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Don de la Torah – Israël & les nations

+ Don de la Torah - Israël & les nations :

-> Lorsqu'Hachem a créé le monde, il a stipulé que si ses créations n'acceptaient pas la Torah, le monde retournerait au chaos primordial et au néant. Avant d'offrir la Torah aux Bné Israël, Hachem l'a d'abord proposée aux autres nations, qui l'ont toutes refusée, comme le dit le midrach (Sifré - Vézot haBéra'ha) :
"Lorsque Hachem s'est révélé pour donner la Torah, Il s'est révélé non seulement aux Bné Israël, mais à toutes les nations.
Il s'adressa d'abord aux descendants d'Essav et leur demanda : "Accepterez-vous la Torah?"
"Qu'est-il écrit dans la Torah?" demandèrent-ils.
"Ne commettez pas de meurtre"(Yitro 20,13) Hachem répondit.
Ils répondirent : "Le meurtre est notre essence même et celle de nos ancêtres, comme il est écrit : "Les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22) et "Tu vivras à la pointe de ton épée" (Toldot 27,40)

Hachem se rendit alors auprès des descendants d'Ammon et de Moav et leur demanda : "Accepterez-vous la Torah?"
"Qu'y est-il dit?" demandèrent-ils.
"Ne commettez pas d'adultère", répondit Hachem.
Ils répondirent : "Les relations illicites sont notre essence même, comme il est écrit : "Les 2 filles de Lot ont conçu de leur père" (Vayéra 19,36).

Hachem se rendit ensuite chez les descendants de Yichmaël et leur demanda : "Acceptez-vous la Torah?"
"Qu'est-il écrit?" demandèrent-ils.
"Ne volez pas", répondit Hachem.
Ils dirent : "Le vol est l'essence même de notre ancêtre, comme il est écrit : "Il sera un homme sauvage" (Lé'h Lé'ha 16,2).

Hachem est allé vers chaque nation et leur a offert la Torah, comme il est écrit : "Tous les rois du monde Te reconnaîtront, puisqu'ils ont entendu les paroles de Ta bouche" (Téhilim 138,4).
Pour que l'on ne croie pas qu'ils ont entendu et accepté, le verset précise : "J'agirai envers eux avec colère et fureur, en me vengeant des nations qui n'ont pas écouté" (Mi'ha 5,14).

Non seulement ils refusèrent la Torah, mais les nations ne respectèrent même pas les 7 mitsvot qui avaient été données à tous les descendants de Noa'h. Quand Hachem a vu cela, Il a donné ces mitsvot aux Bné Israël.
On peut comparer cela à une personne qui a amené son âne et son chien pour rapporter des grains de son aire de battage. Il chargea l'âne d'un lourd fardeau de céréales et le chien de 3 petits sacs. L'âne se mit à marcher avec sa charge, tandis que le chien trébuchait. Ensuite, il prit un sac du chien et le mit sur l'âne. Puis la deuxième. Puis le troisième.
De même, les Bné Israël reçurent la Torah avec tous ses commentaires et tous les détails de la loi, et ils reçurent également les 7 mitsvot que les nations n'avaient pas respectées."

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Le Zohar (III,192b) explique cela par la parabole suivante :
"Il était une fois un médecin qui avait un pot contenant une potion de vie qu'il voulait léguer à son fils.
Le médecin avait aussi de méchants esclaves dans sa maison, et il savait que s'ils découvraient la potion, ils seraient jaloux et tueraient son fils. Que fit le médecin? Il prit du poison et le mit dans l'ouverture de la jarre. Il appela ses esclaves et leur dit : "Puisque vous m'avez été si fidèles, j'aimerais vous offrir cette potion. En veux-tu?"
Ils lui dirent : "Voyons ce que c'est. Dès qu'ils ont senti le poison, ils ont eu l'impression qu'ils allaient mourir à cause de l'odeur nauséabonde."
Ils se dirent : "Si le médecin donne cette potion à son fils, il mourra certainement. Nous hériterons alors de toutes ses richesses."
Ils se tournèrent vers le médecin et lui dirent : "Maître, cette potion est si merveilleuse qu'elle ne convient qu'à votre fils. Prends la récompense que tu nous aurais donnée pour notre travail et donne-la à ton fils pour qu'il accepte la potion."

De même, Hachem savait que s'Il donnait la Torah aux Bné Israël sans d'abord l'offrir aux nations, celles-ci traqueraient les Bné Israël à ce sujet chaque jour et essaieraient de nous tuer.
Au lieu de cela, puisqu'Il l'a d'abord offerte aux nations, elles ont offert des cadeaux au Bné Israël pour nous convaincre de l'accepter. Moché prit tous ces cadeaux et les offrit aux Bné Israel.
C'est de lui qu'il est écrit : "Tu es monté sur les hauteurs et tu as emmené des captifs" (Téhilim 68,19)."

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-> Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Dorech Tov - 3e discours sur matan Torah) explique les niveaux élevés atteints par les Bné Israël lorsque nous avons accepté la Torah, en se basant sur la Michna des Pirké Avot (3,14) : "Bien-aimé est le peuple d’Israël, car il lui a été accordé un objet précieux ; c’est un plus grande expression d’amour que de lui avoir fait savoir qu’il lui a été donné un outil précieux, car il est dit : Car c’est un enseignement de valeur que Je vous ai donné ; Ma Torah, ne la délaissez pas."

La Torah est chère à Hachem comme la fille unique d'un roi. C'est Sa joie chaque jour. C'est avec elle qu'Il a créé le monde et posé les fondements de l'existence. C'est la racine, l'éclat et la splendeur du monde.

-> Lorsque Hachem donna la Torah aux Bné Israël, les autres nations étaient jalouses. Le midrach (Yalkout Chimoni Bamidbar 684) rapporte que Hachem a dit aux nations qu'ils méritaient la Torah plus qu'eux, en raison de la lignée pure des Bné Israël.
[après la sortie d'Egypte Hachem a attesté que malgré leur séjour dans la capital mondiale de la débauche, tous les juifs sont restés purs (le livre de notre lignée étant parfait!). ]

-> De son côté, selon le Zohar (III,192b), il semble qu'Hachem n'ait pas offert la Torah aux membres mortels de chaque nation. Au contraire, il l'a offert à l'Ange Gardien/Tutélaire désigné sur elles.
De plus, le Zohar souligne que lorsqu'Il a offert la Torah aux autres nations, Hachem a passé sous silence toutes les mitsvot qu'elles étaient susceptibles d'accepter, et leur a parlé spécifiquement de la mitsva qui était la plus difficile pour elles.

