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"A Roch Hachana, chaque personne est amenée devant Hachem et elle est jugée selon l'ensemble de ses circonstances : a-t-elle réalisé tout ce qu'elle pouvait faire, en fonction de ses capacités?"

[Rav 'Haïm de Volozhin]

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-> Après avoir fauté, Hachem interpelle Adam par les mots : "Où es-tu?" (Béréchit 3,9).

Nous devons nous interroger : "Est-ce que je suis aussi proche de D. que j'aurai pu l'être? Comment expliquer que j'ai pu m'en éloigner? Comment faire pour que cette nouvelle année soit celle d'un maximum de proximité avec mon Créateur, mon papa Hachem?"

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-> Dans les prières de Roch Hachana nous disons plusieurs passages commençant par "ouve'hèn" (et puis - וּבְכֵן).
C'est une référence au même terme que la reine Esther va utiliser lorsqu'elle va rendre visite au roi A'hachvéroch : "Et puis (וּבְכֵן) je me présenterai au roi, et si je dois périr, je périrai!" (Méguilat Esther 4,16).

Le Tour Ora'h 'Haïm (582) conclut : "C'est cette émotion que nous devons ressentir lorsque nous approchons le Jour du Jugement à Roch 'Hachana".

=> A Roch Hachana nous devons ressentir une crainte à l'idée de passer devant le Roi des Rois, et à l'idée que toute l'année à venir dans ses moindres détails va en dépendre (même l'éventualité qu'y sera décidé notre "mise à mort" existe réellement!).

Mais d'un autre côté, à Roch Hachana on doit également prendre conscience de notre grandeur.
En effet, pour toute les nations du monde c'est un jour comme un autre (on va au ciné, au travail,...), alors que chaque personne, sans exception, va passer en jugement devant D., et toute son année va en dépendre!!

Hachem notre Père plein de miséricorde et d'amour pour nous, nous prévient longtemps à l'avance, nous donne des conseils pour être jugés favorablement (ex: le Shofar, la téchouva, les prières, ...), et surtout Il va nous juger en tant que fils, bien-aimés.
=> Nous devons être fou de joie d'être aussi chouchoutés par l'Unique, le Maître de l'Univers.
Nous devons tout faire pour qu'Il soit fier de nous durant l'année à venir.

Cette prise de conscience à Roch Hachana, vient combattre le fait que : "La plus grande tromperie du yétser ara est lorsqu'il nous fait oublier que nous sommes les enfants du Roi [Hachem]" (selon le rabbi Chlomo de Karlin).

Meilleur engagement avant Roch Hachana

+ Quel est le meilleur engagement qu'une personne doit prendre avant Roch Hachana?

-> Rabbi 'Haïm Kanievsky de répondre : "La meilleure chose est de s'asseoir et d'étudier la Torah! Tout est inclus dans cet engagement."

-> Rav Steinman dit également que pendant le mois d'Elloul, l'objectif principal doit être d'augmenter son étude de la Torah.
Il cite l'exemple du 'Hazon Ich qui en Elloul passait plus de temps que d'habitude à étudier la guémara (ce qu'il faisait quasiment non stop le restant de l'année).

[rapporté par un petit-fils du rav Kanievsky : rabbi Avraham Yéchayahou Steinman]

"A Roch Hachana, les livres des vivants et les livres des morts sont ouverts devant Lui (Hachem)"
[guémara Roch Hachana 32b - וספרי חיים וספרי מתים פתוחין לפניו]

-> Selon nos Sages, cela signifie qu'on juge les morts en fonction de ce qu'ils ont laissé derrière eux.
Si leurs enfants (ou élèves) sont droits et craignant Hachem, alors même s'ils sont déjà morts il y a de longues années, on ouvre de nouveau leur dossier, et on vérifie les actes de leurs descendants, et quand on voit que ce sont des justes, on fait monter leur père de niveau en niveau dans le monde qui est entièrement bon.
Si malheureusement, ils ont laissé des enfants qui ne suivent pas les voies de la Torah, on les fait descendre de niveau en niveau.

Par conséquent, même de nombreuses années après leur décès, on les juge dans le Ciel en fonction de ce qu'ils ont laissé derrière eux.

