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"Les fêtes dans la mesure où elles sont des jours de repos, sont apparentées au Shabbath qui constitue le jour de repos le plus saint et le plus important."

[le Maharal de Prague - Gour Aryé
- "Le 7e jour est un jour de repos complet" (Shabbath Shabbathon - Emor 23,3)]

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-> Dans le chapitre 23 de Vayikra, la Torah va parler des fêtes juives dans l'ordre suivant : le Shabbath, puis Pessa'h, puis Shavouot, puis Roch Hachana, et enfin Souccot et Chemini Atséret.

Pourquoi la Torah y évoque le Shabbath dans un passage relatif aux fêtes, et pourquoi le mentionne-t-elle en 1er lieu?

Le Méfaréch Inyanim (Mikraot Guédolot) répond : "le Shabbath est le fondement de toutes les fêtes.

De même que des fondations doivent précéder toute construction, car c'est sur elles que le bâtiment reposera, ainsi le Shabbath doit figurer en tête de toutes les fêtes.
Et de même que l'équilibre d'une maison dépend de la solidité de son assise, la valeur des fêtes dépend du Shabbath, qui en est le socle."

L'idée est que si l'on croit qu' "en 6 jours, Hachem a fait le ciel et la terre" (Shabbath), alors cela constitue la fondation sur laquelle nous pouvons construire les autres fêtes.
En effet, le Shabbath renferme le principe de la Création du monde, principe sur lequel pourra se fonder la foi dans la sortie d'Egypte (il donne la vie et gère en permanence toute chose).

Ce n'est qu'en accordant de l'importance au Shabbath, que nous pourrons véritablement en faire de même pour les autres fêtes.

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-> "Si vous réussissez à respecter le Shabbath, Hachem vous donnera 3 fêtes : Pessa'h, Shavouot et Souccot"
[Mékhilta - Béchala'h]

=> Nous avons obtenu les 3 fêtes par le mérite du respect de Shabbath.

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-> "D. a béni le 7e jour et l'a sanctifié" (Béréchit 2,3)

-> La place du Shabbath est toujours le 7e jour de la semaine, jour où D. s'est reposé.
Les fêtes, par contre, n'ont pas été sanctifiées définitivement au moment de la Création, mais tombent chaque année à une date différente en fonction du jour que le Sanhédrin (représentant du peuple) a déclaré Roch 'Hodech ce mois-là.

-> Yom Tov diffère de Shabbath par le nombre d'animaux offerts au service de Moussaf.

Le sacrifice de moussaf de Shabbath se compose de 2 agneaux alors que le moussaf des Yom Tov comprend de 1 à 13 bœufs, 1 ou 2 béliers, 7 ou 14 agneaux et 1 bouc (cf. Bamidbar 28,9-10 ; 16-31 et 29,1-39).

Pourquoi une telle distinction?

Comme la sainteté du Shabbath vient directement de D., le peuple juif n'a pas besoin d'apporter de sainteté supplémentaire par une abondance de sacrifices.

Du fait que la sainteté des fêtes provient des efforts du peuple juif de se rapprocher de D., on offre un plus grand nombre d'animaux sur l'Autel pour resserrer encore le lien entre Hachem et Israël.

-> "Rabbi Akiva avait 24 000 disciples, depuis Guévat jusqu'à Antipras, et tous sont morts dans une même période parce qu'ils ne se comportaient pas avec respect l'un envers l'autre."
[guémara Yébamot 62b]

-> Rabbi Akiva a dit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" : c'est un grand principe de la Torah.
[midrach Béréchit rabba 24,7]

=> Comment comprendre le comportement des élèves de la référence de l'amour d'autrui (rabbi Akiva) ?

En fait, la faute reprochée ici n'est pas la haine gratuite ou le manque d'amour, mais le manque d'honneur des uns envers les autres.

L'amour et le respect sont 2 notions différentes et parfois contraires.
Lorsqu'un sentiment d'amour lie 2 personnes, il engendrera une certaine proximité qui peut dans certains cas générer du mépris.

Les élèves de Rabbi Akiva éprouvaient un amour mutuel qui avait amoindri le respect qu'ils se portaient, une certaine dose de crainte les aurait préservés de la faute.

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-> Comment comprendre que des tsadikim aussi énormes ne se respectaient pas l'un l'autre?
Le 'Hatam Sofer explique : même lorsqu'une personne connaît l'enseignement de son prochain et que celui-ci lui enseigne, cette personne doit prendre en considération ce que son prochain lui enseigne, et ne pas se dire que cela ne l'intéresse pas sous prétexte qu'il le connaît déjà.
Chez ces géants qui connaissaient tout sur tout, lorsque quelqu'un enseignait quelque chose, il y avait à leur niveau très élevé un certain "manque" de considération envers l'autre.

[nous pouvons surement apprendre de la mort physique des élèves de rabbi Akiva, qu'en préférant se dire : je connais déjà ce qu'il dit! (indirectement = il est nul, je suis meilleur que lui), d'une certaine façon nous l'étouffons, nous tuons une partie de sa spiritualité future.
(Je préfère "être" (en mettant en avant que je sais déjà), plutôt que de lui permettre "d'être"!)
En effet, à l'inverse, si nous nous tuons, en exprimant notre appréciation/admiration face à ses belles paroles (préférant nous rabaisser (en nous faisons passer pour plus ignorant que nous ne le sommes!) pour le rendre roi : tu es le meilleur! c'est trop fort ce que tu as dit!), par cela nous lui injectons des forces, de l'énergie indispensable afin qu'il est envie de s'investir davantage dans la Torah.
(cela lui permet de se confirmer que c'est une Torah de vie, qu'il est sur le bon chemin de la Vérité, et qu'il est une personne importante, de valeur par cela!)
De plus, impacter une personne, c'est également impacter par domino toutes les autres personnes que celui-ci va impacter à son tour, dont ses enfants, et ce pour l'éternité!]

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-> "Parce qu'ils ne se comportaient pas avec respect l'un envers l'autre" = mipéné chélo naagou kavod zé lazé (מפני שלא נהגו כבוד זה לזה) = cela a une guématria de 661 = qui est la même que : "lachon ara" (לשון הרע).
[Rabbi Z. Bass]

Selon nos Sages, ce manque de respect s'est traduit (à leur très haut niveau spîrituel) par le fait qu'ils parlaient du lachon ara l'un sur l'autre.

Le rav Mattisyahou Glazerson fait remarquer que le mot : Omer (עומר) est très proche de : "dit/dire" (omer - אומר).
=> Ainsi, le compte du Omer signifie qu'au-delà de compter les jours, nous devons également compter ce que l'on dit = avant que nos mots ne sortent de notre bouche, nous devons les scruter/compter pour savoir si nous pouvons les dire.
[avant nous en sommes maîtres, et ensuite les éventuels dégâts causés peuvent se révéler impossibles à réparer!]

Il y a : ספירת העומר et 'ספירת ה'אומר.

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+ Le saviez-vous?

-> Rabbi Akiva, quand il était encore ignorant en Torah, a dit : "Donnez-moi un Sage (talmid 'hakham), et je le mordrai comme un âne sauvage!"
[guémara Pessa'him 49b]

Comment comprendre cette attitude?

Les Tossafot (guémara Kétoubot 62b) expliquent qu'il employait ces termes agressifs parce qu'il croyait que les Sages traitaient les ignorants avec fierté et mépris.

=> Dans un profond souci pour l'honneur de ses semblables, Rabbi Akiva a employé une telle expression.

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+ "Rabbi Akiva avait 24 000 disciples, et tous périrent pendant la période allant de Pessa'h à Shavou'ot.
Il prit finalement 7 nouveaux élèves et leur dit : "Les 1ers sont décédés car ils se jalousaient les uns les autres dans l'étude de la Torah. Quant à vous, n'agissez pas de même!"
Aussitôt, le pays se remplit de Torah."

[midrach Kohélet rabba 11,5]

-> Les propos de ce midrach semble contredire l'avis de la guémara (cf. ci-dessus), selon lesquels les élèves de rabbi Akiva moururent car ils ne se respectaient pas les uns les autres.

Rav Yé'hezkel Levinstein (Ohr Yé'hezkel) dit que les 2 avis se rejoignent : rabbi Akiva comprit que ce manque de respect dissimulait chez ses élèves un esprit de jalousie.
[les 24 000 élèvent avaient un niveau extrêmement élevé, et ce qui est un défaut invisible chez nous, l'était pour des personnes de cette stature.]

Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva) enseigne : "La haine de D. peut se trouver même chez les hommes qui respectent les mitsvot et qui veillent à n'enfreindre aucune interdiction, que ce soit par l'acte ou par la parole.
Assurément, s'ils sont dotés d'une nature mesquine, il leur sera pénible de voir leurs prochains étudier la Torah, et de savoir que des personnes servent Hachem et Le craignent.
Ils sont semblables à celui qui serait contrarié de voir des sujets honorer leur roi et le servir, par haine envers le monarque."

=> Lorsqu'un homme voit d'un mauvais œil ses semblables observer les préceptes de la Torah, il témoigne d'une sorte de haine envers Hachem (à l'origine de ces paroles).
La Torah requiert la perfection : tout au fond de notre cœur nous ne devons pas avoir de jalousie négative (qui ne conduit pas à nous améliorer) de voir autrui réussir à bien servir Hachem, car c'est être triste que le Roi soit glorifié.

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+ "Rabbi Akiva avait 12 000 binômes/paires d’étudiants de Guivat a Antiprat et ils moururent tous parce qu’ils ne se respectaient pas mutuellement."
[guémara Yébamot 62b]

=> Pourquoi est-il écrit : 12 000 paires, et pas directement 24 000 étudiants?

-> Le rav Shmouel Scheinberg répond que cela nous apprend que la raison véritable de leur mort était qu'ils n'avaient pas le trait de caractère (mida) le plus important : la reconnaissance.
La guémara ne dit pas qu'ils étudiaient chacun dans leur coin, mais en binôme ('havrouta), ce qui signifie qu'ils profitaient l'un l'autre de leur ami.

Nos Sages (Pirké Avot 6,3) enseignent : "Celui qui apprend de son prochain un seul chapitre, une seule loi, un seul verset, une seule parole ou même une seule lettre, se doit de l’honorer.
Ainsi nous trouvons que David, roi d’Israël, qui avait appris seulement 2 choses d’A’hitofel, l’a appelé son maître ...
Si David, roi d’Israël, qui avait appris seulement 2 choses d’A’hitofel, l’a appelé son maître, son guide et son précepteur, celui qui apprend de son prochain ne serait-ce qu’un seul chapitre, une seule loi, un seul verset, une seule parole ou même seule une lettre, doit, à plus forte raison, lui marquer de l’honneur."

=> Nous devons honorer notre 'havrouta, pas uniquement par respect pour la Torah (kavod haTorah), mais également car cela est une obligation de gratitude (hakarat hatov).
Hachem ne tolère pas un manquement au fait d'être reconnaissant (autrui m'a été utile!), et cela a conduit à qu'ils soient punis d'une façon aussi sévère.
En effet, les élèves de rabbi Akiva devaient devenir l'ensemble des rabbanim permettant la diffusion de la Torah Orale pour les générations à venir, mais ce défaut les rendait inapte à pouvoir assurer une telle transmission.

Ils sont morts pendant la période du Omer, qui aboutit à Shavouot (don de la Torah), car nous devons réfléchir à ce que la Torah nous apporte, à quel point elle influence positivement notre vie, surtout dans une perspective du monde à venir qui est éternel.
=> Si à leur niveau très élevé, les élèves de Rabbi Akiva avaient une pleine conscience de ce qu'apporte la Torah, ils auraient respecté leur partenaire d'étude même pour une seule lettre qu'il leur a permis d'acquérir!

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-> 24 000 élèves de rabbi Akiva sont morts parce qu'ils ne se respectaient pas l'un l'autre.

Rabbi Yé'hezkel Levenstein (Ohr Yé'hezkel - Midot p.23) explique que dans leur cœur ils honoraient leurs frères d'étude, mais ils ne l'exprimaient pas car ils pensaient ainsi protéger leur prochain de devenir orgueilleux.
Leur intention était bonne, mais ils se sont trompés.
Ils avaient l'obligation d'honorer leur prochain.
La personne qui reçoit l'honneur doit se travailler pour ne pas développer un orgueil négatif (non constructif), mais cela n'est pas le problème de celui qui honore son prochain, qui de son côté doit exprimer du respect, des compliments, des encouragements, ...

