut pas être exprimé en mots. Le Yerouchalmi (Taanit 2,1) compare le son du chofar aux hurlements d'un animal qui pleure, comparaison basée sur le fait qu'un animal ne peut pas verbaliser ses sentiments et sa souffrance.
Le son du chofar est donc une forme de la prière appelée tséaka (un cri), que le Zohar (Chémot 19b-20a) identifie comme "la plus grande de toutes [les formes de prière) car elle vient du cœur."
[selon le rabbi Dovid Hofstedter, ceci explique peut-être pourquoi le chofar a la force de briser les barrières créées par les accusations du Satan et de rappeler favorablement le peuple juif devant D. En effet contrairement aux autres, la "prière" exprimée par le son du chofar jaillit directement du cour et de l'âme du juif sans être véhiculée par les organes malheureusement souillés par des paroles indignes. ]

-> Le Kédouchat Lévi explique ce concept par une analogie :
"Lorsque les serviteurs fidèles du roi viennent lui présenter leurs requêtes, ils sont inquiets de parler devant le roi grand et puissant. Ils craignent de ne pas s'exprimer convenablement, ce qui donnerait au procureur des raisons de les incriminer. Ils se contentent donc de faire allusion à ce qu'ils désirent et le roi leur accorde leurs souhaits.
De même, à Roch Hachana, en proie à une grande frayeur, le peuple juif comparait devant le Créateur. Nous avons peur de parler devant Lui de crainte de mal nous exprimer et de donner à l'accusateur un prétexte pour médire de nous. Nous crions donc sans verbe, c'est-à-dire par le son du chofar, un son sans mots, un grand cri venant du fond du cœur. Le Créateur, qui sonde le cour et connait tout ce qui est caché, exauce favorablement nos requêtes."

-> Le Chem miChmouel (Hélèk Hamoadim - Roch Hachana 5676) nous donne l'explication suivante :
"La prière fait descendre la bénédiction divine; sa force d'attirer [cette bénédiction] est limitée. Une prière verbale provient du cœur et est articulée par les 5 organes de la parole. L'essence du cœur est presque spirituelle, mais cette spiritualité est voilée dans les organes de la parole, qui sont physiques, si bien que c'est une chose spirituelle cachée dans un vêtement physique. Par conséquent, elle produit d'en Haut une réponse semblable : une réponse spirituelle voilée dans le physique. Mais la prière n'a pas la force d'invoquer du ciel quelque chose de spirituel sans une enveloppe physique, car cela la dépasse.
Or le chofar est le souffle qui émerge du plus profond du cœur sans être revêtu des 5 organes de la parole. Le chofar ne fait pas partie du son et ne s'unit pas au souffle du cour comme les 5 organes de la parole, qui font partie de l'homme.
Le chofar étant séparé de l'homme, le souffle est considéré comme existant de lui-même, dans sa spiritualité, sans être caché dans le physique. C'est pourquoi la force du chofar est plus grande que celle de la prière."

-> Ailleurs, le Chem miChmouel (Roch Hachana 5671) dit de même :
"Le chofar change l'Attribut de jugement en Attribut de miséricorde si bien que l'homme possède 2 sortes de forces, l'une dans ses moyens [naturels] et l'autre au-delà.
La prière est [formulée] par les organes de la parole. Comme la force de ces organes est limitée, elle ne peut pas susciter de miséricorde illimitée parce que l'essence du din (justice/rigueur) est la limitation.
Mais la force qui transcende les moyens naturels [de l'homme] étant illimitée, elle peut susciter une miséricorde illimitée.
Tel est le pouvoir reposant dans les profondeurs du cour de l'homme qui ne peur pas être concrétisé par la parole. Comme le dit le verset : "Leur coeur cria à D" (Eikha 2,18) = le cœur lui-même 'criait' sans pouvoir verbaliser, et ce cri a suscité une abondante miséricorde.
Ainsi, le chofar est une voix intérieure, dépourvu des organes qui produisent la parole, qui peut transformer l'attribut de jugement en miséricorde."