Comme le raconte le Zohar, Hachem a d'abord appelé Samaël, l'Ange d'Essav, et lui a demandé s'il voulait la Torah. "Que dit la Torah?" demanda Samaël. Hachem passe alors au verset "Ne commets pas de meurtre".
Samaël fut choqué. "Je (c'est-à-dire Essav) ai reçu la bénédiction de mon père Its'hak : "Tu vivras à la pointe de ton épée" (Toldot 27,40). Veux-tu m'enlever mon royaume?"
Samaël supplia alors Hachem de donner la Torah aux descendants de Yaakov à la place, pensant que la Torah nous ferait un mal terrible. Samaël proposa alors à Hachem des suggestions pour convaincre les Bné Israël de l'accepter.

La même chose s'est produite lorsque Hachem a offert la Torah à Rahav, l'Ange Gardien désigné sur les descendants de Yichmaël. "Que dit la Torah?" demanda Rahav. Hachem passa alors au verset "Ne commettez pas d'adultère".
"La bénédiction que j'ai reçue dans la Torah était : "Il sera un homme sauvage, sa main sera contre tous et la main de tous sera contre lui". Si je reçois la Torah, je perdrai la bénédiction d'être fécond et de se multiplier au-delà de toute limite".
Il suggéra plutôt à Hachem de donner la Torah aux descendants d'Its'hak, et de les laisser être les premiers-nés à la place de Yichmaël.

L'intérêt de cette histoire est qu'Hachem voulait vraiment donner la Torah à Ses enfants bien-aimés, les Bné Israël. Cependant, afin que les autres nations ne convoitent pas ce cadeau et ne créent pas d'ennuis aux Bné Israël, Hachem leur indiqua les mitsvot qui correspondaient le moins à leur nature.
Ils convinrent alors de tout cœur que la Torah n'était pas pour eux et qu'il valait mieux la donner aux Bné Israël.

=> En quoi était-ce juste de la part d'Hachem de donner aux autres nations une description incomplète de la Torah lorsqu'Il la leur a offerte? Hachem ne leur a pas parlé de la grande récompense pour les mitsvot. Il ne leur a même pas dit en quoi consistaient toutes les mitsvot. Il s'est concentré uniquement sur les mitsvot qu'Il savait être les plus difficiles à accepter pour elles.
De plus, la guémara (Avoda Zara 2b) nous dit que dans le futur, Hachem punira les nations pour avoir refusé d'accepter la Torah.
Pourquoi ne peuvent-ils pas se plaindre que si Hachem la leur avait offerte d'une manière plus attrayante, elles l'auraient acceptée?

-> Il est certain que toutes les voies d'Hachem sont parfaitement justes.
"Lui, notre rocher, Son œuvre est parfaite, toutes Ses voies sont la justice même ; D. de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit" (Haazinou 32,4)
Il n'y a eu aucune tromperie dans les relations d'Hachem avec les nations et leurs Anges Gardiens.
Les nations avaient déjà reçu des ordres concernant les 7 mitsvot de Noa'h, qu'elles ont acceptées pour elles-mêmes et pour leurs descendants. Ces mitsvot comprennent l'interdiction de tuer, de voler et de commettre l'adultère. [guémara Sanhédrin 56b]
Cependant, les nations n'ont même pas respecté ces quelques mitsvot qu'elles avaient déjà acceptées. Le meurtre, le vol et l'adultère sont monnaie courante parmi elles.

C'est pourquoi, lorsque Hachem leur a offert la Torah et qu'ils ont demandé ce que dit la Torah, Il a choisi spécifiquement les mitsvot qu'elles avaient déjà acceptées mais qu'elles n'avaient pas respectées : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d'adultère.
Il s'agit d'une réprimande et d'un ultimatum.
"Je vous ai déjà ordonné par le passé de ne pas commettre ces fautes, mais vous avez ignoré les obligations que vous aviez acceptées. Comment pourrais-je vous offrir des mitsvot supplémentaires si vous ne respectez pas les mitsvot que vous avez déjà? Je vous propose ce test. Si vous vous engagez fermement à observer les 7 premières mitsvot, je vous en donnerai d'autres. Mais si vous ne vous engagez pas à respecter les mitsvot que vous avez déjà acceptées, alors vous n'êtes pas dignes de recevoir la Torah, et vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-mêmes."

Les Anges Gardiens des nations entendirent ce défi et virent qu'il était en effet juste et équitable. Les nations ne pouvaient pas respecter les mitsvot qu'elles avaient déjà acceptées, comme ne pas tuer ou ne pas commettre d'adultère, car cela les aurait obligées à rompre avec leurs désirs les plus profonds.
Par conséquent, elles ne pouvaient pas accepter la Torah, mais suggéraient qu'elle soit donnée aux Bné Israël, qui en sont vraiment dignes.

Nous voyons donc qu'Hachem a été plus qu'équitable avec eux. Même après avoir manqué à leurs mitsvot, Hachem leur a donné une seconde chance de corriger leurs actes et de devenir ainsi dignes de la Torah. C'est leur mauvais cœur qui les a empêchés de changer leur nature et d'accepter les commandements d'Hachem.

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+ La surprise des nations :

-> Nous pouvons ainsi comprendre la jalousie des nations et la raison pour laquelle Hachem leur a répondu en comparant leur lignée ancestrale à celle des Bné Israël.
Elles ont présumé que si elles sont incapables de contrôler leurs pulsions (ex: débauche), il en va de même pour tout le monde, y compris pour les Bné Israel. De même qu'elles s'étaient montrés indignes de la Torah, tous les autres devaient en faire autant. Quelle ne fut pas leur surprise lorsque les Bné Israël acceptèrent la Torah sans hésitation.

Incapables de comprendre comment cela était possible, elles supposèrent qu'Hachem avait donné aux Bné Israël la Torah sans les interdictions qui les avaient tant irritées, telles que les relations interdites.
Elles ne pouvaient pas croire qu'une nation entière puisse accepter une telle interdiction.
Par conséquent, elles ont affirmé qu'il devait y avoir une certaine partialité en faveur des Bné Israël, qui permettait aux Bné Israël d'être amenés sous les ailes de la Présence Divine (Chékhina), sans aucune condition.

-> Hachem témoigne pour les Bné Israel :
Pour faire taire cette fausse affirmation, Hachem leur montra que l'interdiction des relations interdites n'était pas une nouvelle mitsva, donnée pour la première fois au don de la Torah.
Au contraire, la Torah avait été donnée à Adam, puis reconfirmée par les fils de Noa'h. Par conséquent, les nations étaient stupides de penser que les Bné Israel ne pouvaient pas respecter cette mitsva. Il s'agissait déjà d'une pratique ancienne que les Bné Israel ont poursuivie, mais que les autres nations ont abandonnée.

La preuve en est la lignée des Bné Israel en Egypte. D'une famille de 70 personnes, descendues en Egypte avec Yaakov, ils sont devenus une grande nation de 600 000 âmes.
Parmi eux, il y avait qu'un seul est né d'une union interdite, et il a été distingué par la Torah pour montrer sa rareté. Hachem lui-même a témoigné de la pureté de leur lignée dans le verset "Les tribus de D., un témoignage pour Yisraël" (Téhilim 122,4).