"Il y a 17 jours entre Lag baOmer et Shavouot, ce qui est la guématria du mot : tov (bon).
Avant Lag baOmer, il y a 32 jours, ce qui est la valeur du mot : lèv (un cœur).

Ensemble, ils forment : "un bon cœur" (lèv tov), le prérequis et la meilleure disposition pour recevoir la Torah. "

[le Bnei Yissa'har]

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-> Pendant les 7 semaines du Omer, les élèves du rav Israël Salanter s'efforçaient d'acquérir une à une les 48 qualités par lesquelles on se rend maître de la Torah (cf. Pirké Avot 6,6), se consacrant chaque jour à un autre qualité.
Le dernier jour de ces semaines (la veille de Shavouot), ils révisaient ces 48 qualités afin de les intégrer.

Il est intéressant de noter que la 32e qualité permettant d'acquérir la Torah est : "L'amour de ses prochains" (selon l'ordre dans lequel elles sont énumérées).
Par conséquent, on peut penser que les élèves de rabbi Akiva consacrèrent le 32e jour du Omer à multiplier les preuves d'amour et à se manifester davantage de respect.
Cette attitude permit d'effacer le mal des jours précédents et le lendemain, le 33e jour du Omer (lag baOmer), ils cessèrent de mourir.

La 10e plaie : la mort des 1ers nés

+ La 10e plaie : la mort des 1ers nés :

-> Pour la 1ere fois, Hachem a communiqué avec Moché directement dans le palais de Pharaon.

Pour le placer au-dessus de l'espace souillé par l’idolâtrie, D. va élever Moché à une hauteur de 1 mètre (10 téfa'him).
[Daat Zékénim - Bo 11,1]

-> Hachem va réunir Son tribunal céleste, et la sentence décrétée sur tous les premiers-nés d'Egypte sera appliquée à minuit.
C'est D. Seul qui les punira, mais Il "demande conseil" à Son tribunal pour montrer l'importance de l'humilité.
[Rachi - Bo 12,29 ; midrach Chémot rabba 12,4]

-> Brusquement à minuit de la nuit du 15 Nissan, les ténèbres de la nuit se dissipent et l'Egypte toute entière s'illumine comme en plein jour, et ce pendant toute la durée de la plaie.
[Zohar haKadoch 37 - rapporté par le Or ha'Haïm]

Le tonnerre et les éclairs déchirent le ciel. [Rokéa'h]
Un gaz toxique pollue l'air, faisant de nombreuses victimes. [Abravanel]
[le Abarbanel (Bo 12,3) enseigne que la plaie des 1er nés a eu lieu par le fait qu'Hachem a amené un air pollué sur l'Egypte. L'air entré dans la bouche et les narines des 1er nés, et allait directement dans leur coeur, les tuant.
Dans la grande miséricorde d'Hachem, les 1er nés juifs qui avaient le sang du korban Pessa'h sur leur porte, n'ont pas été affectés par cette plaie.]

Un certains nombre de premiers-nés périssent, terrassés par ces bruits terrifiants [Rokéa'h], et d'autres sont frappés par le décret divin sans qu'aucune cause naturelle n'explique leur mort. [Targoum Yonathan]

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-> Tous les premiers nés égyptiens vont y mourir.

Le midrach haGadol rapporte que Moché en prévenant Pharaon, s'est tourné vers les ministres l'entourant et a dit : "Vous, cher monsieur, vous êtes un premier-né et vous allez mourir : je ne vous reverrai plus jamais! Vous, par contre, n'êtes pas premier-né, vous vous humilierez en venant m'implorer."

-> S'il n'y a pas de premier-né dans une maison, c'est la maître de maison qui mourra. [Ibn Ezra] ; ou l'enfant le plus âgé [midrach haGadol].

Les premiers-nés des animaux périssent également. [Baal haTourim]

Les femmes enceintes d'un premier-né accouchent d'un mort-né et périssent en même temps. [midrach Chémot rabba 17,5]

-> Tous les premiers-nés étrangers séjournant en Egypte sont également morts, afin que les égyptiens n'attribuent pas cette plaie aux divinités d'autres peuples. [Rachi - Bo 12,29]

[les premiers-nés égyptiens qui s'étaient sauvés d'Egypte par peur de la mise en garde de Moché, sont également morts]

-> Les seuls premiers-nés égyptiens à être épargnés sont ceux qui se sont convertis plus tôt dans la journée pour prendre part au sacrifice Pessa'h.
[midrach Chémot rabba 18,10 -> il rapporte également que tous ceux qui haïssaient Israël sont morts, même s'ils n'étaient pas des premiers-nés]

Pharaon est le seul 1er-né non méritant à rester en vie, car Hachem voulait qu'il soit témoin des différents miracles qui vont avoir lieu à la mer Rouge. [Mékhilta Bo 13]

Batya, la fille aînée de Pharaon a été épargnée par le mérite d'avoir sauvée Moché du Nil. Elle était une femme juste aux yeux de Hachem. [midrach Chémot rabba 18,3]

-> Chez les juifs, absolument personne ne va mourir (même ceux à l'agonie), pour ne pas laisser croire aux égyptiens que la plaie les affecte aussi.
[Haggadat haGra]

-> Le midrach haGadol précise que la notion de premier-né est à prendre au sens large : c'est le 1er enfant du père ou de la mère.
Dans un pays aux mœurs légères comme l'Egypte, cela faisait qu'un homme ou une femme pouvait avoir plusieurs enfants considérés comme premier-né (issus de relations cachées).

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-> Le Nétsiv (Bo 12,30) enseigne :
Les soldats de Pharaon n'ont pas été inclus dans la plaie des premiers-nés, puisque les membres de l'armée n'avaient pas de supériorité sur les autres en raison du fait d'être premier-né (à la différence des membres d'une famille qui vivent ensemble).
C'est pourquoi les premiers-nés servant dans l'armée n'avaient pas véritablement le statut de premiers-nés.
Les membres de l'armée de Pharaon seront tous punis plus tard, au moment de la mer Rouge.

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-> Rabbénou Yona (guémara Béra'hot 2b) nous rapporte :
Cette nuit les juifs ont prié d'être épargné de la plaie des premiers-nés.
Bien qu'ils avaient pu recevoir la promesse qu'Hachem passera au-dessus de leur maison, néanmoins ils avaient peur qu'ils aient pu commettre une faute dans l'intervalle, qui aurait conduit Hachem à revenir sur Sa promesse.
En se basant sur cette prière que nous avons dite en Egypte, nous disons également la prière de "Hachkivénou" chaque soir, demandant à Hachem de nous protéger des dangers.

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-> "Il y eut un grand cri en Egypte" (Bo 12,30)

Le rav Ovadia Yossef explique :
Le verset vient nous apprendre qu'il y avait beaucoup de cris en Egypte, et nous apprenons cela du verset "tout premier-né mourut".
Comme l'ont expliqué les Sages, même un aîné de père mourait.
Comme les égyptiennes trompaient leur mari et avaient des enfants d'hommes célibataires, ces enfants étaient des aînés de père. Donc il y avait beaucoup d'aînés dans chaque maison et ils sont tous morts.
Et comme dans la plaie des premiers-nés les maris ont compris que ces enfants qui muraient n'étaient pas les leurs, mais ceux d'un autre, des disputes éclataient à cause de la conduite des femmes égyptiennes.

C'est cela : "Il y eut un grand cri en Egypte" = il y avait une multitude de cris. Non seulement un cri à cause de la mort des fils, mais aussi des cris sur les femmes qui étaient infidèles à leur mari.

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-> Les égyptiens tenaient en grande estime les premiers-nés, et lorsque ce dernier mourrait, sa famille faisait sculpter une effigie du défunt ou une reproduction de son portrait sur les murs de sa maison. Puis tous dansaient et chantaient, comme s'il était encore vivant.
Pendant cette nuit, toutes ces représentations se sont pulvérisées en un clin d’œil. (le métal fondant, la pierre tombant en miette).

La Mékhilta poursuit en rapportant : "Les égyptiens avaient l'habitude d'enterrer leurs morts dans leur maison. La nuit de cette 10e plaie, les chiens ont creusé et ouvert ces tombes. Ils y ont retiré les ossements des premiers-nés enterrés, et ils ont joué, se sont promenés joyeusement avec ces os. Cela a été aussi douloureux pour les égyptiens que le jour où ils ont pu enterrer leurs enfants.

-> Le midrach haGadol raconte le cas d'une vieille femme qui vivait entièrement seule, sans enfant, ni famille. Le seul lien qu'elle avait encore avec le monde qui l'entoure était la statue sculptée à l'image de son premier-né défunt. Le culte idolâtre qu'elle lui vouait représentait toute sa raison d'être et sa consolation.
Cette nuit, lorsque cette statue s'est réduite à néant, cette femme a poussé un cri inhumain, qui dominait tous les autres bruits.

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-> On a vu que les premiers-nés vivants, ainsi que les effigies des défunts, ont été détruits.

Cette plaie va également entraîner l'exhumation de tous les premiers-nés égyptiens, qui sont morts et enterrés depuis longtemps.

Dans tous le pays, les chiens se déchaînent, et déterrent les cadavres, dans les cimetières et sous les maisons, et ils les mettent en pièces, éparpillant les ossements à travers tout le pays.

Les égyptiens en sont affligés, car ils ont tous au moins un ancêtre qui a été tiré de sépulture et profané par les chiens déchaînés.

[Léka'h Tov ; midarch Chir haChirim 2,10]

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-> Quelques égyptiens, craignant la colère de D., essaient de sauver leurs premiers-nés en les envoyant dormir dans les maisons des juifs.

Ce sont les mêmes qui avaient mis leur bétail à l'abri avant la grêle.
Même s'il dort dans un même lit qu'un enfant juif, le premier-né égyptien est frappé à mort.

Cette nuit-là, les juifs dorment si profondément qu'ils n'entendent pas les clameurs que poussent les égyptiens, et ne vont s'en rendre compte qu'à leur réveil.
[midrach Chémot rabba 18,2 ; midrach Yalkout Chimoni 984]

-> Certains égyptiens vont cacher leurs premiers-nés dans les temples égyptiens, s'imaginant qu'ils y seront en sécurité.

Cette nuit-là, Hachem va détruire toutes les divinités des égyptiens, à l'exception de l'idole de Baal Tséfon, fait qui encouragera les égyptiens à poursuivre les juifs, et à se noyer dans la mer.

Ainsi, tout objet en rapport avec les idoles vont se désintégrer (le métal fond, la pierre s'effrite, le bois pourrit), et cette destruction va causer aux égyptiens encore plus de chagrin que la mort de leurs premiers-nés (tellement ils y sont attachés).

[midrach haGadol ; Mékhilta]

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-> Cette plaie a entraîné :

1°/ une révolte des premiers-nés qui ont massacrés leur père.

En effet, après avoir soufferts pendant 9 plaies, les 1ers nés ont pris à cœur l'avertissant annonçant leur mort pendant la 10e plaie. Ils demandent à leurs pères et à Pharaon de laisser partir les juifs, mais ils vont refuser.

Frustrés et terrorisés, ils vont reporter leur colère sur leurs pères, et 600 000 égyptiens vont mourir ainsi.

Ils vont alors essayer de soulever la masse du peuple égyptien, qui va faire la sourde oreille, les laissant affronter l'inévitable : la 10e plaie.

[Chaque plaie a le nom de ce qui a attaqué les égyptiens (ex: celle des sauterelles). Cette 10e plaie est dénommée celle des 1ers-nés, car le principal dégât est provenu de cette révolte des 1ers-nés envers leurs pères.]

2°/ la plaie elle-même : la mort des 1ers-nés.

3°/ juste après, Pharaon lui-même a massacré un grand nombre de personnalités de 1er rang. [Zohar haKadoch 45]

4°/ Selon le Beit haLévi, les corps en pourriture des morts de cette plaie, vont répandre largement un grave épidémie. [ceci est développé immédiatement ci-dessous]
On parle de "maka bé'horot" : car il y avait la mort des "bé'hor" (1ers-nés), puis une autre "maka" (plaie) dans la plaie : une épidémie dévastatrice.

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-> "Il n’y aura pas chez vous de prise pour l’exterminateur quand Je frapperai la terre d’Egypte" (v.12,13)
-> "Il ne permettra pas à l’exterminateur d’entrer dans vos maisons pour sévir" (v.12,23)
=> Comment comprendre cette apparente contradiction?