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-> Le cri non verbal produit par le chofar rappelle le lien d'amour qui unit D. et le peuple juif. La lamentation du chofar ressemble au cri d'un enfant en détresse appelant son père.
Un enfant n'a pas besoin d'expliquer à son père à quel point il a besoin de son aide. Il lui suffit d'entendre les cris d'angoisse de son fils pour que son amour et sa pitié s'éveillent et qu'il court à son secours.
[rabbi Dovid Hofstedter]

-> La guémara Yérouchalmi (Taanit 2,1) écrit : "Pourquoi sonnons-nous de la corne? Pour dire : 'Considère que nous bêlons comme des animaux devant Toi'."
Le son du chofar représente l'appel à la délivrance divine d'êtres humains n'avant pas prouvé qu'ils méritaient cette délivrance, de même qu'un animal bêle pour demander à D. sa nourriture bien qu'il n'ait rien fait pour le mériter, comme il est écrit : "Les lions rugissent après leur proie et demandent à D. leur nourriture" (Téhilim 104,21).

Le Shofar = dévoiler et réveiller l’intériorité du juif

+++ Le Shofar = dévoiler et réveiller l'intériorité du juif :

+ "Hachem dit : 'Soufflez devant Moi dans la corne d'un bélier afin que Je Me souvienne en votre faveur de la ligature de Its'hak, fils d'Avraham, et Je le considérerai comme si vous vous étiez ligotés [en sacrifice] devant Moi". [guémara Roch Hachana 16a]

=> Pourquoi sommes-nous considérés comme nous étant sacrifiés devant D. en évoquant simplement la Akédat Its'hak par le chofar?

-> "La principale fonction du chofar est de révéler la pénimiout d'une personne (son essence, son intériorité)."
[Ram'hal - Adir Bamarom Vol. I - Tanya amar Rabbi Chimon' ]

-> "La raison de [la mitsva du] chofar est que c'est une voix de l'intérieur qui sort du cœur ... [et donc] éveille l'essence intime de l'homme, qui est le début de l'existence".
[Chem miChmouel - Roch Hachana 5673]

-> Rabbi Dovid Hofstedter écrit :
La pénimiout du peuple juif, le trait fondamental qui décrit l'essence profonde du juif, est l'empressement à tout faire pour l'honneur de D., jusqu'à livrer sa vie.
Au plus profond de lui, chaque juif, même celui qui a fauté, ne désire que faire la volonté divine.

Le Rambam enseigne cette idée dans la halakha suivante (Hilkhot Guérouchin 2.20) :
"[A propos de celui] que la halakha force à divorcer et qui ne désire pas donner l'acte de divorce, un tribunal juif à tout endroit et en tout temps doit le frapper jusqu'à ce qu'il dise : Je veux'...
Comme cet homme qui ne veut pas divorcer désire faire partie d'Israël, il veut accomplir toutes les mitsvot et s'écarter des transgressions, mais c'est son mauvais penchant qui le force [à refuser de donner l'acte de divorce à sa femme]. Une fois battu jusqu'à ce que son penchant s'affaiblisse, il dira Je veux et divorcera vraiment de son plein gré."

Nous pouvons peut-être, grâce à cette idée, répondre à la question posée ci-dessus : pourquoi le seul fait de sonner le chofar, et de rappeler la Akéda, est-il considéré comme si nous nous étions réellement sacrifiés devant D?
La réponse semble claire : le chofar ne commémore pas seulement le sacrifice de soi de nos pères, Avraham et Yits'hak, pour servir D. Il exprime le potentiel de messirout néfech présent en chaque juif (livrer sa vie pour l'honneur de D.) ; lorsqu'on sonne du chofar, la force de messirout néfech enfouie en chacun de nous se révèle."