[c'est pour cela que nos Sages enseignent que le plus grand respect des parents se fait une fois qu'ils sont morts, et que leur évolution dans le monde de l'éternité, dépend totalement de nos actions!]

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-> Le 'Hemdat Shlomo (rav Shlomo Zalman Lifshitz) donne une autre explication :
Il est nécessaire d'ouvrir les livres des morts, car lorsqu'une personne est jugée, absolument tout est pris en compte, ce qui inclut qui étaient ses ancêtres, et de quelle façon cela l'impacte.
Peut-être que si l'origine de ses fautes provient de ses générations antérieures, alors sa punition ne sera pas aussi sévère.

Pendant le mois d'Elloul, les âmes des justes de la génération du désert viennent aider chaque juif à se repentir et à se rapprocher du Créateur.

['Hidouché haRim - dans son Séfer Haz'hout]

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+ Etre juif (Yéhoudi) = c'est savoir reconnaître ses erreurs => faire téchouva!

-> Tous les juifs sont appelés d'après le nom de Yéhouda, car celui-ci avait l'habitude de reconsidérer sa conduite.
En effet, sensible à ses manquements, il les reconnaissait immédiatement, comme le met en avant la bénédiction que lui adressa son père Yaakov : "Pour toi Yéhouda, tes frères te rendront hommage" (Vayé'hi 49,8), le Targoum expliquant : toi tu as avoué et n'as pas craint.

Yéhouda eut le courage de reconnaître publiquement son erreur concernant l'épisode de Tamar en disant : "C'est elle qui a raison, contrairement à moi".
La guémara (Sotah 7b) souligne que Yéhouda n'eut pas honte de reconnaître sa faute et qu'a-t-il eu en retour? Il mérité la vie dans le monde à venir.

[issu d'un divré Torah du rav David Pinto]

Shofar – réveiller la miséricorde Divine

+ Shofar - réveiller la miséricorde Divine :

-> Nous sonnons le Shofar pendant le mois d'Elloul, qui est composé de 29 jours, ainsi que durant les 2 jours de Roch Hachana, soit un total de 31 jours.
Cependant, le Shofar n'est pas sonné à Shabbath et la veille de Roch Hachana.
[on peut noter que : שבת est l'acronyme de : שבת במקום תרועה (Shabbath à la place de [la sonnerie] Téroua - Shabbath bim’kom téroua).]

En retirant 5 (4 Shabbath et 1 jour de la veille de Roch Hachana), nous arrivons à un total de 26 jours où nous sonnons le Shofar, ce qui est la valeur numérique du nom Divin (Tétragramme) qui représente Sa miséricorde, et c'est ce que nous désirons tout particulièrement à ce moment si vital pour l'année à venir.

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-> Béréchit = au commencement, Hachem créa ...

Lorsque nous comptons 26 lettres à partir du ש de : "achamayim" (השמים - v.1), qui est dans le 1er verset de la Torah, nous parvenons à un : ו (du mot : ובהו - vavo'ou - v.2), puis en comptant à nouveau 26 lettres nous arrivons à un : פ (du mot : מרחפת - méra'héfét - v.2), puis en comptant encore 26 lettres, nous parvenons à un : ר (du mot : אור - or - v.3).

=> Ces lettres forment le mot : שופר (Shofar), en allusion au fait qu'il permet d'amener la miséricorde Divine.

[ces 4 lettres formant Shofar, se trouvent dans les 3 premiers versets de la Torah, en allusion au 3 types de sonneries utilisées.]

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-> Il est écrit : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune, au jour fixé pour notre solennité" (Téhilim 81,4), soit en hébreu : תקעו בחדש שופר בכסה ליום חגנו.

On peut noter que :
- les lettres précédentes du mot : חדש ('hodéch) permettent de former גזר (gézar - un décret).
[le ח vient après le ז ,de même : ד et ג ; et de même ; ש et ר]

- les lettres précédentes de : שפר (Shofar) forment : קרע (kéra)
[le ש et ר , de même פ et ע , et également ר et ק]

- les lettres précédentes de : כסה (kissé) forment : דין (din).
[le כ et י , de même ס et נ , et également ה et ד .]

=> Ainsi, en prenant à chaque fois la lettre venant avant, nous obtenons : kéra gézar din (דין גזר קרע) qui signifie : déchirer le décret de justice/le jugement.
On a donc le lien suivant : "Sonnez le Shofar à la nouvelle lune, au jour fixé" = déchirer le décret de justice, pour avoir à la place celui plein de miséricorde.