Le Beit haLévi explique : Dès que les égyptiens mouraient dans la plaie des premiers-nés, ils pourrissaient immédiatement, et il s’ensuivait des épidémies supplémentaires.
En plus de la plaie des premiers-nés, il y avait des "exterminateurs" (c’est la signification du verset selon lequel Hachem ne laissera pas l’exterminateur frapper les maisons des juifs : ils ne souffriront ni de la plaie des premiers-nés ni des épidémies qui la suivront).

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-> Après la plaie, Pharaon est allé voir Moché, qui lui a demandé de proclamer publiquement : "Peuple d'Israël, vous n'êtes plus les esclaves de Pharaon. Vous êtes dorénavant les serviteurs de D.!"
[guémara Yérouchalmi - Pessa'him 5,5]

-> Selon le Ibn Ezra, Pharaon a uniquement accordé aux juifs le voyage de 3 jours, qu'ils avaient pu demander.

-> Selon le Rokéa'h et le Alchikh, Pharaon a accepté que les juifs ne reviennent pas du tout.

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+ Les jours précédents la 10e plaie :

-> Le 10 Nissan, Shabbath avant la sortie d'Egypte, les juifs vont se repentir de leurs fautes et se détourner de l’idolâtrie. ['Hatam Sofer]

Dès ce jour, ils vont attacher au lit pour chaque foyer un agneau mâle sans défaut, de première qualité, sous les yeux des égyptiens, montrant ainsi leur bravoure (c'était pour eux une divinité).

-> Les juifs vivaient en Egypte depuis 210 ans, et Hachem avait informé Avraham d'un exil de 400 ans pour ses descendants (Béréchit 15,13).
Selon le Zohar, durant les quelques jours où les juifs gardèrent l'agneau, ils éprouvèrent une si grande terreur d'être tués par les égyptiens que ces 4 jours leur furent comptés comme complétant les 400 ans.

Pour les égyptiens le fait de voir leur animal sacré enchaîné dans une maison juive allait leur causer plus de douleur que ne le firent toutes les autres plaies. [Zohar - Pin'has]

Un jour de Hachem représente 1 000 ans (Téhilim 90,4).
Hachem créa le monde en 6 jours, un jour pour chacun des 6000 ans que le monde est destiné à durer.
Le 7e jour, le Shabbath correspond donc au dernier Shabbath qui sera l'ère messianique.
Cette préparation à la sortie d'Egypte eut lieu [en 2448], soit 2000 après la création d'Adam.
Hachem ordonna que les juifs retinssent le sacrifice Pessa'h pendant 4 jours, correspondant aux 4000 ans à venir jusqu'à la rédemption finale.
[...]
Hachem ordonna aux juifs de se procurer l'agneau le 10 Nissan, 4 jours avant son sacrifice, et de le garder enchaîné dans leurs maisons, là où les égyptiens pourraient le voir.
Aux questions des égyptiens, les juifs seraient bien obligés de répondre qu'ils allaient égorger et manger l'animal, tout en sachant que cette réponse mettait leur vie en danger.
De la sorte, pendant 4 jours entiers, les juifs allaient sanctifier le nom de D. et réparer la profanation des 4 lettres de Son Nom (יהוה).
Cet acte allait également expier les 4 fautes qu'ils avaient commises en participant aux rites idolâtres.

Moché prescrit donc aux juifs : "Conduisez et prenez un mouton pour vous" (Bo 12,21) = ceci signifie qu'ils devaient acheter des agneaux et les conduire dans les rues, là où tous les égyptiens pourraient les voir.
L'agneau devait également être égorgé publiquement, en présence de toute la communauté : hommes, femmes et enfants.
Ce rituel était destiné à offenser les égyptiens et à les faire réagir très vivement à la profanation de leur animal sacré, attaché et rôti au feu.
En effet, ils risquaient de venir avec épées dégainées et d'attaquer les juifs.
Ces derniers mettaient ainsi leur vie en danger en réfutant les divinités égyptiennes et expiaient leur péché d'idolâtrie. En contrepartie, Hachem allait protéger les juifs en rendant les égyptiens aussi faibles que les agneaux n'osant pas même protester contre le "sacrilège" perpétré par les juifs.

[une autre raison à l'attente de 4 jours, est que les juifs devaient se circoncire pour consommer ce sacrifice (v.12,48), et que durant 3 jours les douleurs sont fortes et empêchent les mouvements (la célébration et la sortie d'Egypte n'auraient pu être totales!).]
[Méam Loez - Bo 12,7]

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-> Dans la Haggada avant de réciter les 10 plaies, nous disons : "dam va'éch vétim'rot achan" (du sang, du feu et des colonnes de fumée - Yoël 3,3).

Cela fait allusion : au sang placé sur les portes, au feu de la viande du korban Pessa'h qui était rôtie, et au fait que ce feu a entraîné une colonne de fumée.
Pour les égyptiens le fait de voir leur propre idole (dieu) traité d'une telle manière était aussi douloureux pour eux qu'une autre plaie, puisqu'ils étaient impuissants de pouvoir sauver leur dieu.  [à l'inverse des ex-esclaves qui avaient un D. au-delà de tout!]
[haChir véHachéva'h]

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-> Lorsque Hachem parcourut l'Egypte pour frapper les premiers-nés, Il guérit en même temps les plaies de la circoncision dont souffraient les juifs et leur rendit force et santé.
Moché y fit allusion lorsqu'il dit aux juifs : "Hachem passera au-dessus de l'ouverture" (Chémot 12,23) = Moché aurait dû dire que "Hachem passera au-dessus de vous" (Chémot 12,13), comme D. le lui avait promis.
En réalité, Moché faisait également allusion au fait que Hachem allait passer au-dessus de l'ouverture (péta'h) de la plaie ouverte de la circoncision pour la guérir. [ils ont ainsi pu quitter l'Egypte sans souffrir et danger liés à une très récente circoncision]
[Méam Loez - Bo 12,51]

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-> Cette nuit-là Hachem provoqua la calcination des moutons sacrés d'Egypte. Leur odeur se répandit à travers toute la ville, ce qui causa aux égyptiens autant de souffrance que toutes les autres plaies.

Hachem jugeau également les anges veillant sur l'Egypte ; Il les abaissa et réduisit leur puissance.
A ce moment-là, Douma, l'ange gardien de l'Egypte, parcourut 400 lieues en un instant pour supplier Hachem de ne pas le démettre de sa fonction.
Hachem lui répodnit qu'une fois un décret semblable émis, il ne peut être annulé. Pourtant, puisque cet ange avait supplié D. d'avoir pitié de li, Il le fit régner sur le Guéhinam (purgatoire), où il punirait tous les réchaïm.

[Zohar (Chémot) - rapporté par le Méam Loez - Bo 12,12]

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-> Les égyptien adorait le mouton, et en particulier le signe zodiacal du Bélier (associé au feu), qui est lié au mois de Nissan. [l'Egypte fêtait pendant un mois entier le dieu mouton à partir du 15 Nissan (la pleine lune)]
Le sacrifice Pessa'h était "rôti au feu" (v.12,8) pour fournir un contraste avec Avraham qui jeté au feu en était sorti sain et sauf.
[Taamé haMitsvot]

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-> La veille de Pessa'h, à la suite des milliers de circoncisions effectuées, une véritable rivière de sang se répandit. Le sang de la circoncision se mêla au sang de l'agneau pascal, et par le mérite de ces sangs, les juifs furent libérés.
[...]

Lorsque Hachem parcourut l'Egypte pour frapper les premiers-nés, Il guérit en même temps les plaies de la circoncision dont souffraient les juifs et leur rendit force et santé.
Moché y fit allusion lorsqu'il dit aux juifs : "Hachem passera au-dessus de l'ouverture" (Chémot 12,23) = Moché aurait dû dire que "Hachem passera au-dessus de vous" (Chémot 12,13), comme D. le lui avait promis.
En réalité, Moché faisait également allusion au fait que Hachem allait passer au-dessus de l'ouverture (péta'h) de la plaie ouverte de la circoncision pour la guérir. [ils ont ainsi pu quitter l'Egypte sans souffrir et danger liés à une très récente circoncision]
[Méam Loez - Bo 12,50-51]

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-> Le 14 Nissan, Hachem a donné 2 mitsvot aux juifs à faire : se circoncire et préparer le sacrifice de Pessa'h, afin qu'ils acquièrent des mérites.

En mangeant du sacrifice, ils vont être immédiatement guéris de la brit mila. [Zohar]

Le midrach (Chémot rabba 15,12) dit : "De votre côté, vous égorgerez le sacrifice Pessa'h, et de Mon côté, j'égorgerai les premiers-nés égyptiens".

-> Les juifs appliqueront le sang du sacrifice (associé à celui de la circoncision) sur les montants latéraux et la poutre transversale des portes, en expiation de leurs fautes.

Le sang ainsi mis forme la lettre 'hét (ח), qui est la première du mot : 'haïm (la vie).
Selon le 'Hizkouni cela est une allusion au fait que Hachem passera alors au-dessus d'eux, leurs laissant la vie sauve.

Selon le midrach (Chémot rabba 17,3), cela va rappeler le mérite de la brit mila d'Avraham, faite à Pessa'h, qui va protéger ses descendants pendant la plaie.

Selon le Béer Mayim 'Haïm, les 2 montants latéraux font allusion à Moché et à Aharon, les piliers qui supportent la nation juive. Le sang sur le montant transversal renvoie à Hachem qui regarde le peuple juif avec plein de bienveillance et de bonté.

Selon le 'Hizkouni, certains sont d'avis que les juifs ont inscrit en haut : un youd ; sur le montant à droite : un vav, et à gauche : un hé.
Il y avait ainsi écrit le nom de D. (Tétragramme) dans Sa pleine miséricorde.

Le midrah rapporte également que pour appliquer le sang sur les portes, ils ont utilisé des branches d'hysope, un tout petit arbrisseau.
Cela symbolise, que malgré le mépris des égyptiens qui les considèrent comme un peuple inférieur et sans importance, les juifs sont précieux aux yeux de Hachem.

-> Selon le Zohar (Bo 35b), le sang va mettre une barrière entre les maisons juives et l'idolâtrie répandue en Egypte.

-> "Vous toucherez le linteau et les 2 montants (mézouzot - מְּזוּזֹת) avec le sang" (Bo 12,22)
Le Tikouné Zohar (10,25a) fait remarquer que les lettres du mot : mézouzot (les montants (d'une porte) - מזוזות), permettent de former : "la mort est enlevée" (zaz mavét - זז מות).
De même que le sang sur les montants (mézouzot) a permis de protéger les juifs de la plaie des premiers-nés, de même, de nos jours, chaque mézouza protège la maison.

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-> Hachem voulait dire aux juifs : "Le sang sera pour vous un signe sur les maisons dans lesquelles vous demeurez. Je connais tous vos péchés et Je sais que vous méritez d'être punis. Toutefois, Je vous donne ce commandement du sacrifice afin que vous vous repentiez. Vous devez vous rendre compte que tout ce que vous ferez à cet agneau : l'égorger, le dépecer et le rôtir, ... aurait dû vous être fait à vous.
C'est donc un signe pour vous, afin que vous ressentiez, comme par procuration, la punition que vous méritez ...
Voyez le sang et prenez conscience de Ma miséricorde et de Mon amour envers nous.
Vous vous rapprochez alors de Moi et vous deviendrez Mon peuple".
[Méam Loez - Bo 12,13]

-> Le sang sur les portes [des maisons juives au moment de la sortie d'Egypte] n'a pas empêché la plaie d'entrer dans leur maison, mais c'est plutôt ... tout celui qui croyait et avait confiance en Hachem, et n'avait pas peur de Pharaon et de ses décrets, en sacrifiant publiquement le dieu égyptien (l'agneau) ... celui-ci est considéré comme un tsadik.
Puisqu'il a confiance en Hachem, alors il mérite d'être protégé.
[rabbénou Bé'hayé]

[En ce sens, le Kessef Mézoukak dit que Hachem n'a pas besoin de signe, mais le sang sera la preuve, l'affirmation symbolique de l'indépendance vis-à-vis des croyances égyptiennes. Le mérite de cet acte de confiance va les protéger de la plaie.]