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-> "A propos de tous les sacrifices dans la parachat Pin'has, la Torah dit : 'Vous offrirez un holocauste', mais à propos de Roch Hachana elle dit : 'Vous ferez un holocauste' (Pin'has 29,2).
Cela nous enseigne qu'à Roch Hachana, l'homme doit [figurativement] s'offrir en sacrifice [c'est-à-dire se consacrer totalement à D., de même qu'un holocauste est entièrement consacré à D.]."
[Michna Beroura 581,6]

-> "[on sonne du chofar] pour nous souvenir de la ligature de Its'hak, qui [était prêt à livrer sa vie pour D. et pour que nous aussi nous livrions notre vie pour la sainteté de Son Nom, afin qu'Il se souvienne favorablement de nous."
[Aboudraham (Séder Téfilat Roch Hachana) - citant Rabbi Saadia Gaon]

-> "Nous accomplissons cette sonnerie du chofar pour concentrer notre pensée sur la Akédat Its'hak. et pour nous imaginer que nous sommes disposés à faire ce que [Its'hak] a fait par amour pour D.
Ainsi, Il se souviendra favorablement de nous, ce qui veut dire que nous serons déclarés méritants devant Lui"
[Séfer Ha'hinoukh - mitsva 331]

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+ Sonner le chofar = transcender les lois de la nature par le fait de révéler l'intériorité des juifs : leur empressement à se sacrifier pour l'honneur d'Hachem:

-> "Car Hachem a eu pitié de Son peuple et lui a ordonné de sonner des chofarot pour briser la barrière (créée par leurs fautes]... car les juifs n'ont pas d'autre arme que leur voix, et la "voix" du chofar, pour ainsi dire, traverse toutes les barrières, atteint le Trône de Gloire et invoque la conscience active de D. envers les Bné Israël"
[Rav Avraham - frère du Gaon de Vilna (Béer Avraham, Téhilim 81,5)]

-> "[Roch Hachana est appelé: ] Yom Téroua, jour de sonnerie, signifie que [D.] a ordonné [aux Bné Israël] de sonner des tékiot et des térouot avec le chofar, ce qui indique la liberté et l'affranchissement, comme s'ils étaient libérés du déterminisme des corps célestes [c'est-à-dire les lois de la nature et les astres].
[Abarbanel - Emor 23,26]

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-> Rabbi Dovid Hofstedter enseigne :
Comme le son du chofar révèle l'intériorité (pénimiout) du peuple juif et son empressement à livrer sa vie pour l'honneur de D., ce son a la capacité de dissoudre toutes les barrières naturelles et de vaincre les limitations ordinaires.
Il parait donc logique que, quand le son du chofar retentit, le peuple juif bénéficie d'une miséricorde divine extraordinaire, dépassant de loin la norme.
En effet, le midrach (Vayikra rabba 29,10) enseigne : "Pendant toute l'année, les juifs sont occupés à leur travail mais, à Roch Hachana, ils prennent leur chofarot et sonnent devantHachem. Il se lève de Son Trône de Jugement (pour passer] à Son Trône de Miséricorde, et le monde s'emplit de miséricorde."
Nos Sages disent que les sons du chofar "évoquent le souvenir d'Israël devant leur Père céleste" (guémara Shabat 131b).
Comme nous l'avons vu, la raison en est que le chofar révèle l'essence intime du peuple juif et le lien le plus profond et le plus fondamental qui unit le peuple juif à D.'

Les sonneries du chofar à Roch Hachana ressemblent à celles qui annoncent la libération des esclaves au début de l'année du yovèl. De même que le chofar de l'année du yovèl proclame l'annulation des obligations des esclaves envers leur maître et les affranchit de la servitude, le chofar de Roch Hachana proclame que le peuple juif est libéré des limitations que lui impose la nature.

