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La Néila

+ La Néila (fin de Kippour) :

-> Comme pour toutes les fêtes de l’année, les prières de Kippour comprennent : celle du soir, celle du matin, le Moussaf et Min'ha. Il s’ajoute pour ce jour unique de l’année la prière de Néila, au déclin du jour.
On l’a appelée Néila (clôture) parce qu’elle clôture effectivement cette grande journée (elle coïncide, selon les avis, avec la fermeture des Portes du Temple ou la fermeture des Portes du Ciel - Maté Moché) ; on la récite à l’heure où se ferment les portes de la Miséricorde, quand nos destins sont définitivement fixés et nos jugements scellés.
[Le Arizal enseigne que c’est justement au moment de la Néila, que Hachem signe le verdict écrit à Roch Hachana - la ‘Hatima (חתימה). ]
Ainsi, c'est comme une dernière ligne droite où l'on doit rassembler toutes nos dernières forces [vers Hachem] pour dire cette émouvante prière avec une profonde ferveur, et nous prenons de fermes résolutions pour commencer une vie plus pure, qui plaise à D. et aux hommes.

-> Nos Sages ont trouvé un certain nombre d’allusions à la prière de Néila dans le verset de Chir haChirim (5,5) : "Je me lève pour ouvrir à mon bien-aimé, mes mains dégouttent de myrrhe, mes doigts laissent couler la myrrhe sur les poignées du verrou".
Selon le midrach, on peut l'interprété ainsi :
- "je me lève pour ouvrir" = c’est la prière du matin ;
- "mes mains dégouttent de myrrhe" = c’est moussaf ;
- "mes doigts laissent couler la myrrhe" = c’est min‘ha ;
- "sur les poignées du verrou" = c’est Néila.

-> Les 5 prières de Yom Kippour (Arvit, Cha’harit, Moussaf, Min’ha et Néila) correspondent aux 5 parties de l’âme (Néfech, Roua’h, Néchama, ‘Haya et Yé’hida).
Les 4 premières parties correspondent aux 4 degrés d’intensité du lien unissant l’âme à Hachem. La 5e partie, la Yé’hida, dont le nom peut être décomposé en Ya’hid Hé (uni à D.), est le niveau de l’âme ayant un lien indéfectible avec l’Essence de D.
Ainsi dans la dernière prière spécifique au jour de Kippour, la Néila, le niveau de Yé’hida de l’âme, se dévoile. Il n’y a plus de place alors pour autre chose que D. et les juifs. C’est l’explication du mot "Néila" = "on ferme" (Noélim) toutes les portes pour ne laisser entrer personne, afin que nul ne dérange l’union entre D. et Israël.
[Séfer Hamaamarim].

-> Durant la prière de la Néila, Hachem est seul pour nous juger sans aucun ange accusateur ou défenseur. D. étant plein de miséricorde, il peut même nous pardonner la faute la plus grave : le ‘hilloul Hachem (la profanation du Nom de D.) qui en général ne peut être expiée qu’avec la mort de la personne, et cela même après avoir fait téchouva, que Kippour soit passé et après avoir enduré différentes souffrances. Toutefois si la téchouva est complète à la Néila, Hachem peut pardonner sans souffrance et sans faire mourir la personne.
[Méchekh ‘Hokhma]

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-> La Tossefta (Yoma 4,16-17) écrit : "Le bouc [émissaire] a un avantage par rapport à Yom Kippour ... car le bouc fait immédiatement expiation alors que Yom Kippour fait expiation à la tombée de la nuit seulement".
=> L'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée, dit la Tossefta.