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-> Le Panim Yafot (A'haré Mot) fait remarquer que pendant le mois d'Elloul, nous récitons le téhilim : "léDavid Hachem ori" (לדוד ה אורי - Téhilim 27), qui contient 13 fois le nom Divin (יְהוָה), en correspondance avec les 13 Attributs de miséricorde.
Or, nous lisons ce téhilim 2 fois par jour (matin et soir), ce qui fait que chaque jour il nous permet de mentionner 26 fois le nom Divin lié à la miséricorde (qui a lui même une valeur numérique de 26 - יְהוָה).

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-> Le Bné Yissa'har explique que nous trempons la 'halla dans le miel, car : דבש (miel - dvach) a une guématria de 306, qui est la même que : אב הרחמים (av ara'hamim), ou bien que : אב הרחמן (av ara'haman), qui signifient : "Père miséricordieux".

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-> Il est intéressant de constater que le nom Divin de justice est : א-דני (A- donay) et il peut se décomposer :

- en א = allusion à Roch Hachana qui est le 1er jour de l'année juive ;
- en י = le 10 fait allusion à Yom Kippour qui est le 10e jour de l'année (le 10 Tichri) ;
- et il reste au milieu de ces 2 lettres : דן (din - jugement), car c'est alors que nous sommes jugés.

=> d'où l'importance du Shofar, comme il est écrit par exemple :

-> "Hachem déclare à Israël : ‘De même que, dans le Shofar, le son entre d’un côté et ressort de l’autre, ainsi Je me lèverai du trône de justice pour m’asseoir sur celui de miséricorde en changeant l’attribut de rigueur en attribut de miséricorde’
[…]
L’homme souffle d’un côté et le Shofar émet un son de l’autre, de même, tous les accusateurs vous incriminent devant Moi, et Je les écoute d’un côté et les fais sortir de l’autre."
[midrach Téhilim 81]

-> "Grâce au Shofar, car sa voix s’élève dans les cieux et éveille le Shofar d’en-haut, ce qui stimule l’attribut de miséricorde.
Hachem quitte alors son siège de justice, s’assoit sur celui de la clémence et prend Son peuple en pitié.
Alors l’accusateur ne sait que faire, Israël se repent et le Satan ne peut plus rien devant le trône de miséricorde."
[Hachmatot haZohar – Béréchit – p.254]

-> "Lorsque le peuple juif sonne du Shofar, Hachem se lève du Trône de justice et prend place sur le Trône de miséricorde.
Hachem est alors rempli de miséricorde, et Il inverse l’Attribut de justice en miséricorde."
[Yalkout Chimoni Téhilim 47]

-> "Heureux le peuple connaissant la téroua [du Shofar]" (Téhilim 89,16)
Rabbi Yéchaya fait remarquer que les autres nations savent également souffler pour produire une sonnerie.
Cependant : "Heureux est le peuple qui sait comment apaiser Son Créateur par la sonnerie du Shofar."
[midrach Yalkout Chimoni – Vayikra 645]

-> Les Tossafot (guémara Arakhin 10b) écrivent que les anges disent un cantique à Roch Hachana et Yom Kippour, parce qu’En-Haut ils voient D. se lever du trône de justice et prendre place sur le trône de pitié.

-> "Les sonneries du Shofar apportent les prières du peuple juif dans le Saint des Saints devant la présence divine, et entraîne Hachem à se rappeler de nous avec miséricorde."
[le Ritva – guémara Roch Hachana 26a]

-> "La sonnerie du Shofar réveille la compassion du Ciel et amène la faveur Divine, une subsistance abondante et toutes les bonnes choses sur ce monde au profit du peuple juif."
[Beit Pin'has]

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-> Si la sonnerie du Shofar fait déplacer Hachem sur Son Trône de Miséricorde, alors chaque année devrait être bonne, sans misère. Pourquoi n'est-ce pas le cas?