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-> La nuit du 15 Nissan, où tous les juifs se sont réunis, a duré 36 heures.
[Séder haDorot]
Selon le Zohar, le soleil a brillé pendant cette nuit.

-> Au moment où les juifs étaient sur le point de manger, un nuage Céleste est descendu, il s'est élevé et les a transporté à Jérusalem, où tous les juifs ont mangé leur part du korban Pessa'h au-dessus du mont du Temple.
En un instant, ils sont retournés en Egypte.
[Targoum Yonahan - Yitro]

-> Après avoir mangé du sacrifice, ils se sont tranquillement endormis afin de prendre des forces pour le départ dans le désert le lendemain matin.
Le bruit du deuil et des souffrances atroces des égyptiens ne les a pas réveillé, et en rêve Hachem leur a montré tous les miracles se produisant au même moment en Egypte.
[Méam Loez]

-> "Les Egyptiens se réjouirent de leur départ, car ils avaient été saisis de peur à cause d’eux." (Téhilim 105,38)

Le Bné Yissakhar rapporte que les égyptiens leur ont donné leur or et argent, espérant ainsi les persuader de partir au plus vite, mais les juifs ont patiemment attendu le temps fixé par Hachem.

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-> "Que pas un d'entre vous ne franchisse alors le seuil de sa demeure, jusqu'au matin." (lo tétsé'ou ich mipéta'h béto ad boker -Bo 12,22).

=> Quels juifs avaient le droit de quitter leur maison pendant cette nuit?

-> L'ordre contenu dans le verset ci-dessus ne s'appliquait qu'aux hommes juifs.
Les femmes et les enfants avaient le droit de sortir de leur maison.
[c'est pour cela que le verset utilise le terme "ich" [אִישׁ] pour en exclure les femmes et les hommes]
Les femmes allaient et demandaient l'or, l'argent et les vêtements des égyptiens pendant cette nuit.
[Panim Yafot]

-> Le Ibn Ezra explique qu'après l'exécution de la plaie des 1ers nés, Pharaon a appelé Moché et Aharon, qui sont alors apparus devant lui dans son palais.
Cela implique qu'également Moché et Aharon sont allés dehors de leur maison en cette nuit.

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-> "Hachem, Lui-même infligera cette plaie (en un instant), car Lui seul sait quels égyptiens sont réellement des premiers-nés." [Zohar haKadoch - Vayéra 108]

D. qui sait tout n'a pas besoin de signe pour différencier les juifs, des non-juifs.
Rachi (Bo 12,13) dit : "Hachem a-t-Il besoin de voir pour savoir ? D. a dit : "Je saurai, en voyant le sang, que vous êtes occupés à la pratique de mes mitsvot, et je passerai alors sur vous". "

Parfois nous nous interrogeons : En quoi mes actions sont-elles utiles à Hachem, qui a et est tout?

Sans nullement remettre en question l'ordre divin, les juifs ont appliqué la volonté de D. dans la joie, et c'est tout ce que Hachem attend de nous.

Une mitsva peut sembler un acte simple, inutile, mais le fait que Hachem nous l'ordonne, lui confère une valeur infinie, et doit nous remplir de joie d'avoir l'honneur de pouvoir l'accomplir.

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-> "Je verrai le sang et Je passerai par-dessus vous"

L'agneau était l'idole principale des égyptiens, et qu’il fallait beaucoup de dévouement aux Bné Israël pour acheter et égorger leur idole aux yeux de leurs ennemis. Pourtant, ils n’ont pas tardé et n’ont pas hésité, mais l’ont fait avec simplicité, sans aucun calcul.
Les dernières lettres des mots "Et adam oufassa’hti aleikhem" (le sang et Je passerai par-dessus vous - אֶת הַדָּם וּפָסַחְתִּי עֲלֵכֶם) forment le mot "tamim" (simples - תמים), pour nous insinuer que par le mérite d’avoir fait la mitsva avec simplicité, Hachem a passé par-dessus eux.
[Maskil El Dal]

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+ "Hachem passera pour frapper l'Egypte ... et Hachem passera par-dessus l'entrée et Il ne permettra pas au destructeur d'entrer dans vos maisons pour frapper"(Bo 12,23)

-> Selon la guémara (Baba Kama 60a), une fois que l'ange de la mort/destructeur a la permission de tuer, il ne fait pas la distinction entre les tsadikim et les réchaïm.
[c'est pour cela que les juifs avaient l'interdiction de sortir de leur maison cette nuit]

=> Est-ce Hachem ou bien un ange qui a apporté cette plaie?
De plus, si les 1ers-nés égyptiens sont morts vers midi, alors pourquoi les juifs ne pouvaient-ils pas sortir ensuite?

Le 'Hatam Sofer donne la réponse suivante.
A minuit, Hachem a frappé les 1ers-nés égyptiens par une plaie mortelle, mais cependant ceux-ci sont restés en vie jusqu'au matin.
En effet, Hachem ne voulait pas les tuer lui-même, puisqu'un baiser mortel est une mort adaptée uniquement pour les tsadikim, et les égyptiens ne méritaient pas une telle mort.

Le 15 Nissan c'est le jour où la constellation du bélier est au plus haut. Or, le bélier, c'était le signe du zodiaque propre aux égyptiens. Ainsi, le 15 Nissan, la force des égyptiens était au plus haut.
C'est alors qu'au milieu de la nuit du (14 au) 15 Nissan, Hachem frappa dans le ciel la constellation du bélier. La conséquence de cela fut que les 1ers-nés égyptiens en furent extrêmement affaiblis, car le bélier c'est l'aîné et le 1er des 12 signes du zodiaque.

Quand on dit que seul Hachem frappa les 1ers-nés, il s'agit de ce coup qu'Hachem occasionna à l'astre des égyptiens à minuit. Mais, c'était un ange qui termina la plaie et qui mit réellement à mort les 1ers-nés au matin.
Ces deux étapes étaient nécessaires
Les 1ers-nés égyptiens étaient dans un état d'agonie toute la nuit, et au matin, Hachem envoya un ange qui finalisa la mort des 1ers-nés.
En effet, si Hachem ne les avait pas affaiblit, alors l'ange de la mort n'aurait pas pu triompher sur Rahav, l'ange responsable de l'Egypte (Zohar 2:272b).
[les 1ers-nés étant alors au plus haut de leur force, du fait qu'en ce jour leur astre était au plus haut, alors, l'ange n'aurait pas eu assez de force pour les tuer au matin.]

Une fois que l'ange de la mort avait la permission de tuer les 1ers-nés, jusqu'au matin, les juifs devaient rester cachés, et Hachem veillait sur eux.

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+ Pourquoi est-ce que Hachem, Lui-même, a tué les 1ers-nés?

-> Selon le Zohar (Béréchit 117a), il y avait tellement d'impureté en Egypte qu'aucun ange ne pouvait se risquer à y aller, seul Hachem qui est parfait, pouvait le faire tout en restant par la suite complet.

-> Selon le Sfat Emet, les juifs étaient remplis de fautes (ils étaient au 49e degré d'impureté sur 50), et seulement Hachem qui a mis en chaque juif une âme divine était capable de déceler cette trace dans Son peuple, permettant alors de les sauver.

Le Or ha'Haïm voit cette intervention divine, comme un signe de Son énorme amour pour Sa nation : "le 1er-né de Mes fils" (Chémot 4,22).
[D. nous aime tellement qu'Il voulait Lui-même le faire!]

-> Le Maharal rapporte que la naissance est une des 3 clés que D. n'a donné à personne d'autre que Lui-même (guémara Taanit 2a).
Puisque cette nuit de Pessa'h marque la naissance du peuple juif, seulement Hachem pouvait être la "sage-femme".

-> La guémara (Baba Kama 60b) enseigne que les aboiements des chiens sont un signe que l'ange de la mort est présent dans la ville.
Il est écrit : "pas un chien n'aboiera" (Bo 11,7).
Selon Rabbi David Feinstein c'est une preuve que seul Hachem est intervenu en cette nuit.

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-> Le Ramban explique que la mort des 1ers-nés a été réalisée par Hachem. C'est Lui Qui les a mis à mort. Seulement, il est connu que quand dans un endroit, se trouve de nombreux morts rassemblés, cela peut entraîner une infection, car des microbes peuvent se diffuser et entraîner une contamination.
Or, il existe un ange particulier, responsable de cette sorte de contamination suite au rassemblement de nombreux morts. Et la Torah vient ici préciser que non seulement la mort des 1ers-nés en elle-même, qui a été réalisée par Hachem seul, n'a pas atteint les juifs. Mais même une fois tous les morts égyptiens exposés, que cela risquait d'entraîner une infection et une contamination, malgré tout Hachem protégea les juifs pour que cet ange destructeur responsable de cette contamination, ne les touche pas.

-> Le Gaon de Vilna explique que la Torah vient préciser que non seulement la plaie des 1ers-nés n’atteindra pas les juifs, laquelle plaie était réalisée uniquement par Hachem. Mais qu’en plus de cela aucun juif ne mourra cette nuit-là même d’une mort naturelle.
En effet, le peuple d’Israël était très nombreux et il est clair que naturellement plusieurs juifs auraient dû mourir cette nuit-là, ne serait-ce que de vieillesse, leur temps étant arrivé.
Cependant Hachem a empêché l’ange de la mort de faire son travail pour reprendre l’âme du moindre juif et même de celui pour qui le moment de mourir était arrivé.
Tout cela avait pour but de faire taire les égyptiens qui voudraient dire que même chez les juifs il y a des morts.

=> C’est à cela que fait référence la Torah quand elle dit qu’Hachem ne laissera pas l’ange destructeur (il s'agit donc de l'ange de la mort) frapper les juifs, à savoir d’une mort naturelle. Mais il est clair que la plaie de la mort des 1ers-nés en elle-même, n’a été réalisée que par Hachem Lui-Même.

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-> "Lorsque Hachem s’avancera pour frapper l’Égypte, il regardera le sang appliqué au linteau et aux deux poteaux et il passera devant la porte et il ne permettra pas au Destructeur d’entrer dans vos maisons pour sévir" (Bo 12,23)

=> Il est une apparente contradiction entre le début et la fin de ce verset, qui a frappé les égyptiens lors de cette plaie de la mort des premier-nés? En premier lieu il semble que ce soit Hachem lui-même, mais alors pourquoi ensuite dire que c’est l’ange Destructeur?
De plus, pourquoi exiger ce signe du sang? Que ce soit Hachem ou un ange, il pourra très bien faire la différence entre une maison juive et une maison égyptienne.

-> Le Ben Ich 'Haï (Od Yossef 'Haï - Bo) enseigne :
En fait le midrach rabba (Chémot 18,2) nous explique que ce signe a induit les égyptiens en erreur, ils ont cru qu’ils allaient échapper à la plaie des premier-nés en les cachant dans les maison juives et que grâce à ce signe du sang à la porte, ils seraient épargnés. Mais une peine double leur a alors été appliquée.
En effet, l’ange Destructeur n’a pas été autorisé à entrer dans les maisons juives porteuses du signe du sang, il ne s’est aventuré que dans celles des égyptiens et y a tué les premier-nés présents, mais dans celles où le premier-né (béchor) avait été placé en maison juive, il a tué le plus grand de la famille à la place du premier né.
Ensuite Hachem lui-même est entré dans les maisons juives et y a tué les premiers-nés égyptiens. Et pourquoi?
Car l’ange Destructeur, s’il avait eu a tuer les égyptiens dans les maisons juives y aurait tué aussi des juifs, car il est inspiré par l'attribut de Rigueur (midat hadin), mais Hachem, Lui, y a fait usage de miséricorde, Midat Hara’hamim, avec les Bné Israel, même au moment de tuer les égyptiens cachés.
On comprend donc quel est le rôle de l’ange Destructeur, celui d’Hashem et la raison du sang sur les portes.

[c'est exactement ce que dit le verset : "(Hachem) ne laissera pas l’ange destructeur venir dans vos maisons pour frapper" = Ce verset évoque le cas où le 1er-né égyptien se trouvait dans une maison juive. Dans ce cas, Hachem ne laissa pas l'ange entrer dans la maison juive pour frapper l'égyptien, car il risquait de ne pas savoir distinguer. Alors, c'est Hachem Lui-Même qui frappa.]

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-> La guémara (Taanit 2a) enseigne que Hachem Lui-même va réaliser la résurrection des morts.
Hachem a le statut de Cohen (kav ya'hol).