C'est le sens de la réponse d'Hachem aux nations. "Apportez devant moi le livre de votre lignée, comme l'ont fait mes enfants. Les Bné Israel avaient une ligne de descendance claire entre père et fils, sans qu'il soit question d'adultère. Ils avaient soigneusement préservé leurs valeurs familiales avant même que la Torah ne soit donnée. Par conséquent, lorsque les interdictions concernant les relations interdites ont été données à nouveau au mont Sinaï, il n'a pas été difficile pour les Bné Israel d'accepter les nouvelles interdictions en même temps que les anciennes.
En revanche, les nations qui avaient transgressé l'interdiction de l'adultère donnée à Adam eurent du mal à se défaire de leurs habitudes.

-> Les nations se plaignaient également de la manière dont Hachem offrait la Torah aux Bné Israel.
Avant de leur donner la Torah au mont Sinaï, Il les a d'abord rapprochés avec amour, comme un père miséricordieux qui s'occupe de tous les besoins de son fils. Tout d'abord, Il les a fait sortir d'Égypte avec de grands miracles. Il fendit la mer en leur faveur, leur fournit de la manne et accomplit de nombreux autres prodiges et miracles pour eux. Lorsqu'ils campèrent à Mara, Hachem commença à leur enseigner certaines des mitsvot (ex: le Shabbath), jusqu'à ce que, petit à petit, ils soient préparés au don de la Torah.
Ainsi, lorsque la Torah leur a finalement été offerte, elle ne leur a pas semblé être un si grand fardeau.

Les autres nations n'ont pas eu ce privilège. Hachem ne les a pas d'abord rapprochés par l'amour et les miracles, afin de les préparer à recevoir la Torah. Mais Il leur est pas apparu soudainement avec une offre rapide de tout ou rien.

C'est pourquoi ils étaient si jaloux. Pourquoi les Bné Israel ont-ils mérité que la Torah leur soit offerte avec tant de patience et d'amour, afin qu'il nous soit plus facile de l'accepter, alors qu'on leur a offert la Torah d'une manière totalement différente?
Ils affirmaient que si on leur avait offert la Torah de la même manière, ils l'auraient également acceptée.

Hachem a fait taire cette plainte avec la même réponse. Comment avez-vous traité les mitsvot que vous aviez déjà (les 7 lois noa'hiques), et comment les Bné Israel ont-ils traité ces mitsvot?
Même avant le don de la Torah, il existait une interdiction de l'adultère qui s'imposait à toute l'humanité.
Les Bné Israel ont respecté cette interdiction. Ils ont veillé à la sainteté de leur brit, ce dont Hachem a témoigné en plaçant Son nom (YA) sur eux.

Hachem dit aux autres nations : "Apportez devant moi le livre de votre lignée, comme l'ont fait Mes enfants". Puisque vous et vos ancêtres avez été adultères, votre lignée est impure. Par conséquent, vous n'êtes pas dignes d'être attirés vers la Torah d'une manière aussi aimante.

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+ Les dons des nations :

-> Les nations ont refusé la Torah car elle contient des lois qui leur seraient difficiles. Seul le peuple juif a répondu : "nous ferons et nous écouterons" (naassé vénichma), s'engageant d'abord à obéir à toute la Torah et demandant ensuite seulement ce que dit la Torah. Nous étions convaincus qu'Hachem ne nous donnerait rien qui ne soit pas bon pour nous.

Nos Sages nous disent que dans le futur, Hachem tiendra un Séfer Torah (pour ainsi dire) et dira : "Tous ceux qui ont fait des efforts pour cette Torah, qu'ils viennent et prennent leur récompense."
Les nations, qui n'ont pas étudié ou observé la Torah, essaieront alors de prétendre qu'elles méritent elles aussi une récompense pour avoir construit l'infrastructure nécessaire à l'étude des Bné Israel. Cependant, Hachem rejettera toutes ces demandes, comme le décrit longuement la guémara (Avoda Zara 2a-3a).
Ensuite, les nations se plaindront que si la Torah leur avait été offerte comme elle l'a été aux Bné Israel, elles l'auraient également acceptée.
Cependant, Hachem leur répondra que puisqu'elles n'ont même pas respecté leurs 7 mitsvot (noa'hiques), elles ne peuvent pas s'attendre à recevoir toute la Torah.
... Finalement, Hachem acceptera de leur donner une dernière chance. Il les mettra à l'épreuve avec la mitsva de la souccah, mais là encore, elles échoueront.

Notre acceptation de la Torah, comparée au refus des autres nations, est restée un mérite pour nous, même lorsque nos fautes ont entraîné la destruction du Temple. C'est grâce à ce mérite que nous serons délivrés de notre exil.

-> La Torah était destinée aux Bné Israël :
On a pu voir qu'au moment de leur proposer la Torah, Hachem a parlé à chaque nation de la mitsva qui était directement opposée à leur nature. Il semble qu'Il leur ait délibérément dit des choses pour les décourager d'accepter la Torah.

Cependant, Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Dorech Tov - 3e discours sur matan Torah) s'interroge sur l'implication de cette guémara, à savoir que si les nations avaient promis de cesser de tuer, de voler et de commettre l'adultère, Hachem leur aurait effectivement donné la Torah, et non aux Bnei Israël.
Comment cela peut-il être vrai?
Le midrach (Béréchit rabba 8,2) nous apprend que 2 000 ans avant la création du monde, Hachem se réjouissait déjà de la Torah. Les Bné Israël sont mentionnés à d'innombrables reprises dans la Torah : "Parlez aux Bné Israël", "Commandez aux Bné Israël", ...
=> Ainsi, avant même la création du monde, la Torah était clairement destinée aux Bnei Yisraël. Comment aurait-elle pu être donnée aux autres nations?

Pour répondre à cette question, Rabbi Yaakov Abou'hatséra propose une nouvelle interprétation, selon laquelle Hachem n'avait pas vraiment l'intention de donner la Torah entière aux autres nations. La Torah, dans son intégralité, n'était destinée qu'aux Bnei Yisrael avant la création du monde.
Au contraire, Hachem est allé de nation en nation pour leur offrir les 7 mitsvot de Noa'h, qu'elles avaient rejetées et qu'elles avaient maintenant la possibilité d'accepter à nouveau.
Si elles acceptaient, elles seraient récompensées dans ce monde et dans l'autre, comme si elles avaient accompli toute la Torah.

Selon cette explication, on comprend parfaitement pourquoi, lorsque les nations lui demandent ce que dit la Torah, Hachem répond : "Ne tue pas", "Ne vole pas", "Ne pas commet pas d'adultère".
Il a cité des exemples tirés des 7 mitsvot de Noa'h, car c'est tout ce qui leur a été proposé.