[ceci suit l'opinion de Rabbi 'Hanina (dans Yerouchalmi Sanhédrin 10,1). Elle est acceptée en
tant que halakha par les Richonim (Ri Migach, Ritva et Ran Chevouot 13b, Ramban, Yoma 87b).
Raaya Méhemna (Vayikra 100b) implique de même que l'expiation de Yom Kippour ne prend effet qu'à la fin de la journée. ]

-> Le Rokéa'h (Hilkhot Yom Hakippourim 217) ajoute que c'est la raison pour laquelle nos Sages ont fixé la récitation de la prière de Neïla à ce moment-là. La Neïla contient des séli'hot et des supplications supplémentaires, ainsi qu'un vidony spécial : "Tu tends la main aux fauteurs" (ata noten yad lapoch'im).

-> la Michna Broura (623,3) écrit : "A la Néila, le jugement inscrit pour les êtres humains à Roch Hachana, en bien ou en mal, est scellé. Un homme doit faire beaucoup d'efforts dans cette prière, car Yom Kippour est le point culminant des 10 jours de téchouva, et la prière de Néila est le point culminant de Yom Kippour. La fin détermine tout, et si ce n'est pas maintenant, quand?"

-> Le Chlah haKadoch (Massékhèt 'Houlin, Ner mitsva 54) écrit : "La Neïla est le point culminant de Yom Kippour et c'est à ce moment-là que c'est un jour d'expiation, car Yom Kippour fait expiation à la fin de la journée".
[le Chla hakadoch y écrit également que les 10 jours de repentance sont le point culminant de l'année et Yom Kippour est le point culminant de 10 jours de repentance, et le service de la Néïla est le point culminant de Yom Kippour]

=> Cet enseignement est étonnant car la Torah nous dit que le jour de Yom Kippour a le pouvoir de faire expiation sans donner la moindre indication sur le moment de la journée. ["car ce jour-ci, il fera expiation pour vous, pour vous purifier de toutes vos fautes" - A'haré Mot 16,30]

-> Le Kaftor vaFéra'h (ch.6, Inyané ha'Hourban) enseigne :
"Yom Kippour fait expiation à sa conclusion, de même que la chemita annule les dettes uniquement à la fin de l'année. Car, lorsque la fin du jour approche, l'affliction est plus grande, les actes sont plus grands et la récompense est en fonction de la difficulté».

=> L'expiation s'opère à la fin de Yom Kippour parce que l'affliction que nous éprouvons ce jour-là atteint son point culminant à la fin de la journée.
Or nos Sages enseignent : "Mieux vaut faire une chose avec difficulté que 100 choses avec facilité" (Avot d'Rabbi Nathan 3,6) et : "La récompense est en fonction de la difficulté" (Pirké Avot 5,23).
De même, selon le Tiféret Israël (61) : "Lorsqu'un homme accomplit une mitsva qui est très difficile pour lui, cela montre qu'il aime D. de tout son cœur et la récompense est à la mesure de la difficulté".
Ainsi, lorsque les afflictions de Yom Kippour sont les plus fortes, le peuple juif a l'opportunité la plus grande d'obtenir l'expiation.

[dans la spiritualité, lorsque cela devient fatiguant, un peu désagréable, la tendance naturelle est de se dire : ça va j'ai déjà bien donné, je peux être détente!
Certes nous ne sommes pas des anges et nous avons besoin de faire un break, mais la Néïla nous enseigne que nos moments où spirituellement c'est difficile, sont ceux qui ont une valeur énorme.
On ne doit pas les voir négativement (aujourd'hui c'est un jour sans, je n'arrive à rien spirituellement), mais au contraire comme des opportunités qui rapportent beaucoup plus que d'ordinaire lorsque tout marche bien.
[dans un moment spirituel moins bon, c'est comme si Hachem désire recevoir des marques d'amour concrètes de ma part ("cela montre qu'il aime D. de tout son cœur"), et non au contraire que Hachem s'éloigne de moi, voir me punit ]
C'est d'une certaine façon un message d'encouragement de fin de ce jour extraordinaire (Kippour), où nous sommes des anges, et nous nous apprêtons à reprendre la routine de notre vie d'être humains.]