C'est que le son du Shofar n'est efficace que s'il pousse les gens à faire téchouva.
En effet, le mot Shofar est en lien avec : "shapérou maaché'hem" (améliorez vos actions).
[le Yichma'h Moché - Roch Hachana]

[on ne doit pas aborder le Shofar comme si on allait au concert, où ce qui se passe est extérieur à nous, et où l'on y va parce qu'on ne peut pas ne pas y aller (qu'en dira-t-on! ça ne se fait pas!).
Au contraire, nous devons saisir le Shofar, et profiter de sa puissance pour le plus possible alimenter notre processus de téchouva, de retour vers notre Source première : Hachem! ]

"Il y a des gens qui ne réalisent pas qu'ils mourront un jour et qu'ils doivent préparer des provisions dans ce monde pour le monde futur et amender leurs actes.
Ce sont des gens qui ne réalisent la mort qu'à leur dernier jour et ils sont pour cela comparés à des animaux, qui ne prennent conscience de la mort qu'au moment où ils sont abattus, comme il est écrit : "Comme un troupeau, ils s'avancent vers le Chéol" (Téhilim 49,15)."

[Rabbénou Yona - Chaaré Téchouva - chap.2]

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-> "L’homme ressemble à un souffle, ses jours sont comme une ombre qui passe" (Téhilim 144,4)

Le midrach nous explique que le roi David ne faisait pas allusion à l'ombre d'un mur ou celle d'un arbre, qui sont des ombres "fixes", mais à l'ombre qui passe comme celle laissée par des abeilles.

-> Alors que reste-t-il de notre vie qui passe si vite?
Le fils de David, le roi Salomon, considéré comme le plus sage parmi les hommes, commence son livre de Kohélét par : "Vanité des vanités, vanité des vanités; tout est vanité! Quel profit tire l'homme de tout le mal qu'il se donne sous le soleil?"

Il le termine ainsi : "La conclusion de tout le discours, écoutons-la : "Crains D. et observe ses commandements (mitsvot) ; car c'est là tout l'homme. En effet, toutes les actions, D. les appellera devant son tribunal, même celles qui sont entièrement cachées, qu'elles soient bonnes ou mauvaises."

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-> La guémara (Yoma 20b) nous apprend qu'au moment où l'âme quitte le corps, elle hurle et ce hurlement se fait entendre d'un bout à l'autre du monde.

Les commentateurs expliquent que si l'âme hurle lorsqu'elle quitte le corps c'est parce qu'une cruelle réalité s'impose alors à elle, puisqu'elle découvre la réalité : elle a tronqué sa vie éternelle pour des plaisirs futiles. [la douleur est proportionnelle aux regrets, à l'ampleur du gâchis!]
Comment a-t-elle pu gaspiller autant de temps et de ressources si bêtement?
Sa détresse devient si grande qu'elle hurle de frayeur et son cri se fait entendre d'un bout à l'autre du monde.

-> "Au moment où l'homme s'apprête à quitter ce monde, Hachem Se dévoile à lui"
[midrach Yalkout Chimoni Iyov - 932]
=> Tâchons de faire que cette rencontre éternelle soit pleine de joie/fierté du travail accompli, plutôt que d'une terrible honte d'avoir mal agit!

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-> "Imaginez-vous qu'un jour, il soit décidé au Ciel de permettre à tous les morts de sortir de leurs tombes pendant une heure, et que durant ce laps de temps, on les laisse faire ce qu'ils veulent!

Lorsque cette nouvelle extraordinaire se répandrait, tous les vivants se précipiteraient dans les cimetières pour revoir leurs proches défunts.
Et voici qu'arriverait le grand moment : les tombes s'ouvriraient et tous les défunts en sortiraient!

En voyant leurs chers proches sortir de leurs tombes, les gens courraient probablement vers eux pour leur parler, après cette si douloureuse séparation.
Mais les morts, eux, s'empresseraient de se frayer un chemin parmi la foule et se rueraient au lieu d'étude de Torah (beth midrach) le plus proche.
Là-bas, ils étudieraient assidûment la Torah jusqu'au moment où ils seraient appelés à retourner sous la terre."

[rabbi 'Haïm de Brisk]

[pourquoi attendre le monde de Vérité, pour en venir à donner sa juste valeur au temps, à la Torah, ... ]

"40 années avant que le Temple n'ait été détruit, des signes de sa destruction imminente étaient évidents"
[guémara Yoma 39b]

=> Pourquoi particulièrement 40 années?