-> Mitsvot volontaires et obligatoires :
Selon la guémara (Avoda Zara 2b) :
"Il s'est tenu debout et a mesuré la terre. Il a vu et a libéré les nations" ('Habakouk 3,6).
Rav Yossef explique qu'Hachem a vu que les nations n'ont pas respecté les 7 mitsvot qui leur avaient été imposées. Il les a donc libérés de leur obligation.
Si c'est le cas, il semble qu'ils aient bénéficié de leurs fautes. Mar, fils de Ravina, explique plutôt qu'elles sont toujours obligées (de ces 7 lois), mais que même si elles accomplissent ces mitsvot, elles ne reçoivent aucune récompense.
... en fait, elles ne reçoivent pas de récompense comme ceux qui réalisent les mitsvot par obligation, mais comme ceux qui les accomplissent volontairement.
C'est ce qu'a enseigné Rabbi 'Hanina, à savoir que ceux qui accomplissent les mitsvot par obligation sont plus grands que ceux qui les accomplissent volontairement.

=> En refusant de reprendre les 7 mitsvot (au moment du don de la Torah), les nations ont perdu ce privilège. Ellles y restent toujours contraintes, mais même si elles remplissent cette obligation, elles ne sont récompensées que comme si elles l'avaient fait volontairement (donc à un niveau beaucoup moindre. Car à partir du moment où il y a une obligation, il y a une résistance du yétser pour ne pas le faire [je fais ce que JE veux, on ne me dis pas quoi faire, ...] ).

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=> Pourquoi Hachem a-t-il dû faire cette proposition aux nations avant d'offrir toute la Torah aux Bné Israel? Si Hachem voulait donner la Torah aux Bné Israel (comme Il l'avait prévu avant même de créer le monde), qu'Il le fasse dès le début. Par les miracles de la sortie d'Egypte, Il avait déjà montré au monde entier que les Bné Israel étaient Ses enfants bien-aimés, qu'Il avait choisis parmi toutes les autres nations pour Le servir. Est-il vraiment concevable qu'Il élève maintenant une autre nation à leur niveau?

Nous pouvons mieux comprendre cela en nous basant sur l'enseignement de Rabbi Shimon bar Yo'haï dans le Zohar (III,192b). Nous y apprenons qu'Hachem a demandé à Samaël, l'Ange Gardien/Tutélaire d'Essav, s'il voulait accepter la Torah au nom de sa nation. Samaël entendit que la Torah inclut l'interdiction de tuer, alors que la bénédiction d'Essav : "Tu vivras à la pointe de ton épée", était la source de son pouvoir. C'est pourquoi Samaël refusa et suggéra à Hachem de donner la Torah aux Bné Israel à la place.
Samaël souhaitait tellement que les Bné Israel acceptent la Torah à leur place, qu'il était prêt à "soudoyer" les Bné Israel en leur offrant une partie de son pouvoir de tuer.

La même chose s'est produite lorsque Hachem a offert la Torah à Rahav, l'ange gardien de Yichmael. Lui non plus ne pouvait pas respecter l'interdiction des relations interdites, puisque la bénédiction de Yichmael devait être sauvage, ce qui inclut un désir de relations interdites.
Pour convaincre les Bné Israel d'accepter la Torah à leur place, Rahav offrit une partie de son pouvoir de fécondité au-delà des frontières.

Par conséquent, lorsque les Bné Israel ont accepté la Torah, nous avons reçu en même temps les pouvoirs de ces nations. Nous avons alors pu réorienter le pouvoir d'Essav vers la sainteté, en instituant les peines capitales du Beit Din. Nous avons réorienté le pouvoir d'Yichmael en étant féconds et en se multipliant d'une manière sainte.

Ainsi, nous avons tiré un grand bénéfice du fait que la Torah ait été offerte aux autres nations en premier. Nous avons reçu les pouvoirs d'Essav et de Yichmael, de tuer si nécessaire et d'être féconds et de se multiplier au service d'Hachem.
Nous avons également mérité de prendre la terre de Canaan et de nous débarrasser de tout motif de plainte de la part des Cananéens. [puisque les autres nations ont refusé la Torah, c'est comme si le monde avait été détruit et reconstruit par le mérite de son acceptation par les juifs. La terre d'Israël devenant alors propriété des juifs. ]

Les nations non juives, pour leur part, ont eu une chance équitable et complète d'accepter la Torah. Non seulement cela, mais on la leur a offerte en premier.
Leur refus n'était imputable à personne d'autre qu'à elles-mêmes, en raison de leur incapacité à s'engager dans les mitsvot auxquelles elles étaient de toute façon tenues.
Seuls les Bnei Yisrael ont accepté la Torah et ont donc revendiqué le mérite de la continuité de l'existence du monde. Par conséquent, nous étions pleinement dignes de toutes ces bénédictions, que les nations auraient pu avoir mais qu'elles ont rejetées.

-> Les autres anges ont également offert des cadeaux à Moché lorsqu'il leur a prouvé que les Bné Israel étaient dignes de recevoir la Torah. Même l'ange de la mort lui a fait un cadeau en lui révélant le pouvoir et secret des kétoret pour arrêter une épidémie.
Alors qu'il a l'habitude de porter des accusations contre nous, même l'ange de la mort par le mérite de la Torah, il a plaidé en notre faveur.

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-> Les Richonim proposent d'autres raisons pour lesquelles Hachem a d'abord offert la Torah aux autres nations. Certains suggèrent que c'était pour le bénéfice des convertis qui allaient éventuellement naître de ces nations.
Puisque leurs ancêtres avaient entendu au moins une partie de la Torah, même si ces ancêtres l'avaient refusée, le parfum de la Torah demeurait profondément ancré dans leur identité nationale.
Ainsi, ces convertis disposaient d'un point de départ à partir duquel ils pouvaient se développer. Sans cette offre, il n'y aurait jamais eu de convertis parmi les nations.

Une autre suggestion est qu'Hachem savait que le peuple juif finirait par fauter et serait exilé parmi les nations. Hachem voulait que les nations soient exposées à la Torah, de sorte qu'à un certain niveau (même inconsciemment), elles puissent respecter l'étude de la Torah par le peuple juif, et nous permettre de continuer à étudier la Torah pendant que nous vivons sur leurs terres.