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-> "Là où des baalé téchouva se tiennent, des tsadikim parfaits ne peuvent pas se tenir" (guémara Béra'hot 34b).
Le Méssé'h 'Hokhma (Va"t'hanan 5,24) explique que la récompense des baalé techouva est plus grande parce qu'ils ont dû peiner pour vaincre leurs tendances naturelles.

-> Construire une soucca à l'issue de Yom Kippour, alors que nous sommes affaiblis par une journée entière de jeûne, est un rappel : plus nous devons faire d'efforts et surmonter de difficultés pour accomplir les commandements de D., plus nous recevrons de récompense.
Celui qui s'en souvient se rendra compte que, même s'il est difficile de garder le niveau de repentir atteint à Yom Kippour, il convient d'être fort et de vaincre les défis que ce but présente. Sa récompense sera supérieure à celle des "tsadikim parfaits".
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> b'h, également sur la Néila : https://todahm.com/2020/10/11/la-neila

Yom Kippour – Être purifiés devant Hachem

+ Yom Kippour - Être purifiés devant Hachem :

-> "Car en ce jour [Yom Kippour], il fera expiation pour vous, pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés" (A'haré Mot 16,30).

-> "L'expression 'devant D. vous serez purifiés' représente le commandement positif de se repentir, en contemplant et en examinant nos voies et en revenant à D. le jour de Kippour"
[Rabbénou Yona - Chaaré Techouva 4,17]

-> "'Devant D. vous serez purifiés' car Yom Kippour ne fait expiation que pour ceux qui se repentent (guémara Chevouot 13a). Avant que D. n'accorde l'expiation, chaque homme doit se purifier... par la téchouva et c'est ensuite que D. le purifiera par l'expiation"
[Kli Yakar - A'haré Mot 16,30]

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-> "il fera expiation (yé'hapèr-> kapara) pour vous, pour vous purifier (létahèr -> tahara)"

=> Qu'implique les 2 termes : "expier" et "purifier"?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
la kapara (expiation) est l'annulation de la punition encourue du fait de la faute. Quand une personne reçoit la kapara, cela veut dire qu'elle sera épargnée du châtiment divin pour ses fautes, mais la kapara ne l'affecte qu'extérieurement. Même après avoir reçu l'expiation, l'âme ne retrouve pas le niveau de pureté d'avant la faute.
Ainsi, même après avoir obtenu la kapara, l'homme doit encore se débarrasser des défauts spirituels créés par ses fautes.
Ce processus interne est la tahara (pureté), qui débarrasse l'âme du préjudice causé par la faute et la restaure à son état antérieur. La Torah dit donc qu'à Yom Kippour, non seulement le Cohen Gadol "fera expiation pour vous", mais aussi il "vous purifiera" car, même après l'expiation, le fauteur a encore besoin de la "purification" qui lavera son âme.

-> De son côté, le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou vol.2) donne une autre explication :
même après la téchouva la plus exemplaire, il manque encore à l'homme la pureté de cœur qu'il possédait avant sa faute, car l'acte même de transgression diminue la sensibilité de la personne à la gravité de la faute.
Comme l'enseignent nos Sages (guémara Yoma 86b) : "Lorsqu'un homme faute et répète [sa faute], elle lui devient permise" = il commence à considérer que l'acte commis est permis, et il lui sera facile de retomber dans ses fautes même après s'être repenti. La personne qui se repent doit, de plus, retrouver sa "pureté de cœur" et son aversion pour les fautes.

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=> Pourquoi ne suffit-il pas au fauteur que D. le purifie?

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2,26) enseigne :
"Si l'homme ne s'éveille pas lui- même, à quoi lui serviront les paroles de réprimande? Même si elles entrent dans son cœur le jour où il les entend, le yétser les lui fera oublier et chasser de son cœur. Lorsqu'un homme entend un reproche, il doit s'éveiller, prendre ces mots à coeur et y penser constamment. Il doit y ajouter de la sagesse, sortir des mots de son coeur et s'assoir seul à l'intérieur des chambres de son esprit. Il doit se répéter le reproche et ne pas seulement compter sur la réprimande de celui qui le sermonne. Il doit se blâmer chaque matin et à chaque moment jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée."