Il est donc évident que le chofar aussi a la capacité d'annuler le déterministe naturel du monde. Au moment du don de la Torah, également, le peuple juif fut placé sous l'intervention directe de D., comme le dit Abarbanel : "Le jour du Don de la Torah, lorsque le son du chofar était très puissant, ils furent placés directement sous Sa direction et devinrent libres de toute influence exercée par les corps célestes, comme le dit le verset : 'Vous serez pour Moi un trésor parmi toutes les nations et vous serez un royaume de princes et une nation sainte' (Yitro 5-6)."
La sonnerie du chofar à ce moment-là indiquait que D. avait suspendu les lois de la nature.

Quand la muraille de Yeri'ho tomba, la capacité du chofar de briser les barrières de la nature fut démontrée à nouveau. A ce moment, il est écrit : "le peuple cria et sonna des chofarot. Lorsque le peuple entendit le son du chofar, le peuple cria très fort et la muraille s'effondra" (Yehochoua 6.20) = le prophète raconte que, lorsqu'on sonna du chofar, les Bné Israël poussèrent un cri très puissant. Ce cri représentait le désir de se sacrifier pour D., éveillé par le son du chofar.
Comme ils s'étaient montrés prêts à la messirout néfêch, les barrières naturelles s'effondrèrent devant eux et la muraille de Yeri'ho s'abattit littéralement.

A propos du chofar qui annoncera la rédemption future, il est écrit : "ce jour-là, un grand chofar sera sonné ... viendront et se prosterneront devant D. sur la sainte montagne à Jérusalem" (Yéchayahou 27,12).
Le son du chofar annoncera la délivrance divine qui transcendera elle aussi toutes les lois de la nature. La résurrection des morts, qui se produira en opposition aux lois naturelles du monde, commencera-t elle aussi par la sonnerie d'un chofar.
[le rav Saadia Gon le déduit du verset : "Vous tous habitants de la terre et résidents du pays, lorsque la bannière sera levée, vous verrez des montagnes et quand le chofar sera sonné vous entendrez" (Yéchavahou 18,3) ]

=> Lorsque nous accomplissons la mitsva du chofar à Roch Hachana [qui éveille notre empressement à sacrifier notre vie pour l'honneur d'Hachem], ... décidons de suivre notre désir le plus profond de tout sacrifier pour D. et d'être fidèle au Roi du monde. De cette façon, nous serons libérés du règne de la stricte justice et considérés dignes de bénéficier de la miséricorde débordante de D.

Roch Hachana = avoir de la crainte et de la soumission à Hachem

+ Roch Hachana = avoir de la crainte et de la soumission à Hachem :

-> "Le Hallel n'est pas récité à Roch Hachana ou à Yom Kippour, parce que ce sont des jours de service, de soumission, de peur et d'effroi devant D., de crainte révérencielle de Lui, et de fuite vers Lui pour se réfugier"
[Rambam - sur la michna Roch Hachana 7,4]

-> "Un homme ne peut pas recevoir un verdict favorable au jugement de Roch Hachana à moins qu'il ne soit empli de crainte et d'effroi, et reconnaisse que D. est son seul espoir de délivrance.
Seul quelqu'un adoptant cette attitude bénéficiera de l'aide miraculeuse de D."
[rav Its'hak Zeev Soloveitchik (le rav de Brisk)]

-> "Toute année pauvre à son début sera riche à sa fin" (guémara Roch Hachana 16b)
Tossafot commente : "comme le peuple juif est pauvre [au début de l'année], il a le cœur brisé et le Ciel a pitié de lui".
[si à Roch Hachana on se considère vraiment comme un pauvre (qui ne possède rien en propre), dont 100% de notre futur est dans les mains d'Hachem (notre parnassa, notre vie, notre santé, ...), que nous craignons ne rien avoir sans la bonté d'Hachem, alors grâce à cela on peut prétendre avoir une année riche en belles choses.
L'idée est de véritablement fuir tout ce qui rassure notre "égo", tout ce qu'on pense avoir (notre compte en banque, notre appartement/maison que nous possédons, notre intelligence, notre quotidien confortable, notre travail "sûr", notre bonne santé, ...), pour se réfugier, mettre tous nos espoirs à 100% dans le Roi des rois. Sans Toi Hachem je ne vis plus, je ne suis rien! Ce Roch Hachana est vraiment une question de vie et de mort! (on peut y changer de mazal!) ]

-> "A Roch Hachana, plus un homme se soumet, mieux c'est" (guémara26b)
Le Ritva explique qu'il faut montrer de la soumission et de l'effacement : "comme un pauvre qui mendie".