Un Cohen n'a pas le droit de se rendre impur, à l'exception de pour ses enfants.
Ainsi, si le peuple juif n'était pas considéré comme Ses enfants, D. n'aurait pas le droit de se rendre impur pour eux, en réalisant leur résurrection.
Cela démontre que les juifs sont Ses enfants.

Lorsqu'un père envoie ses enfants travailler en tant qu'esclaves, il fait tout ce qu'il peut pour en raccourcir la durée.
De même, Hachem a souffert plus qu'un père en voyant Ses enfants souffrir en esclavage, et Il a tout fait pour en diminuer la durée au maximum.

[le 'Hida - Roch David ]

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+ Le 15 Nissan : une date historiquement favorable aux juifs :

Depuis la Création, cette nuit du 15 Nissan est une date propice pour les juifs, et néfaste pour leurs ennemis.

On peut citer par exemple :

1°/ Adam avait dit à ses enfants Caïn et Evél, que cette nuit-là convenait pour offrir à Hachem un sacrifice.
En effet, c'est cette nuit-là que les juifs apporteront plus tard le sacrifice de Pessa'h.

Caïn, le fils aîné, avait alors apporté un sacrifice de peu de valeur, tandis que Evél, le plus jeune, avait apporté une offrande convenable.
D. avait accepté celle de Evél, et refusé celle de Caïn.
[Pirké déRabbi Eliézer 21]

2°/ Its'hak a choisi de bénir son fils Essav le 14 Nissan.

Essav est un chasseur extrêmement habile, mais Hachem a éloigné les animaux pour le retenir loin du foyer pendant qu'il chassait de la nourriture pour son père.

Pendant ce temps, Rivka demande à son fils le plus jeune, Yaakov, de se préparer à prendre les bénédictions, et lui dit : "Cette nuit (le 15 Nissan), les portes de la bénédiction sont ouvertes. Cette nuit, les anges dans le ciel vont chanter un cantique pour célébrer la délivrance future de nos enfants ..."

Yaakov pris alors 2 chevreaux : un pour que sa mère prépare un plat pour son père, et un autre symbolisant le sacrifice de Pessa'h, qui sera offert plus tard.

C'est ainsi que Yaakov reçoit les bénédictions de son père.
[Pirké déRabbi Eliézer 32]

3°/ A l'époque des Juges, Midiyan opprima les juifs et leur causa des ennuis sans fin.
La nuit du 15 Nissan, Guidéon prendra une armée de 300 hommes et détruira la puissante armée midianite.
[Choftim7,9 ; Rachi sur ce verset]

4°/ A l'époque des Rois, les armées assyriennes opprimeront les juifs, et sous le règne de San'hériv, elles mettront le siège autour de Jérusalem.

La nuit du 15 Nissan, un ange de D. descendra dans le camp assyrien endormi et fera périr 185 000 soldats.
San'hériv retournera seul en Assyrie, sans aucune armée, et mourra assassiné par sa propre famille.
[Méla'him II 19,35 ; Radak sur ce verset]

5°/ Après la destruction du 1er Temple, les juifs ont été exilés dans les territoires de l'empire perse.
Haman, 1er ministre, préparera une potence élevée pour y pendre Mordé'haï, dirigeant spirituel des juifs exilés.

La nuit du 15 Nissan, le roi A'hachvéroch ne trouve pas le sommeil, et c'est le début d'une chaîne d'événements qui vont conduire Haman à sa chute, et au sauvetage des juifs.
[méguilat Esther 6 ; Pessikta déRav Kahana 17]

6°/ Autres : c'est en cette nuit du 15 Nissan que Hachem a détruit Sodome, que Daniel sortira indemne de la fosse aux lions, que Avraham est parti en guerre contre les 4 rois qui ont enlevé Lot, son neveu, et qu'il retrouva sa trace.

7°/ C'est en une nuit du 15 Nissan, qu'une femme juive va pousser des cris déchirants en voyant son nouveau né jeté dans le ciment du puits où elle travaille.
Ces cris vont monter directement au ciel et l'ange Gavriel descendra pour prendre le ciment dans lequel est imbriqué l'enfant et le déposer au pied du trône céleste.

Le tribunal céleste décrète alors qu'un an plus tard, jour pour jour, les égyptiens seront punis pour toutes ces atrocités.
[Pirké déRabbi Eliézer 48]

==> La nuit du 15 Nissan est une nuit de protection contre tout mal (leil chimourim - Bo 12,42 : "une nuit de protection pour tous les enfants d'Israël, pour leurs générations"), et ce de tout temps.

A la fin des temps, c'est ce jour que débutera la rédemption finale avec Eliyahou hanavi et le machia'h. [Or ha'Haïm - Bo 12,42 ; midrach Chémot rabba 18,12]

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-> La nuit de Pessa'h est différente de toutes les autres nuits, et appartient à la miséricorde totale.
Non seulement la nuit de Pessa'h qui a eu lieu en Egypte, mais chaque année c'est une nuit de miséricorde totale.
Le verset (12,42) se termine d'ailleurs par : "pour tous les enfants d’Israël, pour leurs générations".
[le Kaf Cohen]

-> La nuit du Séder nous sommes des gardiens (shomrim), et c'est pour cela que cette nuit s'appelle : "leil shimourim" (la nuit des gardes). En effet, en cette nuit chaque juif est de service et il doit rester debout aussi longtemps qu'il le peut afin de parler à propos de la sortie d'Egypte.
[Ibn Ezra - Bo 12,42]

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+ Mesure pour mesure :

-> Ils ont opprimé et tué Israël, premier-né de D. (cf.Chémot 4,22).
A présent, les premiers-nés, dont les égyptiens vouaient un culte idolâtre vont mourir.
[Malbim]

-> Le Ramban explique que les égyptiens avaient l'autorisation de prendre un juif comme esclave personnel à son service.
Ainsi chaque famille égyptienne avaient plusieurs esclaves juifs.
Le rav Soloveitchik dit qu'à cette époque, les premiers-nés étaient généralement les responsables de la gestion du foyer et avaient la responsabilité des esclaves. Lorsque le père n'était pas là, ils assuraient sa place.
Puisque globalement ils ont tous joué un rôle de premier plan dans l'oppression des juifs, ils ont été punis mesure pour mesure par Hachem.

-> Les prêtes égyptiens étaient composés des premiers-nés égyptiens. [Kol Bo 58]
De plus, les premiers-nés étaient eux-mêmes servis comme idoles par la nation.
Ainsi, Hachem a puni les idoles d'Egypte par le biais de la plaie des premiers-nés. [Panim Yafot]

-> La plaie des premiers-nés était la rétribution des égyptiens pour avoir jetés les bébés juifs dans le fleuve. [Abarbanel 6,6]
Au sujet de la 10e plaie :"Ce fut une clameur immense dans l'Égypte : car il n'y avait point de maison qui ne renfermât un mort" (Bo 12,30)
Les pleurs et les cris que l'on entendait des égyptiens à cause de la plaie des premiers-nés, était une punition directe pour être restés silencieux lorsqu'ils ont entendu les juifs crier pendant tout leur esclavage, et pour être restés silencieux lorsque les enfants juifs ont été tués.
Maintenant, eux-aussi allaient crier de douleur.
[rav Chimchon Raphaël Hirsch]

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-> Dans le livre de Bamidbar, la Torah rapporte le recensement des premiers-nés mâles, qui sont un total de 22 273.
Pourquoi y avait-il si peu de premiers-nés? En effet, puisqu'à cette époque la nation juive comprenait 600 000 hommes, nous pourrions penser qu'il y avait certainement un nombre beaucoup plus important de premiers-nés dans la population.

Le Targoum Yonathan ben Ouziel (Chémot 2,23) écrit que lorsque Pharaon a contracté la lèpre, chaque jour il égorgeait 300 garçons premiers-nés juifs, afin de se baigner dans leur sang.
Puisque le barbarisme de Pharaon a considérablement appauvri le nombre des premiers-nés au sein du peuple juif, mesure pour mesure, les premiers-nés ont été décimés pendant la plaie des premiers-nés.
[rav Binyamin Wurzburger]

[le Gaon de Vilna (Adéret Eliyahou - Béchala'h) dit que Pharaon tuait 150 enfants pour son bain du matin, et 150 enfants pour son bain du soir, soit 300 enfants chaque jour.
Selon l'opinion de Rabbi Akiva (citée dans la Haggada), Hachem a puni les égyptiens de 300 plaies (50 en Egypte et 250 à la mer Rouge). Les égyptiens ont mérité 300 plaies en punition pour le fait que Pharaon tuait 300 enfants juifs tous les juifs.]

"Il arriva que Rabbi Eliézer, Rabbi Yehochoua, Rabbi Elazar ben Azariah, Rabbi Akiva et Rabbi Tarfon étaient accoudés (dans un Séder de Pessa'h) à Bnei Brak.
Ils discutèrent de la sortie d'Égypte toute la nuit, jusqu'à ce que leurs élèves vinrent et leur dirent : "Nos Maîtres, le temps est venu de réciter le Chéma du matin !"

-> Pourquoi leurs élèves ont-ils dû venir les interrompre?
Ces éminents Sages ne pouvaient-ils pas simplement s'en rendre compte en regardant par la fenêtre?

Le rav Yaakov Galinsky développe la réponse suivante.

-> La guémara (Soucca 28a) rapporte que lorsque Yonatan ben Ouziel étudiait la Torah, tous les oiseaux qui passaient au-dessus de sa tête étaient brûlés par le feu.

-> Le Yérouchalmi enseigne que son maître, Hillel haZaken, était entouré d'un feu dans les 4 amot autour de lui (environ 2 mètres).
Ce feu était le même feu qui enveloppa le mont Sinaï au moment du don de la Torah.

-> La gémara ('Haguiga 15a) rapporte que lorsque Rabbi Eliezer et Rabbi Yéhochoua étudiaient un feu descendait et les entourait.

Un fois, la personne qui les hébergeait, a pris peur qu'ils fassent brûler sa maison.
Ils lui ont répondu : "Non, nous étions en train de connecter les versets de la Torah avec les versets des Névi'im, et les versets des Névi'im avec des versets des Kétouvim, et c'est alors que les paroles de Torah (divré Torah) étaient aussi contentes que lorsqu'elles ont été données au mont Sinaï.
Et la Torah n'a-t-elle pas été transmise dans le feu?
C'est pour cela également qu'ici un feu est venu et nous entoure."

-> Lorsque Rabbi Elazar ben Arach était en train d'expliquer la vision du Char divin (Maasé merkava), qui contient beaucoup de secrets et de mystères, à Rabbi Yo'hanan ben Zakaï, un feu est descendu, entourant tous les arbres du champ.

Lorsqu'avant de mourir, Rabbi Chimon bar Yo'haï a transmis les secrets de la Torah à ses élèves, un feu est descendu l'entourer, et personne ne pouvait l'approcher.
[Zohar III 287,20]

-> "Rabbi Eliézer s'est assis, a enseigné la Torah et son visage a brillé comme l'éclat du soleil, des rayons de lumière provenaient de sa face, similaires à ceux de Moché rabbénou, à tel point qu'aucune personne présente ne pouvait distinguer entre le jour et la nuit."
[Pirké déRabbi Elizer - 2]

-> Rav Yaakov Galinsky conclut que nos Sages de la Haggada étaient eux aussi entourés par un mur de feu, ce qui les empêchait de voir par la fenêtre que le soleil commençait à se lever.
Ils ont dû compter sur des élèves qui n'étaient pas présents en ce lieu.

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-> Certains commentateurs expliquent que la nuit fait référence à la période de l'exil, et le début du jour à la guéoula.

Les élèves ont ainsi demandé à leurs maîtres : Quand est-ce que vient le moment de machia'h?

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+++ Les Sages présents étaient :
- Rabbi Akiva : un descendant de convertis (guémara Sanhédrin 96).
Il donnait des explications même sur les couronnes au-dessus des lettres de la Torah (guémara ména'hot 29b) ;
- Rabbi Elazar ben Azarya (Nassi à l'âge de 18 ans!) et Rabbi Tarfon : ils étaient Cohanim (guémara Baba Métsia 11) ;
- Rabbi Yéhochoua et Rabbi Eliézer : ils étaient Lévi'im.

Les convertis, les Lévi'im et les Cohanim n'ont pas subi directement l'esclavage égyptien.
Malgré tout, ces Sages ont accompli la mitsva de raconter la sortie d'Egypte.