-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David) commente :
Ainsi, selon Rabbénou Yona nous enseigne que la vraie téchouva n'est possible que lorsqu'un homme fait un effort intérieur authentique pour s'améliorer. C'est seulement par ce travail qu'il peut atteindre le stade où sa téchouva est complète, où D. Lui-même atteste que cet homme ne répètera plus jamais sa faute. Une téchouva extérieure ne transforme pas l'âme et ses effets se dissipent rapidement. Seul une téchouva intériorisée, un repentir du cour, crée un changement durable. Aussi, pour effacer les effets néfastes que la faute cause à l'âme, il faut effectuer un vrai repentir intérieur selon les mots de Rabbénou Yona : "jusqu'à ce que son âme accepte la réprimande et soit purifiée".

Tel est l'un des messages de l'enseignement de la Michna : "Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi?" (Pirké Avot 1,15). A moins qu'un homme ne s'éveille lui-même à la nécessité de rectifier ses voies, aucun cours de moussar; aucune parole de réprimande, ne le fera véritablement changer.
C'est pourquoi la Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés". Ce verset enseigne que, pour bénéficier de l'expiation et de la purification de Yom Kippour, nous devons nous purifier et nous sanctifier, nous épurer intérieurement de tout lien avec la faute.

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+ La purification, un cadeau divin :

-> "pour vous purifier de tous vos péchés ; devant D. vous serez purifiés"

=> Pourquoi le verset commence par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour et seulement ensuite nous ordonne de nous purifier?

-> Rabbi Dovid Hofstedter explique :
Selon l'approche que nous avons développée (notre purification personnelle est la condition nécessaire à la purification effectuée par D.), il semble que l'ordre aurait dû être inversé.

La Torah veut peut-être nous enseigner ceci : bien que l'homme doive prendre l'initiative de se purifier, le "lavage" spirituel n'est rien d'autre qu'un cadeau de D., car l'homme n'a pas la capacité de réellement "laver" son âme.
Comme l'enseigne le rav 'Haïm de Volozhin (Roua'h Haim 1,14) :
"Sans l'aide de mon Créateur, que serais-je? Sans l'aide de D., l'homme ne pourrait pas vaincre [le yétser ara]. Mais qu'on ne dise pas : 'J'attends l'aide du Ciel [pour me repentir]', car les mesures initiales [de techouva] doivent être prises par l'homme. Hachem lui donnera Son aide en fonction des efforts qu'il investit pour se préparer et se renforcer, comme le disent nos Sages (guémara Shabbat 104a) : 'Celui qui vient se purifier est aidé'. »

La Torah commence donc par dire que D. nous purifiera à Yom Kippour mais que c'est à nous de faire le premier pas, pour nous taire comprendre que même notre purification de la faute ne peut pas se faire sans l'aide divine.
Tel semble être le message du verset dans lequel D. dit : "Revenez à Moi et Je reviendrai à vous" (Mala'hi 3,7). Par ces mots, le prophète véhicule l'idée que la techouva commence par l'initiative humaine ("Revenez à Moi"), comme le dit rav 'Haïm de Volozhin dans le passage cité ci-dessus.
Une fois que l'homme fait ce premier pas, il reçoit l'aide divine pour achever le processus et laver totalement son âme du dommage causé par ses fautes ("Je reviendrai à vous").

De même, nos Sages enseignent (midrach Chir Hachirim Rabba 5,2) : "D. dit aux Bné Israël : Mes enfants, faites-Moi une ouverture aussi grande que le chas d'une aiguille, et Je vous ouvrirai des portails assez grands pour que des chars et des charrettes puissent y passer" = l'homme doit faire un pas minime vers le repentir pour que D. l'aide à terminer la tâche.
[à l'image d'une aiguille qui est très peu épaisse mais longue : il suffit que notre effort de retour vers Hachem soit petit en amplitude, mais cependant il doit aller dans les profondeurs de notre être (pas superficiel).]