-> La Torah appelle Roch Hachana un "Yom Téroua" parce que le son du chofar appelé "teroua" a pour but d'inspirer la peur et le tremblement comme il est écrit : "Un chofar serait-il sonné dans la ville sans que le peuple ne tremble?" (Amos 3,6).
Le son du chofar doit donc être utilisé comme un moyen d'inspiration pour s'engager dans la techouva.
Comme le dit le midrach (Pessikta Rabbati, ch.40) : "J'ai décrété que vous sonniez du chofar à Roch Hachana afin que vous trembliez au son du chofar et vous prépariez au repentir."

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+ Les prières des Yamim Noraïm = notre crainte en Hachem devient moteur de nos prières, ouvrant alors une confiance d'obtenir le meilleur :

-> "Celui qui a confiance en D. la bienfaisance l'entourer" (Téhillim 32,10)
Le rav Its'hak Zeev Soloveitchik (le rav de Brisk) commente :
avoir confiance en D. signifie se rendre compte de l'étendue de ses problèmes et du fait qu'on n'a aucun moyen d'y échapper, tout en ayant confiance en la délivrance de D.
Un homme qui ne se rend pas compte de l'ampleur de ses problèmes est considéré comme manquant de bita 'bon (confiance). Comme il ne reconnait pas à quel point il a besoin de la délivrance divine, sa reconnaissance une fois qu'il aura obtenu la délivrance sera également moins grande qu'elle ne devrait l'être.

D'ailleurs, en diverses occasions, en période de danger, le Rav de Brisk se faisait un devoir de susciter la peur chez ceux qui l'entouraient en leur faisant prendre conscience de l'ampleur du danger qui les menaçait. Il affirmait que c'était là la clé de la délivrance et que la façon d'échapper au danger est d'avoir confiance en D. en comprenant qu'on ne dispose d'aucun moyen naturel d'être sauvé, le seul espoir étant la miséricorde divine.

[ainsi pour réussir à Roch Hachana il est fondamental de développer notre conscience de la gravité de ce jour, d'avoir une crainte de l'enjeu et du fait que tout dépend d'Hachem (à qui rien n'échappe, qui peut tout, ...). Car plus on aura une crainte constructive, plus on pourra vider notre coeur, couronnant D. comme Le seul pouvant nous aider, et ensuite laisser place à de la sérénité, de la joie, issue de notre bita'hon en papa Hachem. ]

-> Rabbi Dovid Hofstedter enseigne :
A Roch Hachana, l'Attribut divin de jugement domine, à tel point que même les anges sont remplis de crainte et de tremblement. Ils s'exclament qu'ils ne peuvent pas être acquittés au jugement divin, comme nous le disons dans le Ounetané Tokef.
Sous l'influence de l'Attribut de jugement, aucun être humain ne pourrait être épargné à Roch Hachana si ce n'est en s'en remettant totalement à D. pour Sa délivrance.
Pour bénéficier de la délivrance divine, l'homme doit mettre sa confiance en D. et savoir qu'Il est la Source de la délivrance.