Hachem a transmis comme allusion au peuple juif que s'ils faisaient attention à la Torah, qui a été donnée [à Moché] pendant 40 jours [au Ciel], et qu'ils l'étudiaient de façon désintéressée, alors le mérite de la Torah allait annuler le dur décret contre eux.
Comme l'enseigne le midrach (Béréchit rabba 65,20) : "Lorsque le peuple juif étudie la Torah, Essav ne peut pas régner sur eux et détruire leurs lieux saints"

[Ben Ich 'Haï - Bénayahou - Yoma 39b]

=> On voit à quel point la Torah, a le pouvoir de sauver des décrets même les plus difficiles.

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-> Ce n'est pas Nabuchodonosor ou Titus qui détruisirent le Temple, ils n'ont "fait que moudre une farine qui l'était déjà".
[guémara Guittin 56b]

Divers sur la période du 9 Av – Le saviez-vous?

+ Divers sur la période du 9 Av - Le saviez-vous? :

-> "Ainsi parle Hachem : Le jeûne du 4e mois et le jeûne du 5e, le jeûne du 7e et le jeûne du 10e mois seront changés pour la maison de Yéhouda en joie et en allégresse et en fêtes solennelles." (Zé'haria 8,19)

=> Pourquoi le prophète ne donne-t-il pas de façon explicite la date exacte des jours de jeûne?

Le Min'ha 'Hinoukh (301,7) enseigne qu'avant la destruction du 2e Temple, pendant le mois désigné, chaque personne avait la possibilité de choisir la date de son choix pour jeûner.
C'est uniquement ensuite, que nos rabbanim ont uniformisé la pratique en fixant une date particulière pour chaque jeûne.

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+++ Comment se passait-il le 9 Av dans le Temple?

-> Selon le Rambam (michna Roch Hachana 1,3), pendant la période du 2e Temple, il n'était pas obligatoire de jeûner, mais la pratique était de jeûner en raison des nombreuses tragédies qui sont arrivées ce jour aux juifs.

-> Le Tashbatz, ainsi que le 'Hida (Ma'hazik Bra'ha - Ora'h 'Haïm 550,2), ne sont pas d'accord avec le Rambam, argumentant que la guémara dit clairement que pendant la période du 2e Temple, les juifs ne jeûnaient pas le 9 Av, ni à aucun autre jeûne.
Au contraire, ils fêtaient ces jours de jeûnes avec de la grande joie.
[le 'Hida rapporte même un Tossafot (Taanit 12a) en ce sens)]

-> Le rav Yaakov Kamenetsky (Emet léYaakov - Avot 1,1) est d'avis que le 2e Temple n'a jamais été considéré comme un remplacement du 1er Temple (de nombreuses choses y étaient manquantes), mais c'était plutôt une aide afin d'atténuer la douleur du peuple juif dans leur période d'exil.
Pour cette raison, il n'a pas été construit selon les instructions de la prophétie de Yé'hezkel pour le Temple final.

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+ Réactions lors de la construction du 2e Temple :

Au moment de la construction du 2e Temple, il y avait 2 types de réaction :
-> 1°/ la grande majorité était fou de joie comme jamais, car après des dizaines d'années en exil, ils avaient la possibilité de nouveau d'avoir le Temple.

Il est écrit : "Lorsque les maçons jetèrent les fondations du sanctuaire de Hachem, on disposa les prêtres, revêtus de leurs habits [pontificaux], avec des trompettes ... avec des cymbales, pour célébrer Hachem ... Ils entonnèrent des hymnes et des actions de grâces en l'honneur de l'Eternel, [chantant] "car il est bon ; car sa bienveillance s'étend éternellement sur Israël".
Et tout le peuple poussait de grandes acclamations, au moment où l'on rendait gloire à Hachem pour la fondation de Son temple." (Ezra 3,10-11)

-> 2°/ le restant était composé de personnes suffisamment âgées pour avoir connues le 1er Temple.
Ces gens ne se réjouissaient pas, mais plutôt ils pleuraient car le 1er Temple était tellement meilleur!

Ils ne voyaient le 2e Temple que comme une maigre consolation de leur glorieux passé, et la contraste était flagrant.
Le 2e Temple leur rappelait la grandeur du 1er, et c'était trop difficile à supporter ...