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-> "'Hachem est le mikvé (litt. l'espoir) des Bné Israël' (Virmiyahou 17,13).
De même qu'un mikvé purifie les personnes impures, D. purifie les Bné Israël." [michna Yoma 8,9]

Le mikvé ne purifie la personne que si elle s'y trempe, mais une fois qu'elle pénètre dans l'eau, son impureté la quitte instantanément. C'est exactement la façon dont a lieu le processus de purification de Yom Kippour : l'homme doit commencer le processus de téchouva, mais une fois qu'il l'a entamé, et seulement une fois qu'il la entamé, Hachem le purifie totalement.

Nous pouvons à présent comprendre le message de la Torah dans le verset que nous avons cité plus haut. La Torah nous ordonne : "Devant D. vous serez purifiés" = nous devons commencer le processus pour nous purifier de nos fautes. Mais une fois que nous avons fait le premier pas, aussi petit soit-il, Hachem nous purifie de toute trace de faute afin que notre téchouva soit durable et que nous ne rechutions pas.
Le prophète nous promet : "Je vous donnerai un coeur nouveau et Je mettrai un esprit nouveau en vous ... et Je ferai en sorte que vous suiviez Mes lois et accomplissiez Mes statuts et les fassiez" (Yé'hezkel 36,26-27).
[rabbi Dovid Hofstedter]

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-> "Heureux êtes-vous, Israël! Devant Qui vous purifiez-vous et Qui vous purifie?" (michna Yoma 8,9)

-> Le Panim Yafot explique :
"Avant Yom Kippour, le peuple juif doit se purifier par la confession et le repentir, comme le disent nos Sages, et ensuite, il peut recevoir la pureté par son Père céleste.
Tel est le sens des mots :
- 'Devant Qui vous purifiez-vous ?' = l'homme doit bien se préparer auparavant pour cette purification finale ;
- puis D. le purifiera à Yom Kippour, comme il est écrit : 'Devant D. vous serez purifiés' = cela veut dire qu'avant la purification finale [de Yom Kippour], il faut se purifier pour se préparer à recevoir cette pureté car sans préparation, on n'est pas capable de la recevoir."

-> Une autre explication de cette Michna est offerte par Tossafot Yom Tov : l'homme est parfois incapable de s'éveiller à se repentir et quand cela arrive, D., dans Sa grande bonté, fait que cet homme soit inspiré à se repentir afin qu'il ne soit pas perdu.
Ainsi, selon Tossafot Yom Tov, la Michna veut dire que D. purifie les Bné Israël même s'ils ne prennent pas l'initiative de se repentir.

Le meilleur conseil pour une personne afin d'être méritante dans le jugement est de devenir quelqu'un dont les gens ont besoin et qui comptent dessus.
[rav Israël Salanter]

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-> L'Alter de Kelm dit que le meilleur mérite que nous pouvons espérer avoir pendant les 10 jours de repentir, c'est de faire partie d'une communauté (tsibbour), d'être quelqu'un dont la communauté a besoin.
En ce sens, nous récitons les Séli'hot qui ne sont pas des prières dites par un individu, mais plutôt l'expression d'une téchouva de la communauté.
Le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,4) décrit ces prières comme des prières récitées dans les synagogues, comme une réflexion de la nature communautaire.

L'alter de Kelm avait l'habitude de mettre une notice à l'entrée du talmud Torah de Kelm à Roch 'Hodech Elloul. Il y rappelait que le meilleur moyen de mériter un bon jugement est d'être une personne qui est utile et nécessaire à autrui.
En effet, le jugement n'est alors pas limité à son propre petit mérite, mais il doit prendre en considération le mérite de tous ceux qui ont profité de lui et qui ont dépendu de lui.