La puissance des prières de Roch Hachana provient de la prise de conscience du fidèle que son seul recours, son seul espoir de délivrance, est de compter totalement et exclusivement sur D.
Un homme ne doit mettre sa confiance en rien d'autre que la bonté de D., pas même en ses propres mérites spirituels. [la crainte de Roch Hachana vient détruire toutes nos certitudes "d'égo" que nous avons le restant de l'année, pour nous soumettre totalement à Hachem : qui est notre unique moyen d'être sauvé, d'obtenir une bonne année! Plus on se soumet à D., plus on met tout notre être dans nos prières. ]
S'il parvient à cette prise de conscience, il aura prononcé une prière authentique et fervente provenant d'une véritable humilité, une prière qui peut atteindre le Trône de Gloire et qui sera exaucée.
[...]

La bonne façon d'aborder la prière à Roch Hachana est de ne nourrir aucun espoir d'être sauvé ou aidé de façon quelconque par les êtres humains. L'homme doit reconnaître que tous ses besoins ne seront satisfaits que par D., le Roi des rois assis en jugement ce jour-là qui donne la vie à chaque créature dans le monde.
Et lorsqu'un homme prie D. avec une juste perception de l'étendue de ses besoins, D. aura pitié de lui et ses prières seront exaucées. Comme le proclame le roi David : "Ceux qui connaissent Ton nom auront confiance en Toi car Tu n'abandonnes pas ceux qui Te recherchent, D." (Téhillim 9,11).

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-> Les prières des Yamim Noaraïm sont la seule possibilité qui nous est laissée de susciter la miséricorde divine. Comme le dit le midrach (Vayikra Rabba 30,3) :
" 'Il s'est tourné vers la prière de l'homme qui crie' (Tehillim 102,18) = pour les générations récentes, qui n'auront ni roi ni prophète ni Cohen ni Ourim Vetoumim, et rien d'autre que cette prière, le roi David prie D. : Maître du monde ! Ne méprise pas leurs prières'."

"Celui qui s'est fatigué la veille de Shabbat aura de quoi se nourrir pendant Shabbat" (Avoda Zara 3a)

-> Le Beit Avraham enseigne :
Elloul est le 6e mois d'après le compte de la Torah (qui débute en Nissan). Il est donc à mettre en parallèle avec le 6e jour de la semaine, la veille de Shabbat. Ainsi, celui qui s'est fatigué la veille de Shabbat, en Elloul, aura de quoi se nourrir pendant Shabbat (le 7e jour qui représente le 7e mois de Tichri) lorsque son jugement sera tranché favorablement pour une nouvelle année remplie de bénédictions, de délivrance et de salut.

Le Beit Avraham (Nitsavim) ajoute à ce qui précède que puisque Elloul représente la veille de Shabbat et Tichri, le Shabbat, et qu'il est rapporté dans les Livres Saints que toute l'influence bénéfique du Shabbat sur les jours de la semaine descend d'En-Haut par l'intermédiaire de la ''Tosséfet Shabbat'' (ce qu'un juif rajoute de sainteté du Shabbat sur le jour profane, la veille de Shabbat, en faisant entrer le Shabbat plus tôt car la sainteté du Shabbat elle-même est trop élevée pour descendre directement dans notre monde matériel), il s'ensuit que l'abondance et la bénédiction de toute l'année proviennent de ce que chacun ajoute de ELloul sur Tichri en repentir et en bonnes actions.

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-> "Mes chers frères juifs bien-aimés, ne vous fourvoyez pas en attendant Roch Hachana. En ce jour de jugement, des anges accusateurs en veulent au peuple d'Israël. Hâtez-vous de rencontrer le Roi face à face pendant le mois d'Elloul avant qu'Il ne siège sur son Trône de Justice, implorez ainsi Sa miséricorde afin qu'Il nous accorde une bonne et douce année!"
[ Yétev Lev]

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-> b'h, également : le mois d'Elloul comme préparation à Roch Hachana : http://todahm.com/2022/07/13/36905

Elloul = l’obligation de se repentir dans cette période

+ Elloul = l’obligation de se repentir dans cette période :