D'ailleurs, pour se rendre compte de leur douleur, Ezra rapporte que leurs cris étaient si puissant que l'on ne pouvait entendre les expressions de joie du restant du peuple.

Il est écrit : "Mais beaucoup de prêtres, de Lévites et de chefs de famille, avancés en âge, qui avaient encore vu l'ancien temple, lorsqu'ils furent témoins de la fondation de ce [nouveau] temple, pleurèrent hautement, tandis que beaucoup d'autres faisaient retentir des cris de triomphe et de joie.
Les gens ne pouvaient distinguer les clameurs joyeuses des sanglots bruyants du peuple ; car le peuple poussait de grands cris, dont l'écho se faisait entendre au loin." (Ezra 3,12-13)

=> On peut comprendre que le jeûne du 9 Av ne soit pas obligatoire à cette époque.
En effet, pour certains, le 2e Temple était un moment de grande joie, et pour d'autres un moment de grande tristesse (remuant le couteau dans la plaie de la perte du précédant).

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+ Punition pour ceux qui ont causé la destruction des Temples :

Hachem a puni :

-> 1°/ Névou'hadnétsar pour avoir détruit le 1er Temple, qui avait nécessité 7 ans pour être construit.
Il a été contraint d'errer parmi les animaux durant 7 années.

En effet, il est écrit dans Daniel (4,29) : "On va t'expulser de la société des hommes, et ta demeure sera avec les bêtes des champs ; on te fera manger de l'herbe comme aux bœufs, et 7 époques passeront sur toi, jusqu'à ce que tu reconnaisses que Hachem est le maître de la royauté des hommes et qu'Il la donne à qui il veut."

-> 2°/ Titus a exilé le peuple juif qui est comparé a une colombe, et il a ainsi été puni par un moucheron lui mangeant le cerveau jusqu'à devenir de la taille d'une colombe. [Séfer 'Hassidim 1,151]

Le Zohar 'Hadach (Chir haChirim 75a) dit que le Temple est comparé à la tête et au cerveau.
Puisque Titus a détruit la tête et le cerveau de la nation juive (le 2e Temple), il en a été de même pour sa tête et son cerveau.

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+ Les bâtisseurs du Temple :

-> La Pessikta rabbati (6) enseigne que tous les travailleurs impliqués dans la construction du Temple ont été bénis par des réussites miraculeuses.
C'est ainsi que durant toute la période de sa construction aucun travailleur n'a été malade, ni n'est mort, et aucun outil n'a été endommagé, même légèrement.

-> Le Baal haTourim (Dévarim 22,7-8) dit que toute personne qui est impliquée dans la construction du futur Temple, bénéficiera d'une longue vie.

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+ Perte du Temple = perte de l'honneur de Hachem :

-> La guémara (Béra'hot 3a) rapporte qu'à chaque fois que les juifs en exil répondent pendant le Kadich : "Amen yéhé chémé rabba", Hachem [métaphoriquement] secoue Sa tête et dit : "Heureux est le Roi qui est loué de cette façon dans Sa maison. Que reste-t-il pour le Père qui a exilé Ses enfants, et malheur aux enfants qui ont été exilés de la Table de leur Père."

Le Maharcha note que Hachem ne fait référence à Lui, comme un Roi, uniquement lorsque le Temple existe, mais après sa destruction, Son statut est diminué à celui de Père.

-> Le Gaon de Vilna enseigne que bien que la royauté de Hachem est éternelle, la destruction du Temple a énormément diminué l'honneur qu'on porte à Sa royauté.

Il écrit que l'on trouve une allusion à cela dans la guémara ('Haguiga 3b), qui dit : "Pendant que le Temple existait les anges possédaient 6 ailes, mais après sa destruction 2 de leurs ailes ont disparu."
=> Pourquoi cela?

Le Gaon de Vilna explique que les 6 ailes correspondent aux 6 mots : ברוך שם כבוד מלכותו לעולם ועד ("Béni soit le Nom dont la gloire du royaume est à jamais").

En exil, le : כבוד מלכותו (la gloire du royaume - kévod mal'houto) est manquante, puisque Hachem a des émissaires qui font Sa volonté d'une telle façon que nous avons l'impressions de ne plus Le voir, faisant que Sa gloire est cachée.
[à l'époque du Temple, la présence Divine était palpable et il y avait constamment de très nombreux miracles (ex: cf.Pirké Avot 5,7). ]

D'ailleurs en ce sens, dans la prière de moussaf (Yom Tov) nous demandons à Hachem : "Révèle la gloire de Ton royaume sur nous".