[ex: une personne qui a le sourire, qui a des mots positifs avec autrui, devient nécessaire, et cela peut lui empêcher de mauvais décrets qui pénaliseraient par ricochet tous ces gens a qui elle redonne la vie! ]

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-> Le verset (Vaét'hanan 3,23) nous dit que Moché a prié et supplié Hachem de lui permettre d'entrer en terre d'Israël.
Le Baal haTourim explique que Moché a supplié Hachem de répondre à ses prières par le mérite de : "J'ai encouragé et donné de la force au peuple d'Israël [en leur disant de ne pas avoir peur des rois ennemis - 'hizakti ét Israël], peut-être [que par ce mérite] Hachem va avoir pitié de moi [et répondra à ma prière - oulaï yéra'hem alaï]

Le rav Efraïm Eliyahou Shapiro dit que Moché aurait pu demander que sa prière (entrer en Israël) soit exaucée par le mérite des actions incroyables qu'il a pu faire durant sa vie.
Par exemple, Moché aurait pu demander à avoir sa prière réalisée par le mérite de nous avoir donné et enseigné la Torah? Par le mérite d'avoir été le dirigeant du peuple juif? ...
Cependant, parmi tous ces mérites énormes que Moché a pu faire, il a choisi le fait d'avoir renforcé et encouragé le peuple juif.

Il en résulte que les meilleurs mérites que nous pouvons acquérir pour sortir gagnant de notre jugement au Ciel, c'est d'être à l'écoute de notre prochain et de prendre soin de lui, de faire qu'il se sente aimé et important, ...
[parfois un "boujour", un sourire, ... peuvent faire des miracles]

[d'une certaine façon si tu traites ton frère juif comme un roi, alors Hachem te traitera royalement!]

Hachem a donné Yom Kippour aux juifs avec un grand amour, et Il est extrêmement joyeux en ce jour.
Hachem ne pardonne pas les fautes des juifs à contrecœur, mais plutôt avec une joie énorme.
Hachem annonce aux montagnes, aux collines, aux rivières, et aux vallées : "Venez vous réjouir avec Moi, de cette joie immense, du fait que Je pardonne les fautes [du peuple] d'Israël".
[Tana déBé Eliyahou rabba 1]

Dans les Séli'hot, nous disons : "Pardonne nos fautes car elles sont si nombreuses".
Est-ce que c'est avec cela qu'on va convaincre Hachem de nous pardonner?

Dans les urgences d'un hôpital, les médecins sont occupés à prendre en charge des patients avec tout type de blessures.
Lorsqu'un patient inconscient avec sa vie qui ne tient qu'à un fil arrive aux urgences, tous les docteurs et les infirmières quittent les autres patients et courent lui sauver sa vie.
De même, nous demandons à Hachem de nous guérir car nous sommes si gravement blessés par nos fautes et nos erreurs ...
[rabbi Shlomo Carlebach]

Lorsqu'un bébé pleure la nuit, cela nous donne un petit aperçu de comment Hachem se sent lorsque le Cohen gadol appelle Son nom à Yom Kippour.
[rabbi Shlomo Carlebach]

"Si on pouvait avoir rien qu'un seul Yom Kippour dans une vie, cela seulement serait la raison d'une joie immense"
[rabbi Israël Salanter]

Les kapparot

+ Les kapparot (par rabbi Nissim Yaguen) :

-> Chacun désire être acquitté, chacun veut être inscrit et scellé pour une bonne et heureuse année.
Le problème est que la majorité d'entre nous se concentre sur des choses insignifiantes, se borne à des détails et y investit toute son attention, tandis qu'elle ignore les choses qui auraient réellement pu leur être utiles ...

Parfois, nous voyons un individu donner 10 shekels à la tsédaka, il est satisfait et persuadé qu'il peut dormir tranquille ... Sa place au gan eden est sûrement au premier rang, réellement à côté de notre patriarche Avraham ...