Selon le Maharam Schick, la délivrance que nous fêtons à Pessa'h porte principalement sur celle de notre âme, et secondairement sur celle de notre corps, puisque c'est grâce à elle que nous avons mérité de recevoir la Torah.

Ainsi, ils vivaient la sortie d'Egypte comme libération permettant de recevoir la Torah, en plus d'une libération d'atroces souffrances que subissaient leurs frères juifs esclaves.

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+ "étaient accoudés à Bnei Brak" :
-> Selon Rabbénou Don Its'hak Abarbanel, "Bné Brak" ne fait pas référence à une ville.
Pour lui, il s'agit des magnifiques récipients qui sont utilisés à Pessa'h pour montrer notre liberté et notre gloire.
"Barak" signifie quelque chose qui brille, et "Bné" est une expression qui veut dire : "capable de".

=> Ainsi, la définition de "Bné Brak" est : "des récipients qui ont sont capables de briller".
Ces grands personnages étaient inclinés avec leur argenterie coûteuse et clinquante, comme il convient de le faire pendant le Séder, la seule nuit où nous pouvons montrer ostensiblement notre richesse afin d'illustrer le fait que nous sommes une nation libre (à la fois matériellement et spirituellement) de l'esclavage égyptien.
==> Ces géants en Torah inclinaient "Bné brak" (leur argenterie brillante), qui symbolise l'éclat à la fois de leur richesse spirituelle et matérielle.

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-> Le Sfat Emet fait le développement suivant :
Selon le Choul'han Aroukh (481,2), le soir du Séder on a l'obligation de passer autant de temps que possible à développer le récit de la sortie d'Egypte jusqu'à ce que le sommeil nous emporte.
Ainsi, lorsque la Haggada déclare que celui qui passe beaucoup de temps à parler de la sortie d'Egypte, il est digne de louanges (aré zé méchouba'h) [cela indique que ce n'est relatif à une obligation, mais c'est très recommandé d'agir ainsi,] elle fait en vérité allusion aux autres moments où l'on en parle pendant le restant de l'année.

Le récit mentionné dans la Haggada à propos des Sages qui ont passé toute la nuit à discuter de la sortie d'Egypte, ne se déroulait probablement pas pendant la nuit du Séder, puisqu'il illustre le fait qu'on doit prendre du temps même pendant l'année pour parler de la sortie d'Egypte car cela est digne de louanges, comme nos Sages ont pu le faire.
[si eux qui faisaient tellement attention à leur temps ont passé une nuit entière à évoquer le récit de la sortie d'Egypte, c'est forcément que le fait de parler de cela nous est très bénéfique!]

Une preuve à cela peut être trouvée dans le fait que Rabbi Eliézer était assis avec les Sages à Bné Brak.
Or, puisque Rabbi Eliézer est d'avis qu'on ne doit pas quitter sa famille à Yom Tov (guémara Soucca 27b) et que lui-même vivait à Lod (guémara Sanhédrin 32b), comment pouvait-il passer Pessa'h à Bné Brak?
En se basant sur ce qu'on a vu auparavant, il nous est aisé de comprendre que cette histoire ne s'est pas déroulée pendant une nuit du Séder de Pessa'h.

-> D'autres commentateurs (comme le Béer Miriyam) ne sont pas d'accord et voit ce récit de la Haggada comme la continuation de l'histoire mentionnée dans la michna (Maaser Shéni 5,9, Tossefot sur Baba Métsia 11a) où Rabban Gamliel et les Sages étaient sur un bateau la veille de Pessa'h.
Ils n'avaient pas assez de temps pour rentrer chez eux avant Pessa'h, et c'est pour cela qu'ils sont tous allés dans la ville la plus proche : Bné brak, où Rabbi Akiva résidait.
[cela explique pourquoi Rabbi Eliézer a passé Yom Tov loin de sa maison, bien que d'une manière générale il désapprouvé cela]

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=> Qui a passé la nuit du Séder dans une cave?

-> Les Sages mentionnés dans la Haggada vivaient pendant la période de persécution romaine, et ils étaient ainsi forcés de se cacher à Bné Brak, loin de Jérusalem.
Ils se dissimulaient dans des caves ou bien des greniers avec les volets fermés pour bloquer tout rayon de lumière, afin qu'ils ne puissent pas se faire remarquer. [surtout en train d'étudier la Torah!]
Puisqu'ils étaient dans un endroit sombre, ils ne pouvaient pas savoir que le moment de la lecture du Shéma était arrivé, et c'est pour cela que leurs élèves sont venus les informer du lever du soleil.
[Otsar Divré haMéfarchim - p.172]

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-> Certains commentateurs comprennent que Bné Brak n'était pas un endroit, mais plutôt des réceptacles brillants (du mot : "barak" qui renvoie à la notion de : éclairant) ; ils étaient inclinés sur des divans/canapés brillants qui étaient recouverts d'or et de bijoux.
Ils avaient leur Séder qui se passait dans la ville de Lod (selon Tossefta - Pessa'him 10,8). [Abarbanel]

-> Le Rambam et les Géonim lisent le texte ainsi : "bivné kéra'h" (בבני כרך) : sur une île.
[cf. Otsar Méfarché Haggada - p.95]

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-> Selon le Rachbam, bien que les Sages ont développé le récit de la sortie d'Egypte, ils sont arrivés rapidement à leur repas afin que leurs enfants ne tombent pas de sommeil avant de manger la matsa et le maror.
Le Ritva dit que pour être sûr de cela, ils ont mangé la matsa et bu les 4 verres avant 'hatsot (le minuit juif).
Ce n'est qu'après leur repas qu'ils ont passé la nuit entière à rapporter la sortie d'Egypte et discuter des halakhot de Pessa'h. [Tossefta - Pessa'him 10,8]

A la’hma anya

+ A la'hma anya :

-> A Yom Kippour, afin de s'assurer que le yétser ara n'interviendra pas, Hachem nous demande d'apporter un bouc à l'Azazel, ce pour corrompre le Satan afin qu'il nous laisse seul renforcer nos liens avec D.

Pendant le Séder de Pessa'h, le peuple juif atteint un niveau très élevé, et c'est un moment propice pour avoir une grande proximité avec Hachem.
Afin de s'assurer que le Satan ne vienne pas nous déranger, nous commençons la Haggada dans sa langue à lui : l'araméen, ce comme pot-de-vin, afin qu'il nous laisse seul au plus proche avec Hachem.

[le Ramak]

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-> Le peuple juif a ressenti le goût de la manne dans la nourriture (la'hma anya) qu'il a amené avec lui d'Egypte (guémara Kidouchin 38a).
Les juifs ont alors atteint le niveau où leur nourriture était de la manne, qui s'appelle : la nourriture des anges (lé'hem abirim).

Ainsi, lorsqu'ils ont quitté l'Egypte, ils étaient au niveau des anges.

Les anges ne peuvent pas comprendre l'araméen, ainsi nous disons le : "a la'hma anya" dans cette langue, afin que les anges ne deviennent pas jaloux du fait que le peuple juif a pu atteindre le niveau de manger leur nourriture.

[Rav Yissa'har Dov de Belz]

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-> La guémara (Shabbath 12b) raconte que parfois lorsque Rabbi Elazar visitait les malades, il leur faisait des bénédictions en araméen.

Lorsque l'on prie seul, un ange va ensuite prendre notre prière et l'amener au Ciel.
C'est pourquoi, puisque les anges ne comprennent pas l'araméen, nous ne prions pas dans cette langue lorsque nous sommes seul.
=> Alors, pourquoi Rabbi Elazar l'a-t-il fait?

Il explique que puisque la présence divine se trouve au-dessus de la tête du malade (guémara Nédarim 40a), on peut prier en toute langue (Hachem les comprenant forcement!).

Selon le Zohar (2:240b), lors de la nuit de Pessa'h, Hachem descend avec son entourage céleste pour écouter chaque juif raconter la sortie d'Egypte.
Nous pouvons ainsi parler en araméen.

[le 'Hatam Sofer]

[commencer par de l'araméen, c'est l'occasion de prendre conscience que pendant cette soirée Hachem est face à nous, Il nous écoute, et se réjouit de chaque mot positif qui sortira de notre bouche!
"ah la'hma anya" = D'une certaine façon nous appelons le pauvre "en nous" en ce qui concerne la émouna, nous lui montrons ces paroles en araméen, pour lui témoigner que chaque juif a une relation spécial avec Hachem, combien nous sommes importants à ses yeux.
Une fois que notre émouna est renforcée par cette "nourriture", alors nous pouvons pleinement commencer le Séder comme des membres de la famille Royale!]

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-> Dans le : "a la'hma anya", nous invitons toute personne nécessiteuse à venir nous rejoindre.
Est-ce vraiment faisable?
Est-ce qu'il y a de la place chez nous pour l'ensemble des nombreuses personnes dans le besoin?

-> "Les synagogues et les lieux d’étude de Bavél sont destinés à être implantés en Israël" [guémara Méguila 29a]

Selon nos Sages, lorsque le machia’h viendra, tous les endroits de prières et d’étude seront déplacés en Israël.

Si une personne sanctifie le nom de D., par le fait de raconter l'histoire de la sortie d'Egypte, sa maison acquiert de la sainteté (kédoucha), et elle sera également relocalisée en Israël lors de la venue du machia'h.

Cela donne un autre éclairage, à ce que nous disons dans ce même paragraphe de la Haggada: "Cette année nous sommes ici ; l'an prochain en Terre d'Israël." [Hachem y aura transporté notre maison car le machia'h sera arrivé!]

Si nous accomplissons notre obligation de parler de la sortie d'Egypte comme il se doit, la présence divine vient directement dans notre maison, et partout où elle est, il n'y a plus de notion d'espace (Hachem n'ayant pas de limitation).

Ainsi, le soir du Séder, si nous amenons la présence divine dans notre maison, l'espace n'est alors plus un problème, et nous pouvons inviter tout le monde!

[le 'Hatam Sofer]

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Par ailleurs, selon le 'Hatam Sofer (Drachot ha'Hatam Sofer vol.2 p.236) :
- les juifs sont sortis d'Egypte pour aller dans le désert avec de la nourriture suffisante pour seulement 30 jours (guémara Kiddouchin 38a) ;
- de même, Ruth était rassasiée avec une simple bouchée d'orge (midrach Ruth rabba 5,6) ;
- chaque Cohen qui recevait le lé'hem hapanim (les pains de proposition), était rassasié par un morceau de la taille d'un haricot (guémara Yoma 39a) ;
- pendant la famine, le prophète Elicha a donné 20 pains d'orge à cent hommes, ils en mangèrent tous et il y eut même des restes (Méla'him II 4,43) ;
- le prophète Eliyahou a pu marcher pendant 40 jours avec l'énergie que lui a donné un seul repas (Méla'him I 19,8).

Le 'Hatam Sofer dit qu'il en a été de même pendant ce 1er Pessa'h (malgré le nombre de juifs dans chaque maisonnée il y avait toujours suffisamment à manger!), car lorsqu'il y a de la kédoucha, il n'y a pas de limitation, de restriction.
Nous demandons ainsi que notre mitsva d'inviter tous les nécessiteux à nous rejoindre aura la même influence que les matsot que nos ancêtres ont mangées en Egypte.

"Hachem dit : A cette époque, je donnerai (ééné - אֶעֱנֶה), oui, je donnerai satisfaction aux cieux, et ceux-ci combleront les vœux (yaanou - יַעֲנוּ) de la terre." (Hochéa 2,23)
Le 'Hatam Sofer dit que la matsa s'appelle : "lé'hem oni" (pain de misère), mais le mot : "oni" a également une connotation de : répondre à un besoin avec une bénédiction sans limite (cf. le verset).
=> Nous espérons que notre mitsva amènera sur nous des bénédictions sans limite, de même que la matsa pouvait nourrir autant de personne qu'il pouvait y en avoir.