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+ Grâce à Avraham :

-> Hachem a créé la Torah 974 générations avant de créer le monde.
Après la création du monde, de nombreuses générations s'écoulèrent jusqu'au jour tant attendu où la Torah fut donnée à la nation élue.
Au début, il était possible pour n'importe quel individu de revendiquer la couronne de la Torah. Quiconque le souhaitait pouvait servir Hachem fidèlement et s'approprier cette couronne.
Cependant, dans les 10 générations d'Adam à Noa'h, et dans les 10 générations suivantes de Noa'h à Avraham, aucune personne de ce type n'est apparue. Ils continuèrent à irriter Hachem par leurs fautes, jusqu'à ce que finalement Avraham se lève et réclame la récompense qui avait été préparée pour eux tous, s'ils en avaient été dignes.
Ainsi, Avraham mérita que ses descendants soient ceux qui recevraient la Torah. Ses descendants, les Bné Israël, ont accompli leur destin lorsqu'ils ont accepté la Torah sans réserve, en disant : "Naassé vénichma" (nous ferons et nous écouterons). Il y eut alors une grande joie dans le monde entier, et la louange des Bné Israël fut connue dans toutes les nations.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Dorech Tov]

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+ Its'hak décida qui de Yaakov ou d'Essav recevra la Torah :

-> voir : https://todahm.com/2024/06/04/itshak-decida-qui-de-yaakov-ou-dessav-recevra-la-torah

Shavouot – Moché a reçu toutes les explications de la Torah

+ Shavouot - Moché a reçu toutes les explications de la Torah :

-> Le Zohar (Raya Mehemna III,116a) nous dit que chaque mot de la Torah a 600 000 explications, toutes ont été révélées à Moché Rabbénou, dont l'âme englobait les 600 000 âmes des Bné Israel.

-> Le Arizal (chaar haGuilgoulim - intro 17) explique cela de la manière suivante :
"Il y a précisément 600 000 âmes générales (de Bné Israel), et pas plus. Toutes ces âmes sont enracinées dans la Torah, qui compte 600 000 explications selon pschat (l'explication simple), 600 000 explications selon rémez (allusions), 600 000 selon drouch, et 600 000 selon sod (les secrets de la kabbale).
De chaque explication de la Torah, une âme d'Israël est née. Dans le futur, chaque juif comprendra la Torah entière selon l'explication qui correspond à la source de son âme, et par laquelle il a été créé et amené à l'existence.

Certaines âmes peuvent comprendre 2 explications, voire plus. L'âme de Moché a compris les 600 000 explications. C'est pour cette raison que nos Sages nous dit que Moché connaissait même les nouvelles idées que les étudiants en Torah développeraient de nombreuses années plus tard. C'est parce que son âme englobait les 600 000 âmes des Bné Israel.
De même, les autres Sages connaissaient de multiples explications, en fonction du nombre d'âmes que leur propre âme englobait."

-> Le Chlah haKadoch (masse'het Shevouot - Torah Ohr 213) explique :
"L'âme de Moché était (une réincarnation de) l'âme d'Adam, qui comprend toutes les autres âmes ...
Il y a 600 000 âmes de Bné Israël, correspondant aux 600 000 lettres de la Torah.
Moché était l'âme générale, dont chaque juif individuel est un détail. A ce propos, Moché dit : "Il y a 600 000 personnes dans cette nation, dont je suis parmi eux (acher ano'hi békirbo - Béaaloté'ha 11,21), ce qui signifie que Moché est à l'intérieur de chaque juif.
Il a utilisé le mot "ano'hi", plutôt que le mot plus courant "ani", pour désigner le premier mot des 10 Commandements, car les âmes des Bné Israel sont l'esprit de la Torah.
Le Zohar (Tikouné Zohar 69,112a) déclare à ce sujet : "Moché continue à chaque génération", faisant référence aux 600 000 branches qui continuent constamment à partir de chacune des 600 000 racines."

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-> Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Dorech Tov - 1er discours matan Torah) cite le Arizal qui affirme qu'il existe 600 000 explications de la Torah, correspondant aux 600 000 âmes des Bné Israel. Toutes ces explications ont été révélées à Moché, car son âme englobait toutes les âmes des Bné Israel.
Moché a permis à chaque juif de recevoir sa part de la Torah, chacun selon son niveau.

-> Selon le midrach (Chir haChirim rabba 1:65) :
Rabbi enseignait et il vit que son auditoire s'endormait. Pour les réveiller, il dit : "En Egypte, une femme a donné naissance à 600 000 enfants d'un seul coup.
"Qui était cette femme?" demanda Rabbi Yichmael, fils de Rabbi Yosse.
"Yocheved. Elle donna naissance à Moché, qui était l'équivalent des 600 000 Bné Israel"."

Les Bné Israël comptent 600 000 âmes, ce qui correspond aux 600 000 explications de la Torah.
Moshé reçut à lui seul l'ensemble des 600 000 explications, puisqu'il était l'équivalent de toute la nation juive.
Lorsque Rabbi dit que Yo'héved a donné naissance à 600 000 personnes à la fois, il fait référence à l'âme de Moché, qui a atteint la compréhension totale de la Torah, équivalente à l'ensemble des 600 000 âmes juives.

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-> Moché connaissait toutes les explications de la Torah. Alors que les autres prophètes recevaient leurs visions sous forme d'allusions qu'ils devaient déchiffrer, Moché se voyait expliquer tout cela avec une clarté parfaite (midrach Aggada - Béaaloté'ha, Bamidbar 12,8).
A ce sujet, le Rambam (intro à son commentaire sur la michna) écrit : "Hachem a donné à Moché chaque mitsva avec ses explications. D'abord, Hachem lui disait le verset ; ensuite, Il lui disait la signification et l'explication du verset, et toute la sagesse qu'il contient ...
Le verset lui-même était écrit, et les explications étaient transmises par tradition orale."

L'importance de cette tradition d'explication est soulignée par le Rambam (Hilkhot Téchouva 3:8), qui écrit que même si une personne croit que la Torah en général a été donnée par Hachem, si elle prétend qu'un seul verset ou un seul mot a été dit par Moché de son propre chef, ou si elle nie les explications qui ont été transmises dans la tradition orale, elle a le statut d'un apikorét (hérétique) qui nie la Torah.

[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Dorech Tov - 1er discours matan Torah]

Ce n'est pas une coïncidence si nous demandons à Hachem : "Fais-nous voir la consolation pour Sion, Ta ville, dans le "Rétsé", le passage que nous ajoutons dans le Birkat haMazon du Shabbath.
C'est parce que la ségoula la plus sûre pour avoir la Délivrance (guéoula) est l'observation du Shabbath.
['Hafets 'Haïm - Maamré h'é'Hafets 'Haïm 54]

"Nous constatons que Pharaon a été frappé par des plaies successives afin qu'il sache que la terre appartient à Hachem.
Hachem fait de même tout au long des générations. Chaque fois que le chef d'une autre nation devient prétentieux et pense qu'il peut faire tout ce qu'il veut, il finit par être frappé de plaie en plaie et est forcé d'admettre qu'il n'a aucun pouvoir sur quoi que ce soit.