Il est fréquent que les gens aillent la veille de Yom Kippour chercher des gros poulets blancs, ils font les kapparot sur eux, on les égorge et on les donne à des familles pauvres, et ils sont convaincus qu'ils sont libérés de tous leurs péchés qui demeurent sur la tête du poulet ... Ainsi, on ne fait pas téchouva et on n'est pas acquitté!

En pratique, nous avons de la chance que le poulet ne puisse pas parler ... S'il savait parler, il nous aurait appelés en prétextant : "Nous sommes votre kappara? C'est vous qui devriez être notre kappara! C'est vous qui avez fauté, pas nous! Pourquoi devons-nous subir vos péchés? ..."
[...]

Nous devons nous souvenir qu'un homme ne sait pas ce qui lui arrivera l'an prochain. Aucun homme ne peut savoir avec sûreté s'il s'agit du dernier Yom Kippour de son existence, la dernière occasion de faire une pleine téchouva! Personne ne sait!
Peut-être souhaitons-nous que le machia'h arrive bientôt. Alors il sera trop tard pour réparer!
Celui qui n'aura pas encore fait téchouva, restera pour l'éternité au-dehors!

C'est la raison pour laquelle il faut se renforcer et bien exploiter cette occasion qui pourrait être la dernière, afin de ne pas la perdre, car ce Yom Kippour en particulier risque de ne jamais revenir.

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+ Les Kapparot :

-> Le Ma'hzor Vitri (339) écrit :
La base de la coutume des Kapparot est que cela remplit la même fonction que l'offrande de Kippour : seir la'azazel.

Le Mahari Veil (192) dit que cela se base sur le principe que si la mort a été décrétée sur une personne et que ce décret a été plus tard annulé, l'ange de la mort doit quand même être apaisé en recevant quelque chose en remplacement.
[le poulet joue ce rôle]

"Quelle chance nous avons que celui qui nous juge [Hachem] soit également si follement amoureux de nous"
[rabbi Moché Weinberger]

Les 10 jours de téchouva

+ Les 10 jours de téchouva :

-> "Bien que le repentir et l'imploration soient bénéfiques en tout temps, durant les 10 jours entre Roch Hachana et Yom Kippour cela est d'autant plus favorable, et accepté immédiatement." (gémara Roch Hachana 18a)

=> Quelle est la particularité de ces jours entre Roch Hachana et Yom Kippour ?

-> Le Mabit (Beit Elokim - chaar Téchouva - chap.15) écrit : Ces 10 jours renferment une Ségoula particulière (remède) où la téchouva est plus facilement acceptée.
L'origine de cette particularité provient du fait qu'il s'agit des jours de la création du monde. En effet, Roch Hachana est "le jour de la création du monde" (jour où l'homme, raison d'être du monde, a été créé), c'est pourquoi les 10 jours qui suivent sont propices à la téchouva et au rapprochement vers Hachem.

Pourquoi l'idée de la téchouva est-elle rattachée à la création du monde ?
Car au moment de la création du monde, Hachem décida qu'll accepterait la téchouva de Ses créatures.
La raison à cela est que l'homme a été créé à partir de poussière matérielle, et que le penchant de son cœur est mauvais depuis son enfance. Il est donc impossible qu'il ne faute pas. Or, si Hachem n'acceptait pas sa téchouva, la création du monde aurait été vaine, car les fautes de l'homme se multiplient sans cesse, et Hachem aurait finalement détruit le monde.

C'est ce que nos Sages (guémara Pessa'him 54a) disent : "Sept choses ont été créées avant la création du monde, et l'une d'entre elles est la téchouva". Car, comme nous l'avons mentionné, quel est l'intérêt de créer un monde dont on sait depuis le départ qu'il ne pourra exister?