Le 'Hatam Sofer conclut qu'en proclamant que "tout celui qui a faim, qu'il vienne et mange" = nous pouvons être assurés qu'il y aura toujours assez de matsa et de place pour tout le monde!
[à l'image de Jérusalemon avec le Temple, quelque soit le monde :on s’y tenait debout serré et on s’y prosternait [pourtant] avec aisance ... et jamais personne ne dit à autrui : "Je n’ai pas de place où loger cette nuit à Jérusalem" (Pirké Avot 5,5)]

[de même que nous sommes sortis d'Egypte avec peu de nourriture, de même nous appelons tout le monde dans le besoin à nous rejoindre, persuadés qu'il y aura suffisamment de nourriture! L'essentiel étant que tous les juifs soient ensemble, personne laissé de côté! ]

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-> Le 'Hatam Sofer écrit qu'à partir du moment où une personne commence le Séder et rapporte les louanges d'Hachem, alors sa maison prend toute la sainteté qui pouvait se trouver au Temple.
De même que dans le Temple il y avait toujours plein de place pour tous ceux qui pouvaient y venir, de même il en est dans notre maison en cette nuit.

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-> La nourriture que nous mangeons le soir du Séder est comparable : "au pain que nos ancêtres ont mangé en Egypte".
De même que la matsa qu'ils ont pris au moment de sortir d'Egypte leur a duré 61 repas (Rachi - Béchala'h : "ils se sont nourris des restes de la pâte pendant 61 repas"), de même la nourriture que nous mangeons le soir du Séder est bénie en ayant la capacité de s'étirer pour être partagée parmi tous les invités que nous invitons et ceux qui peuvent arriver à l'improviste.
S'il y a une bénédiction dans la nourriture, alors même par un petit morceau peut permettre de terminer le repas en étant rassasié.
['Hatam Sofer - Drachot p.238 & 249]

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-> Le roi David nous dit que le machia'h peut venir : "Aujourd'hui si seulement vous écoutez Sa voix" (Téhilim 95,7) [cf. guémara Sanhédrin 98a]

-> La charité rapproche la délivrance, comme il est dit : "Observez le droit et faites la charité, car Mon salut est sur le point de survenir et Ma justice de se révéler" (Yéchayahou 56,1)
De plus : "Grande est la charité, puisqu’elle rapproche la guéoula" (guémara Baba Batra 10a).

=> Selon le 'Hatam Sofer : par le fait de proclamer : "que tout celui qui a faim vienne et mange", nous méritons que : "l'année prochaine à Jérusalem [avec le Temple reconstruit]"

[la tsédaka est tellement un moyen "facile" et efficace pour rapprocher la guéoula, qu'il est évident que notre attitude au début du Séder va l'accélérer!]

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-> Selon le Abarbanel et le Malbim, en disant que nous mangeons un pain de misère, de pauvreté (la matsa - "lé'hem oni"), nous permettons aux pauvres de se sentir moins honteux en acceptant notre invitation de nous rejoindre à notre table. [Venez sans hésiter, car vous ne nous dérangez pas, ce n'est qu'un pain tout simple!]

En cette nuit, en tant que fils d'esclaves, nous sommes tous égaux, mangeant du "pain de misère".
[ce pain montre que quelque soit notre richesse nous avons été autrefois esclaves (car juifs), partageant une même situation très difficile. Cette prise de conscience unit.]

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-> Selon le Maassé Nissim, par cette déclaration nous exprimons notre confiance que de même Hachem nous a libéré d'Egypte, de même, Il nous libérera très bientôt.

Plus nous prenons conscience de la situation difficile de nos ancêtres, esclaves en Egypte, et de la grandeur phénoménale des miracles dont ils ont bénéficié, plus cela nous donne de la confiance sur les énormes miracles à venir.

L'ouverture de la Haggada nous fait tomber d'entrée toutes nos inquiétudes, nous sommes dans un état où en revivant le passé nous vivons également sereinement notre futur.

=> C'est un appel pour tous les pauvres en émouna, en leur disant : Venez vous renforcer pendant le Séder.

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-> On ne peut manger qu'en fonction de ce que nous permet notre appétit.

Le Imré Emet dit que cela est doublement vrai dans la spiritualité, où il faut en avoir du désir.

En disant que "tout ceux qui ont faim, viennent et mangent", nous travaillons notre appétit à développer l'âme, afin de profiter au maximum du grand festin spirituel qui a lieu en ce soir du Séder.

-> Le Nétivot Shalom dit qu'en ce soir de Pessa'h, Hachem donne à chaque juif des cadeaux spirituels qui sont très supérieurs à ce qu'il mérite.

Ainsi, nous nous devons d'avoir le plus faim spirituellement parlant afin que D. puisse nous combler en cette nuit.
[c'est en fonction de comment notre bouche est ouverte, que nous pouvons la remplir ...

Ne sois pas orgueilleux (j'ai besoin de personne!), au contraire, fais-toi pauvre (oni), et n'hésite pas à venir demander à D.! ]

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-> "tout ceux qui ont faim, viennent et mangent de notre [sacrifice] Pessa'h" (kol ditsrikh yété véyisfa'h), était habituellement dit la veille de Pessa'h, avant que le sacrifice Pessa'h ne soit égorgé, puisqu'on ne peut manger du Korban Pessa'h que si on a été compté comme faisant partie d'un groupe avant la ché'hita.
Il a été institué dans le texte de la Haggada comme moyen pour se rappeler ce qui était habituellement dit le 14 Nissan au temps du Temple.
[Shibolé haLéket]

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-> Le Zohar appelle la matsa : le pain de la guérison (mi'hla déasvata), car elle a guéri le peuple juif des effets des 49 degrés d'impureté.

Selon le Yichma'h Israël, il en est de même aujourd'hui, où la matsa est un médicament thérapeutique spirituel, qui va nous guérir de tout ce qui empêche d'être totalement libre.

C'est pourquoi, dès le début du Séder, nous invitons toute personne qui a besoin d'un renouveau spirituel à venir et à partager la matsa, qui apporte guérison à toutes les maladies spirituelles.

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-> Nous débutons ce passage (a la'hma anya) en invitant les pauvres à nous rejoindre, et nous le terminons en exprimant que nous seront l'année prochaine libres à Jérusalem.
Pourquoi lier ces 2 idées?

Selon rabbi Moché Feinstein (Drach Moché 11), en faisant cela, nous témoignons que si tous les juifs n'invitent pas des pauvres à leur table, c'est en raison de la dureté des souffrances de notre exil.

En effet, lorsque la guéoula sera là et que nous vivrons à Jérusalem, absolument tout le monde exprimera parfaitement son amour pour ses frères dans le besoin.

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+ "Yéhouda est allé en exil, accablé par la misère (oni)" (Eikha 1,3 - גָּלְתָה יְהוּדָה מֵעֹנִי)

La matsa est appelée : "un pain de misère" (lé'hem oni - לחם העוני).

Dans ce verset, nos Sages voient une allusion au fait que notre exil actuel provient d'une négligence de la matsa, et d'un mépris des besoins des pauvres.
Cela met en avant l'échec du peuple juif à remplir ses obligations envers Hachem et envers son prochain juif.

Au début du Séder, en levant la matsa et en accueillant les pauvres à notre table (a la'hma anya), nous prions de mériter la guéoula très rapidement, en conséquent.

[le 'Hatam Sofer]

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-> Le "a la'hma anya" est écrit en araméen afin que les non-juifs de cette époque (qui parlaient araméen) puissent entendre les juifs remercier et louer Hachem pour tout ce qu'Il a fait pour eux.
Ils comprendraient alors que les juifs ne sont pas ingrats, et ils en viendraient à raisonner que les juifs se rappelleraient certainement des bontés que les non-juifs ont pu faire pour eux.
Cela assurerait une relation agréable entre les juifs et leurs voisins non-juifs.
[Haggadat Ezor Eliyahou]

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-> Bien que les juifs étaient alors esclaves en Egypte [dans des conditions terribles], ils ont fait une alliance de bonté entre eux, afin de toujours être là l'un pour l'autre. [Tana déBé Eliyahou rabba 23]
Cela n'était pas une tâche facile, puisqu'ils n'avaient pas grand chose à se partager ensemble.
Cependant, ils partageaient avec plaisir leur maigre ration de matsa que leur donnée leur contremaître, s'il voyait qu'un autre juif en avait davantage besoin qu'eux.
De plus, ils s'encourageaient les uns les autres dans leurs moments de besoin.
[malgré qu'ils n'avaient rien, ils partageaient tout ce qu'ils pouvaient à la fois matériellement que moralement!]

C'est pourquoi nous commençons le Séder de Pessa'h en proclamant : "tout ceux qui ont faim, viennent et mangent" (kol dikhfin yété véyékhol), puisque c'est par le mérite de la bonté qu'ils avaient les uns envers les autres que nous avons pu être libérés d'Egypte.
Nous devons également suivre leur exemple, et marcher dans leurs pas en pratiquant la bonté (en faisant une alliance de bonté entre nous!).
Nous espérons que par le mérite de notre propre bonté, nous méritons également la délivrance, comme nous l'affirmons à la fin de ce passage de la Haggada : "l'année prochaine en terre d'Israël" (léchana abaa béar'a déIsraël).

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-> La guémara (Taanit 20b) rapporte qu'à chaque fois que Rav Houna mangeait du pain, il ouvrait la porte de sa maison, et il disait : "Que tout celui qui a besoin, qu'il entre et qu'il mange" (kol man dits'rikh lété vélékhol).

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-> Certains disent que cette invitation au début du Séder de Pessa'h ("tout ceux qui ont faim, viennent et mangent") invitant le pauvre s'adresse également aux non-juifs, puisque selon la guémara (Guitin 61a) : "nous supportons les non-juifs avec les juifs afin de maintenir la paix".
[Yaavets]

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-> La matsa indique la fin de l'exil, l’occasion de se rappeler le temps qu’a duré la "misère" (oni - ענִֹי) de l'exil : le mot Matsa (מצה) avec les lettres écrites pleinement (bémilouï) : מם צדי הא , a pour valeur numérique 190, celle du mot : "kéts" (קץ - la "fin" de l’exil, et aussi le nombre d’années que l’on retira aux "410 ans" d'exil prévus). [Béné Issakhar]

-> Les premières lettres des mots : הא לחמא עניא די אכלו אבהתנא בארעא דמצרים (du début de la Haggada : "ha la’hma aniya ... - c’est le pain de misère que mangèrent nos ancêtres en terre d’Egypte) totalisent une valeur numérique de 117, correspondant au nombre d’années qui séparent la mort de Lévi à la sortie d’Egypte, c’est-à-dire les années d’esclavage (voir Rachi sur Véra 6,16).
La valeur numérique des mots לחמא עניא (ha la'hma aniya) est 210, le nombre d’années du séjour du peuple juif en Egypte.
[Rokéa’h]

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-> "Voici le pain de misère (ha la'hma anya) qu’on mangé nos pères en terre d’Égypte. Quiconque a faim, qu’il vienne manger, quiconque est dans le besoin, qu’il vienne faire Pessa’h (les quatre verres de vin). Cette année, ici, l’an prochain en terre d’israel. Cette année, esclaves, l’an prochain des hommes libres".

-> Le Ben Ich 'Haï (Ora'h 'Haïm) explique
Il faut comprendre dans ce tout premier passage de la Haggada le rapport entre la première partie et la fin. Au début on invite les nécessiteux à prendre part à notre Séder, ensuite on espère devenir libre et rentrer en Israël de notre dernier galout (exil).
Une des explications est qu’on veut signifier à l’invité pauvre, qu’il n’a aucunement à avoir honte de cette bonté qu’on a envers lui, car au contraire c’est nous qui lui sommes redevables, car en invitant l’indigent à manger avec nous, on mérite alors de monter en Israël, et en l’invitant à boire les 4 coupes de vin, alors on méritera de devenir des hommes libres, affranchis du galout.
On ouvre donc le Séder par ces paroles de reconnaissance ,de consolation et d’espoir.

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=> Pourquoi ouvrons-nous la porte lorsque nous disons "Verse ta colère" (chéfo'h 'hamatékha) qu'après le repas, et non pas avant le repas lorsque nous récitons : "kol di'hfin yété véyé'hol" (que tout celui qui a faim, qu'il vienne et mange - dans le A la'hma aniya). Comment pouvons-nous inviter des gens si la porte est fermée à clé?

Le rav Ze'ev Wolf de Strikov explique : "Celui qui a faim..." a un aspect non physique. En effet, le soir du Séder, la porte des hauts niveaux spirituels est ouverte. Non seulement ils peuvent être acquis, mais nous sommes invités à y entrer et à les recevoir dans une mesure débordante : "que celui qui a faim vienne!"
Mais il y a une condition préalable qui doit être remplie. Nous devons nous-mêmes ouvrir la porte. Nous devons montrer que nous ne sommes pas paresseux".