Cependant, à l'époque de Pharaon, les plaies étaient miraculeuses. Aujourd'hui, les plaies sont provoquées par la nature (cachées dans la naturalité), mais l'objectif principal demeure : que le dirigeant admette qu'Hachem dirige le monde et qu'il n'a aucun contrôle sur ce qui s'y passe".

['Hafets 'Haïm à rabbi Pessa'h haCohen - Si'hot hé'Hafets 'Haïm - p.120 ]

Chaque Shabbath, il faut penser à la sainteté de ce jour, et il faut que notre esprit s'adapte à ce qui est écrit : "Souvenez-vous du jour du Shabbath pour le sanctifier" (Yitro 20,7).

... c'est l'idée qui sous-tend le kidouch, dont la première bénédiction est prononcée sur la sainteté de ce jour.
[ 31e directive du 'Hafets 'Haïm - kountress Marganita Tava - à la fin du Ahavat 'Hessed]

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[à l'image de la nécessité de s'arrêter un instant avant de rentrer dans une synagogue pour réaliser qu'on entre dans un lieu avec une forte concentration de sainteté, de même en entrant dans le temps appelé Shabbath on doit internaliser la réalité que c'est un moment temporel dont la sainteté et la présence d'Hachem sont beaucoup plus importantes que d'habitude.
On peut alors en profiter et le respecter à sa pleine mesure, alors que pour les non juifs c'est un jour comme un autre.
("Souvenez-vous du jour du Shabbath pour le sanctifier" = on doit faire l'effort de se souvenir de ce qu'est réellement ce jour (au point d'en vibrer de fierté/chance en nous!), pour alors pouvoir le sanctifier) ]

La halakha stipule qu'un homme qui entre dans le Temple en état d'impureté est passible de la peine de mort. Il en est ainsi parce que les bâtisseurs ont érigé le Temple pour qu'il soit sacré pour Hachem.
A plus forte raison, nous devons veiller à entrer dans le Shabbat dans un état de pureté approprié. Car le Sabbat a été sanctifié par D. lui-même.
[rav Eliyahou Lopian]

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-> à l'image du respect que nous aurions pour de la sainteté extrême dans l'espace qu'est le Temple, on doit avoir un respect équivalent lorsque l'on entre dans un Shabbat, qui est la sainteté extrême dans le temps.

Du Michkan au Temple

+ Du Michkan au Temple :

-> Lorsque le peuple juif est entré en terre d'Israël [avec Yéhochoua] en l'an 2488, il a installé le Michkan à Guilgal (Yéhochoua 4,19). Il resta là pendant 14 ans, jusqu'en 2502. [guémara Zéva'him 118b]
Il fut alors transféré à Shilo (Yéhochoua 18,1), où des murs de pierre furent construits pour remplacer les murs de bois dorés du Michkan, mais les 3 revêtements d'origine furent encore utilisées pour le toit. [Zéva'him 118a]
Cette structure resta en place pendant 369 ans, jusqu'en 2871 [guémara Zéva'him 118b], lorsque les Philistins s'emparèrent du Aron HaBrit (Chmouël I 4,1-22) et détruisirent le Sanctuaire (voir Yirmiyahou 7,12-14).

Le Michkan fut ensuite reconstruit à Nov, où il resta 13 ans jusqu'en 2884, date à laquelle il fut déplacé à Givon, où il resta 44 ans jusqu'en 2928, date à laquelle commença la construction du 1er Temple à Jérusalem (Zéva'him 118b).

La Torah (Réé 12,5 - Rachi) précise qu'avant que le Michkan provisoire ne soit installé à Shilo (c'est-à-dire lorsque le Michkan se trouvait à Guilgal), et pendant la période qui suit la destruction de Shilo mais qui précède la construction du Temple à Jérusalem (c'est-à-dire lorsque le Michkan se trouvait à Nov et Givon), il est permis de construire et d'utiliser des autels privés pour des offrandes privées et volontaires.
La raison en est que "vous n'êtes pas encore parvenus au lieu de repos (ménou'ha) ni à l'héritage (na'hala) que Hachem, votre D., vous donne" (michna Zéva'him 14:8). Le terme "lieu de repos" fait référence au Michkan à Shilo ; le terme "héritage" fait référence au Temple à Jérusalem.

La téchouva

+++ La téchouva :

+ Même le pire fauteur peut retourner par la téchouva :

-> La Téchouva est l'une des 7 choses qui ont précédé la création du monde. [guémara Pessa'him 54a ; Nidda 39b]
Hachem a créé le monde pour le bénéfice de l'humanité. Pour cela, il était nécessaire qu'il y ait un yétser ara, afin que l'homme soit capable de surmonter la tentation et de gagner ainsi sa propre récompense.
Cependant, il est impossible pour l'homme de toujours gagner contre le yétser ara, car Hachem a créé l'homme avec des imperfections, comme il est écrit : "Il n'y a pas de tsadik dans la terre qui ne fasse que le bien et ne commette jamais de faute" (Kohélet 7,20).
Il était donc nécessaire qu'il y ait un recours pour ceux qui sont tombés dans la faute. Ce recours est la téchouva, qu'Hachem a mise en place avant même de créer le monde, de sorte que le moyen de sortir des effets de la faute est préparé avant même que le piège ne soit tendu.

Selon le midrach (Téhilim 90) : "Grande est la téchouva puisqu'elle a précédé la création du monde.
Puisque la Téchouva a été créée avant le monde et qu'elle est le fondement de l'existence du monde, elle est appelée à juste titre "reichit" (le commencement).
Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 2) explique le verset : "béRéchit bara Elokim ét achamayim véét aarets" = comme signifiant qu'avec le pouvoir de réchit, qui est la téchouva, Hachem a créé le Ciel et la Terre.

Il s'agit là d'un point d'encouragement important pour quelqu'un qui envisage de revenir à la téchouva pour ses fautes. Il peut se demander comment il est possible qu'Hachem accepte sa téchouva, même après qu'il ait commis des fautes aussi horribles.

Pour apaiser cette inquiétude et nous montrer à quel point la téchouva est puissante, la Torah l'appelle "réchit". Ce n'est que par le pouvoir de la téchouva que le monde a été créé.
C'est la force première et la justification de la création du monde par Hachem, qui a été fait pour le bien de l'homme, en reconnaissant que l'homme aurait besoin de la téchouva pour assurer la continuité de l'existence du monde.

Par conséquent, l'acceptation par Hachem de la téchouva de l'homme ne fait aucun doute. Si la téchouva a été le catalyseur par lequel Hachem a amené le monde à l'existence en premier lieu, et si elle est la raison et la justification de l'existence de l'homme, alors elle a certainement le pouvoir de ramener l'homme à sa position originelle de grandeur, comme s'il n'avait jamais péché du tout.