A Roch Hachana, Hachem juge les actes de chaque individu sur la balance du jugement, et tranche Son décret. Qui sera acquitté devant Lui?
Cependant, comme nous l'avons dit, Roch Hachana est le jour de la création du monde où Hachem émit la condition en le créant qu'll accepterait la téchouva du fauteur.
C'est pourquoi, en ce jour, Hachem se lève de Son trône de Justice et s'assied sur Son trône de miséricorde, afin de ne pas punir l'homme en fonction de ses fautes, mais au contraire, accepter son repentir.

Et puisqu'il n'est pas convenable d'effacer ses fautes le jour même du jugement, Hachem prolongea les jours de téchouva jusqu'à Yom Kippour, afin d'accorder un temps au fauteur pour qu'il améliore ses actes et se repente de ses fautes. C'est alors qu'll aura pitié de lui en s'asseyant sur Son trône de miséricorde le jour de Kippour, qui est proche de la période où Il créa le monde et émit la condition d'accepter la téchouva du fauteur.
[rav Barou'h Rozenblum]

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-> Les 10 jours de pénitence (de Roch Hachana à Kippour) sont des jours de miséricorde particuliers.

Le Chem Michmouël rapporte au nom de nos Sages que les jours durant lesquels Bilam tenta de maudire le peuple d'Israël et n'y parvint pas étaient les 10 jours de pénitence.
Ce sont les jours au sujet desquels Bilam dit : "Comment maudirais-je celui que D. n'a point maudit? Comment menacerais-je, quand Hachem est sans colère?" (Balak 23,8).
Durant ces jours, le monde déborde de miséricorde, et il est impossible d'activer la colère de Hachem. Bien que "le Tout-Puissant fait sentir sa colère tous les jours", durant ces jours Hachem emplit la création entière d'une mer de miséricorde, en vue du grand jour divin, au sujet duquel il est dit : "Tous les jours qui m'étaient réservés, avant qu'un seul fut éclos" (Téhilim 139,16).
Rachi explique que ce verset représente le jour de Kippour, le grand Pardon.

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+ Le danger de ne pas utiliser les 10 jours de repentir :

-> [Hachem nous fait à cette période un cadeau incroyable, ainsi si nous refusons d'en profiter, de l'accepter, cela peut se retourner contre nous. ]

La guémara (Roch Hachana 18a) nous enseigne qu'il est de notre devoir d'exploiter ces jours particuliers et cite un verset du prophète (Shmouël I 25,38) : "Environ 10 jours après, Naval frappé d'un coup du ciel, mourait". Pourquoi Hachem patienta-t-ll 10 jours avant de le frapper?
"Rav Na'hman au nom de Rabba bar Avoua dit : par rapport aux 10 jours de pénitence."

C'est-à-dire que Hachem lui accorda 10 jours pour faire téchouva, mais puisqu'il ne se repentit pas, il fut puni.

-> Guédalia ben A'hikam fut tué le 3 Tichri par un juif nommé Ichmaël ben Nétania, et en souvenir de cela, un jeûne fut fixé en ce jour.
La Guémara (Roch Hachana 18b) dit : "Afin de t'enseigner que la mort des tsadikim est semblable au fait que le Temple a pris feu".

Le Maharcha ajoute et explique qu'étant donné que cet acte fut perpétué durant les 10 jours de pénitence, Ichmaël aurait dû s'éveiller au repentir.
Cependant, il ne regretta pas ses actes et continua de fauter en tuant Guédalia, ce qui fut une tragédie pour le peuple d'Israël, comme rapporté dans le Navi (prophète) ...

Ce fut l'accusation contre Ichmaël ben Nétania qui ne prit pas conscience d'exploiter ces 10 jours élevés et ne fit pas téchouva sur sa faute. Ceci représente le plus beau cadeau que Hachem nous offrit dans Sa grande bonté, et l'homme intelligent profitera de ces jours intenses pour faire téchouva et se rapprocher de Hachem.
[rav Barou'h Rozenblum]