-> Le Sfat Emet (Ki Tétsé 5642) écrit :
"De même, en ces jours d’Elloul qui sont des jours de repentir ..., les portes de la miséricorde sont ouvertes dans le Ciel et Sa main est tendue afin de recevoir les repentants. Aussi, chaque homme doit-il s’éveiller à la téchouva.
Nos Sages (guémara Béra'hot 6b) commentent le verset concernant la prière : "Pourquoi suis-Je venu et il n’y a point d’homme" (Yéchayahou 50,2) ainsi : de même, en ces jours où Hachem ouvre Sa main à tous ceux qui viennent se repentir, chacun doit dès à présent frapper à Sa porte, comme il est dit : "Car Hachem ton D. marche au centre de ton camp." (Ki Tétsé 23,15).
Nous devons être persuadés qu’Hachem (si l’on peut dire) anticipe notre venue afin d’être prêt à venir en aide à ceux qui veulent se purifier.
J’ai déjà écrit à ce sujet à un autre endroit que (ce verset se termine par les mots ) : "afin de te délivrer et de livrer tes ennemis dans ta main" (להצליך ולתת לפניך איבך), dont les premières lettres forment le mot אלול (Elloul)".

-> Cela signifie que ces jours-ci renferment une immense ‘Siyata Dichmaya’ (aide du Ciel) pour notre retour vers Hachem, Lui-même faisant le premier pas pour venir purifier les fauteurs qui désirent revenir vers Lui.
Le Sfat Emet (Ki Tavo 5661) écrit également à propos du verset : "Heureux l’homme qui m’écoute en accourant à mes portes jour après jour" (Michlé 8, 34) :
"Puisqu’il est écrit ‘jour après jour’, cela suggère que chaque jour (de l’année) ces portes sont ouvertes. Elles sont au nombre de deux : une pour les tsadikim et une pour les repentants ... parce que Hachem ouvre toujours une issue pour les repentants.
Or, puisqu’il est écrit en outre dans la suite du même verset : "(Heureux soit l’homme qui M’écoute) et qui aspire (en se tenant) dans l’ouverture de Mes portes", cela suggère qu’il existe des temps particuliers où les portes sont grand ouvertes, comme Elloul et Tichri."

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Mais cet enseignement du Sfat Emet va plus loin : à l’inverse, c’est précisément parce qu’il se déverse une abondance de miséricorde pendant le mois d’Elloul que notre devoir est d’autant plus grand de ne pas la gaspiller comme un insensé qui perd ce qu’on lui donne.
Chacun devra donc s’empresser dès à présent de frapper à la porte par laquelle entrent les repentants et de la franchir.

-> Le Arvé Na’hal (Shabbat Chouva, 4) rapporte une allusion à propos du verset : "Si nous ne nous étions pas attardés nous serions déjà revenus 2 fois" (Mikets 43,10) :
"Lorsqu’un homme, commet une faute et ne se repent pas durant toute l’année, il n’a à son décompte que la faute elle-même, mais l’absence de repentir n’est pas encore considérée comme une faute en soi ... sauf durant ces jours dont l’influence débute depuis Roch ‘Hodèch Elloul et qui sont des jours propices.
Car, lorsque ces jours se sont écoulés et qu’il ne s’est toujours pas repenti, il devra le faire 2 fois pour s’être abstenu de faire téchouva, ce qui est (alors) considéré comme une faute en soi.
C’est l’allusion contenue dans le verset : "Si nous ne nous étions", exprimée par le mot לולא (loulé), qui est composé des mêmes lettres que le mot אלול (Elloul).
En retardant notre repentir, nous sommes alors redevables de ‘revenir 2 fois’ (de faire téchouva 2 fois sur la faute commise)."

On ne doit pas "dire les Séli'hot" mais "demander Séli'hot" (pardon), à savoir que l'on doit demander du fond du cœur à notre Père plein de miséricorde de nous pardonner notre passé et se répandre en prières devant Celui qui examine les reins et le cœur de l'homme.
[Beit Aharon]