C'est pour cette raison que rabbi Yaakov Abou'hatséra (Ma'hssof haLavan - Nitsavim) nous avertit qu'il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de la téchouva. Quelle que soit la gravité des fautes commises par une personne, les portes de la téchouva sont toujours ouvertes pour son retour.
Le yétser ara envoie à l'homme des pensées de désespoir, l'amenant à croire que sa téchouva est inutile puisqu'il ne pourra jamais se réconcilier avec Hachem. Ces pensées sont entièrement fausses.
Elles sont une ruse du ystser ara, pour s'assurer que le fauteur continue sur la voie de la faute.

La vérité est que même si une personne a commis les pires péchés du monde, pendant des années, elle peut toujours revenir à la téchouva et être pardonnée.
La preuve en est le cas d'A'her, dont les fautes étaient si graves qu'une voix céleste a proclamé : "Revenez, fils égarés, sauf A'her" (guémara 'Haguiga 15a).
Néanmoins, le Chlah haKadoch (chaar haOtiyot - kédoucha) et le Réchit 'Hokhma (chaar hakédoucha 16) ont enseigné que ce n'était qu'un test, pour voir s'il insisterait malgré tout pour revenir à Hachem. S'il l'avait fait, il aurait été accepté, car rien ne peut s'opposer à la téchouva.

Nous pouvons ainsi comprendre les paroles par lesquelles Moché a encouragé les Bné Israel à la téchouva : "Vous vous tenez tous aujourd'hui devant Hachem votre D., les chefs de vos tribus, vos anciens, vos officiers et tous les hommes juifs, vos enfants, vos femmes et les convertis de votre camp, depuis les bûcherons jusqu'aux porteurs d'eau" (Nitsavim 29,9). Pourquoi Moshé a-t-il dû s'adresser spécifiquement à tous ces groupes, plutôt que de commencer immédiatement par les paroles de moussar qu'il souhaitait leur enseigner?
Moché s'est rendu compte que certaines personnes parmi les Bné Israël se sentaient si mal dans leur peau qu'elles ne pouvaient pas croire que la possibilité de faire téchouva leur était offerte. C'est pourquoi Moché devait insister sur le fait qu'il s'adressait à tout le monde. Quel que soit la gravité des fautes d'une personne, les portes de la téchouva ne sont jamais fermées.

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+ La téchouva soutient le Ciel et la terre :

-> Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 4) commente : "béRéchit bara Elokim ét achamayim véét aarets (le Ciel et la terre)", et explique que le réchit de la téchouva est écrit à côté du Ciel et de la terre, pour nous enseigner que si le peuple juif revient à la téchouva sur leurs fautes, Hachem nous récompensera par la pluie du Ciel et la générosité de la terre. [voir Taanit 7b]
Si nous ne revenons pas à la téchouva, le Ciel et la Terre nous puniront. "(Hachem) arrêtera les Cieux et il n'y aura pas de pluie, et la terre ne donnera pas ses produits" (Ekev 11,17).

Tout comme le ciel et la terre ont été créés au mérite de la téchouva, la bénédiction qui les traverse dépend également de la téchouva. Ainsi, nous pouvons interpréter le verset comme signifiant :
"Au commencement" (béRéchit) = par mérite de la téchouva, qui a précédé la création du monde.
"D. a créé" (bara Elokim) = et qui continue de le maintenir
"Le ciel et la terre" (ét achamayim véét aarets) = toute la bénédiction qui s'écoule dans le Ciel en haut et sur la terre en bas dépend du mérite de la téchouva.

C'est pourquoi la guémara (Taanit 15a) explique qu'en cas de sécheresse, ils jeûnaient et se réunissaient pour prier afin d'annuler le décret sévère. Un ancien parmi eux leur donnait des paroles de moussar pour les encourager à revenir à la téchouva, et par mérite de leur téchouva, les pluies tombaient.
"Mes frères, le verset ne dit pas qu'Hachem a vu le sac et le jeûne de Ninive, mais qu'Il a vu leurs actes, qu'ils sont revenus de leur mauvaise voie", disait-il.

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+ Tout dépend de la téchouva :

-> Chaque juif doit prendre à cœur le fait que non seulement le monde a été créé grâce à la téchouva, et non seulement son existence continue dépend de la téchouva, mais que toute notre Torah et nos mitsvot dépendent également de la téchouva.
Sans téchouva, ils ne peuvent pas durer.

Rabbi Yaakov Abou'hatséra (Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 3) explique cela en se basant sur le verset suivant : "Il n'y a pas de tsadik dans le pays qui ne fasse que le bien et ne commette jamais de faute" (Kohélet 7,20).
Tout juif a besoin de se servir de la téchouva dans une certaine mesure.
Sans la téchouva, tous nos efforts en matière de Torah et de mitsvot seraient perdus. Nos fautes donneraient à la sitra a'hra (force du mal/impureté) une emprise sur nos mitsvot, lui permettant de tirer sa subsistance de la sainteté que nous produisons. Nous serions comme des esclaves du yétser ara, nourrissant notre maître avec notre Torah et nos mitsvot, qu'il dévore à des fins maléfiques.
Non seulement notre Torah et nos mitsvot ne seraient pas un mérite pour nous, mais ils deviendraient une source supplémentaire de culpabilité.

-> Ailleurs, rabbi Yaakov Abou'hatséra (Maaglé Tsédek - Pé) enseigne :
Lorsque nous fautons, le mauvais côté en nous prend le contrôle de notre Torah et de nos mitsvot.
Lorsque nous revenons à la téchouva, nous prions Hachem de nous restituer les mérites que nous avons perdus, en les sauvant de l'impureté.
[...]

Dans le cas d'une faute, notre Torah et nos mitsvot se perdent dans la sitra a'hra. Cependant, lorsque nous faisons téchouva, nous récupérons tout ce que la sitra a'hra nous a pris. Ainsi, toute notre Torah et nos mitsvot dépendent de la téchouva.
Pour ceux qui ne reviennent pas à la téchouva sur leurs fautes, un grand nombre de mitsvot n'est pas un mérite. Au contraire, leurs mitsvot renforcent la sitra a'hra qui porte des accusations contre eux.
Mais pour ceux qui font téchouva, même s'ils ont moins de mitzvos à leur actif, au moins ces mitsvot leur appartiennent et ne sont pas perdues pour la sitra a'hra.

-> C'est ainsi que rabbi Yaakov Abou'hatséra (Maaglé Tsédek - Pé) explique le verset : "Hachem ton D. ramènera tes captifs et aura pitié de toi. Il vous rassemblera de toutes les nations parmi lesquelles Hachem votre D. vous a dispersés. Même si vos naufragés se trouvent aux confins du ciel, Hachem ton D. vous rassemblera et vous emmènera de là" (Nitsavim 30,3-4).
Cela peut être compris comme une référence aux mérites du peuple juif, qui sont tombés entre les mains de la sitra a'hra et ont été dispersés aux confins du ciel et de la terre.
Cependant, ces mérites ne sont pas perdus. Les mains d'Hachem sont ouvertes pour nous accepter à nouveau par la téchouva.
La sitra a'hra sera obligée de rendre la sainteté qu'elle a volée. "Il a avalé la richesse, mais il la recrachera " (Iyov 20,15).