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+ Les larmes :

-> Le Zohar (Chémot 12b) dit que la délivrance des juifs de l'exil dépend uniquement de leurs larmes.
Si les nombreuses larmes versées durant notre exil ne suffisent toujours pas à apporter la délivrance, c'est parce qu'Hachem doit tout d'abord finir de payer à Essav la récompense pour les larmes qu'il a versé.
=> A quoi cela fait-il allusion?

Le midrach (Téhilim 80 et Tan'houma Toldot 24) relate qu'au moment où Essav a découvert que son frère Yaakov lui a pris en cachette les bénédictions de son père, il a pleuré 3 larmes.

Une larme s'est écoulée de l’œil droit, un 2e larme de l’œil gauche, et enfin une 3e qu'il a retenu.
Ces 3 larmes ont réveillé la miséricorde de Hachem, et en conséquence, Essav a mérité de régner dans ce monde entier en toute tranquillité, entraînant pour le peuple juif des larmes amères liées à leur exil.

Les juifs ont imploré Hachem : "Maître du monde, si Tu as été immédiatement rempli de compassion lorsque le racha Essav a pleuré 3 larmes, à plus forte raison doit-il en être pour nous qui pleurons constamment dans notre exil".

Hachem a répondu qu'une fois qu'Essav aura reçu toute la mesure de sa récompense, viendra lors le temps pour la nation juive d'être éternellement élevée.

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+ Un deuil à l'excès :

-> Les règles de deuil pour la destruction du Temple sont plus strictes que celles concernant un endeuillé ayant perdu des proches de chair et de sang.
En effet, alors que le Rambam dissuade des manifestations trop excessives pour un mort, il considère comme un acte de piété de s'endeuiller à l'excès pour la destruction du Temps.
[Rambam - Michna Torah Avel 13,11 ; Taanit 5,9]

-> Pendant le 9 Av, nous récitons des lamentations qui suscitent des émotions de tristesse et de larmes, ce qui n'a pas de parallèle lorsque l'on perd une vie humaine (les hespédim rappellent la grandeur et le vide laissé par le mort afin de nous consoler, alors que les lamentations ont pour but de nous faire pleurer).

-> Selon le Hararé Kédem, le fait de pleurer à l'excès fait partie de la réparation de la faute des explorateurs, provoquant les pleurs des juifs sans raison.

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+ A la recherche du Temple :

-> Les idoles et les temples non juifs sont en général placés sur l'endroit le plus haut afin d'être visibles.
A l'opposé, le Temple n'était pas situé sur le sommet le plus élevé de Jérusalem (guémara Zéva'him 54b), comme la Torah le demande : "Que vous chercherez Sa présence et tu t'y rendras" (Réé 12,5).

Rabbi Yérou'ham Lévovitz explique que le "chercher" et un prérequis pour le : "t'y rendre".
C'est une allusion au fait qu'on ne peut trouver la présence Divine que si nous l'a recherchons, que si nous la désirons ardemment.

Le : "t'y rendre" (parce que c'est tendance, pour le regard des autres) ne doit pas précéder le : "chercher".
=> Le Temple doit être le fruit d'une démarche très personnelle et désintéressée (c'est parce que j'ai sincèrement envie d'être proche de D., que je mis rends!).

-> "Elle s'appelle Tsion, et personne ne la recherche" (Yirmiyahou 30,17)
La guémara (Roch Hachana 30a) commente : elle nécessite que nous la recherchions.

=> Ainsi, rabbi Binyamin Wurburger enseigne que de nos jours, par le fait de rechercher le Temple (ex: en pleurant, en faisant téchouva, en s'améliorant, ... afin d’accélérer sa venue), alors cela va nous aider à créer une connexion, un lien avec ce lieu.

Pourquoi est-ce que le Shabbath précédant le 9 Av s'appelle-t-il : 'Hazon (une vision)?

Cela ressemble à un homme qui achète un costume à son enfant, mais au lieu de prendre soin de ce nouveau vêtement, celui-ci va le couvrir de boue.
Le père lui achète alors un 2e costume, mais l'enfant le traite de la même manière.