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-> b"h, il existe un autre dvar Torah déjà paru sur ce sujet : https://todahm.com/2017/04/26/pourquoi-le-ha-lachma-anya-est-il-en-arameen

Les 4 enfants

+ Les 4 enfants :

-> En ce jour de la naissance de notre nation, nous sommes particulièrement attentif à préserver sa continuité en transmettant notre héritage sacré à nos enfants [nouveaux maillons de cette chaîne ininterrompue].
[Rav Chimchon Raphaël Hirsch]

-> Selon Rabbi Moché Lieber, au Séder nous devons imiter Hachem, en faisant sortir de l'ignorance nos enfants, en prenant soin d'eux (on les aime et ils comptent pour nous!) et en les libérant de la servitude du yétser ara, des idées véhiculées par la société environnante, ... (on injecte en eux une forte dose de émouna!).

-> Pour chacun des enfants, il y a le mot : é'had (un - אחד - guématria de 13), ce qui fait pour les 4 fils une valeur de : 52, équivalente à : "un fils" (bén - בן).
En effet, les 4 enfants sont en réalité différents aspects d'une seule et même personne.
Nous avons tous en nous un mélange de raffinement et de grossièreté, de bon comportement et d'égoïsme.

Rabbi 'Haïm Chmoulévitz note que le bien n'est pas l'absence de mal, mais le fait que nous dominions nos mauvaises tendances.
Notre valeur intrinsèque est révélée par notre gestion de ces 4 fils qui sont en nous, chacun nécessitant une réponse adaptée.

Quelqu'un qui se voit comme uniquement Sage, pense tout savoir, être parfait (ne plus avoir besoin de changer).
Ainsi, la navigation entre ces 4 parties, va permettre de pleinement exploiter notre unicité.

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-> "La Haggada mentionne les 4 enfants : le sage, le mauvais (racha), le simple et celui qui ne sait pas poser de question.
Toute personne a en elle ces 4 manières de se comporter, chacune étant en concurrence pour avoir le dessus."
[Rav Leib Chasman]

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev fait remarquer que les 4 enfants : שֶאֵינוֹ יוֹדֵעַ לִשְאוֹל , חָכָם , רָשָע , תָם , sont l'acronyme de : שחרית (Cha'harit - matin).

Ce n'est que lorsque nous avons conscience de ces 4 forces qui sont en nous, que la journée de notre vie peut réellement commencer ....

Le Racha

+ Le Racha :

-> Le Meshech Chochma fait remarquer que le racha ne cherche pas de réponse, il connaît déjà la réponse.
La Haggada utilise le même verset pour le racha et le Sage, car : "Sans émouna, il n’y a pas de réponse ; avec la émouna, il n’y a pas de question." [le 'Hafets 'Haim]

Le Sabbah de Novardok dit : "Si nous avons la réponse, avant d'analyser le problème, c'est que nous ne cherchons pas "la" solution, mais "notre" solution."

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-> Selon la guémara (Yérouchalmi Pessa'him 10,4), en demandant quel est l'intérêt de ce travail, il exprime : "Quel est ce fardeau que vous nous imposez chaque année?"

Il ne remet pas en cause la sortie d'Egypte, mais rejette le fait de faire les mitsvot, comme Hachem nous l'ordonne.
L'état d'esprit du racha est : "N'est-il pas suffisant d'aimer Hachem dans son cœur, sans s'ajouter de pénibles obligations?
Nous sommes Ses enfants, pas Ses esclaves!"

De même, selon le Ben Ich 'Haï, le racha proclame : "Pourquoi ne peut-on pas se contenter de penser et de discuter des mitsvot [plutôt que de les faire]? "

-> Le Beit haLévi (Bo) écrit que le Racha demande : "Pourquoi faisons-nous encore ces mitsvot de nos jours? Elles sont dépassées!
Peut-être qu'au moment de la sortie d'Egypte, il y avait un sens à ces mitsvot, mais maintenant le monde a changé (il faut vivre avec son temps!)
Pourquoi devons-nous, nous prendre la tête avec ces mitsvot d'un autre temps?"

Ensuite, le Beit haLévi rapporte que notre réponse doit être : "c'est un korban de Pessa'h à Hachem" (zéva'h Pessa'h l'Hachem) = elles ne sont pas démodées, mais plutôt plus importantes que tout, car c'est Hachem qui nous les a données.
[tu parles de notions dictées par l'intellect humain, mais nous on est sur du divin, du émet pur!]

[la réponse n'est pas à faire au racha, mais à celui qui ne sait pas répondre, à la partie la plus influençable en nous. En effet, le racha n'a aucun désir de réponses, il ne souhaite qu'affaiblir notre émouna par ses questions, en y insérant le doute (peut-être qu'il a un peu raison?!).
C'est pourquoi, nous coupons court à toute discussion pour se protéger, car il ne peut en résulter qu'une perte personnelle de émouna, en affirmant : telle est la volonté de Hachem, D. de Vérité!
De même qu'Il nous a fait sortir avec grandeur d'Egypte, de même Il nous fait agir avec grandeur par Ses mitsvot! ]

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=> Quelle Halakha apprenons-nous de la question du racha?

-> Le racha dit : "ma aavoda azot lakhém".
Selon la guémara (Yérouchalmi Pessa'him 10,4), en demandant quel est l'intérêt de ce travail, le racha exprime : "Quel est ce fardeau que vous nous imposez chaque année?"

-> Le Rokéa'h (283) apprend une halakha de cela : on n'a pas le droit de dire : qu'est-ce que c'est désagréable de se préparer pour Pessa'h! Quel fardeau!

-> Le 'Hok Yaakov (469,3) développe que cela n'était valable que dans le cas où il y avait le korban Pessa'h, et se plaindre de l'obligation de la Torah du Korban Pesas'h n'est pas autorisé.
S'il n'y pas de Temple, alors on ne se plaint que des nombreuses mesures de rigueur qu'impliquent la préparation de Pessa'h, et cela n'est pas interdit.
Le Choul'han Aroukh haRav (469,5) semble dire qu'idéalement on doit essayer d'éviter toute sorte de plainte concernant la préparation de Pessa'h

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-> Le racha ne serait pas sorti d'Egypte, car une volonté de servir Hachem est une condition préalable.

"C'est à Moi que les juifs appartiennent comme esclave, ce sont mes serviteurs à moi, qui les ai tirés du pays d'Egypte, Moi, Hachem, votre D." (Béhar 25,55).

Le rav de Brisk disait que l'on ne fait pas les mitsvot parce que l'on est sorti d'Egypte, mais on a été délivré pour faire les mitsvot (baavour zé!).

Selon le midrach (Chémot rabba 29,3) : [Hachem a dit :] "Je vous ai fait sortir d'Egypte à la condition que vous acceptiez Ma souveraineté sur vous".

-> Selon le Aboudraham, le racha se plaint sur le fait que nous retardons le repas par plein de longues paroles, ce qui réduit la joie du repas de la fête.

Selon le Rokéa'h, le racha se plaint des très nombreux préparatifs à faire avant Pessa'h (comme nettoyer la maison du 'hamets).

Ainsi, il faut faire attention à ne pas émettre de plainte à ce sujet, car nous suivrions alors l'attitude du racha. [Araoukh haShoul'han - Ora'h 'Haïm 469,5]

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-> En s'excluant de la communauté juive, il rejette Hachem Lui-même.

-> Le Rambam (Hilkhot Téchouva 3,11) écrit que celui qui se sépare consciemment de la communauté juive et ne partage pas les malheurs et les triomphes collectifs, est considéré comme un hérétique qui n'a pas part au monde futur.
Même s'il ne transgresse aucune faute en particulier, sa décision de rompre ses liens avec la nation devient un fait, et à l'image d'un membre du corps isolé, le sang spirituel de la nation juive qui impulse normalement de la vie, ne l'atteint pas.

-> Rabbi Isser Zalman Melzer dit : "L'hérésie est le résultat d'un refus de partager la mission de la nation juive.
Le racha commence par rejeter ce qui incombe à un juif, et seulement ensuite il fabrique l'idéologie nécessaire pour justifier sa façon de vivre insouciante."

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-> Nos Sages nous disent de répondre au racha par : "agaces lui ses dents".

Selon le maguid de Koznitz, on fait comprendre au racha : "Est-ce que tu penses vraiment que Hachem t'a créé avec tes dents uniquement pour que tu manges, bois et sois soyeux?

S'Il nous a sorti d'Egypte, c'est pour réaliser des mitsvot, comme manger de la matsa.
Si tu n'es pas intéressé par ces choses, tu ne fais pas un bon usage de tes dents".

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-> Pourquoi "agaces lui ses dents"?

Le Imré Yéhouda explique :
Les idées hérétiques (apikorchout) se nourrissent dans la nourriture qui n'est pas cashère.
Si le racha aurait été plus vigilant pour éviter de la nourriture non-cashère, il n'aurait pas mal tourné comme il l'a fait.
Par conséquent, on nous demande "agaces lui ses dents", parce que c'est son alimentation d'aliments interdits qui est la source de son problème.

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-> Selon le Yichma'h Israël, le racha n'est pas une personne totalement mauvaise, mais c'est plutôt une personne qui a fauté et qui a abandonné l'idée de faire téchouva.

Puisqu'il a fauté, le racha pense qu'il ne fait plus partie du peuple juif.
Nous devons lui rappeler que lorsque les juifs sont sortis d'Egypte, ils étaient au plus bas, étant presque tombés dans la pire impureté possible (49e niveau sur 50), et cependant Hachem les a sauvé.

Le racha doit s'en inspirer et faire téchouva.

-> Le Maasé Nissim enseigne d'ailleurs que le plus important dans le devoir de s'imaginer être sorti soi-même d'Egypte, n'est pas suite à la disparition de nos difficiles travaux, mais car on doit imaginer Hachem en train de nous sanctifier et de nous prendre en tant que nation.

C'est ce lien d'amour que Pessa'h doit enflammer, car même au plus racha des racha, Hachem a témoigné un amour fou fou.

La certitude de savoir que nous comptons toujours aux yeux de papa Hachem, nous booste pour qu'Il soit fier de nous, en agissant selon Sa volonté (c'est d'ailleurs la moindre des gratitudes!).

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-> Au sujet des dents du racha, voir également : https://todahm.com/2014/04/02/concernant-le-racha

"Tout le monde doit chercher dans la crainte à accomplir les directives de nos Sages qui ont arrangé le Séder et la Haggada.

Ne laissons rien apparaître à nos yeux comme sans importance, car même si plusieurs choses peuvent paraître secondaires ... il n'y a rien d'insignifiant."

[le Maharal]

Avadim ayinou …

+ "Avadim ayinou léPharaon béMitsrayim"

Lorsque la Torah parle des esclaves non-juifs de Pharaon, elle dit : "avdé Pharaon", comme dans : "מֵעַבְדֵי פַּרְעֹה" (Vaéra 9,20) ; "עַבְדֵי פַרְעֹה" (Bo 10,7) ; "עַבְדֵי-פַרְעֹה" (Bo 11,3) ; ...

Pourquoi est-ce que pour les juifs, il n'est pas écrit de même : "avadim Pharaon ayinou" ?

-> Le Hararé Kédem commente que contrairement aux non-juifs qui se voient comme totalement esclaves de Pharaon, les juifs ne partagent pas cette mentalité.
Pour eux, seulement leur corps est soumis à ses travaux, mais leur essence reste toujours indépendante.

-> Le midrach (Chémot rabba 5,33) rapporte que chaque Shabbath, les juifs se remontaient le moral en lisant des manuscrits [de leurs ancêtres] qui garantissaient une délivrance par Hachem.

[le Hararé Kédem - Rabbi Yosef Dov haLévi Soloveichik]

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-> "Nous avons été esclaves de Pharaon en Egypte"

La Mékhilta (16,3) de commenter : "Esclaves de rois, mais pas esclaves d'esclaves".

Un serviteur dans un palais apprend tous les codes relatifs à la royauté (la façon de se comporter, l'honneur à témoigner au roi, ...).

L'Egypte était un entraînement important afin de devenir serviteurs du roi des Rois.

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-> "Hachem a spécifiquement placé les juifs en Egypte, car ils sont totalement contraires aux égyptiens.
La beauté de notre pureté a pu pleinement ressortir dans de telles conditions par contraste."

[le Maharal - Gour Aryeh]