Nos Sages (comme le Ménorat haMaor - chap.3) nous disent : "La téchouva est si grande qu'elle rapproche ceux qui étaient éloignés, comme il est écrit : 'Paix, paix, à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches' (Yéchayahou 57,19)".
Il s'agit de la Torah et des mitsvot qui ont été éloignées par nos fautes et qui sont tombées entre les mains du mal. Lorsque nous faisons téchouva, nous les récupérons et pouvons à nouveau les compter à notre crédit.
[...]

Toute notre Torah et nos mitsvot, ainsi que la poursuite de l'existence du monde, dépendent de la téchouva. En vérité, ces 2 choses vont de pair, puisque le monde a été créé pour la Torah et les mitsvot du peuple juif. Sans la téchouva, la Torah et le monde ne pourraient perdurer, et tout serait perdu entre les mains du mal.
La téchouva a le pouvoir de récupérer ce qui a été perdu et de tout remettre en ordre.

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+ Téchouva motivée par l'amour :

-> Lorsque quelqu'un fait téchouva par crainte, ses fautes volontaires sont transformées en fautes involontaires, mais lorsqu'il fait téchouva par amour d'Hachem, ses fautes sont transformées en mérites. [guémara Yoma 86b]

-> Dans le premier cas, il a fauté parce qu'il ne connaissait pas la sévérité du châtiment ou qu'il ne s'est pas arrêté pour y réfléchir. Ses fautes ont été "accidentelles" à cet égard, et dès qu'il se rend compte de son erreur et qu'il réalise la sévère punition qui l'attend, il revient à la téchouva.

Dans le second cas, lorsque la téchouva d'une personne est motivée par l'amour d'Hachem, ses fautes sont transformés en mérites. En repensant à sa vie, il se souvient de toutes les bontés qu'Hachem a eues pour lui depuis le jour de sa naissance. Il se souvient également de toutes les mauvaises choses qu'il a faites et en éprouve un profond regret.
Lorsqu'il pèse dans son esprit toutes les bonnes choses qu'Hachem a faites pour lui et toutes les mauvaises choses qu'il a faites en échange, il est incité à s'amender et à se montrer digne de la bonté d'Hachem.
Hachem voit l'amour pour Lui qui brûle dans la poitrine du baal téchouva. Hachem reconnaît que cet amour a toujours été présent, mais qu'il était étouffé par le yétser ara.
S'il n'y avait pas eu les machinations du yétser ara, il n'aurait jamais fauté du tout, mais aurait plutôt utilisé ce temps pour accomplir des mitsvot. Lorsqu'il revient par la téchouva, Hachem lui reconnaît son désir intérieur comme s'il l'avait mis en pratique, et transforme donc ses fautes en mérites.

[d'après rabbi Yaakov Abou'hatséra - Guinzé haMélé'h - tikoun hatéchouva 9]

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+ Oeil pour oeil, ... :

-> Nos Sages (midrach Vayikra rabba 21,4) nous disent que si une personne a commis des
des "paquets" de fautes, elle doit accomplir à leur place des "paquets" de mitsvot.

Il s'agit d'un aspect de la "téchouvat hamichkal", la "téchouva avec le poids (contrebalancé)", dans laquelle un poids de mérite est placé contre le poids de la faute.
Ceci est particulièrement efficace lorsque les mêmes membres du corps humain qui ont été utilisés pour la faute sont maintenant utilisés pour les mitsvot, et que les mêmes domaines dans lesquels une personne a mal agi sont maintenant redressés.

Le verset : "Un œil à la place d'un œil, une dent à la place d'une dent, une main à la place d'une main et un pied à la place d'un pied" (Michpatim 21,24) donne une indication à ce sujet.
A la place de l'œil, de la dent, de la main et du pied qui ont été utilisés pour une faute, il faut faire téchouva en utilisant ces mêmes parties du corps pour accomplir des mitsvot.
Par exemple, les jambes qui ont été mal utilisées en courant pour fauter doivent maintenant être purifiées de leurs fautes en courant pour accomplir une mitsva, comme courir à la synagogue pour faire la prière.
[rabbi Yaakov Abou'hatséra - Alef Bina - Téhilim 119 , 'hét]

Etre réveillé à la téchouva par nos petits problèmes

+++ Etre réveillé à la téchouva par nos petits problèmes :

+ "Jusqu'où se situe la limite minimale de la souffrance (ta'hlit yissourim - litt. la quintessence d'une souffrance)? Quelle est la douleur minimale incluse dans la définition de la souffrance?
Même si quelqu'un met la main dans sa poche pour en sortir 3 pièces et qu'il n'en sort que 2 .. (cela est considéré comme de la souffrance)".  [guémara Arakhin 16b]

=> C'est difficile à comprendre. Comment un si petit désagrément comme le fait de devoir remettre la main dans sa poche pour en sortir une pièce de plus, peut-il être considéré comme une souffrance? Pourquoi nos Sages considère cela comme : "ta'hlit yissourim"?

Le Baal Chem Tov explique que le but d'une souffrance est d'inciter une personne à faire téchouva. Elle est censée réveiller une personne et l'amener à examiner ses voies afin qu'elle puisse les rectifier.
Cependant, Hachem ne veut pas causer beaucoup de douleur à une personne. C'est pourquoi Il envoie d'abord une petite gêne, comme le fait de ne pas trouver immédiatement la bonne somme d'argent dans sa poche. Si la personne prend cela à cœur et reconnaît qu'il ne s'agit pas d'une coïncidence, elle reconnaîtra qu'il s'agit d'un signe d'Hachem lui indiquant qu'elle doit rectifier sa conduite.
Elle examinera ses actions passées, verra ce qui doit être corrigé et fera téchouva pour ses fautes passées.
Par conséquent, elle n'aura plus besoin de souffrir davantage, car la petite gêne a déjà rempli sa fonction.
Malheureusement, la plupart des gens ne prennent pas à cœur les petits désagréments comme celui-ci et ne les considèrent pas comme des signes pour faire téchouva. Ils pensent simplement qu'ils n'ont pas assez fouillé dans leur poche pour en sortir la bonne quantité de pièces (c'est la faute à pas de chance, mais pas à eux-même!).

Le pouvoir de la téchouva est si grand que même si l'on a beaucoup fauté et créé des centaines d'anges Accusateurs, lorsqu'on fait téchouva, tous ces anges sont complètement détruits.
[Alchikh haKadoch - To'hékhot 'Haïm - drouch II ]