Le père achète alors un 3e costume à son enfant, mais cette fois-ci, il ne le lui donne pas. Il le cache dans le placard, et de temps en temps, il permet à l'enfant d'y jeter un coup d’œil, lui disant : "Lorsque tu auras appris à [bien] te comporter alors tu auras le costume."

[les 3 costumes sont en allusion aux 3 Temples]
C'est cela la signification de 'Hazon (une vision). Hachem nous donne un aperçu de ce qui doit nous revenir, si seulement nous nous comportions comme il le fallait [surtout en se respectant/s'aimer les uns les autres].

[rav Lévi Its'hak de Berditchev - Likouté Kédouchat Lévi]

[il en résulte que le costume (Temple) est déjà prêt dans le placard, et papa Hachem n'attend plus que nous pour le sortir et nous le donner!]

9 Av : faire le plein d’espoirs pour l’année à venir

+ 9 Av : faire le plein d'espoirs pour l'année à venir :

-> Le rav Yaakov Meïr Schechter écrit que le 9 Av est le jour le plus difficile de l'année juive.
Cependant, malgré ce sentiment de deuil sur la perte des 2 Temples, le 9 Av est véritablement un jour plein d'espoirs.

Tout le monde sait que pleurer sur le passé n'a pas d'intérêt. Si quelque chose de précieux a été perdu, pleurer ne va pas le ramener.
Cependant pour le 9 Av, nos Sages nous demandent de pleurer.

Ainsi, le fait de se lamenter sur le Temple atteste de notre croyance qu'un jour nous serons délivrés.
Ces larmes ne sont pas des larmes de désespoir sur notre perte, mais plutôt des larmes d'espérance positive pour le futur, que notre délivrance arrive.
=> Au cœur de notre peine, il y a en réalité un espoir énorme.

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-> Selon Rabbi Na'hman de Breslev, le terme : "békhia" (pleurer - בכיה) est l'acronyme de : "béshim'ha yéguiloun kol ayom" ("A cause de Ton Nom, sans cesse ils sont en joie" - Téhilim 89,17).

[une situation difficile, nous fait se tourner et vider notre cœur à Hachem, et c'est alors que nous réalisons : "A cause de Ton Nom, sans cesse ils sont en joie" = de même que tout n'est venu que par la Volonté de D., alors de même tout peut partir en une seule seconde par Sa Volonté.
Nous réalisons que : Mon Père c'est le boss de ce monde, Il n'agit que pour mon bien ultime, et Il peut absolument tout faire! Ainsi, pourquoi m'attrister, puisque tout est sous contrôle!

=> C'est alors que du fond de notre douleur, ressort notre amour, notre confiance totale en la toute puissance de D.

C'est en ce sens qu'on parle de : "Ména'hem Av", puisque ce mois est le père (Av) de notre consolation (ména'hém) pour l'année à venir. Et proportionnellement à notre lamentation en jour, s'y développe notre confiance en Hachem pour le restant de l'année.

Symboliquement, toute la journée du 9 Av, nous sommes assis par terre, en allusion au fait que nous avons touché le fond, mais déjà dans l'après-midi nous pouvons nous relever et s'asseoir plus normalement.
=> Cette période de deuil est un moment où l'on se baisse/s'accroupit pour mieux sauter pendant le restant de l'année vers Hachem!]

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-> On raconte sur le saint rabbi Pin'has de Koritz, que dans les profondeurs de ses larmes du 9 Av, ceux qui étaient proches de lui pouvaient discerner un cri de joie.

-> Le rav Mordé'haï de Slonim écrit que lorsque la fille de Pharaon a trouvé Moché bébé flottant sur le Nil, la Torah rapporte : "La fille de Pharaon … vit l’enfant et voici qu’un jeune pleurait" (Chémot 2,6).

Le verset laisse entendre que rien qu'à partir de ses pleurs on pouvait deviner qu'il était un enfant juif.
Pourquoi cela?

C'est parce ses pleurs étaient remplis d'espoirs.

[certes la situation est horrible, mais le fait que le boss est Hachem vient réduire à néant nos inquiétudes, ne laissant place qu'à de l'espérance!
C'est pour cela qu'un pleure juif, est un pleure qui est rempli d'espoir et non pas de désespoir! ]